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n° 18111Fiche technique19891 caractères19891
Temps de lecture estimé : 11 mn
06/10/17
Résumé:  Colette apprend les charmes ambigus et les bénéfices d'une humiliation librement consentie.
Critères:  fff inconnu magasin fsoumise fdomine humilié(e) exhib miroir noculotte nopéné sm journal
Auteur : Dyonisia  (Rêves, autofictions... souvenirs et confidences...)      Envoi mini-message

Série : Histoire de Colette

Chapitre 03 / 06
Apprentissage

Résumé des épisodes précédents :


« Soumission »

« Éducation »


Un récit tiré d’un journal intime : déboussolée et désœuvrée, une femme mûre est attirée par les soldes d’une boutique de luxe ; son homosexualité, ses complexes et son penchant pour la soumission l’entraînent à accepter la férule d’une grande bourgeoise dominatrice.


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3- Apprentissage


J’imaginais que dans le secret du réduit il me serait plus facile de supporter les sarcasmes que mes seins avachis ne manqueraient probablement pas de lui inspirer. Je réalisai la futilité de cet espoir en constatant que la meute des curieuses nous suivait silencieusement. Les vendeuses avaient emboîté le pas de leurs chalandes, non sans avoir pris soin – je le sus plus tard – d’apposer un écriteau de fermeture temporaire sur la porte d’entrée.


Ouvrant le chemin devant ce cortège, Madame Ève me poussa à travers les zigzags des travées vers le salon d’essayage face auquel je m’arrêtai tête basse, comme une condamnée au pied de l’échafaud. L’espace était agréablement agencé, décoré avec goût de bouquets de fleurs fraîches dont les couleurs chatoyantes tranchaient artistiquement sur l’ocre sobre des tentures. Un ensemble de canapés de cuir fauve offrait le repos durant une éventuelle attente et facilitait la tenue d’un brin de causette pour en tromper l’impatience.


De chaque côté s’alignaient des loges dont, par un étrange hasard, toutes les portes étaient closes. Le fond était occupé par une vaste alcôve au mur tapissé d’une large glace qui accroissait l’impression visuelle du lieu. Quelques liseuses et une série de poufs, recouverts de tissus assortis à la tonalité générale, deux ou trois porte-cintres ainsi qu’un lourd rideau replié contre l’une des moulures de l’encadrement en complétaient l’aménagement.


La main ferme de ma Maîtresse m’invita par une pression sur les reins à traverser le salon jusqu’à l’alcôve.



Elle-même s’arrêta peu après le seuil, me laissant seule face au miroir. Je voyais les silhouettes des autres femmes s’y refléter et j’allais tirer le rideau pour nous isoler quand sa voix dure interrompit mon geste :



Je défis les dernières attaches qui, de la poitrine au ventre, fermaient encore mon seul vêtement. Depuis une heure que nous étions ensemble, Madame Ève avait soufflé le chaud et le froid sur notre relation. J’étais passée par des moments de paniques soudaines et d’espoirs irraisonnés, où le désir et la peur alternaient par bouffées successives qui me submergeaient. Il y avait cinq minutes, j’aurais donné n’importe quoi pour qu’elle m’emmène.


Après cette procession vers ce qui devait être – je m’en rendais compte à présent – le lieu de mon exhibition, toute mon excitation avait disparu. Mais ce n’était pas, hélas, le cas de ses effets qui avaient transformé mon sexe en source vivante. J’en sentais intimement la chaleur, l’humidité, la gluance, et je désespérais de pouvoir le dissimuler très longtemps.


J’ouvris ma robe, la mort dans l’âme. Je me considérai dans le miroir : mes seins tombants, leurs aréoles avivées par la tension intérieure, leurs tétons épaissis qui trahissaient eux aussi mon trouble sexuel, ma taille alourdie par les kilos superflus, mon ventre arrondi par le relâchement des muscles, mes hanches trop rondes et mes fesses trop grasses dont la peau frémissante révélait la cellulite, mon pubis broussailleux sur lequel mes cuisses fermées faisaient rebiquer des mèches de poils indiscrets.


Je n’osais poser les yeux au-delà de mon image, souhaitant ardemment que Madame Ève se contenterait de mon reflet, mais sachant bien, au fond de moi qu’elle ne me permettrait même pas ce simulacre de pudeur.



Je la laissai glisser de mes épaules, aussi lentement qu’une veule obéissance l’autorisait, ressentant physiquement les regards impatients de découvrir mon cul. Je la jetai, d’un geste que je voulais gracieux, mais qui ne fut sans doute que ridicule, le plus loin possible de moi pour m’interdire toute tentation de m’en recouvrir. Exposant mon côté pile comme mon côté face, je me mis à trembler irrépressiblement, ajoutant à mon humiliation le grotesque du tressautement de mes seins trop pesants et de mes fesses trop molles. Quelques ricanements ironiques fusèrent dans mon dos. Je me voûtai sous ce constat méprisant.



Insidieusement, mon esprit trouvait une satisfaction perverse dans cette situation imposée. Mes pointes se raffermissaient, mes lèvres se gonflaient malgré la pression de mes adducteurs, le flux de cyprine se renouvelait dans mon vagin, même mon petit trou secret en frémissait, à ma profonde confusion. Sans plus résister, je rectifiai ma position, me cambrai, et me tournai enfin, face à mon public. À nouveau, les mots me cinglèrent comme une douche froide :



Dans cette attitude, j’eus l’impression d’être encore plus exposée. Des fourmillements parcouraient ma poitrine, mon ventre, mon pubis, mes cuisses, comme des décharges électriques. Mes bouts de seins dardaient, ma vulve s’entrouvrait, mes lèvres palpitaient, mon clitoris pointait, je me sentais proche de l’orgasme, j’imaginais des gouttes sourdre de mon vagin… Mes doigts se serraient convulsivement derrière ma tête, je résistais de toutes mes forces à l’envie de plus en plus forte de soulager ma tension par une masturbation éhontée. Un infime reste de pudeur m’en empêcha de justesse.


J’aurais désiré qu’Ève me branle elle-même, me fasse hurler de jouissance, m’humilie définitivement devant toutes ces femmes. Mon corps traduisit malgré moi ce désir. J’envoyai mes épaules en arrière, je projetai mon bassin en avant, je montrai ma chatte baveuse. Je me donnais sans réserve maintenant, presque fièrement, offrant à l’encan mes babines sexuelles, leurs poils dégoulinant de mouille, leurs festons intimes barbouillés de miel, l’entaille éclose sur son corail, le bouton turgescent sous son capuchon.


Heureuse de me présenter, heureuse de m’exhiber, heureuse, oui, heureuse à en jouir.


Les autres me regardaient, silencieuses devant ce comportement inattendu. Ma réaction naïve et inconsciente dut adoucir légèrement les sentiments de ma Maîtresse car sa voix devint plus rauque et veloutée.



Elle y ajouta des escarpins à talons, qu’elle prit dans le rayon des modèles des plus grandes hauteurs, en m’assurant que les porter changerait ma vie. Elle daigna m’aider à enfiler les uns et à chausser les autres : pour me soutenir – selon ses dires – dans l’équilibre instable de mon changement de parure, mais en réalité pour m’obliger sournoisement à écarter mes cuisses à chaque mouvement. Je n’en eus cure : je savais parfaitement qu’en relevant ainsi le genou en équerre j’écarquillais scandaleusement ma fente poisseuse.


Loin de me confondre, l’obscénité de la scène déclencha une nouvelle pulsion de désir qui goutta en fins filets hors de mes nymphes exorbitées. Je baignais littéralement dans mon jus et dans une odeur de femelle en rut qui devait se répandre bien au-delà de l’alcôve.


Ma Maîtresse me fit poser un pied sur le dossier d’une chauffeuse, afin sans doute que toutes les observatrices puissent apprécier en quel état de dépendance amoureuse elle avait su me mettre et me tenir. Aucune ne pouvait ainsi manquer les moindres détails de mon intimité, mais ses flux débordants vinrent maculer de taches parfumées le tissu précieux du siège. Ève s’en excusa courtoisement auprès d’une jeune vendeuse qui la pria de ne point s’en inquiéter.



Je rougis quand les doigts experts de ma Maîtresse me séchèrent scrupuleusement les muqueuses sous les regards attentifs de l’assistance. Je gémis faiblement lorsqu’elle défroissa soigneusement tous mes plis, allant même jusqu’à retrousser à l’extrême le fragile capuchon pour débarrasser mon clitoris de toute sécrétion, comme elle l’avait fait pour mon périnée et les bords de mon anus.



À travers mon trouble, je pus constater avec une pointe d’orgueil que celle-ci le renifla discrètement en le remettant dans son corsage.


Il ne m’aurait pas déplu d’échanger quelques mots avec cette jeune femme, mais Madame Ève ne m’y autorisa pas. Elle me saisit par le bras et me fit retraverser la boutique seulement vêtue de la soie gainant mes jambes. Mes sentiments étaient tout autres au retour qu’à l’aller. J’étais intégralement nue, certes, mais fière de cette marque de soumission totale. Mon cul était en effet transformé par le port des talons hauts. Avec leur ampleur confortable, mes fesses ressortaient de façon provocante, malgré la démarche titubante engendrée par l’inexpérience.


Nous nous faufilions non plus entre des travées désertes, mais au milieu de femmes élégamment habillées qui ne s’écartaient qu’à peine de notre chemin et dont les atours me frôlaient la poitrine ou le ventre, voire glissaient sur mes hanches ou mes fesses. Je ressentais ces attouchements à même la peau comme une preuve supplémentaire de ma dévotion à ma Maîtresse. Dans cet émoi délicieux, mon sexe se tapissait une fois de plus de liquide onctueux, au risque de réduire à néant le travail soigneux du nettoyage subi l’instant précédent.


Nous arrivâmes ainsi au rayon des tenues de cocktail parmi lesquelles Madame Ève me donna à choisir celle qui me paraissait convenir à mon état sans la déconsidérer.



Je m’orientai d’emblée sur une jupette ultra-mini dont j’étais quasiment sûre qu’elle laisserait ma vulve à découvert, surtout perchée sur ces escarpins comme je l’étais. Un imperceptible froncement des ailes du petit nez de ma Maîtresse m’en dissuada in extremis. J’apprenais à la connaître et j’en éprouvai une petite pointe intérieure de satisfaction légitime. Je jetai finalement mon dévolu sur une robe longue de coupe originale. Elle était probablement un peu grande par rapport à ma taille, mais pour une fois ma corpulence coupable me serait utile en prenant dans la largeur le surplus de longueur. Je l’indiquai à Madame Ève qui acquiesça silencieusement.


C’est – je l’ai toujours conservée pieusement – une robe de tulle, doublée en quelques endroits définis pour ne pas trop offenser la morale. Elle semble faite d’une seule pièce de tissu. Sous les emmanchures bras nus, une fente sépare le devant et le dos jusqu’à la taille. Son encolure descend en pointe vers le nombril. Une étroite ceinture la ferme à la taille, et elle est ouverte de là aux chevilles sur chaque hanche.


Ève appela l’attention des vendeuses d’un léger signe de tête. Celle qui s’approcha était la jeune fille élancée qui m’avait accueillie si dédaigneusement. La suite ne l’avait manifestement pas convaincue car elle affichait une petite moue dubitative en comparant ma silhouette dénudée et le vêtement censé la recouvrir. Un regard de ma Maîtresse suffit à lui rendre son sourire commercial et elle s’empressa de retirer la robe du cintre et de me la présenter.


Elle s’imposa même de m’aider à la passer, non sans pincer, brièvement mais douloureusement, les globes de mes seins sous prétexte d’ajuster le tissu. Puis, occupée à mettre en place la taille et à faire bien tomber les pans, elle pressa sans délicatesse les bourrelets de mes hanches que la ceinture faisait ressortir. Enfin elle exprima un avis doucereux :



Madame Ève la considéra d’un air pensif, comme si elle prenait seulement conscience à l’instant du physique de son interlocutrice.



J’étais restée muette durant cet échange d’amabilités, un peu à mon détriment, je l’admets. Je me tenais en retrait, comme il convenait à ma position de dépendante, malgré l’inconfort humiliant de me sentir boudinée dans cette robe de prix. Sans les retouches, n’est-ce pas…


Madame Ève me saisit durement par un bras et, « Liane » radieuse dans son sillage, m’entraîna, me tira rapidement vers les autres employées.

Sans égard pour leurs occupations du moment, elle les apostropha gaiement.



Elles se tournèrent vers moi ; leurs acheteuses du moment s’écartèrent. Au centre de l’attention requise de ces élégantes personnes, je fus à nouveau inspectée par leurs regards critiques. Toutes, adoptant en effet aussitôt le nouveau prénom, se déclarèrent d’accord avec les préconisations de Liane et la complimentèrent pour la pertinence de son coup d’œil. Incontestablement, la nouvelle commise avait marqué des points. Quant à moi, quelques apartés peu amènes m’avaient ramenée au statut d’étrangère au milieu.



Tandis que la première vendeuse se préparait à noter l’aisance à donner à la ceinture, Liane entoura ma taille de son mètre ruban et annonça un nombre qui fit se hausser quelques sourcils ironiques. Elle faufila ensuite les pinces à ajouter sous mes seins pour éviter un affaissement trop inesthétique. Elle le fit consciencieusement, non sans tester à plusieurs reprises la sensibilité des globes de la pointe de son aiguille. Mes petits cris de surprise ne me valurent que des haussements d’épaule moqueurs, et le travail fut vite terminé.



Joignant le geste à la parole, elle entreprit de me dépouiller précautionneusement du léger vêtement. Ses doigts agiles s’attardaient sous le tulle pour ne pas abîmer les fragiles coutures. Ses paumes tièdes glissaient doucement sur ma peau, effleurant mes cuisses et mes fesses, remontant ensuite sur mon ventre et mon dos. Elles enveloppèrent délicatement mes seins, agaçant les pointes au passage, et terminèrent leur flânerie sur mes épaules et ma nuque.


Cette douceur me réconforta des avanies que j’avais subies quelques minutes auparavant. La robe reposait désormais en plis harmonieux sur les bras blancs de mon effeuilleuse et j’adressai à celle-ci un regard plein de reconnaissance. Elle y répondit par un sourire sincère et je crus même voir comme de la tendresse dans ses yeux. Je me souvins de sa discrète appréciation de mes fragrances en reprenant son mouchoir. Cette pensée ranima le désir dans mon corps.


Madame Ève avait observé malicieusement la scène, un petit pli narquois au coin des lèvres. Rien ne lui avait échappé de mes sentiments successifs. D’ailleurs, de nouveau face à elle en bas et talons aiguilles, excitée et frissonnante, je n’aurais rien pu lui cacher. Vaguement gênée de mes tétons durcis, j’aurais souhaité les couvrir de mes mains. Je n’en fis rien : j’avais retenu la leçon. J’essayai seulement de garder une contenance la moins gauche possible.



(À suivre)