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n° 12880Fiche technique28072 caractères28072
Temps de lecture estimé : 16 mn
29/09/08
Résumé:  Marie Vialatte fait un esclandre au marché. Marius Pauvert et Alphonse Charpin échangent, devant la prétendue dépouille du sorcier, des informations inquiétantes.
Critères:  fagée uniforme bizarre campagne humilié(e) vengeance nonéro policier sorcelleri -policier -fantastiq
Auteur : Musea      Envoi mini-message

Série : Les sorcières de Saint Amant

Chapitre 22
Enquête et revirements

Après avoir tenté de violer Claire Dupuy, Olivier Desgrange s’est caché dans une ancienne mine et, pour qu’on le croie mort, a fait brûler sa voiture dans laquelle il a mis le corps calciné du jeune avocat Marc Audebert qu’il venait d’assassiner. Grâce à des rituels de magie noire, il veut toujours posséder Claire mais il constate l’échec de ses sortilèges car elle est protégée par son fiancé le luthier Louis Bergheaud, initié en magie blanche, la bonne magie. Claire, qu’un policier accompagne, va vendre les produits de sa ferme au marché de Saint-Amant.




Mariette venait de descendre de voiture et regardait sa maîtresse se diriger vers la gendarmerie. En dépit d’un maquillage parfait, Lucie Desgrange faisait peine à voir. Ses yeux malgré onguents et nuage de poudre étaient rougis à force d’avoir pleuré et le pli amer qui donnait habituellement à son sourire un air désenchanté s’était crispé en rictus. Avec son sac serré contre elle, sa robe grise et ses perles, juchée sur des escarpins qui la faisaient buter régulièrement sur les pavés, la comtesse semblait une naufragée qui tente désespérément de faire face à la tempête.


La femme de charge la contempla un moment avant qu’elle tourne au coin de la rue puis, avec un soupir, se dirigea lentement vers la place où elle faisait son marché chaque semaine. Une agitation inhabituelle régnait près de la fontaine où un attroupement s’était formé. On riait, on se poussait pour voir, on applaudissait. Et lorsqu’elle arriva à la hauteur d’un premier groupe de Savinoises, elle comprit vite les raisons de ce tintamarre :



Toutes les dames se tournèrent d’un seul mouvement vers la vieille domestique mais celle-ci répliqua d’un air pincé :



L’interpellée haussa les épaules et objecta :



Et, avec une moue méprisante, Marie Vialatte s’éloigna du groupe. Intérieurement, elle fulminait contre ces vieilles femmes à l’affût du moindre potin mais elle n’était pas moins impatiente de savoir qui Claire allait épouser. Était-ce le luthier, comme le pressentait son jeune maître ? Ou un autre ?


En arrivant à la hauteur de l’étal de Claire Dupuy, elle retint son souffle. Le fameux cousin qui accompagnait la jeune fille occupée à servir quelques habitués avait les yeux fixés sur elle et la contemplait avec malice. Gênée par ce regard insistant, Mariette tourna les talons puis finalement revint sur ses pas. L’homme se mit à rire et observa :



Claire sursauta à l’interpellation. La jeune fille se tourna vers Cabet en fronçant les sourcils. Pourquoi avait-il révélé son prochain mariage à l’intendante du château ? Elle crut bon d’interrompre l’indélicatesse. Et fixant les doigts graisseux de son protecteur, qui tenait encore la motte qu’il s’apprêtait à découper, elle sourit malicieusement :



L’agent lui rendit son sourire, bardé d’un clin d’œil et s’empressa de servir sa cliente :



Mariette hocha la tête, choisit parmi les bottes d’herbes fines les plus grosses et les plus odorantes et les déposa auprès du beurre dans son panier avant de régler son achat. Claire ferma les yeux de soulagement. Mais, ne voulant pas repartir sans une remarque acerbe, la vieille femme conclut d’un ton mielleux :



Claire, soufflée par la brutalité de l’attaque, ne trouva pas le courage de répondre. Même si la femme de charge du château ne l’avait jamais beaucoup appréciée, elle n’avait encore jamais usé de méchanceté à son égard. Ce fut Henri Cabet, aiguillonné par la remarque de Mariette, qui trouva l’énergie de lui répliquer, avec une candeur pleine de rosserie :



Et sans laisser le temps d’un volte-face à Mariette, il s’empara de la main libre de la vieille dame, la porta à ses lèvres dans un geste théâtral avant d’attirer brutalement la domestique contre l’étal. Mais cette dernière, surprise par le geste, buta sur les pavés et, déséquilibrée par le poids de son panier plein, avança son visage qui heurta de plein fouet une botte d’orties que Claire vendait pour soigner les maux de gorge. La femme de charge hurla de douleur avant de se dégager vivement sous les rires et les quolibets de Savinois que la scène amusait autant qu’un montreur d’ours un jour de foire.



La femme de charge le foudroya du regard, haussa les épaules et lui tourna hostilement le dos sans autre forme de salut avant de s’éloigner promptement. Un immense fou rire explosa alors autour d’elle, intensifié par sa fuite, aussi rapide que celle d’une pie voleuse.



Cabet éclata d’un rire sonore et adressa au jeune homme un clin d’œil de sympathie avant de se tourner vers Claire, consternée, blanche jusqu’aux lèvres, anticipant déjà une représaille cinglante sur ses ventes :



Le policier frémit :



Les plus proches voisins d’étal opinèrent du bonnet et la boulangère qui apportait une fournée de brioches encore toutes chaudes risqua malicieusement :



La boulangère soupira :



Et s’adressant à Claire, elle ajouta avec gentillesse :



La jeune fille, émue, tendit la main à la femme Nallet :



oooo00000oooo



Au même instant, dans les locaux de la gendarmerie de Saint-Amant, l’inspecteur Pauvert examinait seul le cadavre que l’on avait sorti expressément de la glacière. Les orbites défoncées, la bouche tordue, rendue grimaçante sous la pression des flammes, le crâne mis à nu laissant voir quelques touffes de cheveux calcinés, l’homme trouvé dans la Delage incendiée était méconnaissable. Marius lui reconnaissait la taille, les vêtements et même la chevalière dont son annulaire droit était paré mais quelque chose clochait, qu’il ne parvenait pas à définir clairement.


Perplexe, il tournait comme le rapace autour d’une proie, se remémorant les attitudes, les expressions et comparant de mémoire la stature du cadavre à celle qu’il donnait au sorcier, prélevant des débris de bois et d’acier sur le velours du pantalon, lorsque Bardiau fit irruption dans la pièce :



Pauvert s’immobilisa, fronça les sourcils de contrariété mais acquiesça sans pour autant interrompre son examen. Le gendarme s’effaça pour laisser entrer le visiteur que la vision horrible du cadavre figea d’horreur. Il sortit son mouchoir pour couvrir son nez et, pris de nausées, s’empressa d’aller ouvrir le battant de la fenêtre qui donnait sur la cour :



Charpin ouvrit des yeux ronds comme des billes puis reconsidéra le cadavre avec plus d’attention et moins de dégoût. Sous le coup de l’émotion, il en laissa tomber son mouchoir.



Marius Pauvert eut un sourire ironique, hocha la tête et fixant le cadavre répondit avec lenteur :



Le ton de l’inspecteur était si accablé que son agent observa en souriant :



Ce rebondissement inédit cloua Charpin sur place. Il bredouilla :



Marius soupira, se racla la gorge avant d’avancer ses hypothèses :



Ce fut au tour de Pauvert de tomber des nues. Il contempla son adjoint d’un air ébahi et demanda :



Charpin satisfait de son petit effet, sourit largement avant de répondre :



L’agent lui conta point par point les évènements auxquels il avait assisté. Pauvert l’écoutait attentivement, les sourcils froncés, notait quelques détails sur un calepin et, lorsque Charpin eut fini, poussa un profond soupir avant de conclure sentencieusement :



Charpin sourit en pensant aux intrigues policières qu’aimait dénouer Madame Pauvert et, vérifiant l’heure à sa montre, se hâta de conclure l’entretien :