Résumé de l’épisode précédent :
L’intimité de Véro et Stéphane a atteint un niveau proche de celle de deux amants sans franchir le seuil ultime.
Dans cette harmonie parfaite, ils décident de passer la journée en kayak avec leur nouvelle amie.
Cette randonnée les entraîne vers un camp naturiste ou Valy se montre aussi peu pudique qu’eux.
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Nota : ce nouvel épisode est une transition où le trio amical se renforce. L’intimité sensuelle ne reviendra qu’aux prochains récits.
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Quand j’arrive aux embarcations, ma vengeance est déjà bien mûrie. J’enfile mon maillot de bain et prends avec moi les affaires des filles, je mets mon bateau à l’eau.
Quand elles apparaissent, je leur montre leurs vêtements en m’éloignant sur l’eau :
- — Mes charmantes dames, vous m’avez ridiculisé conjointement sans que je l’aie mérité le moins du monde. Je me vois donc dans l’obligation de vous rendre la monnaie de votre pièce. Vous serez obligées de naviguer nues sur une rivière textile jusqu’à la prochaine plage. Ce sera votre pénitence.
Je prends en photo leur stupeur et leurs récriminations, puis je pagaie vers le large pour bien montrer la fermeté de mes intentions.
Véronique exprime leur mécontentement en profitant que je ne suis pas encore trop loin :
- — Mais tu n’as pas le droit, c’est déloyal. Tu dois protéger notre pudeur et non l’exposer à tout le monde. Ce n’est pas digne de ton esprit chevaleresque.
- — Votre pudeur sera préservée par le bateau. Si vous faites un peu attention, nous seuls saurons que vous êtes des coquines dévergondées. Allez, embarquez, nous avons assez perdu de temps. Si vous ramez bien, on sera à la plage salvatrice plus rapidement.
Je m’éloigne encore et elles ne peuvent plus se plaindre sans crier trop fort et attirer l’attention, elles doivent donc se résigner. Cette victoire va me coûter cher, mais j’aime bien ce jeu sensuel. Et c’est donc complètement nues que les deux jolies femmes montent dans leur canot. Je ne rate pas l’occasion de leur faire une photo souvenir.
Elles continuent à râler en ramant, je me dis que la blague ne va pas devoir durer longtemps sous peine de devenir désagréable. Mais rapidement, rassurées par l’écran que fait leur canoë pour leur pudeur, elles s’habituent à leur nudité incongrue et en plaisantent entre elles.
Nous ramons encore vers l’amont pour rejoindre le bout de la zone navigable et cette fois-ci il y a, malheureusement pour les pénitentes, plus d’embarcations sur notre route. Nous croisons plusieurs fois des familles et des groupes d’amis. Les filles ne font pas les fières, mais il y a toujours un moyen de s’écarter largement pour croiser les inconnus et leur nudité coupable est décelable. Ces expériences finissent de les rassurer et nous passons devant plusieurs plages propices à la levée de la punition sans que ces dames ne suggèrent que je leur rende leur maillot. Elles se sentent à leur aise, sur une eau calme avec le soleil qui parfait leur bronzage.
Tant et si bien que nous atteignons le bout de la partie navigable sans compléter leur tenue. Nous débarquons pour marcher dans un endroit féerique, les deux filles restent en tenue d’Ève même si j’ai pris leurs slips avec moi. C’est à nouveau l’occasion de bien belles photos. Mes deux modèles sont complètement désinhibées : tantôt elles posent, tantôt elles se promènent sans faire attention à l’appareil, mais jamais elles n’ont un geste de pudeur ou de réserve. Pour un photographe, c’est une situation idéale.
Après une jolie promenade dans cette cathédrale naturelle et déserte, nous rejoignons les embarcations. Véro fait alors semblant de s’inquiéter :
- — Nous sommes toujours punies ? Tu ne nous rends pas notre culotte ?
Son ton était celui d’une coquine, visiblement la punition surtout partagée avec sa copine, n’est pas pour lui déplaire.
- — Votre péché contre moi est pratiquement racheté, à la prochaine pause, vous serez libérées.
- — Ah ! Dommage, répond-elle avec malice.
Redescendre le léger courant nous rend plus efficaces, le retour sera beaucoup plus rapide que l’aller. Et c’est heureux parce que l’heure avance et que j’ai l’ambition de proposer une soirée sympa à ces deux charmantes jeunes femmes.
Nous repassons de nouveau devant plusieurs plages et devant le camping naturiste, la prochaine plage devra être utilisée pour remettre de l’ordre dans nos tenues avant d’arriver au village, les filles auront donc été toutes nues la plus grande partie du périple de l’après-déjeuner et elles ont montré que cela leur convenait tout à fait.
C’est alors que nous voyons au loin un groupe nombreux de jeunes kayakistes qui chahutent et parlent fort. Ils occupent complètement la largeur du cours d’eau, il ne sera pas possible de les croiser s’approcher un peu près de certains d’entre eux. La pudeur de ces dames risque d’être mise à mal si les premiers jettent un œil à l’intérieur des canots des filles et vendent la mèche à leurs collègues, je vais devoir gérer cela finement.
J’ironise en parlant bas en prédisant une future catastrophe, mais le visage de Valérie se fige d’un seul coup :
- — Merde ! C’est le groupe de jeunes Allemands avec qui j’ai fait le canyon de la Vierge lundi et avec qui je fais de nouveau une descente demain. Merde, merde, merde ! ce sont des gosses très turbulents. Je n’ai vraiment pas envie qu’ils me voient à poil dans la nature ! Je me suis mis dans une belle merde.
Comme par écho à son angoisse, certains garçons voyant au loin les seins nus des filles, se mettent à les siffler pour exprimer leur admiration. Valérie est de plus en plus angoissée, elle se rapproche de moi pour que je fasse écran. Je redonne discrètement leur maillot aux filles, mais elles ne peuvent les enfiler dans le canot. Il faudrait qu’elles renversent leur embarcation ou qu’elles repartent à fond dans l’autre sens… tout cela serait inconfortable et largement suspect.
Les gamins baragouinent en allemand, mais d’après l’excitation qui les gagne, il semble qu’ils ont maintenant reconnu Valérie malgré ses lunettes noires. Deux des plus délurés se dirigent manifestement vers nous pour s’adresser à Valy dans un mauvais anglais tout en incluant les quelques mots de français qu’ils connaissent.
- — Mademoiselle, bonjour ! You are very pretty ! Have forgot something ?
Valérie ne leur répond pas, elle est angoissée. Pour l’instant ils sont encore loin et n’ont découvert que la nudité des seins, mais ils vont vite s’apercevoir qu’elle est toute nue.
Valérie semble paniquer et je ne vois aucun moyen pour arranger les choses, nos serviettes sont enfouies dans les caissons étanches et ne sont pas accessibles sans accoster.
- — Putain ! S’ils voient que je suis à poil, ils vont plus nous lâcher. Ce sont des voyous. Pas question de s’arrêter à la plage et se dandiner devant eux. Et puis demain, je ne te raconte pas. Leur encadrant ne va pas trouver ça drôle, il n’est pas du tout du genre rigolo, tu peux me croire. Putain, la honte, mais qu’est-ce que j’ai eu dans la tête pour me mettre dans un merdier pareil.
Le bouclier que je fais avec mon canot ne va bientôt plus être efficace, mais je ne peux rien faire de plus. Je ne peux pas leur parler en allemand et leur anglais ne nous permettra pas de parlementer. La conformation des lieux et le sens du courant sont notre seul atout. J’en avise Valérie. :
- — Valy, il est trop tard pour repartir en arrière, soit vous vous mettez à l’eau toutes les deux et vous mettez votre maillot en cachette, soit tu peux essayer de passer par les remous à tribord, là. Tu les croiserais alors super vite et assez loin : ils ne pourront pas s’approcher. Mais il faut tenir sur ton bateau, ça va remuer ! Tu le sens bien ?
- — De toute façon je n’ai pas le choix, j’y vais.
- — Je ne te suis pas, j’ai toutes les affaires dans mon canot il ne faut pas qu’elles finissent à la baille. Je vais détourner leur attention comme je peux. Et toi Véro, tu fais comment.
- — S’ils me voient à poil, ils en déduiront que Valy, l’est aussi, je la suis. Mais je ne le sens pas si bien que ça, ce torrent.
- — Allez, vas-y, je te fais confiance.
Les deux filles n’ont plus le temps de tergiverser, elles virent de bord et donnent de la pagaie pour se jeter dans les remous. Tandis que moi, je vais délibérément vers le groupe pour les occuper et les gêner s’ils voulaient suivre les deux femmes. Je m’adresse à eux en français avec autorité. Je sais très bien qu’ils ne comprendront rien, mais cela les occupera.
Je surveille du coin de l’œil les deux filles qui filent dans les rapides. Mais après un bon début, les choses ne se déroulent pas comme il faudrait. Valérie est ballottée par le courant comme un bouchon, au milieu de la descente, une vague envahit son canoë et elle est projetée dans l’eau. Véronique qui la suit de trop près ne peut l’éviter et chavire aussi. Les gamins s’esclaffent et lancent des blagues en allemand qui sont assurément très moqueuses même si je n’en comprends pas le sens. Les filles sont l’attention de tout le groupe qui s’agglutine maintenant pour constater le pittoresque de leur situation. Mais le pire est à venir.
Grâce au courant, les deux malheureuses ont tôt fait de quitter la zone turbulente à côté de leur bateau et de le remettre à flot. Par contre, elles doivent remonter dedans et, alors, elles ne pourront pas cacher leur nudité. Elles sont maintenant à cent cinquante ou deux cents mètres en aval du groupe, la distance les protège un peu. Dans un mouvement concerté, elles se préparent à effectuer une remontée rapide dans le canot. Elles exposeront, toutes les deux, leurs jolies fesses au groupe hilare, mais la brièveté et la distance rendront la vision incertaine.
Je ne peux pas faire grand-chose pour détourner l’attention, mais je cherche tous les moyens possibles. Un des gamins sort alors un appareil photo : avec le zoom il risque d’obtenir un cliché très compromettant pour Valérie. Il faut absolument éviter qu’il photographie la sortie du bain. Je m’approche en deux coups de rame de l’inquisiteur et fais barrage de mon corps en hurlant de manière très exagérée :
- — What hell are you doing? Stop immediately !
L’attention de tout le groupe est maintenant sur moi : c’était le but recherché, les filles auront entendu que je détournai les regards pour elles, elles vont en profiter pour sortir de ce guêpier.
Le gamin à l’appareil photo ne semble pas impressionné, il ne parle certainement pas l’anglais. Par défi, il fait un écart pour essayer d’immortaliser la scène qu’offrent les filles au loin. Je saisis alors son appareil photo en continuant à l’invectiver en franglais. Le gamin se rebiffe avec vigueur en proférant des jurons en allemand et essaie de me pousser dans l’eau. Je fais deux fois son poids, il ne me fera pas chanceler. Dans ses mouvements désordonnés, le jeune énervé, voulant me surprendre, m’arrache l’appareil des mains, mais dans son élan bascule en arrière et se retrouve dans l’eau.
Tout le monde se regroupe autour de moi et du gamin. Ce dernier, qui se démène dans l’eau pour remonter dans son canot et profère toutes les insanités de sa langue. Il est maintenant l’objet des rires et des blagues vaseuses de ses collègues. L’encadrant des jeunes, qui avait brillé jusque-là par son absence, se décide enfin à intervenir dans un français tout à fait correct malgré un accent germanique presque caricatural :
- — Monsieur, je vous prie de laisser cet enfant tranquille.
- — Bonjour, monsieur ! Je suis désolé de ce qui est arrivé à ce jeune homme. Soyez assuré que je n’ai fait que de lui demander de ne pas prendre des photos du malheur de mes amies et il n’a pas voulu obtempérer. C’est lui qui s’est mis tout seul dans cette situation du fait de sa maladresse. Mais puisqu’il est en sécurité et que vous l’aiderez à sortir de ce mauvais pas, je vais effectivement vous laisser tranquille.
Sans lui laisser le temps de réunir son vocabulaire pour me répondre, je file entre les gamins vers l’aval. Les filles s’éloignent déjà, elles ont bien mis à profit ma diversion. Je pagaie avec force et je les rejoins à hauteur de la dernière plage avant le village. Valérie avait perdu son maillot dans la chute, mais j’ai son short dans mon caisson. L’endroit est désert, nous débarquons tous les trois. Les filles se rhabillent sans mots inutiles, le climat est un peu lourd. Je leur raconte les évènements qui les ont libérées de l’attention lourde des importuns, et Valérie note avec ennui que l’appareil photo du gamin a dû en prendre un sacré coup :
- — Mon chef n’aime pas les guides filles. Il dit que nous n’avons pas les muscles pour faire face en cas de problème. Il en a déjà viré deux pour des prétextes futiles et je suis la dernière. Quand le moniteur des gamins va aller se plaindre, et il ne va pas s’en priver, je vais être virée. Ça ne m’arrange vraiment pas, j’ai vraiment besoin de ce boulot, et il me plaît bien en plus. Merde, merde, merde !
- — Je suis vraiment désolé, Valy, c’est moi qui t’ai mis dans cette situation et qui en plus ai créé l’incident de l’appareil.
- — Tu sais Stéph, si je n’avais pas voulu marcher dans ton jeu je l’aurais arrêté tout de suite. Nous avons tous joué ensemble de manière consentie, je ne te considère pas comme coupable et en plus tu ne pouvais pas savoir que ma situation pouvait être aussi précaire.
- — Tu es une fille incroyable, Valérie, tu prends sur toi avec un sacré courage. Mais je peux peut-être quand même les retrouver pour essayer d’arranger les choses.
- — Ils sont loin et à mon avis ils sont bien énervés, tu n’en tireras rien. Laisse courir. Ce soir j’essaierai d’aller au camping pour parlementer quelque chose, mais je ne le sens pas.
- — Valy, laisse-moi faire pour le camping, ce soir. Je ne suis pas aussi mauvais négociateur que ce que tu peux imaginer à l’aune de la cata actuelle. Leur mono trouvera ça normal, puisque c’est moi qui ai provoqué l’accident. Je t’arrangerai le coup.
- — Merci, Stéph, mais te bile pas si ça ne marche pas. Le mono est un vrai con, tu n’en tireras rien. Merci d’y aller, parce que, en vrai, je crois que je n’aurais pas eu le courage de l’affronter, j’ai trop les boules.
Les rires et l’ambiance chaleureuse se sont envolés. Valérie est visiblement très troublée de ce qui s’est passé.
Nous arrivons à l’embarcadère du village sans que Valérie ait retrouvé son sourire et Véro en semble aussi très affectée. Nous rendons les canots et repartons vers notre chalet. La petite maison de Valy est sur la route et à sa hauteur elle nous abandonne :
- — Je vais me doucher et me reposer. Les émotions m’ont crevée. Je suis désolée que cette journée finisse comme ça, mais, comme c’est vraiment important pour moi, ça me prend la tête à fond. Il faut que je sois en forme pour demain, cela va être une dure journée avec ce groupe. C’est con, ça avait été sympa avec eux lundi malgré leur chahut. Bon, je ne vais pas vous pourrir l’ambiance plus longtemps.
Véro est inquiète de la tournure des évènements :
- — On se voit demain soir ? Il faut que tu nous racontes comment ça s’est passé et on part bientôt on ne va pas se quitter sur un coup dur.
- — Oui, d’accord, on s’appelle. Si ce qui doit arriver arrive, je ne serai pas de bonne compagnie demain, je ne veux pas vous gâcher vos vacances. Je suis vraiment désolée de vous faire faux bond.
En lui faisant une bise d’au revoir je prends les rênes de la situation, elle doit se sentir soutenue même si elle préfère être seule ce soir :
- — Je passe te voir rapidement ce soir après les avoir rencontrés au camping pour te dire comment ça s’est passé. Je vais faire le maximum, je vais redresser la barre, il faut que tu me fasses confiance.
- — Tu es un ange. Allez, à tout à l’heure, alors !
Elle se détourne alors et nous la regardons tous les deux s’éloigner vers sa porte. Je prends la main de Véro et je la serre pour la réconforter et nous nous dirigeons vers la maison.
- — Stéph, je me fais de la bile pour Valy, tu crois que tu vas arriver à quelque chose.
- — Moi, je ne suis pas inquiet le moins du monde, je suis tellement motivé que je suis sûr d’arriver à arranger les choses « entre hommes" . Mais je ne pouvais pas le dire à Valy, elle m’aurait trouvé prétentieux. Le moniteur doit pouvoir être raisonné. Il est un peu revêche, mais sûrement plus avec les filles, il doit être timide. Sur son terrain, il sera en confiance et il sera donc moins sur ses gardes. Je suis sûr que nous trouverons un accord. De toute façon, je mettrai le paquet pour le convaincre de ne pas faire de mal à notre Valérie adorée.
- — NOTRE Valérie ? Elle n’est plus à moi seule maintenant ?
- — Elle est adorable, et on s’est bien entendu tous les trois aujourd’hui. On s’entend super bien : c’est donc mon amie à moi aussi. Ça te choque ou tu es jalouse ?
- — Rien de tout ça. J’ai besoin que vous vous entendiez pour être votre amie à tous les deux pareillement. Ça me va très bien au contraire.
- — Bon, on va se doucher pour laisser le temps au groupe de revenir de leur balade et après j’y vais.
- — Je vais avec toi !
- — Non, il ne vaut mieux pas. Il est timide et il ne voudra pas se déjuger devant une jolie femme. Il pourrait prendre la posture du personnage autoritaire même si ce n’est pas son caractère naturel. Mais si tu veux, tu m’attends à la sortie du camping et on ira ensemble voir Valérie.
- — D’accord, Valy a raison, tu es un ange.
- — Ça, tu devrais le savoir depuis plus longtemps qu’elle !
- — Peut-être, mais aujourd’hui, ça me touche beaucoup parce que tu fais des trucs super pour Valy. Je suis habituée à ce que tu te mettes en quatre pour moi, mais pour Valy c’est comme si ça en amplifiait l’importance.
On arrive à notre maison, et comme prévu nous prenons une douche. Ni Véro ni moi n’avons l’esprit à la coquinerie ou même au rire. Nous sommes dans une phase suspendue de ces vacances. Tant que nous n’aurons pas sauvé notre amie et que nous ne l’aurons pas ramenée à sourire et à être bien avec nous, tout sera arrêté. Valérie est devenue indispensable à notre entente à tous les deux. Je fais des courses et Véro range la maison, mais nous sommes tous les deux fébriles. Les évènements à venir nous préoccupent. Une grosse heure après notre arrivée, nous décidons de nous rendre au camping. Il est tout proche de l’embarcadère, ils auront eu le temps de rentrer et même de se poser un peu. À l’accueil du parc, le responsable voit tout de suite de quel groupe nous parlons, et nous indique où le trouver.
Véro s’installe à la guinguette et je me dirige vers leur campement. À ce stade, l’angoisse me gagne un peu, mais je garde la conviction que la seule chose à faire est de régler cela maintenant et entre hommes. J’arrive à un campement d’ados sportifs : il y a des combinaisons qui sèchent, des vélos, des casques, des rames et un désordre total.
La réception m’a donné le nom de l’encadrant, cela va me faciliter les choses. Je m’adresse à un des jeunes qui me semble cool :
- — Hay ! Is Günter there ?
- — Günter ?
Il ne me répond pas, il ne doit connaître que l’allemand, mais il me désigne la grande tente qui sert de cantine. Je m’approche et je trouve le moniteur assis en train de remplir des papiers.
- — Günter ? Je suis venu vous parler, vous auriez une minute ?
Il me reconnaît immédiatement :
- — Bien-sûr ! Monsieur, que je peux faire pour vous ?
- — Je suis venu pour m’excuser pour tout à l’heure, sur le plan d’eau. J’ai eu une attitude agressive et j’en suis vraiment désolé. J’ai peur d’avoir traumatisé les enfants et je voudrais faire tout ce qui est possible pour réparer ce qui peut l’être.
- — Ce n’est pas si grave. Ça va ! Mais je suis d’accord, les enfants ont pas compris.
- — Vous aviez peut-être remarqué que j’étais accompagné par Valérie la guide qui vous accompagne dans les canyons.
- — Oui je l’ai vue, mais j’ai pas compris pourquoi elle n’a pas dit bonjour.
- — Comme vous l’avez peut-être vu, elle faisait du monokini à ce moment-là.
- — Du kayak, pas du molokin !
- — Euh, du Mo. No. Ki. Ni, c’est quand une femme ne porte pas le haut de son maillot de bain… elle est seins nus !
- — Ah oui, c’est vrai.
- — Tout est de ma faute : j’ai fait un pari idiot avec mes deux amies et j’ai gagné. Je les ai obligées à retirer leur haut de maillot pour rentrer, c’est pour ça qu’elles se sont retrouvées indécentes devant les enfants.
- — Bah, en Allemagne nous avons pas peur des seins nus, vous savez ! Nous, on vient de Munich et on voit bien plus que ça dans les jardins du public.
- — Sur le coup, pour ne pas les choquer, Valérie a voulu absolument éviter de confronter les enfants à ça. Mais le pire, c’est que quand j’ai raconté à Valérie que j’avais parlé fort aux enfants et pour cette histoire d’appareil photo, elle m’a passé un savon.
- — Un savon ?
- — Elle m’a rouspété, elle m’a grondé. Elle m’a dit que vos jeunes étaient super sympas, et que vous faisiez un travail extraordinaire avec eux. Moi, je les ai vus chahuter et faire le fanfaron et j’en ai déduit qu’ils étaient durs ou même violents. Valérie m’a dit que c’était tout le contraire. Sous leurs abords de jeunes fous, ils sont vraiment des bons gars qui en veulent et qui ont des bons sentiments, elle avait très apprécié votre descente de canyon de lundi.
Le jeune homme reste sans voix, mais il affiche un large sourire. Je l’ai touché en lui parlant d’une admiration que Valérie aurait pour son travail, il faut maintenant entrer dans le vif du sujet :
- — Quand Valérie vous a vus, elle a eu vraiment peur de choquer les enfants, elle ne savait plus quoi faire. La solution de passer par les remous n’a pas été la meilleure idée de la journée. J’ai très mal réagi quand j’ai vu l’angoisse des filles et l’agitation des enfants et tout ça s’est vraiment mal terminé avec cet appareil photo qui est tombé dans l’eau, je suis vraiment désolé. Alors je voudrais rattraper ma bêtise, si vous vous le voulez bien.
Günter semble intéressé et attentif. Après une petite pause, je reprends donc en mélangeant soigneusement des aspects techniques au côté affectif :
- — Je voudrais rembourser l’appareil photo au pauvre enfant. C’est un Cannon, je crois. J’ai regardé sur Internet, avec une carte mémoire, le modèle équivalent d’aujourd’hui, ça fait 450€, j’ai amené la somme en liquide, je suppose qu’en Allemagne, les chèques français ne sont pas simples à encaisser.
Je lui sors alors la somme prévue que j’avais retirée du distributeur en allant faire les courses tout à l’heure et je la mets sur la table. Mon estimation est surévaluée et la masse de billets est là pour impressionner : j’ai joué mon va-tout. Le brave Günter, reste toujours sans un mot, mais très vite il interpelle le gamin qui est le plus proche et lui dit un truc en allemand dont je ne comprends que cela concerne un certain « Hans ». Le gamin se lève et part. Günter s’adresse enfin à moi :
- — Il est parti chercher Hans. On va régler ça ! Je vous remercie pour être venu : cette affaire d’appareil photo est compliquée pour moi, je suis là pour les protéger et Hans n’était pas content.
Très vite ledit Hans arrive avec toute la troupe à sa suite. Günter, lui fait signe de s’asseoir. Il lui fait un topo rapide, mais le gamin n’a d’yeux que pour les billets. La bande entière, qui écoute toute l’histoire avec attention, exulte dans leur baragouinage d’outre-Rhin. Ils semblent tous savourer une victoire commune. Günter et Hans échangent un petit peu puis Günter prend les billets et me donne des explications :
- — Il est d’accord, il vous remercie d’être venu. Je garde l’argent : ici sur le camping, les jeunes gardent pas l’argent.
Je m’adresse à Hans en lui tendant la main :
Günter lui traduit et il accepte de me prendre la main avec un grand sourire :
- — Ohne Fehde !
- — Il dit « sans rancune" !
Hans se lève et tend les bras au ciel puis il se congratule avec ses copains. Il semble être le champion du groupe, et ça le met en joie.
- — Günter, si vous avez une minute je vous paie un pot au bar pour fêter ça. J’ai mon amie qui m’y attend.
- — Valérie ?
- — Non, Véronique. Valérie est rentrée, elle a plein de choses à préparer pour demain.
Il semble déçu, il doit bien aimer Valérie en fait.
- — D’accord, mais pas longtemps, je dois préparer les choses pour ce soir.
- — On y va !
J’ai toujours en tête de verrouiller la situation. Il ne faut pas que Günter dise quoi que ce soit de cette aventure au patron de Valy et que le groupe soit sympa avec elle demain pour le canyon. En route vers le bar, je pose les derniers jalons : je ne veux pas révéler à Véro que j’ai acheté le silence de Günter :
- — Günter, Valérie n’est pas venue parce qu’elle est très en colère contre moi. Elle ne sait même pas que je suis venu, même si elle m’a pratiquement ordonné de le faire. Elle a trouvé que je m’étais comporté comme le dernier des cons et elle est très triste que j’ai été aussi idiot avec des gamins qui ne le méritent pas et qui en bavent assez comme ça toute l’année.
- — Elle a raison. Euh ! Enfin, je veux dire elle a raison, les enfants ont une vie très difficile. Il ne faut pas qu’elle vous en veuille de trop. Vous n’avez pas été trop dur et les gamins sont durs aussi.
- — En tout cas, je préférerais que Valérie et Véro ne sachent pas pour l’argent, cela reste entre nous d’accord ?
- — Ne sachent ? Je connais pas « sache » !
- — Elles ne doivent pas savoir que j’ai payé pour l’appareil photo moi-même. Tu veux bien ?
- — OK ! C’est bon !
Maintenant que Günter et moi sommes complices, je peux en rajouter un peu :
- — Et ce serait sympa de ne pas raconter au chef de Valérie ses habitudes vestimentaires…
- — Ses habitudes ?
- — Il ne faut pas dire au patron que Valérie était seins nus devant les enfants. Son patron n’aimerait pas cela et il pourrait la virer. « Her boss is a dick, he could fired her.
- — Pas de problème ! Moi aussi j’ai un patron qui sait pas rigoler, je comprends.
Günter est content. Il est maintenant dans mon camp, il va à coup sûr tout faire pour que les choses se passent bien pour Valérie. On arrive au bar et on s’assoit avec Véro :
- — Véro, je te présente Günter.
- — Oh, bonjour, je suis Véronique.
Véronique est un peu surprise, mais réagit avec un grand sourire. Elle est ravissante avec un short court et une chemisette à carreau ouverte assez bas. Günter est d’un coup tout rouge et ne trouve plus ses mots.
- — Bonjour mademoiselle !
- — Madame ! Mais on s’appelle par nos prénoms si tu le veux bien, et on se dit « tu entre amis en France.
- — D’accord ! Féronique, enchanté !
Véronique y va fort en le nommant ami d’emblée, mais il ne connaît certainement pas les subtilités du français. J’entame alors le vif du sujet en débriefant Véronique :
- — Ça y est tout est arrangé. On a discuté ensemble et même avec Hans, le malheureux qui est tombé dans l’eau. Et on s’est serré la main, il n’y a aucune rancune. Günter est un bon médiateur, il sait parler aux enfants et il a été très compréhensif.
- — C’est moi qui vous remercie pour vous être déplacés pour arranger. J’espère, dear Véronique, que mes chenapans ne vous… ne t’ont pas trop abîmée.
- — Abîmées ?
- — C’est à cause de eux que tu es tombée dans la rivière. Je m’excuse !
- — Ennuyées alors, pas abîmées !
- — Ennuyées ? Oui, oui !
- — Ne t’excuse pas, c’est nous qui avons été ridicules, mais tu comprends…
- — Je comprends très bien, faut pas te inquiéter.
Je reviens avec trois bières et je continue le verrouillage que j’ai en tête :
- — Ça ne te gêne pas, Günter, que ce soit une jeune femme qui soit votre guide, tu ne préférerais pas un homme qui serait plus fort pour protéger les enfants.
- — Oh, non alors ! C’est mieux si c’est une femme. Des hommes, il y en a assez dans le groupe. Valérie c’est mieux, ça les calme, ces chenapans. Elle sait bien faire avec eux, mieux que les autres guides qui les rouspètent toujours. C’est vraiment super que c’est Valérie qui vient avec nous et c’est moi qui a demandé elle pour demain !
Véronique voit tout de suite où je veux en venir, elle surenchérit avec un air attendri à faire fondre le pire de macho :
- — Tu sais, le patron de Valy, n’est pas d’accord avec toi. Il ne veut que des hommes comme moniteurs. Si ça te plaît que le guide soit une femme, et Valérie en particulier, il faut vraiment lui dire. Ça arrangera Valérie qui a peur d’être virée à la fin de l’année.
- — Virée ?
- — Renvoyée ! « Fired » en anglais ! Son patron ne veut plus d’elle !
- — Ce serait un « gross erreur ». Je vais lui dire que Valérie est super et qu’on ira chez lui la prochaine année si c’est elle seulement. Nous sommes un gros client, il va écouter.
- — N’hésite pas à insister. Valérie a besoin de ton aide.
- — Je vais lui dire demain matin avant de partir.
Véronique décide alors de lui porter le coup de grâce :
- — Tu es un super, Günter. Valérie sera contente avec vous demain. Elle n’a pas tous les jours des clients mignons comme toi. Moi, j’aimerais bien faire son boulot dans ces conditions. Aller, Tchin !
Sur ce coup-là Véronique en fait un peu beaucoup, mais Günter a l’air tellement fasciné par les jeunes femmes qu’elle n’a pas besoin de faire dans la dentelle. Il arbore un sourire jusqu’aux oreilles et dévore Véronique des yeux. Le regard enjôleur de Véro achève le travail des compliments. Celui qui était une menace il y a quelques minutes ne s’en relèvera que menotté par le charme de mes deux compagnes… c’est à dire par les liens les plus efficaces que je connaisse. Je suis maintenant sûr que notre Valy nationale n’a plus rien à craindre, je suis impatient d’aller le lui dire et je sais que Véro est aussi fébrile que moi.
Günter ne peut pas rester longtemps et cela nous va bien, nous avons rendez-vous avec Valérie pour lui rendre son sourire perdu. Bien sûr, Véro lui fait un baiser très amical, mais très appuyé pour conclure notre entrevue consacrant ainsi que nous sommes du même camp. Après le départ de notre victime, c’est presque en courant que nous nous rendons chez Valérie pour lui annoncer la bonne nouvelle.
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Nous sonnons chez Valérie, mais personne ne répond.Nous insistons. Toujours rien !
Nous nous regardons, mais nous ne trouvons pas cela drôle du tout. Je sonne à nouveau en insistant longtemps : j’ai peur que Valérie soit tellement en colère qu’elle ne veuille pas nous voir sans même nous laisser le temps de nous expliquer. Nous restons tous les deux silencieux à l’écoute du moindre indice. Insister deviendrait très grossier nous arrivons à la conclusion qu’il faut abandonner. Je conclus donc vers Véronique :
- — Tu vas lui faire un SMS pour la rassurer. Où qu’elle soit, cela lui permettra de mieux gérer sa soirée.
Dépités par le gâchis, nous tournons les talons quand, enfin, le loquet est manœuvré et Valérie apparaît les yeux rougis en se mordant les lèvres. Véronique, qui comprend instantanément le désespoir de son amie, se jette dans ses bras et lui donne la bonne nouvelle pour la rassurer :
- — Valy, on vient du camping, on a vu Günter, tout est arrangé. Il ne nous en veut pas, bien au contraire. Il a bien compris la situation et a accepté les excuses de Stéph. Tout est arrangé, je te dis ! Il a même dit que lui et les jeunes étaient très contents que ce soit toi leur guide. Il a ajouté qu’il dira à ton patron qu’il ne veut que toi comme guide et qu’il veut que tu sois leur accompagnatrice encore l’année prochaine.
Valérie ne dit rien, son visage s’éclaire doucement, mais elle paraît encore très incrédule. Je précise donc à Valérie comment la situation a été arrangée :
- — Je lui ai dit que vous étiez seins nus à cause de moi, parce que nous avions fait un pari idiot et que vous étiez prises au piège. Je suis presque sûr, je suis même certain que ni lui ni aucun gamin n’ont remarqué que vous étiez toutes nues, cela a été trop vite et vous étiez trop loin. Je lui ai tendu une perche quand je lui ai parlé des seins nus, il aurait fait allusion à votre nudité s’il en avait eu conscience.
- — Ouai ! Eh bien, même seins nus c’était inconvenant vis-à-vis de jeunes mineurs. Le Günter que je connais n’est pas du genre à trouver cela acceptable.
- — Le pari des seins nus l’a bien amusé et il a compris la situation impossible dans laquelle cela t’a mis. Les seins nus ne l’ont pas choqué du tout, vu que vous n’en ameniez pas la mode, ni ici ni en Allemagne. Il m’a promis de ne pas en parler à ton patron. Il te chambrera même peut-être là-dessus dans la journée, mais il ne t’en veut pas, c’est totalement certain ! Il a même dû apprécier cela car je pense qu’il en pince pour toi.
- — Timide comme il est, cela m’étonnerait qu’il chambre Valy ! précise Véronique. Tu as vu le fard qu’il a piqué quand je lui ai dit qu’il était mignon.
- — Ta chemise était bien ouverte, sans soutif, tu lui en as mis plein la vue, il faut bien le dire.
Valérie ne sait plus si elle doit continuer à être catastrophée ou au contraire si elle doit adhérer à l’optimisme et même à l’enthousiasme que Véro et moi manifestons. Après une petite hésitation, elle se jette dans les bras de Véronique.
- — Oh Véro, merci, merci ! Toi aussi Steph, merci ! dit-elle en me prenant une main et en la serrant. Vous êtes merveilleux. Je ne savais plus quoi faire. J’en étais déjà à organiser mon départ pour la Réunion. C’est idiot, mais j’ai surréagi, j’avais l’impression d’avoir perdu mon boulot en France, mais aussi d’avoir perdu la chance de passer un super moment avec vous. Je ne sais pas lequel des deux m’a la plus bouleversée, mais j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps.
- — C’est fini, ma chérie, dit Véro en la serrant encore plus fort, pour tes deux craintes, tout est réparé, c’est même plus solide qu’avant…
Valérie lâche Véro et me saute au cou et se serre contre moi avec une grande tendresse.
- — Stéph, tu es le mec le plus compréhensif que je connais. Tu as dû être une femme dans une autre vie.
- — C’est le plus beau compliment que tu peux me faire. En vrai, j’ai eu très longtemps une grande amie qui m’a fait beaucoup progresser sur le plan de la compréhension des femmes. C’est très instructif, tu sais. Plus que d’avoir une épouse, même !
- — Eh bien tu peux la remercier ton amie femme. Elle a fait de toi un gars avec des talents rares.
- — Ce compliment me va droit au cœur. Merci. J’ai beaucoup de chance de vous avoir toutes les deux.
Valérie nous tient maintenant tous les deux par le cou et ne semble pas vouloir nous lâcher. Elle est la plus heureuse du monde après avoir été la plus malheureuse il y a encore quelques minutes. J’enchaîne sur le prolongement naturel de cette allégresse :
- — Pour fêter ça, je vous paie le restau à toutes les deux, vous êtes d’accord ?
Véro ne rate pas l’occasion de plaisanter à mes dépens :
- — Après tes conneries, cela vaut bien ça !
- — Tu exagères Véro, dit Valérie, la faute est largement partagée et Stéph a largement rattrapé sa part de faute en allant au camping si efficacement.
- — Ce n’est pas du jeu si tu prends la défense de Steph. Les mecs savent très bien se défendre, c’est moi que tu dois soutenir.
- — Je suis tellement contente de notre entente que je les chamailleries m’angoissent, mais je vais prendre du recul.
- — Fais vite alors, j’ai très envie que tu m’aides à le faire tourner Steph en bourrique, il est trop content de son coup avec Günter, il a les chevilles qui enflent.
- — Véro, je ne suis pas si content de moi que ça : je n’ai fait que de rattraper ma connerie et si tu n’avais pas porté l’estocade en le draguant à la fin, il pouvait changer d’avis. Là, il est dans une nasse sans issue. Bon, les filles, trêve de parlotte, nous avons une soirée de rêve à mettre sur pied.
Valérie nous pousse dehors :
- — Tu as raison Steph, il se fait tard. Il faut y aller ! On se fait un restau sympa, mais chacun paie sa part, il n’est pas question de culpabilité ni de rachat, ce soir.
Valy espère qu’arrivé sur le seuil, je vais la laisser gagner sur ce recadrage in extremis, mais je suis borné sur ce point :
- — Valy, laisse-moi avoir toutes les galanteries ce soir. Laissez-vous dorloter toutes les deux, vous me feriez un immense plaisir. Soit, il n’est plus question de rachat, mais par contre je suis redevable de votre merveilleuse compagnie et si je prends tout en charge je serais plus libre pour vous organiser cette soirée à ma guise. Faites-moi confiance, cette répartition des rôles garantira un moment de rêves pour nous trois.
- — Laisse-toi faire Valy. Si nous acceptons toutes les deux d’être des princesses, cela créera une ambiance très sympa pour tout le monde, et pour Stéph en particulier.
- — OK, c’est incompréhensible, mais c’est tentant ! Je veux qu’on fête ce dénouement comme il se doit et j’assumerais ma part !
Je m’inquiète alors :
- — Ta part ? Valérie, il ne faut pas d’histoire d’argent ce soir.
- — Non, j’ai bien compris que tu veux être libre d’organiser la soirée, je m’en remets à tes arguments. Ma part c’est d’être la plus agréable des convives possible pour faire honneur à ton invitation.
- — Ouf ! Tu m’as fait peur. Je suis d’accord, effectivement, les filles vous avez une grande part dans la réussite de cette soirée. Il est déjà sept heures, vous avez trois quarts d’heure pour vous faire belles et sexy, je vous emmène à la grande ville dans un restau chic, dépêchez-vous ! Viens Véro, et toi Valérie, je passe te prendre à huit heures moins le quart sans faute, d’accord ?
- — C’est bon, je serai prête ! C’est quoi le dress code ?
- — Ce que tu as de plus féminin et de plus classe. On va au Molière, je veux mettre tous les atouts de mon côté pour vous faire un souvenir que vous garderez longtemps.
- — Au Molière ? apprécie Valy qui semble le connaître. Je n’y suis jamais allée, mais j’aimerais bien. Je vais ressortir une tenue digne de ton invitation.
- — Allez, ouste.
Je prends Véro par la main et l’entraîne hors de la maison de Valérie.