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Temps de lecture estimé : 12 mn
24/10/24
Résumé:  Pendant que nos compagnes "font connaissance", Casper se confie sur sa relation très particulière avec Ellie et m’expose sa vision du libertinage.
Critères:  fh hh hbi oncletante complexe amour cérébral confession
Auteur : Jaehaerys            Envoi mini-message

Série : On n'est pas sérieux quand on a dix-huit ans

Chapitre 04 / 06
Ellie et Casper (interlude)

Résumé des épisodes précédents :

Ninon et moi nous rejoignons à Bruxelles après nous être rencontrés sur Facebook. A l’hôtel, nous sympathisons avec Ellie et Casper, un couple énigmatique et ouvert.




Casper et moi nous sommes installés au bar de l’hôtel le temps que nos cavalières respectives « partagent un moment d’intimité ». Alcool fort pour lui, cocktail pour moi.

Semblant s’amuser de la situation, il observe et hume son verre de whisky en connaisseur en me parlant de tourbe et de malt et en utilisant des mots que je ne comprends pas. Pour ma part, je ne sais absolument pas quoi dire ni ne me vois lancer le débat philosophique suggéré par Ninon.



Si tu le dis, camarade !

Je réagis d’un simple « mmh mmh ? », ne sachant que dire.

Un ange passe.


Casper, semblant soudain trouver le temps long, retrousse sa manche pour consulter sa montre.

La vache ! J’identifie immédiatement le modèle, reconnaissable entre mille, pour l’avoir plus d’une fois admiré en vitrine ou sur internet. De mémoire, il vaut plus de cinquante mille euros.

Bon sang, mais c’est qui ce mec ?



Que des petites choses à quelques SMIC chacun. La base, quoi.

Je pense à Jacques Séguéla et sa fameuse phrase sur la Rolex à cinquante ans. Petit joueur, va.

Casper prend un vrai plaisir à me parler de sa collection et m’exposer sa stratégie de développement. C’est un authentique passionné, à la fois de montres et de gestion de patrimoine. À tel point que, malgré l’énormité des montants qu’il évoque, à aucun moment il ne me donne vraiment l’impression de fanfaronner.



Avec un raclement de gorge, je lui montre, hilare et gêné, la Jazzmaster à quatre cents euros que je porte au poignet.



Malgré son tact, je me sens un peu insignifiant face à lui.

Un nouvel ange passe.

Je me sens obligé de relancer la conversation.



Ah, il me semblait bien que ce n’était pas un couple officiel !



Euh… Hein ?

Je lui fais répéter, croyant avoir mal compris.



Casper a un léger rire, sûrement ravi de son petit effet.



J’ai la soudaine sensation d’observer la scène de l’extérieur.

Je suis à Bruxelles où un inconnu millionnaire et bavard est en train de me raconter ses histoires de famille pendant que ma cavalière que je ne connaissais pas il y a cinq jours et la sienne font l’amour ou Dieu sait quoi… Mais qu’est-ce que c’est que cette soirée totalement surréaliste ? Et dire qu’il y a une semaine je rôdais sur Facebook pendant que ma copine zappait entre Fort Boyard et les Enfants de la Télé…

Je retiens un rire nerveux et me reconcentre sur le récit de Casper.



Casper s’interrompt un instant, avec un léger sourire.



Je suis frappé de voir avec quelle facilité cette caricature de beau gosse viril s’épanche sur ses sentiments.



Je sais d’expérience que l’on se confie facilement à moi. En ce qui le concerne, je parierais qu’en plus il n’a guère de personnes à qui parler de sa probable histoire d’amour avec sa propre tante…



Le ton rêveur et un rien mélancolique qu’emploie Casper pour parler d’Ellie a un je ne sais quoi d’émouvant, et même de profondément apaisant. J’adorerais que l’on parle de moi comme ça !



Casper éclate de rire.



Je souris à l’idée de d’ores et déjà compter parmi ses amis les plus sûrs ! Ma capacité à recueillir des confessions, même de manière passive, m’étonnera toujours.

Inconscient qu’il vient de magnifiquement flatter mon fluctuant ego, Casper hume de nouveau son whisky avant d’en prendre une gorgée.



Casper regarde dans le vide avec une expression mélancolique.



Il relève la tête vers moi en souriant.



Casper accentue son sourire.



Casper sourit.



Je prends un moment pour réfléchir à cette philosophie.



Casper souligne ces derniers mots avec une ferme résolution dans ses yeux bleu pâle. Il parle d’expérience, c’est évident. Qu’a-t-il donc vécu pour afficher un tel regard ?

Le grand blond se détend en terminant son whisky, puis contemple son verre vide avec un léger rire.



Casper soupire.



Casper a un petit rire.



Euh… Hein ?

Je le regarde, totalement pris de court, consulter sa montre à cinquante mille euros.



Je fixe, totalement ahuri, ce beau gosse de magazine people me proposer un rapport sexuel avec lui, ici même et tout de suite. J’ai déjà été abordé deux ou trois fois par un mec, mais jamais de manière aussi directe, ni par un homme aussi…

Aussi attirant.

Il est beau, intelligent, et de toute évidence attentionné. Et terriblement charismatique.



Casper éclate de rire.



Mon cœur s’accélère à mesure que je l’écoute. Je l’imagine soudain à genoux devant moi, dans des toilettes de luxe, en train de me sucer.

J’oscille entre dégoût… et excitation, comme en témoigne mon très gênant début d’érection.

Non. Aussi attirant qu’il soit, il reste un mec. Je veux un parfum féminin, des seins, un vagin…

Je veux Ninon.

Je finis par décliner la proposition de Casper, néanmoins très troublé d’avoir pu hésiter…



Ah, voilà qui est bien mieux ! Mais…



Je le regarde, éberlué.



Mais… il est sérieux, lui ?

Au moins cela me confirme-t-il que c’est bien moi qui l’intéresse plutôt que Ninon !

Du moins je crois.


Nous réglons rapidement nos consommations avant de nous diriger vers un ascenseur.



J’appuie donc sur le bouton de notre étage.

Je nous observe dans le miroir de l’ascenseur. Du haut de mon mètre quatre-vingts, je me sens tout petit à côté de Casper. J’apparais comme pâlot, voire éteint, dans l’ombre de ce géant blond solaire.

Je sors de l’ascenseur avec la peur que Ninon le perçoive également comme plus intéressant que moi.


Nous entendons des cris étouffés avant même d’arriver devant la porte de ma chambre.

Des cris en français.

« Oh la vache ».

Je suis troublé.

Atterré.

Excité.



***

Générique de fin : The Velvet Underground, Pale Blue Eyes

https : //www. youtube. com/watch ? v=aNSH8OdHx2A