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Temps de lecture estimé : 16 mn
04/02/22
Résumé:  Je réfléchis sur la philosophie de vie de ma voisine, dont je continue la découverte. Un soir d’automne, je lui rends visite à son travail pour briser l’ennui. Cette courte visite n’en fut pas une de simple courtoisie.
Critères:  fh extracon travail caresses nopéné québec
Auteur : Rb07            Envoi mini-message

Série : Le bon voisinage

Chapitre 08 / 12
Sophie (partie I)

Résumé de l’épisode précédent :

Je découvre ma voisine peu à peu, de plus en plus, au fil de rencontres, de discussions et d’ébats qui ne sont plus qu’accidentels.








Au fil des semaines et des mois suivants, j’eus la chance de découvrir peu à peu la richesse de l’univers de Sophie, ainsi que de pouvoir mieux m’imprégner de sa conception des relations humaines. À travers une correspondance d’une densité difficile à concevoir et de conversations très agréables sur l’oreiller pendant que nous reprenions nos souffles, je pus comprendre davantage les fondements de sa vie avec Noémie. Ceux-ci étendaient leurs racines jusque dans sa vie de jeune adulte, à un âge où il est ardu de saisir l’ampleur et la profondeur de certains des sentiments qui nous animent.


Aux yeux de certains, on pourrait dire que Sophie avait eu dans sa prime jeunesse une vie amoureuse et sexuelle débridée, avec toutes les associations péjoratives que l’on pourrait y accoler. Pourtant, ses démarches me semblèrent empreintes d’une cohérence et d’une honnêteté envers ses propres valeurs en développement qui évoquaient une profondeur réelle, saine. Si trop souvent on associe à la superficialité des envies et des désirs forts, il suffisait de discuter un peu avec elle pour comprendre qu’il n’en était rien. Et il suffisait de discuter davantage pour réaliser toute la beauté que nous n’avions jamais perçue, mais qui était pourtant bien là, sous nos yeux, en être charmé et à avoir envie, à notre tour, d’adhérer à ses concepts pourtant simples.


Sophie et Noémie avaient décidé de s’unir dans une relation ouverte et libre, qui laissait tant à l’une qu’à l’autre la liberté personnelle et professionnelle voulue. Noémie, plus jeune que Sophie, semblait avoir constamment des fourmis dans les jambes et avait le désir de pouvoir voler de contrat en contrat à l’étranger, dans des contextes d’aide humanitaire. La pandémie n’avait en rien éteint cette envie, et elle avait continué à aller prêter main-forte aux quatre coins de la province après avoir fait un premier séjour à l’extérieur de la ville au début de l’été. Ainsi, Sophie bénéficiait de la quiétude de leur quartier général, et profitait de la présence de son amoureuse pendant les quelques semaines où elle venait se poser avant de se trouver une nouvelle affectation. C’était une situation qui aurait pu être catastrophique pour un couple, la constante envie de bouger de l’une percutant le désir de stabilité ou les obligations professionnelles de l’autre, les grands moments d’absence de Noémie laissant Sophie avec le sentiment d’être délaissée. Leur entente leur permettait de s’apprécier pour ce qu’elles étaient, sans pour autant souffrir de leurs différences. J’irais même jusqu’à dire qu’il seyait bien à Sophie de bénéficier de longs moments seule à Montréal. Les retrouvailles et la cohabitation avec Noémie étaient douces et agréables, ce qui n’empêchait pas Sophie d’apprécier l’espace qu’elle laissait lorsqu’elle partait. Un peu comme un oiseau pour lequel on laisse la porte de la cage ouverte, les pépiements de Noémie revenant au bercail étaient aussi agréables que le silence de lorsqu’elle était partie profiter pleinement de son état de volatile. Bien entendu, c’était surtout lorsque Noémie était à l’extérieur que les occasions de voir Sophie étaient les plus fréquentes, ce qui ne nous empêchait pas de nous rencontrer même si sa douce était au bercail.


Il y eut cette première fois où Sophie avait été affectée à des quarts de travail de nuit, dans un creux entre deux vagues d’hospitalisations dues à la COVID (ce que nous espérions bien naïvement à l’époque qui serait en fait le prélude du « retour à la normale »). Elle se retrouvait souvent pendant de longues heures à se tourner les pouces, en attendant qu’un collègue ou qu’une quelconque machine ne la sollicite d’une série de « bip » répétés. C’était l’automne, les journées étaient déjà bien courtes, il tombait une fine pluie froide. Les feuilles jaunies et brunies s’accrochaient encore aux arbres, mais le vent qui soufflait allait bientôt avoir raison de leur entêtement. J’avais eu du boulot pour une bonne part de la soirée, et, seul dans le grand espace ouvert où se trouvait mon poste de travail, j’avais eu le loisir d’écrire quelques petits courriels à Sophie sans avoir à m’assurer que j’étais à l’abri des regards indiscrets. Après un moment, la conversation devint en temps réel, un message de sa part arrivant à peine quelques minutes après que je lui en ai envoyé un.



Pour une femme qui travaillait dans un hôpital, je trouvais son humour plutôt décapant.



J’étais affecté du même mal : le manque de lumière affectait mon entrain. L’automne, le travail me paraissait toujours un peu plus pénible. Je compatissais avec elle.



J’avais envoyé mon message sans trop y penser. J’imaginais que je pouvais simplement passer lui faire coucou avant de rentrer chez moi. La réponse de Sophie ne se fit pas attendre très longtemps.



Mon bureau n’était qu’à quelques kilomètres de là où elle bossait. Soufflé par le vent, j’allais y être en moins de deux. Soudainement, je ne savais pas à quel point c’était possible pour moi de rester furtif tout en me rendant sur son lieu de travail, même pour une rencontre très amicale. Elle vint au-devant de ma préoccupation.



Et ainsi, j’enfilai mon pantalon et ma veste de pluie et je filai sur mon vélo à travers les rues noires, désertes et rendues luisantes par la pluie.


Le visage de Sophie, masqué mais aux yeux souriants, m’attendait derrière la porte vitrée qu’elle m’avait indiquée. D’un doigt, elle me fit signe d’attendre et elle alla derrière le comptoir d’accueil. Quelques secondes plus tard, j’entendis un clic et un mécanisme automatique ouvrit la porte.



Sophie termina sa phrase de son petit rire clair, toujours coquin à souhait, en me décochant un regard brillant.



Elle m’attira vers une salle de consultation qui sentait encore le désinfectant, me fit signe de passer devant, et referma la porte derrière nous. La pièce était baignée dans la seule lumière de l’écran d’ordinateur qui trônait sur une petite table au fond de la pièce. Je retirai mes vêtements de pluie, que je plaçai sur une chaise sous le regard amusé de Sophie.



Après avoir enlevé nos masques, nous nous approchâmes l’un de l’autre pour nous saluer convenablement. Même si je n’avais eu aucune idée particulière en tête en offrant à Sophie de venir lui rendre visite, je sentis que nous n’en resterions pas très longtemps aux civilités quand nos lèvres se retrouvèrent et que sa langue vint chercher la mienne.


Sophie portait des souliers à talons très formels dans leur style, ce qui lui donnait les quelques centimètres nécessaires pour que je puisse l’embrasser sans trop me plier les genoux. Elle riait toujours de cette manœuvre de ma part puisque sa petite taille l’avait souvent habituée à pencher la tête vers l’arrière pour embrasser, ou à se mettre sur le bout des pieds. Je pressai sa taille contre la mienne, je sentis son doux corps épouser le mien, et notre baiser de bienvenue s’étira pendant plusieurs minutes. En fait, il devint beaucoup plus qu’un baiser de bienvenue lorsque ses mains se glissèrent dans les poches arrière de mon pantalon et qu’elle m’empoigna fermement les fesses en soupirant. Du coup, je fis remonter mes mains le long de ses côtes, contournant ses épaules, pour prendre son visage et le conserver tout près du mien. Nos lèvres gloutonnes redoublèrent d’ardeur à caresser celles de l’autre, et nos esprits s’envolèrent dans le désir qui les submergeait. Rapidement, je me retrouvai à empoigner ses seins qui réussissaient toujours à m’arracher des gloussements de bonheur quand, au creux de ma paume, je les sentais répondre à mes avances, me communiquer leurs envies. Je percevais toujours ce signe comme une invitation à pousser plus loin mes intentions salaces, quoique je ne fus animé d’aucune intention. Je ne faisais que continuer ce que l’attitude de Sophie rendait si simplement naturel de continuer.


En m’embrassant, elle me poussait tranquillement vers la table d’examen qui se trouvait derrière moi. Quand j’y fus acculé, elle retira ses mains de mes poches et m’y poussa davantage pour que je m’y retrouve assis. Nos bassins se retrouvèrent à la même hauteur et, de ce fait, nos visages également. J’entourai les hanches de Sophie de mes jambes pour la conserver tout près de moi et, sans briser notre contact labial, je passai mes mains sous son chemisier. Mes doigts rafraîchis par la pluie d’automne la firent sursauter, ce qui n’affecta en rien l’ardeur de ses baisers.


Ses lèvres sur les miennes étaient toujours d’une infinie douceur, d’une volupté sybarite. Je ne me lassais jamais de les avoir sur les miennes, de sentir leur volume souple, leur vivacité, leur onctueuse fraîcheur. Et surtout, les lèvres de Sophie ne venaient jamais seules. Sa poitrine tout aussi souple et ample se pressait sur mon torse, ses mains parcouraient mon dos, m’empoignaient la nuque, agrippaient mes cheveux. Elle m’envoûtait immanquablement. Cette manière qu’elle avait de me faire tourner la tête m’amenait constamment à désirer ardemment son plaisir, à le chercher et à le faire monter jusqu’à ce que le temps nous oblige à arrêter.


Je retenais Sophie tout près de moi en enfonçant mes doigts dans ses reins et en la tirant vers moi. Elle répondait en m’embrassant toujours plus fougueusement, ce qui attisait davantage mon désir d’être collé à elle. Les simples couches de vêtements entre nous deux devenaient gênantes ; elles tenaient nos épidermes trop loin l’un de l’autre. Je fis remonter son chemisier pendant qu’elle ouvrait ma chemise, et nos ventres purent enfin se retrouver. J’avais laissé mes mains sur ses côtes, et elles ne résistèrent pas longtemps à la tentation de recommencer à pétrir sa poitrine à travers son soutien-gorge. Du pouce et de l’index, je m’immisçai sous les bonnets pour retrouver ses pointes qui me semblaient toujours solliciter de l’attention. J’éprouvais un plaisir absolu à la leur offrir ; c’était une des manières dont nos corps communiquaient si bien. Je sentais les lèvres de Sophie se tendre lorsque je plongeais mes mains dans son décolleté, lorsque j’offrais à son buste les caresses qu’il me quémandait.


En seulement quelques minutes, Sophie avait fait naître en moi trop d’appétit pour que je m’en tienne à des attouchements d’adolescents. Je délaissai rapidement ses lèvres pour porter les miennes là où mes doigts avaient trouvé tant de merveilles. Les retrouvailles de ma bouche et de ses seins furent accueillies par de profonds soupirs dans mon oreille. Ces soupirs, graves et tintant de subtiles notes aiguës, étaient d’autres incitatifs à poursuivre, un souffle provocateur sur les braises de mon envie d’elle. Ma main plongea dans son pantalon, contournant sa culotte, pour retrouver les ourlets chauds et délicats de son sexe ouvert. Mon majeur glissa facilement entre les délicats pétales impeccablement humectés, complètement enduits de toute la concupiscence dont Sophie était capable. Ce territoire, j’en avais en tête une image précise, pour l’avoir touché, léché, pris si souvent au cours des derniers mois. Tel un aveugle devant un livre en braille, je voyais du bout de mes doigts s’élaborer la suite du chapitre. C’était une histoire que j’avais déjà lue maintes fois, mais qui réussissait sans cesse à me faire frissonner de bonheur. Après avoir fait lentement le tour des lieux, je laissai glisser en elle un, puis deux doigts, qui furent aspirés goulûment. Du pouce, je conservai une pression sur son clitoris tout discret, mais Ô combien efficient ! Je sentis le sexe de Sophie se liquéfier dans ma main, sous mes pressions. Je voulais entendre sa voix chaude faire vibrer mon tympan, et tout mon être. Le visage toujours enfoui dans sa poitrine, mon menton empêchant son soutien-gorge de revenir cacher ce qu’il devait cacher, ma langue virevoltant autour du sommet de ses montagnes, je doigtai l’instrument sublime et parfaitement accordé de son plaisir. En très peu de temps, je fus récompensé par ces vocalises si précieuses, par le corps de Sophie qui fondit dans mes bras, qui s’accrocha au mien. Je sentis ses dents agripper la peau de mon cou alors qu’elle cherchait à étouffer ses gémissements. Je sentis la vague chaude parcourir son corps, la culbutant de l’intérieur. Sophie se laissait aller à la jouissance, pour mon plus grand plaisir.


Je la retins fortement contre moi longtemps après que nos respirations eurent repris un rythme normal. Je profitais de sa présence, de sa chaleur, de sa subtile fragrance. J’avais maintenant mes lèvres dans son cou, que je sentais pulser lentement au rythme de son cœur. Nous étions immobiles, silencieux, dans un décor improbable qui était tout sauf intimiste. C’est à ce moment que l’écran d’ordinateur qui éclairait la pièce tomba en veille et nous plongea dans une noirceur totale. Sophie se colla fermement à moi.



La réponse ne se fit pas attendre. En me pinçant les flancs, elle rigola :



Après un temps, elle éloigna son visage du mien.



J’aurais bien interverti nos positions, pour que je puisse me glisser en elle alors qu’elle aurait été assise sur la table, les jambes bien écartées pour me permettre d’être tout près. Ou aussi, je m’imaginais debout derrière elle, alors qu’elle serait penchée vers l’avant, les mains fermement agrippées au rebord du meuble. Dans cette position, la force de mon bassin percutant ses fesses rebondies m’aurait rapidement amené au paradis. Peut-être même que nous l’aurions atteint tous les deux…



Je ne tenais pas à pousser plus loin notre écart de conduite. Sophie était tout de même de garde. Même si elle était assez grande pour décider par elle-même ce qu’elle pouvait s’offrir ou non, je ne voulais pas qu’elle puisse se retrouver dans une situation délicate.



Je remis les pieds au sol, conservant Sophie contre moi.



Je rêvais souvent que je me faisais réveiller par des mains douces et coquines, gentiment intrusives. J’imaginais Sophie se glisser subrepticement sous les draps, nue, à la recherche du corps endormi de Noémie, se coller à son dos, l’enlacer, embrasser doucement son cou, commencer à la caresser. Je lui souhaitais de pouvoir offrir à sa douce le plaisir qu’elle n’avait pas pu m’offrir. Sophie aurait-elle encore sur ses seins la salive que j’y avais déposée ? Est-ce que Noémie s’en apercevrait ? Noémie pouvait-elle être jalouse, même si ma rencontre avec Sophie ne l’empêchait pas de rentrer auprès d’elle et de lui faire l’amour ? J’imaginais que non, puisqu’elle était déjà au courant de tout ce qui se passait entre Sophie et moi. Ou d’une bonne partie, du moins. Mais jusqu’à maintenant, elle avait toujours été loin, ou inaccessible, lorsque c’était arrivé. L’entente entre Noémie et Sophie semblait claire. Sophie ne jouait pas dans le dos de sa partenaire. Contrairement à moi, qui agissais dans l’ombre…


Je me demandai : réciproquement, serais-je jaloux si j’apprenais que Noémie venait tenir compagnie à Sophie pendant ses longues soirées de travail, comme je le faisais ce soir-là ? La réponse était évidente : pas du tout. Je dirais même que Noémie avait droit de préséance sur moi. Il m’était inconcevable d’espérer voir Sophie si elle avait prévu être avec Noémie. Depuis le tout début, de ce qui devenait une très jolie relation entre elle et moi, j’étais au fait de l’existence de Noémie. Je ne pouvais pas en être jaloux ! Mais, serais-je jaloux si à la place c’était un autre homme, un nouvel homme, qui venait lui tenir compagnie ? Oh ! La réponse était beaucoup moins évidente. Ou plutôt, elle l’était : je crois que je serais jaloux, ne serait-ce qu’un petit peu. Envieux, à tout le moins. Ou peut-être plutôt craintif ? Angoissé de me faire remplacer ? Ou bien apeuré qu’un jour Sophie ait à choisir entre me voir ou voir cet autre homme et qu’elle opte pour lui ? Aïe… Il y avait définitivement certains concepts qui ne m’étaient pas encore intuitifs dans cette idée de polyamour. J’étais peut-être plutôt doublement monogame que polygame ? Dans la noirceur de la pièce, avec les lèvres de Sophie qui parcouraient encore mon cou, j’en conclus que cette réflexion pouvait attendre. Une dernière pensée me traversa l’esprit avant que je n’en revienne à l’essentiel… quoi qu’il en soit, je savais que je devais adopter avec Sophie la même philosophie qui l’unissait à Noémie : celle de la cage laissée ouverte en permanence.



Je n’en avais aucun doute ! Mais, bien honnêtement, en plus de vouloir m’assurer de ne pas causer de soucis professionnels à Sophie, j’avais le goût de jouer avec mon envie de lui faire l’amour, de la laisser grandir et grandir jusqu’à notre prochain rendez-vous, que nous avions déjà prévu pour la semaine suivante. Cela ne représentait que quelques petits jours d’attente et je savais que tous ces gestes que nous ne ferions pas maintenant allaient m’habiter, me posséder, jusqu’à ce que nous puissions enfin les poser. Même si elle était toujours immense, j’imaginais que ma joie de la retrouver allait être décuplée, tout comme ma fougue à honorer son corps.


Dans le noir, je m’assurai d’une manière très intéressée à ce que les bonnets de son soutien-gorge fussent bien replacés, je fis redescendre son chemisier, et je lui pris une main. À tâtons, je marchai vers la porte, en lui indiquant le chemin à suivre. Je cherchai la poignée pendant un petit instant, puis j’ouvris. La faible lueur de la salle d’attente nous redonna quelques repères. Sophie en profita pour trouver l’alcool isopropanol dans la salle, changea le papier de la table d’examen, et désinfecta sa surface.



Comme chaque fois que nous nous quittions, elle m’ausculta pour s’assurer qu’aucun de ses longs cheveux n’était resté accroché à mes vêtements. Je renfilai mes vêtements de pluie, elle m’ouvrit la porte et, dans un tourbillon de vent, de bruine et de feuilles mortes, je retournai dans l’air automnal. Je lui soufflai un baiser à travers la vitre, attrapai le sien et rentrai chez moi.


Bien entendu, l’envie de Sophie me poursuivit jusque dans mon lit, et je me couchai auprès de ma conjointe dans un état d’excitation encore bien présent. Je ne tenais pas à exploiter l’envie que Sophie avait générée pour faire des avances à la femme qui se retrouvait à mes côtés, pas plus que je voulais profiter de deux corps féminins dans la même soirée. Du moins, pas si l’un d’eux ne connaissait pas l’existence de l’autre. Je savais que mon désir pouvait naître de ma conjointe elle-même, et je me promis que le soir suivant je tenterais de lui susciter l’envie de mon corps, si je l’y sentais disposée. C’était un des aspects si bénéfiques de la présence de Sophie dans ma vie : je sentais que je pouvais maintenant être à l’écoute des désirs de ma conjointe, plutôt que de trop souvent me retrouver dans la situation où c’était les miens que je devais mettre à l’avant-plan.. La douleur de me buter à son manque de réceptivité, fréquent même s’il n’était pas généralisé, était largement évacuée.


J’eus de la difficulté à m’endormir, ce soir-là. Après un long moment sans trouver le sommeil, je regardai l’heure sur le cadran de la table de chevet : 1 heure du matin. Tout était silencieux chez moi. Je me demandai quels soupirs hantaient la chambre de ma voisine, à peine vingt mètres plus loin. Même en tendant l’oreille, je ne pouvais rien percevoir. Je me levai pour aller prendre un verre d’eau. J’attrapai mon téléphone et consultai machinalement les courriels de ma boîte secrète. Sans surprise, Sophie m’avait écrit :


J’ai adoré cette livraison de baisers au travail ! Et puis cette main coquine qui s’est frayé un chemin jusqu’à mon sexe malgré les vêtements qui s’interposaient. Ouf  ! C’était agréable et espiègle… C’était comme un chatouillement coquin, comme si j’étais une adolescente qui se faisait peloter en cachette.


Après ce teaser, j’ai vraiment très envie de toi. J’ai hâte à lundi. Je t’embrasse mille fois encore…


Et moi qui croyais que nous avions outrepassé les attouchements d’adolescents, je réalisai que je n’avais pas à retenir mes envies avec Sophie. Et oh ! Cette femme réussissait toujours à m’éveiller complètement : seul, debout dans la cuisine, j’étais puissamment émoustillé. Je tentai de me calmer, si je voulais réussir à trouver le sommeil, si je ne voulais pas passer la nuit à imaginer ce que nous ferions lundi prochain, ou ce qu’elle faisait, maintenant. Je pianotai un court message en guise de réponse :


Merci pour la belle soirée et pour la visite de ton lieu de travail. La vue était splendide.