n° 21619 | Fiche technique | 37528 caractères | 37528Temps de lecture estimé : 25 mn | 19/03/23 |
Résumé: Pour oublier un chagrin d’amour, rien ne vaut une plage naturiste. Mais même une habituée peut s’y trouver surprise. | ||||
Critères: ff fff jeunes inconnu plage voir exhib nudisme odeurs caresses intermast uro -lesbos | ||||
Auteur : Dyonisia (Rêves et autofictions… souvenirs et confidences…) Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Marie, la copine Chapitre 03 / 08 | Épisode suivant |
Résumé des épisodes précédents :
La connaissance mutuelle entre Chantal, sa fille et Marie, leur jeune invitée a si bien progressé que nulle pudibonderie n’existe plus entre elles.
La fin de journée a apporté hier une donnée nouvelle dans le train-train où s’installait notre vie d’insouciance. La responsable de la chorale universitaire que fréquente Manon – je parle du chœur, pas de sa cheffe – requiert instamment ses services pour remplacer une autre choriste malade. Ma fille avait réussi à se faire dispenser de cette tournée estivale, au grand plaisir de sa doublure ravie d’avoir seule la vedette. Mais avec la défection de celle-ci, sa présence est devenue, paraît-il, indispensable pour les solos. C’est flatteur et enquiquinant.
Il s’agit de partir à l’autre bout de la France – j’exagère à peine – pour assurer la suite des représentations. Une affaire de quatre semaines et pas question d’emmener la copine Marie avec soi. Mes deux gamines sont effondrées, l’une partagée entre gloriole et remords, l’autre désespérée de voir partir sa tendre amie. La soirée a été pénible, je les ai réconfortées de mon mieux en les encourageant à ne pas perdre un seul instant de la nuit à se morfondre. Un mois est vite passé si l’on accumule assez de doux souvenirs pour nourrir l’absence.
Si j’en juge par le remue-ménage dans leur chambre cette nuit et leurs yeux ce matin, elles ont bien suivi mes conseils. N’importe, le trajet jusqu’à la gare a été aussi triste et taciturne que le petit-déjeuner. Maintenant, debout sur le quai, elles n’arrivent pas à se décoller l’une de l’autre. Je respecte leur peine jusqu’à l’extrême limite, mais à l’annonce de départ du train, je les sépare pour, quand même, dire au revoir à ma fille.
Mais c’est qu’elle est sérieuse ! Un dernier petit signe de la main, un dernier hochement de tête appuyé, avant que la porte de la voiture – en première, s’il vous plaît – ne se referme, il n’y a pas de doute sur sa pensée. Marie, toute à son chagrin, les yeux pleins de larmes, n’a rien remarqué. Je la prends affectueusement par les épaules tandis que la rame s’éloigne.
Je dois insister pour l’arracher au quai. Elle fixe encore les rails vides, le regard perdu sur la courbe où le train a disparu, en refoulant de longs sanglots. Enfin, elle se met en marche… C’est pour m’attraper par la taille et se serrer étroitement contre moi. Sa tête pèse sur ma poitrine, pas si généreuse, mais accueillante, pour y trouver le réconfort. Les gens doivent penser qu’elle a perdu père et mère pour se blottir ainsi dans les bras de sa tante. Je caresse tendrement ses cheveux.
Elle réagit soudain si impulsivement que ses lèvres s’écrasent sur les miennes. Je reste un instant interdite, parcourue d’un doux frisson. Ma langue part instinctivement à la rencontre de la sienne avant que je me rappelle où nous sommes. Je me détache doucement de sa bouche sans repousser son étreinte.
Son visage rayonne, ses larmes se tarissent et un sourire d’espoir me répond. Toujours enlacées, nous sortons de la gare. Son corps palpite sur mon flanc, ma robe est mouillée sur mon sein, je ressens des frémissements de la nuque à l’entrecuisse. C’est délicieux et troublant. Ce l’est encore plus quand nous nous retrouvons dans la voiture. À peine assise, elle me tend sa bouche. Je lui donne gentiment le baiser réclamé, trop vite retiré à son gré. Une ombre de bouderie sur ses traits m’incite à flatter sa cuisse d’une caresse légère.
Elle ne dit rien, elle soupire un semblant de résignation. Mais dès que j’ai démarré, elle s’empare de ma main droite pour la fourrer sous sa jupe. Ça va être pratique pour changer de vitesse, tiens ! Pourquoi n’ai-je pas une automatique ? Sa fourche est brûlante, mes doigts butent sur un fin tissu.
Ben oui, moi aussi. Ce que c’est que l’habitude des convenances ! Je ne cherche pas plus loin, je me concentre sur la circulation. Ma conduite n’est pas des plus académiques, je suis souvent au-dessus ou en dessous du régime préconisé. Mais allez donc jouer correctement du levier quand deux cuisses tièdes retiennent obstinément votre main… D’ailleurs, il n’y a pas que la chaleur que je sente sous mes doigts. Une humidité sournoise se développe de plus en plus ouvertement à l’approche de la plage interdite aux textiles.
Je trouve une place sans difficulté sur le petit parking qui la dessert – moyennant une bonne marche pour rejoindre le sable aux nudistes – à cette heure encore matinale. Il ne reste qu’à ouvrir le coffre, et…
Marie se renfrogne. Elle nous imagine revenir au bercail pour récupérer ces accessoires, et le temps du retour qui éloignera le moment si désiré de la consolation promise. Mais elle ne sait pas que sa Chantal est une femme de ressources aussi impatiente qu’elle de faire son devoir.
Elle acquiesce vigoureusement, prête à toutes les concessions pour ne pas retarder le plaisir qu’elle attend. Elle se précipite déjà vers la plage, je freine son enthousiasme.
L’habitacle de ma voiture se transforme en cabine de plage. Les soutiens-gorge, c’est facile, mais pour retirer nos slips, nous nous tortillons en riant. On se soulève, on se cogne, ça coince. Je l’aide, elle m’aide, nous réussissons. Son gousset est mouillé, le mien aussi.
Marie rougit, je ris. Elle se détend. Je lui montre ma culotte, elle me tend la sienne. Nous en comparons les fonds, nous n’avons rien à nous envier. Je fais mine de les renifler.
J’en reste muette. Puis je lui donne mes dentelles et pose mon nez sur les siennes. Mais cette fois, je les respire profondément sans la regarder. Je retrouve ce mélange vanille/agrumes, mais la culotte est trop propre, l’adoucisseur dénature le parfum de la cyprine. Tant pis !
Elle m’a imitée, les yeux fermés, ma culotte sur sa bouche, l’inspirant à grands traits. Je me secoue.
Dix secondes après, nous courons pieds nus sur le goudron vers la plage. Le sable est chaud, lui aussi, et le soleil a tôt fait d’effacer toute trace sur les tissus qui couvrent nos fesses. La marche est longue et pénible jusqu’à l’espace où s’oublie l’indécence. Nous sommes en sueur bien avant d’atteindre la paillote qui en marque la limite. C’est un vrai bonheur de se délester des robe, jupe et tee. Le ridicule ne tuant pas, je m’en donne à cœur joie en tendant ma robe comme une voile au-dessus de moi, toute nue, le sac à main en bandoulière.
Marie se marre. Francis, le patron du resto, aussi. (Pourquoi s’appellent-ils tous Francis ?) Je le connais bien, je lui confie mon sac ainsi que la jupe et le tee de Marie, et lui commande deux grands Vichys menthe – radical contre la soif – en réservant une table pour treize heures. Il me rajoute d’autorité une bouteille d’eau king size. Il sait prendre soin de ses clients. Je repars, lestée de l’indispensable liquide.
Je nous déniche enfin un trou herbeux assez discrètement situé où étaler ma robe. Quelques pierres judicieusement laissées par les précédents occupants – ou occupantes : tout se voit en ces lieux – l’empêcheront de s’envoler. La brise marine nous enveloppe de caresses, Marie a oublié son chagrin. Les deux ou trois dizaines de mètres qui nous séparent de la mer sont franchis allègrement, la main dans la main. Nous nous enlaçons sans souci de pudeur pour nous jeter dans l’eau. Sa froideur relative nous surprend et nous nous serrons plus étroitement pour l’affronter.
Les raisons du désir défient la logique : aucun obstacle n’empêche plus de nous donner du plaisir, et nous n’en faisons rien. Nous pourrions nous souder la bouche dans un baiser passionné, et nous nous contentons d’échanger des regards affectueux. Nous pourrions nous dévorer les seins, et nous nous amusons simplement à nous les arroser. Nous pourrions nous astiquer réciproquement la chatte, et nous baignons chacune la sienne sans oser presque nous regarder. Et le plus curieux ? Cette promiscuité complice nous suffit !
Combien de temps restons-nous dans ce no man’s see des sens ? Trois quarts d’heure ? Une heure ? Le temps n’existe plus, ou peut-être l’annihilons-nous pour distraire notre pensée de l’inéluctable dont nous sommes certaines. Nous prolongeons cette réalité suspendue en décidant de confier à l’évaporation le séchage de nos corps, et (est-ce bête d’avoir oublié les serviettes !), pour favoriser l’opération, de nous promener à la lisière des vagues.
Nous voilà parties, bras dessus, bras dessous, parlant de tout et d’autre chose, échangeant de loin en loin des bises sur la joue, comme des amantes de longue date. Deux femmes nues sur cette plage, c’est naturel. Une jeune femme et une moins jeune se baladant ensemble, c’est banal. Deux jeunes filles ou deux dames enlacées, c’est plutôt courant aussi. Mais une jeunesse de vingt et quelques ans avec une quarantenaire avancée, qui se pressent l’une à l’autre, qui se bécotent, qui se caressent les fesses ou qui s’agacent le bout des seins, cela peut susciter l’attention, même pour des habitués du naturisme local.
Le sable s’est peuplé depuis notre arrivée. Oh, ce n’est pas la foule des textiles, chaque place est éloignée de ses voisines, mais à portée de vue, malgré tout. Nous passons en revue des couples mixtes ou du même sexe, quelques femmes isolées, beaucoup plus d’hommes seuls, et bien sûr les inévitables curieux du jour trahis par la marque des maillots. Nous croisons des regards blasés, curieux, indulgents ou envieux, dont nous n’avons cure, voire des sourires engageants qui nous égayent et de rares mimiques réprobatrices qui nous font rire.
Deux vraies gamines écervelées, quoi ! Mais les fous rires vous titillent souvent la vessie, et Marie commence à se tortiller de façon significative. Moi-même, je sens poindre un petit besoin que la seule évapotranspiration ne satisfera pas. Sans compter que l’heure avance et que nous sommes bien loin maintenant de notre table réservée pour le déjeuner. J’avise un duo sympathique de brunes cinquantenaires qui nous observe avec bienveillance. Vu tout l’attirail dont elles sont entourées, elles doivent sans doute avoir une montre.
Même couleur des cheveux, mêmes yeux marron-vert, même épilation intégrale du minou, mais leur ressemblance s’arrête là. Celle qui m’a répondu en me caressant du regard est svelte. Ses longues jambes repliées s’ouvrent sur un ventre plat et de petits seins aux tétons noirs. Sa compagne, sans erreur possible, est toute en rondeurs, comme ses seins lourds, aux pointes curieusement roses. Elle a négligé de fermer ses fortes cuisses pour fouiller dans le sac à côté d’elle.
Elle n’a pas changé de pose, mollement accoudée, le genou haut, m’offrant la vue de son sexe entrouvert, petites lèvres finement ourlées comme une rose éclose. Une exhibitionniste assumée. Et voyeuse également : elle ne se cache pas pour jauger mes formes et fixer ce que je laisse voir de mon intimité. Une situation inattendue, qui m’en rappelle une autre tout aussi intimidante et excitante à la fois, nouvelle et embarrassante pour Marie qui essaie de se dissimuler derrière moi, au mépris de la politesse due à d’obligeantes inconnues.
L’amical amusement que je déclenche m’interrompt, et je le partage en découvrant la figure congestionnée de Marie qui piétine, les mains pressées sur le bas ventre.
Une hilarité contenue voile la clarté argentine de sa voix. Je m’attends à l’aimable proposition d’utiliser l’une de leurs serviettes, mais non.
Elle entraîne aussitôt Marie qui retourne vers moi un visage mi-figue mi-raisin où l’anxiété prend le pas sur la confiance. Son appréhension m’apparaît comme une prière.
Ce n’est pas très loin. Un simple renfoncement entre quatre pins maritimes rabougris mangés par les tamaris. Ouvert sur deux côtés, il ne procure qu’un isolement relatif quoique suffisant pour se soustraire à un coup d’œil sommaire, à condition de ne pas s’éterniser.
Mais au lieu de surveiller les alentours, elle reste plantée là à nous regarder. Marie esquisse un mouvement pour se baisser et se bloque, tétanisée à l’idée d’exposer les détails troublants de sa minette devant cette présence importune et rieuse. J’avoue qu’elle me gêne un peu, moi aussi. Allez vous accroupir et pisser sans honte face à une inconnue cinq minutes avant ! Si Colette ne m’avait pas vaccinée, je serais dans le même état d’esprit que ma protégée.
Le privilège de l’âge et l’expérience me commandent de la rassurer. Et si Ginette veut un joli spectacle en échange du service rendu, c’est peu payer pour la satisfaire. Mes fesses sont bien vite en contact avec mes talons et mes genoux s’écartent autant qu’ils le peuvent. Mes grosses lèvres apparaissent au grand jour, dégageant les petites que je saisis du bout des doigts. Eh oui ! Je n’ai pas oublié les conseils d’hygiène : écarteler la fente au maximum réduit la souillure au minimum.
Je suis évidemment consciente de la révélation concomitante de sécrétions sans lien avec l’urine. Un aveu véniel du moment que mon exemple encourage Marie à me suivre dans la miction. La pression de sa vessie aussi, je suppose. Le rouge aux joues, elle lâche enfin son jet. Un jaillissement dru et puissant qui fait faseiller ses longues nymphes et vient frapper la terre sableuse en éclaboussant jusqu’à mes orteils. Elle essaie de le discipliner, mais la cataracte est plus puissante que ses faibles forces.
Les yeux brillants de notre spectatrice me confirment ce que ses paroles suggèrent. Si nous étions seules, elle et moi, peut-être me laisserais-je tenter. J’espère qu’elle le comprend au sourire que nous échangeons. Il serait prématuré, pour Marie, de s’abandonner à un léchage de chatte pisseuse. D’ailleurs, confusion ou innocence, la pensée de la chose ne semble pas l’avoir effleurée.
Difficile de se retenir de rire, sinon en l’assurant qu’elle a trouvé la bonne solution, ou en la complimentant pour son esprit d’initiative.
Dommage de devoir quitter d’aussi serviables rencontres. Si nous ne risquions pas de nous mettre en retard pour notre réservation, j’aurais volontiers approfondi cette relation.
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Si Ginette et Stéphanie n’ont pas eu l’indélicatesse de nous retenir, bien qu’elles brûlent elles aussi de faire plus ample connaissance, il n’empêche que nous avons dépassé l’heure fixée de plusieurs minutes. Bon prince, le patron avait gardé notre table. Nous avons un peu attiré l’attention des autres clients, Marie assise sur son tee-shirt et moi sur sa jupe. En général, c’est une petite serviette que l’on pose sur sa chaise. Mais les plages naturistes ont cela de bien que la discrétion y prévaut. Personne ne s’est senti obligé d’émettre une remarque.
Les nombreux verres de jus de fruits ont été les bienvenus, les salades composées ont été vite avalées, les sorbets du dessert ont suivi au même rythme, la grande bouteille d’eau a été renouvelée, et nous sommes revenues vers notre coin de prédilection dont l’isolement a été respecté. Bien sûr, il a fallu secouer quelque peu ma robe pour la débarrasser du sable dont la brise l’avait gratifiée avant de s’y étendre pour une sieste digestive. Durant tout ce temps ni Marie ni moi n’avons évoqué nos impressions respectives sur ce pipi commun en public.
Je mentirais en disant qu’une robe blouse déployée offre un espace suffisant pour deux : à la vérité nous y sommes très serrées. La seule façon de tenir est de nous allonger sur le côté. Encore faut-il que nous nous rapprochions étroitement pour que nos fesses ne débordent pas du tissu. Le plus simple est de nous enlacer, seins contre seins et ventre contre ventre. Nos bras joints nous servent d’oreiller, nos visages se font face, nos souffles se croisent et nos jambes s’entremêlent. Comment éviter alors que la cuisse de l’une presse la chatte de l’autre, et inversement ?
La question ne s’est même pas posée. Nos genoux ont trouvé leur place tout naturellement, nos pieds se sont imbriqués aussi facilement et leurs caresses nous ont fait soupirer d’aise. Maintenant, les battements de nos cœurs se répondent, les frémissements de nos corps s’accordent, nos transpirations se mélangent et nos bouches s’attirent inexorablement. Nos lèvres se trouvent et s’entrouvrent, nos langues se cherchent, se rencontrent, s’enroulent et se lutinent. Nos salives s’échangent et s’avalent, nos baisers nous soudent et nous enivrent.
Nous reprenons notre respiration, nos sourires en miroir et nos yeux en supplique. Nos mains libres s’étreignent. Nos doigts se prennent et se quittent, s’égarent sur nos reins, se perdent sur nos hanches. Nos poitrines s’épousent et nos tétons s’érigent. Nos mamelons s’affrontent et nos bustes frissonnent. Nos ventres s’emballent et nos fourches s’embrasent. Nos chattes s’émeuvent et pleurent sur nos cuisses. Nos bouches se retrouvent, et c’est délicieux.
Délicieux… et brûlant ! La cyprine et le sel ne font pas bon ménage. Nos fentes s’écrasent sur une peau gorgée d’une eau de mer séchée dont les fins cristaux se diluent sous la mouille et s’insinuent dans tous les replis des muqueuses. Mais le mal est son propre remède, la vulve nous démange et coule de plus belle. L’excitation s’augmente de ses formications. Nos lèvres vaginales gonflent et nos clitos durcissent. Nos sexes s’ouvrent et bavent, et se frottent à nos cuisses. Le prurit s’atténue et le plaisir redouble.
Marie halète dans ma bouche, son bassin roule contre moi, son corps ondule entre mes bras. Je l’étreins plus fort, je la serre, je la presse, ses mains se crispent, ses jambes se tétanisent, elle s’arque, râle, tremble, se calme, se fige, se détend, s’abandonne. Je caresse ses cheveux et j’embrasse son cou. Son orgasme s’apaise, mais pas son désir. Ni le mien.
Le calme nous revient, pour peu de temps. Juste celui de recouvrer notre souffle et d’aérer la sueur qui nous lie. Nos poitrines, nos ventres, nos cuisses se séparent et, si faible qu’il soit, cet espace offre à nos doigts la chance de s’y glisser. Ils vivent leur propre vie, progressent de conserve, atteignent leur but ensemble, saisissent nos pubis, s’enfouissent plus bas, se noient dans un clapot tiède et visqueux. Les miens sont prudents et tâtonnent. Ceux de Marie sont hardis et s’enfoncent. Le soupir qui m’échappe est de reconnaissance, celui qui me répond n’est fait que d’impatience. Nos bouches se ressoudent et nos soupirs se fondent.
La main de Marie épanouit ma vulve, la paume de Marie presse mon clitoris, les doigts de Marie pénètrent mon vagin, je gémis de bonheur. Ma main joue sur la vulve de Marie, ma paume masse le clitoris de Marie, mes doigts pétrissent les longues nymphes de Marie, elle gémit d’attente insatisfaite. Sa bouche se décolle de la mienne, l’instant d’un bref murmure.
Mon index plonge dans la moiteur d’une fente moelleuse. Les yeux de Marie brillent et ses paupières battent. Mon majeur rejoint l’index. L’entaille les accueille, sa douceur les aspire. Les doigts de Marie s’agitent et virevoltent en moi. Je replie les miens, je les allonge, je recommence. Je parcours ses muqueuses, les visite, cherche leur point sensible. Elle m’imite, s’applique, me devance, et déclenche une houle qui envahit mon ventre. Mon bassin se jette sur la main qui le fouille. Je pistonne la chatte qui vient à ma rencontre. Je déchaîne à mon tour les ondes et leurs spasmes.
Nous nous empalons cambrées l’une vers l’autre. Nous nous branlons offertes l’une à l’autre. Nous pleurons, nous râlons. Nous jouissons enfin longuement l’une et l’autre, frissonnantes et comblées.
Voisins, voisines, arbres, plage, sable, soleil ou mer, le monde a disparu.
Je sommeille. Je me repose. Je suis bien, quoi ! Qui vient ici troubler ma quiétude ? J’ouvre un œil à contrecœur. Le soleil m’éblouit, je le referme. Marie se racle la gorge et remue contre moi. Nouvel effort, j’ouvre les deux yeux. Un képi. Bizarre ! Un képi au-dessus d’une tête hilare, au bout d’un corps brun. Un corps de femme, mais très bun. Très, très brun. Et nu. Absolument nu, à l’exception de ce képi, avec flamme et grenade, là-haut, et d’une courte pelisse noire, drue et bouclée, au milieu.
Comment ça, Gendarmerie nationale ? Une gendarmette ? À poil ? Je n’ose pas regarder au-delà des jambes interminables qui me surplombent. Peine perdue, elles se plient, ces jambes.
Et elles s’écartent, elles s’ouvrent. Une fissure rose tranche la pelisse noire à la verticale. Pas bégueule, la gendarmette ! Si gendarmette il y a ?! Du coup, je relève la tête. Le visage est affable, les pupilles sont de braise, la bouche est fendue d’un sourire éclatant.
Pour voir, c’est sûr qu’elle voit ! Marie presse son dos dans mon giron, mais, trop surprise pour y songer, elle expose ses seins encore dardés et sa craquette baveuse face à notre visiteuse. Comme celle-ci paraît apprécier le tableau – après tout, elle a l’habitude de scruter le moindre détail – plutôt que s’en offusquer, je ne crois pas utile de refermer mes bras pour lui dissimuler les trésors de mon amante. Une gendarme lesbienne, pourquoi pas ? Il faut de tout partout !
Moi non plus, je ne me cache pas de l’observer. Belle plante, taillée en sportive, pieds soignés aux ongles rouges, la peau fine et soyeuse. Quelque chose dans sa physionomie m’incline à parier pour une fille des Îles, Guadeloupe ou Martinique. Des seins fermes dont les tétons foncés se remarquent à peine sur les globes sombres, un ventre plat malgré la position, et un sexe… (Heu… Peut-on fixer la chatte d’une gendarme sans risquer le délit d’outrage ?)
Je reviens au regard. Il est toujours bienveillant. Marie se rassérène, je la sens se détendre. Nous esquissons ensemble un mouvement pour nous mettre debout. Une longue main fine nous en dissuade.
Elle reste accroupie, sans fermer les genoux. Un brin exhibitionniste, notre aimable gendarme antillaise. Sa vulve s’est un peu plus entrouverte, impossible de manquer le contraste du corail pourpre et des rives brunes. Elle ne semble pas s’en préoccuper. Bon d’accord, je fixe le minou des Îles. Marie est déjà rivée dessus. C’est joli. Mieux : c’est adorable. Je l’indique d’un bref sourire et d’un haussement de sourcils. J’ai quand même besoin d’explications pour cette interpellation incongrue. L’étonnante représentante de l’ordre m’en donne.
(Incognito ?! Avec ce couvre-chef estampillé et visible à cent mètres au milieu des bobs et des casquettes des autres nudistes ?)
Par contre, les spectateurs n’ont pas vu le bouquet final, achève-t-elle en riant. Dommage pour eux, c’était charmant. Quoiqu’impressionnant : j’ai cru que vous aviez défailli.
Pas de doute, elle aime l’amour au féminin. Pas de doute itou, nous nous sommes données en spectacle. Je suis rétrospectivement mal à l’aise, et sournoisement ravie aussi. Marie a tressailli en apprenant qu’elle a joué involontairement à la starlette de porno. Je lui frictionne gentiment les épaules en embrassant sa nuque pour la réconforter. Ce qui est fait est fait ! Encore heureux que nous soyons tombées sur une initiée. Que dire, sinon merci ?
Elle est toujours à croupetons, les yeux dans les yeux de Marie. Marie, dont je perçois la chaleur des joues. Marie qui, néanmoins, se décolle de moi. Marie qui s’assoit, talons aux fesses et cuisses écartées. Je rêve ! Marie qui n’osait pas être nue devant ses copines montre sa chatte à une pandore inconnue qui lui rend la pareille. Qui s’exhibe à qui, dans ce face-à-face improbable ?
Peut-être est-ce moins une exhibition qu’une inquisition, finalement. Un moyen de s’assurer que la plus jeune s’est livrée au stupre et à la fornication de sa pleine volonté. Dans ce cas, l’examen aurait apparemment satisfait l’examinatrice puisqu’elle hoche la tête et la tourne vers moi. Et c’est à mon tour de rougir, surprise en train de scruter l’entaille pourpre devenue plus brillante. Je ne vois d’autre façon de m’en excuser qu’en proposant la version intégrale de la mienne. Je prends la même pose que Marie, tremblant de ma propre excitation autant que soucieuse de dévier la conversation.
Nous restons donc exposées. C’est le devoir de toute bonne citoyenne de contribuer à la formation des jeunes recrues des forces de l’ordre, n’est-ce pas ? Je me permets tout au plus un enlacement réciproque avec Marie, pour bien marquer le caractère avéré et consenti de nos actes. Je regrette seulement d’être privée de la vue d’un émoi antillais, plaisant, bien que gendarmesque.
La nouvelle venue se recompose un visage impassible après l’embarras de nous revoir de près. Je découvre sa silhouette rosie par le soleil, moins grande et plus rondelette que son aînée, agrémentée d’une petite poitrine aux formes douces et d’une toison taillée si rase (est-ce la coupe réglementaire ?) qu’on ne peut en deviner de prime abord la couleur exacte. Ce doit être le brun, au vu des cheveux courts que libère le képi ôté sur un ordre muet.
Le vaste sac qu’elle porte se veut de plage. Il est du même terne acabit et paraît aussi lourd que celui de la première arrivée. Je doute qu’ainsi équipées, on puisse vraiment les prendre pour deux touristes en vacances. Elles s’entretiennent à mi-voix quelques instants avant de se retourner vers nous, la plus jeune en retrait et les yeux ailleurs. Il me semble plus correct de nous mettre debout pour entendre leur verdict.
Elle s’éloigne, me laissant soulagée et perplexe. (Aurions-nous servi de cobayes ?), mais nous offrant la vision d’un dos parfait aussi sombrement éclatant que la magnifique paire de fesses qui le prolonge. Le contraste avec la pâleur de celles de sa jeune collègue est saisissant. Non, désolée, croire à l’incognito de ces deux-là tient du rêve. Quoi qu’il en soit, la je-ne-sais-quoi-Chef, au moins, a retenu mon nom. Il ne me serait pas déplaisant de la croiser à nouveau ici.
D’ailleurs, n’a-t-elle pas insisté sur ses derniers mots, ou me fais-je des idées ? L’image d’un autre contraste, de noir et de rouge, me revient à l’esprit.
La voix hésitante de Marie me tire de mes réflexions. Je tapote la main qu’elle crispe sur mon poignet.
Adorable Marie qui découvre les plaisirs de l’exhibition ! Elle m’attendrit, elle me rappelle les émois que j’ai éprouvés récemment. Je la prends dans mes bras. Sa peau est brûlante, toute tendue, frémissante, trempée de sueur. Ni le soleil ni la peur n’en sont la seule cause. Son buste et son ventre glissent sur les miens quand je l’embrasse.
Je vis l’adolescence que je n’ai pas eue, des amusements de fillette qui ne me manquaient pas jusqu’à présent. Je n’avais jamais osé, à quinze ou vingt ans, me masturber devant une amie. Des copines ne s’en privaient pas. Certaines s’en vantaient, je les trouvais vulgaires. Pour ne pas les jalouser, je le comprends aujourd’hui. Bien tard ! L’une d’elles ressemblait à Marie, je m’en souviens maintenant. J’étais déçue qu’elle fût de ces « vilaines filles ». Quelle idiote j’étais ! Que de bons moments de plaisir perdus !
Deux décennies et quelque plus tard, j’ouvre mes cuisses devant une gamine qui a l’âge de ma fille, et je dévore des yeux la vulve qu’elle me présente complaisamment. Pas que son sexe, ses pieds aussi, et ses mollets, ses genoux, son ventre, ses seins, ses épaules, son cou, sa bouche, son visage… tout son corps si pulpeux, si ferme, si frais… tout son corps frissonnant de désir… Son corps à croquer, qu’elle abandonne en confiance à ma dévoration.
Je me laisse détailler en retour, assise en grand écart, sans honte de mes lèvres gonflées, sans honte de ma fente poisseuse, sans honte de mon clitoris turgescent, sans honte de mon ventre rond, sans honte de ma poitrine lourde, sans honte de mes tétons durcis, sans honte des rides qui me trahissent, sans honte de la folie amoureuse qui les efface, sans honte de mes pouces qui écrasent mon bouton, sans honte de mes mains qui ouvrent mon con, sans honte de mes doigts qui le fouillent.
Marie se branle en gémissant doucement. Elle presse ses seins, passe de l’un à l’autre, alterne avec sa chatte, revient à sa poitrine, la couvre de cyprine. Ses prunelles brillantes ne me quittent pas. Je me branle pour elle. Je m’enduis de ma mouille, imitant ses caresses. Elle imite les miennes, s’enconne comme moi. Nos gestes s’accélèrent, voluptueux, obscènes, délicieux. Nos jambes affrontées tremblent au même rythme, nos souffles oppressés exhalent nos soupirs. Nos ventres sont noués, nos fesses sont durcies, et nos jus s’éparpillent en gouttes irisées. Un orgasme commun devrait nous emporter, rivées par le regard.
Je jouis la première, elle me suit de peu. Nous retombons ensemble, alanguies, vidées, épuisées et heureuses. Des spasmes nous agitent en vagues qui s’apaisent. Nos mamelons palpitent, nos lèvres pulsent, nos vagins coulent encore. Je cherche sa main, je la porte à ma bouche, je suçote ses doigts et lui donne les miens. Nous découvrons le goût de nos saveurs intimes, nous les dégustons, nous rions : que ne l’avons-nous fait avant !
Nos doigts sont propres, nos cuisses ne le sont pas. Je rassemble forces et courage pour me lever. Je regarde autour de moi. Aucune tête curieuse ne nous espionne. Nos ébats sont restés inaperçus, l’inquiétude qui revenait s’éloigne. J’aide Marie à se redresser. De larges auréoles douteuses tachent notre natte de fortune. Ma robe est fichue. Je ferai sensation en retournant à la voiture. Francis et ses clients s’abstiendront de commentaires. Les touristes ordinaires présents sur le parking auront de quoi commérer. Je m’en fiche royalement. Quant à Marie, elle s’en remettra, ou j’aurai une raison évidente de la consoler.
Nous courons nous tremper. La mer bienveillante effacera fatigue, sueur et sécrétions. La vie est belle, le soleil encore haut. Nous avons bien le temps de songer à rentrer.
À suivre…