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n° 20022Fiche technique51661 caractères51661
Temps de lecture estimé : 28 mn
21/01/21
corrigé 01/06/21
Résumé:  Un village reculé, deux maisons voisines, dont les proprio ne s'aiment pas, un violent orage. Le décor est planté pour une rencontre inattendue.(merci revedelune). J'oubliais: une femme et un homme.
Critères:  fh fplusag dispute revede voir caresses intermast fellation cunnilingu 69 pénétratio humour -extraconj
Auteur : Domi Dupon  (Une antiquité du site)      Envoi mini-message

Série : Orage Ô Des espoirs

Chapitre 02 / 03
Ô

Précédemment :

Dans un village du Haut-Bugey, un violent orage provoque l’isolement d’un petit hameau. Notre « héros » Jeff éteint un incendie qui menaçait la maison de Madeleine, notre « héroïne ». Cette rencontre allume un feu d’un tout autre genre.




Samedi matin (suite)


Profitant de la légère accalmie qui suivit le départ de Madeleine, Jeff transférait des bûches de l’appentis, situé derrière le chalet, à la buanderie où il gardait toujours une réserve de bois sec. Si, comme il le pressentait, l’électricité tardait à revenir et si, ça il en était certain, la pluie redoublait, il aurait bien besoin de cette réserve pour se chauffer.


Pour lui tenir compagnie et oublier le corps tentateur de Madeleine, il avait allumé son transistor. Après son cinquième ou sixième voyage, il s’arrêta pour écouter le fil info. Le journaliste annonçait que, lors du hold-up place Bellecour, le gardien de la paix, finalement, n’avait été que légèrement blessé. L’agresseur avait été identifié. Il le connaissait, pas personnellement s’entend, mais il était apparu comme comparse dans une affaire sur laquelle il avait travaillé. Bjorn Willander, un truand de bas-étage, un immigré suédois de deuxième génération, né dans le tristement célèbre quartier de Guinguettes. Le mec, il devait taper les soixante balais, un looser, un paumé de la cambriole. Il le voyait mal abattre un poulet, il avait dû s’affoler. Son collègue avait eu de la chance. Sûr qu’il ne courrait pas longtemps.


Un bruit de voiture lui fit relever la tête : la Peugeot rouge s’arrêtait devant l’entrée de la maison voisine. La conductrice sortit de la voiture, regarda le portail fermé d’un air dépité. Haussant les épaules, elle se dirigea vers… Jeff eut le temps de se dire : « One more time ! » avant qu’elle ne secoue la cloche qui lui servait de sonnette.



Son sourire malicieux démentait toute contrariété.



Vu qu’elle était en face de lui, c’était une évidence. Genre de remarques débiles dans lesquelles, il excellait.



Et une de plus ! S’il y avait un César d’enfonceur de porte ouverte, Jeff serait pour le moins nominé.



Les grondements du tonnerre se rapprochaient, annonçant un nouvel orage.



Soudainement, des trombes d’eau tombèrent mettant fin à leur conversation et refroidissant instantanément les ardeurs naissant dans son boxer. Elle courut vers sa voiture. Lui, vers la maison, heureux de son retour, mais également très anxieux quant à la suite des évènements. Il ne faisait guère de doute qu’ils allaient passer la journée ensemble et peut-être la prochaine nuit. Il se surprit à souhaiter que la panne d’électricité perdure tout en se persuadant qu’il vaudrait mieux qu’EDF intervienne.


Elle avait garé la voiture, le cul contre la porte de son garage. Le temps de prendre sa petite valise et son baise-en-ville dans le coffre, l’ondée ne l’avait pas ratée. Il lui tint la porte tandis qu’elle se précipitait à l’intérieur. Elle n’avait pas pris le temps de passer un vêtement de pluie et son sweat collait à sa peau surlignant les courbes de son torse. Malgré son soutien-gorge, ses tétons, sous la froidure de la pluie, s’étaient érigés, la rendant ainsi très sexy. Profiter de son corps par transparence devenait une habitude.


Elle se rendit compte de la contemplation muette dans laquelle ce spectacle l’avait plongé. Une légère rougeur envahit son visage avant qu’un large sourire ne l’éclaire.



Elle éclata d’un rire franc et joyeux avant de se précipiter dans ses bras, tremblant de tous ses membres. Un éclair aveuglant suivi quasiment instantanément d’une forte déflagration si proche que les murs en avaient résonné avait provoqué cet élan irréfléchi. Par réflexe, Jeff l’avait enlacée et serrée contre lui. Il lissait ses cheveux mouillés en lui murmurant sur un ton apaisant les banalités de circonstances, genre :



La réponse immédiate de Madeleine le surprit : elle s’encastra littéralement contre lui. Ses mains remontèrent, se cramponnèrent à ses omoplates. Inconsciente (?) de l’effet qu’elle produisait sur lui, elle posa sa tête au creux de son épaule dans un geste d’abandon. Il n’était qu’un homme. La main qu’il avait posée haut dans le dos descendit jusqu’au bas des reins dans un tendre mouvement. L’incongruité de son geste lui apparut soudain. Il interrompit ce qu’il ne pouvait appeler autrement que caresse. Justement, il était un homme, pas un animal. Loin d’être un saint, Jeff avait donné quelques coups de canif dans le contrat nuptial, mais seulement des coups de queue, des coups d’un soir, jamais des coups de cœur. Surtout, il n’avait jamais couché, même du temps de son célibat, avec une femme mariée. Et Madeleine l’était ! Il se dit qu’il venait de mettre le pied (en l’occurrence plutôt la main) dans un sacré bourbier.


Ils restèrent, ainsi enlacés, un long moment, n’osant ni parler ni bouger. Puis leurs regards se rencontrèrent. Jeff, une petite seconde crut que tout allait basculer, mais Madeleine se reprit. Elle se détacha doucement de lui.



Pourtant ça continuait de pétarader de tous les côtés, mais elle lui souriait avec naturel, sans aucun malaise.



Putain, il se serait baffé. Le roi des gaffes, il était. Il venait de la traiter de vieille alors qu’il l’aurait volontiers embrassée, voire même beaucoup plus. S’il avait voulu la mettre dans son lit (quoique ça, c’était déjà fait !), il venait de gâcher toutes ses chances. La réaction de Madeleine ne fut pas celle qu’il redoutait. Elle éclata d’un rire franc et joyeux. Il aimait ce rire qui le changeait du rire artificiel qu’affectionnait Mathilde. Elle était tellement jolie, tellement tout ça, quand elle riait ainsi. Il en oubliait son âge.



La juxtaposition de ces deux affirmations et la caresse le troublèrent énormément. Mais déjà, elle pirouettait.



Elle partit faisant tressauter les roulettes de sa valise sur les marches qui menaient à l’étage et dessinant ostensiblement des huit avec son postérieur.


La journée promettait d’être intéressante. Et la nuit sans doute aussi. On ne peut vaincre sa destinée, régurgita-t-il d’une lointaine scolarité.




#***************#




Pour le déjeuner, afin de profiter d’un peu de clarté, ils s’étaient installés dans la véranda. L’intérieur du chalet baignait dans une lumière crépusculaire. Ils avaient cuisiné à borgnon* comme on dit dans la région lyonnaise. Protégée par le poncho de pluie et les pieds nageant dans les bottes en caoutchouc qu’il lui avait prêtées, Madeleine avait fait un rapide aller-retour chez elle pour y chercher le poulet qu’elle avait prévu pour son repas de midi.


Pour égayer ce temps maussade, ils avaient décidé d’accompagner cette volaille à la crème du traditionnel gratin dauphinois et d’une salade verte. La préparation les avait occupés le reste de la matinée. Ils avaient travaillé main dans la main. C’est une mets-toi fort (sorry, métaphore) bien que leurs mains se soient rencontrées à plusieurs reprises. Cela n’avait pas provoqué des crépitements de funésiens, seulement quelques échauffements au niveau du bas-ventre de Jeff. À l’étage au-dessus, dans son cerveau, alors qu’ils devisaient gaiement en cuisinant, se livrait, une guerre attirance vs répulsion. Mais, plus ils parlaient, plus ils s’attouchaient anodinement et plus ils entraient en sympathie. Depuis le début du combat, la répulsion perdait round après round. Jeff, loin de « elle est mariée, c’est pas le genre de la maison », cherchait une, enfin des stratégies pour…


Il avait bien garni la cheminée et ils avaient laissé la porte de communication avec le salon ouverte. Malgré tout, la température ne devait pas dépasser les 18° et ils portaient l’un comme l’autre de chauds chandails. Ils avaient sauté l’épisode apéro, trop pressés de manger quelque chose de chaud. Alors que Madeleine finissait de le servir, Jeff leva son verre d’Altesse, ce cépage dont Frank Peillot**, dans le Bugey, avait su tirer la quintessence.



Le tutoiement leur était venu naturellement au cours de leurs pérégrinations culinaires.



Elle en remettait une couche. Elle ne voulait vraiment pas qu’il l’identifie à sa génitrice. Par coquetterie ? Ou plus, si affinités ? La répulsion se faisait travailler au corps. Il retint in extremis la réflexion malicieuse et coquine qui lui était venue à l’esprit : « Ma maternelle ne m’a jamais tenu la… »



Jeff s’interrompit brusquement, se rendant compte de l’énormité qu’il allait dire.



Pressé de changer de sujet avant de s’embourber un peu plus, il demanda.



Le sourire qui accompagnait cette affirmation en disait long. Enfin, c’est du moins ainsi qu’il l’interpréta. La répulsion venait de prendre un uppercut et avait été projetée dans les cordes.



Et de lui expliquer son métier d’informaticien au service de la loi. Il dut réprimer son enthousiasme : non, il n’arrêtait pas les criminels avec son gros pistolet et non, il n’avait rien d’un Geek et encore moins d’un hacker. Il allait rarement sur le terrain travaillant la plupart du temps dans un bureau où il fouillait dans des bécanes et sur le net pour découvrir ce que tentaient de cacher des malfrats de tout poil. En tout cas, ce devait être plus intéressant que son job d’infirmière. Jacky lui avait assez reproché ces semaines où elle travaillait sept jours sur sept. Alors, elle n’avait rien à dire à ses week-ends de « travail ».


Le repas s’était agréablement passé. Ils venaient de finir une bouteille de Beaumes de Venise sur le fromage après avoir enterré celle d’Altesse. L’alcool déliait la langue de Madeleine et levait ses inhibitions (si elle n’en avait jamais eu).



En prononçant ces paroles, elle posa à nouveau sa paume ouverte sur sa main et la laissa quelques longues secondes avant de la retirer. La répulsion était au sol et l’arbitre avait commencé à compter.



Elle l’interrompit.



Elle compta sur ses doigts.



Toutes les pièces s’illuminèrent évitant à Jeff la réponse gênante qu’il s’apprêtait à lui faire : il utilisait ses mains, surtout la droite.



Elle se leva prestement et voulut lui donner un coup de poing. Il attrapa sa main au vol. Leurs doigts s’entrelacèrent. Otan suspend tes vols. Elle eut une moue incertaine…



… et elle s’enfuit vers la cuisine.




#***************#




Quand il revint, Madeleine versait l’eau frémissante dans la cafetière à piston. Il s’abîma dans la contemplation du café qui colorait lentement l’eau.



Elle le faisait exprès ! Mais elle passait déjà à autre chose.



Le coup était parti. Mais une fois de plus, il n’avait pas pu contrôler son impulsivité. Incorrigible, il était. Il eut peur d’avoir gâché la complicité naissante. La réponse d’une Madeleine rougissante, mais souriante, le rassura.



La fuite en avant !


Pendant qu’il écrasait le marc, elle lui demanda si elle pouvait mettre son téléphone en charge. Il lui montra le sien et lui dit d’en faire autant.


Elle, prenant des mugs, lui la cafetière, ils retournèrent dans la véranda.


En y pénétrant, elle désigna de la tête une cigale en céramique que Mathilde avait ramenée d’un de ses séminaires.



Un flash explosa dans le crâne de Jeff. Une révélation soudaine. D’une voix insidieuse, il questionna.



Il vit la même lueur éclairer son regard.



Ils trouvèrent vingt-cinq concordances entre le mois de décembre et le 23 mai et pas seulement des week-ends. À ce stade-là, on ne pouvait plus parler de coïncidences.



Pour faire leur recherche, ils s’étaient assis côte à côte, ou plutôt épaule contre épaule, devant la cheminée. Elle lui prit la main.



Elle prit son téléphone. Quand elle parla, il comprit qu’elle s’adressait à la messagerie.



Elle doubla son message vocal d’un texto.



Madeleine avait raison. Le temps d’aller refaire du café, son portable sonnait. Elle décrocha et mit le haut-parleur.



Après appui sur la touche « mute » de son smartphone, elle murmura à l’intention de Jeff :



Le doigt à nouveau sur « mute » :



Silence. Jacky venait de se rendre compte qu’il s’était fait piéger.

Touche mute. « Vraiment trop facile ! Il est trop stupide ! ». Elle attendit :



Madeleine éclata de rire.



Un blanc avant qu’il ne se mette à hurler.



Le dernier doute s’était envolé. Ce temps mort. Cette crise de rage. Très révélateur. Avec une froideur glaciale et un, calme olympien, se permettant même de lui faire un clin d’œil, Madeleine reprit :



Jeff la regardait, ébahi. Elle ne manquait pas d’air. Le darknet ! Il ne s’y serait pas aventuré avec son portable perso même pas équipé de l’antivirus le plus performant du commerce. Mais l’autre marchait, ça se sentait à sa voix qui perdait de son tranchant.



Enfin pas encore… On n’était pas loin du KO pour la répulsion. Le portable de Jeff bipa. Message de Mathilde :


« Dsl ! jaurais dû te le dire : (.

On s’expliquera quand je rentrerai. »


« Aucune explication ne sera nécessaire. Tu trouveras tes affaires au garage.

Au fait, ne te presse pas le torrent a débordé et le pont est infranchissable. »


Et elle raccrocha. Il le fit lire le message à Madeleine.



Son téléphone sonna. Elle l’ignora superbement.



La direction de son regard indiquait clairement le double sens de ses paroles. La répulsion sortit du ring en titubant et les quelques anges qui avaient résisté jusque-là quittèrent la pièce dans des battements d’ailes dégoûtés.



Et d’enfiler le poncho posé sur un séchoir à droite de la cheminée. Son portable fit à nouveau entendre sa sonnerie aigrelette. Elle refusa l’appel, tapa un message qu’elle montra à Jeff :


« Game over ! »


Puis sans état d’âme apparent, elle éteignit l’appareil. Scotché, il n’avait pas encore bougé quand elle revint après avoir claqué la porte.


Elle se défit du poncho et se rasseyant.



Le sérieux de son ton lui fit retourner la tête se demandant si… l’ironie du regard la rassura.



Leurs yeux se croisèrent. Instant de flottement où dans tout bon film, on s’attend à ce que la bouche du héros s’approche de celle de l’héroïne pour un baiser passionné. Jeff ne pouvait pas déroger à la règle. Il attira la femme et appuya ses lèvres sur les siennes. Bref moment d’intense frayeur : il avait le sentiment qu’elle en avait envié, mais… Il avait trente-cinq ans, elle en avait cinquante-huit… L’âge ne fait rien à l’affaire quand… Avec une nana de sa génération, il n’aurait eu aucune hésitation, mais il craignait de la blesser. La petite langue qui s’insinua entre ses lèvres, la main qui se posa sur sa nuque… Magique, il oublia tout.


Rien du film américain où après vingt secondes, les protagonistes s’arrachaient leurs vêtements et les jetaient au travers de la pièce, mais baisers câlins du coin de lèvres, doigts qui découvraient le visage, corps qui s’enchâssaient dans une tendre étreinte. Aucune presse, aucune pression, les aiguilles de la pendule du temps patinaient. Un pull-over qu’on roulait vers le haut, un pantalon qui tire-bouchonnait vers le bas. Un sein étonnamment ferme qu’on empaumait, une verge qu’on empoignait. Un râle, un soupir. Des lèvres qui aspiraient un téton. Un peu de gymnastique. Une bouche qui se refermait sur un gland.


Un épisode plus tard, ils se retrouvaient tête-bêche devant la cheminée qui entourait leurs corps nus d’un faible halo lumineux. Après qu’ils se furent abreuvés d’une première vague de plaisir, ils se séparèrent, se regardèrent, regardèrent autour d’eux. Perdus dans leur monde de volupté, ils ne s’étaient même pas aperçus que l’électricité avait de nouveau sauté, pas plus qu’ils ne savaient comment leurs vêtements s’étaient retrouvés épars sur le tapis.



Elle ne parlait pas des liqueurs séminales car…



Jeff qui avait redressé sa grande carcasse sembla réellement prendre conscience de la nudité de sa compagne. Il bloqua un instant puis il lui tendit les mains pour l’aider à se relever.



Il empauma les seins de la femme.



Du bout du pouce, il en excitait les pointes. Puis, ses mains suivirent les lignes de sa silhouette pour s’arrêter à la hauteur du nombril.



Sa progression vers le bas avait repris. Ses doigts s’égaraient dans une toison aux poils follets.



Il éclata de rire.



Devant son air effaré :



Nouvel air effaré avant que la lumière se fasse.



Avant qu’il ne puisse répondre, elle avait collé son corps au sien et sa bouche à la sienne pour un bref baiser vorace. Elle le repoussa.





#***************#




Emmitouflés dans des peignoirs de bain, ils avaient bu, allongés sur le tapis, devant la cheminée, parlant et riant beaucoup. Ils s’étaient embrassés, câlinés toujours en prenant bien soin de ne pas trop aviver la flamme, mais sans jamais la laisser s’éteindre. Leurs caresses, leurs baisers avaient évité soigneusement certains secteurs trop inflammables. Toute l’après-midi, tacitement, ils avaient entretenu une atmosphère hautement sensuelle qui les maintenait dans un état de désir permanent.


Jeff bandait depuis des heures, mais d’une bandaison « raisonnée ». Il voyait la même excitation chez Madeleine, tant à la turgescence de ses tétons qu’à l’apparition de gouttes de rosée sur ses poils pubiens. Pensées parasites : à son âge, elle devait être ménopausée pourtant, elle mouillait. Abondamment, il n’aurait su dire. Il vérifierait… mais plus tard. Il n’aurait voulu pour rien au monde troubler cet instant improbable. Il n’avait jamais vécu une telle expérience. Elle, non plus sans doute. Il savait bien qu’ils ne pourraient pas résister indéfiniment, mais ils retardaient l’échéance, ils repoussaient les limites. Ce sentiment de fusion, d’osmose resterait un moment unique. Il lui semblait que lorsqu’ils passeraient à l’acte, une partie de la magie allait s’éteindre, disparaître et que, jamais plus, il ne retrouverait cette sensation.


Ils étaient parvenus à une telle tension que le plus petit geste, le plus infime regard déclenchait des ondes de plaisir.


Soudain, Madeleine lâcha prise. Il lui suffit de quelques mots :



Ils se jetèrent l’un sur l’autre roulèrent sur le tapis. Tout se mêla, s’emmêla. Leurs bras, leurs jambes, leurs bouches pour atteindre l’ultime. Il la pénétra ou elle s’embrocha sur son pieu, peu importe. Impression bizarre : habitué à faire l’amour avec Mathilde qui avait des sécrétions abondantes, il avait une impression étrange d’étroitesse, d’une certaine rugosité. Malgré le soyeux de ce canal, sa verge frottait contre les parois. Lui faisait-il mal ? Il pensa, un instant, lui demander. Elle répondit à la question qu’il n’avait pas posée en le faisant basculer sur le dos. Elle passa à l’offensive. Ses fesses claquaient sur les cuisses de Jeff au rythme effréné de son galop. Le feu ! Elle lui mettait le feu ! Ils perdirent tout contrôle. Tour à tour dessus, dessous dans un ballet déjanté, dans une agitation savamment désordonnée. Soudain, le temps et leurs contorsions s’arrêtèrent. Tétanisés, collés, soudés l’un à l’autre, tendus comme la corde de l’arc avant le tir, ils savourèrent leur commun orgasme, laissant leur jouissance s’étirer, s’étaler, les dévorer. Ils la dégustèrent sans en perdre une miette, une goutte. Il se déversa en elle tandis qu’elle arrosait cette lave brûlante de sa fraîche cyprine. Il ne se demandait plus si elle lubrifiait.


Puis arriva l’instant qu’il avait redouté. Leurs corps s’amollirent sans toutefois se désenchâsser. Ils perdirent peu à peu de l’altitude. Ils tournèrent longtemps avant d’atterrir, s’avachir. L’inconfort et la froideur du sol qu’ils avaient ignoré pendant leurs transports les ramenèrent à la réalité.



La température avait drôlement baissé dans la pièce. La cheminée ? Il restait quelques braises. Tout à leur voyage, ils avaient oublié de l’alimenter. Il se releva, alla chercher les peignoirs qu’ils avaient à un moment quelconque, balancé sur un des fauteuils. Il en tendit un à Madeleine et enfila l’autre puis tenta de ranimer le feu. Celui-ci contesta et cela lui prit plusieurs minutes avant qu’il ne daigne reprendre. Bien qu’il se soit activé, Jeff était frigorifié. Quant à Madeleine, assise, les bras croisés, les mains crispées sur ses épaules, elle tremblait de tous ses membres. Il pensa la prendre dans ses bras et la réchauffer, mais il comprit immédiatement que ça ne suffirait pas. Avoir froid à deux ne les réchaufferait pas.


Il se précipita à l’étage et redescendit tout aussi vite. Madeleine se tenait, tremblante, les mains tendues vers les flammes qui montaient de la cheminée. Il l’enveloppa de la couette qu’il avait arrachée de son lit,



Il la rejoignit. Elle se blottit contre lui. Elle lui glissa dans une tentative d’humour :



Malgré la situation, ils éclatèrent de rire.



Il s’installa en tailleur, la souleva et posa son petit derrière sur ses cuisses. Elle trouva immédiatement la position adéquate en ceinturant sa taille de ses jambes.



Pour seule réponse, elle l’embrassa. Ils se câlinèrent bien à l’abri sous la couette, se baisouillant le museau. Tant et si bien que Madeleine s’interrogea :



Il passa les mains sous ses fesses, la souleva et présenta le truc dur à l’entrée d’un réceptacle prêt à l’accueillir.



Et de ponctuer cette affirmation d’un petit rire satisfait avant que sa voix ne se voile pour déclarer.



Il posa un doigt sur ses lèvres pour la faire taire, mais, planta son regard dans le sien, elle continua.



Il plaça les mains de part et d’autre de ses hanches l’aidant dans ses ascensions et la retenant lors de la descente. Elle avait passé ses bras autour de son cou afin d’amener la tête à la hauteur de la sienne. Conséquence, il dut s’agenouiller pour que son bassin reste au contact du pubis de Madeleine et que le truc ne sorte pas du machin. Leur posture ne leur donnait pas une grande de liberté de manœuvre. Mais cela ne leur importait peu, ils naviguaient à mille lieues des exploits puciers chers aux fantasmeurs de tout poil. Ce trémoussement mécanique n’était que la manifestation visible de la vague intérieure qui les secouait. Longue à venir pour Jeff, la conclusion de cette troisième manche, laissa le temps à Madeleine de toucher le ciel plusieurs fois.


Quand le mot fin apparut sur leur écran de contrôle, ils s’écroulèrent, épuisés, dos au tapis. Ils se débarrassèrent de la couette, ils n’avaient plus du tout froid. Peut-être était-ce tout simplement à cause des bûches qui flambaient joyeusement à quelques centimètres de leurs corps rassasiés.



Quand elle vit le regard inquiet que Jeff lui lançait, elle éclata de ce rire qu’il commençait vraiment à aimer.



Il l’attira à elle et l’enlaça.



Son rire, qu’il aimait tant éclata.



Les heures défilèrent sans qu’ils en aient conscience. Alimentant la cheminée à tour de rôle, ils discutaient en se câlinant ou se câlinaient en discutant. Jeff n’avait pas ressenti un tel sentiment de plénitude et de partage avec une femme depuis très, très longtemps. Alors qu’il lui demandait si elle voulait une boisson chaude, elle lui répondit :



L’obscurité qui avait envahi prématurément la maison les obligea à utiliser des bougies pour éclairer un tant soit peu la salle de bain. Du moins ne risquaient-ils pas l’électrocution. Le romantisme de la situation leur échappa. La faible température de l’eau venant du cumulus nécessita l’ajout de plusieurs bouilloires et casseroles de flotte très chaude et les encouragea à un bain rapide avant de s’habiller chaudement.


À leur retour au rez-de-chaussée, la nuit était tombée. Les pluies orageuses avaient cessé, remplacées par un petit crachin. De la véranda, ils avaient cru apercevoir quelques étoiles. La météo s’améliorait. Les exploits sportifs de l’après-midi les avaient affamés. Ils engloutirent les restes du repas de midi. Après avoir mangé, la fatigue les submergea. Un bon lit, ils ne voulaient rien de plus.


Récupérant la couette au passage, ils montèrent se coucher. Ils l’installèrent à la va-vite sur le lit et s’y blottirent. Presque aussitôt, ils s’endormirent tendrement enlacés.



FIN DE LA PARTIE 2


À suivre



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* à borgnon : patois lyonnais et bugiste adv. À l’aveuglette, à tâtons. Avancer à borgnon ou être à borgnon quand on est dans un endroit mal éclairé. - Retour


** Frank Peillot : viticulteur dans le beau village de Montagnieu (01) et produisant de très bons vins du Bugey, entre autres un « Altesse » sérénissime et une excellente Mondeuse. - Retour