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n° 19555Fiche technique47093 caractères47093
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Temps de lecture estimé : 33 mn
17/04/20
corrigé 05/06/21
Résumé:  Après trois années d'enquête pour comprendre le mobile des disparitions de Raissa, le fin mot de l'histoire surgit et Charlène et moi comprenons que nous savions depuis le début.
Critères:  #policier fhhh nympho hotel facial fellation anulingus gangbang
Auteur : Samir Erwan            Envoi mini-message

Série : Jalousie et meurtrière

Chapitre 04 / 05
Inanna

Résumé de l’épisode précédent :

Charlène m’avait demandé de l’aider à résoudre le mystère des disparitions annuelles de Raïssa. J’ai rencontré Elliot, l’un de ses anciens amants, et j’ai ressassé plusieurs souvenirs de la relation entre mon agente préférée et moi.

J’ai remonté sa trace jusqu’à un hôtel d’un pays du sud, j’ai trouvé plusieurs informations sous l’identité de Milly.

Puis Charlène et moi nous sommes réorganisés, car l’enquête faisait du surplace. Je serai temps plein sur l’affaire.







15 • Jour GB : durée entre -24 semaines et -1 semaine


Quelques jours plus tard, avec une toute nouvelle complicité, Charlène et moi avions élaboré un plan d’action. Elle avait appris par le Service que Raïssa allait prendre ses congés annuels, mais qu’elle ne reviendrait pas en Métropole cette année, qu’elle quittait son territoire d’intervention pour se rendre une nouvelle fois dans un pays du sud, là où les plages de sable blanc sont belles et où le soleil tape aussi fort que les cocktails.



Dans ma planque, nous avions avancé, entre-temps. Les micros posés l’an dernier dans la maison de bord de fleuve avaient amené l’équipe chargée de l’enquête à resserrer les mailles du filet : MoonWar allait pouvoir tomber, toutes les entreprises liées de près ou de loin au clan se feraient démanteler, leur PDG en prison.

Charlène et moi n’avons jamais avoué que nous étions à l’origine de ces récoltes de données audio. Nous filtrions ce que nous recevions. Ma collègue m’a fait de grands yeux à l’écoute de certaines conversations entre membres de MoonWar :



D’une certaine manière, je me retrouvais dans mon AirBnB de la tour Elizabeth, en train d’espionner des discussions avec Charlène à mes côtés : ça me donnait des idées, mais depuis le repas que nous avions passé chez elle, avec Simon, son conjoint qu’elle avait désormais laissé, elle se refusait à moi. J’avais le cœur en colère et la verge en manque, mais nous devions être professionnels, Charlène et moi, et ne nous soucier que des cachotteries de Raïssa.



Raïssa. On parlait d’elle dans les enregistrements captés dans la maison au bord de l’eau, l’un des QG de MoonWar :



Charlène avait fait des recherches à partir de la carte de visite, teintée de fioritures en argent, que Tony m’avait donnée. Il y avait une adresse web complexe inscrite dessus et, à l’endos, les simples mots : « The Onion Router »

Charlène m’avait expliqué que le réseau TOR permet aux utilisateurs de pénétrer dans ce qu’on appelle parfois le darkweb.



Charlène m’a dévoilé (en se moquant gentiment de mon ignorance) que, justement, d’après les données tirées de l’ordinateur de Raïssa – mission dont je m’étais chargé – cette dernière fréquentait régulièrement le deepweb. Mais qu’elle ignorait où elle allait, et avec qui elle communiquait.



Charlène s’est penchée sur son ordinateur portable, sa queue de cheval noire et rouge glissant de son épaule, et elle a tapé l’adresse web complexe en envoyant de l’information. Cette info a rencontré un premier nœud, qui a négocié avec un intermédiaire poussant les infos vers un deuxième nœud, puis un troisième, et cætera, Charlène devenu invisible par le routage en pelure d’oignon. Comme Raïssa auparavant. Comme tous ceux utilisant l’adresse de cette carte. Et MoonWar, probablement. Charlène m’a montré l’écran :



J’ai regardé. J’ai été surpris. Je ne savais quoi dire. J’avais la bouche pendante. Ni elle ni moi ne savions ce qui m’attendait.




16 • Jour GB, de -6 jours à -2 jours


Je n’ai pas pris de taxi. À mon arrivée à l’aéroport, j’ai loué une vielle voiture des années 70, et je me suis perdu avec plaisir dans les rues de cette ville de bord de mer, avec des palmiers partout, une belle architecture coloniale et du soleil, toujours du soleil. Ça klaxonnait et la voiture pétaradait, il y avait même des vélos taxi, je dépassais de gros autobus qui polluaient, c’était bien de se retrouver dans l’un des derniers pays communistes ! Comme si on changeait de temps avec ces immeubles à colonnades et ces moustaches sur les visages.


J’espérais retrouver ma vieille amie, j’espérais ne pas découvrir de trafic louche dans lequel elle trempait, j’espérais qu’elle soit sans tache, mais j’étais en même temps jaloux de son indépendance, qu’elle ait retrouvé un style de vie sans ma présence, avec de nouveaux amis, de nouveaux amants.


Raïssa, pourquoi te caches-tu de la sorte, pourquoi esquives-tu le fait que le Service doit savoir où tu es, pour mieux te protéger ? Il faut laisser les Affaires internes du Service faire son boulot ! Pourquoi disparais-tu ? Quels secrets tentes-tu de dissimuler ?


Le Service avait un réseau dans cette ville. J’avais pris contact avec l’un des coordonnateurs de territoire et aisément, à l’aide de boîtes aux lettres mortes, j’ai pu me procurer un flingue avec un silencieux et une trousse contenant seringue et poison. Je préférais tout prévoir.


Je me suis loué une petite garçonnière près de la plage, à cent mètres de l’hôtel Diana. Charlène avait déniché les infos que le « patron » de MoonWar, Steve et Mac allaient y loger. C’était parfait : j’ai trouvé la petite maison, elle m’a rappelé la dernière véritable baise que j’ai eue avec Raïssa, et deux autres hommes, dans un décor aussi enchanteur, de plage et de rhum, peu après l’aventure du Felipa. Elle était idéale pour mon plan, cette ancienne cabane de pêcheur reconvertie pour la location touristique. Une petite terrasse à l’avant, des parasols non loin, et grâce à une petite descente herbagée, on accédait à la mer. Un petit bateau à moteur était attaché à un ponton. Parfait.




17 • Jour GB - 1 jour


L’intérieur de la cabine était chic sans être extravagant. Seulement deux pièces, la chambre située dans le fond, décorée de coquillages, de coussins éparpillés, et des grandes fenêtres à ouvrir.


J’ai déposé mon barda et suis parti à l’hôtel Diana, mes cibles déjà arrivées. Je n’ai pas envoyé Milly à la récolte d’information. Je suis resté moi-même, les cheveux attachés en style samouraï sur le sommet de la tête. Je suis donc entré au bar de l’hôtel comme un touriste occidental avec un petit sac en bandoulière, j’ai commandé à boire, j’ai observé.


Encore ici, des jeunes, des couples, des plus vieux, tous prêts à faire la fête, c’était supposé être ça les vacances, non ? Le bar donnait aussi sur la plage, il y avait de la music-dance sous les bambous de la paillote ; des repas distribués par des serveurs bien habillés, une ambiance fébrile de « OOoouuh ! » hurlés par des groupes de jeunes femmes.

Je pourrais facilement « choper », en ramener une ou deux à ma petite cabane, nous amuser en liberté. Mais non. Bien que j’enfile ma deuxième bière et mon troisième ti-rhum, j’étais en mission : il me fallait repérer. Bien que je connaisse les visages des trois gars de MoonWar – le « patron », Steve et Mac –, je ne les ai pas repérés au bar. J’ai bougé : je connaissais le numéro de leur chambre, Charlène avait intercepté leurs messages.


Ascenseur, quatrième étage, ding ; les hôtels se ressemblent tous, couloir avec des tapis au sol, des miroirs au mur. Milly en aurait profité pour se reluquer. Pas moi. Arrivé à la chambre du « patron », j’ai sorti de ma besace un appareil électronique dont j’ai fait glisser l’embout plat dans la serrure. J’ai attendu dix secondes avant que le voyant s’allume et clignote au vert, j’ai tourné la poignée. Je suis entré sur mes gardes. Ils pouvaient être là, les gars : mais la pièce était vide, par chance. Si j’avais entendu du bruit, des pas, des conversations, je me serais retiré sans attirer l’attention.


J’avais besoin de peu de temps : fouiller rapidement s’il ne s’y trouvait pas des documents, déposer mon paquet, partir. Dans la valise du « patron », rien de spécial sinon une arme de poing. Dans le placard, des habits normaux, rien à signaler. Au centre du lit, j’ai donc laissé le paquet que j’avais amené spécialement pour eux, pour les faire sortir de leur cachette : un lingot de 1000 grammes, d’une valeur de 50 000 dollars, qui leur appartenait. Avec ce lingot, un petit plan griffonné comme une carte de trésor de pirate avec un X indiquant la cabine de pêcheur que j’avais louée. Je suis parti, ai retraversé le bar, personne de connu.


J’ai attendu à la cabine. La nuit. Situé à l’extérieur, dans des fourrés. J’avais laissé une lumière tamisée dans la petite maison. Les moustiques étaient de sortie, mais je me contrôlais, m’essuyant les paumes sur mon pantalon pour que l’arme tenue à la main ne glisse pas en action. Des oiseaux de nuit, des chauves-souris. Moins de moustiques. La lune était belle. J’entendais les « Ooooh ! » hurlés par les groupes de jeunes femmes en fête. Un moustique près de mon oreille.


Puis, des silhouettes avançant dans le noir. Tranquillement. Furtivement. L’une d’entre elles prenait le côté de la cabine, la seconde l’autre côté et elles tentaient d’observer aux fenêtres. Mais il n’y avait personne. Deux mecs de MoonWar avaient répondu au piège du lingot. Il en manquait un.

Les deux hommes ont chuchoté entre eux, je n’ai rien entendu. Steve ou Mac est entré dans la cabine à pas furtifs, j’en ai profité pour me retrouver dans le dos de l’autre : je lui ai fait une clé aux carotides, il est tombé sans connaissance au bout de dix secondes. Peut-être lui ai-je cassé la nuque, j’ai entendu une sorte de craquement. Mais je n’avais pas le temps de plus me questionner, l’autre ressortait :



Mon flingue au silencieux le pointait, Steve a vu le canon cracher sa balle, il s’est effondré dans le sable. J’ai fouillé leurs poches, ai récupéré leurs clés, leurs téléphones et leurs portefeuilles, ai fait glisser les corps vers le bateau à moteur. La marée était descendante, j’ai détaché le bateau après y avoir caché Steve et Mac, j’ai les ai laissés dériver. J’ai joué du pied dans le sable pour enterrer les taches de sang qu’avait laissé Steve en tombant. J’ai pris une branche de palmier tombée pour balayer les traînées qu’avaient faites les corps jusqu’au bateau.

Ne me restait plus que le « patron » !

Suis retourné dans leur chambre, toujours rien, sinon la disparition du lingot. Le « patron » ne s’était pas envolé, ses bagages étaient toujours là. J’ai décidé de l’attendre là, dans sa chambre.




18 • Jour GB - 1 heure


Mais il n’est pas venu. En plein milieu de la nuit, il avait tenté d’appeler Steve et Mac, sur leurs téléphones respectifs. J’ai laissé sonner, je n’ai pas répondu. Il jouait de prudence et n’avait qu’une seule mission : faire la peau à la chipie d’Arabe, à la Gorlèze. Quel mot étrange : gorlèze ! Où l’ai-je déjà entendu ? Dans quelle coulisse de ma mémoire ce mot se cache-t-il, déjà ?


Le soleil se levait, il semblait y avoir des coqs dans la ville, car ils créèrent une mélodie cacophonique en l’honneur de mon raté de ne pas avoir trouvé « le patron » de MoonWar avant le rendez-vous.


Un coup d’œil vers ma montre, bientôt 9 h, il était temps que j’y aille. Charlène, en m’ayant inscrit sur le site web de la carte de visite offerte par Tony, m’avait averti que je n’aurais pas le droit à tout.



Ce n’était pas très clair comme consigne, mais j’ai tenté le tout pour le tout. J’ai préparé la seringue, je l’ai piqué dans le flacon, ai enlevé l’air, ai couvert l’aiguille du petit bouchon de plastique, l’ai glissé dans mon sac, avec le flingue. Puis, je me suis enfin pointé au rendez-vous, au septième et dernier étage de l’hôtel Diana. Du moins, presque au septième étage, car les portes de l’ascenseur se sont ouvertes sur un petit couloir avant des escaliers tapissés. Sur une grande affiche de belle facture, un poème était rédigé pour l’occasion :


Accueille avec plaisir ma prosternation, écoute mes prières,

Regarde-moi avec confiance, reçois mes supplications

Lorsque sur le lit tu m’auras caressée,

Alors je caresserai mon seigneur,

Je décréterai un sort agréable pour tous !

Inanna a été dotée de la faculté

De réjouir le cœur de ceux qui l’honorent


Je n’y comprenais rien, j’ai continué. La montée menait à un petit hall bien décoré de chic, des miroirs et des tapis rouges, des plantes vertes et une immense porte double, tout au fond. Pour parvenir à cette porte, il fallait s’identifier au comptoir bloquant l’accès. Un grand homme noir d’une cinquantaine d’années, les portant bien, habillé d’un costume rouge et d’une chemise blanche se tenait derrière le comptoir et m’a fait un grand sourire en me saluant poliment. Je lui ai rendu la pareille. Il arborait une fine moustache blanche, tout comme ses cheveux courts, blancs aussi. Il était bel homme et la dichotomie entre le noir de sa peau et le blanc de ses cheveux le rendait distingué, très élégant dans son costume aristocratique. Un autre homme noir, tout aussi bien habillé, mais au visage fermé, gardait la double porte du fond.


Je le connaissais, cet homme aux poils blancs, je l’avais déjà rencontré, dans d’autres circonstances, dans un autre monde, sous une autre identité. Je n’ai pas eu à chercher longtemps, la nuit du Felipa m’est revenue par flash intermittent : Raïssa qui me féminise, Milly qui se rend dans cette boîte de nuit LGBT+, ma rencontre avec Catalina et Raul, l’intermédiaire qui devait me faire rencontrer Curtis ! Mais bien sûr ! L’homme que j’avais devant moi, qui me demandait mon nom était bien Raul, le faiseur de mariages ! Lui par contre ne me reconnaissait pas. Je n’étais pas Milly.


Je lui ai annoncé le pseudonyme avec lequel je m’étais inscrit, il a observé ses fichiers puis m’a regardé, d’un air désolé :



Raul m’observait d’un air d’homme du monde, connaisseur des gens qu’il a l’habitude de fréquenter.



Nous nous sommes regardés, Raul et moi, attendant que l’un réagisse avant l’autre. Je n’ai pas cédé.



J’ai suivi Raul derrière son comptoir. Le garde m’a suivi des yeux. Raul a ouvert une porte dérobée, cachée derrière un miroir.



Silencieux, je l’ai regardé d’un air intrigué – trop de questions étranges ! – et sans savoir où je mettais les pieds, je suis entré dans un monde stupéfiant.




19 • Jour GB


Tout est sombre, très peu de lumière. Je tends les bras à l’aveugle pendant que je marche durant quelques mètres dans un couloir exigu. J’arrive à un embranchement : le couloir continue devant, je peux tourner à droite. Il y a plus de luminosité dans ces passages, je me dirige à droite pour apercevoir un homme debout, attendant, le visage contre le mur. En m’avançant, je remarque des petites fenêtres, probablement des miroirs sans tain de l’autre côté, donnent une vue sur un immense salon raffiné : j’imite l’homme, à quelques mètres de moi, pour observer à travers la meurtrière.


Sous un lustre majestueux, bon nombre de fauteuils confortables avec leur petite table d’acajou, disséminés dans la pièce. Il y a des sofas ornés avec des coussins en dorure, du mobilier dressé avec des victuailles : des raisins, des tranches de melons, des petits amuse-bouches frais, du cake, tout plein d’aliments légers, mais tenant au corps. Plusieurs bouteilles d’eau, des couverts. Un peu plus loin, disposé à différents endroits du chic salon, des paniers avec des lingettes, des serviettes. Près de deux lave-mains en céramique, surmontés d’une panoplie d’essuie-mains encore, d’autres paniers dont je ne distingue pas le contenu.


La salle est grande, disposée au mieux ; une table basse princière, avec des pieds en arabesque, sans aucune chaise autour, trône au centre de la pièce. Il y a de la place pour circuler, pour s’asseoir, pour se ravitailler, pour se laver. La porte de la vitre du frigo à vin laisse voir des bouteilles de mousseux, de champagne.


Sur tous les murs de la pièce, des miroirs qui doivent être semblables à celui par lequel je regarde. J’en déduis que le réduit sombre dans lequel je me trouve fait le tour de ce riche salon. La double porte ornementée, seule issue, s’ouvre en grand, j’en entends le grincement, il doit y avoir des haut-parleurs dans le petit couloir. Des pas, puis je vois des hommes, certains couverts d’un peignoir, d’autres vêtus d’un simple slip, qui entrent de manière solennelle. J’en compte quatorze qui défilent dans le salon ; quelques-uns vont gober des raisins au buffet, d’autres s’assoient dans les fauteuils moelleux. Ils patientent, certains discutent calmement entre eux. Jeunes et moins jeunes, torses nus, poilus ou non, en forme, emplis de vitalité et bien mis. Cette assemblée exclusivement masculine est diversifiée : des hommes d’origine africaine, des Asiatiques, des Berbères, des Caucasiens.



Je me retourne pour voir l’homme qui attendait dans le couloir avant moi. Bien qu’il ait le visage mi-éclairé, je le reconnais bien, c’est Tony le réceptionniste de l’hôtel dans ce pays de palmiers et de soleil, celui qui m’avait donné la carte de visite m’ayant mené à cet étrange endroit.



Je n’en peux plus de l’entendre, surtout que quelques hommes dans le salon se lèvent, faisant quelques pas et d’autres s’empressent de gober des fruits.



Je me faufile dans le couloir opposé, j’y croise trois ou quatre autres personnes, attentistes au futur spectacle, puis me pose devant la meurtrière donnant vue directement sur la double porte. Un autre homme en ombre, tapi dans le couloir, à une fenêtre près de moi, transpire d’excitation et ne cesse de bouger nerveusement. Je devrais prendre un autre point d’observation, mais la vue me semble parfaite à cet endroit. Le groupe d’hommes dans le salon s’installe entre temps en deux rangs, l’un face à l’autre, faisant une sorte de haie d’honneur. L’homme en sueur près de moi chuchote :



Et en effet, la double porte ornementée s’ouvre, laissant voir Inanna debout dans l’embrasure, les mains sur les hanches, les cheveux longs, noirs et ondulés auréoler son être. Inanna. En longue nuisette noire, semi-transparente, ouverte devant son corps. Son corps, brun, tout en courbes, des seins aux hanches en passant par la taille, avec de longues cuisses, revêt un harnais de cuir noir, les bandes s’enchevêtrant sur son ventre plat, contournant ses seins aux mamelons pointus, s’achevant autour de son cou. Nue, sinon ce harnais de bondage, avec des talons hauts, noir aussi, Inanna considère l’assemblé en rang devant elle, d’un air satisfait. Son visage serein, comblé, porte peu de maquillage, surtout autour de ses yeux, du khôl sombre donnant des ailes à ses longs cils.


Inanna se déplace entre les rangs des hommes debout, au garde-à-vous. Pas à pas, elle les examine d’un air appréciateur, un petit sourire contenté aux lèvres, roulant des hanches, flirtant de temps à autre avec le torse d’un homme immobile, un index entre les pectoraux glissant vers le menton passant à un autre homme tout aussi stoïque. Les quatorze mâles passifs contemplent Inanna qui les passe en revue, un à un, avant de se retourner, les mains de nouveau sur les hanches. Orgueilleuse.


Inanna. Inanna n’est pas Inanna. Je le sais depuis que j’ai pris l’avion pour venir dans cet autre pays de palmiers et de plage. Inanna est Raïssa, mon agente, mon aimée : seule, nue et harnachée, devant quatorze hommes qui n’attendent qu’une chose : qu’elle en désigne un du bout de son doigt aguicheur.

Ce dernier ne tarde pas, il fait tomber son peignoir. Nu, son membre déjà en érection, il fait un pas pour sortir du rang et Inanna lui sourit, l’embrasse, le caresse de sa main avant de s’agenouiller devant lui et de le prendre en bouche.



L’homme exsudant la nervosité près de moi tente de me prendre à témoin. Bien sûr que je vois, connard, et j’en ai mal au ventre : Raïssa suce goulûment un inconnu devant plusieurs spectateurs, certains commençant déjà à se caresser eux-mêmes, d’autre enlevant leur slip et l’envoient valser plus loin.



Ce mot m’entre dans le corps, gorlèze, il n’y a que les Acadiens de MoonWar qui l’utilisent pour désigner mon agente qu’ils veulent abattre, car elle avait fait tomber leur réseau. Et eux, les hommes de MoonWar, avaient trouvé la faiblesse de mon espionne ; celle où elle pointe un deuxième homme à venir près de sa bouche, bouche qui s’empresse de goûter ce nouveau sexe tout en coulissant l’autre de sa main. Un spasme au cœur, au ventre, un souvenir me revient, un souvenir resté en coulisse : elle et moi sur une plage, Milly et Raïssa sur une plage, invitant deux hommes, Luc et David, dans une cabine non loin, l’un d’entre eux qui s’exclame en riant :



Puis, Milly et Raïssa quittant cette cabine se trouvant en coulisse de cette enquête ayant duré trois ans, trop longtemps, Raïssa qui dit à mon alter ego féminin :



J’aurais dû m’en douter depuis le début. La mission « 1000fleurs » lui avait apporté cette tare nymphomaniaque qui n’avait pas été résorbée tout à fait grâce à l’hypnose…

Inanna, la Reine décrétant un sort agréable pour tous et dotée de la faculté de réjouir le cœur de ceux qui l’honorent, appelle un troisième pénis à s’insérer entre ses lèvres, les deux autres toujours pointés en direction de son visage et manipulés par ses deux mains douces et expertes. Je me rapproche de l’homme nerveux à mes côtés, ce « patron » de MoonWar qui s’était faufilé à l’extérieur de mon piège nocturne. Personne ici n’utilise le mot « gorlèze », personne, sinon ceux qui ont décelé la prédilection de mon agente.


Je chuchote à l’homme de MoonWar, qui se retourne soudainement surpris de ma présence, il avait les yeux rivés sur cette bacchanale où Inanna célèbre quatre sexes maintenant offerts à ses lèvres, sa gorge, ses mains.



Malgré le chuchotement, mon ton est directif, le gars le sent bien et je vois ses yeux s’ouvrir quand je prononce le nom de son clan.



Le « patron » – j’ai toujours ignoré son nom, c’est l’équipe chargée de l’enquête qui le connaît – se met à transpirer d’autant plus face à mes menaces, à mes révélations. Ses yeux apeurés vont de moi à la meurtrière. Il n’est pas homme de terrain, il n’est qu’un petit chef avec un esprit de vengeance qu’il ne pourra jamais assouvir. Il tente de se lever, mais je suis rapide : j’ai à la main ma seringue contenant ce poison provoquant des arrêts cardiaques, et je lui enfonce l’aiguille dans la jugulaire sans réfléchir plus loin. Il tombe, la bouche ouverte, râlant en silence. Je le soutiens et l’allonge par terre. Une fouille de ses poches récupère son portable, ses papiers et un petit bouquin bleu. Après réflexion, je range ses papiers là où ils étaient. Il sera rapidement identifié. Je range le reste dans mon sac, près du flingue.


Inanna avait invité un nouvel homme à lui offrir son sexe, elle le regarde maintenant avec des yeux de tentatrice peints de khôl et lui sourit en le masturbant. Du sperme coule déjà dans son cou, un des premiers hommes prend une pause dans un fauteuil. Je sors des « gradins », ce petit réduit sombre, sépulture anonyme et inavouable du dernier homme du clan MoonWar.



Je referme derrière moi la porte dérobée et me plante devant lui, décidé.



Ses yeux sous son front noir et ses cheveux blancs me fixent, interrogateurs. Je continue :



Il prend une grande respiration, me dévisage, cherche dans les tréfonds de sa mémoire embrumée, peuplée du monde interlope LGBT+. J’avais pris ma décision. Il m’avait bien fait savoir qu’il ne pouvait m’introduire que s’il me connaissait, que s’il me faisait confiance. Je me dévoile :



Raul tique aux mentions du Felipa et de Catalina. Il m’observe sans répondre, cherchant à remettre mon visage glabre. Je lui souris à la manière de Milly, fais trois pas de danse féminine avant de m’asseoir sur une chaise, je croise les jambes en prenant la pose :



Ses yeux s’agrandissent et il projette le visage de Milly sur le mien. Il s’exclame alors :



Raul hoche la tête, zyeute son garde du corps qui ignore notre conversation. Puis Raul me sourit, conciliant :



Il fait un large geste de la main m’indiquant la porte. Je le remercie, le garde fait un pas de côté.



Un salon plus petit, tout aussi coquet. Des vestiaires au fond, avec des casiers, des douches. Une autre porte dans un coin, à droite. Des fauteuils et une table basse au centre. À gauche, la double porte. Derrière, Inanna continue à faire son office et je ne veux pas rater le clou du spectacle. Je me dépêche donc, me désape, me douche rapidement, porte attention à mes parties intimes, m’essuie avec une serviette blanche que je noue autour de ma taille.


Inspiration, expiration, j’entre : Inanna, toujours à genoux, ne portant plus sa nuisette semi-transparente, toujours en harnais du cuir entrelaçant son corps magnifique, entourée d’hommes se masturbant devant elle, elle papillonnant d’un sexe à un autre, la langue alerte, agile…

J’entends des râles de plaisir de participants qui coulissent de plus en plus vite leur sexe de leur main. Inanna leur prête une attention particulière en les encourageant :



… et reçois du foutre sur le front, sur les cheveux, sur la langue, sur son sourire, puis achève ces giclées en englobant le membre.

L’homme se retire alors, laissant place à un autre qui se fait accueillir par la Reine de la fellation, maculée de sperme. Je prends place et Inanna, la bouche déjà occupée, touche mon sexe sans poil, mon sexe tout doux, sexe qu’elle connaît par cœur. Elle tourne les yeux, un gland dans sa joue : elle me reconnaît, délaisse son action.

Inanna se positionne devant moi et j’accueille avec plaisir sa prosternation, j’écoute ses prières, je la regarde avec confiance, elle aussi, je reçois ses supplications :



Sans rien dire, je hoche la tête. La main à la base de ma hampe, je m’approche de ses lèvres, elle s’assoit sur ses talons et ses deux mains s’envolent en effleurements et en caresses. Ma queue dans sa bouche, elle ferme ses yeux pour me savourer et je revois mon étudiante en science po me poser des questions sur le réseau de Jacob, sur sa volonté de comprendre « the big picture », je me la remémore, fière, et dire que Jamilla est une pute, que Raïssa resterait Raïssa, j’ai les visions de nos rencontres au bar de la tour Elizabeth, de ses passages dans mon AirBnB, de ses ingéniosités sexuelles, de sa complicité avec Charlène, de nos ballades en métro alors qu’elle me masturbait en cachette…


Sa langue sur mes couilles lisses, sa salive déjà imbibant tout mon sexe, je garde en mémoire tous nos vis-à-vis, la découverte de mon secret, notre voyage vers le Felipa, la féminisation, son enseignement, notre été passé ensemble aux festivals, j’ai envie de lui lécher la chatte, de la doigter, de la faire jouir, de la forcer à jouir, de la baiser…

Deux ou trois queues viennent perturber nos retrouvailles, elles sont dans son cou, près de son oreille, dans ses cheveux. Mon membre au fond de sa gorge, elle ouvre soudainement ses yeux en grand pour s’apercevoir qu’elle et moi ne sommes pas seuls : elle reprend son souffle, s’attaque aux autres sexes autour d’elle tout en me regardant.


J’observe les alentours, la majorité des hommes, toujours nus, est assise et contemple la scène s’astiquant tranquillement. Ils ont déjà joui et profitent de la suite de la scène. D’autres de loin admirent Inanna s’illustrer tout en grignotant les victuailles. Puis, le cercle restreint autour d’Inanna se rapproche d’un seul homme, nous nous masturbons de plus en plus vite et Inanna devient passive, souriante, le cou renversé vers l’arrière, sa longue chevelure pendant dans son dos :



Je vis là une forme d’apothéose lubrique à laquelle je n’aurais jamais pensé. Les uns après les autres, nous éjaculons sur le visage de ma belle qui éprouve un orgasme cérébral de se savoir maîtresse de tous ces hommes, désir central d’une journée qui ne fait que commencer…




20 • Jour du Gang Bang


L’eau ruisselait partout sur son corps, Raïssa se lavait les cheveux les bras levés, les yeux fermés. J’admirais ses seins bondissants, la forme de ses fesses, de ses hanches : qui aurait cru que nous nous serions retrouvés un jour, les deux dans une grande douche commune à quatre jets, tandis que quatorze hommes attendaient tout près de là, après s’être nettoyés aussi. Pas moi. Jamais. Raïssa, en recrachant l’eau qu’elle avait laissé entrer dans sa bouche, me questionnait sur ma présence.

Le plus franc du monde, j’ai raconté la mutation de Charlène aux Affaires internes du Service et le lancement de l’enquête « Mantille » réservé uniquement à notre transgenre préférée, à Richard et à moi :



J’ai expliqué ma rencontre avec Elliot, son ancien instructeur, elle m’a coupé en questionnant :



J’ai fait comme si je n’avais rien entendu pour continuer de relater mon enquête avec Tony, en omettant l’attaque des deux gars de MoonWar dans leur chambre, mais ai fait le lien avec le deepweb pour expliquer ma présence dans cette douche :



Puis j’ai abordé la question du clan MoonWar, des opérations de surveillance et de sabotage que Charlène et moi avons mis au point pour tenter de comprendre :



Raïssa a fermé le robinet, s’est lissé les cheveux et est allée chercher une serviette, tout en m’exposant le plus simplement du monde les tenants et aboutissants :



Malgré le bruit du sèche-cheveux qu’elle utilisait pour rendre toute la beauté à sa chevelure, j’entendais tout :



Raïssa souriait et rigolait un peu en formulant ces dernières phrases, réjouie de son opération :



J’ai acquiescé. L’histoire était d’une simplicité.



Raïssa souriait en s’approchant de moi, qu’elle était belle et majestueuse :



Elle enfonçait son regard dans le mien, un sourire coquin aux lèvres :



Une suite de réminiscences m’est revenue, oui, j’étais bien placé pour le savoir : Charlène et moi, prenant Raïssa en même temps, moi dans son cul, Charlène dans son vagin. Ou le contraire. Ou bien, Charlène ou moi la prenions par-derrière tandis que Raïssa suçait l’autre. Ou encore, moi couché sur le dos, Raïssa me chevauchant qui embrassait Charlène, qui me sodomisait. Ou encore toujours, Raïssa nous suçant en avalant nos deux queues en même temps dans sa bouche. L’amour oral, l’amour anal, l’amour vaginal, l’amour de trois êtres heureux de cette réunion des corps et des esprits.



Raïssa s’est ébouriffé les cheveux en me contournant, j’étais toujours nu et avais un début d’érection. Raïssa fouillait dans une valise ouverte cherchant de quoi se vêtir.



Oui, oui, merci, je me rappelais trop bien du Briscard pelotant les fesses de Milly, moi. Moi, riant comme une fille facile, prenant son sexe en bouche, à genoux entre les jambes du vieux, concentré à ma tâche, les yeux fermés pour bien sentir ce sexe entre mes lèvres, content de porter un top à manches courtes moulant de faux seins, des bas noirs, une jupe ample à plis et non serrée sur mon corps : il y avait moins de chance de remarquer ma propre érection… et Catalina la grande Noire de s’installer pour m’observer. Se masturbait-elle en même temps ? Je ne l’ai jamais su.



Elle a littéralement éclaté de rire, d’un fou rire joyeux :



Entre-temps, elle avait déniché un nouvel habit en cuir, fait en trois parties. Un harnais de poitrine, une bande enserrant son cou puis descendant entre ses seins jusqu’à sa taille fixant telle une ceinture. Puis d’autres rubans noirs, sur ses bras et ses jambes, sur lesquels il y avait des anneaux aux poignets, aux chevilles et qui pouvaient servir de point d’attache les uns aux autres. Elle était superbe. Elle remettait de hauts talons dont les rubans montaient en spirales le long de ses mollets.



Elle s’est levée en sautillant et en lançant un joyeux :



Puis tandis qu’elle farfouillait de nouveau dans sa valise, on a toqué à la porte. Raul est entré s’excusant à moitié et a dit en direction de Raïssa :



Il lui a glissé quelques mots à l’oreille, Raïssa me regardait, les yeux écarquillés. Elle a dit mon nom tranquillement :



Raul a écouté ma phrase, a hoché la tête et a conclu en se dirigeant vers la porte de sortie :



Raïssa s’est approchée de moi, a apposé en douceur ses mains sur mon torse, sur ma joue, m’a regardé sans dissimulation :



Elle m’a laissé pour retourner à sa valise, pour y sortir une très longue écharpe de dentelle blanche dont elle s’est couvert la tête. La mantille couvrait son corps, et on distinguait son harnachement sombre sous le voile :



Elle en riait, toute joyeuse d’être prête. Moi j’étais toujours nu, ne sachant la suite des choses. Ses yeux sombres étaient lumineux et elle m’a lancé soudainement :



Elle a fait une entrée magistrale sous des onomatopées de satisfaction de la gent masculine qui s’était restaurée pendant qu’Inanna faisait ses ablutions. Elle s’est avancée dans la pièce, a laissé tomber la mantille pour dévoiler son corps en entier, puis est grimpée lascivement sur la large table basse centrale. Axe de l’attention, elle est restée en levrette à se dandiner les fesses un certain temps sur le mobilier, le temps d’observer les mâles du gang-bang se préparer à satisfaire la reine au milieu de tous ces sexes dressés. Puis elle a choisi un des hommes qui avait une approche courtoise et élégante, ainsi qu’un sexe normal, capable d’honnête érection. Elle l’a pointé, puis a pointé son cul et l’homme s’est engouffré le nez entre ses jambes. Inanna souriait, en profitait, laissait envoler sa chevelure lorsqu’elle regardait certains hommes à sa gauche, à sa droite. Elle en choisit un autre, mais je n’ai pu voir la suite, j’ai regardé derrière moi, on venait de faire un petit raclement de gorge. Un nouvel homme se tenait là, large, bâti, noir : c’était Elliot, l’ancien instructeur de Raïssa. Il m’a reconnu et m’a souri :



Nous avons ri d’un rire complice et malgré tout, je voulais de nouveau lui péter la gueule. Mais nous étions dans un univers complètement différent, où la culture du pseudonyme est requise, où l’anonymat doit être préservé et je ne pouvais pas lui en vouloir à Elliot, de ne m’avoir rien dit lors de notre rencontre. Quoiqu’un peu plus de temps avec lui, et il aurait craché le morceau… « Vous avez continué, elle et vous, à avoir des relations sexuelles ? » et il m’avait répondu :



J’ai remarqué qu’il avait pris un préservatif dans un des paniers près des lave-mains et j’ai été soulagé de remarquer que tous les hommes en portaient déjà, ou en avaient à la main.

Voyant la princesse sahélienne Inanna, sur la grande table basse, en train de se faire lécher le cul par un homme, alors qu’elle en chevauchait un deuxième et en pompait un troisième, je me suis dit que la journée allait être belle et longue, très longue. « Tant que je suis en forme et tant qu’il y a des hommes en forme ! » avait-elle dit ? Je resterai jusqu’à la fin !




Épilogue • Jour GB + 1 semaine


Elle était belle, Charlène, avec des yeux marron, en amandes. Avec ses fines jambes dans son jean serré. Elle les avait croisées, ses jambes, et ses talons hauts prolongeaient ses chevilles. Ses seins maintenus dans son haut rouge à trois boutons souhaitaient éclater. Ses longs cheveux noirs, aux reflets de rouge, encadraient son visage fin, en triangle. Sa bouche poussait à l’embrasser. Ses yeux encore, perçants, pétillants, à l’iris magique.


Raïssa aussi était sublime, avec ses cheveux noirs et fous nimbant son visage bronzé dans lequel ses yeux noir et lumineux illuminaient celui ou celle à qui elle parlait. Comme Charlène, Raïssa avait croisé ses jambes gainées de bas noirs . On pouvait voir les muscles de ses cuisses à peine cachées par sa jupe en cuir. Elle portait des boots sans talon et une chemisette à manches courtes vert kaki. Le sourire qu’elle adressait à Charlène était équivoque.

Moi, j’étais entre les deux, habillé dans mon rôle de gérant de magasins de disques, appréhendant la réponse de Charlène qui d’ailleurs, n’a pas tardé à jaillir :



C’était la première fois que je la voyais en colère, si on excluait le troisième repas passé avec elle, en compagnie de son « copain » Simon. Lors de ce repas en coulisse, elle jouait un rôle, donc ça ne comptait pas. Mais cette fois-ci, alors que Raïssa et moi venions tout juste d’expliquer le mobile des disparitions – qui ont lancé l’opération « Mantille » –, Charlène était irritée, énervée :



Charlène était plus indignée et susceptible, car Raïssa lui a répondu sans crier gare, et toujours souriante :



La réplique a fait mouche, Charlène s’est de suite arrêtée, interdite, réfléchissant intensément :



Puis Raïssa a planté le coup de grâce. Elle s’est alors retournée vers moi, et m’a pointé du menton :



Je ne m’y attendais pas : j’ai éclaté de rire, d’un véritable rire venu de loin, car je n’aurais jamais pensé que Milly jouerait au jeu proposé par Raïssa. Mon hilarité a déridé Charlène qui imaginait bien la situation : une transgenre et un travesti en plein gang-bang. Raïssa coquine rigolait aussi, car je crois qu’elle l’envisageait finalement. J’ai cessé de rire tranquillement en hochant la tête et en répondant aussi :



Et Charlène a pardonné à son amie Raïssa : peut-être qu’en effet aurait-elle voulu participer aux ébats… Pour Raïssa, ces disparitions étaient ces véritables congés, elle était Inanna, la grande déesse du sexe, qui fait mourir les participants de crise cardiaque, c’était privé, intime et personnel. Mais maintenant que nous avions découvert le mobile, peut-être voudrions-nous y participer ? C’était ce qu’elle venait de nous proposer. Nous avons de nouveau éclaté de rire et avons eu la révélation que tous les trois, serions toujours unis, quoiqu’il advienne.


Nous nous sommes regardés, de la brillance plein les yeux, et le reste s’est déroulé en coulisses. Comme toujours dans le monde de l’espionnage.