Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 22691Fiche technique77845 caractères77845
13657
Temps de lecture estimé : 55 mn
16/10/24
Résumé:  Je rejoins Ninon à Bruxelles, sous la tempête, dans une ambiance étrange et propice à de troublantes confidences.
Critères:  culpabilit fh fbi hplusag jeunes frousses extracon inconnu bizarre parking voiture reconcil exhib caresses fellation cunnilingu préservati pénétratio confession humour
Auteur : Jaehaerys            Envoi mini-message

Série : On n'est pas sérieux quand on a dix-huit ans

Chapitre 02 / 06
Jeux avec le feu

Résumé de l’épisode précédent :

J’ai rencontré Ninon sur Facebook. Elle a dix-huit ans et moi trente, et pourtant une incroyable alchimie nous pousse à passer nos jours et nos nuits à nous parler. Nous décidons de nous rencontrer, à Bruxelles.




J’ouvre les yeux un instant avant que mon réveil retentisse.

Ninon. Je vais voir Ninon. Je ne pense qu’à la rejoindre.


Je pose officiellement mon vendredi, me hâte sous la douche, saute le petit déjeuner, prends la route plus tôt encore que prévu, en avertis Ninon.

Je profite d’un arrêt à un feu rouge pour consulter sa réponse : « J’arrive pas à croire que tu viennes pour de vrai ! Ne regarde pas ce message, fais attention sur la route ! ».

Je jubile.


Le trajet jusqu’à chez moi est aisé et conclu d’une traite. Je me change pour une tenue plus propice à un week-end pluvieux, charge un sac de voyage, avale quelque chose sans perdre de temps à cuisiner.

Je pense soudain à prendre des préservatifs. Voilà longtemps que je n’en ai pas utilisé… J’en retrouve une boîte au fond de la pharmacie, par miracle toujours valide. J’embarque au passage un gel de massage lubrifiant acheté pour une Saint-Valentin et qui n’a jamais servi.

Juste avant de partir, je suis happé dans l’entrée par la photo d’Amélie et moi enlacés et souriants.

C’est une adorable petite mamie américaine qui nous avait photographiés à Montmartre. Elle nous avait répété, extatique, qu’on était « so lovely » et qu’on lui faisait tout à fait penser à Amélie Poulain et son amoureux. J’ai même cru qu’elle allait s’évanouir de plaisir quand Amélie, qui effectivement a des airs d’Audrey Tautou, lui a dit comment elle s’appelait.

C’était l’époque des jours heureux et presque sans dispute.

Ma volonté vacille.

Je détourne le regard.

Et me remets en chemin.


Il commence à pleuvoir alors que je m’engage sur l’autoroute, mais c’est une fois dans le nord de Paris que la météo se gâte réellement : je traverse les Hauts-de-France sous des trombes d’eau et ne dépasse plus les 80 km/h. Raah, quelle frustration !

Je fais une dernière pause après la frontière et en informe Ninon. Sa réponse est immédiate : « tu es à Mons ? Plus qu’une heure ! Trop hâte ! ». Et moi donc !


Un nouveau message, cette fois d’Amélie. Elle me demande si je suis bien rentré.

Je lui réponds que oui, mais que je repars, inventant un week-end chez à Lille chez un ami.

Elle m’appelle aussitôt. Oh misère ! Elle ne me lâchera pas tant que je n’aurai pas répondu, alors autant décrocher tout de suite…

Elle demande abruptement ce que c’est que cette histoire. Je réponds avec tout autant d’agressivité et nous nous disputons, évidemment. J’en viens à lui demander de me foutre la paix juste le temps d’un week-end. Elle me répond d’un menaçant « t’inquiète pas pour ça ! » et raccroche.

Misère ! Une fois de plus j’ai joué la partition de l’escalade au lieu de chercher à calmer les choses… Mais je peux encore modifier le scénario habituel.

Je m’interdis pour une fois de la rappeler et reprends ma route.


L’orage se calme enfin au niveau de Nivelles et c’est sous une pluie fine que j’arrive enfin à Bruxelles près de dix heures après mon départ de Tours. Quelques travaux de voirie et erreurs d’orientation plus tard, me voici enfin dans le quartier européen. La moderne et austère rue de la Loi, vide de tout passant et jonchée de débris végétaux sous un ciel menaçant, a quelque chose de post-apocalyptique.

Je gare ma voiture dans un parking souterrain des environs, en avertis Ninon, récupère mon sac et pars la rejoindre.

Prévenue de mes galères, elle m’a donné rendez-vous devant la toute proche gare de Bruxelles-Schuman, en face du siège de la Commission européenne, d’où nous devons nous rendre dans le centre historique.


Après une ultime erreur d’orientation, j’arrive enfin à notre point de rendez-vous.

Personne.

Et puis je suis surpris par un rayon de soleil et je tourne la tête.

Et puis je la vois.


Comment oublierais-je un instant si hollywoodien ? Elle marche vers moi, soleil dans le dos, chevelure incandescente. Je la regarde s’approcher, comme au ralenti, avec dans la tête les premières mesures de Femme Fatale du Velvet Underground.

« Here she comes… », annonce Nico.


Je vole à sa rencontre.

Elle est plus petite que je me l’imaginais. Moins souriante, aussi. J’attribue cela à mon énorme retard.

Elle porte un chemisier large aux manches retroussées, un short très court en velours brun et des collants foncés aux motifs floraux qui mettent en valeur ses jambes finement galbées. Des bottines noires et un sac de voyage en cuir complètent le tableau d’une jeune femme qui semble hésiter entre élégance raffinée et mise en valeur plus brute de son brûlant sex-appeal.

Avant même de prononcer un mot, elle m’enlace et se blottit contre ma poitrine avec un touchant gémissement.

Je l’accueille avec bonheur. Je suis nettement plus grand qu’elle et dois me pencher pour l’embrasser sur le crâne. Les sensuels effluves de son parfum et de son shampoing m’ont déjà conquis.

Notre étreinte est longue, mais Ninon finit par me lâcher, presque sans me regarder.



Surprise ! Il ne fonctionne pas du fait des intempéries.



Eh bien, quel contraste avec les messages qu’elle m’a envoyés dans la journée !

Elle reste réservée sur le chemin du parking. Le temps que la glace se brise, peut-être ? Je n’ose imaginer qu’elle est déçue de me voir en vrai.


Nous déposons nos sacs dans le coffre et prenons place dans la voiture. J’ai une sensation de vertige au moment de démarrer : je suis devant le Rubicon. Là où ma vie peut basculer. Demi-tour ou non-retour ?

Je jette un coup d’œil à Ninon. Ninon qui me plaisait tant à distance et qui est là, à côté de moi, pensive et fermée, comme elle-même soumise à un conflit intérieur.

J’hésite.

Comme pour couper court à mes tergiversations, je me penche vers elle et l’embrasse.

Elle a un réflexe de recul, mais ne me repousse pas. Ses lèvres sont chaudes, douces, avec un je ne sais quoi de sucré, comme un goût de fruit défendu…

Je me redresse, guettant sa réaction.


Ninon me sourit d’un air rêveur, les yeux mi-clos, comme dans un état second. Elle me saisit doucement le visage et me rend mon baiser. J’ai l’impression de rêver.

Elle m’embrasse de nouveau. Cette fois nos langues se rencontrent, s’apprivoisent, se mêlent… et, de doux, le baiser devient peu à peu passionné.

Ninon s’agite, s’extrait de sa ceinture de sécurité sans même la décrocher et se jette littéralement sur moi. Elle me saisit de nouveau le visage et m’embrasse encore.

Eh bien, quel retournement de situation ! C’est peut-être parce que celle-ci m’échappe que j’ai une pensée pour Amélie.



C’est comme si je n’avais rien dit : Ninon couvre doucement mon visage de baisers, ne s’arrêtant que pour me refaire son merveilleux sourire rêveur aux yeux mi-clos.

Je repense à Amélie, aux mots qu’elle a eus contre moi, au vide de notre vie de couple.

Je regarde Ninon, la tiens dans mes bras, sens son envie de moi.

Mes mains parcourent son dos, ma bouche lui rend peu à peu ses baisers.

J’abandonne toute culpabilité et m’abandonne au plaisir.


Je décroche ma ceinture de sécurité et réajuste la position de Ninon sur moi afin d’accéder à ses fesses, que j’empoigne tout en continuant à l’embrasser à pleine bouche. Instinctivement, nous commençons à mouvoir nos bassins l’un contre l’autre.

Ninon me saisit doucement les mains et les fait remonter à sa poitrine. Je m’empare de ses seins en l’embrassant dans le cou, lui arrachant un langoureux halètement. Et soudain elle se retourne, frottant son postérieur contre mon entrejambe qui n’en demandait pas tant, tenant fermement mes mains contre ses seins, offrant ses râles à mon oreille.


Elle me saisit par la nuque et m’embrasse à pleine bouche. Les sens en feu, je fais glisser ma main libre entre ses cuisses, d’abord au-dessus de son short puis rapidement dedans, la caressant à travers ses sous-vêtements. Ninon me lâche un instant pour se déboutonner et défaire sa braguette sans pour autant cesser de m’embrasser.

Elle m’ouvre la voie.

Ma main droite se glisse dans sa culotte, trouve son intimité glabre et déjà humide et entreprend de caresser son clitoris pendant que ma main gauche s’invite sous son chemisier puis sous son soutien-gorge. Encouragé par les halètements de plus en plus saccadés de Ninon, je viens apprécier l’exquis moelleux d’un sein, fais rouler le téton entre mes doigts, le tire. Plus bas, mon majeur se glisse sans peine entre ses lèvres, s’en va, revient, danse sur sa vulve huilée. Mon index se joint à la fête.

Ninon ne se retient plus de gémir.


Le contact brûlant de son intimité et ses mouvements de bassin de plus en plus frénétiques déclenchent en moi l’envie irrépressible de m’unir à elle.

Nos regards fiévreux se croisent.

Nous nous comprenons.


Nous basculons sur la banquette arrière. Ninon revient à califourchon sur moi et dégrafe son soutien-gorge pendant que je l’embrasse dans le cou en m’enivrant de son parfum.

Relevant ses vêtements, j’ai enfin tout loisir d’admirer sa poitrine hors norme aperçue sur mon écran.

Ses seins effrontément braqués sur moi m’évoquent des poires Beurré d’Anjou avec leurs amples aréoles à la fois bombées et aplaties autour d’épais tétons qui semblent appeler mes lèvres en leur promettant un festin à nul autre pareil. J’ai tôt fait de m’en délecter.

Les mamelons de Ninon ont un je ne sais quoi de savoureusement atypique, comme si mille et une mains douces et joueuses me frictionnaient les lèvres et les papilles. Je les mordille avec extase, tire légèrement dessus, me régale du divin amorti de chaque sein. Ninon me les offre, fait mine de me les enlever, me titille les lèvres avec et soupire d’aise quand elles s’en emparent à nouveau.

Sans interrompre ma dégustation, mes mains flattent le dos de ma partenaire, descendent sur ses reins, s’aventurent dans son short. C’est à même la peau cette fois que j’empoigne ses fesses et en jauge la tendreté avec appétit.


Je veux en voir plus. Je remonte un bras jusqu’aux épaules de Ninon et, la tenant fermement, la fais délicatement s’allonger sur la banquette.

Je lui ôte ses chaussures sous son regard gourmand puis saisis son short.



Avec convoitise, je lui retire promptement son vêtement, embarquant culotte et collants.

Elle a de petits pieds, même pour sa taille menue. Je baise de mes lèvres ses orteils aux ongles bleus, emprunte le chemin de sa voûte plantaire et remonte jusqu’à la cheville, puis le long du mollet et de la cuisse.

Je suis impressionné par l’extrême douceur de sa peau. Je passerais des heures à m’en repaître.



Je m’apprête à retirer mon polo, mais elle m’arrête d’une main.



Avec avidité, elle ouvre mon pantalon et me le fait baisser avec mon boxer. Elle étudie un instant mon sexe avec un sourire aussi gourmand que flatteur avant de le prendre en bouche.

Waouh, quelle extraordinaire sensation ! Ninon, sur qui je fantasmais derrière mon écran il y a quelques heures à peine, est en train de m’offrir la fellation la plus folle de ma vie. Après un début tout en douceur, elle accélère ses va-et-vient, aspire, revient, varie le rythme et les caresses. Je me laisse aller contre le dossier, fermant les yeux, flattant son extraordinaire poitrine d’une main et perdant l’autre dans son ardente chevelure. Elle m’adresse un langoureux sourire, ma verge toujours entre ses lèvres, quand je commence à lui masser doucement le cuir chevelu.

Mais je durcis rapidement et j’en veux plus, toujours plus.


Usant de ma salive et d’affleurements, j’ai tôt fait de relubrifier l’intimité de Ninon. Ses mains entretiennent mon érection avec un indéniable talent tandis qu’elle revient m’embrasser à pleine bouche, produisant bientôt des halètements étouffés sous mes caresses.

N’y tenant plus, elle revient soudain à califourchon sur moi, m’infligeant les allées et venues de sa vulve trempée et de son clitoris contre ma verge douloureusement dure.

Je crois devenir fou de désir.

Il faut absolument que je la pénètre.


Je redresse mon phallus de la main, mais Ninon se fige brutalement.



Je me fige à mon tour. Je me revois distinctement mettre mon sac et son précieux contenu…



J’acquiesce tout en me maudissant pour mon imprévoyance. Et dire que mon sac a fait tout le trajet sur la banquette !

Nous vivons un étrange instant de flottement, jambes nues et dépoitraillés, sexe contre sexe.



Euh… sérieusement ?

L’ardente tension érotique qui l’animait est retombée aussi vite qu’elle était montée ! J’en reste pantois.

Ninon s’enlève de moi et regarde l’heure sur le tableau de bord.



Ah oui, elle est bel et bien déjà passée à autre chose !

Autant en prendre mon parti.



Elle me tourne le dos et je lui ragrafe son soutien-gorge, appréciant au passage le contact fugace avec sa peau si douce.

Une gêne lancinante dans les gonades me rappelle mon état d’excitation. Je suis d’ailleurs toujours à l’acmé de mon érection ! Patience, la soirée ne fait que commencer…



Elle renfile sa culotte d’une souple et rapide ondulation au-dessus de la banquette, ses épaules contre moi et les orteils en appui sur la portière. Elle fait décidément preuve de beaucoup de grâce et d’agilité dans ses mouvements, a fortiori dans l’espace confiné d’une voiture ! Je suis admiratif.



Elle s’arrête net dans son mouvement.



Je souris de sa très relative modestie.



Elle enfile ses collants avec la même dextérité que sa culotte.



Je la fixe, interloqué.



Flatteur ? Voilà un qualificatif inattendu !



Ninon soupire.



Mince, moi et ma grande bouche…



J’achève promptement de me revêtir. Nous prenons nos sacs et nous dirigeons vers l’hôtel le plus proche.

Sur le chemin, je réfléchis à ce que vient de me raconter Ninon. Qu’a-t-il bien pu se passer avec sa prof de danse et son compagnon ? Est-ce parce qu’elle se remémore un pénible épisode avec eux qu’elle semble de nouveau réservée ? Pense-t-elle à son copain ? Je préfère ne pas le savoir et fais comme si de rien n’était.


À l’hôtel, le réceptionniste nous informe qu’il est complet. Surpris, je cherche une autre solution sur mon téléphone.

Il me vient soudain une idée. Je me tourne vers Ninon avec un grand sourire.



Euh, j’espérais une réaction un brin plus extatique…

Mais maintenant que j’ai avancé mes pions, direction le Sofitel !

Le réceptionniste nous y informe que l’hôtel est complet. Quoi, encore ? Il m’explique que du fait de la tempête, les gares et l’aéroport sont fermés et tous les hôtels pris d’assaut par les voyageurs piégés. Oh, voilà qui explique mes soucis de réservation de ce matin ! Mais où va-t-on passer la nuit ?


Bon, un problème à la fois. Nous allons d’abord dîner au restaurant de l’hôtel.

Ninon est silencieuse et d’humeur maussade pendant le choix du menu. Mais où est passée la fille pleine de vie et de joie avec qui j’ai passé les trois dernières soirées ? La fille qui, il y a quelques minutes, m’adressait un sourire si angélique avant de se jeter sur moi ? Là, j’ai l’impression de dîner avec Amélie…

J’aborde indirectement le sujet en attendant nos plats.



La serveuse nous dépose notre commande. Par réflexe, au moment où elle se penche, je plonge un instant les yeux dans son décolleté généreux… et crois bien voir Ninon faire de même ! Mais peut-être n’est-ce que mon imagination ?

Mon plat se révèle absolument délicieux pour une brasserie d’hôtel.



Elle décline silencieusement de la tête.



Bon.

Je fais contre mauvaise fortune bon cœur en savourant mon risotto, à mon tour perdu dans mes pensées.

Je remarque soudain que Ninon me fixe avec un air indéchiffrable.



Une ébauche de rictus éclaire brièvement son visage.



Elle prononce les deux derniers mots avec un visible dégoût.

Le sujet n’est pas exactement celui dont je rêve de parler, mais au moins l’abcès a des chances d’être crevé !

Je saisis l’occasion.



Ninon soupire.



Ninon continue sur sa lancée. Me voilà brutalement redevenu confident ! Je me montre cette fois le plus objectif possible vis-à-vis de son copain, quitte à prendre sincèrement sa défense : il ne peut en être autrement, déjà que je le fais cocu… Mais le bougre ne me facilite pas la tâche, si j’en crois Ninon !



Mentalement, j’ouvre ma liste de choses à faire avant de mourir et raye la ligne « conseiller conjugal de la fille avec laquelle je viens de presque coucher ».

Je ferais bien volontiers sauter le « presque » tant Ninon est à croquer. Même avec cet air crispé.



Évitant de penser à ce qu’elle va réellement faire, je profite de son absence pour consulter mon téléphone.

Aucun message d’Amélie. J’en suis à la fois soulagé et malgré tout contrarié : ce n’est tellement pas dans ses habitudes… Notre histoire est-elle donc bel et bien terminée ?

Je me remémore une très troublante et inattendue confession qu’elle m’a faite il y a quelques mois. Nous nous étions violemment disputés, jusqu’à parler sérieusement de nous séparer, et venions de nous réconcilier fiévreusement sur l’oreiller. Nos ébats les plus plaisants depuis si longtemps… Après l’amour, tard dans la nuit, elle m’avait raconté comment, quelques années plus tôt, alors qu’elle marchait dans les rues de Paris un soir après s’être querellée avec son copain de l’époque, elle avait été abordée par un homme qu’elle avait décrit comme un « vieux gars libidineux et repoussant ». J’avais appréhendé avec inquiétude le récit d’une agression jusqu’à ce qu’Amélie me confie qu’elle avait accepté de marcher un peu avec ce type puis de l’accompagner, en parfaite connaissance de cause, jusqu’à une sorte de cabaret désert où elle avait ressenti au cours de leur étreinte « à la fois bestiale et sophistiquée » les orgasmes les plus intenses de sa vie.

Déjà troublé par son récit et plus encore par deux ou trois détails qui me laissaient croire que je pouvais être le copain trompé, c’est totalement sidéré que je l’avais écoutée ajouter, avec une expression de volupté qu’elle n’avait pas affichée depuis une éternité, qu’elle se caressait presque toujours en s’imaginant revivre une telle expérience. C’était tellement à rebours du si pesant puritanisme qu’elle avait développé ces dernières années avec moi ! Je ne savais même pas qu’elle se caressait encore…

Elle a nié, un peu mollement, que j’étais le cocu de l’histoire et n’a jamais voulu en reparler, mais… et si elle était précisément, en ce moment même, dans quelque improbable endroit avec quelque improbable amant ?

Et voilà qu’une autre pensée me traverse l’esprit : et si j’étais le « vieux gars libidineux et repoussant » de Ninon ?


Balayant ces obscures réflexions, je me mets à la recherche d’un hébergement sur Booking. com. Le réceptionniste a dit vrai, pas un hôtel bruxellois décent n’est disponible pour cette nuit ! Je réserve une chambre pour demain, ce sera fait. Quant à ce soir…

Après avoir pesé le pour et le contre, je renonce à l’idée d’emmener Ninon dans une hostellerie mal notée de la périphérie. Il ne me reste qu’une dernière solution.

Et encore, à condition que Ninon ne m’annonce pas qu’elle renonce à notre week-end ! Voilà au moins dix minutes qu’elle s’est absentée…


Mais la voici justement qui revient des toilettes, ou Dieu sait d’où, avec la même expression crispée.

Quoique non, elle semble désormais moins préoccupée qu’agacée… Je subodore un échange tendu avec son officiel.



Elle hoche la tête.

Ç’aurait pu s’annoncer plus mal… Reste la question de l’hébergement à régler.

Autant me lancer.



Je la scrute avec attention pendant qu’elle grimace légèrement et réfléchit.



Je pousse intérieurement un soupir de soulagement.



Je ris intérieurement de l’air contrarié qu’elle affiche un instant. Si l’esquive de perches ninonniennes était une discipline olympique, je serais assurément sur le podium !

Ninon me fixe de nouveau avec un léger sourire énigmatique. Je me plais à croire qu’elle se dit que je lui fais du bien.


La serveuse revient, nos desserts dans les mains.

Cette fois j’en suis sûr, Ninon a clairement jeté un coup d’œil appuyé dans son décolleté !

Un coup d’œil digne d’un mec.



Ah oui, elle va droit au but !



Pour toute réponse, Ninon avance la tête vers moi et me fixe droit dans les yeux.



Elle continue à me fixer, sans répondre.



Le premier qui détourne les yeux a perdu.

Je profite de l’occasion pour me perdre dans les siens.

Ils apparaissent, à la lumière chaude du restaurant, du beau vert sombre de quelque impénétrable Amazonie dissimulant l’Eldorado. Ô fascinante Ninon, laisse-moi découvrir ton âme…

Après quelques instants, ses yeux tremblent légèrement. Je vais gagner !



Je me retourne par réflexe et la vois du coin de l’œil se servir dans mon assiette.



Je réplique en me servant une large portion de son moelleux.



Nous croisons le fer avec plus ou moins d’adresse. Je sors finalement vainqueur du duel et dévore ma part de moelleux tout en soustrayant mon assiette à la convoitise de Ninon.



Je la fixe, narquois.



Je la fixe, réprobateur.

Elle rit silencieusement, en plissant les yeux de charmante manière.



Elle fait mine de me donner à manger avant d’ingurgiter elle-même, rieuse, le contenu de sa cuillère.

Ah, c’est comme ça, hein ?

Prenant mon assiette d’île flottante contre moi, j’entreprends de l’engloutir en jetant à Ninon moult sourires narquois et commentaires de type « mmmh, que c’est bon ! ».

Ninon me regarde faire, bouche bée et hilare.

Je termine ostensiblement mon dessert en léchant la cuillère d’explicite manière, comme Ninon tout à l’heure.

Un partout, balle au centre.



Ninon ouvre de grands yeux effarés.

Cette fois je l’ai mouchée, et de belle manière encore ! Mais ne suis-je pas allé trop loin ?



Ninon me fait un étrange sourire forcé, les yeux toujours écarquillés.

Je réalise soudain que vu son année de naissance elle ne connaît peut-être pas J. R. Ewing.

Je me penche vers elle et prends un ton à mi-chemin entre repentance et provocation.



Ma saillie sexiste la fait pouffer. Ouf, l’incident est clos !


Alors que je viens de régler l’addition, j’aperçois une silhouette qui me semble familière.



Euh, hein ? Je la regarde, sceptique.



Ninon me regarde intensément.



Nous profitons donc de notre présence à l’hôtel pour faire un brin de toilette dans les toilettes.

Toujours aucun message d’Amélie. Tant mieux. Je me demande quand même ce qu’elle fait… et avec qui.

Je retrouve Ninon avec, de nouveau, un visage fermé. Oh non, encore ? Je tâche de ne pas trop laisser paraître mon agacement, mais le retour vers la voiture est presque muet.



Houlà ! Ambiance…



Oh.



Allez, ça peut être sympa aussi, tenté-je de me convaincre.

En arrivant au parking, je repense à la conversation que j’ai eue avec Ninon juste avant d’en sortir.

Et m’arrête soudain, comme frappé par une révélation.



Je la fixe droit dans les yeux.



Ninon me regarde comme prise la main dans le pot de confiture avant de sourire d’un air roublard.

Eh bien, elle sait jouer sur les mots !



Ninon prend une moue hésitante.



Je la suis dans les escaliers en me demandant une nouvelle fois dans quelle mesure son récit est à prendre pour argent comptant. Entre autres, elle m’a confié l’autre jour son excitation à l’idée d’être vue ou entendue et qu’elle prenait ses précautions quand elle ne voulait pas que ce soit le cas. Donc soit elle se vantait, tout simplement, soit… elle s’est volontairement fait entendre.

Aurai-je le fin mot de cette étrange histoire ?



Et puis, sur mon téléphone, je ne risque pas de voir s’afficher les messages de son copain, pas vrai ?

Arrivant à ma voiture, je mets nos sacs à l’avant et, par jeu, ouvre grand la portière arrière en incitant d’un geste courtois Ninon à entrer.

Je m’y engouffre à mon tour avec une vague appréhension pour la nuit.



Ninon me répond en se jetant sur moi, de nouveau en feu.

Mais à quoi joue-t-elle ?



Je ne comprends rien.

Ou, plutôt, je comprends que la fille dont j’ai très envie a très envie de moi.

Pourquoi chercher plus loin ? Carpe diem et YOLO, hein !


Ninon m’embrasse goulûment tout en faisant mine de tirer sur son agrafe de soutien-gorge. Je la lui détache prestement et la déleste de ses vêtements.

Elle est à peine seins nus qu’elle libère mon sexe de sa prison textile et s’en empare de ses lèvres gourmandes. Nos derniers habits se retrouvent au sol par quelques contorsions.

Je la fais s’allonger et place mes vêtements en ballot derrière sa tête en guise d’oreiller. Ninon répond à mon attention par un merveilleux sourire reconnaissant et m’attire vers elle pour me remercier d’un baiser.

Je la contemple à la lumière tamisée qui nous vient du parking, étudie chaque détail de son visage, la pulpe de sa lippe, son grain de beauté sur l’oreille. Je m’enivre du moment. Et d’elle.



Je lui lèche alors la bouche d’un geste très appuyé, déclenchant une adorable expression de dégoût hilare.

Je pars ensuite explorer son corps. Ses seins-volcans m’attirent immédiatement. Je m’en délecte de nouveau, un long moment. Pendant que je savoure les tétons de Ninon, ma main se réjouit de l’extrême douceur et du galbe de ses cuisses. Je viens les apprécier à pleines lèvres à leur tour et, à force de baisers, me fraie un chemin vers sa vulve.

Je la lutine alors avec délectation, lui arrachant des râles d’extase. Sa cyprine a le goût floral du plaisir. Quel régal ! Je m’enivre de ce nectar, ma langue s’aventurant à le recueillir jusque dans le calice qu’est son vagin.


À chaque lapement, je sens dans mon dos les soubresauts des mollets de Ninon.

Me remémorant la souplesse qu’elle a montrée tantôt, je lui saisis les chevilles et, doucement, la fais se replier sur elle-même. Ma partenaire joue le jeu en arc-boutant ses orteils contre la portière derrière sa tête, sa vulve outrageusement offerte à mes caresses.

Je la lape avidement derechef.



Je ne me fais pas prier, lui arrachant des halètements de plus en plus sonores ponctués de « oh la vache ! ».



Sans doute trop peu à l’aise pour tenir plus longtemps cette position acrobatique, Ninon finit par rejeter ses jambes vers moi, m’enserre la tête entre ses cuisses au point de les y suspendre, porte son sexe à ma bouche presque en convulsant.

C’est avec un gourmand bonheur que j’accueille ce surprenant facehugger. Je ne vois plus que l’intimité de Ninon, ne sens plus que l’insatiété de Ninon, n’entends plus que la volupté de Ninon. Je suis le fier instrument de son plaisir.

Je la sens approcher de l’orgasme quand elle me fait soudain arrêter mon cunnilingus.



Elle me veut en elle. Mon Dieu, elle me veut en elle !

Ninon se rallonge et je la surplombe. Surexcité par l’imminence de notre coït, je suis dur en un instant.

Je place mon sexe à l’orée du sien et commence à lubrifier mon gland entre ses lèvres trempées quand elle semble soudain prise d’un doute.



Je veux être en Ninon tout de suite, la ressentir à cent pour cent. Mes préservatifs sont presque à portée de main, mais ma raison si loin… Je pense à peine à en mettre un.

J’interroge Ninon du regard. Elle hoche légèrement la tête. Je lis « vas-y ! » dans ses grands yeux vert Amazonie.


Je la pénètre lentement, amplement, lui arrachant un langoureux gémissement. Un aller-retour et je l’emplis totalement. Quelle grandiose sensation que d’être pleinement son amant !

Son vagin est particulièrement court : j’en sens nettement le fond. Il m’enserre comme un fourreau, me comprime le gland, le relâche et le comprime à nouveau, en cadence avec mes allées et venues, multipliant mon plaisir.

Ma partenaire et moi ne faisons qu’un, mon sexe dans le sien, ses yeux dans les miens. Elle m’embrasse et s’empare de ma langue, déclenchant en moi un frisson de plénitude.

Celui de trop.

Foudroyé par l’orgasme, je déverse toute mon extase au cœur de l’intimité de Ninon. Je n’aurai pas tenu trente secondes en elle…


Mon plaisir est si intense que je mets un moment à reprendre mes esprits.



Nous ponctuons notre échange d’un long baiser et nous étreignons de nouveau.

Je finis par me retirer de Ninon et contemple avec émotion celle avec qui je viens de faire l’amour pour la première fois. Elle se redresse en m’adressant un sourire rêveur.

À la vue de sa vulve luisante, je m’empare d’une serviette en papier dans la boîte à gants et commence à ôter délicatement tout liquide sur et autour de son sexe.



Je sursaute en entendant le prénom de son copain dans un contexte si peu opportun.

Vite, une diversion.

Elle me semble évidente.

Les gestes de ma serviette ralentissent, s’attardent sur la vulve de Ninon, laissent la place à ma main nue. Elle l’accueille en écartant légèrement les cuisses et en commençant à haleter.

Je change doucement de place afin d’être plus à l’aise pour la caresser et accéder à ses autres zones érogènes. Du fait de l’étroitesse de la banquette, je la laisse à ma partenaire en la tirant un peu vers moi et me cale contre l’arrière du siège conducteur.


Mes phalanges vont et viennent en elle, le bout de mes doigts flattant la face antérieure et plissée de son vagin pendant que mon pouce stimule son clitoris. On dirait que ça lui plaît ! Après quelques tâtonnements, je trouve le geste qui lui fait le plus d’effet.

J’intensifie alors ma caresse. Ninon écarte encore les jambes, pose un pied contre un appuie-tête, s’agite. Je saisis l’autre pied et lui suce les orteils. Elle me regarde faire en intensifiant ses « oh la vache ! » pour mon plus grand plaisir.


Elle semble jouir. Longtemps, intensément. Je continue à la stimuler, donnant tout ce que j’ai pour le plaisir de cette fille incroyable.

Son orgasme continue, encore et encore. Eh bien !

Mon poignet fatigue. Je me contorsionne, bloqué par le siège conducteur, afin d’ajuster ma position et pouvoir continuer à la caresser au même rythme. Je veux la faire jouir le plus longtemps possible. Je veux qu’elle se souvienne à vie de cet interminable orgasme. Le premier, le tout premier que je lui aurai donné.


De la main gauche, je flatte un sein, titille le téton, simule une succion. Ninon me regarde fébrilement la stimuler, continuant à répéter frénétiquement « oh la vache ! ».

Son visage se crispe, elle semble au bord des larmes… et soudain elle bascule la tête en arrière en poussant une longue plainte, presque un sanglot, en convulsant littéralement. Cette fois, elle est bel et bien en train de jouir, et de quelle spectaculaire manière ! Je dévore des yeux sa poitrine fébrile aux tétons dressés, ses yeux clos et ses lèvres sublimées par quelque murmure extatique, tout en maintenant le rythme de mes caresses.

Je ralentis à mesure qu’elle redescend. Elle finit par se stabiliser doucement et se calme après un dernier frisson.

Je retire délicatement mes doigts sans la lâcher des yeux, bouche bée devant l’incroyable spectacle qu’elle vient de me donner. Elle me regarde à son tour, silencieusement.



Elle vient se blottir contre moi. Nous nous cajolons doucement.


Fourbus, nous nous rhabillons ensuite pour la nuit et nous installons en chien de fusil sur la banquette, elle devant moi.

Je réajuste mon imperméable sur nous et me réinstalle contre elle, un bras autour de sa taille.



Ses mots et le ton employé m’émeuvent presque aux larmes. Je la serre doucement contre moi, l’embrasse dans la nuque.



Elle semble déjà assoupie. Je m’endors à mon tour.



***



Je suis réveillé par les mouvements de Ninon.


Elle se tourne vers moi et m’embrasse en repoussant mon polo sur mon torse. Je me laisse faire avec bonheur, l’esprit encore dans le flou d’un demi-sommeil.

En quelques instants, nous voilà nus et tête-bêche. Elle savoure mon pénis tel un esquimau tandis que je me délecte de sa vulve et son clitoris. C’est à qui fera le plus frissonner l’autre de plaisir.

Aussi exquise soit-elle, cette position me prive néanmoins du plaisir de contempler les grands yeux verts et le sourire de ma partenaire. Je me dégage. Elle proteste pour de faux que je lui enlève son jouet de la bouche, je la console pour de vrai en l’attirant contre moi et en lui flattant le ventre et la poitrine.

Elle revient me chevaucher. Sa bouche rejoint la mienne et son sexe le mien.



Aussi absurde qu’il soit, l’argument me convainc sans peine.

Elle ondule du bassin et accélère ses mouvements en rythme avec l’ascension de notre excitation. Nous nous étreignons, de plus en plus étroitement comme pour ne plus faire qu’un. Son intimité enserre la mienne, coulisse sur elle et martèle mon phallus contre le fond de son vagin, lui arrachant des gémissements de plus en plus marqués.

Ninon se repositionne en s’accroupissant sur moi, pieds en appui sur la banquette et épaules en arrière contre le siège conducteur. Oh ! La sensation est exquise, épicée par la douleur que m’infligent les ongles de Ninon cramponnés à mes cuisses.

Elle s’arc-boute et amplifie encore ses mouvements de bassin, la poitrine plus insolente et bombée que jamais. Je flatte les tétons ardemment dressés de ma maîtresse en admirant son visage si superbement expressif. Elle grimace presque de douleur, comme crispée par le colossal effort qu’elle fournit pour ne pas être emportée par le plaisir.

Je la vois rouvrir doucement les yeux, ses lèvres somptueusement entrouvertes, continuant à haleter en rythme avec la houle de son bassin. Ses yeux dans les miens, elle se redresse et pose ses mains sur les miennes. Et m’offre un sourire. Un léger sourire. Mais quel sourire…



Je me retiens le plus longtemps possible, résistant vaille que vaille aux vagues de bonheur qui me submergent. Les yeux de Ninon. Ses seins. La volupté d’être en elle. Je lâche soudain prise, emporté au loin par une déferlante de plaisir, noyé volontaire et béat.

Ninon me regarde vivre l’orgasme, les yeux dans les yeux, en ralentissant doucement les allées et venues de son sexe sur le mien. Elle s’immobilise alors que, de retour sur terre, je reprends doucement mon souffle.

Ivre de plénitude, je lui adresse un sourire extatique. Elle me fixe étrangement en retour.



Euh… hein ?



Elle hausse un sourcil comme si ma réponse était hors sujet. Oh non, elle ne parlait quand même pas de… l’autre ?

Je ne veux pas le savoir. J’élude l’incident.

Ninon, l’air contrarié, s’est déjà écartée de moi.



Après un instant d’hésitation, elle s’installe entre mes jambes, dos contre mon torse.

Je l’enserre entre mes bras et lui caresse doucement le ventre, les épaules et le haut de la poitrine.

D’abord un peu raidie, Ninon se laisse bientôt aller à ma caresse avec un soupir sensuel.

Je la berce doucement, langoureusement, en lui chuchotant lentement des mots doux à l’oreille. J’ai vu ça un jour dans un tutoriel vidéo de massage tantrique.


Ninon me laisse faire un moment… avant de se mettre à rire silencieusement, les yeux toujours fermés.

Bon. J’accélère un peu ce que j’avais en tête en dirigeant ma main vers son intimité.

Ninon sourit de plaisir.

Je dévie ma main vers sa cuisse, que je caresse jusqu’au genou.

Ninon fronce les sourcils.

Je fais remonter ma main, doucement, jusqu’en haut de sa cuisse.

Ninon sourit de nouveau.

Je frôle doucement sa vulve et remonte jusqu’à l’aine. Et récidive de l’autre main. Et encore.



Je recommence mon manège. Ma partenaire s’impatiente et attrape ma main pour la plaquer contre son sexe.



C’est alors que je plaque deux doigts contre sa vulve, lui arrachant une exclamation.

Je la caresse, vivement, faisant haleter Ninon… avant de brutalement l’abandonner.


Elle a à peine le temps d’ouvrir la bouche pour s’en plaindre que je reviens soudain à l’assaut de son sexe, quelques secondes, avant de nouveau la délaisser.



Je fais semblant de l’abandonner de nouveau, pour le plaisir, avant de la stimuler pour de bon. Les excroissances de son sexe et de son sein exhalent sous les sensuelles sollicitations des extrémités de mes doigts.

Ninon s’agite, gémit. De la main, elle triture et torture son téton libre.

Son sublime regard vert se perd dans un onirique ailleurs puis disparaît derrière ses paupières. Sa langue humecte ses lèvres. Sa bouche s’ouvre de manière exquise en un silencieux cri de plaisir. Elle remue les lèvres, commence à adorablement grimacer, se tend. Je reconnais les signes avant-coureurs de son orgasme.

Ninon jouit bruyamment sous mes mains et les siennes en jetant sa tête en arrière, offrant son cou à mes baisers, érigeant ses arrogants tétons vers le septième ciel qu’elle vient d’atteindre. Je parcours des yeux son corps en transe, jusqu’à ses pieds qui… Oh ! remarqué-je attendri, Ninon jouit en contractant les orteils du pied gauche, mais en étendant ceux du pied droit !

Dans un long soupir de libération, ma belle revient sur terre et s’alanguit contre moi. Je la berce de nouveau. Elle se laisse faire les yeux clos, un doux sourire sur les lèvres.


C’est elle que je berce et pourtant je me sens pris par une irrésistible et sublime torpeur… Comme je me sens bien avec elle, comme je la sens bien dans mes bras !



Tendant les orteils, Ninon trace une longue traîne verticale sur la vitre. Nous nous en amusons.

Je me sens terriblement confiant, ignorant délibérément la petite voix qui, dans mon inconscient, me crie « iceberg droit devant ! ».

Je préfère me délecter du spectacle de Ninon toujours semi-allongée entre mes jambes, ses épaules appuyées contre mon torse. Ses seins encore érigés de plaisir devant ses cuisses relevées me rappellent une scène marquante dans un film que j’ai vu il y a quelques années, une histoire d’amour saphique avec une jeune femme qui, maintenant que j’y pense…



J’hésite à lui répondre que notre rencontre a d’ores et déjà bouleversé ma vie, justement…



Je repense à la mamie américaine de Montmartre qui m’avait photographié avec Amélie-ma-copine et nous avait trouvés « so lovely ».

Amélie… Je prends doucement conscience que je viens de la tromper. Et que, d’une certaine façon, je continue à la tromper en ce moment même en enlaçant Ninon comme si elle était mon amoureuse.

Que fait-elle ? Où ? Avec qui ? Est-ce pour me punir ou pour me donner bonne conscience que je m’inflige une vision d’elle chevauchant ardemment un autre homme ?



Euh ?



Et Ninon d’enchaîner avec l’histoire passionnelle et haute en couleur de ses parents, leur mariage précipité et vingt ans de séparations et retrouvailles ponctuées par la naissance de trois enfants… puis d’une quatrième, conçue une fois leur divorce prononcé.



Elle se confie sur son père, qu’elle a plus fantasmé que connu et qu’on lui a dépeint comme un papa drôle et tendre, mais aussi comme un homme rêveur, volage et irresponsable. Elle me détaille également sa relation orageuse avec sa mère, qu’elle décrit comme étouffante et aigrie, et qui ne lui a jamais caché son statut d’enfant non désiré qui en plus ressemble bien trop à son père.

Elle ponctue son récit d’un lourd silence, comme si elle méditait sur ses propres paroles. Quelle histoire ! Mais voilà qui pourrait expliquer pas mal de choses…

Je finis par lui faire la remarque qui me brûle les lèvres depuis déjà un moment.



Après un instant de réflexion, Ninon se réinstalle dos contre mon torse et étend les jambes.



Je ne puis m’empêcher de sourire à mon tour. Je l’imagine tellement bien faire un truc pareil…



Je repense à ma propre réaction quand j’ai découvert par surprise la frappante poitrine de Ninon sur mon écran. J’imagine très bien l’ahurissement qu’a pu ressentir monsieur le cobaye !



Ninon s’interrompt. Elle semble hésiter malgré son envie manifeste de se confier. La suite doit être moins drôle pour elle…

Je l’enlace, mais elle se dégage doucement de mon étreinte.



Ninon marque une nouvelle pause avant de continuer.



Je l’écoute avec une fascination et une excitation que je n’assume pas totalement.

Je me demande quand même si ça s’est vraiment passé comme elle me le raconte…



Elle me dit ça avec une sorte d’extase sur le visage, en continuant de regarder droit devant elle comme si elle oubliait que ce n’est ni à une amie ni à son psy qu’elle est en train de se confier.



Je m’abstiens de relever la peu flatteuse comparaison avec son officiel et moi.



Ninon change radicalement d’expression et pousse un profond soupir.



Ninon s’interrompt pour reprendre bruyamment son souffle.



Ninon et son côté pointilleux…



Ninon s’interrompt de nouveau comme si elle revivait le choc de cet appel téléphonique.

Cette fois, elle me laisse l’enlacer et la réconforter.



Une ado de déjà dix-huit ans quand même, évité-je de lui faire remarquer, en théorie suffisamment âgée pour se douter que prodiguer une fellation au compagnon d’une amie n’est pas forcément la meilleure manière d’entretenir de bonnes relations avec elle…

Mais le vrai problème vient assurément du comportement des « adultes » de l’histoire : celui de la femme bafouée qui semble s’en prendre avant tout à Ninon et, surtout, celui du compagnon volage, évidemment. Mais qui suis-je pour le juger, moi qui viens de faire dix heures de route pour tromper ma copine avec la même « ado » que lui ?



Ninon ponctue sa diatribe d’une sorte de pouffement empreint de lassitude et semble soudain glisser de la colère à la tristesse.

Je ne sais que dire, profondément touché par ses paroles et plein d’empathie pour elle. Me donnant des airs de patriarche protecteur, je la console d’un long câlin valant sûrement mieux que mille mots. Elle se laisse faire et finit par me le rendre en m’étreignant de plus en plus fort, presque désespérément.

Après un moment, je la sens progressivement se détendre.



Je savoure le compliment.



Mon égo ronronne de bonheur.



Euh…



Hein, QUOI ??? J’écarquille les yeux sans qu’elle me voie ni sans répondre.

« T’es trop le papa que je voulais avoir », dit-elle à l’homme avec qui elle vient de faire l’amour. Que disait-elle, déjà, à propos du complexe d’Œdipe ? Pauvre et si touchante petite Ninon…


Je lui réponds en resserrant mon étreinte.

Je ressens l’envie, le besoin, de la protéger du monde et d’elle-même.

Je ressens l’envie, le besoin, de clamer au monde et à moi-même que de tous les hommes c’est moi et moi seul qui saurai le faire et qui la mérite. Car je vaux bien mieux que les autres hommes, n’est-ce pas ? Les autres sont des dangers pour Ninon, moi je suis son chevalier servant. Et, pour prix de mon abnégation, j’aurai l’amour de Ninon.

Quelque part au fond de mon esprit, mon syndrome du sauveur exulte.


Ninon et moi nous rendormons enlacés.



***



Nous nous réveillons de nouveau dans la matinée. Après quelques plus ou moins chastes câlins, nous partons nous ravitailler et faire quelques ablutions dans un fast food chic des environs.

Une fois de plus, Ninon revient des toilettes avec une ombre sur le visage. Pour ma part, je n’ai toujours aucune nouvelle d’Amélie. Je me demande si elle a passé la nuit seule et me sens odieux de me le demander.

Nous mangeons dans un relatif silence. J’interromps soudain mon repas, distrait par l’étrange spectacle de Ninon dégustant sa banane en lui faisant faire des va-et-vient dans sa bouche.



Je secoue la tête avec le sourire en regardant Ninon reprendre sa dégustation de manière encore plus tendancieuse, ses yeux rivés dans les miens. En fait, plutôt que manger le fruit morceau par morceau, elle le racle contre ses incisives à force d’allers et retours. Je l’imagine avec un frisson d’effroi exécuter une fellation sanglante avec le regard lubrique qu’elle est en train de me faire.

Ce sacré bout de femme me fascine.


Nous faisons l’amour de retour dans la voiture. La fatigue se fait sentir et notre union charnelle est moins fiévreuse, plus longue, plus douce que les précédentes.

Après nos ébats, elle est dans mes bras, me sourit. J’entreprends de la masser, appréciant toute la douceur de sa peau et la tendresse de chaque muscle. Elle étudie mon corps à son tour, s’amusant à comparer mes grandes paluches à ses menottes, à caresser ma barbe naissante… et à s’amuser avec mes parties génitales comme si elle découvrait un nouveau jouet.


Nous restons là un long moment, dénudés, l’un contre l’autre, à parler, écouter de la musique, nous montrer des vidéos. Elle se confie sur sa vie, ses rêves, me demande si je veux des enfants, combien, quand. Si je me projette avec une fille encore étudiante pour plusieurs années et qui habite à plusieurs heures de trajet.

Je réponds avec assurance, ravi qu’elle semble étudier l’opportunité d’un avenir commun.

Elle me séduit terriblement et de toute évidence je lui plais aussi.

Je me sens invincible à ses côtés. La vie est belle.



***



Générique de fin : The Velvet Underground, Femme Fatale

https : //www. youtube. com/watch ? v=ggHPtzVSEeE