n° 21588 | Fiche technique | 58203 caractères | 58203Temps de lecture estimé : 40 mn | 05/03/23 |
Résumé: Un bon recrutement que cette Marie-Sophie, issue de Normale Sup, de l’ENA et de l’ESSEC, et riche de surcroît. Mais elle est également fort séduisante... | ||||
Critères: fh fffh collègues voyage fellation cunnilingu pénétratio | ||||
Auteur : Roy Suffer (Vieil épicurien) Envoi mini-message |
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Résumé des épisodes précédents :
Jérôme a épousé Mahoko et fait désormais ménage à trois avec sa belle-sœur Yüko.
Je ne sais pas si mes cadres comprennent mes absences pour raisons familiales, ils pensent certainement « et nous, on aimerait bien en faire autant », mais bon. Par ailleurs, ils ne sont pas à la rue, les salaires sont gratifiants et les primes encore plus. D’ailleurs, le turn-over de l’entreprise est ridiculement bas, pas plus d’une personne par an et encore, pas tous les ans. La moyenne d’âge étant assez basse, hormis la dernière secrétaire d’Édouard encore présente, qui fut aussi sa première, les départs sont essentiellement dus aux conjoints, mutés ou trouvant un meilleur job ailleurs. C’est comme ça que cette année j’ai recruté une pointure, la tête aussi bien faite que bien pleine. Elle est arrivée en tant que stagiaire d’une grande école de commerce, après avoir fait Normale Sup et l’ENA. Sa première victoire a été de décrocher ce stage, car je n’en prends habituellement pas. Mais je savais avoir à remplacer un départ en septembre, et surtout la petite dame s’est montrée extrêmement convaincante, balayant d’un revers de main et en trois mots mes arguments de prudence quant aux fuites éventuelles de notre activité. Elle ne se voyait pas sous-préfète dans un département perdu, ni chef d’un service obscur dans un couloir du pouvoir, appliquant des directives qui ne lui plairaient pas, tout en étant l’objet de la convoitise d’élus se croyant tout permis durant leur période de gloire. Elle avait vécu cela pendant sa formation à l’ENA, ce qui l’avait décidée à poursuivre vers ce qu’elle pensait être « la vraie vie », n’obéissant qu’à la dure loi du marché. Mais là encore, sa déception fut grande, l’un ne valant pas mieux que l’autre, jusqu’à ce qu’elle trouve cette niche qu’est la sécurité numérique.
D’aucuns virent poindre dans ma décision une concurrence terrible pour Mahoko, sauf Mahoko elle-même. Je l’avais tenue pas à pas au courant de ma réflexion la concernant. Je l’emmenai sur trois négociations, sur la première elle m’observa, sur la seconde elle participa et enfin je ne fis que l’observer pour la troisième qu’elle remporta allègrement. Mon inquiétude portait essentiellement sur la rémunération : serait-elle suffisante pour garder cette perle ? En voyant qu’un préfet gagne entre cinq et six mille euros brut, je fus un peu rassuré. Cependant, visiblement cette fille ne sortait pas du caniveau au vu de ses tenues, aussi nombreuses que classieuses. À l’issue du stage, nous fîmes le point.
Marie-Sophie intègre la boîte en septembre, comme prévu. Je signe donc un très gros contrat avec le No 1 du transport en octobre et notre entreprise fait un nouveau bond, car Marie-Sophie démarche dans la foulée les plates-formes de distribution que le transporteur dessert. Notre chiffre d’affaires s’envole en quelques mois, permettant des primes, augmentations des salaires et des dividendes. Le volume d’activité m’amène à effectuer de nouveaux recrutements, et on se retrouve dans la même situation qu’auparavant : plus personne, sinon il faut pousser les murs. Je prospecte les immeubles voisins, sans succès. Cette fois, je commence à désespérer et ne vois plus qu’une solution pour être vraiment tranquille : construire sur un grand terrain où on pourra toujours agrandir ultérieurement. Mais ça implique de s’exiler dans des zones d’activité, loin de tout, avec un coût très important. Je mets la question à l’ordre du jour d’une réunion de cadres.
C’est beau d’avoir fait Normale Sup et l’ENA ! Suffisait d’y penser. En fait, en grattant un peu, on s’aperçoit vite que l’on gagne en réalité neuf bureaux. Parce que la nouvelle entité aura besoin d’un accueil-secrétariat et d’un service comptable, au grand soulagement de Bill qui se voyait déjà séparé de sa chérie, mais aussi d’un directeur qui assurera le lien permanent avec le siège. Bill sera naturellement la figure de proue de cette entité, sauf qu’il est incapable de gérer une boîte, il le reconnaît lui-même, ça ne l’intéresse pas. Lui, son truc, c’est de pouvoir enfin travailler comme il le souhaite : tous les développeurs ensemble dans un grand espace ouvert. Du coup, n’importe quelle maison d’au moins cent mètres carrés pourrait faire l’affaire, accueil-secrétariat, direction, compta en rez-de-chaussée et espace ouvert à l’étage en pétant les cloisons. Ça doit se trouver dans le quartier, au pire on saisira la première opportunité quand elle se présentera. Sur le papier, il va falloir entamer les démarches permettant de créer tout ça, holding et succursales, et obtenir l’aval du Conseil d’Administration.
J’admire ce sixième sens qu’ont les femmes… vraiment quelque chose qui me dépasse. Il me semble avoir trouvé en Marie-Sophie à peu près la même chose qu’Édouard avait trouvée en moi, un successeur potentiel ou pour le moins une collaboratrice d’élite sur qui m’appuyer. Seule ombre au tableau, c’est ce côté « dilettante » lié au fait qu’elle ne travaille que pour s’occuper, disposant ainsi de la totale liberté de nous quitter à tout moment. Cependant, je persiste à l’emmener avec moi lors des négociations de contrats avec des entreprises, comme cette fois à Bordeaux. Je profite du long trajet pour lui exprimer mes craintes.
Un peu d’humour ne fait pas de mal, c’est rare chez elle. Je suis donc à moitié rassuré par ses paroles, mais satisfait de l’emmener avec moi. Ses capacités d’analyse sont impressionnantes et très utiles. Et puis elle peut prendre le recul suffisant, alors que je me concentre sur mes paroles et les réponses de mon interlocuteur. Nous avons rendez-vous le matin à la première heure, nous sommes donc partis la veille. J’ai retenu deux chambres dans un très bon et très coûteux hôtel, c’est la boîte qui paye. En retirant nos clés à l’accueil, on nous propose un chasseur pour les bagages. J’ai failli refuser par habitude, mais en repensant à la petite malle Guitton remplissant mon coffre, j’ai accepté. Madame ne voyage pas léger. Mais ça se voit : elle s’est pointée au dîner dans une robe du soir, fourreau de satin bordeaux, qui fit tourner quelques têtes. Avec sa tignasse brune et frisée ramassée en chignon, collier de perles, boucles d’oreilles assorties, petite pochette du même croco noir que ses escarpins, la classe ! À côté, j’avais l’air d’un rat d’égout.
Bon, mets ça dans ta poche, la soirée commence bien. Il vaut mieux parler boulot avec elle, pour le bavardage de société je ne suis pas à la hauteur, nous ne jouons pas dans la même cour. Elle est née avec une cuillère en argent dans la bouche et des lingots dans le berceau, elle. Huîtres, caviar de l’estuaire, lamproie pour elle, salmis de palombe pour moi, le repas est à la hauteur de l’établissement. Petite promenade digestive du côté de la place de la Bourse, incontournable pour nous, en contemplant reflets et illuminations. Nous regagnons rapidement nos chambres, Marie-Sophie ayant un peu frais dans la brise de mer, malgré son carré Mermès. Coup de fil à la maison pour dire que nous sommes arrivés sans encombre, puis bouquin en attente du sommeil. Vers onze heures trente, je perçois un « ti-gui-di, ti-gui-di » sur ma porte. Il n’y a pas cinquante personnes qui puissent gratter à mon huis à cette heure, j’enfile un peignoir de l’hôtel et je vais ouvrir.
Pas de réponse. Elle se tient immobile, museau baissé sous sa volumineuse touffe de frisettes brunes détachées. Puis elle s’approche de moi, lève enfin le visage et pose un petit bisou sur mes lèvres, puis un autre et encore un autre. Sa main passe derrière ma nuque et elle plante sa langue dans ma bouche ébahie. C’est un baiser long, profond, l’air s’affole dans nos narines enfiévrées. Elle se recule enfin en faisant tomber mon peignoir, libérant un pénis surpris et palpitant qui la salue à l’horizontale. Ben, pour une surprise… Elle quitte sa robe de chambre bleu canard, découvrant une chemise de nuit faite d’un voile assorti, colorant à peine deux petits seins en obus aux aréoles et tétons bruns. Juste sous la poitrine, la fine étoffe transparente coule en drapé sur son corps long et mince, dissimulant à peine un ticket de métro parfaitement dessiné. Cette brume de tissus rejoint la robe de chambre sur un fauteuil et elle se glisse dans mon lit à la place visiblement inoccupée. Je reprends la mienne, de plus en plus au garde-à-vous. Elle love contre moi son mince corps chaud, sauf ses pieds, se dresse sur un coude et reprend son baiser. C’est une liane qui s’enroule autour de mon corps tandis que sa langue s’enroule autour de la mienne. C’est curieux comme sa bouche et son parfum sentent tous deux la cannelle, ce doit être une même ligne de produits cosmétiques. Mon dentifrice à moi sent la menthe, comme la plupart de ceux qu’on trouve au supermarché. Se relevant de son baiser, elle descend lentement le long de mon torse, posant des bisous et des petits coups de langue sur mes tétons, mon nombril, puis enfin tout le long de mon pénis congestionné, du gland aux testicules. Elle s’en saisit et l’enfourne dans sa bouche pour une délicate succion silencieuse, loin des aspirations bruyantes et humides de mes deux Japonaises. Quand elle semble satisfaite de sa rigidité, elle remonte vers moi, soulève son bassin et présente le phallus à l’entrée de son intimité. Lentement, progressivement, elle se redresse et s’empale jusqu’à ce que ses petites fesses rondes pressent délicatement mes génitoires contre mes cuisses.
Le drap, qui l’avait accompagnée comme une prêtresse sensuelle, retombe d’un coup, offrant à la lumière ce buste svelte et cambré. La tête rejetée en arrière, ses mains remontent en coupe vers ses seins qu’elle caresse tendrement, faisant rouler ses pointes entre pouce et index. Elle m’offre un spectacle en contre-plongée d’un érotisme torride. Son bassin commence à osciller d’avant en arrière, torturant délicieusement mon sexe prisonnier de son étroit fourreau. Cette « mise en bouche » dure plusieurs minutes, le temps que son vagin se distende et adopte ce nouvel intrus. Alors elle tombe en avant sur ses bras tendus et commence à se soulever puis à retomber en regardant entre ses seins pour contrôler le mouvement. Sa chevelure caresse mon torse et chatouille par instants ma bouche et mes narines. Son va-et-vient s’amplifie et s’accélère jusqu’à ce qu’elle s’abandonne sur ma poitrine, le moment où je dois entrer en action. Je saisis ses fesses à deux mains, distendant ainsi ses orifices, et commence à la pilonner à petits coups de reins. Elle ronronne contre mon oreille. Je m’enhardis et ose mouiller de salive un majeur qui va lui titiller la rosette et s’y introduire d’une phalange. Par ce crochet improvisé, je l’oblige à soulever son bassin et à le lancer à la rencontre du mien. Ils se heurtent avec violence dans un bruit de fessée.
Elle se redresse, se cambre puis fait le dos rond, maîtrise une première secousse puis se tétanise en d’interminables soubresauts. Quand elle semble avoir repris ses esprits, je nous fais rouler jusque sur son dos et entame un lent mouvement d’avant en arrière ponctué de bisous et suçotements de ses tétons. Pire, je gobe près de la moitié de chaque sein dans ma bouche grande ouverte. Étonnant des seins aussi durs. Mais s’il y a de la chirurgie là-dessous, c’est du travail d’artiste. Pas la moindre cicatrice n’est perceptible, ni dessous, ni autour des aréoles. Et si c’est naturel, chapeau, le matériel n’est pas usé. Ses yeux bleu-vert semblent m’inviter à un nouveau baiser, je m’y livre. Elle en profite pour m’enlacer de ses deux bras et de ses deux jambes, poussant mes fesses de ses talons pour que j’accélère mon rythme. Elle ferme ses jolis yeux, se mord la lèvre inférieure et se livre pleinement au plaisir qui monte en elle, au son du clapotis qu’émettent maintenant nos sexes. Je me laisse également aller sans calcul. Je n’ai rien demandé, rien provoqué, et pourtant je suis en train de baiser une femme très belle, très intelligente et très riche. Vais-je me plaindre ? Sûrement pas. Je profite, tout simplement.
À la pression de ses ongles dans la peau de mon dos, je sens que son plaisir croît, le mien aussi. Plus j’accélère et plus elle se crispe contre moi de toutes ses forces. Même si je voulais me retirer au moment crucial, je ne le pourrais pas. Elle en est bien consciente, elle sait ce qu’elle fait, je laisse faire la nature. Et la nature nous fauche en plein vol d’un orgasme commun foudroyant suivi d’une multitude de répliques délicieuses. Son étreinte ne s’est pas desserrée, elle veut me garder en elle. J’y reste jusqu’à ce que mon sexe, reprenant progressivement une taille normale, s’éjecte seul de son vagin dans un bruit mouillé. Je retombe de côté, épuisé et vidé.
Après quelques instants de repos, elle se lève sur un coude pour me faire un nouveau doux baiser, comme un merci. Puis elle quitte le lit dans quelques borborygmes humides, des écoulements nacrés brillent à l’intérieur de ses cuisses. Elle roule en boule sa délicate nuisette et s’essuie prestement, enfile sa robe de chambre, sort de sa poche la carte servant de clé et quitte ma chambre après un coup d’œil prudent dans le couloir. Si une seule chose cloche chez elle, ce sont ses pieds. Ils sont froids, longs, ossus, avec un coup de pied très marqué, et couverts de veines disgracieuses. On ne peut pas tout avoir…
À la table du petit-déjeuner, elle arrive au milieu de mon café, tailleur gris à fines rayures blanches, très élégante comme à l’accoutumée. Elle me tend la main.
C’est là, maintenant, sorti du contexte, que je m’aperçois qu’aucune parole n’a été prononcée lors de cet épisode érotique. Et les mots que nous venons de dire seront les seules paroles à ce sujet. Il vaut mieux, ce serait superflu. Elle avait besoin de sexe, elle savait qu’elle me plaisait, que ce serait discret et sans suite, une entente tacite entre gens intelligents. Il n’empêche qu’elle m’impressionne encore par tout ce qu’elle engouffre au réveil : œufs au bacon, tartines beurrées et confiture, yaourt, gobelet de céréales, fruits, plusieurs tasses de thé et un verre de jus d’orange. Moi qui ne peux rien avaler le matin à part un café, je la regarde, effaré, presque écœuré. Pour patienter, je grignote quand même une viennoiserie avant un second café.
De fait, malgré quelques insupportables embouteillages, nous arrivons un peu en avance, prenant le temps de faire le tour de la zone d’activité. Elle ressemble à toutes les autres, avec ces hideux hangars disparates, ces boîtes à sommeil et ces quelques discounteurs périphériques. Sordide.
La négociation est longue et ardue. Pourtant les dirigeants sont jeunes et tournés vers l’avenir. Excellente partenaire, Marie-Sophie sort à tout moment le bon document, la bonne image sur sa tablette, elle effectue en un éclair le bon calcul, bref elle est précieuse. Et la négociation est positive, nous signons demain, le temps que les juristes analysent le contrat. Mais nous sommes tranquilles, les nôtres y ont travaillé bien avant. Pour nous faire plaisir, ils nous invitent à déjeuner… chinois. Je n’ai rien contre, mais dans un de ces hangars à l’enseigne gigantesque et clinquante, je crains le pire. En fait, c’est un self : buffet d’entrées, buffet de desserts, plat chaud à emporter sur plateau, sous cloche. L’immense salle est à moitié remplie de cols blancs des différents bureaux de la zone. C’est ni bon ni mauvais, juste correct. Vivement ce soir que je goûte à l’agneau de Pauillac ! L’après-midi, je propose à ma collaboratrice quelques visites de caves, ou plutôt de châteaux. Nous passons un délicieux moment dans le charmant village de Saint-Émilion, dégustant et achetant quelques bonnes bouteilles. Sur mon smartphone, j’arrive à retrouver la chanson de Nicole Croisille, « La Garonne », que je branche sur la sono de la Jaguar. Elle ne connaissait pas, elle adore, nous l’écoutons tout le long du long retour, à cause des embouteillages du soir.
Le scénario de la veille se reproduit. Nouvelle robe du soir, nouveau succulent dîner, nouvelle promenade du côté des Quinconces. Nous rentrons quand arrive la fraîche brise de mer. Vers onze heures trente, nouveaux gratouillis à ma porte, la dame est ponctuelle. Cette fois, je l’attends, j’ai trop envie de ses petites fesses rondes et j’ai envie de la prendre debout. Elle entre, je suis déjà nu. Je lui pose sa robe de chambre pendant le premier baiser, ah tiens, c’est la même, je passe une main entre ses cuisses pour vérifier l’humidité. Je ne sais pas si elle s’est masturbée en attendant ou si seul le désir l’inonde, mais elle est déjà trempée. Je la plaque contre les portes-miroirs de la grande armoire et je glisse mon sexe dilaté entre ses fesses. Instinctivement, elle s’éloigne du miroir n’y laissant que les mains, écarte les jambes et se penche à demi en avant. En fait, au travers de sa touffe frisée, elle regarde dans le miroir le pilon qui la pénètre, éclairé en silhouette par le chevet juste à bonne hauteur. Ça doit l’exciter, car de la cyprine s’écoule doucement à l’intérieur de ses cuisses. Elle reçoit mes coups de boutoir sans broncher, je me délecte de ses adorables petites fesses que mon bassin déforme en vagues régulières. Quand mes mains quittent ses hanches pour se porter sur ses seins, comme elle l’avait fait, en coupe et roulant ses tétons entre pouce et index, son souffle devient plus rapide et plus fort, presque un râle, sa tête tourne de droite et de gauche, cherchant je ne sais quoi. Ses jambes flageolent et perdent par à-coups leur rigidité. Je la cramponne pour ne pas qu’elle s’écroule et renforce mes assauts, à la décoller du sol. Soudain, elle se casse en deux, hoquette, appuie ses mains sur ses genoux, agitée de violents soubresauts. Je me retire, elle pousse un cri puis tombe, un genou à terre comme un lutteur terrassé. Elle se relève vivement, saute sur ma bouche en agrippant mon sexe qu’elle essaye de fourrer à nouveau dans son vagin. Mais dans ce sens-là, c’est beaucoup plus difficile. Alors je l’entraîne sur le lit et je fourre mon museau entre ses jambes pour la déguster avidement. Elle me prend la tête à deux mains et me tire vers le haut en disant d’une voix rauque :
C’est le vide soudain qui a dû la troubler ainsi, l’absence du membre qui la remplissait, un manque comparable à celui du plongeur qui, soudain, manque d’air. Je la remplis de nouveau et ce lien constant n’interdit pas, au contraire, les figures les plus folles que nous exécutons en pleine frénésie. Quand enfin rassasiés, nous retombons l’un dans l’autre, hagards et ravagés de plaisir, notre position fait que mon sexe, même ramolli, ne sort pas du sien. On pourrait y passer la nuit.
Elle aspire puis se force enfin à tousser. Et toc ! Mon sexe est aussitôt éjecté, c’est imparable. La toux provoque une puissante contraction du vagin qui chasse les corps étrangers. Gare aux rhumes et aux bronchites ! Elle rit, m’embrasse.
Elle part. Nouveau matin, nouveau petit-déjeuner copieux et… nouveau tailleur.
Nous rions de bon cœur à cet échange de petites piques.
La signature, le document étant approuvé, ne requiert qu’une grosse demi-heure. Ainsi pouvons-nous repartir tôt et prendre les petites routes les plus proches du bord de mer. Je m’arrête dans une forêt de pins, reculant prudemment dans une allée forestière en sable, je n’ai pas envie de m’enliser. Elle bondit vers le coffre et ouvre sa malle au trésor. Un cintre, et sa veste trouve sa place, une bande élastique la maintient sans l’aplatir et un boudin de mousse recouvert du tissu au logo permet de la plier sans faire de trace quand on referme. Un must. Elle déboutonne son chemisier, dégrafe sa jupe puis s’interrompt.
À regret, je vais poser ma veste et la suspendre, un œil rivé sur le rétro extérieur qui me permet de l’apercevoir de temps en temps. Malgré le plein cagnard, elle reste une superbe nana, silhouette longue et fine soulignée par un brésilien et un soutif noirs. Elle bagarre encore un instant, sautillant sur un pied, puis tout se referme et elle reprend sa place près de moi.
Elle avait vraiment un jeans et un débardeur, puisqu’elle les porte, avec une paire de tongs en cuir tressé. J’ai encore l’air décalé. La Rochelle hors saison, c’est bien. On a même le temps d’une petite promenade sur les remparts. Quant au plateau de fruits de mer, c’est fabuleux. Ah, ça vaut bien un chinois, et pas énormément plus cher. J’aurais bien loué une seule chambre pour passer encore une seule nuit avec elle. Mais elle parle avec la voix de la raison. En partant maintenant, nous serons arrivés vers dix-neuf heures, ce sera parfait.
Moi, je le sais bien, j’aurais essayé. Elle a parfaitement raison, nous avons mené à bien une négociation, fait notre boulot, il ne s’est rien passé… sauf en rêves. Mais ça… Je rentre retrouver ma femme, ma maîtresse et ma fille.
Tout se passe si bien que je juge lâchement qu’il est inutile d’inquiéter Mahoko avec une petite aventure sans conséquences et sans lendemain. J’ai juste eu une remarque sur la présence d’un cintre Guitton dans ma voiture, j’y réponds facilement par la vérité. Ce qui m’encourage à ne pas manquer la moindre occasion d’emmener Marie-Sophie avec moi négocier ou renégocier des contrats « aux quatre coins de l’hexagone », comme dit l’autre. Et le rituel qui s’est instauré à Bordeaux se répète de la même exacte manière, que ce soit à Marseille, à Lille, à Sophia-Antipolis, à Brest et même en Allemagne et en Italie où nous commençons quelques incursions. Est-ce que chercher à multiplier ces escapades joue un rôle dans le développement de l’activité ? Ce n’est pas impossible, comme quoi le désir ne nuit pas forcément au travail. J’ai donc encore une fois un bilan plus que positif à présenter au Conseil d’Administration, le chiffre d’affaires ayant passé pour la première fois la barre des dix millions d’euros. Néanmoins, la restructuration que j’ai à leur proposer me rend, comme à l’habitude, traqueur comme un étudiant à l’examen. Pourtant, j’ai préparé mon dossier avec application, holding, filiales, locaux, postes.
Je me retrouve sous le porche, avec Mahoko secrétaire de séance, comme d’habitude, en train de tirer nerveusement sur ma clope. Marie-Sophie aux aguets vient aux nouvelles. Ça fait drôle d’être entre ces deux femmes que je baise, avec leurs beautés tellement différentes. Si je n’étais pas si stressé, j’en banderais.
Elle tourne les talons, un brin furieuse de ces cachotteries. Au bout de quelques minutes, on vient nous chercher.
Force m’est de reconnaître que ces décisions sont équilibrées et prudentes. Je les en remercie, nous concluons et passons au pot, en invitant tous les employés. J’ai fait installer le traiteur dans la cour intérieure qui, avec un peu de bouteilles, est devenue un lieu absolument charmant. J’annonce ce qui est tout de même une très bonne nouvelle aux personnes concernées.
Kevin, lui, n’en revient pas de ce qui lui arrive. Il a bossé pour, s’est montré intelligent et efficace, mais une promotion aussi rapide, il ne s’y attendait pas. Je l’aperçois à l’écart sur son portable, il doit annoncer la bonne nouvelle à maman. Et mon Bill…
En fait, je dois aller les présenter moi-même parce que les vioques parlent entre eux en se goinfrant de petits fours, délicieux il est vrai. Il faut oser les interrompre, et moi seul peux le faire en tant qu’héritier direct de leur regretté ami Édouard. Les présentations faites, je les laisse pour retrouver Mahoko. Je vais finir par l’appeler Hoko, tellement c’est MA Hoko. Elle m’attend sagement, les yeux pleins d’admiration.
Elle se pend affectueusement, mais toujours dignement à mon bras. Nous contemplons l’assemblée en sirotant nos flûtes de champagne. Les mines sont réjouies. Marie-Sophie provoque un attroupement : tous les vioques sont agglutinés autour d’elle, rayonnante, qui répète son parcours pour les sonotones. Normale Sup, l’ENA et l’ESSEC, ça leur détrempe les couches aux vénérables. J’arrête de me moquer, ils ont bien fait leur boulot eux aussi. Tiens, en pensant à leur ami Édouard, il faudra que je prenne des nouvelles d’Amanda. Et puis comme j’ai un droit de pêche permanent, j’irais bien chercher quelques écrevisses avec Naomi, ça l’amuserait ! En attendant, je ne sais pas ce qui me prend, un désir confus de Marie-Sophie qui ne peut se concrétiser qu’avec Mahoko, une envie de réaliser un fantasme, baiser sur mon lieu de travail. J’ai salué tout le monde en m’excusant pour l’urgence que j’avais à traiter, j’ai entraîné ma chérie dans ce qui est mon bureau encore pour quelque temps, j’ai fermé la porte à clé et je lui ai fait l’amour comme si c’était la première fois. Du bureau au fauteuil, du fauteuil à la moquette, de la moquette au bureau. La pauvre s’est retrouvée béate et dévastée, moi je n’étais pas frais non plus, alors que les voitures partaient une à une, passant en dessous de nous par le porche. Ça galopait dans les coursives métalliques, un peu bruyantes, nous nous sommes rhabillés puis nous sommes rentrés à la maison. Aujourd’hui, c’est samedi, le jour de Yüko…
Ouais, venez, plus on est de fous, plus on rit. J’devrais pas dire ça, mais depuis que Doudou est plus là, qu’est-ce qu’on s’amuse ici… me répond Amanda.
En arrivant, tout a changé, ça crève les yeux : la belle et immense pelouse n’est plus tondue, une puissante odeur de merguez et de saucisses vous saute au nez.
Elle a les seins nus sous une sorte de petit gilet de cuir, un string et des bottines, des piercings aux sourcils et aux narines, je suppose sur la langue et le sexe aussi. Ses yeux sentent le cannabis autant que son haleine sent l’alcool. Amanda est redevenue Mireille, Mimi pour les intimes qui sont, semble-t-il, nombreux à squatter chez elle. Elle venait du ruisseau, le ruisseau est venu à elle, attiré comme les guêpes par un pot de confiture. Mon pauvre Édouard ! Tu t’es donné beaucoup de mal pour pas grand-chose, on peut changer les apparences, mais pas la vraie nature des gens. Il faudra trouver un autre endroit pour les écrevisses, Naomi est déçue, moi aussi.
Il faudra du temps pour que le déménagement s’effectue, achat de l’immeuble, réalisation des travaux. Il s’agit d’un ancien atelier de… croque-mort. Ne riez pas, ça existe. Une petite entreprise familiale qui traitait les enterrements de A à Z, avant que de grands groupes ne les mènent à la faillite. Au rez-de-chaussée, il y avait une boutique où l’on recevait les clients, ou plutôt les familles des clients, avec quelques cercueils, quelques décors de tombes, quelques bouquets artificiels exposés, en plastique ou céramique. Un bureau vitré permettait de traiter la paperasse, puis un grand espace servait de stock pour les différents matériels, allant du dais noir avec la collection d’initiales que l’on plaçait autour de la porte de la maison du défunt, mais ce n’est plus la mode, aux cercueils, tréteaux, cordes, jusqu’aux costumes noirs des officiants. Un grand escalier de bois donne accès à l’étage, également tout d’un bloc. La relative étroitesse du bâtiment avait permis de se passer de mur porteur central. Au poil pour l’open-espace de Bill. Seuls deux gros piliers de briques traversent la structure sur toute sa hauteur à l’aplomb des croupes du toit à quatre pans, pour venir soutenir les points clés de la charpente. Sur le côté, une large allée permettait aux corbillards d’entrer et sortir d’une grande cour où séchaient également des piles de planches de bois, troncs juste débités. Au fond de la cour se trouvait le bruyant atelier de menuiserie, tout vitré, où l’on confectionnait les cercueils à partir du bois brut. Il y a encore les traces au sol et les câbles d’alimentation des scies à ruban, des raboteuses, dégauchisseuses, et autres toupies, quelques établis également. L’emplacement ne se vendait pas depuis plusieurs années, par pure superstition, je suppose. Il y a pourtant là des volumes considérables offrant de belles possibilités. Dans mon esprit tout va très vite : à l’étage, Bill et son open-espace sur cent mètres carrés comme il le souhaitait, la comptabilité, toilettes, escaliers et lieu de détente dans les cinquante restants. Au rez-de-chaussée, accueil, secrétariat et direction, on déploiera derrière le futur espace destiné aux objets connectés. La cour devient un confortable parking et dans l’ancien atelier, j’imagine bien une salle de sport pour tous les employés, le siège étant à deux pas dans la même rue. Mais on fera ça plus tard, l’année prochaine peut-être, quand des fonds suffisants seront à nouveau disponibles. Au pire, c’est aussi une solution d’extension possible. En parallèle, nous faisons dossiers et démarches pour déclarer les nouvelles entités en tant qu’entreprises séparées et la holding qui les regroupe, un casse-tête juridique. Je cède mon bureau à Marie-Sophie qui ne veut pas de mon mobilier, j’émigre donc avec dans la petite salle de réunions. Elle s’équipe d’une table de travail chinée en brocante et d’un petit salon composé de quatre fauteuils cabriolets et d’une table basse. Ce sera spartiate sans compter quelques toiles aux murs qui n’ont pas l’apparence de copies. Juste un petit ordinateur portable, pas de tiroirs, pas d’armoire, pas de dossiers, tout est au secrétariat. Elle m’épate.
Je n’ai en apparence pas gagné grand-chose dans l’affaire, juste un salaire de chef de projet en plus. Mais en fait, je récupère beaucoup plus de liberté et moins de stress, en m’appuyant sur les deux directeurs. Je m’occupe donc de ce qui me plaît, et c’est plutôt bien. Je surveille de près les travaux, n’ayant pas voulu prendre d’architecte, ils ont tous perdu le bon sens et rendent tout compliqué, juste pour exister. Je négocie avec la municipalité le passage d’une fibre optique dans la rue, permettant de connecter en direct le site au siège, veille aux forages pour la pompe à chaleur comme à l’épaisseur de l’isolation des combles. Cette organisation en open-espace se trouve bien adaptée à ces locaux, qui s’avèrent très lumineux malgré un mur borgne puisque mitoyen avec la maison voisine. Et quand le cœur ou le reste m’en dit, je passe à la maison rendre un petit hommage à Yüko pendant que Naomi est à la maternelle. Elle est toujours aussi gourmande et ravie par mes petites visites. En revanche, Marie-Sophie prend ses nouvelles fonctions très à cœur, ce qui est plutôt bien en soi, mais aucune escapade n’est programmée pour l’instant, et je dois avouer que ça me manque un peu.
La grand-mère de Naomi s’annonce pour un petit séjour chez nous. Pas de problème, elle est la bienvenue, elle vivra avec Yüko dans la partie japonaise de la maison qu’elle adore. Et puis la petite pourra profiter pleinement et en pleine connaissance, maintenant, de son unique grand-mère. Ma mère aurait été si heureuse, elle aussi, de cette petite-fille vive, belle et intelligente. Mais il y a eu ce fichu cancer, inguérissable, ont dit les toubibs, et cette décision commune de partir ensemble… Ils s’aimaient trop fort pour être séparés, c’est ce que mon père m’a écrit dans la lettre postée juste avant de prendre la voiture. Ils me demandaient pardon de me faire tant de peine, mais aussi d’essayer de les comprendre, de comprendre ce choix insoutenable de partir ensemble, par amour… Leur voiture s’est encastrée à pleine vitesse et sans la moindre trace de freinage sous le camion venant en sens inverse. Le conducteur n’a rien pu faire et s’est retrouvé traumatisé à vie, ou du moins jusqu’à ce que j’aille le voir et lui fasse lire ce courrier terrible. C’était leur choix, un double suicide. Oh, certes, ils avaient pensé à tout, assurances, donation, héritage de tout ce qu’ils avaient accumulé dans leur vie modeste… Je n’ai pas eu à souffrir d’un quelconque manque, si ce n’est celui, dévastateur, de mes parents chéris. Quelle épreuve, quelle leçon ! Car il leur en a fallu du courage pour faire ça. Le temps est cette immense thérapie qui vous guérit de tout, mais parfois la blessure se réveille comme une ancienne fracture avant la pluie.
C’est bien que Naomi profite de sa grand-mère. Seulement la vieille dame qui en fait n’a qu’à peine soixante ans, veut emmener sa petite-fille passer une semaine avec elle en Suède. « C’est loin, la Suède… pas en avion », répond-elle. Après tout pourquoi pas, la petite s’est mis dans la tête d’apprendre le français à sa Mamie, elle va découvrir une quatrième langue, outre le français, le japonais et l’anglais qu’elle commence à parler à l’école. Nous les conduisons à l’aéroport et nous nous retrouvons tous les trois un peu perturbés. C’est la première fois depuis quatre ans et demi que Naomi n’est pas parmi nous, nous avons perdu un centre d’intérêt crucial. Un bon bain nous fera du bien, dans le bassin du jardin encore bien chaud.
Yüko a bien maigri. Elle a perdu toutes ses rondeurs superflues et ressemble plus encore à sa sœur bien que ses gros seins soient très différents, plus classiques, plus tombants. Les deux complices semblent bien décidées à profiter pleinement de cette semaine de liberté totale et me le font vite savoir. Si Mahoko, en tant qu’épouse, avait été la seule à faire jaillir ma semence dans ce même bassin, c’est à deux cette fois qu’elles s’emparent de mon appareil reproducteur. Une fellation magistrale de Yüko ne fait que préparer le chevauchement voluptueux de Mahoko. Et l’autre qui, pendant ce temps, me gobe les testicules. Ça devient fou ! J’aurais parié que l’aînée était la plus coquine des deux, j’aurais perdu. Car quand Yüko prend sa place sur mon pénis apoplectique, sa frangine introduit sa langue dans son anus sous prétexte de vouloir lécher mon sexe par l’intérieur. Mahoko, tu m’étonneras toujours ! L’autre, sous cette double pénétration, se met à bramer son plaisir assez fort pour ameuter le quartier, et le tout se termine par une éjaculation sur ces deux visages presque jumeaux se disputant la moindre goutte. Pas d’enfant, pas de retenue. Pas besoin de vêtements… Puis pas besoin de passer des nuits séparés alors qu’on se fait tellement de bien à trois. C’est la semaine la plus chaude de ma vie, et aux jeux du plaisir tout le monde y trouve son compte, sans retenue ni interdits. J’arrive au boulot comme un os vidé de sa moelle, le pénis gonflé en permanence et délicieusement douloureux. Dès que je rentre à la maison, il ne voit plus le jour, toujours fourré dans une bouche, une main, un vagin, un anus ou coincé entre deux gros seins. Je n’ai jamais éjaculé autant de toute ma vie, au point que j’ai traité mes deux compagnes de « pilleuses de couilles ». Mais tout a une fin, et le vendredi soir Mahoko et moi prenons l’avion pour Stockholm. C’est dans cette intimité retrouvée qu’elle me dit :
La seconde grossesse de Mahoko se passe beaucoup moins bien que la première, ponctuée de coups de fatigue, de nausées et d’arrêts fréquents. D’où l’on en déduit qu’il s’agit bien d’un garçon. Soudain peu encline à l’amour, malgré son corps magnifique, sa poitrine gonflée et son ventre distendu discrètement marbré de bleu, elle me renvoie pour tout désir à sa chère sœur qui en profite éhontément. Curieusement, les arrêts répétés puis le congé de maternité de Mahoko donnent des ailes à Marie-Sophie qui trouve soudain une multitude de contrats à signer, même petits. Il est vrai que ma chérie est désormais sous sa direction et qu’elle en conçoit peut-être une forme de gêne. Disons qu’elle en profite pour se lâcher et que j’en profite également. C’est au point que nous louons toujours deux chambres pour ne pas éveiller les soupçons du service comptable, mais que nous n’en occupons plus qu’une. Peut-être une erreur, car la belle et précieuse Marie-Sophie ronfle comme un A380 au décollage…
C’est une seconde petite fille, aussi belle que la première. Nous l’appelons Nina, c’est japonais, mais ça sonne européen. C’est raté pour le garçon, d’autant que Mahoko semble bien décidée à ce que ce soit sa dernière grossesse, compte tenu de la difficulté de celle-ci.
Nous faisons l’inauguration des nouveaux locaux avec les administrateurs, et c’est finalement très agréable de les retrouver de temps en temps, en plus des Conseils. Ça leur permet également de se rendre compte de nos efforts et de nos progrès. Celui qui m’inquiète un peu, c’est Kevin. Ai-je fait le bon choix ? Ce jeune homme devient écarlate dès qu’on lui adresse la parole, comme un môme pris avec les doigts dans le pot de confiture. Il me faut le coacher, comme on dit maintenant à la place d’entraîner. Je prends modèle sur un vieux film de Lelouch, « Itinéraire d’un enfant gâté », quand Bébel donne des leçons à Anconina. Nous passons des journées entières enfermés dans mon bureau ou dans le sien. En fait, ce môme est très attachant. Ses parents sont d’origine italienne, région de Turin, venus en France après l’une des nombreuses crises pour chercher une nouvelle vie. Son père est dans le bâtiment et sa mère fait des ménages. Il vit encore chez eux, mais pas pour longtemps, car depuis qu’il a ce salaire mirobolant, sa maison est en train de se construire. Je lui demande où, et il me cite un quartier devenu résidentiel sans la moindre parcelle disponible.
Les écoles c’est bien beau, mais il faut tout leur apprendre à ces jeunes. Comportement, vêtements, jusqu’à la voiture… Ben oui, ça ne le fait pas quand le patron a la Clio la plus pourrie du parking, à une époque où ils ont presque tous des SUV ou des 4X4, complètement inutiles, du reste, sauf à consommer du gas-oil. Au bout de trois mois, Kevin est à peu près au point, avec quelques piqûres de rappel, relooké au volant de sa Prius, et capable de tenir tête à Bill, qui aurait été fichu de le faire tourner en bourrique. La seconde étape est de le former à la négociation, bien connaître son produit, pouvoir répondre à toutes les questions, mettre en valeur les avantages et tout ce que le client a à y gagner avant de parler du prix qui est toujours la première question du client. Je m’y colle aussi avec Mahoko et ses attitudes orientales qui me sont si précieuses parfois, pour garder mon calme et ne jamais me départir de mon sourire avenant. Puis nous allons sur trois négociations, comme avec Marie-Sophie, il observe, puis participe et agit pendant que j’observe. On recommence la dernière parce qu’il guette plus mes réactions que celles du client. Un môme à l’école : « j’ai bon, M’sieur ? ». Heureusement, il est intelligent et comprend vite. Et il a une veine du diable. Au moment où il me paraît au point, une vague d’attaques se produit, et des attaques méchantes : réseaux bloqués, tous les postes vérolés, il faut payer une rançon pour récupérer ses données. La presse fait écho de quelques entreprises, celles qui osent avouer leur faiblesse, mais en fait il y en a des milliers d’autres. Exception faite de celles que nous protégeons. Suite à cela, Kevin n’a même plus à bouger de son bureau ni à montrer ses talents de négociateur, il lui suffit de répondre au téléphone.
Et hop ! Le chiffre d’affaires s’envole à nouveau.