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16/02/23
Résumé:  Octave Groseille répondit au bonjour du client, et leva les yeux vers celui qui l’avait salué. C’était l’un de ses clients les plus assidus. Pas un jour sans que l’homme ne soit présent.
Critères:  #humour fh cérébral voir init
Auteur : Juliette G      Envoi mini-message

Série : Les amours de Pénélope Tancrène

Chapitre 03 / 08
Achille Lefort

Résumé des épisodes précédents :

Retrouvailles entre Annabelle Lajoie et Octave Groseille. Une invitation d’Annabelle, et quelques petites confidences intimes à Pénélope. Une soirée charmante entre femmes, et une Pénélope totalement sous le charme de sa si belle hôtesse…




La librairie




Achille Lefort, savait qu’il n’était plus de mise d’utiliser le mot « Mademoiselle ». Il n’en avait cure, trouvant le mot charmant. Un stupide dictionnaire édité par des sots privilégiant les modes et les époques à la beauté de la langue ne l’intéressait guère. Ainsi « glauque » était devenu synonyme de « malsain », alors que l’adjectif désignait à l’origine une couleur. Un bleu tirant sur le vert. Allez dire à une femme qu’elle avait les yeux glauques ! Allez-y pour voir ?


Octave Groseille répondit au bonjour du client, et leva les yeux vers celui qui l’avait salué. C’était l’un de ses clients les plus assidus. Pas un jour sans que l’homme ne soit présent. Et il passait toujours un long moment dans l’échoppe, sans forcément acheter quelque chose, et c’était bien dommage pour un client assidu. Il était à peine 9 h 30, et l’homme était déjà là. Octave se retint de grommeler et répondit sans chercher à être aimable.



Octave espérait bien que non. Il n’était pas Pénélope et il y avait de fortes chances pour qu’il ne puisse pas rendre un tel service. Encore que l’envie de déplaire fortement à ce client, et de le pousser à ne plus remettre les pieds dans l’endroit, était tentante.



Groseille regarda l’homme quitter la librairie, sa grande main lissant ses cheveux en arrière.



Le libraire avait simplement murmuré sa petite phrase. Il avait détesté ce type au premier regard. Et ce, pour des raisons simples. En bon prédateur, Octave Groseille détestait la concurrence des mâles en rut. Et l’homme évoluait sur son territoire. Pire encore, il rôdait autour d’une proie qu’Octave s’était réservée. Bien sûr, si le libraire considérait sa chère Pénélope comme sienne, c’était uniquement de manière cérébrale. Il ne se donnait aucune chance, pour avoir un jour Pénélope dans ses bras. De plus, pour la première de sa vie, l’ancien marin se voyait en protecteur. Il se voyait en chevalier servant. En fait, il adorait Pénélope Tancrène, sans rien attendre d’elle en retour. Le bellâtre, lui, visait à se goinfrer du gibier préféré de l’imaginaire d’Octave. Un morceau de choix qu’il gardait précieusement pour lui. L’énergumène chassait Pénélope Tancrène ! Sa Pénélope ! Une autre raison l’avait poussé à parfaire son antipathie envers l’intrus. Dès qu’il avait vu cet homme, Octave l’avait trouvé beau ! Beau comme un dieu grec ! Et cette évidence avait stupéfait Octave. Groseille était un chasseur de scalps sans scrupules. Entendons, par là, qu’il collectionnait les trophées féminins ornant les fourches des cuisses féminines. Féminines ! Il se désintéressait complètement des tignasses masculines et des pubis des mâles ! Pourtant, le libraire avait trouvé ce type à son goût. Pire, il avait été troublé par cette beauté. Une véritable aberration ! L’ancien marin avait été grand amateur de femmes et féru de conquêtes féminines. Il faisait feu de tout bois, mais savait apprécier la beauté quand il la croisait. Il lui rendait donc hommage de toutes les manières possibles. Groseille avait toujours été un hétérosexuel convaincu, comme acharné à ne pas comprendre l’attirance d’un homme pour un autre mâle. Jusqu’à ce qu’il croise le regard de cet olibrius. Pour la première fois de sa vie, Octave s’était imaginé occupé à satisfaire les envies d’un mâle. Un court fantasme lui avait traversé l’esprit. Ce nouveau client suçait Moby Dick avec application. Cette idée, sur le moment, avait ébranlé les certitudes du libraire. Depuis, cette vague excitation qu’il avait jugée malsaine, la détestation de l’autre était née…




Le talon d’Achille



Toute sa vie durant, Achille Lefort avait entendu les mêmes choses. Mots, petites phrases, et jugements délivrés en permanence par ses parents, ses proches, ses professeurs et ses médecins. Achille avait été gros bêta quand il était bambin, puis un niais en tant qu’enfant, et enfin un adolescent totalement idiot, difficile et instable. Sa scolarité n’avait pas été difficile, elle avait été catastrophique. Sauf quand il écrivait… Ses professeurs de français n’en appréciaient pas plus Achille, pour autant. Ils en étaient même presque jaloux. Finalement, ses vingt premières années d’existence apportèrent une réponse à Achille. Une réponse qui, si elle n’était pas exacte, apportait au moins une explication plausible aux questions qu’il se posait. Car, évidemment, Achille savait depuis toujours qu’il n’était pas « comme tout le monde ». Un autisme léger… Parents et amis furent aussitôt rassurés de ce diagnostic ! Être malade était beaucoup plus facile à accepter qu’être con. Achille n’était donc que malade ! Ouf, et alléluia !


L’un des derniers professeurs d’Achille Lefort était monté sur Paris et avait fracassé quelques bureaux à coups de poing ! Achille était un génie des mots ! Alors, si l’éditeur n’était pas complètement tordu, il se décidait à lire « Autant en emportent les eaux » ! Un petit chef-d’œuvre d’écriture, un premier roman pondu par son protégé ! Et évidemment, l’éditeur éditerait ce chef-d’œuvre aussitôt après, s’il n’était pas totalement stupide. Enfin, l’éditeur se féliciterait d’avoir découvert cette merveille ! C’est ce qu’il se fit ! Achille coupa donc les ponts avec sa famille, et autres proches. Il s’installa dans un petit appartement de deux pièces en périphérie de Paris, et il se laissa vivre de son unique passion. Achille, alors, travailla d’arrache-pied. Noircissant son écran d’ordinateur, à défaut de papier, d’un labeur acharné sous forme d’écrits divers, accumulant nouvelles, essais, et un autre roman. Le tout qu’il jugea excellent et qu’il garda précieusement par-devers lui. Son autisme obligeait Achille Lefort à ne donner en pâture à ses lecteurs que les textes qu’il jugeait les moins bons. L’auteur restant incapable à partager ce qu’il savait de valeur.


La bataille avec Paul Tartoulage, éditeur et protecteur d’Achille, avait été rude. Une bataille perdue pour l’auteur, et Achille Lefort avait dû lâcher l’affaire. Désormais, Gédéon Laplume serait lâché dans la nature. Ces premiers romans, publiés sous le pseudonyme d’Achille Le Tallon, hommage à une BD chérie, permirent à Achille Lefort de vivoter de sa plume. Puis, Gédéon Laplume était né de l’imagination d’Achille. Un personnage nouveau, un flic, nommé Gédéon Laplume, assorti de comparses cocasses, se lançait dans des enquêtes improbables et finissait par les résoudre avec quelques difficultés. Ce flic, lieutenant de police atteint d’une forme d’autisme que personne n’avait jamais détectée, avait très vite trouvé son public. On aurait pu le penser asocial, voire d’une distraction extraordinaire, mais pas le moins du monde si différent des gens dits « normaux ». Gédéon avait un physique plutôt quelconque et de grands yeux rêveurs, autisme oblige, qui plaisaient fort aux dames. Gédéon Laplume finissait souvent par bâcler ses enquêtes, pourtant simples. Ou parfois, il les abandonnait sans même s’en rendre compte. Enquêtes cependant toujours sauvées par l’un de ses comparses. Le but du roman étant d’apporter autre chose au lecteur qu’un héros-policier. Chacune de ses enquêtes apportait un sens à la vie de Gédéon Laplume.


Sa dernière aventure s’était bien vendue. Elle laissait Laplume ridiculement trompé par l’escroc qu’il traquait, le vilain allant jusqu’à lui voler son véhicule de fonction, pour se carapater. Tout au début de l’enquête, Aglaé Lestoc, jeune lieutenante sous les ordres de Laplume, affirmait qu’un fraudeur falsifiait des bulletins de retraite. Il travaillait donc certainement pour un organisme bancaire, ou une société d’assurance. Une vieille dame, victime du malfaisant, aiguillait Lestoc vers un suspect potentiel. L’homme bégayait fortement, suait abondamment, et puait atrocement des pieds. Le voyou était venu chez elle pour lui proposer un prêt avantageux et quelque peu suspect. Le mois suivant, la mensualité de retraitée de la vieille, ainsi que quelques centaines d’autres victimes, était réduite de moitié. La femme flic finissait par sauver la mise de son chef. Aglaé Lestoc, lesbienne dominatrice, et grande collectionneuse de bouteilles de bière, retrouvait le malfrat. Dans le même temps, Laplume ramenait une vieille dame abandonnée des siens dans le giron de sa famille. C’étaient les personnages secondaires qui étaient les véritables atouts des romans d’Achille Lefort. Les enquêtes n’étaient que le moyen de faire vivre des héros, parfois drôles, quelquefois ridicules, mais toujours attachants.


Écrire était simple pour Achille Lefort, et il le faisait très bien. Il avait un don pour jouer avec les mots, et l’avait toujours su. Un don exceptionnel. Une autre de ses particularités surprenait le jeune homme. L’autiste qu’il était ne l’analysait pas vraiment et la comprenait encore moins. Les femmes l’adoraient. La séduction était un art incompréhensible pour Achille. Là, pourtant, la simplicité de la chose atteignait des sommets. Achille n’avait rien à faire ! Il séduisait sans même s’en rendre compte. Il avait découvert cette trouvaille depuis peu de temps. L’année précédente, Achille avait quitté sa tanière pour fêter en tête à tête avec lui-même le succès de « Dans l’arbre perché ». La seconde aventure de Gédéon Laplume. Cette fois, le héros se faisait violemment tabasser par un jeune dealer, chef d’un gang devenu dangereusement proche d’inonder la place parisienne d’une drogue vicieuse. Entrait alors en scène Gontran Lardu, l’un des précieux auxiliaires de Laplume. Gontran Lardu, un colosse à la voix de fausset, champion régional de danse sur glace, finissait par appréhender le méchant et démantelait toute sa bande. Gédéon Laplume, lui, apprendrait à son grand dam que les pompiers refusaient de se déplacer pour un chat perdu. Un acte salutaire et urbain qu’il pensait pourtant gravé dans le marbre ! Du coup, il descendit un vieux matou mité de son improbable perchoir et le ramenait à Félicia. Félicia, adolescente introvertie, battue par son beau-père alcoolique et prostituée par sa mère. Une découverte qui mit Gédéon hors de lui et qui dégaina son arme pour la toute première fois. Enquête officielle encore négligée, et tranche d’une vie à la fin heureuse.


Ce soir-là, Achille refusa quelques invitations féminines. Il apprit également qu’il était très beau. Et ce, à quatre reprises. Il n’avait jamais prêté attention à son physique. Une chevelure qu’il entretenait à peine, des mèches d’un blond tirant sur le châtain, des yeux dits noisette… rien d’autre pour Achille que des banalités. On parla d’yeux immenses dans lesquels on désirait se noyer, de regard charmeur, de large bouche sensuelle et de dents fortes et saines… compliments laissant le propriétaire de ces charmes faussement reconnaissant, et totalement hermétique à toute compréhension de ces attentions délicates. On vanta sa mâchoire d’acier et son menton volontaire. Vétilles pour le jeune homme. Trente années sans le moindre effort physique lui donnaient pourtant un corps de sportif, ce qu’il n’avait jamais été. On le compara enfin à un certain Robert Redford, illustre inconnu pour un Achille Lefort totalement inculte en matière de septième art. Une soirée, donc, qui aurait pu être très instructive pour le jeune auteur de romans, s’il s’était intéressé à cette avalanche de compliments. Au sortir du restaurant, une quadragénaire au corps voluptueux attrapa Achille par un bras sans ménagement, et sans un mot. La dame balança presque sa proie dans sa voiture, un petit véhicule de marque inconnue pour le jeune homme. La femme se mit nue, baissa les pantalons d’Achille… et le viola sans cérémonie ! Après avoir crié plusieurs fois, la terrible mégère avait ramené sa victime chez elle, où elle s’acharna Achille le reste de la nuit. Au matin, à peine sur le trottoir qui longeait l’immeuble où Achille avait combattu une créature fabuleusement enragée, l’estomac encore secoué par les assauts de la furie dénudée, Achille vomissait les lasagnes saumon poireau de son dîner. Une épopée troublante qui poussa Achille à mettre le nez dehors moins souvent. Pourtant, il lui arriva d’effectuer quelques autres tentatives de sorties nocturnes. Une sortie, une fille, les vomissements en moins. L’épopée se renouvelait chaque fois.


Ayant quitté Paris, et étant arrivé depuis peu dans cette nouvelle ville qu’il ne connaissait pas, le jeune homme n’était pas encore installé. Le trois-pièces loué un mois auparavant par Achille Lefort était encore jonché de cartons… des livres et encore des livres. La fille, à peine entrée chez lui, avait poussé Achille vers le petit canapé neuf et moderne qu’il venait d’acheter. Achille regardait les seins de la jeune femme danser sous ses déhanchements, il sentait la masse du corps féminin sur le sien, les cuisses chaudes de la fille sur les siennes, son bassin ondulant sur ses hanches. Sonia ? ou était-ce Sophia ? Elle s’était assise sur lui après s’être déshabillée en quelques gestes, puis elle avait baissé les pantalons et enlevé la chemise de celui qu’elle voulait croquer. Elle le disait ainsi, elle était une croqueuse d’hommes. Achille pensa donc à un futur sobriquet à attribuer à cette Sonia-Sophia si délurée. Elle mouillait sur lui, des bruits de clapotis un peu ridicules se mêlaient aux halètements et aux gémissements de la fille. Elle l’avait enfourché comme on monte un mustang, il ne lui manquait que le Stetson. Celle-là, il la surnommerait « Rodéo Girl ». Tant pis pour le truculent « La croqueuse ». Des bruits d’amour trahissaient le silence de la pièce. Achille sourit en malaxant les pointes de seins durcies de Sonia-Sophia, sachant par expérience que cette fille aimerait ça. Comme il aurait su, d’instinct, qu’une autre n’aurait pas apprécié, sa faculté à séduire n’était pas uniquement due à son physique. Les femmes le lui disaient. Il était superbe et donnait envie. Ensuite, c’était bien pire… elles craquaient sans savoir pourquoi ! Sonia-Sophia s’était éclipsée de sa vie, à peine y était-elle entrée. Et c’était parfait ainsi…


« La belle éberluée » : une charmante personne qui s’était donnée avec retenue. Tout le temps de leurs caresses, pendant lequel Achille s’était évertué à ne pas laisser une parcelle de peau de la dame inexplorée, elle était restée silencieuse et attentive à ses désirs. La bouche en cœur, les yeux grands ouverts, immobile et sans la moindre initiative envers son chevalier servant, la belle avait fini par lâcher un infime soupir avant de susurrer un « C’est merveilleux… » timide. Une affirmation moins enthousiaste qu’une ovation d’un fan de football devant un nouvel exploit de son tapeur de ballon préféré… Moins tonitruante et sans le ridicule d’un coup de trompette.


« Le menhir » : immobile. Minéral. Achille avait eu beau s’échiner à tout tenter pour faire bouger cette fille, rien n’y avait fait. Du granit, des orteils à la racine de ses cheveux.


« La palourde » : muette, s’ouvrant ou se refermant sur son visage. Les cuisses mollassonnes et grasses coupant trop souvent le souffle d’Achille, et l’étouffant parfois. L’intimité de la dame dégageait des effluves dignes des plus grandes marées.


« Mortadelle » : aucune allusion au prénom. Achille se souvenait même que la fille se prénommait Hortense. La peau rose, parsemée de petites taches blanchâtres, et légèrement rugueuses.


« La poissonnière » : une femme d’âge incertain. Son sexe n’avait aucunement l’odeur salée et piquante de la mer, le surnom était venu de sa manière d’exprimer ses émotions… mots crus et allusions colorées en pagaille.


Des bruits d’amour… Achille sourit en songeant à l’amour déclamé par les poètes depuis que le monde était monde. Il n’avait jamais compris ce sentiment d’amour tant vanté. Il en avait été si loin jusqu’ici. Achille ne l’appréhendait même pas avant de l’avoir enfin rencontré. Son ange d’amour ! Un ange parlant littérature, et connaissant chaque livre de la librairie où elle travaillait. Aucun auteur ne lui était inconnu, et elle pouvait les citer avec une facilité phénoménale. Aussi belle et charmante qu’intelligente et cultivée… La femme parfaite, LA femme dans toute sa splendeur ! Celle qui l’avait fait plusieurs fois vibrer en lisant pour un parterre d’auditeurs accrochés à ses lèvres pulpeuses. Pénélope Tancrène ! L’amour nouveau et unique d’Achille Lefort. L’amour de sa vie !




La décision d’Achille



Achille Lefort buvait un café parfaitement infect. Il ne connaissait pas l’établissement et songeait qu’un endroit qui se donnait le nom de café se devait d’en servir un de correct. Ses pensées étaient tournées vers Pénélope. Chaque jour, il l’avait saluée, et elle lui avait répondu en lui souriant. Chaque visite lui permettait de lui parler d’un auteur ou d’un livre. Chaque réponse de son ange le ravissait. La jeune femme paraissait incollable, et quand elle ne savait pas, elle prenait note et promettait de se renseigner. Ce qu’elle faisait toujours, et ce qui permettait à Achille de se laisser aborder par sa Dulcinée sans avoir à faire le premier pas.


Achille leva ses yeux noisette vers la fille qui venait de s’installer à sa table. Il répondit à son bonjour, et sa voix grave fit sourire sa visiteuse. Elle se nommait Valériane et était étudiante en deuxième année de droit. Elle se demandait si…


Demain, il lui dirait tout. Demain, à la première heure, Achille pénétrerait dans la librairie Moby Dick et, avant de la saluer, avouerait tout à mademoiselle Tancrène. Il lui dirait qu’il était fou amoureux d’elle. Il lui dirait qu’il l’aimait !



Quel âge pouvait bien avoir cette jeune personne ? Achille comprit qu’elle parlait dans le vide depuis un moment. Il regrettait toujours ses absences, elles passaient pour de l’impolitesse.



L’étudiante était mignonne. Pas jolie, pas belle… mignonne. De longs cheveux châtains et des yeux sombres, un petit nez mutin…



Le visage de la fille se ferma, et ses lèvres se pincèrent.



L’étudiante, tête penchée sur le côté, resta un instant à le regarder, et Achille songea à sa Pénélope. Il l’avait très souvent vu adopter cette posture quand elle paraissait réfléchir, ou songeuse…



Les yeux d’Achille parurent enfin s’ouvrir sur le monde. Il sourit.



Valériane eut un petit rictus de déception.



La jeune femme soupira, et haussa les épaules.



Achille Lefort ne savait pas faire un bon café. Il ne savait pas faire de café du tout. Il se servait un affreux truc en poudre et versait de l’eau bouillante dessus.



La dénommée Valériane ramassa son sac. Il n’y avait rien à tirer de ce type, il était aussi beau qu’il était con. Elle avait eu envie de lui à l’instant même où elle l’avait vu… Trop dommage !



Ou alors, elle pouvait le planter là, et aller boire un café avec sa coloc… Peu importait ! Demain, il avouerait à Pénélope Tancrène qu’elle était la femme de sa vie…