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Temps de lecture estimé : 23 mn
14/02/09
corrigé 02/06/21
Résumé:  Louis Bergheaud dévoile sa véritable identité et veut faire publier les bans. Marthe Rougier, la sorcière maléfique, calme les angoisses de la comtesse. Usant des rituels de magie noire, Olivier Desgrange est sûr de posséder Claire au cours de la nuit.
Critères:  bizarre campagne amour jalousie policier sorcelleri -fantastiq -amourdura
Auteur : Musea      Envoi mini-message

Série : Les sorcières de Saint Amant

Chapitre 23
Sortilèges et manipulations

Après avoir tenté de violer Claire Dupuy, le jeune comte Olivier Desgrange s’est caché dans une ancienne mine et, pour qu’on le croie mort, a fait brûler sa voiture dans laquelle il a mis le corps calciné du jeune avocat Marc Audebert qu’il venait d’assassiner. Grâce à des rituels de magie noire, il veut toujours posséder Claire mais il constate l’échec de ses sortilèges car elle est protégée par son fiancé le luthier Louis Bergheaud, initié en magie blanche, la bonne magie.

Claire, qu’un policier accompagne, va vendre les produits de sa ferme au marché de Saint-Amant. Cabet, le policier, se moque cruellement de Mariette, domestique au château de la mère d’Olivier Desgrange. Mariette cherchera sûrement à se venger, redoute Claire.

Pendant ce temps, le policier Pauvert examine le cadavre, et n’est pas absolument convaincu de son identité. Il en arrive à penser que le charmant petit couple que forment Louis Bergheaud et Claire Dupuy n’est peut-être pas innocent comme l’agneau qui vient de naître.


ooooOOOOOoooo


Simone Dupain fredonnait. Une romance de Lucienne Delyle intitulée Sur les quais du vieux Paris, mélodie romanesque qu’elle avait découverte le mois précédent en écoutant la chanteuse de rue forézienne Madeleine Rebouillat, mélomane qui passait régulièrement faire découvrir les succès du music-hall parisien au marché d’Ambert. Simone aimait prodigieusement la musique et si la TSF n’avait pas été si onéreuse, elle aurait volontiers demandé au maire de Saint-Amant d’en équiper son bureau de secrétaire. Mais les finances de la mairie n’étant pas des plus élevées malgré une gestion stricte, elle devait se contenter de l’harmonium de l’église dont elle tirait des Gloria tonitruants et des Veni Creator Spiritus particulièrement solennels. Et dans sa petite maison de la ruelle du fournil elle passait ses dimanches après-midi à chantonner sur les mélodies roucoulantes et sucrées de Christiné - quelques disques offerts par feu son mari peu avant de périr prématurément dans les tranchées de Verdun.


Son chignon gris, soigneusement fixé d’épingles, oscillait sous l’émotion et c’est d’une voix douce qu’elle répétait :


Mille projets nous attirent,

Mais, dans un même sourire,

Nous refaisons le trajet simple et doux

De nos premiers rendez-vous…


Elle était si absorbée par son chant, tout en recopiant avec application la note mentionnant l’entrée à l’école du petit Pierre Sauveterre, qu’elle n’entendit pas les coups légers frappés à la porte de son bureau ; et ce ne fut que lorsqu’une voix masculine toussa tout près d’elle qu’elle leva la tête.


Louis Lafargue, que tout le village considérait comme un Don Juan éhonté, lui faisait face et c’était pour elle si extraordinaire qu’elle ouvrit des yeux ronds comme des billes et s’étrangla, saisie de stupeur autant que d’excitation. Honteuse d’expectorer ainsi devant un homme aussi séduisant, elle bredouilla une excuse inaudible avant de chercher un mouchoir brodé pour se moucher, essuyer ses yeux et reprendre son souffle. Une rougeur, provoquée autant par l’émoi que par la sensation d’être ridicule, envahissait son cou, frappait d’un brusque incarnat ses joues pâles et comme lessivées par le sel des chagrins. Il fallait qu’elle se reprenne absolument. Il fallait qu’elle soit à la hauteur de cette rencontre merveilleuse… de ces yeux bleus pareils aux myosotis d’un matin de printemps mais si impertinents et si volontaires et si…


Plus elle y pensait, plus elle considérait le luthier, plus elle se troublait. C’était incroyable ce que cet homme pouvait provoquer de ravages en présence d’une honnête femme. Mais l’était-elle encore ? Ah, si elle avait eu quelques années de moins et si… Elle poussa un cri rauque entre sifflement et désolation absolue, respira profondément, mit sa main sur son cœur sous l’œil amusé de Louis et tamponna à nouveau ses yeux embués en toussotant contre son mouchoir pour se donner une contenance. Enfin, reprenant sa plume un instant délaissée, elle réussit à articuler :



Louis sourit largement et d’une voix quelque peu solennelle, il annonça :



La secrétaire ouvrit des yeux encore plus immenses. Elle saisit à nouveau son mouchoir brodé et le porta nerveusement à ses lèvres.



La vieille dame prit une goulée d’air avant de s’emparer du dossier 1900. Tout correspondait. Tremblante, elle reposa le cahier puis, rajustant ses lunettes qui avaient glissé, elle risqua :



Simone Dupain avala sa salive. Elle ne pourrait opposer aucune objection puisque le luthier avait tout prévu. Ne restait plus que l’option d’une décision municipale, qui, elle l’espérait vaguement sans toutefois en être persuadée, refuserait de cautionner ce scandale, car c’en était un. Le fils d’un séduisant coureur de jupons avec la fille d’une sorcière, sorcière amante secrète du dit coureur… Voilà qui promettait de faire des gorges chaudes et de secouer toute la région de Saint-Amant. Nul doute que si M. Legrand apprenait une telle chose, il refuserait de célébrer une telle union. Aussi, sans se presser, elle ouvrit l’agenda municipal et survolant la première page de septembre, elle déclara :



Un haut-le-corps saisit la secrétaire.



Encore une fois, Simone Dupain sursauta et fixa le luthier d’un air si ulcéré que ce dernier éclata de rire.



Simone Dupain, sous le coup de la surprise car une telle promesse coïncidait avec ses rêves les plus fous, en oublia de respirer un instant. Et comme dans un rêve, elle murmura d’une voix blanche :



Le luthier avait touché le point sensible. Il le savait et sourit largement à la vieille dame.



Et pour sceller l’entente tacite, il lui adressa une œillade qui fit rougir la vieille secrétaire qui ne put s’empêcher de bredouiller :



Un bref instant, la secrétaire imagina la scène du poste flambant neuf posé sur l’estrade de mariage au milieu d’un jardin, et elle, valsant à la noce dans les bras du luthier (car elle comptait bien se faire inviter pour l’occasion) ; mais aussi, celle du refus du maire et du poste de TSF évanoui à jamais. Non… tant pis pour le scandale, mieux valait profiter d’une aubaine qui, si l’affaire ne se concluait pas, risquait de ne jamais plus se représenter. Simone Dupain voyait tellement de détermination dans le regard de son interlocuteur qu’elle était persuadée que quoi qu’il advienne le luthier serait prêt à aller se faire marier dans la commune la plus proche, quitte à mettre la main au porte-monnaie.


Elle poussa un profond soupir, pensant déjà à l’entrevue difficile qu’elle devrait affronter tout à l’heure et, avec un ton où perçait un peu d’angoisse, elle finit par dire :



Sorti de la mairie, Louis soupira de soulagement. S’il allait sans doute provoquer un scandale parmi les Savinois, il était en train de retrouver par cette simple révélation sa véritable identité et par là même une légitimité qu’il avait mise de côté depuis son retour au village. Il respira à pleins poumons, sourit avec bonheur et pressa le pas. Une fois refermée sur lui la porte de son atelier, il alla s’installer devant son établi, saisit l’instrument qu’il était en train de réparer, pinça les cordes avant de lancer à la cantonade :



Mais si Louis avait pu à ce moment-là visualiser ce qui se passait aussi bien au village qu’à la mine de la Fayolle, il n’aurait pas eu ce mouvement de joie. Des nuages s’amoncelaient autour de lui à son insu, appelant une tempête dont il ignorait l’ampleur et la violence.


ooooOOOOOoooo


Une effervescence inhabituelle régnait dans la maison située en contrebas de la ruelle des fontaines. Lucie Desgrange, revenue de son entretien policier aussi blanche qu’un cierge, s’était rendue incidemment chez Marthe Rougier et à présent, assise devant une tasse de thé, la comtesse tentait vainement de convaincre la sorcière de quitter Saint-Amant Roche Savine.



Lucie Desgranges inclina la tête pour toute réponse. Elle était à bout de nerfs, prête à pleurer et la tête lui tournait tellement elle était bouleversée. Voyant son nez pincé, ses yeux rouges et son teint blafard, Marthe Rougier avança une chaise sur laquelle la comtesse s’écroula plus qu’elle ne s’assit. La sorcière se mit près d’elle et lui prit les mains d’autorité. Il s’agissait non seulement de rassurer Lucie, mais de restaurer son emprise partiellement écornée par l’entretien que la comtesse avait eu avec la police.



Marthe Rougier sourit avec commisération. Pour un peu, elle aurait presque ri d’une telle naïveté. La comtesse avait besoin de se raccrocher à une image d’Olivier très angélique, celle qu’elle avait fabriquée artificiellement entre les murs du château Desgrange. Mais l’ange lui avait échappé, vivant sa propre vie et ses propres désirs qui n’avaient rien à voir avec le fantasme maternel. Mais évidemment, tout cela, la sorcière ne pouvait pas le dire à Lucie Desgrange. Par contre, elle pouvait diriger son esprit dans une direction qui serait bénéfique à ses plans.



Lucie Desgrange écoutait ce discours habile avec attention. Et il lui semblait assez vraisemblable. Bien sûr, elle savait que Marthe et Rose étaient rivales en sorcellerie, qu’elles avaient œuvré dans des buts très différents. Mais parce que la comtesse était plus traditionaliste et très attachée aux préceptes de la Sainte Église Catholique, elle avait toujours plus estimé Marthe que Rose. Marthe allait à l’église chaque dimanche et œuvrait activement pour la paroisse, s’impliquant au patronage, donnant des conseils de vertu en même temps que des conseils conjugaux.


Rose, au contraire était une impie qui n’allait qu’aux grandes fêtes à l’église et qui avait trop de beauté pour être honnête. On racontait même à Saint-Amant qu’elle dispensait des remèdes aux jeunes filles et aux femmes qui ne voulaient pas avoir d’enfants. Et cela pour Lucie Desgrange était condamnable, inacceptable. C’était vouloir remplacer Dieu. Elle reprochait aussi à Rose sa beauté étrange qui captivait les hommes qui croisaient son chemin. D’ailleurs, quand un vieux paysan l’avait retrouvée morte entre les bras de Bertrand Bergheaud, peu de gens s’étaient étonnés d’une telle liaison. Rose était trop belle pour ne pas avoir d’amant. Et le maréchal-ferrant était un veuf plus que séduisant.


Lucie avait même un moment envisagé d’en faire son amant, mais ce dernier lui avait opposé un rejet poli d’une froideur qu’elle n’avait jamais oubliée. Bien sûr, quand elle avait appris qu’il avait comme maîtresse Rose Dupuy, elle avait mieux compris son attitude. Rose était sans doute la plus jolie femme du village et la plus distinguée. Lucie Desgranges se rappelait encore ses goûts audacieux en matière de mode et les commentaires masculins que suscitaient son allure dès qu’elle se rendait à la ville. Car même si elle cousait toutes ses tenues dans des tissus de cotonnade très simples, Rose Dupuy paraissait toujours plus élégante que les notables d’Ambert et des environs. À tel point que certaines bourgeoises s’empressaient de copier ses tenues. Lucie en avait éprouvé maintes fois un vif pincement au cœur.


Un moment submergée par le passé, elle revit la mère de Claire à l’âge de vingt ans, revêtue d’une robe cerise qui laissait voir un jupon de dentelle blanche et, au même instant, elle revit l’expression de désir peinte sur le visage du comte Desgranges, lorsque Rose les avait croisés à la sortie de la messe dominicale. À ce souvenir elle tressaillit de jalousie et, reprenant contact avec la réalité, elle observa en fronçant les sourcils :



Cette question était embarrassante. Marthe aurait voulu éluder toute réponse. Mais le regard perçant de Lucie Desgranges exigeait la vérité et la transperçait. Après un instant d’hésitation, la sorcière murmura :



Lucie Desgranges eut un rictus :



Marthe sourit. La comtesse avait parfaitement compris où elle voulait amener sa réflexion. Mais pour que son plan marche et que Lucie continue de lui faire confiance, il fallait que Claire ne soit pas le bouc émissaire direct. Une femme aussi affligée que Lucie Desgrange était versatile et si Marthe ne la surveillait pas, elle pourrait à un moment ou à un autre trahir leurs secrets, d’autant plus que la police risquait de la reconvoquer pour son enquête. Il fallait donc manœuvrer adroitement. Aussi est-ce dans cette optique que la sorcière répondit :



Restée seule, la vieille sorcière soupira de soulagement. Elle avait évité les soupçons de Lucie Desgrange et conserverait son appui si un malheur advenait. Mais il fallait aussi songer au pire. Contrairement aux paroles rassurantes qu’elle avait octroyées à la comtesse, Marthe envisageait mal une confrontation avec l’inspecteur Pauvert, déjà prévenu contre elle. Et ce qui l’inquiétait plus que tout était que manifestement, il connaissait les rituels de magie noire. Le récit de l’entrevue que Lucie Desgrange avait eue avec lui ne laissait aucun doute sur son savoir.


Vite, il fallait qu’elle sache. Elle sortit du coffret d’argent posé sur le guéridon de marbre un jeu de tarot qu’elle étala consciencieusement sur la table. Puis elle se concentra sur le personnage de l’inspecteur, retourna trois cartes et se pinça les lèvres : l’homme devait disposer d’aides magiques d’une femme. La papesse, la maison-dieu et la justice montraient de toute évidence qu’il serait plus que difficile de le berner puisqu’une femme ayant autorité en la matière lui avait appris à reconnaître tout ce qui touchait à la magie. Il faudrait donc user d’un rituel contre lui pour faire échec à son enquête, et avertir Olivier pour conjuguer leurs forces. Car si l’inspecteur Pauvert disposait d’aide magique, nul doute qu’à terme il se servirait de cet avantage pour élucider la mort de Marie Latour et découvrir la mise en scène d’ d’Olivier.



Au même moment, trois coups violents frappés à sa porte la firent sursauter. Serait-ce déjà la maréchaussée ? Vivement, elle ramassa les cartes de tarot, les remit dans leur étui d’argent et, la mine sombre, se dirigea vers l’entrée pour ouvrir. Mais son visage se décrispa instantanément lorsqu’elle aperçut dans l’embrasure la secrétaire de mairie, Simone Dupain, qui paraissait hors d’haleine et bouleversée. Marthe ouvrit tout grand la porte, lui enjoignant d’entrer. Sans même qu’elle ait prononcé une parole, la sorcière devina que la vieille dame était porteuse d’une nouvelle d’importance.


Et lorsque celle-ci eut terminé son récit, Marthe bénit le ciel de ce que Mariette arriverait chez elle dans la soirée. Cela lui laisserait le temps d’écrire un rituel pour aider son filleul dans son entreprise. Les évènements se précipitaient et, au regard de ce qu’elle venait d’apprendre, il était plus qu’urgent qu’Olivier possède la jeune Claire. Car si le fils Bergheaud était revenu à Saint-Amant déterminé à épouser la jeune fille cela voulait dire aussi qu’il était l’instrument de la vengeance de la magie blanche. Et surtout qu’en épousant Claire, il pouvait renverser leur pouvoir.

Marie, peu avant de mourir, ne lui avait-elle pas dit que le temps de la magie noire allait prendre fin ? Qu’avait-elle fait pour enrayer l’emprise de Marthe sur le village ? Sans doute des rituels avec Rose… Rose, toujours sur son chemin pour contrer ses plans !


Elle expédia rapidement Simone Dupain en la remerciant de sa confidence et, dès qu’elle se retrouva seule, s’attaqua à la rédaction d’un rituel qui soumettrait Claire au pouvoir d’Olivier. En invoquant le pouvoir des trois obsidiennes et en déposant en amont de la source qui alimentait la ferme en eau un peu du breuvage des Andes (la recette d’un puissant narcotique), Olivier pourrait s’introduire nuitamment dans la maison sans attirer l’attention et prendre la virginité de la jeune fille.


Elle termina sa lettre dans un sourire carnassier. Grâce à ses précautions et à ses amitiés en haut lieu, elle allait pouvoir s’opposer encore une fois à la magie blanche. La révélation de Simone Dupain allait lui permettre de triompher de son ennemie définitivement.



ooooOOOOOoooo


Olivier Desgrange souriait lui aussi. Assis sous le puits de jour qui jetait une lumière bleue dans la galerie de la mine, le jeune sorcier venait de terminer une incantation de Haute Magie dont il était particulièrement fier. Il y utilisait la rose blanche de Claire, consacrant la virginité de la jeune fille à la magie noire et au pouvoir des Ombres. Et il avait réactivé le pouvoir du breuvage des amants qui les avait unis deux nuits auparavant. Son effet d’abattement pouvait se répéter trois nuits consécutives si la victime avait absorbé suffisamment de potion. Et de cela, Olivier en était sûr.


Lentement, il avait repréparé ce breuvage et l’avait répandu sur la jolie silhouette d’argile qu’il avait ébauchée la nuit passée. Et dans un élan de désir, il avait psalmodié en caressant à pleines mains la statue :



Au même instant, Claire qui finissait de préparer le souper dans la cuisine de la ferme ressentit un puissant malaise s’emparer d’elle. La tête lui tourna et elle dut se retenir au bord de l’évier pour ne pas tomber. Le pendentif qu’elle portait au cou s’alluma, jetant une lumière rouge sur le mur qui parut un instant comme éclaboussé de sang. Figée de peur, convaincue qu’il s’agissait d’un avertissement sérieux contre un danger imminent, Claire voulut crier. Mais aucun son ne sortit de ses lèvres. Son malaise s’amplifiait et une nausée la fit tressaillir. Elle ressentait dans tout son corps des sensations étranges qui ressemblaient à des caresses lancinantes. Son ventre se nouait et se dénouait tour à tour, sa respiration s’accélérait, ses jambes tremblaient, son sexe devenait humide.


Elle avisa une chaise près de la fenêtre pour s’asseoir et ferma les yeux. Que lui arrivait-il donc ? Elle se sentait tanguer comme un fragile esquif sur une mer déchaînée que rien ne pouvait calmer. Il fallait qu’elle appelle Louis. Lui seul pourrait la rassurer.


Au dehors, elle entendit les voix du luthier et de l’inspecteur Pauvert discuter âprement. Il était question de magie, de sortilèges et de mensonges. Était-elle victime de la magie, elle aussi ? Elle ouvrit les yeux, respira à fond, rassembla tout son courage, réussit à se lever et à ouvrir la fenêtre, mais épuisée par l’effort, s’écroula sans bruit sur les dalles fraîches tandis que les améthystes qui protégeaient la maison se brisaient en mille morceaux.

À la lueur d’une chandelle, Olivier Desgrange finissait d’enfoncer la tige souple de la rose de soie blanche au fond du sexe de la statue d’argile entourée des trois obsidiennes et il murmurait le sortilège de possession que Mariette lui avait remis quelques minutes auparavant de la part de Marthe. Il sourit en contemplant son œuvre et, levant la tête vers le portrait de Claire, il lui dit tendrement :