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Temps de lecture estimé : 28 mn
13/04/20
corrigé 05/06/21
Résumé:  Enquêtant sur les « disparitions » annuelles de Raissa, je remonte sa piste jusqu'à un hôtel de plage où elle a déjà logé. Pour passer inaperçu, je me transforme en Milly.
Critères:  #policier plage hotel lingerie hféminisé travesti fellation hsodo
Auteur : Samir Erwan            Envoi mini-message

Série : Jalousie et meurtrière

Chapitre 02 / 05
Le voyage de Milly

Avertissement de l’auteur :


Ce texte est peut-être complexe au niveau de la forme : beaucoup de flash-back pour l’intrigue, plusieurs références aux séries « 1000fleurs » et « Secret de mission ».


Certes, « Jalousie et meurtrière » peut se lire indépendamment des autres récits mis en série, mais si le lecteur souhaite tout comprendre, je lui conseille de commencer sa lecture par « 1000fleur » puis de continuer avec « Secret de mission » avant de lire celui-ci. Mais le lecteur fait ce qu’il veut.


Ce texte, on peut le prendre comme la continuité d’un roman. C’est donc le troisième récit d’un trio de personnage : Raïssa, une étudiante en Science Po qui s’est fait recruter par un Service de renseignements, Charlène, membre de ce Service et accessoirement, transgenre et puis le narrateur, sans nom, sinon celui de Milly lorsqu’il se travestit.


Seulement, si vous n’avez pas lu « 1000fleurs » et « Secrets de missions », je vous y invite.




_____________________________________




Résumé de l’épisode précédent : « On a tous quelque chose à cacher »


Charlène, Raïssa et moi sommes agents du même Service de renseignement. Mais le Service a des doutes sur Raïssa : elle ne cesse de disparaître des écrans radars, chaque année. Charlène et moi enquêtons sur sa vie, ses actions, ses éclats. J’ai rencontré un ancien amant de Raïssa qui m’a donné quelques indices. J’ai aussi ravivé quelques souvenirs.



***




8 • Jour GB - 1 année et 50 semaines


Chaleur, rhum, belles femmes, grands hôtels et paradis fiscal, je me suis logé à la même enseigne que mon ancienne agente, à l’ombre des palmiers et avec vue sur la plage.


En premier, à l’aéroport, puis en taxi en direction de l’hôtel, enfin dans le hall, devant le réceptionniste, j’ai remarqué un amateur tentant de me filer. J’ai joué le jeu de l’espion en congé, ignorant chaque issue de sortie, chaque particularité des individus croisés, les regards dérobés et les journaux qui se lèvent devant les yeux. J’ai joué le jeu : j’ai remercié le réceptionniste à voix haute et suis monté dans ma chambre. Le Service avait-il véritablement un Département existant pour filer les espions en goguette ?


Je suis ressorti après m’être douché, j’ai pris un copieux repas de langoustes, puis j’ai continué la soirée en bavardant avec des inconnus au bar de l’hôtel. Le stagiaire du Service n’était jamais bien loin, je l’ai ignoré. Il portait, sur son visage de touriste anonyme, l’assurance de ne pas avoir été repéré et je riais sous cape. Sans qu’il aperçoive mon stratagème, j’ai sorti mon téléphone et l’ai pris en photo deux fois.


Un peu saoul, j’ai marché le long de la plage, sous la lune, avec le battant des vagues. Les passants étaient beaux, sans complexe, ils s’embrassaient, romantiques dans la nuit du sud. Depuis mon arrivée, parmi les touristes ou les locaux, il semblait y avoir peu de préjugés envers les autres. On s’en foutait plutôt, des autres : chacun était là pour son bon plaisir et il n’y avait pas de suspicion paranoïaque comme nous pouvons en vivre dans certaines villes.


Je suis retourné au bar, l’apprenant du Service sur mes pas. J’ai tapé la causette avec des groupes de femmes, des copines voulant faire la fiesta, des gamines en fleur, des Jamila possibles en devenir. J’ai souri d’un sourire carnassier, j’aurais pu choper, c’était les vacances après tout. J’ai attendu que le jeune sycophante du Service parte pisser pour m’éclipser. Sans demoiselle à mon bras. J’ai une mission à accomplir !


J’ai dormi, me suis réveillé aux aurores. Le bruit des vagues m’a fait du bien, les trémolos d’oiseaux que je ne connaissais pas aussi. Les photos du stagiaire des Affaires internes, prises à son insu, je les ai envoyés à Charlène pour qu’elle recherche son affectation. Puis, me suis douché, rasé, épilé. Me suis douché de nouveau, utilisant des savons naturels pour rafraîchir mes cheveux. Je les ai peignés droit, ils tombaient à mon cou, je pouvais me coiffer désormais, leur donner une forme, je me suis beaucoup entraîné ces derniers temps, j’ai commencé à apprécier.


Jouer Milly. Y aller à fond. Un peu de fond de teint, peu de maquillage, surtout sur les yeux, me donner des ailes en soulignant mon regard, l’eye-liner était idéal. Je devenais habile en appliquant une petite cuillère sur ma paupière fermée pour structurer la forme de mon œil avec du fard sombre, j’étais même capable d’allonger mes cils avec cette même cuillère !


Puis, mon plaisir, m’habiller. Une petite culotte noire, lacée sur les côtés, puis un soutien-gorge push-up, que j’avais préalablement rembourré. Pour cette sortie, j’ai opté pour un pantalon noir, stretch, le cuir sublimait mes jambes et restait confortable. Une simple blouse à manches longues, quelque peu serrée complétait ma tenue. J’ai rajouté deux longs colliers, des boucles d’oreille à clip, je me suis regardé dans le miroir : Milly était belle. J’étais méconnaissable. Je suis sortie.


J’ai marché d’un pas décidé dans le couloir pour emprunter l’escalier. J’y ai croisé le néophyte du Service montant les marches. Mais j’avais relevé qu’il devait attendre dans le couloir et qu’il s’était brusquement caché dans l’escalier quand Milly est sortie. Alors que j’abordais la descente, il s’est retourné et a feint de grimper l’escalier. Une recrue pas très subtile. Milly lui a fait un sourire charmeur, il était troublé, je l’ai ignoré par la suite.


Dans le hall de l’hôtel où Raïssa avait logé lors de ces dernières vacances – était-elle toujours ici lors de son éclipse ? –, j’ai remarqué la présence de Tony, le réceptionniste. Dans les dossiers que nous avions creusés, Charlène et moi, Tony travaillait durant les jours de farniente de Raïssa. Son nom revenait souvent dans les dossiers comme étant un informateur, un complice de la pègre, un organisateur de soirée. Je me suis approché de lui, Milly dans sa splendeur, racoleuse et souriante. Je me suis appuyé de côté sur le bureau de réception, pour que Tony remarque mes courbes, et je l’ai salué :



J’ai sorti mon téléphone et ouvert la galerie photo. J’ai fait glisser certaines photos d’un doigt agile et j’ai retourné le téléphone, face à Tony, pour lui faire voir un portrait de Raïssa.



Après l’avoir regardé, Tony a toussé dans son poing et a baissé les yeux :



Je souriais de mon charme androgyne, je savais Tony le réceptionniste impliqué dans des affaires de mœurs : il pouvait indiquer à certains de ces acolytes l’arrivée de touristes riches en mal de sensation du sud.



Je suis parti, certain qu’il reluquerait mes fesses.


Charlène m’avait donné des renseignements sur les agissements de Tony en ville. J’avais prévu de récolter des informations autour de lui, avant de le confronter directement.


Il n’était pas facile de retrouver des informations vieilles d’un an, dans un lieu empli de gens de passage, prêts à faire la fête. Et je ne voulais pas non plus attirer l’attention ni sur moi ni sur Raïssa en dévoilant sa photo à tout le monde. J’ai pris mon temps, me baladant en ville, questionnant les locaux sur les habitudes du monde interlope, me faisant draguer comme c’en était outrageant. Ailleurs que dans mon pays, me sachant en sécurité, je prenais plaisir à devenir Milly en public, à jouer la femme, à tenter de charmer ou à sourire quand un homme le tentait.


Après deux-trois jours de recherche d’infos sur les milieux criminels ou non, ma personnalité mieux ancrée en Milly chaque jour, j’en suis arrivé à la conclusion qu’être femme, se mettant en valeur ou non, était laborieux et complexe. Surtout dans un pays machiste, où l’égalité des sexes n’est pas encore acquise. Mais d’ailleurs, l’est-elle dans un quelconque pays ? Toutefois, côtoyant certains cafés où aucun touriste ne mettait les pieds, fréquentés par les balafrés tatoués, je me suis procuré un flingue. On m’y a fait du rentre-dedans : « tu pourrais avoir une réduction de 50 % si tu le souhaites… ? » J’ai payé la totalité.


Après ces jours de collecte d’information sur la contrebande ayant lieu au port de la ville où Tony semblait poser ses guêtres après son quart à l’hôtel, les marchés clandestins dans les ruelles sombres, les ventes de substances prohibées, ou les clubs privés de prostitution, je rentrais à l’hôtel. Je savais quand le dénommé Tony travaillait, et était capable de ne pas me faire voir par lui. Ou le contraire. Tony avait dû me chercher dans les répertoires, ne pas trouver cette femme mince, athlétique, aux cheveux mi-longs, et se questionner. Je pouvais me faufiler, me rendre à ma chambre sans me faire voir. Une fois seulement, j’ai surpris la recrue du Service sur le palier. Il devait s’emmerder pour cette mission, ce jeune agent ! Milly a dû faire semblant de toquer à ma porte tandis qu’en cachette, je faisais glisser la carte pour déverrouiller. Milly s’est exclamée d’une salutation, je me suis laissé entrer…


Charlène m’avait donné des renseignements à propos du novice du Service qui tentait de me suivre à la trace. Nicolas, s’appelait-il. Il venait d’être recruté et avait été mis à disposition de l’équipe de Raïssa, qui enquêtait sur MoonWar. Ainsi, Charlène avait-elle analysé : il n’était pas tant ici pour les Affaires internes, mais pour la poursuite de l’enquête de terrain sur MoonWar. J’avais répliqué à Charlène par texto crypté : « Des infos sur le clan, ici ? » Elle a répondu par la négative. Mais comment en être certain ? En tant qu’agent analyste, Charlène ne pouvait avoir toutes les informations. Je devais rester sur mes gardes.


La nuit, je ressortais en homme, les cheveux coiffés en samouraï, pour aller boire des coups au bar de l’hôtel. Si l’agent des Affaires internes me suivait en double mission – pour MoonWar, et pour moi – il ferait son rapport comme suit : la cible – moi – ne sortait que le soir, mais recevait une femme à l’occasion, toujours la même – moi.


Je me suis questionné : si Nicolas, le jeune espion, n’avait pas été là, est-ce que Milly aurait agi différemment ? Il me venait parfois des envies de me faire baiser dans les toilettes du bar, de me faire prendre la bouche. Milly la passive aurait pu jouer l’aguicheuse, celle qui veut du sexe, et elle l’aurait eu sans difficulté. Je me suis questionné sur mon orientation sexuelle. Vêtu en Milly, je concédais vouloir des hommes. Jamais quand je n’étais pas Milly. Et Charlène alors ? J’évacuais ces questions, je vivais bien ainsi.


La mission que je m’étais donnée en passant mes congés à cet hôtel que Raïssa avait habité était de trouver pourquoi Raïssa était venue ici, qu’est-ce que Tony y faisait de louche, quelles étaient les plates-formes du crime ? Les premiers jours, Milly a enquêté, moi j’ai bu. Et le soir, bien que j’aurais pu ramener une gamine voulant faire la fête – Wahooooouuu ! – dans ma chambre, je sortais sur la plage.


Un soir, au soleil couchant, hésitant entre mes deux personnalités, un frisson m’a envahi. Une suite de souvenirs m’a soudainement assailli. Mon cœur a voulu sortir de mon thorax, mes doigts se sont mis à trembler. J’ai cru mourir. Mais ce n’était qu’un souvenir intense qu’on découvre en coulisse. Une forme d’épiphanie qui m’a aidé à réussir cette mission au long cours… Un souvenir de coulisse révélateur…




9 •


J’ai pris une décision. J’avais deux cibles prioritaires : le jeune agent, pour mieux connaître les intentions de MoonWar et Tony, le réceptionniste de l’hôtel et correspondant de Raïssa.

Au matin, je suis descendu à la réception, mal fagoté en homme, les cheveux en samouraï. J’ai pris le petit déjeuner avant d’aller voir Tony, assidu derrière son comptoir. J’ai fait celui qui avait la gueule de bois et qui cherche des complices dans le vice en m’accoudant devant lui comme s’il était barman. J’ai ronchonné et me suis passé la main sur le visage, m’étirant les traits que je voulais fatigués. J’ai réussi le rôle, car Tony a débuté la discussion :



Tony était tombé dans le panneau et avait ouvert la porte que j’étais prêt à défoncer.



Tony a répondu à un client, s’est installé derrière son ordinateur et je maugréais ma mauvaise passe encore accoudé au comptoir, la main dans les cheveux. J’ai soupiré et Tony est revenu vers moi :



Je faisais semblant d’être enragé et triste, un connard qui cherche à être entouré de copains-connards comme lui, à boire de la bière et à se taper du poing sur le torse nu. De ceux qui cherchent du tourisme sexuel, ou écouter du foot en beuglant. Tony et moi sommes restés silencieux quelques secondes, puis il a soupiré avant de se retourner vers moi :



Je l’ai écouté, intéressé :



Je me suis redressé, de plus en plus curieux : le rôle que je jouais et l’espion en moi.



Il m’a donné une carte de visite, teintée de fioritures en argent, avec une adresse web complexe. À l’endos, il était inscrit : « The Onion Router ». Voyant que je lisais oignon, Tony m’a souri et m’a pointé le mot :



Je lui ai serré la main et suis parti dans ma chambre. Le temps de prendre en photo les deux côtés de la carte, de les envoyer à Charlène, d’attendre une réponse en prenant une douche chaude, en appliquant partout sur mon corps une lotion parfumée, j’ai cherché sur le Net certains liens proposés par « The Onion Router » et le site de la carte. Le soleil se couchait déjà et les oiseaux dansaient une farandole.


Charlène n’avait toujours pas répondu à ma demande d’informations et je n’avais pas trouvé grand-chose, sinon le lien pour télécharger TOR, le navigateur nous permettant de rester anonyme en ligne, caché sous de multiples couches de cryptage. Nous pouvions nous inscrire aux soirées organisées quelques fois dans cet hôtel en fréquentant le deepweb.


Le soleil irradiait d’orange la mer et je devenais expert dans l’art de me transformer. J’ai toujours eu une taille fine, j’ai toujours été de petit gabarit. Mon « travers » de travestissement s’était transfiguré. Je faisais plus que me vêtir de lingerie, j’étais – et je suis toujours – capable de devenir femme… Ainsi, en attendant une réponse informatique de ma collègue analyste, je m’étais mué en Milly. Sans m’en rendre compte. Je suis donc sorti ainsi.


Tony était encore de service, comme s’il travaillait toujours. Nicolas, le jeune agent des Affaires internes était présent, lui aussi. La soirée commençait bien, mes cibles étaient repérées.

Je me suis simplement installé au bar, ai croisé les jambes, ai commandé un mojito comme Jamila le faisait, il y a fort longtemps. Milly suçotait la paille en regardant la salle d’un air distraite, appréciant l’ambiance reggae et baba cool.


Il y avait de tout parmi les clients dans la salle intérieure : des familles de touristes avec de jeunes enfants, assis sur des banquettes dans le coin restaurant ; des groupes de jeunes qui picolaient joyeusement autour des tables rondes ; des couples qui se chuchotaient des secrets. Sur la terrasse, allaient et venaient d’autres couples, ceux-ci en maillot de bain, qui revenaient de la plage à vingt mètres de là, des bandes joyeuses qui s’essayaient aux shots de rhum.


Le soleil se couchait sur la mer toute calme du lagon, plusieurs voyageurs prenaient en photo la boule orange ou eux-mêmes en selfie. Ils posteraient cette photo de magic hour sur les médias sociaux pour faire rager leurs copains-copines encore coincés dans le trafic urbain.


Je m’en fichais de tout cela. J’avais repéré Nicolas, l’agent qui semblait avoir une double mission dans cet hôtel de bord de mer. La première, selon Charlène : enquêter sur les ramifications du clan MoonWar. La seconde : me prendre en filature. Travesti en Milly, Nicolas ignorait complètement ma présence. Et pourtant ! Une seule fois nos yeux se sont croisés, je me suis surpris à sucer un glaçon du mojito. Il a reconnu la femme qu’il avait croisée dans le couloir de l’hôtel et qui lui avait fait un sourire charmeur. Il a dévié le regard. Milly a feint de l’ignorer par la suite. Moi, je ne le perdais pas du regard.


Avec le jeu des miroirs du bar, je pouvais l’épier du coin de l’œil : à plusieurs reprises, ses yeux sont revenus sur mes jambes fines et musclées, croisées, ma jupe m’arrivant à mi-cuisse. Mais ce n’était pas Milly qu’il tentait de surveiller. Milly était un trouble dans sa concentration et dans son guet. Car il était en mission, le Nico, payé par notre gouvernement. Et Milly lui faisait perdre une partie de sa vigilance.


Ce qui m’intéressait, c’était surtout la ou les personnes que l’apprenti-espion pistait. J’ai profité de l’intervention d’un homme d’âge mûr à la barbe poivre et sel fournie, pour remarquer enfin les deux individus que Nicolas talonnait. Bien habillé en vacancier chic, polo de luxe et pantalon bien coupé, l’homme s’est accoudé à mes côtés et m’a souri avant de se retourner vers le barman. J’ai joué la Milly hautaine, je tentais de me focaliser sur les deux hommes que Nico ne voulait perdre de vue.



Ce nouveau venu me cachait de ma cible finale, les deux hommes observés par l’agent. Mais sa présence était bienvenue, j’étais aussi caché d’eux. Et pour ne pas les perdre de visu, je pouvais jouer le rôle de la femme qui néglige le regard des dragueurs d’hôtel.



Tandis que j’observais les deux hommes de MoonWar – ils avaient commandé des cocktails, plusieurs verres jonchaient déjà leur table, et ils reluquaient les femmes en maillot se dirigeant vers la plage –, Milly a tendu une main fine et indifférente. Thomas lui a fait un baisemain avec des lèvres chaudes, fermes et mouillées : je l’ai regardé. Il avait un beau sourire, un espoir dans les yeux. Sa barbe poivre et sel le rendait narquois, séduisant, je lui ai donc souri et lui ai dit mon nom. Nous parlions français tous les deux, deux touristes à un bar de plage. Nous avons conversé :



Je répondais en m’inventant effrontément une légende – il faudra que je me l’écrive et garde cette légende pour Milly ! pourquoi n’y ai-je jamais pensé !



Ça y était, je me fourvoyais, c’était la légende que nous avions montée, Charlène et moi, pour Simon, son connard de copain ! Mais le Thomas était intéressé, aussi ai-je continué à jouer dans cette scène, tout en feignant ignorer certains de ses regards, tentant de surveiller les deux hommes de MoonWar qu’espionnait Nico l’apprenti-espion.


Thomas avait une bonne conversation, rebondissait sur mes dires, questionnait, s’intéressait, m’a raconté sa vie, sa retraite anticipée, son désir de vivre sur la mer, son bateau accosté au port, son besoin, après quelques jours en mer, d’être sur le plancher des vaches, de dormir dans un vrai lit.

Je tentais aussi, le plus possible, de faire de Milly quelqu’une d’intéressante, de mystérieuse,



Je lui souriais, il a payé à boire à Milly. Quelques fois, Thomas repoussait une mèche de mon oreille, je faisais la coquette. Nous avons causé pendant plus d’une heure agrémentée de ti-punch, mais je n’ai jamais perdu du regard les deux lascars de la lune de guerre ni l’espion qui pensait ne pas être vu.


Puis les deux hommes du clan – baraqués, en t-shirt blanc, sans cheveux sur le crâne sans être vieux – se sont levés. Tout juste avant, Tony le réceptionniste était venu leur chuchoter à l’oreille, avant de repartir. Il devait y avoir une liste d’attente sur ces soirées organisées ! Milly écoutait toujours Thomas discourir, hochant la tête, compréhensive et belle. Sauf qu’il me fallait partir ! Milly a apposé sa main douce sur la sienne, en souriant :



Il a tenté de me retenir, a tenté de me dire qu’il m’appréciait, qu’il avait adoré discuter avec moi, que nous avions tant de sujets en commun. Les deux gars de MoonWar se retiraient du bar de l’hôtel, l’apprenti-espion se levait pour les suivre. Je me suis dressé aussi, entre les jambes de Thomas, assis sur le tabouret du bar. Je l’ai embrassé sur une joue en lui chuchotant « à bientôt ». Thomas m’a regardé de ses grands yeux et m’a informé du numéro de sa chambre :



Tony le réceptionniste, et organisateur de bon temps avec certains clients triés selon des critères que je ne connaissais pas, s’était évaporé dans la salle réservée au personnel. Je m’en fichais, je me suis mis à filer l’espion de mon Service qui suivait les deux hommes.


Dans le grand hall de la réception, les deux lascars ont appuyé sur le bouton pour faire venir l’ascenseur. Nicolas a fait semblant de lire un magazine dans une boutique de souvenirs. Je ne l’ai pas regardé et ai continué à marcher la tête haute, fière, altière. Je sais qu’il m’a vu. Mes pas résonnaient dans le hall. Les portes de l’ascenseur se sont ouvertes, je me suis faufilé derrière les deux hommes de MoonWar et me suis retourné pour ne pas leur faire face, alors que les portes se refermaient sans bruit. L’un des deux hommes avait appuyé sur un numéro d’étage, j’ai insisté du doigt sur le même étage.


Silence dans la cabine, sinon le ronronnement machinal. Un temps extrêmement long, dos à eux, travesti en belle femme, petite aux cheveux mi-longs, en mini-jupe sans talon. Je sentais leurs regards sur moi, sur mes épaules, dans mon dos, un regard qui tâtait, qui palpait. J’ai peut-être fait une erreur en entrant dans le même ascenseur que mes cibles, mais il me fallait connaître leur étage, leur chambre. Peut-être aurais-je pu obtenir l’information par Tony ? Ça aurait éveillé les soupçons.


Mais ces regards derrière moi. Qui longent ma croupe, mon échine. Quatre yeux, quatre mains qui suivent les courbes de mon corps, qui pressent les épaules, mes fesses, qui s’engouffrent dans mes cheveux, qui serrent. Qui les tirent soudainement. Je suis prise au piège dans cet ascenseur et quatre yeux, quatre mains m’emprisonnent, me poussent contre le mur, moi qui crie, surprise, ma jupe est relevée, un nez près de mon oreille, une haleine, une main qui fouille sous ma culotte, moi qui me débats, qui tente de s’en sortir, mais je suis mise à l’ombre, isolée, les bras dans le dos, un bassin contre mes fesses, et des rires, des rires, des rires, je ne peux plus rien faire, et des rires…


Le tintement de la sonnette de l’ascenseur a soudainement résonné, les portes se sont ouvertes, je me suis précipité pour sortir, sans jeter un coup d’œil. J’ai pris à gauche dans le couloir, espérant que les deux hommes prennent à droite. J’ai respiré, fermé les yeux, puis ai rapidement regardé. Soudain soulagement, les deux lascars baraqués glissaient leur carte pour entrer dans une chambre.


Un peu plus loin, un couple d’âge moyen, style professeurs d’école en vacances dans le sud, sortait d’une autre chambre. J’ai attendu que le duo de MoonWar entre dans leur piaule pour me retourner, pour ensuite croiser le couple attendant l’ascenseur. J’ai repéré le numéro de la chambre de mes cibles, puis ai continué dans ma marche féminine dans le couloir.


Tintement sonore de l’ascenseur, bref regard en arrière. Le couple a laissé sortir Nicolas, l’espion en retard, avant de s’y engouffrer. Devant la porte de chambre qu’occupait le couple, j’ai toqué, espérant qu’aucune autre personne n’y loge. Attente. Pas de réponse. J’ai toqué de nouveau. Rien. Nicolas était là, à me regarder, sans trop savoir quoi faire d’autre dans ce couloir vide. Je lui ai souri, et tranquillement, me suis avancé vers lui :



Les yeux de Nicolas se sont agrandis, hagards, cherchant un repère quelque part :



J’étais tout près de lui, ai soudainement aimé jouer avec lui, avec son stress, avec son inquiétude. Je connaissais le métier qu’il pratiquait, on se devait d’être toujours sur le qui-vive, ne jamais se faire surprendre, posséder deux ou trois coups d’avance : Nicolas ne les avait pas, ces coups, et Milly menait la danse. Rétablissant le col retourné de sa chemise, mes doigts touchant son cou, je lui ai souri, aguicheuse :



Nicolas a respiré un bon coup, a repris ses esprits, m’a regardé avec des yeux durs :



Je savais bien ce qu’il faisait, je m’amusais. Et c’était la première fois que Milly se la jouait aussi entreprenante, avec sa voix rauque, ses quelques poses suggestives, ses moues, ses sourires et ses yeux brillants. Première fois que je prenais autant de plaisir à jouer une femme, à être véritablement dans un rôle de drague. Parce que je voulais des informations : quelles missions Nico avait-il ? S’il enquêtait sur moi en partie, il ignorait complètement que Milly et moi étions un.


Sa gestuelle était empêtrée, il ne savait où se mettre, se grattait l’oreille, regardait au fond du couloir, et Milly avançait pas à pas vers lui, l’acculant au mur, ses lèvres près des siennes. Nicolas l’espion était plus grand que moi, je levais ma tête pour braquer mon regard dans ses yeux, je me suis surpris à remarquer ma main sur son torse, le caressant doucement :



Il a hoché la tête, nerveux, puis le bruit de l’ascenseur arrivant à l’étage a retenti. Les portes se sont ouvertes. J’ai reculé de deux pas, toujours en regardant Nicolas dos au mur, me suis retourné et j’ai mis le pied dans l’ascenseur :





10 •


Debout près du sofa de sa chambre d’hôtel, Nicolas reboutonnait son pantalon rapidement, toujours aussi gauche :



À genoux devant ce même sofa, Milly le regardait, amusée, s’essuyant les lèvres du revers de la main :



Milly a éclaté de rire en se levant. Moi je riais pour autre chose : le gentil Nico venait de faire le rapprochement avec moi – moi, homme, membre du Service de renseignement, sur lequel il enquêtait – il venait de me rendre cocu. Ou plutôt, je venais moi-même de me rendre cocue, en tant que Milly.



Nicolas hésitait à me regarder, Milly était pourtant toujours habillée.



Je me suis avancée vers lui, ai caressé ses cheveux, aimante, chaleureuse :



Il s’est replié vers la salle de bain, puis s’y est engouffré :



Le moment que j’attendais.


En entrant dans la chambre, Milly avait remarqué l’ordinateur sur la table de travail, avait aperçu les dossiers papier dans une valise de voyage ouverte, à travers des effets personnels. Milly avait joué son rôle, souriait d’être invitée dans la chambre d’hôtel d’un inconnu, avait continué la diversion en conviant Nicolas à s’asseoir sur le sofa, tout en langueur et en caresses subtiles.


Une petite angoisse avait traversé mon esprit : mais qu’est-ce que je foutais là ?


Mais Milly est redevenue maîtresse de la situation, face à un mignon Nicolas qui se laissait aller, toutes barrières apprises à mettre en place lors des formations du Service déjà détruites. Je me suis souvenu ce que j’avais écrit dans une nouvelle, Christine Panama, pour renforcer ma légende d’écrivaillon lors de la mission « 1000fleurs ». Et Milly s’est appliquée.


Elle a libéré le sexe de Nicolas tout doucement, avec des effleurements au-dessus du pantalon auparavant. Milly a observé ce sexe dur, le touchant du bout des doigts, faisant glisser ses index sur les côtés, ses pouces pressant l’urètre. Milly le masturbait bien, Nicolas gémissait d’avance. Elle a fait coulisser le prépuce de son amant, étudiant son pénis comme une idole, assise sur ses talons comme si elle priait, les deux mains jouant avec la verge tendue.


Puis, j’ai fermé les yeux. Milly a penché la tête, a léché les couilles offertes, a fait voyager sa langue tout le long de son membre pour ensuite englober le gland. La sensation de la bouche chaude de Milly a fait empêcher de respirer Nicolas. Elle a caressé ses couilles d’une main tandis qu’elle apprivoisait son sexe, flirtant avec sa longueur, sa grosseur, son goût, son odeur.


Toujours les yeux clos, ma langue filait sur la peau fine. Après avoir amadoué le pénis de Nicolas, je me suis dit : Allez ! et Milly l’a étreint en entier d’une douce pression, en coulissant ses lèvres de haut en bas de son membre, et Nicolas a soufflé d’un râle. Il aurait pu venir ainsi, rapidement, dans mon palais. Je sentais toute son énergie sucée par ma bouche.


Dans l’histoire sur le Panama, Christine se lève par la suite, en délaissant le sexe après un petit coup de langue sur le gland. Elle va chercher de l’huile, enduit le sexe du narrateur, puis s’empale par-derrière, et les deux personnages dansent dans une luxure de sodomite.


Mais Milly n’a pas envie de suivre le rythme de Christine. Elle a continué d’offrir cette fellation à Nicolas, de jouer avec les testicules, de pomper avidement ce sexe bien raide et en manque. Car cette relation n’a pas duré longtemps. Nicolas s’est crispé, Milly lui a souri, sexe en bouche, et son éjaculation a explosé en moi. J’ai été surpris, Milly a poursuivi ses efforts d’aspiration jusqu’à la dernière goutte.

Puis, Nicolas, le piètre espion, s’est dissimulé dans la salle de bain, porte fermée : le moment !


J’ai bondi vers la valise de voyage ouverte, ai sorti les documents et téléphone en main, sans rien lire, ai photographié des pages de rapport, des photos, des notes de service, en tendant l’oreille. Nicolas prenait une douche ? Ça me donnait du temps ! J’ai continué à photographier des pages et des pages, ai louché vers l’ordinateur avant de me dire : Trop risqué ! J’ai bien pris en photo les trois quarts des documents, à l’aveugle, on rectifiera le tout à l’ordi et à l’analyse plus tard, avant de tout replacer dans la valise.


J’ai cassé une cigarette en deux, laissant le bout sans filtre dans mon sac, pour ensuite l’allumer et faire croire que j’attendais. Me suis assise, les jambes croisées, femme patiente. Nicolas est sorti de la salle de bain, habillé comme il l’était avant d’y pénétrer. Je me suis demandé comment aurais-je réagi s’il était sorti nu, ou la serviette autour de la taille. il semblait inquiet :



J’ai écrasé la cigarette dans le cendrier et me suis levé, lissant ma jupe :



Me suis avancé vers lui, il n’a pas bronché, je l’ai embrassé rapidement sur la bouche avant de quitter sa chambre, le laissant subjugué et conquis sur son propre territoire.


Prenant l’ascenseur pour retourner à mon étage, je me suis imaginé l’espion en mission, soudainement effaré de voir ses documents secrets, dans une valise de voyage ouverte, présentés librement à une inconnue de passage. Milly devra faire attention. Si Nicolas ressassait ces souvenirs plus tard, je n’espérais qu’une chose : qu’il se dise : Cette femme était une suceuse hors pair !

Moi, je n’avais pas terminé ma nuit.




11 • Jour GB - 1 année et 50 semaine


Je me suis désapé de ma tenue féminine puis me suis brossé les dents, nu. Me suis démaquillé avant de me doucher. C’était le temps de la transformation, je remettais un attirail de guerrier, mais il fallait bien admettre que la fellation prodiguée par Milly m’avait bien émoustillé. Je ne me connaissais pas ainsi. La nuit au Felipa était une exception. Je ne me suis pas masturbé dans la douche, je souhaitais garder toutes mes forces et n’avais pas le temps, de toute manière.


J’ai rapidement regardé les photos des documents du collègue-espion. J’ai remarqué des photos d’identité, des hommes que j’avais déjà vus dans les dossiers de Charlène, des noms, des adresses, dont celle de la maison près du fleuve, que j’avais infiltrée avant de partir en vacance-mission-voyage. Je venais de rafler les éléments de l’enquête que Nicolas menait sur le clan MoonWar. Il était membre de l’équipe de Raïssa. J’ai compressé toutes ces images dans un dossier et les ai envoyées, cryptées, à Charlène l’analyste.


J’ai continué à fureter et suis tombé sur des annexes : des notes exclusives sur Raïssa, des photos aussi, prises de loin par une équipe en filature. On voyait Raïssa scruter l’environnement, une arme à la main, certaine de ne pas être vue. Dans la légende de la photo, une adresse, un nom appartenant à MoonWar, puis, page suivante, des photos d’hommes morts, assassinés, appartenant tous au clan. Dans la note, un doute : « Notre agent aurait-elle pris des initiatives sans accord ? »


Raïssa, tueuse du clan ?


Je me suis habillé en noir, jean, gilet moulant, chaussure. Dans un sac de sport, noir aussi, le flingue acheté par Milly, du linge de rechange. J’ai posé une chemise hawaïenne entre les anses du sac. Sous la chemise, une cagoule. Il était presque minuit.


J’ai pris l’ascenseur, en suis sorti à l’étage des deux lascars de MoonWar. Je n’ai croisé personne. Dans le couloir, j’ai enfilé la cagoule, ai sorti le Glock. Toujours personne. Ai compté un, deux, trois, ai défoncé la porte à « quatre » sans l’avoir compté. Toutes les chambres de cet hôtel du sud sont semblables. Me suis retrouvé rapidement près du lit : les deux lascars de MoonWar étaient balèzes ! Musclés, puissants, larges. Une jeune femme, la vingtaine peut-être, avec une belle peau de bronze, des cheveux noirs, se faisait prendre sauvagement avant que je n’intervienne. Elle a crié la première, expédiant la bite bien ferme hors de sa bouche. Le deuxième tournait son visage vers moi, un rictus de jouissance sur tout le visage avant que je ne le frappe au crâne de la crosse. J’ai pointé l‘arme vers l’autre et ai dit à la femme :



Elle a fui du lit en choppant une robe, une serviette ou une chemise, je n’ai jamais su et elle m’a demandé :



Elle était belle, jeune, cheveux frisés, se faisait défoncer par deux connards, allait être payée pour ça, n’aurait donc pas son pourcentage, Carlos imposant son prix. Mais qui était Carlos ? Je demanderai à Tony si j’ai le temps. La jeune femme était déjà partie que l’homme frappé se relevait doucement, gémissant, à poil, du sang plein le front. Je les tenais en joue :



Mon ton était directif, les gars l’ont senti, j’ai vu leurs yeux s’ouvrir quand j’ai prononcé le nom de leur clan. Mais ils n’ont rien dit. J’étais impatient :



C’était vrai, je n’avais pas le temps, la fille n’était pas prévue dans le plan, elle pouvait alerter tout l’hôtel et j’avais défoncé la porte, ça ne passerait pas inaperçu. Mais le duo de MoonWar restait stoïque, malgré leur nudité. Celui que j’avais frappé lorgnait son linge par terre, un coup d’œil m’y a fait entrevoir une arme.



Les deux gars ne répondaient toujours pas, ils se sont regardés rapidement, complices, les lèvres hermétiques. Je sentais que celui dont la gueule pissait le sang tenterait un mouvement vers son arme, par terre. Je venais de prendre une décision, les deux gars ne survivraient pas.

J’ai sorti mon téléphone et ai montré une photo de Raïssa, la même que Milly avait montrée à Tony :



Les visages des deux lascars se sont durcis en voyant la photo de mon agente, comme s’ils étaient jumeaux. En même temps, en deux secondes, la rage surgit toujours dans ces moments de climax :



L’homme en sang s’est précipité vers son pistolet, perdu dans son linge par terre. L’autre a tenté de se cacher derrière le lit. J’ai tiré une fois, ai vu du sang éclabousser le mur, ai tourné mon arme vers l’autre qui tenait déjà la sienne, j’ai fait feu de nouveau et sa cervelle a aspergé le téléviseur derrière lui. J’ai vérifié s’ils étaient morts du bout du pied, j’ai rangé le Glock, ai vu un ordinateur portable sur une table basse, je l’ai chopé et suis parti. Cagoule enlevée, chemise fleurie vêtue, ordi dans le sac avec le flingue, j’ai descendu l’escalier tranquillement comme s’il ne s’était rien passé. Mais je contrôlais mal mon cœur : il battait la chamade !




*




Les corps ont rapidement été découverts par des noceurs, attirés par une porte de la chambre laissée ouverte. La police latino-américaine est arrivée rapidement et a diligenté une enquête. L’hôtel a été en branle-bas de combat, mais je me suis couché, importuné par personne. Il me fallait décoller rapidement de ce pays. Cependant, partir le lendemain des meurtres semblerait louche, autant attendre un peu. J’avais en tête certaines idées.


J’ai tenté de fouiller l’ordinateur volé, mais mes compétences en matière informatique étaient insuffisantes, un mot de passe bloquait la session. Je ramènerais l’élément à Charlène, elle saurait quoi faire. J’ai fait une sortie-bateau-touriste, j’ai balancé à la mer le calibre acheté sur le marché noir.


Encore ces idées qui me revenaient en tête, en fantasmes, je vivais homme depuis les meurtres des deux lascars, j’aurais pu me choper des jeunes filles en fête au bar de nuit, c’était ce que Tony m’avait proposé, mais je pensais à autre chose. Je n’étais pas chez moi, j’étais dans une ville d’ailleurs où personne ne me connaissait, où personne ne connaissait Milly… Celle-ci a donc décidé de jouer en coulisse de la mission « Mantille ».


J’avais tout fait ici pour mon enquête, je suis parti le lendemain de ce pays où il faisait tellement chaud…