n° 19201 | Fiche technique | 18303 caractères | 18303Temps de lecture estimé : 11 mn | 18/09/19 corrigé 05/06/21 |
Résumé: Laura fait une rencontre qui la trouble. | ||||
Critères: f hagé fmast nopéné | ||||
Auteur : Cortes Envoi mini-message |
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Le dossier sur lequel Laura travaille est le conseil à l’acquisition d’un groupe de distribution alimentaire français par un fonds d’investissement américain. Ce matin a lieu la première réunion de travail avec le vendeur et ses avocats. Elle se tient dans les bureaux parisiens de la société holding du groupe. Laura s’y rend avec son collaborateur favori, le jeune Jean-Pierre.
Laura est frappée par le raffinement et le bon goût des locaux de la société. Ceux-ci se trouvent dans un petit hôtel particulier dans une rue du septième arrondissement de Paris. Décoration sobre, presque épurée avec çà et là quelques œuvres d’art ou peut-être des imitations très réussies d’œuvres de toute forme et de styles variés. Ici un bronze, là un tableau, plus loin une lampe au design recherché le tout dans un ensemble où l’acier, le bois et le verre dominent.
La salle dans laquelle la réunion se tient est à la fois sobre, harmonieuse et pratique dans le même ton que le reste de l’immeuble. Laura est assise entre son collaborateur et le responsable du dossier chez son client. Face à elle, de l’autre côté de la grande table en bois mat lui fait face l’équipe dirigeante de la société. Parmi eux son Président fondateur Henry de Germont. Une personnalité intéressante. D’âge mûr, la cinquantaine bien passée, mais la silhouette athlétique d’un homme qui s’entretient, des cheveux gris coupés assez courts, coiffés en arrière. Des yeux gris vert, froids lorsque le gris domine, brûlants lorsque c’est le vert qui prend le dessus. Un regard fort, conquérant, accentué par un menton volontaire. Un teint hâlé. Une voix calme et profonde, mais qui sait très légèrement monter d’un ton pour se faire écouter.
Le personnage attire incontestablement Laura qui l’écoute exposer ses vues sur la manière dont l’opération doit se réaliser. Laura ne lui est pas non plus indifférente. Ses yeux pénètrent parfois les siens comme s’il ne parlait qu’à elle. Il faut reconnaître que Laura est magnifique ce matin. Sa natte noire et épaisse tombe le long de son cou. Son tailleur bleu marine est certes strict, mais coupé près du corps et le met ainsi parfaitement en valeur. Une fois la réunion terminée, lorsque Henry de Germont salue Laura, cette dernière sent une légère pression de sa main accompagnée d’un regard enveloppant avec des yeux alors plus verts que gris.
Laura a l’occasion de voir fréquemment Henry de Germont pendant plusieurs mois. Rapidement elle s’avoue qu’il ne lui est pas indifférent. Pendant les négociations, il arrive qu’une passe d’armes survienne entre eux. Au cours de ces joutes verbales, le regard de chacun fait comprendre à l’autre qu’il prend du plaisir à l’échange, un plaisir qui va au-delà de celui qu’offre l’art de la négociation. Comme si cette lutte était physique et leur donnait l’occasion de se rapprocher. Une espèce de complicité naît ainsi entre eux au cours des réunions successives qui ont lieu sur ce dossier.
Ce n’est qu’à la fin des tractations, une fois l’affaire conclue qu’a lieu leur premier tête-à-tête. Le contrat est bouclé, mais un document reste devoir être signé par Henry de Germont. Compte tenu de l’importance de ce document et aussi de la qualité du signataire, Laura n’envoie pas son collaborateur pour recueillir la signature, mais se déplace elle-même. Henry la reçoit ainsi un matin dans son bureau. Il porte un léger costume bleu marine sobre et bien coupé, une cravate sombre. Il émet encore à cette heure du matin dans la pièce une odeur de parfum inconnu de Laura, mais qu’elle aime immédiatement. Ses yeux perçants sont plus verts que gris lorsqu’il regarde Laura entrer dans son bureau. Elle sent qu’il détaille son corps à la manière d’un conquérant, en s’arrêtant sur ses seins et ses jambes et revenant à ses yeux qu’il pénètre de son regard.
Laura n’est pas insensible à cet examen. Lorsqu’elle s’assoit à la table de réunion à côté de lui pour lui faire signer le document, le contact de leur coude, de leur corps l’émeut encore plus. Elle s’étonne de ressentir cette chaleur dans son bas-ventre, signe d’une excitation sexuelle qu’elle ne maîtrise pas. L’haleine d’Henri qui frappe son visage quand il se tourne pour lui parler est à la fois fraîche et chaude comme une prémonition d’un baiser qu’il pourrait lui donner. Quand la dernière page du document est signée, alors que Laura le tire vers elle pour le mettre dans son dossier, la main d’Henri de Germont se pose sur la sienne. Contact à la fois doux et ferme par la force que dégage l’homme à qui appartient cette main. Il la fixe du regard. Ses yeux la transpercent.
Laura est surprise. Surprise et heureuse à la fois. Mais elle évite de le montrer. Elle n’aime pas être surprise en amour, car c’est elle qui doit mener le jeu. Elle se ressaisit. Henri de Germont ne retire pas sa main qui emprisonne toujours celle de Laura. Elle le regarde en silence. Elle espère qu’elle ne rougit pas. Mais cet homme la déconcerte. Elle sent une force qui dépasse la sienne.
Jamais au cours des négociations son adresse personnelle n’avait été mentionnée. Laura était toujours très prudente pour ce qui concernait sa vie privée. Parce qu’elle ne voulait pas que ses clients puissent la relancer chez elle dans un endroit où elle habitait avec ses enfants qu’elle voulait maintenir hors du monde extérieur, havre de paix où elle vivait heureuse avec ceux qu’elle aimait le plus au monde. Il s’était donc renseigné sur elle et avait trouvé son adresse. Cela la trouble et l’inquiète à la fois.
Quand il la reconduit avant de la quitter, il lui baise élégamment la main en imprimant légèrement ses lèvres sur la peau. Ce contact l’électrise. Elle a soudain envie de lui. Elle laisse aller son imagination. Ils pourraient remonter dans son bureau et il la prendrait là. Elle appuyée contre la table de réunion où ils avaient signé les documents, sa jupe de tailleur relevée sur sa croupe. Un homme aussi fort doit avoir un sexe puissant. Est-il en train de bander ? pense Laura. Son entrejambe s’humidifie à cette idée. Peut-être qu’il le sent, car un instant de silence s’étend pendant près de trente secondes. Elle se ressaisit la première.
Pendant les jours qui s’écoulent jusque-là, elle se pose et se repose la question : a-t-elle bien fait d’accepter cette invitation à dîner ? Certes, cet homme lui plaît, mais il y a quelque chose qui la dérange dans leurs échanges. Il est plus fort qu’elle, il la domine. Elle a l’impression qu’il pourrait presque la manipuler. Elle se sent sans défense quand il lui parle, la regarde de ses yeux d’acier. Il n’est pas comme ces minets ou autres bellâtres avec lesquels elle a l’habitude de sortir et qui ne sont pour elle que de gentils jouets ! Henry de Germont est d’une autre trempe. Il est beaucoup plus âgé que la majorité des hommes qui ont été ses amants. Mais quelque chose l’attire irrésistiblement vers lui. Fait du hasard ou volonté délibérée, Laura reste chaste pendant les jours qui précèdent le dîner.
Le soir retenu, elle rentre tôt de son bureau. Delphine présente pour garder les enfants s’étonne de la trouver si peu disponible. Laura prend une douche interminable. Elle choisit ses dessous avec soin, anticipant qu’ils seront peut-être admirés, arrachés, salis. Elle retient un ensemble en dentelle noir et n’hésite pas à revêtir des bas et un porte-jarretelles. Elle s’asperge le corps de parfum. Hésite entre un tailleur couleur crème, un tailleur rose fuchsia ou une jupe noire fendue avec un joli chemisier. Elle opte pour le tailleur crème qui met en valeur son teint hâlé et son bronzage.
Dès vingt heures elle est prête et passe un peu de temps dans la chambre des deux garçons pour tromper une impatience qu’elle se refuse à admettre. À vingt heures trente, le carillon de la porte d’entrée retentit. Un homme en costume sombre est sur le palier. Un métis d’une trentaine d’années, beau gosse, taille moyenne, cheveux courts un peu trop costaud peut-être à son goût, lui fait face.
Dans l’ascenseur qui descend, Laura déjà en chaleur ne peut s’empêcher de penser : et si je baisais avec le chauffeur dans l’ascenseur ? J’aurais l’impression de reprendre la main non ? Il doit avoir une belle queue le chauffeur ! Mais elle est déjà au rez-de-chaussée. Devant son immeuble, une Mercédès noire est en double file, warnings flashant. Le chauffeur lui ouvre la porte. Tandis qu’elle s’engouffre, une voix qu’elle connaît bien l’accueille :
Henry de Germont la reçoit d’un geste de bienvenue lui faisant signe de prendre place. Laura s’assoit à ses côtés. L’accoudoir les sépare. Séparation certes, mais pour se parler il faut pencher la tête et se rapprocher. Henry de Germont est élégant, sanglé dans un costume gris léger, parfaitement coupé. Il dégage un effluve de son parfum discret que Laura connaît déjà et apprécie. Il parle bas et doucement. Sa voix est chaude et terriblement masculine, pense Laura qui, avec terreur, se sent dominée.
Il aura ce ton toute la soirée qu’ils passeront dans un grand restaurant parisien assis côte à côte, face à une vue inoubliable sur les quais de la Seine. Ils parlent d’eux, de leur vie, de leur travail, de leur réussite de leurs loisirs. Conversation mondaine qui devient de plus en plus intime au fur et à mesure du dîner. Ils évoquent la raison de leur solitude. Henri est veuf depuis très longtemps. Il a deux filles qui sont maintenant adultes.
Le divorce de Laura. Sa vie de mère de famille et d’avocate d’affaires. Laura attend qu’Henri se montre un peu tendre ou laisse entendre qu’il la désire. Il reste courtois, prévenant, mais un peu lointain, presque froid. À un moment il évoque sa propriété dans la région bordelaise et sa passion des chevaux. Laura sent alors en lui une certaine émotion quand il en parle. Il décrit les liens qu’il peut créer avec un cheval où se mélangent l’amour, la domination et l’admiration. Laura ne peut s’empêcher de constater à moitié sérieuse :
Henri se tait, plonge ses yeux dans les siens puis reprend :
Laura ne sait quoi répondre. Lui fait-il une proposition ? Elle balbutie :
Elle reste silencieuse. Puis elle se redresse comme pour contredire ce qu’elle venait de laisser entendre.
Il se lève et pose la main sur son épaule. Ce contact l’émeut et la trouble.
Tandis qu’il s’éloigne pour aller régler l’addition, Laura se met à le désirer plus intensément. Elle rêve de ses mains fortes sur son corps. Elle rêve de son sexe qu’elle imagine long et puissant malgré son âge. Elle espère qu’une fois revenu, il lui proposera de passer la nuit avec elle. Il faut qu’elle lui fasse comprendre qu’elle accepte de se donner à lui, qu’elle le provoque pour qu’il cède et qu’il possède son corps. Son ventre brûle. Son slip est trempé.
Quand elle descend les trois marches qui séparent la salle à manger du palier où se trouve l’ascenseur, elle fait mine de tomber pour qu’il la touche. Un bras puissant lui retient la taille rien de plus. Mais déjà cela, c’est bon, pense Laura ! Quand elle s’assoit à côté de lui dans la voiture, elle s’arrange pour qu’au moins pendant quelques minutes sa jupe remonte jusqu’à la lisière des bas dévoilant sa cuisse avant de faire mine de s’en rendre compte un peu plus tard et de baisser sa jupe. Mais Henry de Germont ne semble pas vraiment ému. Il reste froid comme un iceberg. Une fois arrivé devant l’immeuble de Laura, il descend de la voiture pour la raccompagner jusqu’au portail. Laura espère. Un baiser peut-être ? Une fois arrêté, Henri se retourne vers elle. Il prend un ton un peu cérémonieux.
Puis il change de ton, lui saisit les deux bras. Il les serre dans ses mains, fort, trop fort. Plus que ce qui est convenable. Ses yeux se noient dans les siens.
Il y a là plus qu’un souhait. Quelque chose qui relève de l’ordre déguisé.
Il tient toujours les bras de Laura très haut, serrés. Elle ne sait quoi dire. Cet homme l’envoûte.
Il lâche ses bras, recule un peu, lui prend la main qu’il baise délicatement.
Comme dans un rêve, Laura rentre dans le hall de l’immeuble et se dirige vers l’ascenseur. À la fois frustrée et émue. Pleine de désir et de rancœur. Une fois chez elle, après avoir constaté que les garçons dormaient à poings fermés et congédié Delphine, elle s’enferme dans sa chambre et prend une très longue douche. Puis elle s’essuie et ouvre le tiroir de sa table de nuit où elle range un long gode de plastique noir. Couchée, la lumière éteinte, nue, elle l’enfonce et le fait aller et venir dans son vagin avec pour seul lubrifiant sa cramouille abondante. Mais cela ne lui suffit pas. Elle se met à quatre pattes, cambre les reins, et doucement enfonce le gode dans son anus, tandis qu’avec son autre main elle pince son clitoris. Une fois que l’objet est au fond de son ventre, elle jouit fortement et se surprend à murmurer :
Dans le TGV qui l’emmène à Bordeaux, Laura, se demande toujours si elle a eu raison d’accepter l’invitation d’Henry de Germont. Refuser aurait été la manifestation d’une hostilité qui n’aurait pas reflété ses sentiments. Accepter était par contre se soumettre à l’emprise d’Henry de Germont et elle sait intuitivement qu’il est difficile de résister à cette emprise. Pourtant rien ne s’était passé entre eux. Pas même un baiser. Laura ne sait d’ailleurs pas ce que souhaite véritablement Henry. La seule chose qu’elle sait est qu’elle se sent terriblement attirée par l’homme et par la force qui émane de lui. Cette attirance va au-delà de la simple attraction sexuelle. Il y a comme un désir de se soumettre que Laura ne connaît pas et qu’elle ne se rappelle pas avoir connu.
Partir pour le week-end n’a pas été facile pour Laura. Il avait fallu confier les deux garçons à ses parents et leur offrir l’assistance de Delphine qui heureusement n’avait rien à faire d’autre. Laura n’aime pas cette situation. D’abord parce que ses parents commencent à être âgés, mais également parce qu’elle aime rester avec ses fils le week-end qui est le seul moment où elle profite intégralement de ces deux petits êtres qu’elle aime plus que tout.
C’est dans ces pensées que Laura regarde défiler le paysage par la fenêtre du TGV. Elle a trouvé dans son courrier il y a quelques jours, une enveloppe contenant un aller et retour Paris/Bordeaux en première classe et un mot sur une carte de visite :
« Je vous attends. »
Rien de plus. Pas de signature. Et elle était partie tout à l’heure sans même répondre. Faire sa valise avait été un casse-tête. N’ayant aucune idée du programme du week-end, Laura ne savait quelle tenue emmener avec elle. Elle a pris une robe du soir, quelques jupes et chemisiers, deux jeans, deux maillots de bain, une tenue de sport et beaucoup de sous-vêtements. Elle pense qu’elle peut ainsi faire face à toute éventualité.