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Temps de lecture estimé : 34 mn
10/03/23
Résumé:  C’est le côté viking et le large fessier de cette baby-sitter normande qui séduit cette fois Jérôme, mais les déconvenues ne sont pas loin.
Critères:  fh fffh extracon groscul vacances pénétratio
Auteur : Roy Suffer  (Vieil épicurien)            Envoi mini-message

Série : Femmes de patron

Chapitre 06 / 08
Caroline

Résumé des épisodes précédents :

En ménage avec deux Franco-Japonaises, Mahoko et sa sœur Yüko, Jérôme se laisse aller à quelques relations extraconjugales avec l’une de ses employées, la belle et riche Marie-Sophie, puis avec la terrible inspectrice des impôts, Annie.




Ma vie reprend un cours plus calme, consacré au boulot et à la famille. Je conserve cependant des relations de travail courtoises avec Madame Dalgaud, qui m’annonce un jour, tout excitée, avoir fait le point entre avant la mise en place de notre protection et après. Nous sommes au printemps, les déclarations de revenus sont faites, et il y a près de quatre mille personnes qui, sans changer de situation familiale ou sociale, sans héritage ou donation, passent de non imposables à redevables de plusieurs milliers d’euros. Un total de près de soixante millions, sans compter le réajustement rétroactif sur les quatre années précédentes. Certes, la faute semble venir de la direction des impôts, mais comme ils se savent bien coupables d’avoir triché éhontément, bien peu seront susceptibles de porter l’affaire en tribunal. Pire, sous la pression des contrôleurs, beaucoup acceptent de livrer leurs pirates contre une remise de pénalités de retard.



J’en suis ravi, comme quoi un contrôle fiscal peut avoir du bon, et pour tout le monde. Je perds dix mille euros, j’en gagne six cent mille et mon client cent fois plus.


Avec ça et le reste, nous avons fait une très bonne année. Aussi je nous octroie quatre semaines de vacances entre le quatorze juillet et le quinze août. La boîte est tenue par roulement selon les impératifs de chacun, et j’ai laissé consigne de ne me déranger uniquement que pour les gros pépins. Après deux ans de recherches et de demandes déposées dans toutes les agences, nous avons fini par trouver et acheter, grâce à Yüko, une villa normande perchée sur les falaises de Granville. Pour ce premier séjour dans nos murs, j’ai prévu une baby-sitter pour que ces vacances le soient aussi pour Yüko et Mahoko. Il s’agit d’une jeune institutrice granvillaise qui ne demande qu’à gagner un peu d’argent et n’a pas envie de quitter sa Normandie natale pour les vacances. Elle est très sympa, très douce avec les enfants, très Normande. C’est-à-dire qu’elle a un côté viking prononcé. Balaise, cheveux blonds, yeux bleus, des membres épais, et prodigieusement callipyge. Je la regarde s’éloigner, tenant Naomi par la main, Nina dans la poussette, et Mahoko de s’exclamer :



Je m’en occupe avec dévouement et sans plus penser, je le jure, au gros cul de Caroline, la petite baby-sitter. On finit par s’habituer à elle, nos filles surtout qu’elle a totalement charmées. C’est bonheur que de les lui confier, de les retrouver sages et heureuses de vivre, ayant toujours plein de choses à raconter. Caroline est habituée à tout gérer par son métier et en plus connaît le coin comme sa poche. Promenades, tours de manège, visites de l’aquarium et de la chocolaterie quand il fait mauvais, elle s’occupe des goûters, des transports, bref, de tout. Je la récompense avec générosité, et ces après-midi de liberté nous font beaucoup de bien. Cependant, il faut bien reconnaître que, s’il n’y avait pas la vue, notre maison ne serait pas très pratique, mal conçue, d’une autre époque. La cuisine est immense, agencée en périphérie autour d’une table centrale où l’on avait l’habitude, autrefois, de prendre les repas en famille. Ça, mes petites Japonaises ne comprennent pas, ce n’est pas dans leur culture, habituées qu’elles sont aux cuisines-couloirs, très étroites avec tout sous la main, et une ouverture sur le coin repas de la pièce à vivre. Nous avons bien une salle à manger, mais petite et complètement séparée du salon qui, lui, s’ouvre sur le jardin et la rue. Pas la peine d’avoir trois superbes bow-windows donnant sur la côte bretonne, sur les îles Chausey et sur le port et la pointe du Roc pour ne pas en profiter pleinement. Casser des cloisons, en remonter d’autres, ça peut paraître simple a priori. Cependant, je crains qu’entre salon et salle à manger il n’y ait un mur porteur, sans porte de communication il faut repasser par l’entrée qui se prolonge par un couloir accédant à la terrasse. Et ça, on ne le casse pas impunément. Une simple porte serait peut-être envisageable, mais n’apporterait que peu de confort en plus. Non, ce qu’il nous faudrait, c’est un grand living traversant avec accès direct à la terrasse exposée plein sud. Il faut consulter un homme de l’art, mais mes coups de fil restent vains, ce n’est pas la bonne période. Alors nous nous contentons de quelques croquis incertains reflétant grosso modo nos envies.


Les vacances d’été se terminent pour Mahoko et moi, nous repartons au boulot en laissant Yüko, aidée de Caroline, avec les enfants. Nous revenons les chercher le dernier week-end avant la rentrée, l’occasion pour moi d’aller payer Caroline pour ces derniers quinze jours de prestation, augmentée d’une confortable gratification bien méritée.



Ce cul, misère ce cul ! Hum… C’est ainsi que régulièrement nous avons des nouvelles du bord de mer et de notre villa, par des petits SMS le dimanche soir. Alors que nous sommes dans la grisaille, confinés à la maison, je reçois des petits mots du genre :



Une image sordide de gros fessier exposé à l’astre du jour sur ma terrasse me vient à l’esprit. J’ai l’idée de lui demander par le même moyen de se renseigner sur un bon artisan maçon. Je reçois des coordonnées au bout d’une semaine, de quelqu’un considéré comme sérieux et compétent. Je lui téléphone, nous prenons rendez-vous et je file deux jours en Normandie, seul. J’ai rendez-vous avec le bonhomme à dix-huit heures, après ses chantiers. J’en profite pour allumer le chauffage, il commence à faire frais et étaler tous nos croquis sur la table de la cuisine. Et puis… je reprends mon téléphone.



Elle termine ses préparations et elle arrive. Le maçon se pointe le premier. Il cogne sur les cloisons et confirme mes craintes.



Tout en dînant, nous continuons de discuter travaux, elle fonctionnant à la bière et moi au Muscadet.



Bien sûr.


Nous y allons, et la puissante Normande, en jeans élastique contenant avec difficulté son fabuleux postérieur, baskets, sous-pull à rayures blanches et bleues, polaire bleue, fourmille d’idées.



Nous montons sous les combles et retrouvons le même mur porteur qui part du sous-sol et vient supporter les poutres maîtresses de la charpente. Mais dans le vaste L formé par la maison, malgré les pentes de toit, il reste de très beaux volumes inutilisés. Juste une chambre de bonne est aménagée à une extrémité, avec un petit lavabo et éclairée par une lucarne sur le pignon. Le reste est vide, seulement occupé par de la poussière et des toiles d’araignées. Pourtant, un beau chien assis donne sur Chausey dont on voit distinctement l’éclat du phare toutes les cinq secondes.



Elle se blottit alors contre moi et sa bouche cherche la mienne. Merci Yüko ! Je vais enfin pouvoir admirer de près la lune convoitée et tenter un alunissage au fond de ses cratères. En fait, elle me déçoit un peu. Oh, ce n’est pas qu’elle n’exprime pas une voracité sexuelle tout à fait comparable à celle d’Annie, mais en plus sain et sans chichis. C’est plus sur le plan esthétique que je ne lui donne pas la moyenne. Certes, elle est balaise, épaisse et solide comme une Nordique. Mais elle a en plus cet enrobage de la « génération MacDo », ce côté dodu et un peu mou qui provoque cellulite et peau d’orange. Pas sur son prodigieux fessier lorsqu’il est tendu par la posture de la levrette, mais juste au-dessus de la pliure du genou. Pareil pour ses seins qui, à cet âge, devraient se dresser fièrement avec arrogance. Eh bien non, ils tombent comme des boules de bowling dans des sacs de nylon. Désolé, mais je suis habitué à mieux. Bon, j’y trouve tout de même mon compte, elle aussi, apparemment, mais l’esthète en moi se rebelle. Je repense à Édouard, un chirurgien esthétique aurait du boulot. Elle n’a pas l’air de s’en soucier le moins du monde, ne barguigne pas à tout bout de champ « ah, je devrais maigrir », non, elle est comme elle est et s’en moque. Quelque part, tant mieux. Vers huit heures trente, son portable joue du clairon.



Je refais le tour en plein jour, tous volets ouverts, de toutes les pièces en essayant d’imaginer les transformations projetées. Effectivement, je crois que ce ne sera pas mal, pas mal du tout. Je fais aussi le tour téléphonique des artisans indiqués par le maçon ainsi que le fabricant de vérandas. Celui-ci vient le soir même, je parviens à convaincre les autres de venir le lendemain ou le surlendemain. Au fil des jours et des discussions avec les artisans, mon projet s’affine. J’achoppe parfois sur des points de détails qui cependant ont leur importance. Par exemple, le plombier qui me dit qu’il faudra dix minutes avant que l’eau chaude ne monte du sous-sol aux combles, autant d’eau perdue pour prendre un bain ou une douche.



La véranda, ça paraît simple, l’un des modèles proposés colle carrément bien à la villa. Mais pour protéger la porte d’entrée, il ne me propose que des choses très moches, des boîtes de verre et d’alu.



Caroline suivait ces rencontres le plus possible, quand son boulot le lui permettait. Elle se prenait au jeu et semblait vraiment aimer cela.



On refait le point ensemble avant mon départ, elle remplit tout un cahier de notes, artisan par artisan, en se laissant la place pour relever ce qui est fait, bien fait ou mal fait, les problèmes rencontrés et ce qui reste à faire. Moi, je me fais juste une fiche avec tous les numéros de téléphone pour pouvoir les contacter. En rentrant, et pour éviter tout soucis ultérieur, j’explique à mes Japonaises que j’ai chargé Caroline du suivi des travaux, elles approuvent complètement cette décision, comme si elles s’en foutaient un peu. Je n’avais pas prévu la suite qui m’est arrivée en pleine poire au cours du repas.



Que voulez-vous dire à cela sinon rien. Trahi par ma propre épouse. Elles ont l’air d’être très heureuses de ce vilain tour, comme de la perspective d’une nouvelle grossesse. Un troisième bébé pour fin avril début mai, pourquoi pas après tout ? Je suis un peu frustré, j’aurais aimé que ce soit un choix délibéré, un acte volontaire, dire « je vais lui faire un enfant » et cracher ma semence au fond de son ventre. Je vais le faire dès ce soir, pour me rattraper.


Les travaux avancent bien. Tous les meubles ont été empilés dans le garage situé sous la terrasse, là où il n’y a pas à intervenir. Caroline a soigneusement bâché les passages vers le reste du sous-sol pour éviter la poussière. La cuisine et les cloisons sont cassées, mais le maçon veut me parler. Je l’appelle. Entre l’ancienne cuisine, l’ancien couloir et l’ancienne salle à manger, il y a trois sols différents qu’il faudrait uniformiser. Or le parquet de la salle à manger est un vrai parquet à l’ancienne, posé sur des lambourdes, d’ailleurs il craque et c’est agaçant. Si on l’enlève, ça fait un creux de dix centimètres environ.



Tu parles, la clim en Normandie, il me prend pour une truffe, lui ? Je ne sais pas si on verra un jour le bout des travaux, mais ça semble mal parti. Je préviens Caroline des évolutions et je me tape un voyage éclair sur place. Ce chantier, mes aïeux ! Il y en a partout. Le jardin est en partie dévasté par le forage, il y a des matériaux empilés n’importe où, des ornières creusées par les camions, des tas de déchets divers. Je décrète une réunion de chantier en urgence et je pousse ma gueulante. Non, mais ! Ensuite, le timing : plombier, les lires, quand ? Maçon, les surfaces, quand ? Carreleur, dallages et faïences, quand ? Notamment la terrasse, parce que la véranda attend ! Et l’électricien, il est prévenu qu’il y aura des murs chauffants qu’il ne faut pas percer ? Le nombre de coups de pied au cul qui se perdent… Je préfère mettre ma queue dans le cul de Caroline, chez qui je dors, un peu, étant à la rue. C’est agréable d’être attendu et de se faire sucer à peine la porte passée. Elle aime ça, le coup de queue improvisé, le jeans sur les chevilles et les mains sur le mur. Le syndrome du marin, une femme dans chaque port et un porc dans chaque femme ! Soudain, une idée terrifiante me traverse l’esprit :



Ouf ! Et je lui narre la mésaventure qui m’arrive avec ma belle-sœur. Ça la fait bien marrer et elle se dit qu’elle aura encore du taf pour les vacances à venir. Le seul point positif dans tout ça, ce sont les espaces qui ont été dégagés dans la villa. C’est vrai que ce living est impressionnant avec une vue à 180 degrés, de la Bretagne au port. Manque juste la silhouette du mont Saint-Michel qui est caché là, dans le creux, derrière la pointe de Charolles. Les bow-windows éclaboussent la pièce de lumière, tellement que, notamment pour l’après-midi, il faut que je fasse poser des stores extérieurs. Je pense à des stores en corbeilles, ovales, qui collent bien avec ces fenêtres particulières. Ils vont devoir me les fabriquer sur mesure, ça va prendre du temps. Je dois m’y prendre maintenant et je convoque un storiste. Tous ces travaux vont me coûter une fortune, plus que l’achat de la villa. Tiens au fait, elle appartient à Yüko, même pas à moi… Disons que ce sera un super cadeau pour la naissance de son bébé.


Il faut que je m’y prépare à cette naissance. La Jaguar sera trop petite pour loger tout ce petit monde avec berceau et sièges-enfants. Je commence à lorgner les gros volumes… Qu’est-ce que c’est moche ! Des camions ou des corbillards… Pour ne pas perdre le plaisir de conduire, j’ai donc opté pour une Mercedes 4x4 7 places, qui ne fait pas fourgon et pas trop break de VRP. Je la rode en allant faire un tour en Normandie juste avant Noël. Mon coup de gueule a porté ses fruits, un peu… Il y a moins de déchets dans le jardin, le nouveau perron est construit et la dalle chauffante du rez-de-chaussée est faite. Mais c’est tout et ils n’ont plus que six mois. Tous me promettent d’y travailler dès janvier, puisque c’est à l’intérieur et la mauvaise saison. Je n’y crois qu’à moitié, mais je leur règle cependant une avance substantielle, normal, ils doivent payer le personnel et les matériaux. Je demande également au plaquiste et au menuisier d’aménager une grande salle de jeux pour les enfants au second, avec des placards à portes coulissantes tout le long des sous-pentes. La chambre de bonne sera la chambre « officielle » de Yüko et pourra nous servir de couchage d’appoint. La petite Caroline est toujours aussi gourmande, dans tous les sens du terme. Elle m’indique une auberge perdue en plein bocage, et la cuisine est effectivement à la hauteur de la renommée. C’est plaisant de retrouver un corps connu, même imparfait, et de s’éclater ainsi loin de chez soi. Elle se donne sans retenue, n’a pas son pareil pour me sucer et coincer mon sexe entre ses deux seins mous pour de fantastiques séances de branlette espagnole. Et quand elle a réussi à faire gicler mon plaisir, elle n’a de cesse de ranimer ma queue ramollie pour pouvoir recommencer. C’est brut de décoffrage, sans arrière-pensées, juste une soif immense de plaisir animal.


Je rentre dès le lendemain, un peu fatigué, avec quelques bons produits pour les fêtes. Comme Yüko se porte comme un charme, nous décidons d’une petite escapade à la montagne, ça nous fera du bien à tous. Je choisis une toute petite station familiale très sympathique, où l’on peut profiter de la neige et du paysage loin de la foule, Habère-Poche. En plus, j’ai horreur du ski alpin. Enfin, horreur, je m’explique. Je trouve stupide de m’asseoir sur une balancelle en plein vent glacé, au milieu d’une multitude bêlante qui en fait autant, d’être lâché quasi congelé en haut des pistes, les muscles froids et raides, pour descendre la pente en glissant, menacé en permanence par un tas d’abrutis inconscients qui risquent de vous percuter à tout moment. Et de recommencer quand on est arrivé en bas. Désolé, ça ne m’amuse pas du tout. Je préfère de loin le ski de fond ou de randonnée, même les balades en raquettes, seul en pleine nature avec un casse-croûte, une paire de jumelles et un appareil photo. Là, le ski est un mode de déplacement indispensable, sinon on s’enfonce dans la neige jusqu’au ventre, et on voit plein de choses remarquables, paysages, animaux, traces, etc., et on rencontre des gens sympas. Ça, ça me va, chacun ses goûts. Je me vide la tête lors de ces promenades quotidiennes, je retrouve mes petites chéries qui ont passé la journée sur une terrasse au soleil, protégées par de grosses lunettes et une tonne d’écran total. Naomi va à l’école de ski et se débrouille bien, elle aime beaucoup. Je crains que ce soit une façon de formater les futurs clients des stations, mais qu’importe, si ça l’amuse. Le soir, c’est fondue au coin du feu, l’ambiance est bon enfant, on lie des relations éphémères, mais agréables. On avait dit qu’on partirait quand on en aurait marre, et au bout de quatre jours les filles en ont un peu marre. Elles ont fait les quatre terrasses de la petite station, pas question d’efforts ou de risques pour Yüko qui se repose, Mahoko s’occupant des petites, de Nina surtout qui ne va pas encore à l’école de ski. Je les comprends, inutile d’avoir froid ailleurs quand on peut être au chaud chez soi.


J’en profite donc pour passer à la boîte, régler un tas de paperasses ennuyeuses. Et je tombe sur qui ? Marie-Sophie, qui dit avoir choisi de faire cette permanence et qui travaille sur quelques projets. Les entreprises cotées en bourse ne sont pas pléthore, et elle commence à voir les limites de la prospection. Il est vrai qu’elle ne m’a pas invité à signer de contrat depuis longtemps, et qu’elle me manque un peu.



Nous nous retrouvons vers le vingt janvier à Montpellier, où le temps est bien plus agréable que chez nous. Elle ergote sur la Mercedes, beaucoup plus grande certes, mais beaucoup moins agréable que la Jaguar. Je suis assez d’accord, mais il y a des choix nécessaires dont elle n’a pas à connaître la raison. Elle ronfle toujours autant, ses pieds sont toujours aussi grands, moches et froids, mais le reste est quasiment parfait. Le séjour est donc très agréable et cette relation pointilliste s’avère m’être précieuse, je ne sais pas trop pourquoi. C’est comme ça. Rien à voir avec un sentiment de domination ou un quelconque « droit de cuissage », au contraire. Ce serait plutôt l’aisance, l’intelligence et la classe naturelles de cette femme qui me hissent à un niveau et dans un monde qui est au-dessus du mien, au fond très ordinaire malgré ma réussite sociale. Ces instants me valorisent, je crois, à mes propres yeux, et me font du bien. Mais voilà qu’elle me sort une annonce de derrière les fagots, je ne m’y attendais pas :



Bon, voilà une affaire réglée, Marie-Sophie sort de mes relations intimes. J’ai une ’tite boule dans la gorge. Kevin, sale gosse !



Bill débarque dans mon bureau en fanfare, tonitruant, excité comme une puce sur un teckel.



C’est une occasion de rappeler Annie Dalgaud et de prendre de ses nouvelles. Elle préfère venir me voir, nous prenons rendez-vous. Tiens ? Finis les uniformes sévères de la contrôleuse, c’est la tenue de directrice plutôt sexy.



Deux-zéro. Janvier n’est pas mon mois. Je gardais quelque part le secret désir de me taper son gros postérieur de temps en temps, comme ça, en passant, pour le fun. C’est raté. Et ce n’est pas terminé. Parce que c’est la sale période des comptes financiers, des bilans, des déclarations, des emmerdements en somme. Et comme les règles changent sans cesse, on n’est jamais certain de ne rien avoir oublié. Je sais bien que le fisc devrait me laisser tranquille pour une dizaine d’années, mais… sait-on jamais. Il suffirait qu’un hacker surdoué fasse péter la protection de Bill et les ennuis pourraient revenir au galop. Du coup, impossible de me rendre en Normandie. De plus, les routes sont mauvaises, enneigées ou verglacées. Je me contente des photos et des textos de Caroline, heureusement qu’elle veille au grain. Les travaux semblent tout de même avancer d’après les photos des trois salles de bains avec carrelages et faïences. L’entrée et la cuisine sont également carrelées, mais le carreleur ne peut pas faire la terrasse par ce temps, donc la véranda ne peut pas être installée et le menuisier refuse de poser les parquets tant que « les autres sagouins », ce sont ses mots, n’ont pas fini de piétiner partout. Une quinzaine plus tard, Caroline m’annonce que la pompe à chaleur a été mise en route, tout doucement pendant trois jours, puis un peu plus fort, et qu’elle a atteint son régime normal. Elle trouve que le plancher et les murs chauffants sont fantastiques, il fait très doux dans toute la maison. Bonne chose. Je lui demande de relancer le fabricant de cuisines pour qu’il vienne l’installer.


Pendant ce temps, Yüko s’arrondit considérablement et ressemble à une boule sur pattes. Elle aura de nouveau pas mal de kilos à perdre après l’accouchement. Il faut la ménager, surtout qu’il y a ces fameuses vacances d’hiver. Impossible de partir pour diverses raisons, le boulot notamment. Nous essayons de nous relayer avec Mahoko en étant présents le plus possible, mais ce n’est pas toujours facile. Le mieux est de recruter ici aussi une baby-sitter. Quelle galère ! Autant ce fut facile et efficace à Granville, autant c’est difficile chez nous. À croire que les gens n’ont pas envie de travailler. Mais peut-être sommes-nous aussi un peu difficiles à contenter. Nous recevons cinq ou six personnes, de la retraitée revêche à la femme de gendarme qui mettra les filles au pas, la grosse mama un peu sale qui a elle-même cinq lardons en piteux état, celle qui croyait garder les enfants chez elle… un désastre. Finalement, c’est une petite jeune fille, que Naomi connaît déjà puisqu’elle travaille à la cantine, que nous retenons. Elle est jeune, un peu timide, gentille, mais sans diplôme, juste un CAP petite enfance, et sans véritable emploi. Coralie ne travaille que douze heures par semaine pour la commune, en faisant le service de cantine et la plonge, rien pendant les vacances, et un complément serait plus que bienvenu. Si en plus on fait une bonne action, c’est parfait. Jamais sortie de son trou, elle est complètement fascinée par notre maison, école où elle a été élève pendant un an. Elle n’en revient pas de la transformation, du jardin et des pièces asiatiques. Elle semble courageuse et fait beaucoup de choses tout en s’occupant bien des petites. Et puis Yüko est là et a l’œil. Quand je parle un peu avec elle, au moins chaque fin de semaine pour la payer, histoire qu’elle ait des week-ends agréables, je ne peux m’empêcher de penser à Édouard et Amanda/Mireille. Elle n’a plus qu’à trouver son prince charmant. Il y avait bien Kevin, mais il est déjà pris.


Avec tout ça, je ne peux retourner en Normandie qu’en toute fin de mars. Bonne surprise, ils sont en train de terminer l’installation de la véranda. Le choix était bon, elle va bien avec la villa. Ça prend tournure et ça a de la gueule. Le chauffagiste n’a plus qu’à installer son extension, de tout petits blocs de la taille d’une plinthe tout le long du bas des parois, qui chauffent le volume d’une part et empêchent la formation de buée d’autre part. J’ai trouvé ça discret et astucieux. Il n’y a plus que le menuisier à secouer un brin. On a récupéré la jolie double porte à vitres biseautées, il devait en faire deux autres à l’identique pour desservir tout le rez-de-chaussée. Évidemment, elles n’y sont pas et les parquets ne sont toujours pas posés. Sans eux, le peintre ne peut pas travailler. Surprise dans le « baisodrome », je crois que le nom va rester : je découvre une sorte d’estrade qui n’était pas prévue. Caroline arrive alors et me dit :



Bizarre comme elle est distante aujourd’hui, juste un petit bisou et elle ne cherche même pas à m’agacer dans un coin. Elle a peut-être ses règles, ce serait bien ma veine. Côté chauffage, effectivement c’est nickel : il fait vingt degrés pile-poil affichés aux thermostats à tous les étages. La chaleur est douce et le mur à peine tiède. C’est la surface qui diffuse la chaleur en basse température. Et puis les trente centimètres de laine de bois en trois couches croisées qui isolent parfaitement. La salle de jeux n’est pas finie, les placards sous pente ne sont pas posés. C’est toujours le menuisier. Il commence à me gonfler celui-là. Au sol, je ferai mettre une moquette par le peintre, que les gosses puissent se traîner à l’envie. Les ouvriers sont partis, nous pouvons visiter la véranda tranquillement. Je tente une approche coquine de Caroline qui se retire immédiatement.



Mais il faut bien qu’elle comprenne qu’on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre salé normand. Si je compte bien, ça fait trois depuis janvier. Rangé des voitures par absence de véhicules. Faut que j’aille consulter un dermato, savoir si je n’ai pas des boutons que je n’aurais pas vus. Un peu décontenancé par cette nouvelle, je fais connaissance d’Émilien, Togolais bon teint ( ! ), dont on voit surtout la superbe dentition lorsqu’il sourit, et il sourit tout le temps. Dans un boui-boui sombre, on grignote des tartines grillées garnies d’un tas de choses sorties tout droit de boîtes de conserve, thon, champignons, tomates, râpé, etc. posées sur des ardoises de toiture, arrondies d’un bout, carrées de l’autre. Trois clampins grattouillent une guitare, une paire de bongos et une scie musicale en massacrant des tubes à la mode. Je vide mon godet Duralex de rosé en cubi, je paye pour nous trois et je me casse. Non, ce n’est pas du mépris, mais passer du palace de Montpellier à ce bouge, ça fait drôle… Finalement, je me dis que, pour terminer ces travaux proprement avant l’été, il me faut un décorateur d’intérieur, qui s’occupe de tout ou presque, rideaux, stores, couleurs, papiers peints, accessoires…