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n° 19870Fiche technique55433 caractères55433
Temps de lecture estimé : 30 mn
26/10/20
corrigé 05/06/21
Résumé:  Après avoir perdu le contrôle de la situation, Marc-Aurèle va entraîner l'inconnue du train dans une rocambolesque découverte de l'érotisme et du plaisir.
Critères:  f cadeau cérébral voir fmast jouet champagne -initiatiq
Auteur : Onyx31      Envoi mini-message

Série : BlackBerry vs iPhone : ou la quête de l'érotisme

Chapitre 03 / 04
BlackBerry vs iPhone : plongée au cœur de l'érotisme

Résumé épisode 1 :

Marc-Aurèle, talentueux business man, va tomber sur un os, enfin, pas exactement, plutôt sur un corps de chair et d’esprit. Premier épisode d’une fiction où la technologie froide et impersonnelle mène les deux héros à la découverte de l’érotisme.


Résumé épisode 2 :

Marc-Aurèle se lance dans une folle aventure pour découvrir l’identité de l’inconnue du train. Son plan minutieusement préparé ne s’est pas déroulé sans encombres…





Un soleil blafard inonde ma chambre. Allongé sur le lit, les yeux rivés au plafond, mon esprit est ailleurs. Je n’ai pas fermé l’œil depuis hier soir, le retour du restaurant.

Je dois me faire violence pour me lever. Le miroir de la salle de bain me renvoie le reflet d’une espèce de zombi, traits tirés, barbe naissante, cheveux ébouriffés et, pour couronner le tout, l’œil glauque.

Cette nuit fut infernale, mon cerveau assailli de questions sans l’ombre d’une réponse n’a jamais réussi à me laisser en paix.


Que s’est-il passé hier soir aux « Trois Garçons » ? Rien ne s’est déroulé comme prévu, j’ai perdu le contrôle de la situation et, pire que tout, j’ai improvisé.

À chaque fois que j’essaie d’analyser les évènements, je m’y perds. Tout a commencé quand elle s’est levée pour me déposer son tanga dans une serviette. Pourquoi avoir fait cela ? Pourquoi avoir renchéri avec ce début de strip-tease qu’elle semblait avoir apprécié, au vu de son sourire rayonnant ? Mais alors, pourquoi être partie aussitôt sans mot dire et me laisser sans nouvelles depuis ? Joue-t-elle à souffler le chaud et le froid ?


Renseignement pris auprès de son chauffeur, elle lui a demandé de rouler dans Londres sans destination spéciale. En sortant de la limousine, elle semblait avoir l’air abattue, et peut-être même avoir pleuré. C’est à rien n’y comprendre.




*****




À peu près au même instant, non loin de là, Christelle de Valnor s’éveille. Elle ouvre les yeux, et l’aperçoit immédiatement, par terre au pied du lit : la fameuse guêpière N°8 d’Aubade, l’objet du délit. En une fraction de seconde, elle se remémore tous les évènements de la veille. Elle a un haut-le-cœur, se retourne d’un coup et enfouit sa tête sous l’oreiller.


Malheureusement, ce n’est pas un cauchemar, tout cela est bien réel.

Alors qu’elle essaye de faire le vide dans sa tête, une curieuse sensation attire son attention. Ce contact sur sa peau, étrange, aucun doute possible : elle est nue sous les draps.

C’était bien la première fois que cela lui arrive. Elle a horreur d’être dévêtue, surtout qu’il existe de très beaux déshabillés, sans parler des nuisettes et autres dessous.

Décidément rien ne va plus en ce bas monde !


Mais qu’est-ce qui lui a pris de se comporter de la sorte, elle qui, depuis la rupture avec ses parents, avait tout fait pour leur prouver qu’ils avaient eu tort ? Elle avait mené une vie exemplaire couronnée par une ascension sociale fulgurante qualifiée par certains de success story de la mode. Bien sûr, elle avait eu des amants, le sexe étant aujourd’hui une composante intégrale d’un comportement social normal. Elle y avait pris du plaisir, sans plus, en tout cas, rien de comparable à ce que décrivent les articles sexo des magazines féminins. D’ailleurs, elle avait toujours souffert de sécheresse vaginale… et pourtant, hier soir, son sexe était humide comme jamais, presque dégoulinant. Comment était-ce possible ? Et cette douce sensation qui, pour la première fois, avait irradié son bas-ventre avec une telle intensité ?


Elle se sent au bord du gouffre, prête à basculer, à se perdre irrémédiablement.

Comment va-t-elle pouvoir se sortir de ce mauvais pas. Que va-t-il penser d’elle ? Va-t-il la prendre pour une femme frivole ? D’ailleurs, n’est-ce pas déjà le cas, puisqu’il lui a laissé ce mot : « Aux plaisirs futurs » ?




*****




Ce qui, au début, n’était qu’un jeu prend aujourd’hui une tournure étrange, voire carrément désagréable. Je n’avais pas prévu ces effets secondaires sur mon affect. Bien sûr, j’ai déjà eu des périodes de stress et de doutes, mais uniquement pour le business, jamais pour la gent féminine.

Je ne sais plus qui joue avec qui, qui contrôle qui.

Décidément, je ne comprendrai jamais rien aux femmes.

Mais que faire maintenant ?


Pauline, évidemment !

Primo, c’est une femme accomplie et deuzio, elle me connaît comme personne. Elle saura sûrement me conseiller.

Je sors mon BlackBerry et l’appelle sans plus tarder.



D’un ton fébrile, je me lance dans le récit détaillé de l’aventure comme si ma vie en dépendait.



Je déglutis sous la violence de la révélation, elle me décrit comme un goujat de la pire espèce, elle, Pauline, que j’admire tant. Suis-je vraiment si abject ?



Complètement interloqué, je ne sais toujours que répondre. J’ai systématiquement été plutôt fier de moi, me gargarisant de voir dans les yeux des autres une sorte de jalousie de ma réussite, et être qualifié d’homme à femmes était avant tout un compliment. Mais là, une des personnes qui compte le plus pour moi me traite quasiment de salopard.

Je tombe de mon piédestal et la chute est… vertigineusement douloureuse.



Mon self-control vient de fondre comme neige au soleil.



Putain, je suis vraiment trop con ! C’est pas possible, plus con que moi tu meurs !



Je cherche mes mots, je sens l’instant décisif, la ligne verte est là, devant moi, le moindre faux pas et le couperet tombera, ma tête sera décollée et ce sera la fin.



Le ton de sa voix est sans équivoque, elle se lâche contre moi. Le monde s’effondre sous mes pieds, je m’enfonce, non, je subducte, pire : un trou noir m’aspire inexorablement dans le néant sans le moindre espoir de retour.

Que répondre à ça ?

Trouver les mots justes ?

Impossible, je suis à sec, la vérité est trop cruelle.



Silence.



Cette voix apaisante, tel un fil d’Ariane, me ramène dans le monde des vivants.



Je suis KO, vidé, lessivé.


Réfléchir.

En suis-je encore capable ?

Certainement, mais pour cela il faudrait d’abord que je reprenne figure humaine. Je file me doucher, me raser, enfiler une chemise propre et un costume décontracté et me voici tout fringant dans la salle de restaurant pour le petit-déjeuner.

Le buffet est vraiment gargantuesque et ma première épreuve de la journée sera de faire un choix gustatif.

Une fois assis, je peux enfin me concentrer sur le message de Pauline.


Tout à la dégustation de mes œufs dégoulinants sur le bacon frit, je laisse mon cerveau divaguer à sa guise, se perdre dans les méandres d’une réflexion anarchique où la seule constance est une image fugace, celle du sourire de contentement de Christelle de Valnor après son début de strip-tease.


Suivre mon instinct, a-t-elle dit.


OK, alors, Marc Aurèle, concrètement, on fait quoi maintenant ?


Je sais, me parler de la sorte ne présage rien de bon quant à mon état psychique, mais c’est surtout une façon pour moi de mettre en place un plan d’action en envisageant plusieurs points de vue.


Premièrement, analyser le message de Pauline.

OK, j’en déduis quoi, qu’elle est baisable et respectable ? Que j’aurais dû la prendre sur mon bureau depuis longtemps comme je l’ai trop souvent fantasmé ? Ou le canapé peut-être ? il est plus confortable.


  • — Merde alors, tu peux pas être sérieux deux minutes ?
  • — Tu as raison, très cher Marc-Aurèle, comme toujours, mais je ne vois rien d’autre dans son charabia.


Un ange passe, enfin, je ne sais pas d’où sort cette expression, car personnellement je n’ai jamais rien vu, j’ai juste été assourdi par le silence environnant.



  • — Détrompe-toi, elle a dit, je cite : « à quelle catégorie de femme appartient-elle ? »
  • — Et ?
  • — Et je crois que j’ai une idée.
  • — Putain, Marc-Aurèle, t’es un Dieu !


J’adore m’auto-congratuler, au moins je suis sûr de ne pas être déçu.


L’esprit libéré, je peux me consacrer à la seule dégustation de mon breakfast. Une fois terminé, je remonte dans ma chambre, me laisse tomber sur le lit et empoigne mon BlackBerry.



Véronique est directrice d’une boîte de prod’ d’un genre un peu particulier. Ancienne danseuse professionnelle, chorégraphe à ses heures, elle produit des arrangements et jeux de lumières avec des effets surprenants. Elle vend ensuite ses concepts aux organisateurs de concerts, spectacles et autres.

Après les banalités d’usage, j’aborde le motif de mon appel :



Vingt minutes plus tard, je raccroche.

Attendre, il ne me reste plus qu’à prendre mon mal en patience.

Je profite de ce répit pour prendre un peu de bon temps dans un lieu magique : le Tate Modern. Leurs expositions sont toujours atypiques et d’une qualité sans pareille.


Trois heures plus tard, j’en ressors, comme à chaque fois, les sens complètement chamboulés. Je me réhabitue progressivement à la lumière et regarde le journal des appels sur mon téléphone. Un appel manqué : Véro.


Rappel du correspondant.



Au fond de moi, je sais qu’elle a raison. Le budget est explosé, mais reste dans mes cordes. Alors, c’est parti ! Il faudra encore une bonne heure pour régler les détails techniques. Tout va donc pour le mieux.


Je ne tiens plus en place, un nouveau chapitre de l’aventure commence. Impossible d’attendre plus longtemps, je fais mes bagages, je récupère la berlinetta et me lance sur la route. Direction la France, Bruxelles, Berlin, Prague, Vienne.

1800 km de route.


Je sais, toute personne ayant un minimum de connaissance en géographie me dirait que ce n’est pas le plus court chemin, tant s’en faut.

Mais pour l’instant, je n’ai qu’une envie : passer du temps au volant de ma Ferrari, avant la nouvelle étape de mon plan. C’est là que j’abats mon jeu, ça passe… ou ça casse.

Fidèle à moi-même, je fonce.


Vienne, enfin.

Cette ville est une icône. C’est l’incarnation même de la vie de prince et de princesses. À chaque coin de rue du centre-ville, on s’attend à voir surgir un carrosse doré. Ma voiture de sport rouge écarlate est anachronique, à la limite du vulgaire, pour l’ancienne capitale des Habsbourg.


J’ai réservé à l’Hôtel Impérial de Vienne qui n’est autre que le plus typique palace de la ville. L’atmosphère y est exactement la même qu’au palais de Schönbrunn. On se croirait évoluer dans un film de « Sisi impératrice d’Autriche ». Quelle est la femme qui n’a pas rêvé un jour d’être une princesse ? C’est bien dans cette atmosphère que je voudrais immerger ma belle inconnue. Oui, je sais, je connais son identité, mais pour moi, elle reste MON inconnue. J’ai fait des pieds et des mains pour avoir la suite impériale pour elle. Je me contenterai d’une chambre de luxe. Je n’ai jamais été un prince, encore moins charmant, mais j’aime avoir mes aises, mine de rien.


J’ai plusieurs jours d’avance sur elle. Parfait. J’ai encore du travail.

Et si elle ne venait pas, après l’épisode londonien…

Je ne veux même pas l’envisager.

Jour J, 14 h, le vol que je lui ai réservé se pose à l’Aéroport international.

Commence alors l’interminable attente.




*****




Christelle de Valnor était dans l’expectative.


Jusqu’à hier, jour funeste s’il en est, elle avait toujours mis un point d’honneur à contrôler chaque évènement de sa vie, avec une constance de métronome. Elle avait un but, et rien ni personne ne pouvait l’en dévier. Mais, depuis hier, elle sent sourdre au plus profond d’elle-même une pulsion – non, pas exactement : plutôt une sorte de besoin brutal – qui la poussera fatalement dans un abîme sans fond. Rendez-vous compte, il lui a offert un billet open, donc sans date de retour ! Et ces mots : « aux plaisirs futurs », au pluriel, sont sans équivoques, non ? Céder serait sans conteste anéantir tout ce qu’elle a mis tant de temps à bâtir, ruiner tous ses efforts consentis durant toutes ces années.


Vienne ou Paris, Paris ou Vienne, continuer sa vie si chèrement construite ou tout perdre sur un coup de tête. Car elle le sait, cela ne peut pas être qu’une petite escapade sans lendemain. Non, c’est bien au-delà, c’est… ouvrir la boîte de Pandore.




*****




Comme elle s’y attend, un chauffeur brandissant son nom sur une pancarte est à la sortie du terminal. Elle lui confie ses bagages et se laisse conduire. Arrivant devant la limousine, elle marque un temps d’arrêt et s’enquiert du pedigree de son carrosse.



Elle s’y installe et profite d’une atmosphère inimitable, subtil compromis entre haute technologie et luxe.

Elle prend place sur un des fauteuils arrière et profite de l’immense espace pour les jambes. Des rideaux isolent ce cocon fastueux de l’extérieur tout en dégageant une lumière tamisée. Raffinement suprême, une vitre noire bloque les regards indiscrets du chauffeur.

Elle est isolée du monde extérieur et se sent prête pour entrer dans une nouvelle vie.


Elle enlève ses escarpins, laisse ses pieds jouir de la caresse de l’épaisse moquette et se sert une flûte de champagne.

Elle prend la télécommande et cherche une ambiance lumineuse adaptée. Elle se décide pour un ton légèrement mauve et une lumière douce. Elle allonge ensuite son fauteuil et enclenche la fonction massage. Elle le règle au niveau des épaules et des reins. Elle sélectionne une playlist pop-rock sur la chaîne hi-fi et ferme les yeux. Elle s’abandonne avec volupté à un moment de pure détente.


Cette soirée épique aux « Trois Garçons », à Londres, ressurgit de sa mémoire. Quelle audace elle a eue ! Un trouble apparaît à cette seule pensée, la même sensation qu’elle avait ressentie ce soir-là. Elle a du mal à se l’avouer, mais au fond d’elle-même, elle sait que ce qu’elle appelle pudiquement « trouble », n’est autre que du plaisir. Sans conteste, Christelle de Valnor a pris plaisir à faire « ça ».


Tout en se laissant bercer par la musique, elle écarte et resserre lentement les cuisses. Cela accentue cette douce chaleur au creux de ses reins. Elle ne peut s’empêcher d’y repenser, sa main se pose sur son pubis et…



La voix du chauffeur se fait entendre sur le haut-parleur de l’interphone ramenant brutalement son occupante à la réalité. Il lui faut quelques minutes, pour se ressaisir, calmer sa respiration. Un sentiment de frustration et de plaisir inassouvi monte d’un coup.


Elle descend de la limousine et va directement à la réception du palace. Contrariée, elle ne manifeste aucun signe d’étonnement quand elle apprend que la suite impériale a été spécialement réservée pour elle, comme si cela allait de soi.


À peine dans ses appartements, elle congédie le personnel et va se préparer un bain glacé. Elle y reste jusqu’à ce que la moindre sensation d’émotion, de trouble ou de plaisir ait disparu.

Peu avant l’heure du repas, on frappe à sa porte. Une soubrette lui apporte un énorme bouquet de fleurs accompagné d’une enveloppe.

Le mot dit, en substance :


« Retrouvez ici le faste ancestral dû à votre rang et soyez, pour un temps, la princesse de ces lieux.

Aux plaisirs futurs… »


Rien. Il n’y a rien d’autre. Pas d’invitation, pas de rendez-vous. Elle jette un coup d’œil sur son iPhone. Désespérément muet. Déjà le chauffeur a eu la maladresse de l’interrompre dans son plaisir naissant et là, pour ne rien arranger, elle reçoit des fleurs et un mot sans le moindre indice pour la suite. A-t-il réalisé, au moins, qu’elle a tout quitté pour être là ?


Pourquoi la faire venir à Vienne, si c’est pour rester enfermée ici ? D’humeur massacrante, elle décide de profiter des charmes de sa suite. Elle se fait monter un repas gargantuesque auquel elle ne touche pratiquement pas, une bouteille de son champagne préféré qu’elle vide quasiment entièrement. Elle va se coucher, grisée par l’alcool.

Au moment d’enfiler une nuisette, elle se ravise : non, cette nuit, elle dormira nue.


Au réveil, elle se tourne sur le lit et se fige. Instinctivement, elle ramène à elle le drap à son cou pour cacher ses charmes de la vue d’un observateur invisible. Sur l’oreiller de gauche, il y a un paquet et une rose. Elle est sûre qu’ils n’y étaient pas hier soir.


Une peur panique s’empare d’elle.


Il est venu, c’est sûr, c’est lui, c’est obligé. Il était là et il m’a vue toute nue. Il m’a peut-être même touchée, peut-être prise en photo.

Tout en pensant cela, elle se recroqueville au fond de son lit, se cache sous le drap de satin comme le ferait une petite fille apeurée.


Après plusieurs longues inspirations, elle se calme et se raisonne.

Il s’est toujours comporté en gentleman, un gentleman voyeur, certes, mais en gentleman. Et, elle doit se l’avouer, elle l’avait fortement provoqué.

Et… et… elle lutte encore un peu, pour la forme, et…

Elle aime « ça ».


Christelle de Valnor, trente-cinq ans, malgré une éducation des plus stricte vient de réaliser, pour la première fois, qu’elle a pris plaisir à ce jeu impudique.

C’est un déclic. Non, un choc, ou plutôt, oui, un cataclysme.

En effet, voyez plutôt.


Christelle de Valnor ne s’est jamais réellement masturbée. C’était « mal ».

Christelle de Valnor a du mal à regarder un pénis en érection. C’était « mal ».

Christelle de Valnor s’est déjà caressée, un peu, sans jamais découvrir son intimité avec ses doigts, sans jamais s’attarder sur son clitoris. C’était « mal ».

Christelle de Valnor a déjà ressenti très fortement du désir au creux de ses reins. C’était vraiment « mal », mais tellement agréable !

Christelle de Valnor a frotté sa guêpière Leçon N°8 d’Aubade sur son sexe pour qu’elle s’humidifie, c’était « mal », mais elle l’a quand même fait.

Christelle de Valnor a laissé son tanga dans les toilettes d’un restaurant. C’était vraiment « très mal », mais elle n’a pas pu résister.

Christelle de Valnor a failli se masturber sans retenue pour la première fois, il y a vingt-quatre heures dans une voiture. Si un putain de chauffeur ne l’avait pas dérangée, cela aurait pu être très bien !

Christelle de Valnor se fait maintenant une promesse : à partir de ce jour, plus rien ne sera « mal », tout sera « bien ».


Première résolution : découvrir son corps. Elle se lève et marche, nue, d’un pas apaisé et le sourire aux lèvres, dans la grande salle de bain. Elle se plante devant le miroir.

Elle s’observe.


Tout d’abord, elle regarde sa tête. Elle se sait belle, elle aime ce visage, ses yeux verts, sa chevelure noire. Elle sait très bien jouer de son regard « œil de biche » pour obtenir ce qu’elle désire. Elle descend sur ses seins. Elle les soupèse, les trouve trop petits, c’est pour cela qu’elle a toujours tendance à les tirer par les tétons, rien de sexuel, juste pour voir s’ils grandiraient.

Réflexe de gamine.

Elle les malaxe un peu, comme si elle choisissait un fruit. Ils sont fermes.

Elle aime.


Elle se met de profil, les lâche. Ils ne tombent pas. Elle le sait, mais elle n’aime pas ne pas avoir de soutien-gorge, notamment en faisant l’amour, pour éviter qu’ils ne ballottent.

Ses mains descendent vers son ventre. Il est plat. La peau est ferme, lisse et douce. Vu le sport qu’elle fait et les soins qu’elle porte à son corps, il serait difficile qu’il en soit autrement. Elle ferme les yeux et se caresse des deux mains. C’est doux.

Elle aime.


Elle tape sur ses deux fesses d’un seul coup. Elles sont fermes et rebondies. Elle les sait au goût des hommes. Sa main glisse là où nombre de ses amants ont toujours voulu s’aventurer sans jamais en avoir reçu l’autorisation. Elle y rencontre son anus, y appuie légèrement, sent une résistance, insiste un peu, un peu plus.

Non, ça, elle n’aime pas.

Elle n’est pas encore prête à tout.


Elle se remet face au miroir. Elle regarde son minou. Une épilation très sage de type maillot parfaitement entretenu. Elle passe doucement la paume de sa main sur ses poils. Elle apprécie leur côté soyeux. Elle écarte les jambes pour mieux voir, ouvre ses lèvres vers l’extérieur pour découvrir son sexe. Elle ne voit pas bien. Elle va chercher une chaise, y pose un pied. D’une main, elle prend un miroir de courtoisie et de l’autre tire une de ses petites lèvres et observe.

Rien d’extraordinaire.

Pourquoi les hommes fantasment tant là-dessus ?

Mystère.


Elle repose le miroir et décide de prendre un bain. Une fois dans sa baignoire, elle ferme les yeux, essaie de sentir la chaleur de l’eau diffuser dans sous son corps. Elle se sent bien.

Son esprit vagabonde. Elle se demande ce que peut bien faire Marc-Aurèle. Où est-il ? Que manigance-t-il ? Pense-t-il à elle ? Qu’a-t-il pensé quand il l’a vue, nue sur le lit. À sa grande surprise, cette pensée ne la dégoûte plus comme tout à l’heure.

Elle sourit.


Mais au fait, qu’y a-t-il dans ce paquet ?


Plus tard. Elle veut encore profiter de ce moment de bien-être. Elle finit par sortir, se sèche et noue la serviette sur ses seins pour aller dans la chambre, mais s’arrête prestement. Elle enlève le linge en éponge, le laisse glisser par terre et continue, intégralement nue, vers son lit. Elle s’allonge sur le ventre en relevant légèrement le buste. Sa peau est encore faiblement humide. Elle ramène ses cheveux en arrière, prend la rose et la sens. Son parfum lui rappelle la roseraie de sa grand-mère, au château familial. Elle se remet sur le dos, pose la rose entre ses seins et repense à son enfance.


Mais la curiosité l’emporte sur la nostalgie. Elle se retourne, prend le paquet et l’ouvre.

Il contient une petite boîte. Elle en sort deux petites boules de latex rose reliées entre elles par un cordon. À l’extrémité de l’une un simple fil. Elle n’a jamais rien vu de tel. Elle détaille la boîte qui ne comporte qu’une simple inscription : « boules de geisha ». Ne sachant toujours pas ce que c’est et surtout à quoi cela peut servir, elle prend son iPhone, lance son navigateur internet.


Recherche : Boules de geisha


Au fur et à mesure de sa lecture, elle découvre un monde insolite. Jusqu’à présent, sa connaissance des sex-toys était purement théorique, limitée à une vision soft et coquine telle que présentée dans les articles de la presse féminine. Ici, la réalité est plus complexe, plus crue, plus dérangeante, parfois vulgaire, mais aussi attirante. Certains des objets aux couleurs chatoyantes ne ressemblent en rien à un sexe et apparaissent politiquement corrects.


D’autres, comme ces godemichets en forme de phallus ultra-réalistes et de taille surdimensionnée sont carrément obscènes. Obscène, pourquoi donc ? Si l’objectif est le plaisir solitaire, pourquoi ne pas appeler un chat un chat, enfin, une chatte une chatte, ou une bite une bite, non ?


Elle s’allonge sur le dos, pensive, tenant l’objet devant ses yeux. Il est tout doux.

Elle ne sait pas quoi en penser. Doit-elle être fâchée, offusqué ou flattée ? Est-il si pervers pour lui offrir un tel cadeau ? Faut-il être complètement dépravée pour les utiliser ?

À ce qu’elle vient de lire sur les Geishas, l’usage originel de cet objet dans le cadre du Taoïsme tient plus de la tradition que du sextoy.


Néanmoins, elle est intriguée, hésitante, mais elle doit se l’avouer, excitée aussi. Et de toute façon, il ne saura pas si elle les utilise ou non. Il ne viendra pas voir ! À cette seule idée, elle éclate de rire. Elle reprend la main.


Christelle de Valnor n’oublie pas sa nouvelle règle : à partir d’aujourd’hui, plus rien n’est « mal ». Elle se répète cette phrase comme une sorte de mantra. Galvanisée par cette toute nouvelle énergie quasi mystique, elle glisse un coussin sous ses reins, écarte les jambes, se lèche un doigt, se l’enfonce dans le vagin, le retire, et y enconne les deux petites boules.


Rien.

Pas la moindre sensation.

Elle prend alors l’enveloppe, pensant y trouver un mode d’emploi, mais non. Elle ne contient qu’une invitation pour cet après-midi à la grande galerie, avec invariablement les mêmes mots : « Aux plaisirs futurs… ».

Serait-il à court d’imagination ou, moins réjouissant, radoterait-il ?


L’exposition est prévue pour cet après-midi. Pas de temps à perdre, Christelle décide de se préparer. Elle passe un déshabillé de soie et appelle la réception pour commander manucure, esthéticienne et coiffeuse. Quelques minutes plus tard, deux jeunes femmes frappent à sa porte.


C’est d’abord au tour de la coiffeuse, puis de la manucure. Lorsque la fille d’une vingtaine d’années lui prend la main pour s’occuper de ses ongles, un frisson se propage dans tout son corps lui hérissant les poils.

Elle se laisse aller.

Le contact et la douceur de la jeune fille ont un côté apaisant.


Elles choisissent ensemble la couleur assortie à sa tenue. Pendant ce temps, l’autre fille réfléchit au maquillage qui sublimerait sa cliente, celui qui fera de ces grands yeux verts, l’arme fatale auquel nul ne résistera. Christelle aime ces moments-là. Dommage qu’elle n’ait pas le temps, elle se serait bien prélassée dans les bras d’une masseuse. Mais il n’est pas question de s’abandonner à quoi que ce soit, l’impatience la gagne. Au fond d’elle-même, la curiosité la ronge. Que lui a réservé l’homme au BlackBerry ? Pour cela, une seule solution, aller au palais de Schönbrunn.


Une fois apprêtée, elle remercie les jeunes filles en les gratifiant d’un pourboire impérial. Il faut dire que depuis ce matin, l’humeur est au beau fixe. La journée est partie pour être radieuse. Elle a envie de voir du monde et de se montrer. Elle décide donc de prendre un brunch dans la grande salle à manger. Elle sort de la suite et descend par l’escalier. Elle n’aime pas les ascenseurs et ne les prend que si nécessaire, surtout depuis que son médecin lui a dit que c’était bien mieux pour son cœur et sa ligne. Mais le plus extraordinaire est de descendre les marches d’un escalier monumental : cela a un côté glamour indéniable, telle la star qui arrive sur scène. C’est exactement ce qu’il lui faut aujourd’hui.


À peine les premières marches descendues, des picotements commencent à poindre dans son intimité. Elle semble surprise. Serait-ce l’effet du « cadeau » ? Elle continue sa descente, concentrée sur cette sensation.

Effectivement.

Rien de transcendant, mais quand même perceptible. Elle s’arrête, contracte les muscles de son périnée et sens les boules remonter plus au fond de son vagin.

Doux plaisir naissant.

Elle continue donc, tout en jouant à contracter son vagin au gré de son ressenti. Elle s’installe à une table, déguste son brunch avec une tasse de thé. Ses yeux vont incessamment vérifier l’heure sur sa montre.

Impatience, quand tu nous tiens !


Enfin, le moment tant attendu arrive. Elle commande sa limousine. Direction le palais de Schönbrunn. Ce bâtiment, chef-d’œuvre du style baroque n’est plus à présenter. Elle se dirige directement à l’entrée VIP, donne son invitation et doit patienter dans un salon. Elle vérifie une fois encore son iPhone. Point de message. Une légère moue marque sa déception.


Quelques minutes plus tard, arrive une femme à la démarche assurée, semblant tout droit sortir d’une publicité pour L’Oréal, la quarantaine, cheveux lâchés tout en volume, sourire enjôleur, courbes harmonieuses, et, pour parfaire le tableau, robe de haute couture sublimant sa silhouette.



Elle marque un temps d’arrêt et ajoute :



Isabelle lit l’impatience difficilement contenue de Christelle.



Isabelle prend la main de Christelle et l’accompagne dans une pièce noire. Une fois la porte fermée, l’obscurité est totale. D’une voix douce, elle la rassure. Elles ne sont plus que toutes deux, main dans la main.

Pas un bruit ne règne dans la salle, seule est perceptible une respiration plus rapide que la normale.


Une statue de cire d’à peine un mètre se dévoile progressivement au fur et à mesure que l’intensité du projecteur augmente. Elle découvre alors une petite danseuse au sourire narquois, ou peut-être vicieux, qui sait, mais paradoxalement peu gracieuse, même si colorée au naturel, coiffée de vrais cheveux, vêtue d’un tutu et de chaussons véritables.


Rien d’érotique, ni de particulièrement esthétique, à vrai dire, malgré cet hyper réalisme. La directrice doit percevoir son étonnement. Elle lui prend alors la main et la guide sous le tutu pour lui faire effleurer l’entrejambe de la petite fille. Christelle de Valnor sent sous ses doigts la forme des lèvres d’un sexe outrageusement disproportionné et ouvert.


À cet instant précis, un frisson aussi violent que bref déclenche une forte contraction de son vagin. Elle reste pétrifiée quelques secondes, frissonnante, le temps de reprendre ses esprits.


Ce qu’elle ignore, c’est que les boules de geisha que je lui ai offertes sont un modèle vibrant télécommandé. Et le boîtier de commande est actuellement dans la main droite d’Isabelle. La directrice de l’exposition a été émue lorsque je lui ai raconté mon projet, touchée par la façon dont j’ai choisi les œuvres à présenter. Elle a accepté de me seconder dans ce voyage initiatique que je voulais offrir à celle qui hante mes rêves et mon esprit depuis plusieurs semaines maintenant. Elle m’a assuré qu’elle ferait tout pour que cette visite soit sans pareille. En mon for intérieur, je parierais qu’elle aussi allait prendre du plaisir à la guider vers cette découverte qui n’était pas qu’artistique.


Christelle de Valnor est profondément troublée. Quel lien peut-il y avoir entre son sexe et celui de la jeune fille ?


Isabelle lui raconte alors l’histoire de cette statue de cire découverte au 19e siècle après la mort de l’artiste. Toutes les critiques de l’époque furent choquées par la dissonance de cette statue. En effet, les petits rats de l’Opéra étaient le symbole de la grâce féminine, mais le sculpteur avait décidé d’affubler son modèle de traits disgracieux et caractéristiques de la prostituée, qui, en ces temps-là, était assimilée aux criminels. Certains y virent une dénonciation de l’emprise masculine sur le devenir sexuel des femmes, à travers les faveurs que les mécènes de ces danseuses étoiles réclamaient aux jouvencelles en échange de leur parrainage. Des objets modelés dès leur plus jeune âge pour le plaisir des hommes, aussi bien visuels, artistiques que sexuels.


Isabelle regarde Christelle de Valnor droit dans les yeux, sa main toujours dans la sienne.



Christelle est complètement bouleversée, ne sait plus quoi penser. Dans la mode et dans le mannequinat aussi, les femmes sont régulièrement soumises au bon vouloir des hommes via un système coopté par la société. Mais alors, quelles règles suivre ? Et pourquoi avoir ressenti ce plaisir en bravant un interdit : toucher un sexe féminin ?


De nouveau, l’obscurité les enveloppe. Isabelle entend le cœur de Christelle battre. Elle la guide un peu plus loin.


C’est alors qu’une lumière éclaire une esquisse. Elle s’éteint presque aussitôt. Une autre s’allume quelques mètres plus loin sur une autre esquisse, puis s’éteint à son tour. Ce petit manège recommence une dizaine de fois. Les dessins apparaissent et disparaissent, formant un carrousel virevoltant tout autour des deux femmes, allant de plus en plus vite, à donner le vertige.


Tout se fige.

Tous les croquis restent éclairés. Les deux femmes sont au centre de dix ébauches de Rodin.

Christelle lâche la main de sa guide et avance lentement pour les observer de plus près. Ce sont des esquisses tracées rapidement. Aucun trait particulier ne permet de reconnaître les modèles, que des formes décrivant des postures. Uniquement des corps de femme, seules, à deux ou plusieurs. Comme des instantanés irréels.


Isabelle explique que Rodin travaillait dans son atelier avec ses modèles. Il leur demandait de bouger, de se déplacer, de s’enlacer, de vivre. Il se faisait discret dans un coin, l’œil aux aguets. Et quand il percevait une position qui lui parlait, il figeait la scène. Certains furent à l’origine de bronzes exceptionnels.


Sur tous ces dessins, une constante. On y aperçoit la vulve d’une femme stylisée par de simples coups de crayon. Juste quelques traits représentant les lèvres, pulpeuses, attirantes, sensuelles. Une bouche ou un sexe féminin, il est permis d’hésiter, mais dans tous les cas, il est difficile de résister à l’envie de les caresser, de les embrasser.


Christelle se laisse aller à effleurer des doigts ces courbes.


Elle hésite, puis caresse de nouveau une de ses vulves. Ce coup-ci, point de lancement dans son vagin.

Elle ferme les yeux.

Pourquoi Marc-Aurèle a-t-il choisi ses dessins pour elle ? Est-ce parce qu’à l’instar de Rodin, c’est un voyeur dans l’âme ? Et ces femmes, se laissaient-elles observer uniquement pour de l’argent ? Y prenaient-elles plaisir ? Les artistes sont-ils seulement aussi lubriques que les autres ? Pourquoi le corps des femmes serait une œuvre qui justifierait tant d’attention de la part des hommes ? L’émotion qu’il suscite est-elle si démesurée ?

Tant de questions conflictuelles…

De longues minutes s’écoulent.



Sa guide s’approche d’elle, lui reprend la main. Elle la sent légèrement plus moite que l’instant précédent.

La lumière est coupée.


De nouveau l’obscurité, oppressante.

Christelle serre légèrement la main de son accompagnatrice.

Celle-ci, avec son pouce, caresse à peine le dos de la main de Christelle qu’elle guide quelques dizaines de pas plus loin.


La lumière se rallume.

Devant elle, une statue géante, environ 2,5 m de hauteur. Toute en pierre peinte, a priori d’époque précolombienne.

Elle représente certainement un Dieu avec une silhouette humanoïde, trapue. Il est assis. Il a les bras élevés, près du corps, au niveau de son cou. Dans ses mains, il tient une femme par les chevilles, tête en bas, écartelée.


Cette statue est particulièrement troublante.


Tout d’abord, de la bouche du Dieu sort une langue, énorme, rouge, marquée d’une étoile au centre. Cette langue frôle le sexe de la femme, entièrement épilé et aux lèvres charnues. Il semble prêt à se délecter des délices de son intimité.


Plus troublante encore est la femme.

Imaginez-la, écartelée, tête en bas, bras et jambes tel un X, le bas d’un corps d’une vraie femme, sexe, jambes, cuisses et fesses bien formés, mais sans poitrine, avec des bras et une tête d’enfant.

Peut-être le symbole d’un rituel du passage de l’état d’enfant à celui de femme.

Christelle de Valnor n’a d’yeux que pour cette langue si proche de ce sexe offert. Elle ne sait quoi en penser.

Devenir femme serait-il accepter le plaisir que procure son corps ?

Elle s’approche, tend la main, se ravise.



Cette parole l’engaillardit. Elle pose d’un geste infiniment lent la main sur le sexe de la femme déclenchant un autre frisson dans son vagin, comme précédemment.


Christelle de Valnor est tout encore à ses émotions. Elle est seule, dans le noir et le silence total. Seule la statue est éclairée. Elle repose la main sur le sexe de la femme et, de nouveau, la même décharge. Cela tient de la magie.


Elle recule d’un pas. Le Dieu semble la fixer avec ses yeux noirs, sans être terrifiant. Plus encore, le visage de la fille-enfant-femme est serein. À y regarder plus précisément, il semble sourire. Prend-elle du plaisir ?


Christelle de Valnor ferme les yeux. Elle ne sait plus où elle est, elle sent ses chevilles fermement maintenues. Une langue lui lèche la chatte, remonte vers son clitoris. Chaque coup de langue le décalotte et délivre en elle des ondes de plaisir. Ses jambes flageolent.

Elle se ressaisit.



Elle sent la main de sa guide se poser sur le haut de son bras puis l’effleurer sensuellement tout en descendant. Quand Isabelle lui serre la main, une nouvelle décharge irradie son intimité.


Le silence oppressant, l’alternance entre lumière et obscurité, le trouble ressenti, tout cela chambarde ses sens. Elle ne perçoit plus son corps comme d’habitude, ne semble plus marcher, parler ou autre. Elle est un réseau de nerfs centré sur son intimité, d’où partent tout un tas de sensations plus douces les unes que les autres irradiant chaque extrémité de son être.


Elle réussit à faire encore quelques pas. Ses tempes battent à un rythme effréné, sa nuque la piquette, ses mains sont moites.


La lumière jaillit. Presque éblouissante.

Devant elle, un tableau. Japon médiéval.


On y voit un homme, certainement un samouraï, les muscles saillants et exagérément marqués et ne portant qu’un string blanc. Il est à plat ventre, bras et jambes écartés. Ses fesses musclées sont proéminentes. Il est allongé sur une fleur géante dont les pétales viennent d’éclore. Il semble vouloir l’enserrer de ses bras. Son visage est radieux.


Christelle de Valnor y voit un homme se perdre dans le sexe d’une femme. Mais pourquoi un fier et puissant guerrier serait là si vulnérable, presque en adoration devant ce sexe de femme ? Pourquoi tant d’admiration pour une simple vulve ? Que peut-il bien rechercher ?

Cette dernière remarque s’adresse tout autant à Marc-Aurèle.


Elle l’imagine alors se jeter sur son sexe à elle, y plonger dedans, y disparaître totalement. Elle le sent en elle, chaud et palpitant. Des spasmes commencent à la secouer, bien aidés il est vrai par le déclenchement judicieux des vibrations des boules de geisha. Elle contracte les cuisses, agrippe avec ses mains le tissu de sa robe, serre les dents. Rien n’y fait. Elle tressaille, chaque muscle de son corps est parcouru par des vibrations. Elle se sent submergée. Elle tremble littéralement, figée comme une statue.



Ou les sensations trop fortes, pense la directrice tout en esquissant un petit sourire, toujours cachée dans le noir.



Suivent quelques œuvres mineures, placées là pour laisser tomber un peu la pression.


Entre chacune d’elles, l’obscurité, toujours là, profonde et effrayante.

Surmonter ses peurs et se laisser guider vers la lumière.




Un spot de lumière s’allume ne dévoilant qu’une faible partie de celle-ci.



Christelle de Valnor s’exécute. Elle a partiellement repris ses esprits.


Au fur et à mesure qu’elle avance, le spot lumineux s’élargit découvrant de prime abord une paire de fesses, et, en leur centre, une vulve ouverte. On dirait que le pénis de l’homme qui la pénétrait vient juste de sortir et qu’elle en a encore gardé la forme.


La lumière révèle l’intégralité de la statue. Il s’agit d’une femme, courbée vers l’avant, mains sur les genoux, buste cambré, offrant volontairement sa croupe. En face se tient une autre femme, seins fermes et tétons dressés. De son sexe semble sortir un pénis qui va dans la bouche de la femme penchée.



Elle se plaque tout contre Christelle qui sent alors dans son dos la pression des seins de sa guide. Cela ne semble pas la troubler pour autant. Isabelle lui prend les mains dans les siennes, doucement, lui applique deux ou trois massages brefs, mais suffisamment appuyés pour déclencher de nouveaux frissons à sa partenaire.



En même temps qu’elle profère ses explications, elle donne de légers coups de bassins dans les fesses de Christelle dont le pubis se retrouve plaqué contre le sexe de la statue, imitant ainsi la pénétration. À chaque va-et-vient, l’excitation de Christelle va crescendo.



En disant cela, elle dirige les mains de sa partenaire sur les tétons fièrement dressés des deux femmes.


Christelle ne remarque pas que sa guide s’éloigne.

Elle reste là, rêveuse, le corps inondé d’une chaleur pénétrante. Elle ne voit que ce sexe de femme devant elle. Elle y glisse un doigt. À ce moment, son vagin se contracte, subtilement stimulé par Isabelle. Elle est surprise. Elle réitère l’opération. À chaque fois qu’elle y passe un doigt, une décharge stimule son antre secret. Le plaisir est là, naissant au creux de ses reins. Mais son attention est attirée par la statue de la femme dressée devant elle. Ce n’est pas un pénis d’homme qu’elle a, mais, à mieux y regarder, on découvre un clitoris géant qui sort de son étui pour aller se faire avaler par la bouche de sa partenaire.


C’en est trop. Sa main droite trouve derechef sa chatte déjà trempée depuis belle lurette. Elle y enfourne deux doigts sans ménagement et se cambre immédiatement. Son autre main se pose sur son bouton déjà turgescent. Avec deux doigts, elle commence à tourner autour, puis à le caresser, lentement, puis plus rapidement. De temps en temps, l’utilisation judicieuse de la télécommande par Isabelle l’irradie d’ondes de plaisir. Elle accélère les mouvements circulaires sur son clitoris, puis se met à le tapoter, de plus en plus vite. Elle est debout, parcourue de spasmes, tremblant de tous ses membres. Son esprit est en mille endroits à la fois. Elle voit Marc-Aurèle la pénétrant à grand coup, une autre fois, il l’embrasse à pleine bouche, ensuite, il joue à aspirer son clitoris. Ses mouvements sont de plus en plus rapides. Chaque soubresaut est accompagné de petits gémissements.


C’est bon… très bon… excessivement bon.


Elle n’en peut plus. Au moment où elle imagine de grands jets de sperme sortir du pénis de son amant et l’inonder de sa douce chaleur, une convulsion plus forte que les autres lui arrache un cri et une onde de choc sans égal la parcourt. Elle vacille, mais Isabelle la rattrape. Elle serre les cuisses autour de ses mains toujours dans son sexe.


Christelle de Valnor vient d’avoir son premier véritable orgasme.

C’est… indescriptible.

Elle se jure de ne plus jamais s’en priver.


Elle se laisse aller de longues minutes dans les bras réconfortants d’Isabelle.

La visite prend fin dans le vestibule d’entrée. Elle est toujours troublée, à peine remise de ses émotions. La lumière douce, tamisée est apaisante.

Isabelle s’approche d’elle, lui attrape la nuque de ses deux mains et lui dépose un baiser sur les lèvres.



Christelle l’agrippe par le bras.



Elle se retrouve seule.

Elle se laisse choir sur un sofa, tourne le paquet entre ses doigts. Elle l’ouvre. Il y a une petite télécommande, identique à celle d’une porte de garage. Elle ne comprend pas tout de suite. Elle appuie sur le bouton. Immédiatement une vibration se fait sentir dans son antre encore si sensible. Elle sourit, s’allonge sur le sofa, pose ses mains sur sa poitrine et contracte très fort ses muscles. À cet instant, elle donnerait n’importe quoi pour être dans les bras de Marc-Aurèle, de son amant.


Elle ferme les yeux, très fort, compte jusqu’à trois et les ouvre. Il n’est pas là.

Jeu de gamine.


Elle prend son iPhone et réfléchit.

Elle se lève, va se servir une coupe de champagne et trinque aux plaisirs présents… et futurs.


Elle sourit.

Elle prend son smartphone, se dévêt et s’allonge sur le sofa, enclenche l’enregistrement audio. Ses deux mains glissent le long de son corps, s’attardent momentanément sur ses seins, puis glissent vers la source originelle de plaisirs à la fois si violents et si doux.

Quelques spasmes et un orgasme plus tard, elle arrête l’enregistrement.


Destinataire : Marc-Aurèle.

Message : Merci. Aux plaisirs futurs…

Pièce jointe : Cadeau.mp3



À suivre…