n° 18526 | Fiche technique | 28053 caractères | 28053Temps de lecture estimé : 16 mn | 27/08/18 corrigé 06/06/21 |
Résumé: Les préparatifs d'Isabelle pour le dîner la font basculer dans des travers qu'elle pensait révolus. François devient une obsession. Les imprévus du dîner leur permettront d'insinuer leur attraction mutuelle. Mais Isabelle n'idéalise-t-elle pas François ? | ||||
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Auteur : Francois77 (Librement inspiré des fantasmes des uns et des autres) Envoi mini-message |
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Résumé du Chapitre 1 : François, coureur invétéré, doit signer un important contrat au Mobile World Congress de Barcelone. Pour cela il demandera la collaboration d’Isabelle, jeune juriste apparemment sage et prude en quête du mari idéal. Mais elle cache un passé sulfureux.
Résumé du Chapitre 2 : Isabelle est séduite par la personnalité de François, complexe et troublante. Obligée de travailler sous pression, sa rigueur est soumise à rude épreuve et elle se voit submergée par des pensées inavouables, qu’elle essaye tant bien que mal de justifier.
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Pour sa mission élégance, Isabelle partait avec le handicap de ne pas connaître la ville… Mais c’était justement le métier du concierge de l’hôtel qui lui conseilla de mettre le cap sur le Passeig de Gràcia, où les boutiques ne manquaient pas.
Elle avait une idée relativement précise de ce qu’elle recherchait, et son expérience des soirées dans la haute société la mettait à l’abri des fautes de goût propres aux débutantes. Un dîner professionnel ce n’était ni un mariage, ni une avant-première, ni une sortie en discothèque VIP. L’élégance se devait donc de rester discrète, en évitant les couleurs tape à l’œil ou les décolletés trop provocants. Après avoir tenté sa chance dans plusieurs boutiques type Desigual, Mango ou Zara, Isabelle constata qu’elle aurait du mal à trouver ce qu’elle voulait dans une chaîne. Un gap culturel, sans doute, qu’elle n’avait le temps ni d’étudier ni de combler. Elle finit donc par jeter son dévolu sur une boutique plus petite, mais au design sublime et multimarque, dont Lui Jo. L’élégance italienne, ça, elle connaissait beaucoup mieux… Elle fut prise en charge par une petite Catalane brune et énergique au regard pétillant de malice. Son anglais était marrant à entendre. Elle lui présenta trois jolies robes qu’Isabelle décida d’essayer. Elle se sentit enfin comprise et judicieusement conseillée. La vendeuse n’arrêtait pas de rentrer et sortir de la cabine à la vitesse de l’éclair, mais regardant systématiquement son corps au passage. Cette exhibition impudique plaisait à Isabelle et elle ne fit rien pour y mettre un terme. La vendeuse revint avec deux autres robes dont une petite noire. Dès qu’elle la vit, Isabelle sut qu’elle avait trouvé ce qu’elle cherchait. Pas trop longue, pas trop courte, un décolleté sans bretelles, mais sans vulgarité, un tissu à la fois souple, léger et brillant, exactement ce qu’il lui fallait. Et lorsqu’elle l’essaya, il lui sembla qu’elle avait été faite sur mesure pour elle. Un bon signe du destin. En se regardant dans la glace, elle ne put éviter le léger sourire en coin de la satisfaction du travail bien fait… « Sur ce coup-là, j’ai bien assuré ! »
Une fois le sort de la robe réglé, le choix des talons aiguilles et de la pochette pour aller avec ne furent qu’une formalité. Et pour bien faire les choses, elle accepta l’ensemble noir de lingerie en dentelles que la vendeuse insista de voir sur elle. Il était tout à fait sexy, et osé, dans la lignée de ce qu’Isabelle avait pour habitude de porter. Mais après tout, qui le saurait ?… Le plus important restait qu’avec cette parure elle se sentait belle, séduisante, sûre d’elle, de taille à affronter la Terre entière ! Et au moment de régler, elle préféra signer sans regarder le montant pour ne pas avoir le vertige… Sur ce, elle retourna directement à l’hôtel. Car prenant sa mission au sérieux, elle ne comptait pas en rester là.
Bon, pour tout avouer… Isabelle avait bien prévu une petite robe noire dans sa valise, avec l’intention initiale d’aller s’encanailler dans une boîte de nuit comme à Londres… Mais si François lui offrait un cadeau, comment le refuser ? Et puis si aujourd’hui était le premier jour du reste de sa vie, ne méritait-elle pas ce caprice ?
Il n’était que 15 h, et elle n’était attendue au restaurant qu’à 21 h 30. Isabelle avait donc du temps devant elle. Le concierge lui avait aussi parlé du centre de soins/spa du dixième étage. Justement, ils avaient de la place. Les salons hors de prix de ce type d’hôtels sont souvent vides, surtout à cette heure de la journée. Une grande brune typée d’Amérique du Sud avait l’air de s’ennuyer terriblement à l’accueil et fut ravie de voir quelqu’un. Éliana aurait pu être la secrétaire de François, pensa la jeune juriste en la voyant : faux cils, faux ongles, faux seins, décolleté indécent, regard de salope, sourire de connasse. Pas très gentil tout ça, mais elle était entrée en mode « warrior » et avait besoin de bitcher sur toute celle pouvant lui sembler une menace…
Éliana ne parlait pas anglais et Isabelle pas l’espagnol et encore moins le catalan. Pas facile donc d’échanger. Mais Isabelle arriva à comprendre qu’elle était Colombienne. Elle prit le temps d’expliquer à Isabelle par gestes et quelques mots simples tout ce que le centre proposait en soins de manucure, d’esthétique et de massage. Il y avait d’autres brochures sur le comptoir, dont une qui portait en titre « Massages ». Isabelle attrapa cette petite page plastifiée qu’Éliana s’empressa de lui prendre des mains, gênée. Isabelle eut toutefois le temps de lire des noms de massages type body body, visiblement réservés à une clientèle masculine. Cet institut réservait donc quelques surprises aux Messieurs bons clients de l’hôtel… et Éliana était donc une « esthéticienne » un peu spéciale. « Une catin », pensa Isabelle. Qu’à cela ne tienne : par gestes elle lui expliqua qu’elle était intéressée par la petite page plastifiée. Hésitante, Éliana lui remit finalement la feuille en lui faisant signe de se taire. Isabelle demanda quel massage était le meilleur. Éliana indiqua le massage « completo ». C’était le soin le plus cher bien sûr, quelle question bête… Il durait plus de 1 h 30. Elle était probablement à la commission. Isabelle par signes lui demanda si elle pouvait faire une heure de plus ? Le sourire d’Éliana s’éclaira.
L’esthéticienne fit entrer Isabelle dans une superbe salle de soins avec une douce odeur d’huile essentielle et une musique relaxante branchée. Puis elle pointa son doigt vers la douche, une pile de serviettes et la table de massage. Éliana disparut, laissant Isabelle commencer à se relaxer. La douche prise Isabelle se sécha et s’allongea nue sur la table de massage. Sa masseuse arriva uniquement vêtue d’une serviette de bain, ayant visiblement pris une douche aussi de son côté. Elle recouvrit le corps d’Isabelle d’un doux voile de soie avant de commencer un long massage des pieds à la tête. Éliana avait séparé les pieds d’Isabelle jusqu’en bordure de la table, la faisant se sentir comme écartelée, ce qui n’était pas naturel au début. Éliana avait des gestes doux et fluides et savait appuyer fermement sur les bons points de pression. Avec l’heure supplémentaire que la juriste avait achetée, la masseuse prenait son temps et progressait plus lentement. Isabelle n’en ressentait que mieux la sensation de légèreté de son corps et des flux d’énergies.
Au moment où Éliana arriva en haut des jambes, les mains massèrent généreusement son entrecuisse et son fessier, des zones généralement épargnées par les masseuses traditionnelles. Il s’en suivit des frôlements de son sexe ou de son anus, faisant ressentir à la cliente l’effet divin du completo. Isabelle, dans sa bulle, laissa échapper des petits glapissements de plaisir… Éliana poursuivit sa progression jusqu’en haut du cou, remettant le dos d’Isabelle à neuf. Quelques secondes passèrent où Isabelle, sens aux aguets, attendait la suite du soin. Il lui sembla entendre le bruit d’un tissu glissant au sol, puis celui semblable à la crème solaire étalée sur la peau : elle enduisait sans doute le corps d’huile. Elle déposa finalement des baisers dans son cou, ce qui la fit tressaillir. Les baisers et effleurements des lèvres descendirent tout le long de son dos. Puis les faux seins vinrent masser à leur tour divinement tout son corps. Hmmmm…
Vint le moment délicieux où Isabelle fut invitée à se retourner. Elle préféra garder les yeux fermés. Éliana à nouveau positionna les pieds d’Isabelle aux angles de la table de massage, offrant une vue indécente sur son sexe blond totalement épilé. Les massages divins reprirent des pieds à la tête, suivis des baisers et effleurements de bas en haut. Puis ce furent de nouveau les seins siliconés qui firent des merveilles, mais aussi les tétons généreusement dressés d’Éliana. Isabelle n’en pouvait plus de tous ces merveilleux moments. Les émotions étaient trop fortes. Mais la masseuse n’en avait pas fini avec elle. Elle enfila sur une main un gant chirurgical. Isabelle reconnut ce bruit qu’elle détestait pourtant entendre chez le gynéco. Mais cette fois-ci, il l’excita prodigieusement. Tout en massant son sexe et son anus, elle vint lentement s’introduire en elle, lentement, mais sûrement. Un doigt, puis un autre… Isabelle entrouvrit les yeux pour voir qu’Éliana se masturbait aussi de son côté et était totalement ailleurs. Les doigts magiques firent leur œuvre dans des allers-retours de plus en plus longs et profonds. Le corps d’Isabelle se tendit finalement sous une crampe orgasmique qui l’emporta définitivement au paradis du completo.
Après avoir repris ses esprits, Isabelle enfila directement son peignoir et s’apprêtait à régler ses soins. Elle n’était pas sûre que ce type de frais serait remboursé par la société. Échaudée par sa mésaventure télévisuelle, elle préféra donner son numéro de chambre pour une facture à part. En consultant son ordinateur, Éliana fit immédiatement le lien avec François :
Le sang d’Isabelle se glaça. Visiblement il semblait connu à cet étage de l’hôtel. Voilà donc où « Don François » allait après leurs dîners en tête à tête ou ses prétendus tours de manège au MWC. Mais Isabelle contrôla sa colère initiale instinctive et fut prise d’une grande tristesse pour lui… et d’une grande joie pour elle. C’était la confirmation que François ne pouvait pas être heureux avec son épouse. Qu’il se sentait si seul qu’il se rabaissait à au sexe tarifé, et même pas avec des putes de luxe : avec des filles vulgaires et sans la moindre classe. Avec moi, pensa-t-elle, toujours enfermée dans son conte de fées, François aurait à la fois une jeune et jolie femme qui l’aiderait dans sa carrière et sa vie sociale, lui donnerait de beaux enfants et s’occuperait de lui offrir une sexualité épanouie…
Éliana s’excusa et repartit sous la douche. Isabelle au lieu de se doucher ici décida de repartir à sa chambre. Son corps était tout recouvert d’huiles et brillait de mille feux. Après son exhibition dans la cabine d’essayage la juriste se sentait de plus en plus libre de jouer avec son corps. Plus qu’un droit, elle le ressentait comme un devoir… Elle n’était peut-être pas une catin, mais pour parvenir à ses fins elle allait devoir se montrer encore plus salope que les catins… Elle était excitée comme une puce à l’idée de croiser des gens, et elle ne savait que trop bien pourquoi. Lors de ses années londoniennes, elle avait découvert qu’elle adorait se donner en spectacle, trop fière de son petit corps, et trop bien dans son corps. Dans l’ascenseur un groupe de cinq Japonais avec les badges du MWC l’accueillirent en regardant en coin son décolleté bien trop large. Elle fit sa petite ingénue de lolita de manga le temps de deux étages que durait son trajet, cherchant leur regard de ses yeux sexy tout en tournant une mèche de cheveux, espérant avoir fait bander leurs petites queues asiatiques à tous. Dans le couloir vers sa chambre Isabelle croisa un couple improbable… probablement illégitime. Elle ralentit le pas, racoleuse, comme si elle attendait une invitation de leur part. La fille se retourna, Isabelle stoppa son pas, la regarda, mais ils poursuivirent finalement leur chemin. Isabelle se savait prête à tout à cet instant-là…
De retour à la chambre, Isabelle resta en peignoir de bain, mais défit la ceinture. Elle avait lu qu’il était bon de laisser à son corps le temps d’absorber l’huile. Elle alluma la TV, zappa directement sur les chaînes adultes (non prises en charge par la société, mais elle s’en fichait). Elle se lova dans le canapé et ne put s’empêcher de se caresser en repensant à cette poufiasse d’Éliana en train de se masturber dans son coin. Isabelle continua de flotter sur son nuage orgasmique.
Toutes ces émotions lui avaient donné faim et elle commanda une assiette de jambon Pata Negra avec du pan con tomate et une bouteille d’eau. Les massages la déshydrataient, elle n’avait pas assez bu de la journée. Comme les planètes étaient alignées, elle ne fut pas surprise que ce fût la jeune stagiaire aux cheveux roses qui livra la commande et posa le plateau sur la table basse devant la télévision, toujours positionnée sur une chaîne adulte. Isabelle, après lui avoir ouvert, s’était rassise sur le grand fauteuil pour continuer à préparer ses ongles. Son peignoir entrouvert ne cachait qu’à peine ses seins ou l’ombre de son sexe. La stagiaire marqua un temps d’arrêt avant de se retirer, comme si elle avait voulu dire ou faire quelque chose. Isabelle fit un signe de la tête vers le meuble TV où se trouvait posé un billet de 10 euros. La stagiaire le regarda, fit un signe de dénégation de la tête avec un petit sourire coquin et partit sans le généreux pourboire. Mais pourquoi donc le refuser ? s’interrogea-t-elle. Puis elle n’y pensa plus. Elle avait d’autres choses à faire.
Elle descendit une première bouteille d’eau et avala la collation avec grand appétit. Les ongles prêts à être peints elle prit une douche pour se débarrasser de cette satanée l’huile (elle eut besoin de deux shampoings pour en débarrasser ses cheveux), suivie d’un bain pour poursuivre sa détente. Puis elle appliqua le bon après-shampoing en prévision de la coupe de cheveux qu’elle allait se faire ensuite. Enfin, séchage des cheveux et coiffure. Elle adorait les remonter en chignon léger pour libérer son cou, et faire quelques bouclettes dans ces cheveux habituellement raides avec un fer qu’elle avait pris soin d’emporter avec elle. Cela métamorphosait complètement son sage carré parfait pour une coiffure élégante et classe, festive et audacieuse. Et il fallait bien le dire : séduisante. Bien plus une coiffure de rendez-vous amoureux que de dîner professionnel. Quand elle se vit nue dans la glace et ainsi coiffée, elle se demanda si elle n’y avait pas été un peu fort… Mais au diable les doutes, s’exclama-t-elle intérieurement. J’assume ! De toute manière maintenant je ne suis plus une lawyer, je suis une warrior…
Comme d’habitude Isabelle ne mit que très peu de maquillage, une marque de produits bio qui respectait sa peau fragile et les couleurs de son teint pâle. Il commençait à se faire tard et il fallait encore peindre les ongles et s’habiller.
Une fois terminée elle dut reconnaître que ce qu’elle voyait dans le miroir lui semblait pas mal du tout… « Oui… si j’étais un homme et que je voyais cette fille, j’irais la draguer sur-le-champ ! », pensa-t-elle avec un sourire intérieur. Élégance, beauté et assurance se trouvaient réunies dans un équilibre parfait. Qui serait en mesure de lui tenir tête ce soir ? Personne, pour sûr.
Elle n’avait plus qu’à faire son entrée en scène. D’un pas décidé elle quitta sa chambre et descendit demander un taxi à la réception, lequel ne tarda pas à arriver. Ce soir, elle avait rendez-vous avec son destin…
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Cette fois-ci Isabelle ne commit pas la même erreur qu’à l’aéroport, et prit soin d’arriver en retard au restaurant, elle comptait bien réussir son entrée ! Une fois la porte franchie elle donna son nom au maître d’hôtel, qui lui indiqua qu’un monsieur l’attendait au bar. Elle s’y dirigea tranquillement et repéra tout de suite François, qui sirotait un whisky en contemplant la salle d’un air distrait. Lorsqu’il la vit, il ne broncha pas, semblant ne pas la reconnaître. Et ce n’est qu’en se rendant compte que cette femme le regardait fixement que ses neurones se connectèrent enfin dans son cerveau et qu’il réalisa qu’il avait sa juriste préférée en face de lui.
Isabelle était très fière de son coup, car l’espace d’un instant ce qu’elle avait vu face à elle ce n’était pas un dangereux prédateur, mais simplement le loup des dessins animés de Tex Avery avec la langue qui pend par terre et les yeux qui sortent des orbites. Il reprit ses esprits rapidement et lui adressa son plus beau sourire carnassier, mais elle pensa pour elle-même « Un partout, la balle au centre, mon cher… ». Sa faiblesse lors de leur première rencontre était effacée ! Elle se sentait telle Julia Roberts face à Richard Gere dans Pretty Woman. « Sauf que moi, je ne suis pas une catin… », « Quoi que… », ajouta malicieusement son âme damnée…
Tout en parlant avec un calme apparent, Isabelle réfléchissait à cent à l’heure. Cette soudaine volte-face du client était un peu suspecte et elle se demanda si François qui est si cartésien et planificateur n’avait pas manigancé depuis la veille pour en arriver là. Elle aurait pu, sans manquer à la bienséance, prétexter la fatigue de la semaine pour aller rapidement se coucher. Mais elle voulut prendre cela comme une nouvelle attention de la part de François à son égard après l’upgrade dans la suite, les fleurs, la prise en charge de son supplément TV, son massage (ça, il ne savait pas encore…) et sa nouvelle tenue. Et puis quelle opportunité formidable d’en savoir plus sur le bonhomme en face à face. Juste elle, pour faire sa curieuse ingénue, et François. N’était-ce donc pas ce qu’elle voulait ? Ou du moins… ce que son corps voulait ? Ça faisait une semaine que son surmoi rationnel tout entier concentré sur son travail se faisait doubler par son moi, voire son ça, irrationnel et primitif. Les plaisirs auxquels elle s’adonnait de manière de plus en plus compulsive étaient les symptômes que François avait réveillé en elle le volcan qu’elle avait tenté d’étouffer pendant un an. Et un an c’est long pour une jeune femme en manque affectif, charnel et primitif. Une jeune femme qui cherche désespérément un mari… Elle s’était décidée à suivre le jeu de François, en user et en abuser, pour parvenir à ses fins.
Le dîner fut raffiné, mais sans être trop copieux, privilégiant la qualité et les saveurs à la quantité. Catalogne oblige, ils l’arrosèrent de cava local plutôt que de champagne, et à mesure que le repas avançait les sujets de conversation devenaient moins professionnels pour se faire personnels et intimes.
Après un blanc, elle ajouta :
Il posa une nouvelle fois sa main sur celle d’Isabelle en prononçant ces mots. Une main bien plus douce et tendre que lors de leurs précédents contacts. Une main qui la fit frissonner. Tout cela confirmait bien ce qu’Isabelle avait ressenti. Son sixième sens ne la trahissait pas souvent. Cet homme était terriblement seul sous des apparences trompeuses. J’ai besoin de lui, et il a besoin de moi, nous sommes faits l’un pour l’autre…
La main s’attarda sur la sienne. Il avait ressenti son frisson. En toute logique elle aurait dû la retirer, afin de lever toute ambiguïté, mais la jeune femme choisit délibérément le chemin contraire. Elle sentait bien qu’à mesure qu’elle avancerait sur ce chemin il lui serait de plus en plus difficile de faire demi-tour. Mais ça lui était maintenant égal.
François demanda l’addition et ils retournèrent vers l’hôtel dans la limousine aux fenêtres fumées du restaurant. François demanda au chauffeur de faire un détour pour du Barcelona by night. Isabelle apprécia ce geste, une nouvelle attention à son égard. Une fois à l’intérieur elle ne repoussa pas la main de François lorsqu’il prit la sienne, cette fois dans une caresse ouverte et qui ne cherchait pas à se dissimuler. Elle se sentait bien, détendue, sereine. Elle laissa ses doigts jouer avec ceux de François. Mais en même temps elle appréciait que François ne lui saute pas dessus comme un affamé. Elle n’avait pas envie que ça aille trop vite, enfin… pas tout de suite du moins. Même si en réalité son corps ne demandait que cela… Car elle commençait déjà à sentir cette douce chaleur délicieuse au creux de son ventre.
Arrivés à l’hôtel, tel un gentleman, il fit le tour du taxi pour lui ouvrir la porte, mais sans se montrer excessivement familier en public. Il lui reprit la main, ses gros doigts épais et forts enserrant ses petits doigts fins.
François l’imaginait encore fragile, sur le fil du rasoir, capable de changer brusquement d’avis jusqu’au dernier moment. Il s’imaginait une tempête de sentiments contradictoires qui s’agitaient dans sa tête. Car pour lui, Isabelle s’apprêtait à monter dans la chambre d’un homme marié, et pas précisément pour jouer au Monopoly ni à la bataille navale. Non, c’était un autre genre de corps à corps qui l’attendait, le plus exquis, le plus délicieux de tous… sauf que c’était avec un homme inaccessible, interdit, un homme qui appartenait à une autre. En bonne petite versaillaise, Isabelle allait probablement transgresser un tabou qu’elle s’était toujours promis de respecter, sans vraiment savoir si le lendemain matin elle serait toujours capable de se regarder dans une glace.
Il n’avait pas tort, François… du moins en théorie. Car curieusement, loin de la culpabiliser, cette perspective l’excitait… Mais ça, il ne pouvait pas le savoir… Était-il possible qu’inconsciemment, elle eût toujours espéré que cet instant arrivât un jour ? Question intéressante, en vérité. Mais il était maintenant trop tard pour disserter sur le sujet.
De son côté, Isabelle se disait que François allait enfin connaître l’amour avec une femme qui pourrait l’aider dans ses ambitions. Avec qui il pourrait enfin fonder une famille. Épouser une femme qui le rendrait sexuellement heureux et qu’il tirerait un trait sur ses secrétaires et autres masseuses.
Ils allèrent sur la terrasse, d’où la vue était effectivement magnifique.