n° 17355 | Fiche technique | 56894 caractères | 56894Temps de lecture estimé : 29 mn | 26/04/16 |
Résumé: Deux semaines ont passé ; Roméo retrouve Siriac dans un bar, et lui donne quelques nouvelles : il s'est installé avec Adelya et prend sa revanche sur Flora. | ||||
Critères: fh 2couples jeunes collègues grosseins travail jalousie humour -théâtre -humour | ||||
Auteur : Gufti Shank Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Roméo et Juliette - Le stagiaire Chapitre 06 / 06 | FIN de la série |
Les personnages principaux :
Juliette – Une somptueuse jeune femme
Cassandra – La meilleure amie de Juliette
Roméo – Un beau jeune homme, le petit ami de Juliette
Siriac – Le meilleur ami de Roméo, et le petit ami de Cassandra
Éloïse – Une superbe jeune femme, qui vit avec Juliette et Roméo
Flora – Une splendide jeune femme, troublante collègue de travail de Roméo
Daphné – La sœur de Flora, avec qui elle partage tout
Adelya, Hernan – Des jeunes gens qui postulent pour un stage dans l’entreprise où travaillent Roméo et Flora
Les personnages secondaires :
Bud – Un livreur, amant occasionnel de Daphné
Coline – Un agent immobilier
Conrad – L’agent d’entretien dans l’entreprise où travaillent Roméo et Flora
Gertrude – Une jeune femme qui postule pour un stage dans l’entreprise où travaillent Roméo et Flora
Marcel – Le patron de l’entreprise où travaillent Roméo et Flora
Raoul – Un ami de Cassandra et Siriac
Des serveuses, des serveurs, des clients – de bars et de restaurants
Des jeunes hommes – Amants occasionnels de Flora
***
Résumé de l’Acte I : Lundi 2 : Flora et Roméo, dans le cadre de leur travail, doivent recruter un stagiaire. Juliette, soupçonneuse des sentiments de Roméo pour sa collègue, installe en secret une caméra et un micro espions dans leur bureau, et épie leurs moindres faits et gestes. Pour l’instant, rien de bien inquiétant ; Juliette, Eloïse et Roméo savourent l’amour à trois dans une sexualité débridée.
Résumé de l’Acte II : Mardi 3 : Flora et Roméo reçoivent tour à tour les trois candidats au poste de stagiaire. La première, très laide, est renvoyée rapidement ; la seconde, Adelya, très jolie et provocante, qui a séduit d’emblée Roméo, est évincée par Flora ; le troisième candidat, Hernan, convient très bien à cette dernière, qui le trouve très séduisant et finit par le recruter sans tenir compte de l’avis de Roméo.
Résumé de l’Acte III : Jeudi 5 : Au grand dam de Roméo, Flora passe du bon temps avec Hernan, le stagiaire qu’ils ont recruté. Par ailleurs, ils sont toujours espionnés, à leur insu. Vendredi 13 : finalement excédé par son comportement et son indifférence apparente, Roméo demande à Flora si elle n’éprouve plus rien pour lui, et tente de la séduire de nouveau. Mais Juliette et Eloïse ont tout vu et entendu, et envoient à Roméo la vidéo du moment où il a l’intention de les tromper. Flora se réjouit de la situation, mais n’en montre rien et continue de simuler l’indifférence.
Résumé de l’Acte IV : Vendredi 13 au soir : Siriac retrouve Roméo dans un bar ; ce dernier le met au courant de la situation. Pendant ce temps, Cassandra l’apprend de Juliette et d’Eloïse, et passe ensuite la nuit chez elles. Roméo est décidé à rompre avec elles ; il séduit la première jeune femme venue, une serveuse. Flora, de son côté, organise une impressionnante orgie, et en profite pour narguer Siriac, le seul qui passe finalement la soirée seul.
Résumé de l’Acte V : Samedi 14 au matin : Roméo, fermement décidé à quitter Juliette et Éloïse, visite un appartement. Et pendant que Siriac enquête chez Flora pour savoir si elle ne ressent vraiment plus rien pour son ami, ce dernier recontacte Adelya, la provocante jeune femme qui avait postulé pour être stagiaire, et l’invite au restaurant, au grand dam de Cassandra qui a adoré les instants partagés avec les deux jeunes hommes. De son côté, Flora invite Hernan à passer la soirée chez elle en compagnie de Daphné.
***
La scène a lieu deux semaines plus tard…
***
Acte VI, scène 1
Samedi 28, 17 h 40
Un bar
(Roméo, Siriac, des clients, des serveurs)
(Roméo est attablé. Autour de lui, les serveurs et les clients vont et viennent. Siriac entre ; il parcourt un instant la pièce du regard, et s’avance lorsqu’il aperçoit Roméo.)
Roméo : Salut !
Siriac : Salut ! Ben dis donc, ça fait un bail ! (Il s’assoit.) T’aurais quand même pu donner un peu de nouvelles, depuis le temps…
Roméo (souriant) : C’est que… vois-tu… j’ai été très pris, récemment…
Siriac : Mouais… Ta bite, sans doute, a été très prise…
(Roméo rigole.)
Siriac : Bon, alors ? Raconte ?
(Un serveur s’approche de leur table et grommelle en leur lançant un regard interrogatif.)
Roméo : Deux bières, s’il vous plaît.
(Siriac observe rapidement le serveur, puis Roméo, puis le serveur.)
Siriac : Oui, pareil pour moi.
(Roméo pouffe. Le serveur sourit, et s’éloigne.)
Roméo : T’as soif comme ça ?
Siriac : Bah, vu ce que t’as à me raconter, on est là pour un moment, non ?
Roméo : Mouais…
Siriac : Vas-y, je t’écoute.
(Roméo prend une profonde inspiration.)
Roméo : Eh bien… par où commencer… Déjà, Adelya est venue s’installer chez moi.
Siriac : Adelya, c’est la serveuse ?
Roméo : Non, non, tu sais, la petite bombe qu’était venue postuler pour un stage chez nous.
Siriac : Ben non, je sais pas ! Tu m’en as parlé, mais tu ne me l’as toujours pas présentée…
Roméo : Eh ben, tu passes quand tu veux, tu sais où j’habite…
Siriac : Et alors ? ça le fait ?
Roméo : Ouah la vache ! Niveau cul, c’est la folie ! C’est vraiment une bombe insatiable !
Siriac : Ah bon ? Vas-y, envoie des détails !
Roméo : Non, je sais pas, c’est dur à décrire, mais elle a le feu au cul, elle pompe trop bien, elle a pas de limite… Et elle a beau avoir à peine vingt ans, on sent la fille qu’a de l’expérience.
(Un silence. Siriac rêvasse, pendu aux lèvres de son ami.)
Siriac : C’est comme avec Flora ?
Roméo (rêvassant à son tour) : J’sais pas, c’est autre chose. Mais peut-être que Flora était un peu comme ça il y a dix ans, oui…
(Un silence. Le serveur revient et dépose deux très grands verres de bière puis s’éloigne à nouveau.)
Roméo : D’ailleurs, c’est pour ça que Flora l’a envoyée chier dès qu’elle l’a vue. Elle a senti le danger, la concurrence…
(Il sourit.)
Siriac : Et alors ? Avec elle ? Qu’est-ce que ça donne ?
Roméo : Ça donne que dalle ! Elle continue à m’ignorer et à se pavaner avec son stagiaire qui la broute à tout va dès qu’elle prononce son nom. Mais j’ai réussi à la faire chier un peu moi aussi, écoute bien ce que j’ai fait…
Acte VI, scène 2
Lundi 23, 9 h 50
Un bureau
(Roméo, Hernan)
(Roméo et Hernan sont assis chacun à un bureau. Roméo trie des documents pendant qu’Hernan tapote sur le clavier d’un ordinateur.)
Roméo : C’est bon, tu as noté ?
Hernan : Oui, C3, édition, entretien individuel : Larezzi.
Roméo (parcourant un autre feuillet) : Alors… dans l’équipe C4…
Hernan (tapotant) : C4…
Roméo : Il y a…
(Flora entre, enjouée et souriante.)
Flora : Ah, Hernan, je vous cherchais ! J’ai absolument besoin de vous !
(Hernan ricane en repoussant le clavier de son ordinateur. Roméo soupire profondément.)
Roméo : Écoute, Flora, on est en train de bosser, là…
(Flora, l’ignorant parfaitement, contourne leurs bureaux et vient embrasser Hernan à pleine bouche. Elle s’assoit à califourchon sur ses cuisses et se frotte à lui avec suggestion.)
Roméo : J’insiste un peu, mais vous faites vraiment chier !
(Flora se relève et tâte d’une main l’entrejambe d’Hernan.)
Flora : Oooh ! Mais je ne vais pas vous laisser dans cet état-là, Hernan !
(L’interpellé sourit. Flora s’éloigne.)
Flora : Venez, suivez-moi, il ne faudrait surtout pas que nous empêchions Roméo de travailler…
(Elle s’éloigne en roulant ostensiblement des fesses sous les yeux dépités de Roméo et ceux amusés d’Hernan qui la suit comme un petit chien. Ils sortent. Roméo soupire en crispant ses poings. Il décroche un téléphone et appuie deux touches.)
Roméo (au téléphone) : Monsieur le directeur ? … Bonjour, c’est Roméo. … Est-ce que je peux vous voir un moment ? … Oui, mais en fait, j’aurais souhaité que vous passiez jusqu’à mon bureau, si c’était possible. … Oui, merci, à tout de suite.
(Il raccroche, puis se replonge dans ses feuillets et rapproche un clavier. On frappe. Marcel entre.)
Roméo : Bonjour, monsieur le directeur.
Marcel : Alors, Roméo, que puis-je pour vous ?
(Il regarde autour de lui.)
Marcel : Flora n’est pas là ?
(Roméo hausse les épaules. Marcel s’assoit.)
Marcel : Et votre stagiaire ?
Roméo : C’est pour ça que je voulais vous voir. Depuis que nous avons recruté Hernan, Flora passe beaucoup de temps à lui montrer tout un tas de choses plus ou moins en rapport avec le boulot, mais…
Marcel (l’interrompant) : Oui, j’ai cru comprendre qu’elle le trouvait bien à son goût… Cela vous ennuie ? Vous voulez que j’intervienne ?
Roméo : Non, non, surtout pas. Pendant ce temps-là, elle me fait pas chier. Mais c’est simplement que… je ne sais pas comment dire ça, mais… tout le temps qu’elle passe à…
Marcel : Son boulot n’est pas fait ?
Roméo : Si, si, globalement, on y arrive, je compense une partie. Mais peut-être qu’avec… euh…
(Marcel soupire.)
Marcel : Je ne peux pas me permettre d’embaucher quelqu’un d’autre pour le moment. Pas même une secrétaire à mi-temps, je suis désolé, Roméo.
Roméo : Non, non, ce n’est pas à ça que je pensais, monsieur, mais plutôt à un autre stagiaire. Ça ne nous coûtera presque rien, et ça nous fera une aide type secrétariat pour préparer les entretiens d’évaluation.
(Un silence. Marcel n’est pas convaincu.)
Roméo : Voyez-vous, quand nous avons fait passer les entretiens pour recruter le stagiaire, nous hésitions entre deux personnes. Et je pense que la seconde est toujours disponible, et toujours à la recherche d’un stage en entreprise.
(Marcel regarde intensément Roméo.)
Marcel (brassant l’air dans divers mouvements évocateurs) : La jeune femme avec les… avec le…
Roméo (souriant) : Oui, c’est ça.
Marcel (se relevant) : Hmmm, je ne sais pas ce que vous manigancez, mais… tant que ça ne coûte rien à l’entreprise et que le travail est fait.
Roméo : Le travail sera fait, monsieur. Donc c’est bon ? Je peux recruter la stagiaire ?
Marcel : C’est d’accord, mais vous devrez rép…
(Flora et Hernan rentrent en gloussant à moitié débraillés, mais s’immobilisent tout net en apercevant Marcel.)
Marcel (sévère) : Je ne sais pas trop ce qui se passe dans ce bureau, et je crois que je ne préfère pas le savoir, mais je vous préviens que si les entretiens ne sont pas faits dans les délais, je vous flanque une sanction à tous les deux !
(Il sort. Flora et Hernan réajustent leurs vêtements.)
Roméo : Déjà ?
Flora : Les chiottes sont occupées. Qu’est-ce qu’il voulait ?
Roméo : Ben… t’as entendu, non ?
Flora : Qu’est-ce qui lui prend ? Il a bouffé trop gras ? Je vais aller le sucer, ça va le détendre…
Roméo : Tu devrais plutôt bosser un peu, peut-être…
(Marcel revient.)
Marcel : Flora, je peux vous voir un instant ? Et vous aussi, jeune homme…
(Il sort. Flora adresse un rictus haineux à Roméo.)
Flora : Je ne sais pas ce que tu lui as dit, mais…
Roméo (décrochant un téléphone) : Chhhut ! Je dois passer un coup de fil.
(Flora et Hernan achèvent de se rendre présentables et sortent.)
Roméo (au téléphone) : Adelya ? … Ça va ? … Oui, je t’ai laissée dormir ce matin. … Dis, je viens de discuter avec mon chef, et il serait d’accord pour que nous recrutions une seconde stagiaire. … Oui, si tu es d’accord. … J’sais pas, mais dès cet après-midi, si tu veux. … Je prends les documents de stage et je reviens manger ce midi. … Non, non, pas de problème, ce sera moi ton responsable de stage. … Ok, à tout’, bisous.
(Il raccroche et sourit en se replongeant vaguement dans son travail. Un silence. Il sifflote doucement. Hernan entre.)
Roméo : Alors ? Qu’est-ce qu’il voulait ?
Hernan : Euh… nous dire de… euh… de nous… qu’il fallait qu’on soit un peu plus efficaces dans le travail.
(Roméo ricane.)
Roméo : Et Flora ? Qu’est-ce qu’elle fout ?
Hernan : Il lui a demandé de rester quelques minutes…
Roméo : Mouais, du coup il est pas très crédible…
Hernan (pensif) : Quand je pense qu’elle est obligée de se taper ce salaud !
Roméo : Euh… non, à l’évidence, tu la connais bien mal : Flora n’est jamais obligée de se taper qui que ce soit. À mon avis, elle veut juste se racheter.
Hernan : Ben c’est quoi, alors ? C’est du chantage, c’est encore pire !
(Roméo soupire.)
Roméo : Écoute : reste zen, ne t’en fais pas pour elle, Flora est assez grande pour gérer son cul, et elle sait très bien s’en servir. Je ne sais pas encore bien pourquoi ni comment, mais dis-toi que Flora se sert de toi, comme elle se sert de tout ce qui a deux jambes et une bite pour arriver à ses fins. Donc fais ton boulot sans trop t’inquiéter, profite tranquillement de son cul, mais surtout ne va pas t’imaginer autre chose et ne tombe pas amoureux d’elle.
(Hernan baisse les yeux, pensif.)
Acte VI, scène 3
Samedi 28, 18 h 05
Un bar
(Roméo, Siriac, des clients, des serveurs)
(Roméo et Siriac sont attablés. Leurs verres sont à moitié vides.)
Siriac : Ben en même temps, je me mets à sa place. À vingt ans, être à tout moment dans les bras d’une bombe sexuelle comme Flora, ça donne envie de s’amouracher…
Roméo (songeur) : Oui, moi aussi, je suis passé par là…
Siriac : Bon, et donc ? T’as recruté ta copine ?
Roméo : Oui !
Siriac : Et Flora ?
Roméo : Ben elle a fait des bonds, c’était drôle…
Acte VI, scène 4
Lundi 23, 13 h 50
Un bureau
(Flora, Hernan)
(Flora et Hernan sont assis chacun à un bureau et travaillent silencieusement en tapotant sur les claviers de leurs ordinateurs. Roméo et Adelya entrent. Hernan lève la tête et écarquille les yeux en apercevant la jeune femme. Flora s’immobilise et lance aux nouveaux arrivants des regards mauvais.)
Roméo : Hernan, Flora, je vous présente Adelya, qui va venir faire un stage de quelques semaines dans notre service.
Adelya : Bonjour. Je crois que nous nous sommes déjà rencontrées…
(Un silence.)
Flora (crispée) : C’est un gag ?
(Roméo s’avance en dépliant un papier qu’il sort de sa poche.)
Roméo : Non, tiens, le patron a tout signé…
(Il lui lance négligemment le feuillet.)
Roméo : Venez, Adelya, je vais vous expliquer votre travail.
(Il s’installe à un fauteuil de bureau, et fait signe à la jeune femme de le rejoindre. Elle vient s’asseoir sur ses genoux. Il caresse ostensiblement sa poitrine en lui montrant l’écran de l’ordinateur.)
Roméo : Alors, voici notre environnement numérique…
(Flora, agacée, se lève et sort en grommelant.)
Acte VI, scène 5
Samedi 28, 18 h 15
Un bar
(Roméo, Siriac, des clients, des serveurs)
(Roméo et Siriac sont attablés. Leurs verres sont bientôt vides.)
Siriac : Ça doit vraiment être n’importe quoi, dans ton bureau ! Du coup, vous baisez tous les quatre en cadence ?
Roméo : Non, c’est ça le plus drôle. Je ne fais rien au boulot avec Adelya. Tout le monde a bien compris qu’on est maqués, mais on reste parfaitement décents. Et Flora enrage, c’est parfait !
(Un silence. Il boit une gorgée de bière.)
Roméo : Et le soir, dès qu’on rentre, on baise comme des damnés, on libère toute l’excitation et la tension accumulée dans la journée.
(Siriac regarde Roméo avec un mélange de jalousie et d’apitoiement.)
Roméo : Et toi ?
Siriac : Quoi moi ?
Roméo : Ben j’sais pas, ça va ?
Siriac : Ouais, ouais, ça va. C’est… c’est assez curieux, avec Cass, en ce moment.
Roméo : Mais encore ?
Siriac : Ben tu sais, depuis que… depuis cette fois où t’étais là, y a deux semaines… quand on a… euh…
Roméo : Quand on se l’est tapée tous les deux ?
(Plusieurs clients et le serveur observent Roméo avec un drôle d’air. Celui-ci pose sa main sur sa bouche en haussant les sourcils d’un air confus.)
Siriac : Voilà voilà…
Roméo : Désolé, j’avais oublié qu’on était pas seuls…
Siriac : Bon, enfin, oui, depuis cette fois-là, eh ben elle est… euh… comment dire… insatiable !
Roméo : Insatiable ? Niveau cul ? Raconte !
(Un grand silence s’est fait tout autour d’eux. Le serveur fait mine de débarrasser très lentement une table voisine, et plusieurs clients font semblant de consulter leur téléphone sans bruit. Siriac regarde dans toutes les directions avec étonnement en vidant sa bière.)
Siriac (finalement amusé) : Bah, après tout, je m’en fous ! (Fort) Eh ben, on a enchaîné les plans à trois, avec Raoul, ou avec un de mes collègues de boulot, et puis là, elle est carrément passée au niveau cinq : mercredi soir, elle a ramené trois mecs de son club de volley, et on l’a baisée tous les quatre…
Roméo : Hein ?!? Cassandra ? Elle a fait ça ?!?
Siriac : Ouais…
(Le silence autour d’eux est presque pesant.)
Siriac : Je sais pas, elle doit faire une crise de la trentaine…
Roméo : Et ça te fait pas chier ?
Siriac : Si, un peu. Au début, ça m’excitait, c’était marrant. Mais à force…
(Roméo est stupéfait.)
Siriac : Je crois que je vais arrêter de lui filer des aphrodisiaques en douce…
(Plusieurs personnes pouffent ou toussent discrètement autour d’eux.)
Roméo : De quoi ?
Siriac : Ben ça fait un peu plus de trois semaines que je lui verse discrètement des petites gélules dans son assiette, mais ça marche pas comme je voudrais…
(Roméo est abasourdi. Il se prend la tête dans les mains et se retient pour ne pas rire à gorge déployée.)
Roméo : Mais t’es complètement dingue ! Pourquoi t’as fait ça ?
Siriac : Pour l’exciter un peu. Je trouvais que ça devenait un peu routine.
Roméo : Ben là c’est sûr que d’un seul coup, ça doit dépoter…
Siriac : Oui, j’espérais autre chose…
Roméo : Comment ça, autre chose ?
Siriac : Une excitation plus… mixte…
Roméo : Ha ha ha ! Mon pauvre vieux ! Et qu’est-ce qui t’a fait espérer ça ?
Siriac : Bah attends, vu ce qu’il s’est passé avec Juliette et Éloïse, j’y croyais vraiment.
(Roméo cesse tout net de rire. Derrière eux, le serveur s’éloigne.)
Roméo : Pfff ! Laisse tomber ! Ces nanas sont folles !
Siriac : Ouais, folles de cul ! Elles ont même rappelé Cassandra pour qu’elle aille baiser avec elles la semaine dernière.
Roméo : Quoi ?
Siriac : Véridique !
Roméo : Pfff !
Siriac : Alors moi, tu me connais, j’ai voulu me dévouer, j’ai proposé d’y aller aussi.
(Roméo le regarde intensément.)
Siriac : Eh ben, que dalle ! Je me suis fait bouler ! Alors je me suis tiré chez Flora.
Roméo : Hein ?!?
(Un silence. Le serveur s’approche et dépose deux grandes bières à leur table. Siriac le regarde avec étonnement.)
Le serveur (à Siriac) : C’est de la part du monsieur, là-bas.
(Siriac regarde dans la direction indiquée ; un client lui fait un signe. Siriac adresse un poli remerciement du bout des lèvres.)
Le serveur : Il dit que vous l’avez bien fait rire, et il demande si vous reviendrez demain.
(Roméo sourit.)
Le serveur : Et la dame qui l’accompagne voudrait savoir de quelles gélules il s’agit.
(Roméo ricane. Le serveur s’éloigne en ramassant les deux verres vides. Siriac soupire.)
Roméo : Bon, et donc, t’as baisé avec Flora ?
Siriac : Ouais. Elle te l’a pas dit ?
Roméo : Si tu veux, elle me dit plus grand-chose depuis que j’ai ramené Adelya au boulot…
Siriac : Ben en tout cas, moi, elle m’a parlé de toi. Quand on baisait, en plus.
Roméo : Ah bon ?
Siriac : Ouais, elle m’a dit que t’étais chiant, que tu vieillissais. Des conneries comme ça…
Roméo : Super…
(Un silence. Ils boivent quelques gorgées.)
Siriac : Ouais, si j’ai bien compris, t’es plus en odeur de sainteté auprès de pas mal de monde. Mais bon, de toute façon, tu t’en fous, t’es déjà remaqué.
(Un silence. Roméo est pensif.)
Siriac : Enfin si, chez moi, tu peux venir. Cass m’a dit sur un air libidineux que tu revenais quand tu voulais…
(Un silence.)
Roméo : Qu’est-ce que vous faites, ce soir ?
Siriac : Ce soir ? Euh… je sais plus… y en a un qui vient, mais je sais plus qui… Je crois que c’est Raoul…
Roméo : J’hallucine ! Et tu t’en fous ?
Siriac : Non, non, c’est décidé : j’arrête de lui mettre des gélules, ça ne fonctionne pas comme il faut.
Roméo : Envoie-le chier, le Raoul. Et venez plutôt manger tous les deux chez moi. Je vous présenterai Adelya.
(Un silence.)
Siriac : Hmmm, pas gagné, ça, mais l’idée me tente bien…
(Il sort son téléphone, appuie quelques touches, et le porte à son oreille.)
Siriac (au téléphone) : Ouais, salut Raoul, c’est Siriac. Dis, Cass n’est pas au top, je préfère qu’on annule pour ce soir, d’accord ? … … Ouais, non, non, mais même le repas, ouais. … Ouais, désolé, hein, mais elle a la chiasse, alors on va pas l’enculer ce soir, tu comprends… … Ouais, okay, on te rappelle dès qu’elle va mieux.
(Il raccroche sous les regards amusés de plusieurs clients.)
Siriac : Hop ! Et maintenant, j’appelle Cassandra.
(Il boit une grande gorgée de bière et reprend son téléphone.)
Siriac (au téléphone) : Ouais, salut ma puce, c’est moi. Dis, je viens d’avoir Raoul, il est désolé, mais il a la chiasse, il préfère pas venir ce soir. … Ben ouais, je sais, c’est con, mais bon, vaut mieux pas prendre de risque, hein… T’imagines la gueule du canapé s’il lâche tout pendant qu’il t’encule ? … Oui, et puis c’est sans compter la contagion… … Oui, voilà. Je lui ai dit de se reposer. … Bon, par contre, je suis avec Roméo, là, et il nous propose de venir dîner ce soir. … Non, non, y aura que lui. … Ben j’sais pas, ouais, on verra, peut-être que si on le fait picoler un peu, il y aura moyen… … C’est d’accord, alors ? … okay, super, à tout’ !
(Il raccroche. Roméo et plusieurs clients rient gaiement.)
Siriac : Qu’est-ce qu’il y a ?
Roméo : Rien du tout. Tout est normal.
Siriac : Bah, je m’en tape ! Au moins j’ai une vie sexuelle épanouie…
Roméo : Oui, et puis on se marre bien…
(Un silence. Adelya entre, derrière Siriac. Roméo l’aperçoit et lui sourit.)
Siriac : Mais je ne sais pas trop la tronche que fera Cassandra en découvrant ta nouvelle copine…
(Adelya s’approche de leur table. Le serveur et plusieurs clients la dévorent des yeux.)
Roméo : Ben tiens, à propos, la voilà. On va déjà voir la tronche que tu fais toi…
Siriac (se retournant et l’apercevant) : Ouah la vache, putain !!! C’est elle ta meuf ?!?
Roméo : Chhhut ! T’es pas obligé de gueuler comme ça…
(Adelya s’approche de Roméo pour l’embrasser. Siriac bave presque en la contemplant.)
Roméo : Salut ma puce. Tiens, je te présente mon copain Siriac.
Adelya : Salut.
Siriac : Euh… salut… je… euh…
(Elle s’assoit sur les genoux de Roméo.)
Roméo : J’ai invité Siriac et sa chérie à venir dîner avec nous ce soir, ça ne te gêne pas ?
Adelya : Non, c’est super. (Provocante) : Depuis le temps que tu me parles de lui…
(Un silence. Siriac tente de se reprendre.)
Siriac : Euh… je ne sais pas, Cassandra a un peu la chiasse, je vais peut-être devoir venir tout seul, en fait…
Acte VI, scène 6
Samedi 28, 19 h 45
L’appartement de Roméo
(Roméo, Adelya)
(Roméo achève de préparer quelques verres et couverts sur la table, et sort quelques boissons. Adelya est assise sur un fauteuil, un ordinateur portable sur les genoux.)
Adelya : Putain tu devineras jamais ce que je viens de voir sur Facebook !
Roméo : Ben non… quoi donc ?
Adelya : Katy Perry s’est fait faire un nouveau tatouage !
(Roméo soupire en installant quatre verres. Adelya continue de s’absorber un moment dans la lecture de son écran, puis referme l’ordinateur, se lève et s’approche de Roméo. Elle l’embrasse à pleine bouche.)
Adelya : Est-ce que je reste habillée comme ça ?
(Roméo la contemple de haut en bas, puis de bas en haut, s’attardant un moment sur sa poitrine.)
Roméo : Tu es resplendissante !
(On entend un bruit de sonnette.)
Adelya : Je vais ouvrir !
Roméo : Euh, je ne sais pas… peut-être que…
(Elle sort. On entend s’ouvrir la porte d’entrée.)
La voix de Siriac : Ouaouh !
La voix de Cassandra : Ah, désolée, on a dû se tromper.
La voix d’Adelya : Non, non, c’est bien là, entrez. Je suis Adelya. Roméo vous attend.
La voix de Siriac : On te suit…
La voix de Cassandra (fraîche) : Non, non, vas-y, toi, passe devant.
(Siriac entre, suivi de Cassandra, puis d’Adelya.)
Cassandra (froidement) : Salut.
Siriac : Salut.
(Roméo s’avance pour faire une bise à Cassandra.)
Cassandra : Je croyais que tu étais seul.
Roméo (souriant) : Moi ? Non. Qui c’est qui t’a dit ça ?
(Un silence.)
Siriac : Euh, je ne sais pas, j’ai dû mal comprendre…
Roméo : Cassandra, je te présente Adelya.
Cassandra : Et tu ne la présentes pas à Siriac ?
Roméo : Il la connaît déjà.
(Cassandra lance un étrange regard à Siriac.)
Siriac : Mais je l’ai rencontrée tout à l’heure, quand je t’ai appelée, elle était là.
Cassandra : Ah donc tu m’as tranquillement menti quand tu m’as dit que Roméo serait seul !
Siriac : Bah, j’ai dû mal comprendre.
(Cassandra soupire.)
Siriac : Et puis de toute façon, maintenant qu’il est maqué, plus question de baiser avec lui…
(Tous le regardent avec stupeur. Cassandra rougit en regardant ensuite Adelya.)
Cassandra : Euh… ce… ce n’est pas ce que tu crois.
Roméo (amusé) : Si, c’est bien ce que tu crois, mais c’était avant qu’on se rencontre.
Adelya : Oh mais ça ne me dérange pas. Tu les as invités pour baiser avec nous ?
(Un long silence consternant. Tous la regardent. Une sonnerie de téléphone portable retentit.)
Adelya : Ah, excusez-moi, c’est le mien.
(Elle s’éloigne pour aller répondre.)
Siriac (à voix basse) : Eh ben t’es encore bien tombé, mon salaud !
(Roméo hausse les épaules. Cassandra demeure bouche bée.)
Adelya (au téléphone) : Salut Jenny ! … Oui, tu as vu ? Katy Perry a un nouveau tatouage !
Cassandra : Qu’est-ce que c’est que cette pétasse, Roméo ?!?
Roméo : Chhhut ! Allez, venez, je vais vous faire visiter…
Cassandra : Mais on veut pas visiter, on veut se tirer d’ici !
Siriac : Non, non, moi je veux pas me tirer…
Adelya (au téléphone) : Oui, je suis avec des amis, là. Mais si, tu sais, mon nouveau copain, je t’en ai parlé… … Oui, c’est ça, c’est lui. … Je sais pas, je crois qu’on va faire un plan cul.
(Cassandra jette un regard noir à Roméo.)
Cassandra (à Roméo) : Alors ça te suffit pas de te taper Flora, il faut en plus que tu sautes sur le premier petit cul qui passe !
(Adelya, toujours au téléphone, sort vers une pièce voisine.)
Roméo : Eh ! Oh ! Primo, c’est pas moi qui me tape le plus Flora, en ce moment. Deuxio, vu que je suis célibataire, oui, je me tape les culs que je veux. Tertio, au niveau baise, je te trouve bien mal placée pour me donner des leçons ! Si j’ai bien compris, tu t’enchaînes les gang-bangs et quand c’est pas ça, tu vas gouiner chez les autres salopes.
(Un silence. Cassandra est toute rouge. Siriac sifflote.)
Cassandra : Eh bien parlons-en des autres salopes ! Tu crois pas qu’il serait temps de retourner les voir et de leur présenter platement tes excuses ?
Roméo : Que dalle ! C’est mort de chez mort !
Cassandra : Et donc tu vas rester là à te troncher cette gamine qui s’extasie sur le nouveau tatouage de je ne sais quelle conne de la télé ?
Siriac : C’est pas une conne de la télé, c’est Katy Perry ! Enfin…
(Cassandra lui lance un regard mauvais. Il sifflote en s’éloignant vers la pièce où est sortie Adelya.)
Siriac : Je vais voir si je peux être utile…
Cassandra (à Siriac) : Non, tu restes là ! (à Roméo) : Et toi, tu me réponds !
Roméo : Mais qu’est-ce que ça peut te foutre ! C’est une bombe, et au pieu, c’est le délire ! Alors pour l’instant, ça me suffit !
Cassandra : Oui, voilà, comme d’hab ! Roméo écoute sa queue !
(Roméo inspire profondément.)
Roméo : Mais je ne comprends pas ce que ça peut te foutre, au fond…
Siriac : Ouais, c’est vrai, ça, d’abord…
(Cassandra lui lance un regard infect.)
Cassandra : Ça peut me foutre que Juliette est mon amie !
Roméo : Alors laisse tomber ! C’est mort, avec Juliette !
(Un silence. Elle le fixe intensément.)
Roméo : Réellement mort.
(Adelya revient. Elle s’est changée pour une tenue encore plus provocante. Tous la contemplent de la tête aux pieds.)
Adelya : J’espère que ce n’est pas à cause de moi que vous vous disputez…
Cassandra (acide) : Mais non, voyons, qu’est-ce qui peut bien te faire croire ça…
Adelya : Ah, ouf ! J’avais peur que tu sois fâchée après moi. Viens, je vais te montrer mon compte Facebook.
(Elle attrape Cassandra, désemparée, par la main et la conduit jusqu’au fauteuil, où elles s’assoient toutes les deux l’une à côté de l’autre. Adelya reprend l’ordinateur portable. Siriac les observe avec stupeur, puis regarde Roméo et finit par éclater de rire.)
Roméo : Mouais, bon, euh… qu’est-ce que vous voulez boire ?
(Il entraîne Siriac jusque vers la table.)
Siriac (à voix basse) : Tes soirées doivent être quand même un peu longues, non ?
Roméo (à voix basse) : Ben non, on baise, c’est extra. Mais c’est vrai qu’on ne parle pas tellement…
(Un silence. Ils observent Adelya.)
Siriac (à voix basse) : C’est vrai qu’elle est méga-bonne !
Adelya (à Cassandra) : Et tu vois, là, c’est mon petit chien Toufy ! C’est une peluche que j’ai eue pour mes quinze ans.
(Cassandra tente d’appeler les garçons à l’aide par des œillades appuyées.)
Adelya : Et… oh, regarde ! Justin Bieber va sortir un nouveau single !
(Roméo soupire. Siriac éclate de rire.)
Siriac : Bon on ne peut pas tout avoir, hein…
(Il s’approche de Cassandra et lui masse doucement les épaules. Celle-ci s’appuie en arrière sur le fauteuil et lève vers lui des yeux amusés. Roméo soupire une fois encore, puis s’approche à son tour des jeunes femmes.)
Roméo : Ma puce, si tu nous montrais plutôt tes vrais talents ?
(Adelya repose l’ordinateur en souriant, puis s’extirpe du fauteuil et vient s’agenouiller aux pieds de Roméo. Celui-ci fixe intensément Cassandra des yeux au moment où Adelya déboutonne son jean. Siriac descend quelque peu ses caresses vers la poitrine de sa compagne. Adelya ôte d’un geste son bustier ; Siriac et Cassandra écarquillent les yeux en découvrant sa poitrine nue. Roméo ouvre et baisse son pantalon, et en sort son sexe presque gonflé sur lequel se précipite sa partenaire, sous les regards mi-stupéfaits mi-excités de leurs invités.)
Acte VI, scène 7
Dimanche 29, 14 h 10
L’appartement de Cassandra et Siriac
(Cassandra, Roméo, Siriac)
(Tous les trois sont attablés pour déjeuner et discutent.)
Roméo : Bon, ben, merci pour l’invite.
Cassandra : Pas de quoi. Ce serait quand même dommage que tu manges tout seul dans ton coin, puisque ta nouvelle dulcinée t’a mis un vent.
Roméo : Mais elle m’a pas mis un vent, c’est juste que ses parents lui ont demandé de rentrer. Elle y est pas retournée depuis plusieurs jours, ils s’inquiètent, c’est normal.
(Siriac ricane.)
Siriac : Bon, allez, soyons sérieux cinq minutes : quand est-ce que tu la largues ?
(Roméo le regarde avec étonnement, puis regarde Cassandra.)
Cassandra : Ah, pour une fois, c’est pas moi ! Et tu vois, même Siriac trouve que tu devrais la larguer, c’est dire…
Roméo : Ben vous étiez quand même bien contents de vous la taper, hier soir, hein !
Siriac (ravi) : Ouais, faut reconnaître…
Cassandra (gênée) : Oh, n’exagérons rien…
(Un silence.)
Roméo : Mais c’est vrai que…
(Un silence.)
Siriac : Bah, de toute façon, tu conserves bien précieusement son numéro, et puis si un soir on ne sait pas quoi faire, on la rappelle…
Cassandra (à Siriac) : Mais t’as fini !
Siriac (amusé) : Ouais, n’empêche, t’es vraiment à fond, toi en ce moment !
Cassandra : Oui, je ne sais pas trop ce qui m’arrive, c’est comme si…
(Un silence. Siriac est pendu à ses lèvres.)
Cassandra : Comme si j’avais envie d’essayer plein de choses, plein de nouvelles expériences…
Siriac : Ouais ! C’est génial !
(Elle le regarde, mi-amusée mi-dépitée.)
Siriac : Écoute, voilà ce que je te propose : dès que Roméo aura largué sa petite cruche, on l’adopte ; elle fera le ménage et on pourra essayer plein de choses, plein de nouvelles expériences…
Cassandra : Gna gna gna !
(Roméo enfouit sa tête dans ses mains et éclate en sanglots. Il se lève et sort vers une pièce voisine.)
Siriac : Qu’est-ce qu’y a ? Qu’est-ce que j’ai dit ?
Cassandra (se levant) : Roméo ! Roméo ! Qu’est-ce qu’il y a ?
(Elle sort après lui.)
Acte VI, scène 8
Dimanche 29, 17 h 20
L’appartement de Cassandra et Siriac
(Cassandra, Roméo, Siriac)
(Tous les trois sont attablés autour d’une boisson chaude.)
Cassandra : Tu es sûr que c’est ce que tu veux ?
Roméo : Oui. Je vous remercie tous les deux pour votre amitié. Et je suis désolé de vous emmerder avec tout ça.
Siriac : Ouais, ouais, t’en fais pas, on a l’habitude.
Cassandra (hésitante) : Et… euh… tu ne veux pas plutôt essayer d’aller voir Juliette ?
Roméo : Non, je t’ai dit, ça, c’est mort !
Siriac : Oui, ne t’en fais pas, on s’en occupera, de Juliette…
(Cassandra lui lance un regard noir.)
Roméo : Non, je vais aller voir Adelya et lui dire que ça ne peut pas coller entre nous, et ensuite je vais aller chez Flora. Et je vais avoir une discussion avec elle.
(Un silence.)
Roméo : C’est d’elle que j’ai envie, je n’en ai plus le moindre doute. Alors je vais le lui dire, et nous verrons bien.
(Siriac et Cassandra s’observent à la dérobée.)
Cassandra : Tu crois vraiment que…
Roméo (se levant) : Oui, allez ! C’est décidé !
Siriac : Tu veux que je t’accompagne ?
Cassandra (fraîchement) : Alors là, même pas en rêve !
Siriac : Euh…
Cassandra : De toute façon, je crois que nous devons avoir une petite discussion, toi et moi. Regarde ce que j’ai trouvé ce matin…
(Elle sort d’un tiroir une boîte de gélules. Siriac blêmit.)
Cassandra : Tu peux m’expliquer ce que c’est que ces gélules et pourquoi tu insistais tant pour faire la cuisine ces deniers temps ?
(Roméo rigole et s’éloigne.)
Roméo : Eh ben amusez-vous bien ! Je vous raconterai…
Acte VI, scène 9
Dimanche 29, 18 h 15
Le salon de Flora
(Flora, Daphné, Hernan, Bud)
(Tous les quatre sont attablés et jouent aux cartes ; ils sont presque nus. Hernan bat les cartes.)
Daphné : Je ne comprends rien aux règles de ton jeu !
(Hernan ricane.)
Bud : Ben c’est comme une sorte de strip-poker, mais à l’envers.
Daphné : Mais ça n’a aucun intérêt !
(Un bruit de sonnette retentit. Les filles se regardent.)
Daphné : Tu attends quelqu’un ?
Flora : Non.
(Elle se lève et s’éloigne vers la porte.)
Hernan : Euh, mais… tu ne vas pas ouvrir dans cette tenue, quand même ?
Flora : Bah ça dépend qui c’est…
(Elle sort.)
La voix de Flora (étonnée) : C’est Roméo !
Bud (à Daphné) : Qui ça ?
Daphné (à voix basse) : Son collègue de travail, dont elle amoureuse depuis des lustres.
(Hernan la regarde avec ébahissement. Flora revient.)
Flora : Je t’ai très bien entendue, Daphné. Je ne suis pas amoureuse de Roméo. Ne vous inquiétez pas, Hernan.
(Elle attrape un chemisier qui traîne à terre et l’enfile.)
Flora : Je vais lui ouvrir. Si vous voulez vous rhabiller, faites vite…
(Elle sort de nouveau. Hernan et Daphné se précipitent sur leurs vêtements éparpillés et essaient de les passer en hâte. Bud reste presque nu et arbore un grand sourire.)
La voix de Flora : Salut. Qu’est-ce que tu veux ?
La voix de Roméo : Discuter cinq minutes. Je peux entrer ?
La voix de Flora : Je ne suis pas seule.
La voix de Roméo : Je m’en fous.
(Flora et Roméo entrent. Roméo, découvrant Daphné et Hernan qui achèvent de se rhabiller, et Bud qui le couve d’un regard confiant, s’étonne un instant de la scène.)
Daphné : Euh… salut.
Hernan : Bonjour, monsieur Roméo.
Roméo : Salut. Ne vous en faites pas pour moi, continuez comme si je n’étais pas là.
Bud : Okay, ça me va. Tu viens, Daph ?
(Il baisse son caleçon et exhibe son sexe légèrement gonflé.)
Roméo : Ah ouais ! C’est de plus en plus la classe, vos invités, les filles !
(Flora le regarde en soupirant. Daphné regarde Bud en soupirant. Hernan soupire.)
Flora (à Roméo) : Je t’écoute.
(Il prend une profonde inspiration.)
Roméo : Je viens de passer chez Adelya pour lui dire que ça ne pouvait pas coller entre nous.
Flora : Mais qu’est-ce que tu veux que ça me…
Roméo : Tais-toi, laisse-moi parler. Ça va faire trois semaines que j’ai quitté Juliette. Je me suis tapé plusieurs nanas entre-temps. Je me suis éclaté au pieu. Mais maintenant, j’en suis sûr, c’est avec toi que j’ai envie d’être.
(Un silence.)
Daphné : Ouh là… vous venez, les garçons, je vais vous montrer les chambres à l’étage…
(Elle attrape Bud par la main et Hernan par l’autre, et les entraîne vers une autre pièce. Ils sortent.)
Flora : Et qu’est-ce qui te fait croire que moi j’en ai envie ?
Roméo : Rien du tout. C’est justement ce que je suis venu te demander. Est-ce que tu éprouves encore quelque chose pour moi ?
(Flora soupire profondément.)
Flora : Et alors ? Si je te dis oui, on va baiser deux trois jours, et ensuite tu vas te tirer retrouver tes bobonnes. Non merci, je te l’ai déjà dit, j’en ai marre de ces plans-là.
Roméo : Et moi je te l’ai déjà dit : avec Juliette, c’est fini ! C’est mort ! C’est du passé ! J’ai pris un appart, je les ai quittées, pour de vrai !
Flora : Et donc, je dois t’accueillir en héros et me jeter dans tes bras ?
Roméo : Comme tu veux. Moi j’y ai réfléchi, et maintenant j’en suis sûr : je souhaite partager ma vie avec toi.
(Il fait volte-face et s’éloigne.)
Flora : Roméo ! Attends !
Roméo (se retournant) : Prends le temps de réfléchir, et si tu es d’accord, rejoins-moi ce soir au restau derrière la gare.
(Elle le regarde intensément.)
Roméo : La seule chose que je te demande, c’est de la confiance et de la fidélité.
Flora : Pfff ! Tu sais bien que c’est impossible !
Roméo : Bien sûr que si ! On baisera avec qui tu voudras, mais ensemble et à condition qu’on soit tous les deux d’accord.
(Flora soupire en secouant la tête de gauche à droite.)
Roméo : Prends le temps de réfléchir. Je serai au restau de la gare à huit heures.
(Il s’éloigne et sort. Un silence.)
Flora (hurlant) : Daphnééééé !
La voix de Daphné : Chhut, chut, ne crie pas…
(Daphné entre.)
Daphné : J’étais juste là. J’ai tout entendu.
Flora : Et les mecs, ils sont où ?
Daphné : Dans le bureau, je leur ai allumé un écran, ça les occupe.
Flora : Bon, alors, tu as entendu ?
Daphné : Ben oui. Ça y est, c’est parfait, ton plan s’est réalisé, il est venu se jeter à tes pieds. Tu n’as plus qu’à le cueillir…
Flora : Mais tu as entendu ce qu’il a dit ? De la confiance, de la fidélité… j’en suis bien incapable !
Daphné : Arrête un peu de dire des conneries ! Tu vas t’habituer ! Tu ne crois pas qu’il est temps que tu arrêtes de déconner avec ton cul ?
(Flora soupire.)
Daphné : Tu as surtout peur de t’engager, je crois.
(Flora la regarde avec appréhension.)
Daphné : Allez, va vite te préparer, fais-toi belle, emmène des affaires pour dormir. Je m’occupe des deux garçons.
Acte VI, scène 10
Dimanche 29, 19 h 50
Un restaurant
(Roméo, quelques clients, une serveuse)
(La grande salle de restauration est presque vide. Une douce musique d’ambiance se fait entendre. Dans un coin de la scène, Roméo est attablé, seul, à une table de deux personnes sur laquelle trône un énorme bouquet de fleurs. Plus loin, deux autres tables sont occupées. La serveuse va-et-vient entre les tables, et sort régulièrement, pour revenir l’instant d’après. Roméo consulte son téléphone toutes les quinze secondes. La serveuse s’approche de lui.)
La serveuse : Désirez-vous boire quelque chose en attendant votre amie ?
Roméo : Euh… je… non, je vous remercie, je vais attendre encore un peu.
La serveuse : Très bien. N’hésitez pas à m’appeler.
(Elle s’éloigne. Roméo regarde encore son téléphone. Celui-ci vibre. Roméo décroche en hâte.)
Roméo (au téléphone) : Ouais, salut Siriac. … Oui, je suis au restau, là. … J’sais pas, je l’attends, on verra. … Oui, je suis presque stressé. … Ben pour passer le temps, je suis allé lui chercher des fleurs. Tu peux même pas imaginer comme j’ai galéré pour trouver ça un dimanche soir ! … Ah, attends, je crois que c’est elle ! À plus !
(Il raccroche en hâte. Flora entre, resplendissante dans une élégante tenue de soirée qui met tout son corps en valeur. Elle n’a pas vu Roméo, caché derrière son bouquet de fleurs. Celui-ci s’agite, se recoiffe, vérifie sa chemise. La serveuse s’approche de Flora.)
La serveuse : Bonsoir madame. Vous êtes sans doute attendue.
Flora : Euh… oui, c’est possible.
La serveuse : Suivez-moi.
(La serveuse la conduit jusque vers la table de Roméo. Celui-ci se lève quand elle arrive, et elle lui saute presque au cou, manquant de renverser la serveuse, le bouquet et toute la table.)
La serveuse : Eh bien en voilà au moins qui sont heureux de se retrouver…
(Elle s’éloigne. Roméo et Flora s’embrassent longuement à pleine bouche en se serrant l’un contre l’autre. La serveuse se retourne pour les observer discrètement. Flora se frotte avec suggestion contre le corps de Roméo ; il caresse ses fesses.)
La serveuse : Euh…
(Elle s’approche du couple enlacé en toussotant bruyamment. Roméo a baissé les bretelles de la robe de Flora et masse désormais doucement sa poitrine.)
La serveuse : Messieurs dames ?
(Ils ne font pas du tout attention à elle et continuent de se peloter et se caresser à tout va. Flora ouvre le pantalon de Roméo.)
La serveuse : Eh oh !
(Roméo soulève la robe de Flora et, s’asseyant sur une table, l’attire contre lui. La serveuse s’éloigne en soupirant lourdement, puis déplace en hâte des paravents de séparation, et pousse deux gros bacs à plantes pour créer une sorte d’alcôve qui puisse dissimuler un peu le couple.)
La serveuse (irritée) : Bon, au moins, ne faites pas trop de bruit, hein !
(Elle s’éloigne et sort en soupirant une fois encore. Le volume de la musique d’ambiance est soudain fortement augmenté.)
Acte VI, scène 11
Dimanche 29, 20 h 10
L’appartement de Juliette
(Juliette, Éloïse)
(Les deux jeunes femmes sont assises dans le canapé, blotties l’une contre l’autre, et regardent la télévision. Juliette pâlit soudain, et se penche en avant en posant une main sur son ventre.)
Eloïse (se penchant vers Juliette) : Qu’est-ce qu’il y a ? Ça ne va pas ?
Juliette : Je ne sais pas, j’ai eu soudain comme une… comme un…
Eloïse : Un quoi ?
Juliette : Je ne sais pas, je ne me sens pas très bien.
(Un silence.)
Juliette (se forçant à sourire) : Mais ce n’est rien, ça va passer.
Eloïse (pâlissant à son tour) : Un pressentiment, c’est ça ?
Juliette : Tu… tu l’as senti, toi aussi ?
Acte VI, scène 12
Dimanche 29, 23 h 30
L’appartement de Roméo
(Personne)
(On entend s’ouvrir la porte d’entrée.)
La voix de Flora (amusée) : Mais je ne suis pas sûre qu’on nous y accepte à nouveau, à mon avis, on est sur la liste noire, maintenant…
La voix de Roméo : Bah avec les pourboires que je leur ai tous laissés, j’espère bien que non !
(Ils entrent. Roméo porte l’immense bouquet de fleurs, et va le déposer sur la table.)
Flora (d’une voix sensuelle) : Hmm… c’est sympa chez toi.
Roméo : C’est un peu… spartiate, peut-être…
Flora (souriant) : Disons que ça manque un peu de déco, mais bon… tu ne vas peut-être pas y rester bien longtemps…
(Roméo la regarde passionnément.)
Flora : Tu viens t’installer chez moi ?
Roméo : Pourquoi pas…
(Ils s’embrassent.)
Flora : Et qu’est-ce qu’on fait pour nos stagiaires ?
Roméo : Espérons qu’ils se plaisent mutuellement…
(Flora rigole.)
Roméo : Tu viens ? Je te montre ma douche ?
(Il lui prend la main. Ils sortent vers la salle de bains.)
Fin