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Première soirée

Résumé de l’épisode précédent : « Une invitée imprévue »

Sébastien, un étudiant rennais a accepté de dépanner Jennifer, la sœur de son ex petite-amie, en l’hébergeant quelque temps afin que celle-ci puisse commencer à travailler dans sa ville. La jeune serveuse est arrivée en fin de journée, les deux jeunes gens s’apprêtent à dîner.

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Nous voilà donc à nouveau dans mon studio, posés sur mon canapé-lit, nos boîtes de pizzas posées sur nos cuisses. Le malentendu avec le livreur aura définitivement amusé Jennifer, mais rire, ça ne nourrit pas son homme ! Nous ouvrons donc chacun notre carton.

• — Sérieuse Jennifer, tu aurais dû m’écouter et partager ma pizza, il n’y a aucune chance que tu manges tout ça à toi toute seule !
• — Je suis une femme pleine de surprises, tu verras !

Il me faut faire un gros effort pour ne pas lancer une réponse déplacée qui nous mettrait plus que mal à l’aise. Je me lève alors pour aller nous chercher à boire et faire des politesses.

• — Coca ou jus de fruit ?
• — Jus de fruit, s’il te plaît !
• — Ça marche. Alors tu es prête pour mardi ?
• — Aussi prête qu’on puisse l’être pour un premier jour. À vrai dire, je suis surtout stressée au niveau de ma tenue. J’en ai une en tête, mais je me demande toujours si je ne vais pas essayer d’en acheter une autre demain.
• — La tienne ne te convient pas ?
• — Je te la montrerai rapidement tout à l’heure, je me demande si elle ne fait pas un peu trop stricte pour servir dans un bar…
• — En même temps, tu ne vas pas non plus te pointer en pyjama !

Nous échangeons un rire complice alors que je pose les boissons à nos pieds.

• — Un pyjama ? Tu crois que j’ai cinquante ans !
• — Non, mais tu vois, ce que je veux dire, pas forcément un pyjama. Des PYJAMAS, il y en a des plus jolis que d’autres, des plus affriolants… Enfin bref…

Je sens que je m’empêtre dans cette phrase. Je tiens tellement à ne pas créer de malaise que je ne cesse de le faire tout seul ! Jennifer sourit gentiment.

• — Oui, t’inquiète, je vois. Allez, au lieu de dire n’importe quoi, bon appétit !
• — Bon app’ !

Pendant plusieurs minutes, nous sommes comme deux goinfres en train de dévorer nos pizzas, la télé s’occupant de faire le bruit de fond. Cependant, même si nous ne parlons pas la bouche pleine, je ne peux pas m’empêcher de remarquer que Jennifer a ceci en commun avec Marion, elle mange vite, très vite et, avouons-le, un peu comme un cochon. La sauce tomate a un petit peu envahi les contours de sa fine bouche et une tache de sauce a aussi atteint son débardeur, au niveau de la poitrine… Lui dire ou ne pas lui dire… Autour de la bouche, ça passe, mais sur le décolleté, je ne voudrais pas qu’elle croit que… Bon, restons flou…

• — Je crois que tu as un peu de sauce…

Jennifer baisse les yeux pour regarder ses habits et remarque la tache mal placée…

• — Oh purée ! À chaque fois !
• — Ah ouais, j’avais pas vu, moi je parlais de ton menton en fait…

Mais qu’est-ce que je dis, moi ? Elle ne relève pas et moi, je balance cette phrase pas du tout suspecte !

• — C’est vrai ? Bon ben, attends, je vais passer par la salle de bain, ce sera plus simple, je crois…

De mon côté, je continue de m’empiffrer alors que mon téléphone, posé sur mon bureau, sonne. Un SMS vient d’arriver : ça attendra la fin de ma pizza. Deux minutes plus tard, Jennifer revient, le visage débarbouillé et le débardeur un peu mouillé au niveau de la tache de sauce tomate. Je me concentre sur ma fin de repas tandis que Jennifer finit sa pizza un peu plus proprement qu’elle ne l’avait entamée.

Je me saisis des boîtes que je vais descendre aux poubelles et je propose à Jess de se changer pendant ce temps si elle veut toujours mon avis sur sa tenue pour mardi. Elle acquiesce et ouvre sa valise alors que j’ouvre la porte d’entrée.

Cette petite minute passée au frais me fait le plus grand bien. Je n’arrive décidément pas à maîtriser mon stress et multiplie les phrases bizarres par crainte de faire une gaffe. Je respire un bon coup et me décide à remonter.

Je m’assieds sur le canapé-lit et attends le « défilé »…

• — Tu t’es endormie là-dedans ?
• — Non, non ! J’arrive !

Comment peut-on être aussi rapide pour manger et aussi lente pour changer deux habits ? Cependant, voilà que j’entends la porte de la salle de bain qui s’ouvre puis celle du mini-couloir d’entrée…

• — Tadaaa !

Jennifer se place au milieu de la pièce à deux ou trois mètres de moi, les bras ouverts, dans sa nouvelle tenue. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que mon ancienne belle-sœur compte faire sensation pour son premier jour. Je la découvre posée sur des chaussures noires à petits talons, portant une jupe noire arrivant cinq bons centimètres au-dessus du genou et un chemisier blanc dont les deux boutons du haut sont ouverts, chemisier glissé dans un blazer noir. Ses longs cheveux bruns lâchés sur le blazer.

• — Ah ouais…
• — Quoi ? Ça ne va pas ?

Jennifer grimace.

• — Au contraire, tu vas faire fureur ! J’aime beaucoup, c’est à la fois classe, élégant et sexy !

Je me sens rougir en prononçant ces mots, mon invitée quant à elle semble soulagée. Elle m’offre un grand sourire et entame alors un petit défilé et tourne sur elle-même. Mes yeux apprécient le spectacle, notamment celui de ces fesses parfaitement moulées par cette jupe et ce décolleté qui éveillerait toutes les curiosités. Je ne dis plus un mot, Jennifer s’arrête…

• — Donc, c’est bien ?

Je ris un peu.

• — C’est très bien, tu n’as pas à t’en faire !
• — Ouf, c’est déjà un bon point de pris. Tu es sûr que ça ne fait pas too much ?
• — Certain, c’est impeccable, rassure-toi.
• — OK, alors je me sens déjà un peu mieux… Bon, je reviens, je vais me changer…
• — D’accord.

J’espère que ma voix n’a pas trahi ma déception de voir Jennifer se séparer déjà de cette ravissante tenue.

Pendant qu’elle se change dans la salle de bain, je reste dans le canapé, pensif, revoyant la démarche chaloupée de mon invitée, imaginant ma main caresser et flatter ce merveilleux fessier, glisser la seconde délicatement dans son décolleté et ma bouche approcher lentement de sa…

• — Ben alors tu dors ?

La voix de Jennifer me sort de mes pensées, je me racle la gorge…

• — Hein ? Non pourquoi ?
• — Ben, tu viens de recevoir deux SMS…
• — Ah ? Possible… Tu veux bien regarder qui c’est, s’il te plaît ?
• — Hmhm…

Jennifer se saisit de mon téléphone et sourit…

• — Tiens, tiens, deux messages d’une certaine Carla… J’ai quelques questions à te poser, je crois…
• — Oh, rien de bien intéressant, c’est juste une amie.
• — Hmhm… En tout cas, cette amie aimerait savoir si tu vas chez elle ce soir ou non…

Jennifer, curieuse, semble s’amuser de la situation, et au fond, je la comprends, ce moment est plus gênant pour moi que pour elle…

• — Ah oui, la soirée… Mais je lui avais déjà dit non, tout à l’heure !

Je tends la main pour récupérer le portable, mais Jennifer ne tend pas la sienne.

• — Pourquoi avoir dit non ?
• — Ben, c’était pas vraiment le moment.
• — À cause de mon arrivée ?
• — C’est pas à cause de ton arrivée, c’est juste pour mieux t’accueillir.
• — Eh bien c’est gentil, je te remercie, mais tu sais, ça ne va pas me tuer de passer deux ou trois heures seule ici…
• — Mais non, ne dis pas de bêtise, tu viens à peine d’arriver, je ne vais pas me tirer comme ça.
• — Je suis une grande fille, ne t’en fais pas !

Jennifer ponctue sa phrase d’un sourire et je vois ses doigts s’agiter sur mon écran tactile, je me lève pour l’empêcher d’envoyer une réponse…

• — Trop tard ! Je lui ai dit que tu serais là dans quarante-cinq minutes, alors va te faire beau !
• — Tu abuses ! Et puis toi, tu vas faire quoi ce soir ?
• — Oh, j’ai l’ordi, la télé, tes jeux vidéo, j’ai de quoi faire !
• — Hm… Et si tu venais avec moi plutôt ?
• — Oh ça, non merci, je ne voudrais pas m’immiscer entre vous !

Jennifer rit… Un rire très mignon…

• — Il n’y a pas d’entre nous … Et puis il y aura cinq ou six personnes, c’est juste un petit truc posé entre copains. Et il y aura sûrement des jeunes hommes…
• — Alors là, je t’arrête tout de suite, je suis à Rennes pour trouver un travail, pas un mec !
• — C’est ce qu’on dit !

Jennifer me met une petite tape sur le bras et me pousse vers le couloir d’entrée avant d’ouvrir la salle de bain.

• — Allez file là-dedans, prends une douche, je te prépare une tenue adéquate…
• — Ben, vas-y surtout, fais comme chez toi !
• — Je vais me gêner !

Dans un rire, je la repousse gentiment et tends mon bras vers le placard.

• — Si tu permets, je vais prendre ça tout seul !

Jennifer sourit me voyant saisir un boxer. Je ferme la porte et l’entends me dire de ne pas traîner sous la douche, qu’il ne faudrait pas faire attendre Carla, avant de rire. Je me débarrasse de mon bas de survêtement et de mon t-shirt, me retrouvant en caleçon face au miroir. Je tiens la poignée de la porte.

• — Au fait ! Pas de mauvaise blague, Jennifer, la porte ne ferme pas à clé !
• — Oui merci, monsieur le pudique, j’avais remarqué tout à l’heure !

En ôtant mon caleçon, je sens une espèce de montée d’adrénaline dans mon ventre. Je réalise que je suis nu à 50 cm de ma magnifique ex-belle-sœur, seulement protégé par une porte sans verrou… J’entends ses doigts fouiller dans mes affaires, me demandant ce qu’elle va bien pouvoir choisir à ma place, je commence à faire couler l’eau et entre dans la baignoire en tirant le rideau.

Quinze minutes plus tard, finissant tout juste de me sécher, j’enroule une serviette autour de ma taille et m’apprête à sortir de la salle de bain pour saisir les vêtements que Jennifer a choisis pour ma soirée. Je suppose en effet qu’elle les a laissés en évidence sur une pile d’habits dans le placard, et qu’elle a fermé la porte en verre séparant l’entrée de la pièce principale. Première surprise, la porte est ouverte. Deuxième surprise, mes habits sont posés sur la chaise de bureau, donc dans la pièce principale ! Pas le choix, je me rends donc en serviette près du bureau et je vois Jennifer posée tranquillement sur le canapé-lit. Elle me regarde…

• — Heureusement que tu devais faire vite !

Je me sens rougir et vois qu’elle jette un œil à mon torse et à mon ventre, probablement juste un réflexe, puis elle sourit…

• — Marion nous avait caché que tu faisais du sport…
• — Elle m’avait aussi caché qu’elle comptait se barrer.

Je tourne le dos pour enfiler le jean noir qu’elle m’a préparé. Ma réponse très sèche a, sur le moment, jeté un petit froid que Jennifer balaye rapidement en se relevant :

• — Je plaisantais, monsieur grognon !

Je sens la présence de mon invitée à quelques centimètres derrière mon dos. Elle se saisit de la chemise blanche posée sur la chaise et me dit de tendre les bras, je m’exécute tout en sentant son souffle dans mon dos. Elle me fait ensuite me retourner… Nous voici face à face et Jennifer prend l’initiative de refermer ma chemise : je sens alors par instant ses doigts et ses ongles sur ma peau. Si ce n’était pas elle, je jurerais qu’elle rougit un petit peu et laisse traîner ses yeux sur le haut de mon corps alors que je sens ma peau frissonner légèrement. Jennifer se racle la gorge, tire un peu sur la chemise et sourit.

• — Te voilà tout beau pour ta Carl… Euh, ta soirée !
• — Très drôle !
• — Oui, je trouve aussi, merci !

Elle recule légèrement, toujours souriante.

• — Tu feras attention par contre, on dirait que tu as froid…

Jennifer pouffe de rire. Si seulement elle savait pourquoi ma peau frissonne et donc pourquoi mes tétons réagissent… Hé bien, si elle savait, elle s’enfuirait en courant ! J’essaye de réagir.

• — Ahah, super les blagues de beaufs dans la bouche d’une serveuse, les clients vont être ravis…
• — Oh, ne t’inquiète pas pour moi, je sais ce qui ravit les clients !

Jennifer retourne se poser sur le canapé après un clin d’œil, persuadée d’avoir gagné cet échange… Ce qui est probablement le cas. Je me sers alors un verre d’eau et viens m’asseoir sur le canapé, ce que Jennifer m’interdit de faire…

• — Non, toi c’est sur une chaise, tu ne vas pas arriver avec la chemise toute froissée quand même !
• — Que je la froisse ici ou au bout de vingt minutes là bas, c’est pareil…
• — Pas du tout, fais-moi confiance. La première impression, c’est primordial !
• — Ce ne sera pas du tout ma première impression auprès d’eux.
• — Qui sait ? Imagine que Carla, qui soi-disant n’est qu’une amie, invite des jeunes femmes que tu ne connais pas, tu veux avoir l’air d’un plouc ?

Je ris bêtement…

• — Ce ne sera pas le cas… Et puis, qui te dit que je veux trouver quelqu’un en ce moment ?
• — Je ne te parle pas forcément de trouver quelqu’un, je peux tout aussi bien parler de passer une bonne nuit !

Une fois de plus, je sens que ses propos me font rougir. Je décide alors de dévier légèrement.

• — Bon tu as dit quarante-cinq minutes… J’ai encore un bon quart d’heure à tuer…
• — Tant que ça ?
• — Oui, Carla habite à moins de dix minutes à pied.
• — OK, OK… Du coup, tu vas pouvoir m’aider, où puis-je poser mon sac de couchage ?
• — Euh tu n’as qu’un sac de couchage, pas de matelas gonflable ?
• — À vrai dire, je suis un peu partie en catastrophe… Enfin, disons que jusqu’à ce midi, je ne pensais pas te demander ton aide…
• — Ouais… Bon, pas terrible… Tu n’auras qu’à le poser tout contre le canapé-lit… Par contre, tu vas dormir dans le lit, je prendrai le sac.
• — N’importe quoi, je squatte déjà ton studio, je ne vais pas en plus prendre ton lit !
• — C’est comme ça et c’est tout. Si tu dois commencer à bosser après-demain, ce serait débile de te bousiller le dos en dormant par terre. Et puis, si je rentre tard au moins, je ne te réveillerai pas.
• — Je ne suis pas si fragile hein ! Et puis, je suis une couche-tard de toute façon.
• — C’est mon domicile, ce sont mes règles !

Jennifer sourit, voyant que je ne céderai pas.

• — Si tu insistes…

Je la fais alors se lever du canapé pour le faire pivoter en position-lit et je sors les oreillers, les draps et la couverture du placard. Je fais le lit rapidement, Jennifer se jette dessus…

• — Hé ! C’est plus confortable que ça en a l’air !
• — Dors trois ans dedans et tu regretteras ces paroles…

Nous rions, puis je regarde l’heure qui, mine de rien, a bien avancé.

• — Bon ben, si tu ne veux toujours pas venir, je vais y aller moi…
• — Ne t’en fais pas, je vais bien, j’ai tout ce qu’il faut.
• — OK…

Je pars dans la salle de bain jeter un dernier coup d’œil à ma coiffure quand j’entends Jennifer me rejoindre…

• — Ah, un dernier petit truc, je crois que j’ai oublié mon chargeur de téléphone…
• — Tête en l’air ! Deuxième petit tiroir du bureau
• — Merci !

Vingt secondes plus tard, revoilà Jennifer, hilare…

• — Qu’est-ce qui te fait rire ?
• — Tu auras peut-être besoin de ça !

Mon invitée pouffe de rire et me tend une boîte de préservatifs tout droit sortie de mon bureau…

• — J’avais dit DEUXIÈME tiroir !
• — J’avais mal compris… Mais rien de gênant, puisque ce ne sont pas des Small…

Jennifer rit de plus belle, je fais mine de lui mettre un coup de pied aux fesses. Elle rejoint la pièce principale, en prenant soin de me laisser la boîte en main. Je sors alors de la salle de bains et enfile mon manteau. En glissant mécaniquement les mains dans mes poches, je sens mon trousseau de clés, faisant un déclic dans ma tête…

• — Ben tiens pendant que j’y pense. Tu auras sûrement besoin de ça…

Je tends à la belle serveuse le double de la clé de l’appartement, dont elle se saisit tout en branchant le chargeur de téléphone.

• — Oh merci, c’est un pas important de donner son double à une fille !
• — Oh la la ! Tu me fatigues déjà…

C’est sur cette note d’humour que je quitte le studio pour rejoindre l’appartement de Carla…

À suivre