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Temps de lecture estimé : 26 mn
08/06/21
Résumé:  Entre les meurtres de Sanmarco et de son associé Park Sen Trahl, Colette ne sait plus où donner de la tête. Sa vie sentimentale ne simplifie pas la donne. Pour couronner le tout, les soupçons se dirigent vers son ami(e) trav.
Critères:  fh travesti policier -policier -travesti
Auteur : Domi Dupon  (Une antiquité sur le site)            Envoi mini-message

Série : Fatale Fellation

Chapitre 04 / 09
Mise à l’air

Résumé de l’épisode précédent  :

Park Sen Trahl est trouvé mort à son tour. Même si le crime ressemble à celui de Sanmarco, la légiste pense à un « copycat ». Après les interrogatoires de deux dernières maîtresses de Sanmarco, l’image de celui-ci s’obscurcit. Colette penche pour une vengeance.







CHAPITRE 11


La matinée avait passé à la vitesse Grand V et je me retrouvai à la cafèt’ de l’hôtel de police à bouffer un truc insipide, mais hygiénique en compagnie d’Anna. Par un accord tacite, nous ne parlâmes pas de l’affaire. Pourtant cela m’aurait arrangée. Je ne savais pas ce qui se passait dans la tête de mon adjointe (et dans la mienne). Avec le temps, nous étions devenues copines, puis amies et complices, mais sans aucune arrière-pensée. C’était avant. L’impression qu’une porte s’était ouverte. Anna m’avait toujours plu intellectuellement voire physiquement. Quand elle a rejoint la team, en couple, amoureuse, assez conne pour rester fidèle, je ne m’étais jamais posé de question. Par la suite, une relation sans ambiguïté s’était installée entre nous et je ne la voyais pas comme une « proie » possible. De plus, sa sexualité me semblait très orthodoxe. Pour moi, comme pour la religion, à chacun ses croyances et ses pratiques tant que ça n’interférait ni avec le travail ni avec notre complicité. Tout cela ne me regardait pas. Anna, de son côté, avait toujours maintenu une certaine distance. Aujourd’hui, techniquement, j’étais sur le marché et…



Perdue dans mes cogitations, j’avais laissé un silence pesant planer sur notre table. Perturbée, je répondis :



Avant d’immédiatement rectifier :



Pas de ça, Lisette !



Et la belle de piquer un fard.



L’arrivée du brigadier de garde lui évita de s’enfoncer plus.



Un coup d’œil à ma montre : déjà 14 h 10.



Contrairement à la 412 qui donnait l’impression de se retrouver entre amis, la 415 ressemblait à s’y méprendre aux salles d’interrogatoire des séries américaines.



Je voulais qu’elle soit mal à l’aise. Pas que je pensais qu’elle ait quelque chose à voir dans le meurtre… Son alibi était béton… Complice… improbable, mais pas à exclure totalement… Je voulais lui mettre la pression afin que, pour se dédouaner, elle vide son sac.


Cette diversion chassa la gêne générée par les propos d’Anna.



#***************#



Madame l’ex avait délaissé ses talons d’échassiers pour des ballerines noires très sobres. Idem pour la tenue : un jean de marque, un petit chemisier blanc, une veste cintrée en cuir souple qui ne sortait pas de chez La Redoute. Elle se la jouait profil bas.


Le temps de boire un café, nous avions mis au point notre tactique d’interrogatoire. Nous la considérerions comme suspecte. Son alibi nous avait paru trop parfait. Rien ne l’aurait empêchée, vu les relations de son ex-mari, d’avoir engagé un professionnel. Complètement bidon ! On n’était pas aux States ou dans un polar, mais en France, dans la vraie vie. Mais comme les honnêtes gens imaginent la police au prisme des séries américaines… C’était un peu du quitte ou double. Soit elle nous racontait ce qu’on avait envie d’entendre, soit elle se montrait rétive et demandait un avocat. Je comptais sur le charisme « gentil flic » de mon adjointe pour qu’elle choisisse la première solution.


Elle réussit royalement son coup en prenant la défense de madame l’ex en déplorant mon attitude agressive due à ma récente rupture et la haine que celle-ci avait générée. Quatre ou cinq jours auparavant, je l’aurais tuée, cette salope. Aujourd’hui, les efforts qu’elle faisait pour salir Gaby déclenchaient en moi une réaction beaucoup plus ambiguë. Son discours s’adressait plus à moi qu’à notre « suspecte », mais il eut l’effet escompté : il m’attira la sympathie de Rose et lui délia la langue.


Comme moi, elle haïssait son mec quand elle l’avait largué (faudra que je remercie Anna d’avoir omis de préciser que j’étais une sale gouine… enfin, après lui avoir foutu mon poing sur la gueule, ou ma langue…). En effet, c’était elle qui l’avait largué. Et elle nous raconta avec force détails.


Elle avait rencontré Paolo pendant l’été 78. Âgée de 16 ans, naïve, elle était tombée dans ses bras. Avant la fin du mois de juillet, il l’avait dépucelée. Il avait tenu à le faire chez ses parents alors qu’ils étaient absents, dans sa chambre d’adolescente. Plus tard, elle avait compris l’importance du lieu et de son apparence juvénile. Lorsqu’il l’avait draguée, sa poitrine brillait par son absence, ses hanches étroites lui donnaient un air androgyne. L’aventure avait perduré après les vacances pour aboutir à leur union. Jusqu’à la naissance de Mario, elle avait vécu sur un nuage : un mari aimant qui la couvrait de cadeaux, un amant imaginatif, mais délicat qui la satisfaisait pleinement.


Rosette avait commencé à déchanter après son accouchement. La maternité l’avait transformée physiquement. Ses hanches s’étaient étoffées, sa poitrine avait gagné plusieurs tailles. La femme enfant avait cédé la place à une femme, toujours aussi menue, mais aux formes épanouies. Paolo n’avait pas du tout apprécié. Il avait encore moins apprécié que la maternité ait distendu son ventre en y laissant des traces indélébiles. Pour arriver à bander, il avait des exigences vestimentaires particulières. Il l’obligeait à porter, pour dissimiler les vergetures, des guêpières avec bas et porte-jarretelles. Il la prenait uniquement par la porte étroite sous prétexte que depuis son accouchement son vagin était devenu « une autoroute à quatre voies ». Ils s’engueulaient fréquemment et alors il la traitait de truie, de grosse vache et autres noms sympathiques. Quand leurs rapports s’espacèrent, elle se douta qu’il devait avoir des maîtresses. Soulagée de ne plus subir ses assauts, elle ferma les yeux.


Puis vint l’été 90. En vacances avec son fils chez ses parents dans le Beaujolais, elle était revenue dans le village bressan, où ils habitaient alors, pour chercher des fringues qu’elle avait oubliées. Elle avait besoin, surtout, de prendre une journée pour elle, loin des leçons de morale de ses parents qui abhorraient Paolo. Surprise : en arrivant, elle avait trouvé une jeune fille au bord de leur piscine, bronzant en bikini dans un transat. Jeune fille qui s’était révélé être un jeune homme. Confus(e), il/elle lui avait avoué sans trop de difficulté que Paolo l’avait engagé(e) pour un job d’été, lui avait proposé une chambre dans leur villa et en avait fait sa petite femme. Il/elle, naïvement, lui avait raconté les astuces utilisées par son mari pour le/la séduire entre autres, en lui demandant d’essayer de petites robes qu’il avait prétendument achetées pour sa femme, puis des sous-vêtements. Ensuite, lors d’un apéro légèrement alcoolisé, il l’avait prise. Il/elle lui avait avoué, les larmes aux yeux, que Paolo lui avait révélé sa nature de femme, que c’était un homme merveilleux, qu’ils s’aimaient. Qu’il/elle ait été amoureux (se), une évidence ! Qu’il/elle ait été payé(e) de retour, elle en avait douté.


Rosette avait téléphoné à ses parents pour les avertir qu’elle passerait sans doute la soirée avec son mari. Quand celui-ci était arrivé, la présence de sa moitié ne l’avait guère troublé. Il avait même réussi à la convaincre de faire une partie à trois. Elle leur confessa – et ce fut le seul moment de l’interrogatoire où elle sourit – qu’elle avait accepté, car elle avait trouvé le jeune homme très mignon. Cela s’était très mal passé. Sanmarco n’avait cessé de l’avilir en comparant le petit cul rond et ferme de l’éphèbe à son gros postérieur, la poitrine juvénile aux petits tétons avec ses mamelles de vaches aux gros tétins malmenés par l’allaitement. Pour finir, le giton l’avait pénétrée et avait joui en elle tandis qu’il l’était, lui-même, par Paolo.


Le comble était qu’elle y avait pris du plaisir. Elle avait apprécié la douceur, la tendresse qui malgré les circonstances émanaient de ce garçon/fille bien différent de la brutalité, vulgarité de son mari. Pendant un instant, elle avait même pensé accepter la situation et en profiter, puis le dégoût l’avait submergée. Elle avait pris sa décision au petit matin. Un remue-ménage dans le lit l’avait tirée de sommeil : son mari baisait son minet à côté d’elle sans aucun état d’âme. Elle avait sauté du lit, s’était habillée, avait rassemblé dans une grosse valise ses principales affaires. Elle s’en était allée, laissant un mot sur la table de la cuisine avertissant Paolo que son avocat le contacterait pour le divorce. Le plus humiliant avait été que, trop occupé à forniquer, ce salaud ne s’était pas aperçu de son départ, ou du moins n’avait eu aucune réaction.


La suite… Classique… Par avocats interposés, elle lui avait mis le marché en main. Soit le divorce selon ses exigences (lui laisser la maison et lui verser une pension substantielle), soit tout le monde saurait qu’il couchait avec des gitons à peine majeurs (?). Il avait accédé à toutes ses demandes. Depuis leur séparation, ils n’avaient plus aucune relation. Ils se rencontraient depuis peu, et seulement chez leur fils, pour des occasions particulières.


La dernière péripétie qu’elle leur avoua remontait à 2002. Un jour, elle avait reçu un lien qui l’avait envoyée sur un site érotique où elle avait retrouvé leur histoire. Romancée par un auteur de seconde zone, on lui faisait jouer un rôle assez ambigu qui la présentait tour à tour comme une vilaine manipulatrice ou une amoureuse sincère séduite par ce garçon/fille. Pour finir, le scribouillard se détachait complètement de la réalité : l’amour l’emportait et elle s’enfuyait avec le jeune homme, la montrant sous un jour plutôt sympathique. La démarche s’était inversée avec Paolo qui, dans la dernière partie du récit, en était réduit au rôle du soumis dans une scène SM. Elle voulut en parler à son ex. Tout en reconnaissant qu’il avait reçu le lien, il nia toute ressemblance avec leur histoire. Ensuite, il l’accusa d’être à l’origine de cette « merde ». Convaincu par ses dénégations, il lui conseilla d’oublier sinon il lui en cuirait. Il la poignarda en lui avouant cyniquement que, malheureusement, elle n’avait jamais eu cette sexualité débridée prêtée, fort obligeamment, par le narrateur à l’héroïne.


Quand Anna l’interrogea sur le sort réservé à son amant/amante, elle s’était refermée :



L’intérêt que nous lui prêtions était inversement proportionnel au désir qu’avait Rose d’en parler. Le souvenir de l’humiliation restait très douloureux et je comprenais qu’en évoquer l’incarnation lui coûtait. Sur l’insistance d’Anna, elle finit par nous jeter d’un air dégoûté le prénom dont l’affublait Paolo : Charline.


Charles, Charline ! Gab qui affirmait que c’était un mec ! Instant de flottement ! Je n’avais pas tilté quand ses deux dernières maîtresses avaient évoqué ce prénom. Mais associé à un trav corrélé aux certitudes de ma légiste (ex) préférée, ça faisait beaucoup. Je ne croyais pas trop aux coïncidences. Cependant, cela me donnait une excuse pour le rencontrer le soir et incidemment, oublier le problème « Anna ».


En fin d’interrogatoire, devenue huître, Rose Delion reconnut du bout des lèvres qu’elle haïssait son ex et, qu’au-delà de sa mort, elle continuerait de le haïr. À cause de lui, elle n’avait jamais pu refaire confiance à un homme. Comme les aventures d’un soir ne l’intéressaient pas, depuis 30 ans, elle pratiquait une quasi-chasteté. D’où sans doute la difficulté d’évoquer « Charline » à qui elle devait son dernier orgasme et aussi ses 30 ans de pénitence. Quand elle nous quitta, en pleurs, elle nous remercia. Elle n’avait jamais pu aborder cette période de sa vie avec personne et de se raconter l’avait libérée d’un énorme poids.



Main qui se retire prestement. Emmerdée par l’agressivité de ma réponse, je posai à mon tour ma main sur son bras.



Un grand sourire me récompensa de ces excuses.



Pourquoi n’ai-je pas fermé ma gueule !



Le sourire mi-narquois, mi-coquin qui éclairait son visage m’empêcha de répliquer. J’esquivai.




#***************#



Dans notre espace ouvert, Sarah s’escrimait toujours sur ses caméras de surveillance pour un travail de fourmi. Elle avait récupéré les photos de toutes les personnes prenant la direction des toilettes de 20 minutes avant le passage de la femme au chapeau jusqu’à 20 minutes après celui-ci. Plus de 200 personnes. Cette phase terminée, elle éliminait en formant des couples entrant/sortant. Elle me déclara qu’elle ne lâcherait pas l’affaire avant d’avoir trouvé.


Serge avait disparu. Un message laissé sur mon bureau m’avertissait que Mary-Lou Mc Roth avait requis, une fois de plus, ses services. Un second message de Martineau, celui-là pour me dire que ça n’avançait pas sur le meurtre de Pârk. L’examen de la scène de crime n’avait rien apporté. En désespoir de cause, il retournait interroger le gars qui avait découvert le corps. Anna, comme d’hab, se chargeait du compte rendu de l’audition de Delion. Je me retrouvai seule, le privilège du chef, les pieds sur mon burlingue à cogiter.


Si nous avions bien cerné le personnage de Sanmarco, on pouvait estimer raisonnablement qu’il avait été puni par où il avait pêché et cela n’avait rien d’un hasard. Pour l’instant, nous n’avions pas l’ombre d’un suspect et nous ne disposions d’aucun élément matériel qui nous permettrait de progresser. À moins que l’obstination de Sarah nous offrît le portrait de l’assassin, je pouvais oublier une résolution rapide de l’affaire. Nous allions devoir explorer et encore explorer la vie de Sanmarco. Il nous faudrait pousser Rose Delion dans ses derniers retranchements. J’étais certaine qu’elle avait suivi de près les turpitudes de son ex. Anna, elle, était persuadée que sa relation avec « Charline » ne s’était pas limitée à une seule joute. Mais voudrait-elle parler ? À sa place, je n’aurais pas envie que le coupable soit puni.


Une autre possibilité était qu’on trouve une ouverture grâce aux recherches de Sergio pour Mc Roth. Ça nous permettrait d’y voir plus clair et sans doute de boucler le meurtrier de Pârk. L’affaire relevait d’une truanderie plus classique même si le tueur avait voulu faire croire à… Au risque de me répéter, je ne croyais pas que ça nous apporterait quoique ce soit sur le meurtre de Sanmarco.


En relisant mes notes, j’achoppai sur trois témoins potentiels qui pourraient peut-être nous aider.


La première, la gouvernante, Adeline N’guyen, nous l’avions à peine interrogée. Quid de son emploi du temps le soir du meurtre. La remarque de Bryce sur son physique m’avait frappée. Une gonzesse canon joue rarement les femmes de ménage ou… De plus, son origine asiatique nous ramenait au réseau de prostitution. À voir. Les deux autres, le couple Marie et Paul Belle, les seuls amis (?) connus et vivants de Paolo Sanmarco. Il serait intéressant d’avoir leur point de vue.


J’aurais eu besoin de plus de monde. Le manque d’effectif une fois de plus… Bourrel m’avait octroyé Laurdy et Harel, pas vraiment des flèches en altitude. Pour le travail d’investigation, ça pouvait le faire, mais les utiliser pour des interrogatoires, ils avaient autant de finesse d’esprit qu’un électeur de Trump. J’allais devoir récupérer Bryce. L’assassin de Kim Jong, nous l’aurions un jour ou l’autre, ce n’était qu’une question de temps. Je lui textai de rencontrer de nouveau la gouvernante jeudi matin et de se faire accompagner par Toustra qui serait moins perméable à ses charmes. Je ne parvins pas à contacter le couple Belle, mais laissai un message sur chacun de leur répondeur en leur demandant de m’appeler dès la lecture dudit message.


Je classai quelques paperasses et décidai de rentrer à Bressoles, prendre un bon bain, des affaires de rechange, et passer la soirée au Babacha en espérant que Charles y soit. En passant devant la salle de repos, je fus attirée par une interview sur FBM-Lyon de Marcel Oldborg, un vieux politicard encore très influent dans la région malgré sa déculottée aux dernières élections. Depuis cette déroute, il déblatérait sur la ville chaque fois qu’il pouvait. Cette fois, c’est nous qui avions droit à son courroux : de son temps, l’assassin aurait déjà été sous les verrous. Sans parler de l’existence de ce réseau pédophile qui déshonorait la ville de Lyon et pas seulement. La seule chose qu’il omettait : ledit réseau existait déjà sous son règne. Je n’écoutais pas plus longtemps sa diarrhée venimeuse plus préoccupée par les bouchons qui m’attendaient sur la A42.



#***************#



CHAPITRE 12


Depuis presque une heure je faisais durer mon demi, et aucune trace de Charles. Claude, tout en me servant, ne s’était pas gêné pour me vanner sur mon « élégance ». J’avais fait des efforts. Longue station dans ma salle de bain : d’abord un émondage sévère de ma toison en friche depuis mon veuvage (!). Ensuite, une inspection rigoureuse de mes aisselles et de mes jambes afin de vérifier qu’aucun poil récalcitrant n’avait résisté à l’épilation. Enfin, j’avais discipliné mes boucles pour que ça ressemble vaguement à une coiffure. Après une valse-hésitation devant ma glace, j’avais renoncé au maquillage. Le comble : l’habituée du jean/chemise avait cédé la place à une grande bringue portant un haut dentelé sur une jupe courte. D’après Gab, qui savait toujours trouver le mot gentil, le galbe de mes jambes compensait mon absence de hanches. J’avais opté pour des talons plats un peu pour que la différence de taille avec Charles ne soit pas trop grande, beaucoup parce que le rayon talons hauts n’existait pas dans ma penderie et que le risque de me tordre une cheville était trop grand.


Le but affiché était de séduire, de vamper Charles pour aborder le sujet Sanmarco. Les coïncidences, dans mon monde, n’existaient pas. Charline : il ne devait pas avoir 36 travs prénommé(e)s ainsi sur la place de Lyon. L’âge correspondait. La silhouette aussi : la femme de la vidéo pouvait être Charles. Que, en prime, on se retrouve dans le même troquet… Pour le moins bizarre, pour ne pas dire suspect. L’image de Charles montant dans le VTC m’avait poursuivie toute la journée. Le milieu LGBT lyonnais n’était pas extensible. Charles et Sanmarco pouvaient se connaître. À moi de l’amener à parler. Derrière cette démarche professionnelle se cachaient des choses plus troubles : virer Anna de mes pensées en allant plus loin avec cet « homme ». La soirée où il m’avait fait jouir avait donné naissance à des désirs pervers, contre nature pour la lesbienne pure et dure que j’étais. La vision de son sexe en érection dans sa petite culotte rose m’avait troublée.


La patience ne faisait pas partie de mes qualités. « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ! ».


J’appelai un taxi et lui donnai l’adresse de l’hôtel où logeait Charles. La femme dont j’avais endossé le rôle allait se rendre ridicule, la flic faisait son boulot. Quand je descendis du véhicule devant l’entrée de cet hôtel anonyme, j’eus un instant de flottement. J’allais débarquer chez un mec à l’improviste. Qu’est-ce qu’il allait penser de moi ? Peut-être ne serait-il pas là ! Le hall, l’ascenseur, le couloir, la porte. Je frappai. Un bruit à l’intérieur. La personne qui était à l’intérieur ne semblait pas pressée d’ouvrir sa porte.



Réaction ! La porte s’entrouvre. Une tête blonde féminine apparaît dans l’entrebâillement. Recul, stupeur. Il avait eu vite fait de trouver une autre conquête.



La porte s’ouvre entièrement.



Cette voix… Ni tout à fait la même ni tout à fait une autre ! Celle de Charles incontestablement, mais avec des intonations plus féminines. Celles de Charline ! Soupçon ! Flic un jour, flic toujours ! Elle/il s’efface pour me laisser entrer. La chambre est la même. Mais où j’avais quitté, l’autre matin, un petit homme presque chauve, je me trouvai face à une blonde peroxydée, superbement maquillée, jambes gainées de noir, perchée sur des talons de plus de 10 cm, et vêtue d’une minirobe noire qui épousait son corps androgyne. Au moins, il ne s’était pas affublé d’un artefact de poitrine. Elle était bien plus sexy que je ne l’avais jamais été. Ainsi vêtue, elle ressemblait à la nana de la vidéo.


Alors que je béais, genre carpe qui avale tous les moucherons qui passent, l’esprit traversé de pensées contradictoires, lui, elle, enfin je ne sais plus, avec un aplomb et un naturel total me claqua deux bises.



Et moi comme une conne de lui demander :



Ça lui allait très bien. À moi beaucoup moins. Il me replongeait illico dans mon enquête. Je faillis lui demander de me raconter cette histoire, de lui balancer le nom de Sanmarco, mais son apparence, sa tenue sexy me donnaient d’autres priorités, surtout qu’elle enchaînait :



Pas de faux-fuyant. Attaque frontale. Que pouvais-je répondre ? La vérité.



En parlant, Charlotte, puisqu’elle préférait, s’était rapprochée de moi. Son parfum légèrement opiacé m’agressait agréablement les narines, augmentant mon émoi. Elle me déstabilisait. J’avais envie de… Et puis merde, j’allais pas me la jouer petit bras. Je franchis les derniers cm qui nous séparaient et l’enlaçai. Nos corps puis nos lèvres se soudèrent naturellement, comme si…


Ce fut plus fort que moi. Il fallait que je… Je me frottais à elle. Enfin, je frottais, tout en me pressant contre, une partie très précise de mon anatomie à une partie tout aussi précise de la sienne. Je voulais qu’elle devienne lui. La réaction ne se fit pas attendre. « Quelque chose » qui grossissait, durcissait, repoussa mon pubis tout en y restant collé. Cela correspondait bien à ce que j’avais aperçu l’autre soir : Charlotte n’était pas montée fin.



#***************#



Charlotte bandait. Son sexe, aussi roide qu’à ses plus belles années, repoussait sans difficulté le mont qui l’agressait. Quand on avait tambouriné à sa porte, après s’être demandé qui cela pouvait bien être, elle était retournée à la contemplation de sa silhouette dans le miroir mural que cette chaîne d’hôtel avait eu la bonne idée d’installer dans chaque chambre. Elle se trouvait très sexy ce soir.


Puis elle avait reconnu la voix. Elle avait hésité quelques secondes. Peut-être allait-elle la trouver ridicule et lui rire au nez. Mais peut-être pas… L’admiration lue sur le visage de la visiteuse récompensa sa prise de risque même si un je-ne-sais-quoi interrogatif dans son regard gâtait un peu cette harmonie. Petit embarras vite oublié quand Colette lui avoua son trouble. Le baiser qui suivit, son attaque franche et, par-dessus tout, le fait qu’elle prenne l’initiative avaient déclenché cette érection. Si Marie-Hélène contrôlait leurs ébats, elle n’avait jamais accepté de l’aimer en femme. Depuis 20 ans qu’elle se travestissait, pour la première fois, une vraie femme la tenait dans ses bras.


La nouvelle venue d’une main conquérante avait remonté jupe et robe, dévoilant une culotte de satin pour l’une et un string brésilien pour l’autre. Le pauvre string ne contenait plus ses appâts on ne peut moins féminins. On ne pouvait pas décemment appeler « clitoris », cette chose énorme qui s’en échappait. Le volume que pouvait prendre son membre d’habitude la gênait, mais face à une réelle représentante de la gent féminine, c’était un avantage. La main qui s’en emparait sembla lui donner raison. Elle avait dégagé entièrement son… ça lui restait entre les lèvres… De la façon dont ses doigts le manipulaient, le caressaient, le branlaient, elle ne pouvait vraiment pas évoquer son bouton de rose. Elle aurait préféré être traitée plus en femme, mais pour Colette, c’était sa première bite. Il entendait que l’attrait de la nouveauté la rendit impatiente.


Affamée, le mot qui lui vint à l’esprit quand sa conquête abandonnant sa bouche s’agenouilla. Posant ses mains aux ongles incarnats sur la tête de sa partenaire, ses doigts se frayèrent un chemin dans la chevelure bouclée. Elle sourit à la vision de cette lesbienne qui observait sa bite d’un air dubitatif « J’y vais, j’y vais pas ? semblait-elle s’interroger ». Après une longue hésitation, les lèvres s’approchèrent et l’effleurèrent pour un timide baiser avant de se retirer rapidement. Elles ne tardèrent pas d’y revenir et de s’y poser plus franchement. Lentement, la bouche s’entrouvrit et, petit à petit, absorba le gland, fruit de sa convoitise.


L’inexpérience donnait une fraîcheur très excitante à son approche. Les mains qui jusque-là étaient plaquées à ses globes fessiers, avaient saisi ses testicules, les retournaient entre des doigts qui les palpaient, s’amusant à les faire remonter à l’intérieur de son ventre avant de les tirer sur les côtés. Charlotte avait l’impression que la femme tentait de savoir quelle était leur liberté de mouvement.


Une bouche, précautionneuse, glissait le long de son sexe, en un va-et-vient qui effleurait à peine la peau. La sensation était exquise. Elle ne le suçait pas, elle lui caressait le sexe du bout des lèvres. À chaque trajet, elle tentait d’aller plus loin.



#***************#



C’était donc ça ! Pas désagréable ! Même si je n’avais jamais été une adepte, comme Gaby, de bouffer du gode, il m’était arrivé de le faire pour lui complaire. Une vraie bite, c’était différent. Pas un artefact, mais un morceau de chair vivant, chaud, palpitant sous mes coups de langue. Je dépassai le gland et m’attaquai à la hampe. Je n’étais pas peu fière de l’avoir décalotté sans provoquer de sursaut de sa part. J’avais peur de lui faire mal. Sa main qui triturait mes cheveux m’incitait à continuer. M’enhardissant, j’absorbai ce sexe tendu au trois quarts. J’avais entendu parler des gorges profondes. Il m’apparut évident que, physiologiquement, je ne pourrais y arriver. J’entrepris donc de faire avec mes moyens.


Je ressentais une excitation monter en moi. Rien de vraiment sexuel. Seulement le plaisir pervers de la découverte, celui provoqué par ce membre vibrant sous mes attouchements, celui de le sentir grossir, durcir dans ma bouche même si la sensation d’étouffement générée n’était pas des plus agréables. Aussi la satisfaction de comprendre ce qu’une femme hétéro pouvait ressentir, ce pouvoir qu’elle avait à mener l’homme à la jouissance. C’était bandant (!), ce membre masculin imposant dans un corps tellement féminin.


Je n’étais pas persuadée de mouiller. La curiosité entraîna ma main entre mes cuisses. Pas les grandes eaux de Versailles, mais une certaine moiteur qui m’incita à glisser l’index sous ma culotte et lutiner ma fente verticale jusqu’au petit encapuchonné. Inconsciemment, j’adaptai la fréquence de la fellation à celle de mes errances entre mes grandes lèvres… ou plutôt le contraire. Je commençai à sérieusement lubrifier. Je ne savais pas si je prenais du plaisir à pomper ce dard, mais je m’en donnais incontestablement avec mon index fouisseur. Cela devenait chaud. Cela avait un effet certain sur sa bite : les écarts entre chaque soubresaut diminuaient dangereusement.


Charlotte s’en aperçut et me força gentiment à me relever.



Elle me caressa doucement la joue. Je lui volai un baiser. Sa robe ayant recouvert le sceptre de sa virilité. J’avais en face de moi, à nouveau, une femme qui m’échauffait le sang et j’aurais bien continué à découvrir son corps, mais…



Charmante, sexy et naïve… une adolescente un peu vicelarde…


La proposition arrivait à point nommé et me permit de réintégrer la réalité : elle pouvait être la femme au chapeau. Idée qui avait pris de la consistance quand je m’étais retrouvé en face de cette chevelure blonde. J’acceptai. Une bière pour moi, un gin-tonic pour elle. Assises sur le lit, le chevet nous servant de table, nous entamâmes une discussion fréquemment interrompue par des baisers, des caresses. Je m’abstenais d’approcher de sa virilité qui, simultanément, me révulsait et attisait ma curiosité. Point d’angoisse existentialiste pour ma partenaire : sa main glissée dans ma culotte entretenait une douce moiteur dans mon entresol.


Sans vraiment faire dans la subtilité, j’orientai nos propos vers ses débuts dans la féminisation. Je n’étais pas aussi douée qu’Anna (putain, pourquoi penser à elle à ce moment… démotivant) pour les interrogatoires, mais je me défendais surtout quand le « suspect » ne se doutait de rien. Elle se livra facilement. Son pucelage, il l’avait perdu avec un moniteur de colo qui, à l’époque, lui avait paru être un vieux qui aujourd’hui serait poursuivi pour abus, mais qui en réalité n’avait que trois ou quatre ans de plus que lui. Sa féminisation vint plus tard, après son mariage. Un de ses amants lui demanda de porter des sous-vêtements de Marie-Hélène. Peu à peu, il y prit goût et elle devint Charlotte. Son grand regret : sa moitié connaissait ses goûts pour le travestissement, les acceptait, mais avait toujours refusé de faire l’amour à un travesti.


C’était une belle histoire et je voulais me persuader de sa sincérité. Elle n’était pour rien dans l’assassinat de Sanmarco. L’index qui me fouillait la chatte m’empêchait sans doute d’être objective. Je cherchai alors à savoir où elle se trouvait à l’heure du crime. Apparemment, elle disposait d’un alibi en béton facilement vérifiable : une soirée passée au Babacha à siroter des gin-tonics. Je décidai de jouer cartes sur table. Tant pis pour la partie de « broute-bite ». Je lui révélai ma profession m’attendant à me faire jeter. Au contraire, elle m’enfonça son index bien au fond de ma vulve, jusqu’à me titiller l’entrée du col, elle me roula une pelle phénoménale, puis éclata de rire.



La petite voix sardonique d’Anna, dans ma tête, qui me susurre : « y’a pas que l’amour qui rend aveugle ! »



Sensualité, désir, frivolité… tout ça s’était envolé. Charlotte avait retiré la main de ma culotte pour prendre sa sœur et l’éteindre nerveusement.


De m’expliquer que Sanmarco avait dragué la trav qu’il était quelque quinze ans plus tôt au Babacha. Sa silhouette aux formes à peine esquissées l’avait séduit. Au début, ça avait été génial. Des baises d’enfer, un mec qui osait amener un trav au restaurant, rare. Il lui avait offert des fringues. Rétro les fringues, mais hyper sexy. C’est là que ça avait commencé à déraper. Il était obsédé par son prénom, que se prêtait bien à la féminisation en Charline : c’était « un signe du destin ». Il s’était mis à délirer, genre tu as foutu ma vie en l’air, tu vas le payer et d’enchaîner sur des jeux de plus en plus humiliants, violents. Ignorant du monde du BDSM, elle avait d’abord cru à un crescendo dans l’initiation. Même si elle ne fantasmait pas sur le sado-maso, l’expérience lui avait paru intéressante.


Elle avait déchanté quand elle avait compris que ses pratiques sado-masos n’avaient rien d’un jeu, mais qu’elle lui servait d’exutoire. À travers elle, il se vengeait d’une autre. Dans sa vie sociale, Charles n’avait rien de la jouvencelle qu’elle était dans sa vie de femme. Il mit Sanmarco au pied du mur. Et dans une engueulade mémorable, un jour de forte alcoolisation, après lui avoir tout crié, Sanmarco finit par lui avouer qu’il avait aimé Charline, l’originale, naïve et amoureuse, mais que, tel un boomerang, ça lui été revenu dans la gueule, à cause de sa bonne femme. Elle n’avait rien compris au film, avait fait toute une histoire, l’accusant de détournement de mineur pour finir par divorcer. Il devait vivre avec ça : son couple avait explosé, son ex le haïssait. Charline se présentait maintenant comme une victime dont il aurait soi-disant détruit l’adolescence. Elle se rappelait aléatoirement à son bon souvenir en foutant la merde dans sa vie. Sa dernière saloperie, quelques années auparavant, avait été de raconter son histoire à un auteur d’histoire érotique qui l’avait mis en ligne sur un site. Elle lui avait envoyé le lien le menaçant de le faire parvenir à tous ses amis et clients. Un ramassis de mensonges où l’on pouvait le reconnaître.


Par curiosité, Charles l’avait lue et ne l’avait pas trouvé si mauvais au niveau de l’écriture. Quand on avait les clés, Sanmarco y était facilement identifiable. Il avait contacté l’auteur après la lecture de Noël/Noëlle*, mais la correspondance n’avait pas été plus loin qu’un remerciement pour sa critique.


Sa dernière affirmation : l’ego de Sanmarco ne s’était jamais remis de cette aventure. Le fait que son ex, en toute transparence, et que sa victime, par des moyens détournés, le lui rappellent avait accentué sa fixette. Ces deux personnes qui selon lui avaient détruit sa vie lui permettaient d’excuser, de justifier toutes ses perversions par une pulsion irrépressible de vengeance qu’il assouvissait sur ses conquêtes successives.


Charlotte, celle qui était assise contre moi, avait profité de ce moment de réflexion intense pour descendre ma culotte et se remettre à l’ouvrage, index se faufilant entre mes grandes lèvres. Dans un dernier instant de lucidité, avant de m’abandonner au plaisir que me prodiguaient des doigts experts, je me dis que le/la coupable était à chercher dans les souffre-douleur de Sanmarco et qu’il nous fallait retrouver La Charline N° 1 probablement en passant par l’auteur du texte. Mon cerveau de flic me soufflait que Charlotte, sachant qui j’étais, avait eu le temps de concocter une jolie fable tandis que la femme en chaleur voulait croire que le propriétaire d’un doigt aussi agile ne pouvait mentir.


Ça en était trop, cet index qui me fouissait alors que son frère pouce écrasouillait convulsivement mon clitounet… Au diable les doutes et interrogations ! Je m’emparai de sa bouche et lançai, à mon tour, une main fébrile, à l’assaut de sa chatte… Sauf que bien sûr, ce n’était pas une fente à investir que je trouvai, mais une bite mâlement dressée. Le moment ou jamais d’aller au bout de l’expérimentation. Ma vulve trempée par les intrusions incessantes d’un doigt fureteur ne serait jamais aussi prête à recevoir un vit. Je la renversai sur le lit, remontai sa robe, dégageait son membre, et sans difficulté aucune l’enfonçait dans mon intimité.


Et là, tout bascula. Sentir ce morceau de chair bien vivant et terriblement masculin me, sans jeu de mots, désarçonna. La vision d’une bite dans mon vagin stoppa net toute excitation. Celle de Charlotte, enfin Charles, en fut décuplé-e. Son bassin appelait. Je ne pouvais l’abandonner. Je me retrouvais dans la situation d’une épouse remplissant son devoir conjugal. Et je le remplis. Et il (plus question de dire elle à ce stade) me remplit.



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La fin de son récit sembla plonger Colette dans un abyme de réflexion. Le silence s’installa, Charlotte en profita pour se débarrasser de la culotte de la fliquette et d’investir une intimité à la moiteur tropicale. L’index ne suffisant pas, elle avait envoyé le majeur en renfort. À eux deux, ils ouvraient une voie qui, elle l’espérait sans trop y croire, accepterait la visite de son gros bourgeon. La réaction enthousiaste de Colette la prit malgré tout par surprise. En moins de temps qu’il ne faut à un nudiste pour se déshabiller, son gros clitoris se fichait jusqu’à la garde dans un couloir lubrifié à souhait. Elle sentit la crispation soudaine du vagin de sa camarade de monte, mais son esprit ne commandait plus son corps. Son bassin s’agitait inconsidérément, son pubis frappait en cadence le mont de Vénus qui se soulevait pour aller à sa rencontre. Colette l’accompagnait. Sans être un éjaculateur précoce, il ne lui fallut pas très longtemps pour jouir et déverser sa semence.



Pour se faire pardonner, Colette l’enlaça et tous deux roulèrent sur le lit pour une seconde manche dans laquelle elle déroula tout son savoir, qui était grand, dans l’art de la minette pour mener sa partenaire au moins au septième ciel. Ensuite, après s’être décemment vêtus (Charlotte redevenue Charles), ils montèrent au huitième étage sur le toit pour en griller une en buvant… Lui, son habituel gin-tonic, et elle une bière. Ils en grillèrent plusieurs et, par cette agréable soirée de mai, ils devisèrent longuement comme de vieux amis. Cependant, il ne put s’empêcher de penser que la donne avait changé. Plusieurs fois, il avait tenté de ramener l’enquête sur le tapis. Colette avait, dans un premier temps esquiver, pour finir par lui dire, assez sèchement qu’elle ne pouvait parler de l’affaire avec un civil. Ce qu’il avait traduit par « avec un suspect ». Il n’aimait pas. Peut-être aurait-il dû lui mentir ?


Au matin, Charles ne fut guère étonné que la Commandante Dupin lui demande de passer à l’hôtel de police en milieu d’après-midi. Pour justifier ce qui n’était rien de moins qu’une convocation, elle invoqua le fait qu’il connaissait la victime et pourrait donner des détails sur celui qui avait mis le récit en ligne. En raison de leur relation particulière, elle laisserait, bien évidemment, un de ses officiers prendre sa déposition.



* Noël/Noëlle : autopromotion, du même auteur dans la même collection.



À suivre