n° 20519 | Fiche technique | 42793 caractères | 42793Temps de lecture estimé : 24 mn | 03/10/21 |
Résumé: Émilie continue ses confidences au long du chemin et me met au pied du mur. Arrivés à notre étape, elle s’offre à moi de façon inhabituelle. | ||||
Critères: fh vacances bain forêt campagne fdomine voir exhib nudisme odeurs ffontaine fmast nopéné | ||||
Auteur : Fitiavana Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Émilie Chapitre 04 | Fin provisoire |
Résumé des épisodes précédents :
Épisode 1 : « La rencontre »
Parti marcher sur les chemins de Saint-Jacques, je rencontre Émilie dans des circonstances inhabituelles : elle se repose, nue, au bord d’un petit étang où je me propose de me rafraîchir. Comme ma présence à ses côtés ne la dérange pas, nous faisons connaissance après ma baignade et marchons ensemble jusqu’à l’étape, où nous partageons la même chambre, l’auberge étant complète.
Épisode 2 : « Saint-Valentin »
Au petit matin, je me retrouve seul dans la chambre. Émilie est partie sans moi, mais elle m'a laissé une lettre et quelques indices pour la retrouver. Nous marchons sur deux collines parallèles, séparées par un vallon, avant de nous rejoindre et de continuer ensemble jusqu'à notre prochain lieu de bivouac, une clairière isolée au bord d'un petit ruisseau. Alors que nous nous baignons, Émilie caresse longuement sa poitrine sous mes yeux, jusqu'à l'orgasme.
Épisode 3 : « Jouir de la vie »
Sur le chemin, Émilie me raconte la perte de son premier et seul amour, mort dans un accident de voiture alors qu'elle était enceinte de lui, et la fausse couche qui a suivi. Elle m'explique que son comportement de femme totalement libérée est une revanche personnelle envers la vie, qui lui a tout pris. Arrivés à l'auberge, elle me demande un massage sensuel qui l'amène à un orgasme dévastateur.
Au réveil, ce n’est presque plus une surprise pour moi de me retrouver seul. Je me souviens de m’être endormi dans les bras d’Émilie, de l’avoir sentie se serrer très fort contre moi en m’enlaçant. Caressé par sa poitrine qui durcissait contre mon dos et son sexe qu’elle frottait doucement contre mes fesses, j’ai rapidement sombré dans le sommeil, bercé par la chaleur de ce contact peau à peau. Mais ce matin, pour la troisième fois, je ne peux que constater son absence.
Je regarde autour de moi : le sac à dos d’Émilie est toujours appuyé contre le mur de notre chambre. Il n’y aura pas de jeu de piste ce matin. Je me lève, je m’étire longuement pour remettre mon corps engourdi en état de fonctionnement, mes yeux sont attirés par un mot griffonné sur la table de nuit : « Bien dormi ? Je prends le petit-déj ! »
Je me passe un peu d’eau sur la figure et je m’habille rapidement. Émilie m’accueille avec un grand sourire dans la salle à manger de l’auberge. Elle est attablée devant un somptueux plateau, déjà largement entamé. Elle pose son journal, et me dit, comme pour se justifier :
Et comme je m’installe à côté d’elle, elle se penche vers moi et ajoute à voix basse :
Elle ponctue ces mots d’un petit bisou très sage sur ma joue et s’attarde juste assez pour me laisser remarquer l’odeur discrète mais gourmande de son parfum.
Elle sourit à mes paroles :
J’engloutis mon petit déjeuner pendant qu’Émilie termine le sien, puis nous montons nous préparer. Avant de quitter le village, nous faisons le plein de provisions pour la journée et la soirée au supermarché local. J’ai le plaisir de constater que mon corps se remet en route plus facilement qu’aux premiers jours de marche, quand les courbatures étaient sur le point de me faire renoncer. Est-ce que la période de rodage est passée, est-ce la présence d’Émilie, ou tout simplement l’émulation entre deux compagnons de route ? Émilie me raconte qu’elle aussi a connu quelques premiers jours difficiles, comme lors de son précédent pèlerinage. Évidemment, c’était plus facile dix ans avant, m’explique-t-elle, mais le corps s’habitue à l’effort physique, et il en redemande.
Alors que nous marchons en silence sur un chemin forestier, Émilie lance soudain :
Elle reprend sa confession, avec un peu de nostalgie dans la voix :
Depuis les tristes événements que je t’ai racontés hier, je ne suis pas retombée amoureuse, et je ne me suis plus jamais attachée à un homme. Je n’ai même pas imaginé faire des projets d’avenir avec qui que ce soit. Le seul avec qui ça aurait éventuellement pu marcher ne concevait pas une vie sans enfant, j’ai bien dû le laisser s’enfuir. Je n’éprouve plus aucun sentiment. Enfin, ce n’est pas ce que je veux dire : en fait, je suis amoureuse de tous les hommes qui me donnent du plaisir, et je suis amoureuse des femmes aussi, et des animaux, de la nature, de la terre… Mais ce qu’on appelle d’habitude l’amour, qui implique l’exclusivité entre deux partenaires, je n’en veux plus. Mon grand amour, c’est Steve, il n’y a pas de place dans mon cœur pour un deuxième. Autant te prévenir à l’avance, si jamais tu t’attaches à moi. On ne va pas se marier, vivre heureux et avoir beaucoup d’enfants. Mon conte de fées à moi, il est beau et triste à la fois, et il est déjà terminé.
Sentimentalement, je suis une épave. Quand je fais l’amour avec un homme, j’ai toujours l’impression que c’est pour me rembourser du plaisir que j’aurais pu avoir avec un autre. Mais cette épave connaît son corps, et aime en jouir, souvent et intensément. Tu as pu le constater par trois fois déjà, et il risque bien d’en avoir d’autres, si tu réponds à mes désirs. Je ne me considère pas comme une obsédée ou une nymphomane, ni encore comme une polyamoureuse, plutôt hédoniste peut-être. De toute façon je n’aime pas ces étiquettes qu’on met sur les comportements et les sentiments humains, laissons ça aux médecins. Je n’ai pas de pudeur ni de retenue, et quand j’ai envie d’un contact physique, je fais ce qu’il faut pour l’avoir. J’aime avoir du plaisir, j’aime en donner, et si un homme est dans le même état d’esprit, alors je ne vois pas de raison pour nous priver.
Dans notre société, un homme qui a ce comportement, on l’appelle un séducteur, ce qui peut sembler flatteur. Pour une femme, on utilise habituellement d’autres termes, malheureusement plutôt péjoratifs. Chez moi, je ne peux pas sauter sur tout ce qui bouge, j’habite dans un petit village où tout le monde se connaît. Alors, à côté de quelques amants réguliers, je traîne un peu dans les cercles libertins, les clubs, ce n’est pas ça qui manque par chez moi. Les gens y sont plus ouverts, ils ont plus de classe, et souvent plus d’expérience aussi. En plus, chacun sait bien pourquoi il est là, que ça matche ou pas, il n’y aura pas de jugement de valeur ni de connaissances dont il faudra supporter le regard le lendemain à la boulangerie. Et puis, il y a les rencontres de vacances…
En terminant sa dernière phrase, Émilie me fait un clin d’œil.
Maintenant que je t’ai raconté ma triste histoire, tu sais à quoi t’attendre. Tu peux rester à mes côtés, ou tu peux partir en courant si je te dégoûte, ou si tu as peur de moi. J’en serais déçue, mais je le comprendrais et je garderais un bon souvenir de toi. Sache seulement que, quoi qu’il arrive entre nous, tu n’auras jamais d’exclusivité, et que je ne t’en demanderai pas non plus. Tu comprends maintenant pourquoi j’ai l’impression de profiter de toi.
J’hésite sur la réponse à lui donner. Bien sûr, je ne suis pas parti dans l’idée de trouver l’amour de ma vie sur le chemin. Ni même de faire des rencontres, à vrai dire, même si celle que je vis depuis trois jours n’est pas déplaisante. Mais pour un cerveau masculin, s’il est relativement facile de se convaincre qu’on ne s’attachera pas à une amourette de passage, c’est tout autre chose de s’entendre froidement prévenir par sa partenaire que ça ne sert à rien de rêver du grand amour. J’ai une légère impression de monde à l’envers. Et je dois bien le reconnaître, Émilie est attachante, sa voix riante, son sourire malicieux, son regard pétillant et surtout la liberté qu’elle accorde à son corps m’ont un peu ensorcelé. Je repense aux heures que nous avons passées ensemble, et que je revis à la lumière de ses explications. Beaucoup de choses me semblent plus « normales », maintenant. Ou explicables, au moins. Je cherche mes mots :
Nous laissons le silence s’installer, chacun attendant probablement une parole de l’autre. C’est elle qui craque après quelques minutes, en me disant d’une toute petite voix :
Je regrette ma question aussitôt après l’avoir posée. Heureusement, derrière la rudesse des mots, Émilie comprend parfaitement le sens de mes paroles, qu’elle reformule :
De nouveau, Émilie se tait, attendant ostensiblement une réponse de ma part. Sa dernière phrase ouvre explicitement des perspectives d’avenir, mais pas celles d’un couple exclusif, comme elle me l’a bien fait comprendre. C’est-à-dire que je pourrais être amené à retrouver Émilie l’été prochain, tout en sachant qu’elle s’est offerte à d’autres pendant toute l’année… et à beaucoup d’autres, probablement. Je reste silencieux et pensif. J’ai bien compris que nous sommes au point décisif où nous allons, ou plutôt où je vais décider si nous allons poursuivre notre chemin ensemble. Malgré la chaleur, je me mets à trembler d’émotion.
Je souris en écoutant cette litanie de mots doux, mais Émilie est lancée. Saisissant une branche d’arbre pour s’en servir comme d’un micro, elle continue de plus belle :
Sa voix claire ne ressemble pas précisément à l’organe puissant et rocailleux du regretté rocker, mais elle sait la poser… Je ris franchement maintenant, et j’attends la suite :
Après un instant d’hésitation, elle ajoute :
Cette fois, je suis au pied du mur. Je n’ose pas dire oui, je n’ose pas dire non. Dire oui, ce serait prendre le risque que l’un de nous, malgré les explications très claires d’Émilie, se mette à croire à une idylle impossible, et se condamner immédiatement à accepter la douleur d’une inéluctable séparation. Dire « non », ce serait passer à côté de moments de plaisir que nous recherchons tous les deux, et une évidente déception pour ma compagne de trois jours comme pour moi.
Émilie se cache derrière le tronc d’un chêne, je l’aperçois gigoter un peu, elle revient rapidement en rajustant sa brassière de sport sous son habit.
Je passe la main dans son décolleté, puis sous sa brassière. Je caresse son sein gauche, fouillant de mes doigts les recoins du tissu qui soutient sa poitrine. J’en retire le petit fruit qui scelle notre destin, un peu dérouté quand même que ça ne tienne qu’à un jeu de hasard. Et si je m’étais trompé ?
Émilie me prend par la main et me sourit :
Pendant la fin de la matinée, nous abordons des sujets plus légers. Émilie me parle de son travail, de la vie en Suisse, objet de tous les fantasmes chez mes compatriotes. Nous nous moquons gaiement l’un de l’autre, énumérant pendant quelques minutes les vannes classiques que Suisses et Français aiment s’échanger au sujet de leurs régionalismes respectifs, des classiques huitante et nonante aux truculentes expressions romandes, telles que le chenit (le désordre), la mascogne (l’anti-sèche) ou les vacances de patates (celles de la Toussaint).
Quand nous avons éclusé le répertoire habituel des clichés transfrontaliers, nous décidons qu’il est l’heure de ruper (manger), et nous nous arrêtons à l’ombre des pins.
Comme la veille, Émilie enlève le haut. C’est quand elle retire sa brassière que je vois quelque chose tomber de son sein droit. Je ramasse un gland, tout semblable à celui qui se trouve dans ma poche.
J’écarquille les yeux. Émilie baisse les siens et désigne d’un regard explicite son entrejambe. Je m’approche d’elle, incrédule, et je commence à caresser ses fesses à travers le tissu de son short, mais aucun renflement ne trahit la présence d’un intrus végétal dans ses habits. Je risque une main à l’intérieur, Émilie me vient en aide en ouvrant boutons et ceinture, mais mes recherches restent vaines.
D’un geste rapide, Émilie enlève son short et se colle contre moi, vêtue de sa seule culotte.
Je glisse une main, puis deux, sous le coton. Je palpe ses fesses, ses hanches, toujours rien. Je passe mes doigts entre ses fesses, effleure son périnée, puis je m’aventure le long de son sexe. La chaleur et l’humidité qui s’en dégagent m’incitent à prolonger un peu le contact, pour notre plus grand plaisir. Émilie me facilite la tâche en écartant un peu les jambes. Comme je ne trouve toujours rien, je m’inquiète et imagine qu’elle pourrait avoir poussé le vice jusqu’à s’introduire un… gland dans le corps, ce qui, au-delà d’une amusante métaphore, ne serait ni prudent ni hygiénique. Et mes mains ne sont certainement pas assez propres pour aller le chercher. Comme je la regarde d’un air interrogateur, elle retire ma main de sa culotte et éclate de rire :
Pour ne pas être en reste, je me mets à l’aise pour manger, conservant mon seul boxer. Notre collation est rapide, et nous nous remettons rapidement en route, pressés d’atteindre le but de notre journée avant les fortes chaleurs de l’après-midi.
Un peu avant trois heures, nous arrivons en vue du pont de M… Émilie me raconte l’histoire originale de l’ouvrage d’art et la légende qui l’entoure. Construit au onzième siècle, il a été saccagé à plusieurs reprises par les habitants du village, fâchés de voir les seigneurs voisins l’emprunter pour soumettre les paysans et ravager les champs à l’occasion de leurs parties de chasse. Au dix-septième siècle, une idylle entre une villageoise et un jeune valet du château aurait engendré l’une des pires famines de l’histoire du pays au moment où, ignorant les conseils avisés du prêtre de la paroisse, les deux tourtereaux se seraient retrouvés de nuit sous le pont pour y consommer leur amour naissant. La rivière serait alors sortie de son lit dans une colère terrible, détruisant la totalité des récoltes du canton et inondant les champs qui seraient restés stériles pendant sept années. Les Anciens du village auraient alors interdit tout acte charnel à proximité du pont.
Cet interdit, m’explique-t-elle, existe encore nos jours, sous la forme d’un des règlements les plus insolites du pays qui interdit aux couples non mariés de forniquer sous le pont à la nuit tombée. Aujourd’hui, encore, le châtelain perpétue avec humour la tradition et vient chaque année, le jour de la Saint-Antoine, déloger à grands seaux d’eau les jeunes des alentours qui font semblant de s’y bécoter, pour la plus grande joie des gamins du village.
Devant mon air incrédule, Émilie me conduit vers un panneau vitré qui contient des copies de documents qui semblent dignes de foi, sinon authentiques, et surtout l’arrêté municipal, pris en 1984 et toujours en vigueur, promulguant la décence dans les alentours immédiats du pont de M… « entre le coucher et le lever du soleil ».
Après quelques minutes d’exploration, Émilie choisit enfin l’endroit idéal pour passer la nuit. Dans un méandre du ruisseau, à une centaine de mètres en aval du pont, une petite clairière un peu cachée par la végétation nous attend, en bordure d’un champ de lavande. En bonne Helvète qui se respecte, Émilie commence rapidement à organiser le temps et l’espace :
Pour une fois, je suis le premier à ôter mes habits et c’est moi qui attends ma compagne, assis dans le ruisseau. Émilie se déshabille à son tour, s’avance vers moi et s’arrête soudain alors qu’elle a de l’eau jusqu’à mi-cuisses, comme si elle avait oublié quelque chose. Elle et me lance un regard interrogateur :
Cette fois, c’est sans hésitation que je lui offre enfin la réponse qu’elle attend :
Elle sourit comme une petite fille le soir de Noël et me rejoint dans l’eau. La faible profondeur du ruisseau ne nous permet pas de nager, mais il est possible de s’y plonger entièrement. Le courant est rapide et l’eau froide nous masse et nous détend agréablement, effaçant la fatigue de cette journée de marche ensoleillée. Quand nous sortons de l’eau, c’est pour nous étendre voluptueusement sur nos serviettes, à l’endroit désigné par Émilie. Je ne tarde pas à m’assoupir, détendu par la baignade, bercé par le gazouillis des oiseaux et le bruit du vent dans les branches.
C’est un léger frôlement sur mon visage qui me tire de ma torpeur. Émilie a déposé un foulard sur mes yeux.
Je reste silencieux et j’attends la suite de ce préambule.
Tout en parlant, Émilie a noué son foulard autour de ma tête. Je l’entends s’éloigner à pas légers. Je reste un long moment allongé sur le dos, attendant la suite. Je perçois son retour, plus que je ne l’entends, et je reconnais bientôt la fragrance gourmande dont elle s’était parée le matin même. Émilie a eu la coquetterie de se re-parfumer après le bain. Ces arômes flottent devant mes narines quelques secondes, avant d’être remplacés par une ceux de l’herbe coupée. Je respire à pleins poumons, et je distingue quelques senteurs florales, sans être capable de les identifier. Je me demande si Émilie a accroché des fleurs des champs à son corps, ou si c’est simplement le vent qui me porte ces odeurs.
Le paysage olfactif semble figé pendant quelques minutes, mais je n’ai plus la notion du temps. Drôle d’impression que celle de perdre le contrôle de la situation, quand on est privé d’un de ses sens. C’est maintenant la lavande qui vient chatouiller mon nez, puissante, entêtante. S’est-elle roulée dans la lavande, ou en a-t-elle apporté quelques brins cueillis dans le champ voisin ? J’ai la réponse en sentant un bouquet caresser mes lèvres.
Elle me fait encore respirer ce que je crois être un morceau d’écorce humide, une pierre chargée de la vase du ruisseau, un citron suivi d’un pain, tous deux tirés du sac à dos. Puis plus rien. Émilie veille à ne pas faire le moindre bruit. J’attends plusieurs minutes, tout en respirant intensément, espérant reconnaître les prochaines odeurs. Je crois percevoir à nouveau celle de l’herbe, puis de la lavande.
Quand Émilie m’interpelle, je réalise au son atténué de sa voix qu’elle s’est éloignée de plusieurs mètres en direction du ruisseau, peut-être a-t-elle même traversé le cours d’eau :
J’entends maintenant un bruit de pas dans le ruisseau. En revenant vers moi, Émilie continue :
Émilie commence à promener son corps au-dessus du mien. Sans vraiment savoir quelle partie de son corps elle approche de mon visage, je reconnais l’odeur de sa peau, à peine troublée par celle du ruisseau dans lequel nous nous sommes rafraîchis. Par moments, je distingue pourtant une senteur particulière : celle de ses cheveux, celle de ses bras exposés au soleil depuis ce matin, plus sèche, celle de sa poitrine, plus douce, celle de son entrejambe, qui me rappelle mes caresses de la veille. Je voyage sur son corps sans faire un mouvement, elle marche autour de moi, s’approche et s’éloigne, passe et repasse devant mes narines, sans dire un mot.
Le bruit de ses pas s’éloigne en direction des buissons ; après quelques secondes, un léger chuintement parvient à mes oreilles, accompagné du bruit d’un liquide qu’on verse sur le sol. Apparemment, Émilie est en train de se soulager. Quand elle revient vers moi, elle s’assure que je perçois la nouvelle composante de son odeur intime, bien reconnaissable mais pas repoussante, plutôt douce, un peu excitante même.
Je reste de nouveau un long moment immobile sur le sol, toujours aveugle, attendant la suite. L’essuyage semble minutieux.
Émilie revient et passe son index sous mon nez. L’odeur de son doigt est facile à identifier.
J’entends Émilie s’installer à côté de moi, son entrejambe tout près de ma tête. Je tourne le cou pour me rapprocher encore de la source de son plaisir, elle se rapproche également, posant une de ses jambes sur mon corps.
Émilie ne peut empêcher que quelques bruits mouillés parviennent à mes oreilles, ne me laissant plus aucun doute au sujet de ce qui se trame à quelques centimètres de mon visage. Elle me présente à nouveau un doigt chargé d’odeurs, puis tout à coup :
Je me demande ce qui peut lui passer par la tête, et je n’attends pas longtemps la réponse : Émilie est en train de me caresser le visage de ses doigts trempés. Elle passe ses mains sur mes joues, sur mon front, sur mes lèvres. J’essaye de lui lécher les doigts au passage, mais :
De nouveau, Émilie se retient de rire, mais le ton de sa voix la trahit. De mon côté, malgré le côté inhabituel de la situation, je commence à être sérieusement émoustillé. Si ma compagne continue ses fantaisies, je ne réponds plus de rien.
Émilie continue ses caresses sur mon visage, passe ses mains dans les cheveux et descend sur mon torse et mes bras. Par moments, une de ses mains m’abandonne pour récolter une nouvelle rasade de son plaisir liquide, qu’elle s’empresse de répandre sur ma peau. Je respire à pleins poumons cette odeur provocante, chargée de désir, qui flotte maintenant tout autour de moi.
J’acquiesce de la tête, incapable de dire un mot.
Les gestes d’Émilie perdent de leur précision. Là où elle dessinait avec délicatesse du bout de ses doigts mouillés, elle me barbouille maintenant en faisant de larges mouvements approximatifs de la paume de sa main. En même temps, sa voix se fait plus hésitante.
Elle joint le geste à la parole et je sens ses muqueuses brûlantes caresser le bout de mon nez. Je remplis mes poumons de ces effluves indécents.
Voilà, inspire… à fond, respire mon odeur… sens ma chatte… Tu n’as pas peur de te faire éclabousser, j’espère… Tu seras au cœur de l’action au moment où… je vais bientôt… m’envoler… respire encore… oui…
Comme au moment de son dernier orgasme, Émilie pousse une longue plainte, reprend son souffle, et rapproche encore son intimité trempée de mon visage. Mon nez rejoint ses doigts entre ses lèvres, mes sens ont également atteint le point de saturation et j’explose sous ses yeux, pendant qu’elle continue :
Émilie presse son entrejambe contre moi, prolonge son plaisir en se masturbant littéralement sur mon visage, et me crie son orgasme en m’arrosant de plusieurs jets d’amour.
Il nous faut plusieurs minutes pour revenir au calme. Ni Émilie ni moi n’avons vraiment envie d’interrompre ce moment intense, mais la position dans laquelle elle est restée – assise sur le sol, les jambes largement écartées, l’une reposant au-dessus de mon corps – lui impose un changement de posture.
Cette fois, c’est un regard éloquent de ma part qui la dissuade de terminer sa phrase, et c’est tant mieux. Elle éclate de rire :
Je n’ose pas lui dire que je n’ai rien fait et qu’elle a tout fait. Je me plonge dans l’eau froide et je laisse dériver, à regret, dans le courant rapide les humeurs qu’Émilie a répandues sur moi. Elle s’approche de moi, me frotte les cheveux, le torse, les épaules. Elle verse de ses mains de l’eau sur ma tête et caresse mon visage avec tendresse.
Bien plus tard, alors que nous partageons notre dîner, Émilie revient sur cette nouvelle expérience intime :
Les confidences d’Émilie se poursuivent pendant la soirée. Elle me parle de ses sorties, des hommes entre les bras desquels elle est passée. Les détails les plus croustillants de ses folles soirées succèdent aux histoires plus sages de ses rencontres de vacances. Comme je sens bien qu’elle me regarde du coin de l’œil, j’essaye de l’écouter sans réaction négative, mais…
Je me sens démasqué. Sa confession du matin résonne encore dans ma tête : « l’amour exclusif, aucun autre ne pourra y prétendre ». Je l’avais bien compris, et je croyais l’avoir accepté, mais après le moment d’intimité exceptionnel qu’elle m’a fait vivre, c’est un peu difficile de l’entendre me parler de ceux que je pourrais maintenant considérer comme des rivaux. Je baisse les yeux comme un enfant pris en faute.
À ces paroles, nous éclatons de rire, un rire un peu forcé, mais dont nous avons besoin pour détendre l’atmosphère et ne pas laisser ce petit malaise ternir notre bonne humeur.
Après notre repas, nous nous consacrons à notre rituel quotidien, à la lueur de nos lampes frontales. Émilie noircit quelques pages de son journal, j’étends nos deux sacs de couchage puis j’étudie notre itinéraire du lendemain sur mon guide de poche. Nous marcherons probablement jusqu’à Saint-B…, où nous trouverons facilement le gîte et le couvert.
Avant d’aller dormir, Émilie fouille dans ses affaires de toilette et en ressort une petite boîte, qu’elle me tend.
J’ouvre la boîte : elle contient plusieurs petites billes colorées. Je la regarde, interrogateur, avant de faire le lien avec son bijou intime.
D’un commun accord, nous choisissons une petite boule turquoise. Émilie s’assied sur son sac de couchage, les jambes écartées, et procède à l’échange sous mes yeux.
Sur cette dernière plaisanterie, nous décidons d’aller nous allonger. La température a baissé, et si nous sommes tous deux complètement nus, nous sommes quand même obligés de nous enfermer dans nos sacs de couchage. Émilie parvient pourtant à attraper ma main et à la glisser contre elle.