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Temps de lecture estimé : 21 mn
06/06/23
Présentation:  Une partie de pêche mouvementée et une étrange découverte.
Résumé:  L’orage avait cessé et une pluie fine et tenace continuait à éclabousser la terre. Les premiers rayons d’un pâle soleil perçaient de légères nappes d’une brume laiteuse et promettaient une journée humide, mais certainement plus clémente.
Critères:  #aventure #lesbienne ff bain forêt cérébral voir exhib noculotte cunnilingu nopéné
Auteur : EdenPlaisirs      Envoi mini-message

Série : Aux âges farouches

Chapitre 04 / 05
Le torrent

Le torrent




Résumé des épisodes précédents :

Tara et Glynis coulent des jours heureux et paisibles sans se préoccuper d'être seules au monde. À l'inverse, Thorn l'explorateur recherchait un peuple avant d'être attaqué par un ours en furie…




La guerrière et les champignons



L’orage avait cessé et une pluie fine et tenace continuait à éclabousser la terre. Les premiers rayons d’un pâle soleil perçaient de légères nappes d’une brume laiteuse et promettaient une journée humide sans les grosses averses passées.


La grande chasseresse, ses deux sagaies et son arc en mains, avait fixé son carquois de flèches à sa hanche et portait deux nasses à poissons sur son dos. Les pièges retenus par des courroies de cuir la gênaient dans ses mouvements et mettaient la pêcheuse de mauvaise humeur. Derrière Tara, la guérisseuse suivait son amie en silence, son regard explorant les bords du chemin de terre qui longeait le torrent. Ce n’était pas l’eau qui l’intéressait et elle observait les broussailles qui longeaient les arbres opposés à la rive.


Glynis chantonnait en cheminant, portant le filet à saumons autour de ses épaules et s’aidant de sa légère sagaie dans sa marche. Les chevelures des deux femmes étaient dégoulinantes de pluie et les capes de cuir léger qu’elles portaient sur leurs tuniques étaient trempées. S’il ne faisait plus aussi froid, l’air de ce début de matinée était frais et la pluie n’arrangeait rien. Si l’Ouroukos paraissait à l’aise, la Tallak était plus frileuse et frissonnait par instant sans pourtant perdre sa bonne humeur.


Tara s’était une nouvelle fois arrêtée dans sa progression et s’était retournée vers sa compagne.



Glynis, le corps penché en avant, fouillait la terre de la pointe de sa sagaie. Une arme fabriquée par la chasseresse pour la guérisseuse.



Elles s’étaient levées avant l’aube et la rousse s’était vite montrée de bonne humeur. Depuis qu’elle vivait avec son amie, elle avait beaucoup changé. Elle avait très vite compris qu’elle était plus heureuse qu’elle ne l’avait jamais été. Son caractère naturellement calme s’était alors enrichi d’une touche de gaieté nouvelle et elle affichait une humeur enjouée presque permanente.



Quelque temps après leur rencontre, la guerrière avait pensé rassurer son amie en lui fabriquant une lance de chasse. Plus tard, elle comprit qu’elle avait simplement désiré se rassurer elle-même. Chez les Ouroukos, contrairement à d’autres peuplades, un chasseur pouvait être également un guerrier. Il n’était pas nécessaire d’avoir combattu d’autres êtres humains. Les guerres de clans étaient évitées le plus possible et les gens des cascades détestaient tuer leurs semblables.


Pour obtenir le titre de guerrier, il suffisait à un chasseur d’avoir traqué et tué un grand prédateur, la seule condition étant de l’affronter seul. Ours et pumas devenaient donc parfois des trophées à obtenir. Tara n’avait jamais désiré devenir une guerrière et cela s’était fait tout seul. Elle était l’unique femme chasseresse de sa tribu et n’était que tolérée par ses compagnons de traque. Ces derniers ne lui apprenaient rien et se contentaient de supporter sa présence. Alors qu’elle était encore inexpérimentée, elle s’était retrouvée face à un lynx et l’avait tué dans le seul but de lui échapper. C’était déjà un petit exploit en soi, mais ces félins n’étaient pas considérés comme de grands prédateurs.


Plus tard, la grande Ouroukos s’était prise au jeu, quelque peu vexée du désintérêt des membres de sa communauté. Elle désirait simplement être reconnue comme une chasseresse expérimentée et que ce soit admis une bonne fois pour toutes par le clan. Elle traqua alors un puma toute une journée et ramena sa proie tuée par ses flèches, au village. Personne, parmi les chasseurs ou les habitants, ne parut remarquer son trophée. Elle avait donc abandonné toute tentative de se faire reconnaître pour ce qu’elle était et oublia toute idée de faire valoir son droit au titre de guerrière. Elle conclut donc ses tentatives de plaire aux autres sans éprouver autre chose qu’une certaine déception. Aujourd’hui, elle savait ce qu’elle valait et c’était suffisant.


Bien plus tard, peu avant de s’intéresser à la louve qui avait fini par être la raison de son bannissement, un énorme lion des montagnes s’en prit à Tara pour lui dérober le chevreuil qu’elle venait de tuer. Elle l’avait affronté armée de sa seule sagaie. Cougar, puma ou lion des montagnes, des noms différents pour une même espèce terriblement dangereuse. Tara s’était cette fois contentée de garder la peau de l’animal et n’avait pas ramené le fauve chez-elle. Sa chasse avait toutefois été connue de tous. La peau du fauve qu’elle portait en cape n’était pas passée inaperçue. Personne au village du clan des cascades n’appela jamais Tara autrement que « La chasseresse ».


La Tallak à la chevelure de feu n’avait aucune considération pour les armes et utilisait sa sagaie comme un bâton de marche ou un outil pour cueilleuse. C’était d’ailleurs ce qu’elle était. Une cueilleuse qui avait beaucoup travaillé pour apprendre l’art de la médecine. Une guérisseuse était très estimée et toujours très respectée. Ces femmes qui se destinaient à se dévouer pour les autres devaient être intelligentes et assez volontaires pour apprendre leur art durant de très nombreuses saisons. Les chamans eux-mêmes leur accordaient un profond respect. Les soigneuses étaient assez rares pour être appréciées de tous.



Tara poussa un petit soupir et sourit en s’approchant de sa compagne.





Une femme parfaite



La Tallak resta un moment à observer sa maîtresse. Elle se savait grande pour une femme, mais sa chérie la dominait d’une bonne demi-tête. Tara était très belle, elle avait un corps superbe, mais ce n’était pas pour son physique que la cueilleuse était tombée amoureuse de cette femme. Cette chasseresse Ouroukos avec qui la guérisseuse Tallak avait décidé de se lancer dans une nouvelle vie ressemblait à une farouche guerrière. Cette femme savait également se montrer aussi ferme de caractère que douce dans ses manières et propos et s’érigeait en protectrice rassurante.


La personnalité de Tara s’alliait à son apparence physique et la soigneuse s’était très vite sentie protégée par une compagne aussi forte, que déterminée dans ses décisions et ces actes. Il avait d’abord été très difficile à Glynis de l’admettre, mais elle avait fini par ne plus se voiler la face. Pour elle, Tara était la femme parfaite. Elle l’avait pensé après les premiers temps de leur vie commune. Et elle, Glynis, était aujourd’hui amoureuse de cette femme parfaite.


Glynis n’avait pas pu s’empêcher de chercher encore et avait trouvé d’autres champignons. Elle avait cueilli d’autres morilles et même les premières girolles de la saison, mais cette fois, elle ne perdait plus son temps à flâner et avait travaillé sans perdre de temps. Elle avait rejoint Tara dans sa marche et s’était aussitôt collée au corps de sa voisine.



Le rire grave de la brune troua le calme qui régnait sur la rive du torrent.



Tara se laissa aller à une autre poussée d’hilarité en songeant que sa curieuse mauvaise humeur s’était évaporée face au drôle de comportement de sa compagne.



La chasseresse avait légèrement accéléré l’allure et la guérisseuse avait adapté son pas au sien. La pluie avait cessé, et tout en marchant, la grande brune jeta un coup d’œil sur la rousse.



Glynis se tourna vers sa voisine et sourit.



Le sourire timide de la soigneuse, s’il était bien composé, n’était qu’une petite farce. Depuis son lever, la jolie rouquine s’était montrée très excitée et n’avait pas cessé d’aguicher son amie et maîtresse. Leurs amours n’en étaient qu’à leurs prémices et les deux amantes s’étaient montrées gourmandes de plaisir depuis qu’elles s’étaient rapprochées. Pourtant, cette fois, la guerrière ne s’était pas montrée très réceptive aux avances de sa compagne. Si l’aube avait atténué ce curieux sentiment, elle avait été la nuit durant sous le coup d’une étrange angoisse qu’elle ne s’expliquait pas et n’avait pas fermé l’œil.


Tara se sentit de meilleure humeur en observant la petite comédie de la rousse. Si son caractère entier lui avait apporté de nombreuses colères dans le passé, elle n’avait jamais éprouvé qu’un léger agacement depuis qu’elle avait décidé de protéger la soigneuse. Ce n’était le plus souvent qu’une mauvaise humeur teintée d’amusement. Glynis était ce que le chaman du clan nommait « Une femme-enfant ». Elle ne se rendait pas compte qu’elle pouvait être tout aussi charmeuse que charmante, autant que tête en l’air, têtue et parfois très énervante.



La soigneuse afficha une autre moue, cette fois imitant une profonde déception.



Glynis s’était arrêtée et Tara n’avait pas résisté quand sa voisine l’avait prise par la main pour l’entraîner vers les arbres qui longeaient la rive du torrent. Quelques instants plus tard, la chasseresse était doucement collée dos au tronc d’un vénérable saule pleureur. Puis elle était débarrassée des nasses et de ses armes par une guérisseuse très déterminée et regardait sans bouger sa compagne s’agenouiller devant elle.




Des fruits au bord de l’eau



La guerrière, retenant sa tunique d’une main, caressait les rouleaux de cheveux roux mouillés de pluie de l’autre en haletant doucement. Quand Glynis recula son visage, les yeux noirs de Tara se baissèrent sur son ventre. Après l’avoir léchée un moment, sa maîtresse écartait la fente de son sexe de ses longs doigts.



Les lèvres de la guérisseuse pesèrent sur son clitoris et la grande Ouroukos lâcha un léger gémissement.



La belle Tallak abandonna sa prise et leva son regard vert d’eau sur son amoureuse.



La guérisseuse bougea et sa main releva sa tunique. Puis elle écarta largement les jambes et glissa sa main entre ses cuisses ouvertes.



Glynis se caressait tout en dégustant sa friandise et Tara, le corps tendu, luttait contre la montée d’un orgasme qu’elle devinait par avance puissant. Elle sentit les dents de sa chérie sur son clitoris et frémit en lâchant un petit gémissement.



Quand elle sentit un doigt fureteur caresser son anus, la chasseresse serra les mâchoires et laissa passer un long frisson avant de baisser à nouveau les yeux. Sa maîtresse se doigtait plus vite et haletait en aspirant son clitoris de ses lèvres.



Tara se laissa aller aussitôt en poussant une petite plainte sourde. Elle éloigna ses pieds l’un de l’autre et son grand corps s’affaissa très lentement. Elle sentit le doigt de Glynis s’enfouir plus durement entre ses fesses et elle bougea encore, ondulant doucement des hanches sous cette agréable caresse. Accroupie devant elle, Glynis se doigtait avec une énergie plus vive et sa bouche mangeait son fruit avec plus de gourmandise. La guerrière s’empala doucement sur le doigt devenu dur et ouvrit la bouche en grand afin de ne pas perdre son souffle.



Les deux amoureuses avaient joui en même temps. L’une comme l’autre avait su entretenir son désir et elles s’étaient soulagées dans un parfait accord. Glynis avait longuement gémi, le nez fourré dans le buisson de poils noirs du pubis de sa chérie et sa langue jouant avec son bourgeon dur et dressé. Tara, elle, une main accrochée aux cheveux roux de son amante, n’avait pu retenir un cri rauque. Elle s’était cambrée sous la bouche qui la dévorait, songeant à la puissance de cet orage de jouissance impétueuse qui la malmenait sous le feuillage détrempé d’un grand saule pleureur.




Le saumon



C’était relativement rare, mais cela arrivait. Ce saumon-là était énorme, gras à souhait et n’était pas mort après le dernier cycle de vie qu’il avait accompli. Pour une raison inconnue, il était resté dans le torrent et avait vécu là en toute tranquillité. Tara le suivait depuis un long moment sans pouvoir s’en approcher ou lancer son filet. Cette proie était une véritable aubaine et la vue du poisson lui mettait l’eau à la bouche.


La pêcheuse avait laissé sa compagne un peu en arrière, occupée à traquer quelques truites qu’elle préférait attraper à la main. La matinée était bien avancée et leur sortie au torrent serait fructueuse. Les nasses étaient posées et Glynis avait déjà préparé un feu de camp un peu en amont. Bientôt, les deux femmes pourraient déguster leurs premières prises. La grande Ouroukos avait faim et après en avoir terminé avec le saumon qu’elle suivait, elle ferait une pause.


Ce saumon était soit le plus rusé des poissons, soit protégé par les esprits du torrent. Jamais elle n’avait pu l’approcher d’assez près et le gros saumon profitait de chaque trou d’eau pour se cacher. C’était comme s’il savait qu’il était devenu une proie. Quand Tara finissait par le débusquer, il filait aussitôt en profitant du courant puissant et s’éloignait sans qu’elle ne puisse rien y faire. Ce poisson semblait vraiment connaître le cours d’eau. Il se comportait comme s’il était assez intelligent pour comprendre ce qu’il devait faire. La pêcheuse en était venue à se demander s’il ne se moquait pas d’elle.



Tara était sortie de l’eau et une fois sur la berge, s’était entièrement dévêtue. Si sa tenue était encore humide de pluie, ce n’était pas la peine d’en rajouter. Elle n’avait plus de temps à perdre et poursuivrait sa proie sans lui laisser le moindre répit et sans chercher à finasser. Elle ne devait plus s’éloigner et agir vite. Elle n’aimait pas laisser sa compagne seule même s’il n’y avait pas de réel danger. Glynis n’était pas une tueuse, mais elle n’avait rien d’une idiote ou d’une gamine sans défense.


Tara s’était jetée dans le torrent entièrement nue hormis sa ceinture de peau munie de son étui abritant son coutelas de chasse et uniquement armée de sa plus légère sagaie. Il était temps d’en finir avec ce saumon qui lui filait entre les doigts depuis trop longtemps. Rusé, intelligent ou l’incarnation d’un esprit des eaux, il ne lui échapperait plus très longtemps.




Les truites



Glynis jeta la truite derrière elle sans regarder où le poisson atterrissait. Elle ne s’était éloignée de la rive que de quelques pas, et déjà, trois de ses prises attendaient sur la berge. Elles auraient de quoi se gaver de truites un bon moment et elle en ferait sécher quelques-unes. La soigneuse avait prévu certaines recettes de sauces nouvelles pour accompagner leurs prochains repas. Airelles et autres fruits rouges devraient parfaitement accompagner une truite fraîche.



La guérisseuse savait s’y prendre depuis qu’elle était enfant. Il suffisait d’être patiente, de se déplacer en silence et éviter que son ombre ne se reflète sur l’eau et alerte le poisson. Il fallait suivre sa proie sans la quitter des yeux, repérer l’endroit où la truite se cachait, puis s’approcher avec précaution et glisser lentement sa main dans l’eau. Après quoi, une sorte de magie opérait dès que ses doigts effleuraient la proie. La truite était soudainement comme tétanisée et il suffisait de resserrer sa prise sur elle. C’était aussi simple que surprenant et aucun outil n’était nécessaire. C’était la façon de pêcher que la Tallak préférait.


Tout en revenant de sa pêche, elle était partie vérifier les nasses et d’autres truites étaient prises au piège. La guerrière Ouroukos avait soigneusement examiné les environs et avait confirmé que les premiers ours ayant quitté leurs abris n’étaient pas là. Elles ne risquaient rien et devaient simplement rester sur leurs gardes.


Sur la rive, Glynis avait vidé deux des six grosses truites avant de se décider pour s’occuper d’en préparer une troisième. Tara aurait certainement très faim. La soigneuse sourit en songeant que sa compagne mangeait plus que certains chasseurs Tallak qu’elle avait connus.


Trois des truites cuisaient tranquillement sur des pierres plates posées sur des galets disposés dans les braises incandescentes. Il suffisait d’attendre et de retourner les poissons un peu plus tard. Il était temps pour la soigneuse d’aller retrouver Tara. La chasseresse ne s’éloignait jamais trop d’elle sans la prévenir.




Le monstre



Glynis fut aussitôt bousculée en découvrant la scène qu’elle découvrait. Sa compagne, agenouillée et penchée en avant, lui offrait ses fesses nues et cette vue la fit presque frissonner. Elle ne s’expliquait pas l’excitation qui la taraudait depuis qu’elle avait ouvert les yeux, mais le fait était là. Une nouvelle fois, elle avait envie de sa chérie.


Sur la grève, un énorme saumon se débattait encore faiblement et la chasseresse venait de plonger son coutelas dans les ouïes du poisson.



La soigneuse n’avait jamais vu de saumon si gros. Il était bien plus long que son bras et son corps était aussi épais que sa propre taille.



Les deux femmes avaient fabriqué une espèce de baluchon avec la cape de la chasseresse pour envelopper leurs vêtements. La guérisseuse s’était mise nue elle aussi. Il serait plus aisé et plus rapide de porter leur prise à deux, plutôt que de découper le saumon sur place et elle n’avait pas envie de salir sa tunique.





Macabre découverte



Les deux femmes étaient presque arrivées au feu de camp. Le saumon porté sur leurs épaules

N’était pas si lourd et elles avançaient d’un bon pas. Une fois restaurées, elles avaient décidé de prendre quelques truites de plus, de récupérer les nasses et de repartir. D’un commun accord, elles préféraient rentrer et revenir le lendemain.



La chasseresse suivit le mouvement de tête de sa compagne qui regardait la rive opposée. Il y avait quelque chose dans l’eau. Un animal avait dû venir boire avant de mourir sur place. Une grosse bête apparemment tombée au bord de l’eau avec une partie du corps dans le torrent.



Glynis s’était arrêtée et l’Ouroukos, surprise, avait failli percuter sa compagne.



La Tallak n’avait pas cessé d’observer tour à tour sa compagne et l’animal mort. Elle était restée immobile et anxieuse tout le temps que la chasseresse traversait le torrent. La voix puissante de Tara la tira brutalement de ses pensées inquiètes. Accroupie et sagaie pointée vers le cadavre, la grande Ouroukos cria encore.





Des cheveux couleur de paille



Après avoir sorti l’homme de l’eau, les deux femmes avaient traversé le torrent et s’étaient précipitées vers le feu de camp.


Tara avait eu beau tempêter et menacer, elle n’avait pu empêcher Glynis de diriger la suite des événements. La guérisseuse retournerait seule à la grotte. Elle savait exactement quoi faire et ce qu’il lui fallait pour tenter de soigner le chasseur. La présence de l’Ouroukos lui était inutile. La chasseresse resterait au chevet du blessé et la Tallak les rejoindrait très vite. Si des chances de sauver l’homme existaient, elles resteraient au torrent. Le protégé de Glynis était très grand, devait peser un bon poids, et de toute façon, il n’était pas transportable.



La chasseresse savait exactement ce qui était arrivé au chasseur. Il avait été attaqué par un ours et le fauve l’avait propulsé dans le ravin. Ou l’homme s’y était jeté pour échapper au plantigrade en rage.



Glynis resta un moment sans parler puis elle regarda sa maîtresse avec un drôle d’air.



Le regard vert s’était foncé et la soigneuse attendait une suite au mot prononcé par son amie.



La chasseresse laissa filer un soupir lourd et fixa ses yeux noirs à ceux de sa maîtresse.



La guérisseuse jeta un rapide coup d’œil à sa compagne et afficha une moue dubitative.



La grande Ouroukos sourit en observant sa compagne qui s’était remise à éponger le front de l’homme. La soigneuse avait commencé par déshabiller son protégé, découpant précautionneusement les peaux qui le couvraient en mesurant chacun de ses gestes. Puis elle avait soigneusement lavé le visage et le corps dénudé du blessé.


Le chasseur était beaucoup plus âgé qu’elles et la chasseresse se demandait ce qu’il faisait seul dans la vallée. Un chasseur solitaire, assez courageux ou dérangé pour se hasarder en territoire inconnu, ce n’était pas vraiment habituel. Encore qu’elle-même l’avait bien fait. Une chose était sûre, si d’autres personnes avaient accompagné cet individu, elles ne l’auraient pas trouvé. Tara avait longuement étudié l’inconnu et savait qu’elle n’avait jamais vu un homme aussi grand. Elle n’avait pas cherché à inquiéter sa compagne, mais plutôt tenté de la mettre en garde. Le physique de l’étranger l’impressionnait assez pour qu’elle soit méfiante. Si cet inconnu ne se montrait pas amical ou si elle éprouvait le moindre doute sur son comportement, il serait un véritable danger. Elle devrait donc le tuer avant qu’il ne soit capable de se défendre.



C’était à peine audible, mais c’était bien un gémissement. Il avait même semblé à l’Ouroukos que le blessé avait légèrement bougé la tête. Glynis s’était déjà penchée sur le visage baigné de sueur du chasseur.



La grande Ouroukos resta un instant silencieuse puis fixa sa compagne d'un air dubitatif. Une petite grimace déforma la bouche sensuelle de la chasseresse.





L'abri



La pluie s'était interrompue durant la nuit et une aube orangée s'était levée depuis peu.


Glynis avait quitté la petite tente improvisée qu'elle s'était confectionnée pour se glisser sous l'abri plus vaste fabriqué par la chasseresse. Quatre jeunes troncs de saule soutenant un toit de branchages recouvert de fougères, sous lequel elles avaient installé le blessé. Tara avait veillé toute la nuit et paraissait fatiguée.



La soigneuse laissa passer un moment et sourit à sa compagne avant de s'approcher de l'homme inconscient.



L'unique mot de l'Ouroukos fit tressaillir la soigneuse. Des yeux verts interrogateurs se levèrent vers la chasseresse.



Tara afficha un large sourire et caressa la joue de Glynis qui s'était statufiée, regard braqué sur sa compagne et bouche ouverte comme si elle cherchait ses mots avant de parler.



La soigneuse délaissa son amie et se pencha vers son protégé. L'homme respirait calmement et ne transpirait plus. La fièvre semblait s'être éloignée.



La guerrière Ouroukos soupira et se releva lentement avant de s'étirer longuement.



La chasseresse, une moue comique sur les lèvres, secoua doucement sa crinière de jais.



Glynis hocha la tête et jeta des herbes dans sa coupelle de bois. Elle préparait une autre de ses mixtures de guérisseuse.



La soigneuse éprouvait un intense soulagement. Elle savait que sa compagne n'avait jamais fait le moindre mal à un autre être humain. Pourtant, il paraissait évident que la guerrière n'hésiterait pas à tuer si elle pensait les protéger d'un danger. Dans la nuit, des mots prononcés par un homme en proie à la fièvre lui avaient sauvé la vie.


Ce matin, si Tara paraissait fatiguée, elle semblait moins nerveuse et avait décidé ne pas tuer l'étranger blessé, tout au moins pour un temps. Glynis soupira en songeant qu'il n'y avait aucune raison pour que cet homme finisse par s'en prendre à deux femmes qui lui avaient sauvé la vie. Cela n'aurait aucun sens. La guérisseuse savait que sa compagne surveillerait l'inconnu de près. La guerrière Ouroukos ne prendrait pas le moindre risque si elle les pensait menacées. L'homme resterait sans défense un long moment et la chasseresse l'avait bien compris. C'était probablement ce qui l'avait convaincue de laisser une chance à cet inconnu de prouver qu'il n'était pas dangereux.


Le chasseur aurait tout le temps de raconter son histoire…