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n° 19204Fiche technique25522 caractères25522
Temps de lecture estimé : 15 mn
19/09/19
Résumé:  Un pari stupide oblige Manon à apprendre les règles de la D/S pour montrer à ses amies de jeunesse qu'elle est une soumise.
Critères:  fh fsoumise yeuxbandés fouetfesse portrait -dominatio
Auteur : Kyo            Envoi mini-message

Série : Un pari stupide

Chapitre 03 / 06
Envie par procuration...

Résumé des événements précédents :

Quatre copines d’école se retrouvent après plusieurs années. Manon s’invente une personnalité de soumise et un rendez-vous en club BDSM est prévu dans un mois. Elle rencontre Edgar, un dominant, qui va la former. Cette première séance la laisse dans tous ses émois…






Mercredi matin je reçois un coup de fil étrange. Clara veut déjeuner avec moi, impérativement ! J’ai beau lui dire que je n’aurai pas le temps, car je suis débordée, vu que mon collaborateur n’a toujours pas mis en forme les notes de son entretien avec notre client, et que j’en ai absolument besoin pour faire un rapport à mon responsable pour établir notre feuille de route, elle n’en démord pas et insiste lourdement. Bref, exaspérée par son comportement si puéril, je capitule, mais en lui signifiant bien que cela ne durerait pas plus de trente minutes, montre en main.


Nous voilà donc attablées dans une petite brasserie reconnue pour ses salades végétariennes et sa nourriture végane (eh oui, Clara s’est persuadée que cette nouvelle manière de se nourrir était meilleure pour la planète et accessoirement pour ses fesses). Pressée, je lui demande le motif de sa convocation sans appel. Le ton un peu stressé de sa voix au téléphone m’ayant inquiétée, je commence à m’imaginer mille raisons : un problème familial ? Une maladie soudaine ? Ce qui en soi pourrait être plausible, avec les nombreux régimes qu’elle s’impose à longueur de temps. Ou bien, que sais-je, un ennui professionnel ? La surprise de sa réponse me cloue littéralement sur place.



Mot qu’elle prononce d’ailleurs si doucement que de mon côté et avec la fureur qui naît au creux de mon ventre, je prononce presque en criant !



Elle veut tout savoir, mais n’assume pas d’en parler franchement ! me dis-je sarcastiquement. Tu le prends comme ça ? Tu veux jouer la petite curieuse, t’exciter par procuration, te vautrer dans la lubricité par mon intermédiaire ? Très bien, ma petite, nous allons jouer alors !



Ma question susurrée comme du miel la fait rougir instantanément. Intérieurement, je me délecte de pouvoir la torturer. Clara se considère comme la femme bien sous tous rapports : mariée depuis toujours, mère de deux enfants propres sur eux, bien élevés, un mari élégant, poli, courtois… et bla-bla ! Je m’amuse parfois à les imaginer en train de faire l’amour. Et je dis bien faire l’amour, pas se sauter dessus comme des bêtes, à l’affût du désir primal, féroce, instinctif. Non, pas ce genre d’amour, plutôt la bonne vieille position du missionnaire, bien sage. Nos escapades de jeunesse avaient été beaucoup moins sérieuses à l’époque et Clara n’avait pas dérogé à nos règles.


Notre devise était justement « No-Règles ! » Elle participait à nos ébats, mais, il est vrai, toujours de façon plus retenue, comme si elle se forçait un peu pour ne pas sortir de notre groupe. Je pense qu’elle y prenait plaisir, mais son comportement, toujours plus réservé, la rendait plutôt « suiveuse » que « meneuse ». Jamais, elle n’avait été l’instigatrice de nouvelles folies, tandis que Laure, évidemment, trouvait les meilleurs coups du quartier, Steph dénichait les endroits insolites. Moi, j’insufflais un peu de piment en agrémentant nos aventures par des idées nouvelles. Elles m’avaient d’ailleurs remerciée chaudement pour ma trouvaille de sexe avec des personnes que nous connaissions certes, mais totalement dans le noir et dans le silence absolu. Cette soirée fut gravée dans nos mémoires comme la meilleure « baise insolite ». Ne pas savoir à qui appartenaient ces fesses charnues ou bien maigres que nous ne devinions rien qu’avec nos sens, à qui nous léchions les tétons dressés par l’excitation, à qui appartenait le sexe dur que nous branlions avec fureur ? Clara profitait, participait, s’invitait dans nos conversations exaltées d’avant ou d’après nos jeux, mais jamais ne se sentait l’âme imaginative pour nous surprendre. Elle les vivait toujours au travers de nos ressentis à nous. Je n’allais donc pas la décevoir aujourd’hui !



Écartelée entre l’horreur de ma situation et l’envie furieuse d’être moi, elle me conjura d’en dire plus.



Je pris un instant pour réfléchir, la laissant dans son jus. Son imagination tournait à plein régime, pour preuve sa posture, les jambes croisées ou plutôt serrées l’une contre l’autre comme pour éteindre son désir. Je savais que les mots avaient pour elle plus d’impact que les actes. Son corps se nourrissait de visions créées par son cerveau vorace d’images et de sons. Je choisis donc minutieusement des scènes à lui décrire, provenant de ma propre source de fantasme. Je les voulais provocantes, animales, dénuées de sentiments réservés à l’amour classique. Il n’y aurait que perceptions, sensations, troubles, perte des sens pour se noyer dans le pur plaisir charnel allant même jusqu’à l’opprobre. Elle voulait s’exciter à mes frais, elle allait en avoir pour son argent !



Je l’avais piquée au vif, la Clara. Je l’avais appâtée et elle mordait à l’hameçon à y perdre la mâchoire.



Ma déclaration résonna comme un coup de tonnerre en elle. Heureusement, sa bonne éducation la retint de cracher la gorgée d’eau minérale qu’elle tenta d’avaler proprement. J’avais fait mouche et malicieusement, je gardais une contenance sérieuse.



Délectation ! Elle qui avait sucé des inconnus, avait couché avec des garçons de la fac à nos côtés, faisait la prude à l’idée d’une sodomie à sec. Je n’en revenais pas de sa personnalité si bizarre. En fait, je ne la comprenais pas. Depuis son mariage – un garçon de « bonne famille » qu’elle nous avait présenté un jour comme ça sans qu’on s’y attende –, Clara avait totalement changé de vie et d’état d’esprit. Elle s’était « rangée » de notre passé dissolu, avait mis au placard débauche et luxure. Mais par contre, dans sa tête, se jouait le remake de nos jeunes années apparemment. Je ne fus donc plus surprise de sa joie non feinte lors de nos retrouvailles avec Laure. Je comprenais à présent son envie de sauter de nouveau le pas vers le côté sombre de nos personnalités. Allait-elle passer à l’acte ou voulait-elle seulement fantasmer encore grâce à nous ? En tout cas, sa curiosité était insatiable comme le cul de Laure ou le mien depuis ma rencontre avec Edgar !



Pour toute réponse, Clara héla le serveur et commanda deux cognacs tout en s’installant un peu plus en face de moi, l’air absorbé par mes paroles.



Je la laissai un peu sur sa faim, m’attendant évidemment à ce qu’elle me bombarde de questions, ce qui arriva très vite. Qu’il était facile de se jouer de son innocence ! Alors que Steph aurait compris tout de suite, Clara remuait son cerveau en tous sens pour comprendre.



Elle avait croisé les jambes en coinçant une main entre elles. Quelle gamine alors ! Je me retins de pouffer de rire. À croire qu’elle ne faisait plus vraiment rien de bien avec son homme pour être aussi excitée à l’évocation de quelques préliminaires. Elle voulait la suite et se remit en position d’écoute active ! Bien, il fallait que je monte encore d’un cran mon récit pour l’achever définitivement. Je pouvais bien lui faire ce plaisir après tout. Je me sentais l’âme d’un bon samaritain aujourd’hui.



J’imitai alors le bruit que j’entendis tout en le mimant avec le bras. Elle sursauta à mon geste.



Clara ne semblait plus excitée à ce passage. Il fallait que je la remette, elle aussi, dans de bonnes dispositions si je ne voulais pas qu’elle décroche. Je poursuivis :



La pause déjeuner était terminée pour bons nombres de clients, et la brasserie n’était plus occupée que par quelques personnes qui traînaient au café. Je ne me souciais plus de l’heure maintenant, trop heureuse de donner un peu de réconfort à ma copine. Il faut dire aussi que raconter des aventures que je n’avais jamais vécues m’amusait, tout en m’excitant un peu aussi ! En dégustant une gorgée de Gautier, je repris mon récit.



Avide de ma réponse, par sadisme naissant ou masochisme latent, Clara était vraiment insatiable sur ma relation D/S. Je commençais sérieusement à me poser des questions sur ses réelles motivations à mon interrogatoire ; car oui, je prenais notre conversation pour telle. Sa soif de tout savoir me perturbait quelque peu.



Et devant ma mine faussement vexée, elle se rattrapa comme elle put.



Devant les gros yeux que je lui fis, elle stoppa net sa phrase et se signa la bouche en signe de vœux de silence. J’en avais marre aussi de toutes ses questions, et je voulais en finir. J’avais quand même du boulot qui m’attendait !



Je voyais les yeux de Clara s’agrandir. Ses doigts avaient rejoint ses dents et ses ongles en pâtissaient. Incompréhension ? Désir inavouable de vivre cette expérience ? Je me posais toujours la question et me promis d’en savoir plus.



Clara remuait sur sa chaise, la bouche un peu ouverte et je devinais qu’une question les lui brûlait. L’autorisant à m’interrompre, elle me demanda un peu inquiète :



Je me doutais bien qu’elle aurait du mal à comprendre cet état de fait, car moi-même, je ne savais me l’expliquer. Ce qui est sûr, c’est que mon expérience avec Edgar n’y était pas étrangère. Ce que j’avais ressenti dépassait toutes mes convictions en la matière. La douleur physique s’était transformée en plaisir et de ce plaisir en besoin et en manque. Je n’étais pas sûre que Clara puisse le comprendre sans le vivre par elle-même.



Clara restait bouche bée. Et moi je dégustais mon effet sur elle. Pourtant, au fond de moi, des doutes s’insinuaient. Comment la relation avec Edgar allait-elle se dérouler ? Je ne pouvais me mentir à moi-même et inventer toute cette histoire sans un fond de vérité ou de désirs enfouis. Je voulais impressionner Clara, certes, mais en racontant cette « aventure », je m’étais moi aussi excitée. Il était évident qu’inconsciemment je souhaitais vivre cela et peut-être plus encore. C’est avec cette pensée étrange, car inquiétante, que je quittais Clara pour retrouver mon bureau. Machinalement, je regardai mon téléphone et je vis le mail d’Edgar…


Mes mains se mirent à trembler en cliquant sur l’icône. Mon cœur accéléra et je perçus aussi une légère transpiration sous les bras. Je me cachais la sensation plus intense que je ressentais : des picotements à l’entrecuisse, des palpitations sur ma vulve. Je repensais à notre dernier rendez-vous, à ses mains me tenant durement les poignets sur le mur, dans mon dos, sur ma tête. Il ne s’agissait plus d’aventures inventées et bien contrôlées, mais de la vraie vie avec un vrai dominant, et je pris peur…