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Temps de lecture estimé : 21 mn
14/02/23
Présentation:  Annabelle Lajoie, ancienne cliente, a renoué des liens avec Octave Groseille. Et cette femme très gourmande découvre l’existence de Pénélope Tancrène, nouvelle associée du libraire.
Résumé:  Un soir d’été, digne d’une histoire romantique. Annabelle avait préparé des salades, et une côte de bœuf attendait sur le grill. Annabelle songeait qu’une telle soirée était idéale pour des amoureux…
Critères:  #adultère #lesbienne fh ff couple cérébral voir exhib noculotte
Auteur : Juliette G      Envoi mini-message

Série : Les amours de Pénélope Tancrène

Chapitre 02 / 08
Annabelle Lajoie

Résumé de l’épisode précédent :

Annabelle Lajoie, découvre la nouvelle associée de son cher libraire.




Le couple Lajoie



Auguste Lajoie travaillait dans l’import-export. Il achetait pour revendre diverses choses, et plus particulièrement, des bois précieux. Ses affaires gérées d’une main efficace, l’homme s’était vite enrichi, et n’avait plus cessé de le faire. Auguste Lajoie était bel homme, charmeur, et toujours prêt à satisfaire les désirs féminins. Il était tombé fou amoureux de la femme qui avait trébuché devant lui, son talon de chaussure cassé entre les doigts. Amoureux au premier regard ! La dame s’était fait mal, et avait les larmes aux yeux. Grand chevalier servant, le bel Auguste s’était empressé de proposer son aide à cette femme sublime. Cela lui avait coûté quatre heures d’attente, aux urgences du CHU de la ville. Quatre heures qui avaient changé sa vie. L’œil sombre, le cheveu blond, le visage agréable, un corps de sportif, Auguste Lajoie plaisait aux femmes. Il plut donc à Annabelle Dupont… Dupont avec un T. Un coup de foudre inattendu, pour l’un comme pour l’autre. Un coup de foudre qui les fit échanger anneaux, et promesses, six mois plus tard. Six mois, dont quatre passés en Afrique, pour le futur marié. Les affaires restaient les affaires.


Si Auguste était un homme viril aux besoins impérieux, Annabelle, fraîchement épousée, n’était pas férue de frivolités. De longues études de droit, et un métier d’avocate qu’elle détestait l’avaient accaparée. Annabelle avait batifolé avec quelques étudiants peu doués, puis avait été la maîtresse d’un notaire connu sur la région. Le quinquagénaire, marié à une femme pas très avenante, acariâtre et très riche, exultait chaque week-end en clamant à sa nouvelle maîtresse, des « Tu n’as pas été sage ! Tu mérites une correction ! » plutôt agaçants, pour Annabelle. Comportements devenus très vite insupportables, horripilants et trop douloureux pour les fesses de la superbe brune. Cet improbable amant passait son temps à fesser le superbe cul qu’il tenait sur ses genoux et qui aurait demandé d’autres attentions. Ce qui fit se carapater une Annabelle, fâchée d’accumuler les échecs amoureux.


Si Auguste Lajoie fut patient, Annabelle fut vite lassée. La jeune femme savait ce qu’attendait son mari. Si elle ne se refusait jamais, elle ne parvenait pas à le rendre heureux. Le blocage sexuel d’Annabelle résista à l’attention de son mari, et à six psychanalyses. C’est ainsi que, lentement mais sûrement, le malheureux Auguste se détourna de sa femme. D’autres pouliches ruaient entre ses bras musclés depuis de longs mois, quand Annabelle découvrit le pot aux roses. Elle avait quitté le cabinet d’affaires détesté, et s’occupait à diverses activités bénévoles, qui l’accaparaient, et la rendait fière de ce qu’elle faisait. Un soir de printemps, Annabelle vit son cher Auguste embrasser fougueusement une blondasse, autant vulgaire qu’incendiaire, et son cœur chavira. Puis, quelques jours plus tard, son sang ne fit qu’un tour. Un enquêteur privé fit le reste… Dix années d’un mariage raté, sinon malheureux, avaient éloigné le couple. Auguste ne touchait plus sa femme depuis des mois et Annabelle était décidée à en finir. Ce serait finalement très simple. Ils ne s’aimaient plus. Son mari la soutiendrait financièrement, le temps qu’elle retrouve un emploi qu’elle apprécierait. C’était les conditions d’Annabelle Lajoie. Conditions, que la jeune femme s’apprêtait à faire connaître à son mari.


C’était un soir d’été, digne d’une belle histoire romantique. Annabelle avait préparé des salades et une côte de bœuf attendait sur le grill. Annabelle songeait qu’une telle soirée était idéale pour des amoureux transis et n’aurait pas dû être dédiée à une rupture. Pourtant, Annabelle Lajoie était certaine que sa décision était la seule possibilité envisageable. C’est alors qu’un fait inhabituel bouscula tout d’abord les certitudes de la jeune femme, avant de la bousculer elle-même. À peine sur la terrasse, Auguste s’était précipité sur sa femme, et ses grandes mains avaient enserré ses épaules.



Une étincelle d’incompréhension était passée dans les yeux sombres d’Auguste et Annabelle se décida à ne pas faire d’esclandre. Son mari la poussait doucement vers le mur de leur terrasse. Auguste, après avoir pris sa femme debout contre le mur, s’était attelé à la grillade sans un mot. Il semblait lointain, et même un peu triste. Annabelle, elle, s’était laissée faire, décidée à ne pas envenimer les choses entre eux. Assis à la table de leur salon de jardin, Auguste s’était attaqué à sa viande avec appétit. Il était temps pour Annabelle de passer à l’acte.



La fourchette en l’air, l’œil étonné, le teint plus pâle et la gorge brusquement nouée, Auguste s’était employé à reprendre sa mastication, afin d’avaler sa bouchée sans s’étrangler.



Le seul mouvement d’Auguste Lajoie fut de se découper un autre morceau de viande.



Annabelle avait soupiré, piquant sa fourchette dans un morceau de tomate.



Le regard d’Auguste s’était assombri, et sa fourchette avait volé pour aller se perdre dans l’herbe. Pour la toute première fois en plus de dix années, Annabelle découvrait un geste d’humeur, chez son mari. Jusqu’ici, Auguste avait toujours été toujours d’un calme presque surnaturel, comme incapable de se disputer avec qui que ce soit, et moins encore avec son épouse.



Annabelle avait désigné le mur, avec une grimace de dégoût déformant ses traits charmants. Ce qui n’empêcha pas son mari de soupirer et de lui redire d’aller se faire voir.



Auguste s’était levé, et avait sorti un paquet de cigarettes de sa poche. Même cela, Annabelle Lajoie ne l’avait pas vu venir. Elle n’avait même pas soupçonné que son mari s’était mis au tabac. Elle n’avait rien remarqué. Pas même l’odeur désagréable, que ce petit vice laissait traîner. C’était dire à quel point elle en était arrivée.



Le ton d’Auguste ne présageait rien de bon. Le sujet était important. Il avait fallu un divorce envisagé, pour que son mari finisse par éprouver de l’énervement. À elle donc de faire en sorte que les choses ne dégénèrent pas.



Auguste était cinquième dan de karaté. Debout, il fit jouer sa nuque sur ses épaules, comme il le faisait avant chacun de ces combats. Annabelle connaissait ce geste et imagina qu’il était proche de la frapper.



Annabelle avait hésité, s’était levée et s’était lancée, en faisant attention à chacun des mots qu’elle prononçait.



Auguste s’était approché de la table, et s’était servi un verre de vin. Debout, il semblait s’être calmé, mais paraissait quelque peu désarçonné.



Une éternité qu’il ne l’avait pas appelée ainsi. « Belle… » pour ne pas imiter les imbéciles qui continuaient à nommer Annabelle « Anna », alors qu’elle détestait cela.



Annabelle Lajoie avait contenu un soupir d’agacement, et s’était assise sans un mot.



Auguste avait bu une gorgée de vin.



La dernière phrase sonnait faux, et Annabelle sentit sa poitrine se gonfler sous une pointe d’angoisse. Soudainement, elle se sentait inquiète.



Auguste mentait parfois en affaires et c’était sans plaisir. Il trompait sa femme, mais ne lui avait jamais menti, puisqu’elle ne lui avait rien demandé. Annabelle avait senti sa gorge se serrer. Auguste, debout face à elle, ne lui mentait pas.



Son mari s’était calmé, et Annabelle ne s’alarma pas de le voir se servir un autre verre de vin.



Annabelle devait dire quelque chose. Elle était face à un homme, qu’elle ne connaissait pas. Auguste semblait perdu, et même effrayé. Et le voir ainsi lui fit peur.



Auguste manipulait son couteau à viande, et la jeune femme sentit une boule de panique lui prendre le ventre.



La main de monsieur Lajoie tenait le long couteau effilé, et lui fixait l’objet comme s’il le découvrait.



Auguste, encore, était proche de crier.



Son mari avait presque poussé un hurlement et Annabelle sentait sa respiration se bloquer. Elle étouffait.



Annabelle ne reconnaissait pas sa propre voix. C’était un mince filet rauque.



Annabelle Lajoie s’était levée lentement et s’était approchée de son mari. Elle ne songea même pas à enlever le couteau de la main qui le tenait.



Auguste n’avait pas esquissé un geste, laissant sa femme lui enlever le couteau de la main.



Annabelle avait tranché un morceau de comté, et l’avait fourré dans la bouche de son mari en souriant.



Auguste regardait sa femme et faillit reculer quand elle se colla à lui. Annabelle avait un regard devenu fixe, et soudainement inquiétant.



Auguste avait tenté de repousser doucement sa femme, mais elle s’était aussitôt lovée contre lui, passant ses bras autour de ses épaules.



Après avoir embrassé son mari, Annabelle Lajoie s’était débarrassée de sa robe. Ses seins superbes avaient jailli de son soutien-gorge quand elle l’avait enlevé.



Annabelle sentit la bouche de son mari téter le mamelon qu’elle avait poussé contre ses lèvres.



Nue, à nouveau collée au mur de pierre, Annabelle Lajoie avait longuement crié de plaisir. Et ce, pour la première fois de sa vie.


Il n’y eut pas de divorce…




L’invitation



L’appartement d’Annabelle Lajoie était un superbe loft. Murs blancs, sols gris et rouges, et de rares meubles aux design noirs ou gris. Du moderne, et rien que du moderne. La cuisine, comme le salon. Si la cuisine était de surface modeste, le salon, lui, était spacieux. Une immense baie vitrée déversait dans la pièce toute la lumière du jour. Pénélope aurait bien voulu voir le salon en journée. S’il n’était pas encore vingt heures, il faisait presque nuit. Le haut du logis devait abriter chambres, salle de bains et toilettes.


Pénélope avait tout de suite apprécié Annabelle Lajoie qui était ensuite devenue sa cliente préférée. Puis elle s’était sentie plus proche de cette femme en apprenant à la connaître un peu mieux. Les lectures du vendredi soir les avaient plus encore rapprochées. Pénélope avait vite compris que la belle madame Lajoie appréciait l’érotisme. Et peut-être même sa manière de lire et de traiter du sujet dans les débats. Et peut-être aussi la lectrice elle-même. Plusieurs fois, Pénélope avait surpris le regard brûlant de Lajoie sur elle. Plusieurs fois, elle l’avait vu se trémousser doucement à certains passages d’une œuvre lue. C’était à se demander si… Puis Pénélope avait balayé cette idée et n’y avait plus pensé.


Les deux femmes avaient bu l’apéritif, tout en papotant de tout et de rien. Annabelle très bavarde, Pénélope écoutant plus qu’elle ne parlait. Puis, elles avaient discuté des circonstances de la rencontre entre Pénélope et Octave, de la librairie Moby Dick et du travail de Pénélope. Un peu plus tard, Pénélope amenait la conversation sur un autre chemin. Elle était curieuse d’en apprendre un peu plus, sur sa « si sympathique hôtesse ».



Annabelle sourit et but une gorgée d’alcool.



Il y a peu, Pénélope aurait posé sa question sans s’en poser. Elle savait qu’elle changeait et devenait plus sociable. Annabelle l’avait enjoint à poursuivre d’un autre sourire, et Pénélope s’était hasardée à satisfaire sa curiosité. Une curiosité, aussitôt assouvie, par les confidences débitées en cascade, par la voix grave et chaude d’Annabelle Lajoie. Une partie de sa vie délivrée en confidences pimentées. Son mariage raté, son indécrottable frigidité quant au sexe, les tromperies de son mari volage, la découverte du pot aux roses et leur séparation.



Sa petite phrase fit rougir Pénélope, et elle changea aussitôt de sujet, levant son verre de liqueur et le portant à ses lèvres.



Pénélope voulut arrêter le geste d’Annabelle qui lui prenait son verre vide des mains. Un verre plus proche de la lessiveuse que de la flûte à Champagne.



Annabelle avait ri et s’était servi un quatrième verre. Puis, elle avait changé de place, et avait abandonné son large fauteuil de tissu rose et gris pour venir s’installer aux côtés de Pénélope. C’était un canapé d’angle immense, posé en plein centre de la pièce. Ce qui avait fait dire à la jolie blonde que l’angle ne servait à rien.



Annabelle laissa échapper un rire grave.



Lajoie avait ri de bon cœur, et Pénélope se décida à s’enhardir.



La jolie blonde jeta un coup d’œil à la belle brune. Annabelle ne semblait pas prendre mal la conversation.



Annabelle avait approché son visage de celui de Pénélope et planté ses yeux gris dans les siens. Un moment proche de l’éternité pour une Pénélope qui commençait à se demander à quelle sauce elle allait être accommodée. Puis, Annabelle avait pris son verre et le lui avait tendu.



Annabelle n’avait pas répondu, et s’était contentée de regarder Pénélope tremper ses lèvres dans sa lessiveuse.



Ce n’était pas véritablement une question, et Pénélope resta à regarder sa voisine.



Annabelle Lajoie eut une moue signifiant « Hé oui, tu vois ma vieille » et but une autre gorgée de son 44.



Pénélope se contenta d’un hochement de tête, et mordit sa lèvre inférieure.



Madame Lajoie haussa ses sourcils de jais, et s’approcha encore, collant ses lèvres à celles de Pénélope… un instant fugace qu’elle laissa s’envoler aussitôt.



Annabelle lâcha un léger rire, et recula son beau visage.



Le regard d’Annabelle brilla, et elle reprit sa phrase.



Annabelle rit encore, et d’un geste, commanda à Pénélope d’en terminer de sa boisson.


Pénélope, tête penchée vers son épaule gauche, prit la lessiveuse presque pleine, tendue par Annabelle. Elle avait chaud, et se savait engourdie par l’alcool, si doux et pourtant si fort. Elle avait été surprise, mais n’avait pas bougé sous le léger baiser d’Annabelle. Surprise, par la soudaineté de l’acte. Pourtant, le contact de la bouche de la femme sur la sienne s’était avéré comme naturel. C’était comme si Pénélope avait toujours su qu’elle embrasserait Annabelle. C’était plutôt ça, l’étrangeté de la chose. Et que ce fut l’inverse qui venait de se produire n’était pas important.



Pénélope bougea et se cala un peu plus près de sa voisine. C’était un geste conscient rendu plus facile par la torpeur que lui apportait le 44.



La main d’Annabelle se posa sur la cuisse de la jeune femme… Un battement d’aile de papillon sur la jupe légère de Pénélope.



Pénélope se mordit la lèvre après avoir posé sa main sur celle d’Annabelle.



Pénélope, très vite, s’était sentie autant excitée que troublée. Son imagination, plus que fertile, lui offrait la belle madame Lajoie sur un plateau d’argent. À peine cette dernière lui détaillait-elle une scène, que l’imaginaire de Pénélope s’envolait. Annabelle nue, Annabelle bouleversée, Annabelle découvrant le plaisir. Pénélope entendait ses gémissements et ses cris. Elle la voyait se tordre, le sexe d’Auguste en bouche et les lèvres de son mari, sur la délicate cicatrice du ventre nu de son épouse. Le trouble de la jolie blonde gâchait un peu son plaisir. Pénélope avait l’impression d’espionner sa nouvelle amie. Une amie, qui l’encourageait à l’écouter, par des regards brûlants, des confidences devenant de plus en plus intimes, des mots devenus crus. Annabelle tremblait en caressant la main de Pénélope. La jolie libraire en avait la certitude, Annabelle était tout aussi excitée qu’elle l’était elle-même. Annabelle parlait du soir où tout avait commencé. Elle savait qu’Auguste la trompait et le lui avait balancé au visage. Puis, elle assurait Auguste qu’elle comprenait et elle le laissait avec son soulagement de pouvoir batifoler avec ses jouisseuses. L’aveu de son mari avait tout déclenché ! Il était fou amoureux d’Annabelle. Et chacune de ses étreintes adultères n’y changeait rien. Chaque femme qu’il prenait était son Annabelle. Chaque fille qu’il baisait était son Annabelle. Il ne voyait que sa femme, quand il forniquait avec les autres. Alors… Annabelle s’était sentie fondre ! C’était venu d’un coup ! Sa gorge s’était serrée, son ventre brûlant s’était contracté. C’était elle qui s’était jetée sur son mari. Elle voulait subitement tout savoir et questionna Auguste tout en se collant à lui. Et elle sut tout ! Une bonne partie de la nuit, Auguste et Annabelle restèrent plongés dans des jeux inconnus pour la jeune femme. Elle découvrit des horizons qu’elle n’avait jamais entrevus. Elle était dévastée par des orgasmes incontrôlables, violents. Bousculée par de légères jouissances venues subitement sans prévenir. Chahutée par un désir insatiable. Annabelle jouissait enfin ! Et sa vie changea du tout au tout…


Annabelle Lajoie s’était levée et les avait resservies. Un instant de vide pour Pénélope. Comme impatiente de son retour, la jolie libraire faillit se coller à elle, quand Annabelle revint s’asseoir, avec d’autres verres à demi plein de liqueur.



Pénélope avait souri quand la main d’Annabelle avait relevé une mèche blonde qui lui chatouillait la joue. Les doigts de son amie étaient brûlants.



Pénélope eut un petit rire et reposa son verre sur la table de métal et de verre.



Annabelle laissa ses doigts caresser une oreille chaude et Pénélope retint son souffle.



Pénélope sentit ses joues s’empourprer et son sexe fondre. Ou peut-être que son sexe s’était liquéfié brusquement, avant que son visage ne vire au cramoisi.



Les doigts d’Annabelle jouaient avec les cheveux dorés. La voix de Pénélope était maintenant voilée. Les mots lui brûlaient les lèvres. Il fallait qu’elle s’en débarrasse.



Annabelle fixa ses yeux gris sur sa voisine, et murmura un « Et alors » interrogateur.



Nouveau « Et donc… », cette fois dit en suspens.



Annabelle bougea, et son corps se lova contre celui de Pénélope.



Les yeux gris parurent se voiler, et madame Lajoie passa un bout de langue sur les lèvres de Pénélope.



Pénélope ouvrit sa bouche et la langue d’Annabelle se colla aussitôt à la sienne.



Annabelle Lajoie se leva brusquement, et Pénélope fut comme sortie d’un rêve éveillé. Cette brusquerie la fit sortir de la gangue langoureuse qui l’enveloppait. Annabelle la fixa un instant, puis se baissa pour lui caresser le visage.



Annabelle se contenta d’un hochement de tête.



Lajoie fit glisser son corps vers le bas. Ses seins gonflaient un top noir et scintillant. Sa main crocha doucement la nuque de Pénélope, et approcha son visage du sien.



Jamais personne n’avait embrassé Pénélope de cette manière ! D’ailleurs, la jeune femme se demandait si quelqu’un l’avait déjà embrassée. Il y avait bien ce petit baiser partagé avec son amie de FAC. Une jeune fille surnommée Tarentule. Un baiser échangé par deux filles maladroites. Un raté émouvant. Avec les deux autres imbéciles, il n’y avait pas eu de baisers. Ils avaient collé leur langue dans sa bouche et l’avaient remuée. Annabelle l’avait fait chavirer. Tendresse d’abord. Pas la tendresse d’un chaste baiser, tendresse dans l’acte. Lentes caresses de leurs lèvres, goûts de leurs langues poivrées de café et sucrées d’orange. Une douceur se muant brusquement en impétuosité. L’immense bouche d’Annabelle recouvrant celle de Pénélope. Sa langue envahissant sa bouche, bousculant celle de Pénélope, l’enveloppant avant de l’abandonner.


La main de la brune engloba un sein ferme sous la chemise et ses lèvres sucèrent la langue de la jolie libraire. Alors, la longue main de la blonde se glissa sous les cheveux noirs, s’agrippant avec force à la nuque douce d’Annabelle Lajoie. Leurs dents s’entrechoquèrent doucement, quand Pénélope répondit avec fougue au baiser de la brune, attirant avec hardiesse le corps d’Annabelle sur le sien.



Annabelle Lajoie avait presque été obligée de se débattre. Pénélope, surprise et vexée, se laissa aller contre le dossier du canapé, le souffle court et la poitrine oppressée. La déception et la frustration assombrissaient son doux regard azur. La superbe femme brune tentait de retrouver son souffle, ses yeux gris plongés dans ceux de Pénélope.



Pénélope enlaça Annabelle pour l’embrasser encore. Un baiser sensuel que sa partenaire interrompit avec douceur. La jolie blonde se mordit la lèvre. Café et orange. La passion n’y était plus.



Annabelle Lajoie mordit doucement la lèvre inférieure de Pénélope. Sa voix chaude vibra dans le silence.



Annabelle lécha la bouche de Pénélope, et la poussa doucement en arrière.



Les yeux d’Annabelle parurent briller d’un feu nouveau.



Pénélope, tête penchée, parut un instant proche de la tristesse.



Le rire grave de Lajoie et sa main chaude sur la joue de la jolie blonde firent soupirer Pénélope.



La stupéfaction de Pénélope poussa Annabelle à encore l’embrasser. Leurs dents se rencontrèrent encore. Le désir les étouffait.



La libraire paraissait toujours sur le coup de sa surprise, et soupira. Une longue et lourde inspiration.



Annabelle Lajoie désigna le canapé de son regard gris.



Son hôte n’avait fait que quelques pas quand Pénélope Tancrène, toujours debout et comme un peu perdue, rappela Annabelle. Cette dernière, arrivée dans le coin cuisine, leva les yeux vers Pénélope et lui sourit.



Quelques mois auparavant, Pénélope Tancrène n’aurait pas hésité à avouer à cette superbe créature qu’elle craignait d’être en train de tomber amoureuse…