n° 18243 | Fiche technique | 23706 caractères | 23706 3807 Temps de lecture estimé : 16 mn |
29/01/18 corrigé 06/06/21 |
Résumé: Le SRPJ commence son enquête. Le commandant Ladrime répartit les tâches. Le duo Lacheneau-Nguyen est dépêché pour investigations dans un club libertin ; un club qui rappelle quelques souvenirs au lieutenant Bérénice Nguyen... | ||||
Critères: #policier ff couleurs asie collègues cunnilingu | ||||
Auteur : Claude Pessac Envoi mini-message |
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Résumé de l’épisode précédent :
Une jeune femme surmonte avec courage ses terreurs et trame ses plans.
Deux plus tard, un ténor du barreau a été retrouvé mort, assassiné dans des circonstances relativement étonnantes.
"Les gars" ! Ces derniers mots pourraient laisser penser que le commandant Ladrime serait un brin machiste, les "gars" en question étant trois hommes et… deux femmes. Mais il n’en est rien. Au contraire. C’est d’ailleurs dans les deux jeunes femmes de son équipe qu’il place le plus d’espoirs.
À quarante-trois ans, le commandant Antonin Ladrime est apprécié de son équipe. Contrairement à d’autres, il vouvoie ses subordonnés : marque de respect, petite distance hiérarchique et, sans doute, pointe de timidité plutôt étonnante pour un gaillard comme lui ; avec son mètre quatre-vingt-treize, ses épaules larges, ses cheveux épais déjà poivre et sel, son menton carré agrémenté d’une fossette bien marquée, il est de ces hommes qui s’attirent instantanément l’intérêt des femmes et la jalousie des hommes. Mais aussi le respect !
À son arrivée au SRPJ, Ladrime avait hérité d’une équipe de bras cassés qu’il avait rapidement épurée, ne conservant que le capitaine Lacheneau, un vieux de la vieille dont il appréciait l’intelligence, le tact, et le calme olympien en toutes circonstances. Et c’est parmi les jeunes diplômés de l’École de Police qu’il avait soigneusement recruté les membres de son groupe. Une bonne équipe, dont il ne pouvait que se féliciter, mais qu’il avait failli faire exploser, quand, après son divorce, il s’était jeté à 200 % dans son job, tirant un peu trop sur la corde et exaspérant ses subordonnés. Heureusement, la capitaine Letellier était arrivée à temps, suite à une mutation, en début d’année. Elle avait su, avec tact, lui remettre les pieds sur terre et le faire revenir à une attitude et un rythme plus raisonnables. Depuis, l’équipe tournait rond et le boss ne pouvait que se féliciter des nombreuses qualités de son adjointe.
Après le départ de ses "gars", Ladrime passe quelques coups de fil avant de reprendre en détail les constatations faites le matin même. Il s’interroge au sujet de la caméra infrarouge à déclenchement automatique découverte juste en face de la sortie du souterrain. Dans un premier temps, le sticker collé dessus avait fait penser à un dispositif mis en place par un amateur d’ornithologie voulant surveiller les allées et venues des chauves-souris ; mais il s’était avéré que la Société d’Ornithologie HDV mentionnée sur l’autocollant s’avérait totalement inconnue de la Fédération française d’Ornithologie et de tous les amateurs et spécialistes locaux contactés par ses enquêteurs. Et comme en plus les chauves-souris ne sont pas des oiseaux, la dénomination ne tient pas vraiment la route. La PTS (Police Technique et Scientifique) a déjà confirmé l’absence totale d’empreintes sur le boîtier, la caméra, et même sur la carte SD. Quant à l’état général impeccable du dispositif, il démontre que celui-ci n’a été mis en place que très récemment ! Mais qui alors a bien pu placer cette si opportune caméra ? Certainement pas le ou les assassins en tous cas !
Pour le reste, il n’attend pas grand-chose de la perquisition de l’étude et du manoir de la victime : son adjointe a peu de chances de débusquer grand-chose de concluant, avec le procureur dans les pattes pour lui interdire d’approcher ceci et cela, de feuilleter tel ou tel dossier, bref, de faire correctement son job. Ce qui n’empêchera pas ledit procureur de vouloir des résultats dans les meilleurs délais.
Et merde ! Un ténor du barreau, torturé et dessoudé, c’est un des pires trucs qui puisse atterrir dans le bureau d’un flic ; et un baveux qui fréquente les clubs échangistes, si l’on en croit certains de ses proches… « Sale histoire. Un vrai sac à emmerdes ! Un coup à avoir le proc sur le dos en permanence. Il y a intérêt à faire vite. Vite et bien ! »
Pour l’heure, Ladrime attend avec impatience l’appel du Docteur Gracien, espérant que l’autopsie du cadavre amènera, elle, quelques éléments intéressants.
En l’occurrence, il ne va pas être déçu !
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Bérénice Nguyen sursaute, se demandant même pendant un instant si elle n’a pas rêvé. Mais non, Lacheneau vient bel et bien de parler !
D’habitude, Lacheneau ne desserre jamais les dents lorsqu’il est volant. Jamais ! Vous pouvez bien vous taper 500 bornes avec lui, il ne lâchera pas un mot, tout comme il ne quittera pas des yeux la route, fût-ce un quart de seconde. Pas très convivial : Lacheneau est un taiseux. C’est bien pour cela que Bérénice conduit généralement.
Mais pas aujourd’hui ! Aujourd’hui, elle a insisté pour qu’il prenne le volant. Elle n’aime pas trop conduire sous la pluie battante. Et surtout, elle a besoin de réfléchir.
En bon flic qu’il est, Pierre-Yves Lacheneau ne porte pas les avocats dans son cœur.
Lacheneau bavard, Bérénice n’en revient pas ; faut-il qu’il soit en colère ! Taquine, la jeune femme décide de tester son partenaire :
Pierre-Yves Lacheneau use et abuse un peu de sa ressemblance avec l’acteur. C’est vrai que celle-ci est stupéfiante ! Inutile d’en dire plus, c’est un copié-collé, un sosie parfait ! À vingt ans, dans les années 70, il ressemblait au Gabin jeune premier des années 30, celui de Le quai des brumes ou de La bête humaine. À quarante, au Gabin mûr de Touchez pas au grisbi ou de La traversée de Paris. Aujourd’hui, à cinquante-neuf ans, il a tout du patriarche de La horse ou de L’affaire Dominici, moustache en moins. Bel homme, mais avec toujours 30 ou 40 ans de décalage pour être à la mode. Ce dont il se fout d’ailleurs éperdument !
Sacrée petite bonne femme que Bérénice Nguyen ! On pourrait facilement imaginer que dans son tandem avec Lacheneau, elle pédale à l’arrière, obéissante et dominée par son équipier. Mais il n’en est rien. Du haut de son mètre soixante-cinq, la poupée de porcelaine, d’apparence si frêle et réservée, est une redoutable boule d’énergie. Plusieurs malfrats, trompés par sa jolie frimousse, ses yeux en amande et son apparente fragilité, en ont fait les frais lors d’arrestations musclées. Énergique, futée, et divinement jolie !
Lacheneau ne répond pas ; il ne se permettrait pas d’être indiscret, mais Bérénice note ses yeux soudain écarquillés, sa petite bouche si contractée que les lèvres sont devenues invisibles. Elle savoure l’instant avant d’enchaîner :
Touché-coulé ! Lacheneau quitte la route des yeux, tourne vers elle son regard stupéfait.
Là encore, Bérénice attend quelques secondes avant de répondre dans un petit rire :
La jeune femme résume les lignes principales de l’opération : suite à la saisie, par hasard, lors d’un contrôle autoroutier de 250 kilos de cocaïne dissimulés dans des peluches Minion, une enquête avait été diligentée par le SRPJ. L’affaire aurait dû revenir aux Stups, bien sûr, mais des soupçons de fuites liées à une taupe agitaient ce service à l’époque. C’est Ladrime et son équipe qui, en toute discrétion, avait hérité le bébé. Par chance, dès le début de l’enquête, un courrier anonyme avait orienté les recherches vers un caïd local, un certain Tony Belaoui. Tuyau qui avait conduit également à monter une opération de surveillance dans un club libertin où les membres présumés du réseau devaient se réunir. Les propriétaires du club s’étaient montrés très coopératifs dans cette affaire.
Discrètement contacté, le couple avait grandement facilité l’opération en permettant notamment une discrète connexion en parallèle au système de surveillance du club. Impossible toutefois de placer caméras et micros-espions dans la pièce louée par la bande, au cas où ils utiliseraient des détecteurs ou des brouilleurs d’ondes. Le seul moyen était de piéger un chariot de service qui serait introduit au début de la réunion, après les vérifications des malfrats. Les équipements numériques de toute dernière génération seraient capables de transmettre malgré la présence éventuelle de brouilleurs classiques.
Des matériels qu’il fallait cependant activer manuellement, une fois introduits dans la salle.
C’est là qu’Amélie Letellier et Bérénice étaient entrées en piste, déguisées en soubrettes maison. Et les deux jeunes femmes avaient fait du bon boulot : tous les protagonistes avaient pu être identifiés, leurs discussions et projets enregistrés, si bien que la filière avait été démantelée, en flag, quelques jours plus tard ; et, cerise sur le gâteau, la taupe des Stups avait été démasquée. L’opération "Papagena" avait été une parfaite réussite !
Redevenu lui-même, Lacheneau ne répond rien et conduit, le regard rivé sur la route.
Par réflexe, sans même s’en rendre compte, Bérénice s’enfonce dans son fauteuil. L’opération est un bon souvenir, une belle réussite, mais à cet instant ce sont d’autres souvenirs qui lui reviennent, du genre qu’elle ne racontera en aucun cas à Lacheneau.
En fin de soirée, un des gangsters avait rappelé la réception pour demander un nouveau room-service, insistant lourdement pour que la "Chinoise" et la "Grande" apportent les boissons demandées. Devinant les intentions du bonhomme et imaginant bien que ses serveuses d’un soir accepteraient mal d’être pelotées et qu’elles n’auraient pas forcément le tact de son personnel pour éconduire le bonhomme en douceur, le patron du club avait eu alors un bon réflexe : du tac au tac, il avait répondu qu’il en envoyait deux autres, que les premières, ayant terminé leur service, étaient parties. Mais comme plusieurs hommes de main allaient et venaient dans le club et auraient pu les repérer, il avait conduit les deux policières dans un petit réduit où elles ne risquaient pas d’être découvertes, une panic-room installée près de la réception.
La petite pièce était encombrée d’un tas de matériel, aspirateurs, chariots de nettoyage, ce qui laissait peu d’espace aux jeunes femmes. Grâce à leurs casques et à un petit écran de contrôle, adossées contre un mur, épaule contre épaule, elles avaient pu continuer à suivre le déroulement de la réunion des trafiquants, laquelle avait d’ailleurs assez vite tourné court. Les "petites amies" de ces messieurs les ayant rejoints, la réunion avait rapidement tourné à la partouze. Il ne restait plus aux serveuses d’un soir qu’à attendre patiemment la fin de la fête et le départ des protagonistes, aucune intervention ne devant intervenir le soir même.
Rapidement lassées des exploits sexuels des malfrats, mais relativement émoustillées, les jeunes femmes s’étaient laissé aller à des petites confidences et sous-entendus coquins, reprenant ainsi la conversation qu’elles avaient tenue la veille au cours d’une soirée entre filles chez Bérénice.
Depuis plusieurs semaines, les deux jeunes femmes se voyaient en effet régulièrement. La complicité amicale qui les unissait s’était petit à petit teintée d’une grisante tension érotique, d’une attirance enivrante de plus en plus palpable. Qu’elles fussent en mains et comblées par leurs partenaires respectifs n’empêchait rien ; elles avaient multiplié les soirées à deux. Tout à fait innocentes au début, ces soirées entre filles avaient rapidement glissé vers des séances de confessions de plus en plus intimes, de conversations extrêmement libres, voire libertines. À chaque rencontre, par jeu, elles avaient arboré des tenues et postures de plus en plus suggestives, s’étaient affrontées dans de petits défis ou jeux coquins qui avaient pimenté leur complicité. Mais malgré les frôlements, les attouchements furtifs, les postures indécentes, ni l’une ni l’autre pourtant n’avait osé franchir la frontière de la décence, suivre les battements affolés de son cœur ou, pour le moins, l’infini désir de son corps.
Toutefois, la veille de l’opération "Papagena", leur tendre complicité sur le canapé, leurs tenues incroyablement affriolantes, leurs mains baladeuses les auraient certainement fait basculer rapidement dans des jeux tendres et impudiques si un coup de fil du commandant Ladrime ne les avait interrompues à l’instant précis où leurs lèvres allaient enfin se goûter. Cette interruption intempestive avait brisé la dynamique, refroidi l’atmosphère. La soirée s’était finie là, les laissant vaguement honteuses, comme des gamines surprises le doigt dans le pot de confiture et, pour tout dire, passablement gênées. Mais aussi et surtout, terriblement insatisfaites et frustrées.
S’étant montrée plus entreprenante que son amie au cours de cette soirée, ayant dévoilé un peu trop en avant ses désirs, Bérénice avait craint qu’Amélie ne la juge mal et qu’une distance ne s’installe entre elles. Heureusement, au moment de la quitter, la belle Amélie, au lieu de lui coller les traditionnelles bises sur les joues, lui avait doucement pris le visage entre les mains avant de lui offrir un baiser rapide, directement sur les lèvres. Un tout petit bécot, à peine un léger frôlement, mais ce contact fugace avait réactivé les espoirs et le désir dévorant de la jeune femme. Aussi, lorsqu’elles s’étaient retrouvées seules, dans le placard du club ce soir-là, Bérénice avait décidé de se lancer, d’abattre son jeu.
Bien calée dans son siège, la fliquette ferme les yeux et revit la scène ; elle se revoit se planter face à Amélie, lui enlever la tablette vidéo des mains, la défaire en douceur de son casque.
Mutine, du revers de la main, elle s’était aventurée à caresser légèrement la cuisse d’Amélie, notant avec un immense plaisir la chair de poule qui germait sur la peau bronzée. Comme Amélie n’avait esquissé aucun mouvement de recul, elle s’était enhardie, retournant sa main pour laisser ses doigts et sa paume courir sur la peau hérissée.
Pour appuyer ses dires, Amélie avait plaqué ses mains sur le corset, soupesé les pomelos.
Bérénice se souvient de la voix basse et rauque d’Amélie à cet instant, et ce souvenir lui est si présent qu’instinctivement elle serre les cuisses pour contenir le feu qu’elle y sent naître, rouvre les yeux pour se calmer un peu. Il pleut toujours. Le ciel est complètement bouché, et Lacheneau toujours mutique et concentré sur sa conduite. Sans remords, Bérénice replonge dans son souvenir. Son cœur bat maintenant au même rythme complètement désordonné qu’à l’instant où, fébrile, elle avait glissé ses mains sous la jupe d’Amélie, sur ses hanches, et attrapé l’élastique du slip.
Un quart de seconde plus tard, le slip Petit Bateau avait glissé sous les genoux d’Amélie, et pendant qu’il finissait de tomber tout seul sur les chevilles, Bérénice avait plaqué sa main sur l’entrejambe déjà inondé de son amie. Amélie avait laissé échapper un petit cri, jeté sa tête en arrière tout en se débarrassant prestement du petit vêtement tombé sur ses chevilles. S’affaissant légèrement sur elle-même, elle avait complaisamment écarté les cuisses, ouvrant largement aux doigts impatients l’accès au centre névralgique de son désir.
Respirations accélérées, souffles courts, les deux amantes en devenir avaient atteint à cet instant un premier palier de félicité, une libération brutale des énergies sexuelles accumulées dans les semaines précédentes. Dès lors, une joyeuse frénésie avait aboli leurs dernières craintes et troubles. Amélie avait plongé ses mains dans le décolleté de sa partenaire et fait jaillir de la corbeille les fruits bien mûrs pour en triturer les pointes érigées. Bérénice, elle, laissait courir ses doigts sur les rives de la fente ennoyée, s’amusant à les glisser entre les dentelles déployées, évitant le fond du lit du canyon brûlant, contournant soigneusement le bouton, le frôlant à peine parfois, comme par inadvertance, du plat de la paume pour déclencher des myriades chatoyantes de ravissements aussi éphémères que détonantes.
Amélie gémissait sous ces caresses aériennes, palpitait, hoquetait par moments, au bord de s’abandonner totalement. Elle referma cependant le delta de ses cuisses.
Avant d’obéir, Bérénice se débarrassa à son tour de son slip, releva leurs deux jupes et se serra contre Amélie, peau contre peau. Se hissant sur la pointe des pieds, elle offrit ses lèvres tout en plaquant son pubis contre celui de son amie. Les bouches se cherchèrent un instant, les lèvres se frôlèrent d’abord, les deux femmes se souriant tendrement entre deux baisers volés. Les bouches enfin se soudèrent, les langues indiscrètes se titillant, se défiant, se combattant, s’enroulant. Souffles mêlés, elles s’époumonaient, s’asphyxiaient avec délice. Prolongeant jusqu’au dernier souffle le délicieux combat, elles se goûtaient avec délectation, se dévoraient tendrement. Les frottements conjugués des sexes brûlants exaspéraient les perles roses, mélangeaient les liqueurs, entremêlaient les corolles déployées de leurs nymphettes bouillonnantes. À chaque instant, des ondes bienfaisantes les parcouraient en tous sens, des vagues de bonheur les submergeaient.
Et puis, impatiente, abandonnant les lèvres gourmandes de sa maîtresse, Bérénice était tombée à genoux, avait faufilé sa tête sous les jupons d’Amélie pour partir à la découverte gourmande du feuilleté velouté. Délicieusement surprise, elle avait contemplé la double haie sombre des petites lèvres foisonnantes, forêt de corail luisant sur laquelle elle avait promené patiemment le bout de sa langue, explorant chacun des replis ciselés de la corolle. Ses mains, plaquées sur les rondeurs jumelles d’Amélie, détectaient chaque frisson, chaque frémissement, chacune des indicibles volutes de bonheur, toutes les vagues scélérates et leurs ressacs pétillants provoqués par les tours et détours malins de sa langue dans les replis intimes.
Sa langue qui se faisait large et pleine pour laper l’abondante cyprine, englober les babines, fine et pointue pour écarter l’abondante sylve des nymphes et plonger au creux de la rivière enchantée qui s’effaçait pour que sa bouche impatiente aspire la mouille et le sexe tout entier. Quand le bout de son nez était venu, enfin, buter contre le bouton exaspéré, que sa langue avait enveloppé le lutin avide, elle avait senti Amélie se raidir, s’arcbouter, immobile, statufiée, souffle coupé, prête à basculer déjà, enfin, dans la houle ultime, dans l’explosion chatoyante de ses sens, dans l’envolée magnifique de son plaisir, alors Bérénice s’était déchaînée, suçant, mordillant, agaçant, martyrisant le clito durci.
Elle avait attendu le feu d’artifice, la déflagration pyrotechnique, le paroxysme détonant.
Cinq secondes, dix secondes. Bérénice, si désireuse d’offrir l’extase, avait alors plongé un pouce dans la grotte du minou, mais s’était trouvée saisie par la sécheresse soudaine des lieux. Si étonnée qu’elle avait émergé du jupon pour trouver le regard de sa compagne.
Toute l’excitation qui l’avait portée jusque là s’était évanouie instantanément : Amélie avait la tête tournée sur le côté, le bras tendu et l’index pointé vers l’écran de la tablette de contrôle, statufiée, souffle coupé. Bouche béante, visage totalement figé à part les yeux, exorbités et dont les iris semblaient vibrer, monter et descendre à toute vitesse, au rythme accéléré de ses paupières papillonnantes.
Épouvantée, Bérénice s’était relevée d’un coup, avait attrapé son amie sous les bras à l’instant où elle commençait à s’affaisser doucement. Sa panique s’était décuplée lorsque les iris avaient basculé en arrière, ne laissant plus que le blanc des yeux visible ; le corps d’Amélie était devenu trop lourd pour elle, et elle l’avait laissé glisser doucement jusqu’au sol.
Allongée par terre, Amélie ne respirait pas, mais son corps tremblait d’un bloc, des pieds à la tête.
Inspirant profondément, Bérénice lui avait insufflé alors une forte goulée d’air, puis une seconde, avant d’appuyer sèchement, les deux mains superposées à plat, sur l’abdomen gonflé. L’air accumulé avait jailli brutalement, la jeune femme avait hoqueté, toussé, avant d’avaler enfin par elle-même une longue goulée d’air. Son regard réapparut, une légère coloration monta sur ses joues. Les tremblements de son corps s’étaient arrêtés : elle avait repris conscience.
Pas peur ! Pas peur ! Facile à dire ! Alors qu’Amélie reprenait pied, Bérénice avait craqué : à son tour de trembler de tous ses membres, de s’effondrer. Des larmes avaient roulé sur ses joues, baignant son visage et son cou. Serrées l’une contre l’autre au sol, elles s’étaient consolées l’une l’autre, se caressant doucement visages et cheveux.
Amélie avait expliqué les tremblements irrépressibles, la paralysie des poumons, les arrêts respiratoires induits par ces crises, les évanouissements qui finalement délivraient son corps. Quand Bérénice lui avait demandé quels événements déclencheurs la faisaient plonger dans cet état, les réponses avaient été évasives.
Tout à coup, dans son fauteuil dans la voiture qui file sous la pluie, Bérénice comprend le trouble qui la tracasse depuis le début de la matinée. Elle se souvient de ce qu’elle avait vu plus tard en visionnant les dernières images enregistrées ce soir-là, juste avant que les trafiquants ne quittent le club libertin. Une image fugace, qu’elle n’avait pas remarquée à ce moment-là, mais qui s’était imprimée dans sa mémoire. Celle de Belaoui opinant discrètement du chef en passant près d’un homme assis au bar : Aubert de Veillefonds.