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01/02/18
corrigé 06/06/21
Résumé:  L'autopsie de l'avocat apportera-t-elle les éclaircissements espérés par le commandant Ladrime ? À l'autre bout de la ville, une certaine Amélie attend celui qui devrait lui offrir le septième ciel...
Critères:  fh cunnilingu pénétratio policier -policier
Auteur : Claude Pessac            Envoi mini-message

Série : Les Parques

Chapitre 03 / 06
Les Parques 3/8

Résumé des épisodes précédents :

Une jeune femme surmonte avec courage ses terreurs et trame ses plans.

Deux plus tard, un ténor du barreau a été retrouvé mort, assassiné dans des circonstances relativement étonnantes.


L’enquête du SRPJ sur l’assassinat de l’avocat Veillefonds n’a guère progressé. Bérénice Nguyen, une des enquêtrices, s’inquiète de l’implication éventuelle de sa tendre et sensuelle collègue Amélie.





22 septembre – 15 h 06


Dans le genre, la salle d’anatomo-pathologie du docteur Gracien est certainement une des moins lugubres de France. Le service de Médecine Légale se situe en effet au CHU du Bois Fleuri, un hôpital ultramoderne. Grandes dalles rectifiées en cérame beige à effet miroir, murs carrelés sol-plafond dans un ton légèrement saumon et rehaussés dans les angles par des carreaux aubergine. Une foultitude de spots au plafond dont les halos dessinent une sorte de ciel étoilé sur les sept panneaux laqués aubergine qui habillent tout le mur du fond de la salle. L’ensemble aurait carrément un air de vestiaires de salle de fitness si cinq grandes tables de dissection n’occupaient tout l’espace. Quant aux panneaux aubergine du fond, ce ne sont évidemment pas des portes de vestiaires, mais des panneaux masquant les tiroirs mortuaires réfrigérés. Grand maître des lieux, le docteur Gracien a le physique d’un bon papa gâteau, visage jovial, légèrement couperosé. Il accueille le commandant Ladrime avec un grand sourire qui le lui rend avec plaisir mais lève un sourcil interrogateur en constatant la présence, inhabituelle, du chef de la Scientifique, le commissaire Léon Bordieux.



Comme lui aussi se posait pas mal de questions, chacun y a trouvé son compte, et à nous deux, je crois qu’on a à peu près tout éclairci. Ensemble, on va tout vous expliquer, mais j’espère que vous avez un peu de temps, Commandant, car ça va être long ! Si vous voulez bien, c’est le commissaire qui va commencer ce topo, ou plutôt la topo… graphie des lieux.


Après une profonde inspiration, Bordieux explique :



Ladrime ayant acquiescé, le capitaine continue sa description :



Un peu impatient, Ladrime apporte sa conclusion :



Petit sourire du commissaire :



Sentant que Bordieux va embrayer sur des explications techniques dont il n’a que faire, Ladrime lui fait signe d’en venir au fait. Bordieux décrit alors en détail la canalisation d’évacuation, mais aussi une grille en acier – toute neuve, insiste-t-il – qui ferme la canalisation, et à l’intérieur du conduit, un convoyeur industriel à rouleaux libres (il montre la photo d’un tapis roulant comme on en voit en bout de chaînes de montage dans les usines) et une planche de bois.


À ce moment du récit, le docteur Gracien apporter des précisions en rapport avec son observation du corps :



Suit le récit par Bordieux de la reptation angoissante de l’avocat jusqu’à l’extrémité du conduit dans la deuxième salle. La description est suffisamment précise et détaillée pour que Ladrime comprenne quelles affres le pauvre type a dû traverser.


Tout excité, le docteur Gracien reprend l’exposé :



Interloqué par ces déductions stupéfiantes mais convaincu par l’assurance des deux hommes très fiers d’eux, Ladrime acquiesce :



Le commissaire Bordieux enchaîne :



Le commandant ouvre des yeux étonnés et affiche un air dubitatif. Le bon docteur Gracien se dépêche donc d’enchaîner :



Comme Ladrime lui fait signe de poursuivre, il ajoute :



Le commandant Ladrime lâche une bruyante expiration.



Plutôt sidéré par cette avalanche d’informations, le commandant lâche en sortant :




_________________



22 septembre – 19 h 15


C’est la première fois depuis trois ans qu’Amélie invite un homme chez elle. Trois ans d’efforts, trois ans de cheminement intérieur, trois ans de thérapie lui auront été nécessaires pour vaincre ses angoisses, ses terreurs, ses effrois. Trois années de nuits agitées, de réveils en sursaut, de sueurs froides. Trois ans de solitude volontaire, trois ans d’ermitage. Et enfin, le bout du tunnel ! Du moins, elle l’espère ; elle sera fixée d’ici peu…


En fermant sa boutique de lingerie haut de gamme ce soir, elle était fébrile, excitée comme une puce, comme une gamine. On lui aurait dit, il y a seulement trois semaines, qu’elle, la quadra un peu… disons… enrobée, pourrait éveiller l’attention d’un jeune type, beau comme un astre, latin lover au charme ténébreux, elle ne l’aurait pas cru.


Attention, elle n’est pas dupe : elle sait bien que le bellâtre n’en veut pas qu’à son cul, que ses roucoulades ne sont pas totalement désintéressées. I’m just a gigolo, c’est la chanson qui lui revient systématiquement à l’esprit dès qu’elle pense à Sergio. Et comme elle pense à lui tout le temps, autant dire que la chanson est devenue une scie ! Et d’ailleurs ce soir, c’est la seconde partie du medley qui l’intéresse, plus rythmée, plus endiablée. Et elle est bien décidée à faire mentir les paroles. « I ain’t got nobody… » : d’accord, c’est vrai, je n’ai personne. « Nobody cares for me… » : certes, mais ce soir ce sera le contraire ! Il va prendre soin de moi, il va bien s’occuper de moi ! Elle peut quand même espérer le grand jeu, la totale ; pour une Breitling, c’est bien le minimum qu’il puisse faire, non ? Ce soir, c’est LA totale : on repeint tout, du sol au plafond, et surtout on décalamine la tuyauterie !


Amélie rigole en elle-même. Elle, d’habitude si Vieille France, si Marie-Chantal, ronds-de-jambes et révérences… « Si Madame votre mère vous entendait, ma chèèèère… Mère, je vous le dis sans détours ni circonvolutions : ce soir votre fille est une catin qui veut sucer de la merguez et se faire retourner le tiroir, démonter l’atelier de Vénus, se faire inonder le bénitier ! Et si – sans supplément, bien sûr – elle se fait aussi éclater la rondelle, elle ne portera pas plainte. Au contraire ! » Amélie en rajoute. Elle en fait trop : ce n’est pas son genre d’être vulgaire. Du tout ! Mais c’est une façon comme une autre de se motiver, de s’encourager.

Parce qu’elle a les miquettes ! Elle est morte de trouille ! Et si au dernier moment elle flanchait ? Si elle n’arrivait pas, n’arrivait plus à sauter le pas ? Si ses angoisses la reprenaient, la submergeaient, l’étouffaient ?


Amélie ne veut pas y penser. Elle s’est faite belle et sexy. Pour le moins, elle a essayé ! Le résultat n’est pas tout à fait à la hauteur de ses espérances, mais de toute évidence Sergio s’en satisfait. À peine arrivé, il lui a sauté dessus. Oubliés, l’apéritif et les petits feuilletés salés, blinis et bouchées au foie gras : le fougueux étalon l’a étouffée de baisers torrides, ensevelie sous des tonnes de caresses affolantes. Trois pas dans le couloir, et il avait déjà à moitié dézippé sa robe. Amélie s’était dit qu’à ce rythme-là, ses craintes n’auraient pas le temps de resurgir. Et aussi, qu’eux deux n’arriveraient jamais jusqu’au canapé du salon ! Mais il avait dû la sentir flageoler sur ses jambes et l’avait menée en valsant jusqu’à ce canapé, la débarrassant de sa robe juste avant de l’allonger sur les capitons moelleux.


Pour l’heure, Amélie se retrouve donc tout juste vêtue, si l’on peut dire, d’un soutien-gorge remonte-nénés ouverts, noir à dentelles rouges, et d’un string-ficelle fendu assorti. C’est lui, Sergio, qui cet après-midi, passant à la boutique, a longuement admiré l’ensemble en lui décochant une œillade sans équivoque. Après son départ, ce n’est pas sans une certaine appréhension qu’Amélie avait foncé direct dans sa réserve ; elle n’était pas certaine d’y trouver le modèle identique … à sa taille. Heureusement, elle l’avait en stock, et même si finalement elle s’était trouvée plutôt ridicule avec, elle n’avait pas voulu décevoir son cher Sergio… lequel, à cet instant, comble ses désirs.


Elle aurait bien voulu, lorsqu’il s’est savamment dévêtu devant elle, pouvoir attraper sa verge puissante pour se l’enfourner dans la bouche, la lécher, la pomper, mais il ne lui en avait pas laissé la possibilité, s’agenouillant près d’elle pour lui engloutir un téton pendant qu’il caressait, triturait, martyrisait l’autre entre deux doigts.


Et là, sa bouche, après avoir parcouru son ventre, fouillé sa touffe, sa bouche descend dans la fente inondée, sa langue s’active dans les replis de ses chairs échauffées, débusque le clitoris. Amélie voudrait lui dire de ralentir mais son corps impatient lui dicte le contraire. « On aura bien le temps, tout à l’heure, dans le deuxième round. » Elle attrape donc la tête de son flamboyant butineur et la presse plus fort encore entre ses cuisses écartelées. Diabolique, la langue titille à toute vitesse le bouton de rose ; des vagues de plaisir montent et éclatent en milliers de petits éclairs aveuglants alors que son sexe affamé déverse des flots de mouille brûlante.



Docile, le cavalier obéit et, ni une ni deux, plante son pieu turgescent dans l’antre brûlant, poussant l’estocade brutalement, fougueusement, délicieusement. L’homme chevauche son amazone, fouraille et défouraille gaillardement, s’encastre dans les chairs ardentes, défonce la boutique. Le piston va-et-vient à rythme forcené dans la culasse surchauffée. Le manomètre grimpe, Amélie passe le seuil critique des 100.000 volts ; aucun circuit de refroidissement ne pourra désormais éviter l’inévitable.


Et brusquement, brutalement, c’est Tchernobyl ! L’explosion atomise ses derniers garde-fous, embrase ses sens, propulse Amélie dans une troposphère azurée où, sylphide éthérée, elle chevauche les nuages les plus doux, les astres brillants, les étoiles de sucre et de miel. Amélie est partie, vole, court, rebondit comme une balle de mousse contre les émotions fulgurantes.

Son plaisir est juste infini, incommensurable, son bonheur indescriptible.

Amélie sombre avec délice dans l’aveuglante lumière noire de l’orgasme, heureuse d’avoir vaincu ses terreurs, ses peurs, ses affres.

Heureuse !

Pleinement heureuse !


Tellement heureuse qu’elle ne sent pas vraiment les mains qui se serrent, enserrent et serrent son cou. Elle n’entend plus déjà Sergio qui susurre :



L’homme continue à serrer, observe avec contentement le sang abandonner les joues de sa victime, le visage pâlir avant de bleuir finalement. Un rictus grotesque a remplacé l’air d’absolue félicité, la bouche est tordue, la langue bleue. Abandonnant le corps inerte, l’homme se relève doucement, contemple son œuvre avec mépris et satisfaction. Il fait glisser le string sur les jambes, arrache la ficelle à droite du petit triangle de soie, le considère un instant avec plaisir avant de le rouler en boule pour l’enfoncer dans la bouche béante de sa victime.