n° 16810 | Fiche technique | 21545 caractères | 21545Temps de lecture estimé : 13 mn | 11/05/15 |
Résumé: L'amour de Julien grandit de jour en jour, mais la Compagnie le rappelle à la réalité. | ||||
Critères: fh hplusag amour | ||||
Auteur : Nooz Envoi mini-message |
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Épisode 1 « 23 janvier 2048 » : un journaliste spécialisé se fait aborder par une société secrète dirigée par un homme charismatique.
Épisode 2 « 30 janvier 2048 » : malgré des réticences et une vague impression de manipulation, Julien accepte la proposition et réintègre un monde qu’il pensait avoir à tout jamais banni.
Épisode 3 « 6 février 2048 » : le travail avance, les amitiés se nouent, les amours aussi.
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Deux semaines se sont déjà écoulées. Je continue mon travail avec Jean-Joseph ; une routine s’est instaurée entre nous. Du respect, aussi. Avant de commencer un dossier, nous relisons ensemble mon travail de l’après-midi, et il apporte des éclaircissements ou des modifications sur des points.
Tous les soirs, Selma me rejoint ; je l’apprivoise doucement. Elle est comme un buvard : elle absorbe mon bonheur ; en retour, elle me donne de la stabilité. Elle accepte mal son corps androgyne. Même avant le viol collectif qu’elle a subi, elle n’avait eu que des relations sexuelles décevantes avec des garçons mal dégrossis. Je privilégie les caresses manuelles et buccales ; les faibles gémissements du début de nos relations se sont changés en des extériorisations plus sonores. Le buisson sauvage qui cache son intimité est maintenant humide dès le début des préliminaires, et il m’est arrivé, dès le premier coup de langue, de lui arracher un soupir.
Le clitoris devient, lui aussi, plus sensible. Un soir, je me suis occupé exclusivement de son petit bonbon. Jusqu’à la limite de la crampe linguale, j’ai joué avec son berlingot ; jamais il n’avait été aussi volumineux, et dans sa délivrance j’ai bu pour la première fois le résultat de son orgasme.
La pénétration est toujours à son initiative. Parfois, alors que ma tête est dans le compas de ses jambes, elle me fait comprendre son désir. Je ne pratique avec elle que le missionnaire : c’est la seule position où nous sommes à égalité. L’étroitesse de son vagin – même parfaitement lubrifié – est difficile à pénétrer, mais elle ne pleure plus ; ses yeux sont étrangement brillants. Je lui parle beaucoup pendant l’acte, je sais toute la volonté qu’il lui faut pour m’accepter en elle. Quand le point de non-retour arrive, je ressors et me libère sur son ventre ou, ce qu’elle aime par-dessus tout, sur ses seins.
De temps en temps, le seul acte que nous pratiquons le soir est la masturbation ; et quand je coule entre ses doigts, cela déclenche souvent sa jouissance. Elle est plus douce, plus à l’écoute de mon plaisir. Au petit matin, c’est elle qui dirige nos ébats : elle aime me réveiller par une fellation ; je simule un sommeil profond. Elle aime me sentir grandir dans sa bouche et boire ma liqueur, puis elle se blottit contre moi et se rendort heureuse.
Parfois, en pleine nuit, ses démons reviennent. Cela commence toujours par une grosse agitation dans son sommeil, puis elle crie et s’exprime en hébreu. Je n’arrive à la calmer qu’en posant ma main sur son ventre et en me serrant contre elle, et je reste dans cette position jusqu’au matin.
Hier, nous sommes sortis hors du château – une nouvelle expérience – et nous avons visité Carcassonne comme un couple normal, la main dans la main. Nous avons couché dans une maison d’hôte proche du château et, pour la première fois, elle a noué ses jambes sur mes reins pendant le coït. Elle n’a pas joui, mais son corps a été parcouru par un frisson quand, en me retirant, j’ai arrosé sa vulve. Le lendemain, elle s’envolait pour Naples avec Jean-Joseph. Ces deux semaines ont été, pour moi, les plus heureuses que j’ai vécues depuis très longtemps.
Ce matin, en me réveillant, je ne me sens pas bien. Déjà deux jours sans nouvelles.
Arrivé à la salle commune, j’aperçois Hélène devant un bol de café noir. Avec son accord, je m’assieds en face d’elle.
J’acquiesce.
Ses yeux en amande brillent et sa main serre la mienne ; je ne la retire pas cette fois-ci.
Je travaille la journée sur l’organisation de mes notes quand un appel entrant résonne sur mon terminal. Mon cœur s’emballe ; Selma apparaît sur le bureau. Elle est dans son tailleur strict, la mine triste.
Son expression me glace, une sourde angoisse me brûle l’estomac.
Je suis rassuré, ce n’est que ça, je la rassure.
Son visage s’éclaire, je lui envoie un baiser ; l’image se fige et disparaît.
La journée suivante est plus légère : le retour de Jean-Joseph, notre entretien matinal, l’avancée de mes travaux, tout me semble agréable aujourd’hui. Je me demande si je ne deviens pas amoureux d’une femme de huit ans ma cadette.
23 h 30 ; je me glisse sous les draps. Peut-être qu’au matin…
0 h 10 ; le hall s’allume, une ombre furtive pénètre dans la chambre. Elle est debout, différente. Le premier indice, ses mains : elles sont manucurées et ses ongles colorés. Le tailleur, lui, n’a pas changé, mais elle est en talons.
Elle rougit. Ses sourcils sont épilés, et un léger maquillage colore ses pommettes. Elle se retrouve en sous-vêtements ; ce n’est plus la brassière et la culotte pratique et sans forme, mais une lingerie fine pleine de dentelle transparente. Ses tétons pointent, sa petite culotte largement échancrée laisse entrevoir son pubis noir. Elle reste debout ; je la rejoins. D’une pression, je libère l’attache magnétique du soutien-gorge, ma bouche happe les tétons. Sa respiration s’accélère et ses bras entourent ma tête et presse plus fortement ma bouche sur ses seins. Je la soulève pour la déposer sur le lit. Mes mains s’empressent, et sa culotte ne résiste pas à l’assaut. En dessous, la toison hirsute est remplacée par un joli jardin ordonné et une épilation totale me dévoile des lèvres droites et ourlées. Je ne peux résister à la vision, et ma bouche s’avance à la rencontre de ce fruit juteux.
Ses deux mains me repoussent ; je ne comprends pas. Elle me bascule sur le dos et m’enjambe dans la foulée. Elle saisit ma verge, dirige le gland sur sa vulve et, la gravité aidant, elle s’enfonce d’une seule poussée. Son vagin est brûlant. La rapidité de l’instant m’arrache un cri d’étonnement et de plaisir. Elle me dévisage ; ses pupilles sont dilatées, et son visage habituellement crispé lors d’une pénétration est serein. Elle ondule du bassin, ferme les yeux. Je place mes mains sur ses hanches, non pour contrôler ses mouvements, mais pour qu’elle ressente mon excitation. Sa bouche ouverte recherche de l’air, ses petits seins dansent sous les mouvements de son bassin. De temps en temps, elle ouvre les yeux, cesse tout mouvement, se penche sur moi, et nous nous embrassons. Puis elle se relève et reprend. Mes mains finissent par maltraiter ses hanches ; je suis à bout de forces et mes râles se joignent à ses gémissements. Elle a accéléré le mouvement, et c’est dans un cri commun que nous jouissons ensemble et que je remplis son ventre. Nous sommes secoués de multiples tremblements. Elle s’écroule sous moi, toujours empalée sur mon sexe, hors d’haleine.
Sous son explication, une dernière contraction de plaisir resserre son vagin sur mon sexe encore volumineux.
Les premières lueurs percent entre les volets. Elle se réveille doucement, ferme et écarte les jambes. À cette vue, mon sexe reprend vie. Elle ouvre les yeux ; je cache ma situation priapique sous le drap. Sa main plonge sous le drap et enserre la hampe. Tout doucement, elle remonte en suivant la veine. Ses deux doigts tirent le prépuce et parcourent l’objet dénudé. Passant sur le méat, elle recueille sur la pulpe de son index le liquide qui perle, et l’étale sur toute la surface du gland. Sa main entoure la couronne, imprime un mouvement rotatif qui m’arrache un gémissement. C’est incroyable, les progrès de Selma !
Dans cette position, je ne peux que subir les caresses de ma compagne. Je me déplace. Ma main peut maintenant accéder à ses fesses légèrement surélevées. Alors qu’elle continue de me donner du plaisir, elle ne semble pas être disposée à la réciprocité : ma main se heurte aux cuisses musclées et serrées. Je change de stratégie et remonte le long de la colonne vertébrale ; elle frissonne. Mes gémissements de plus en plus rapprochés alertent mon amante. Ses doigts glissent sur la peau des bourses ; ils ne s’attardent pas et se dirigent sur mon périnée et frôlent mon anus. La crispation de ma main sur sa hanche l’incite à prolonger la caresse, et son doigt imprime un mouvement rotatif.
Elle a légèrement relâché son attention, et j’en profite pour glisser un doigt dans la raie de ses fesses ; elle accepte l’intrusion, et son doigt force mon intimité en douces représailles.
Elle retire la main et ouvre le tiroir de table de nuit, farfouille quelques secondes et retire le jouet d’Agnete. Elle pose l’objet sur ses reins. Dans une invite explicite, elle relève ses hanches. Je me place en face de son postérieur tendu et indécent, j’écarte ses fesses, et la pointe de ma langue effleure le petit œillet brun. La réaction est immédiate : elle pousse un petit cri de surprise, se rétracte, puis elle se replace ; je reprends la position. Ma langue, tantôt légère, tantôt forçant la petite porte, virevolte sur toute la longueur de la zone sensible ; elle vibre, frémit dans une longue plainte rauque jamais entendue jusqu’à l’heure.
Je cesse à contrecœur et pose le cône siliconé sur le sphincter détendu et humidifié par ma salive. Le muscle annelé accepte la pénétration. Selma, qui avait placé ses cuisses sous son corps, change de position. Elle plonge la tête dans le coussin et lève haut son fessier. Dans cette position, le plug pénètre plus profondément et je suis aux premières loges pour observer son état, ses grandes lèvres sont ouvertes, et de sa fente ruisselle un liquide épais qui s’écoule sur le drap. Mon sexe, déjà gonflé à son maximum, est maintenant douloureux. Un petit cri ; le jouet est englouti. Il me reste de visible que la pierre rouge. Mes mains s’accrochent nerveusement à ses hanches et, malgré son excitation extrême, mon gland pénètre difficilement. Quand mes hanches touchent les fesses, nous gémissons ensemble. Ma main se pose sur son abdomen, comme lors de ses terreurs nocturnes, et nos respirations se calment. Je me retire doucement, ne laissant que mon gland à l’orée de son ventre, et replonge avec la même lenteur dans un bruit de succion. Je réalise plusieurs fois l’opération avec quelques variantes. Parfois, je me retire complètement, j’effleure son clitoris de mon sexe et replonge. La main, toujours sur son ventre, modère notre plaisir. Je reste immobile, le souffle court. Selma, se relève, sortant la tête du coussin.
Je reprends mes mouvements, mais je ne peux plus résister et mes hanches claquent fortement sur ses fesses, lui arrachant un cri. Je continue à la marteler, nos cris se conjuguent plus bruyamment, elle s’écarte plus. La violence paroxystique de nos ébats déclenche simultanément notre jouissance.
Selma s’est écroulée sous l’orgasme, j’ai suivi le mouvement. Nous basculons sur le côté. Je suis toujours en elle, son vagin me retient.
Je suis heureux, couché contre ce petit corps qui découvre le plaisir sous toutes ses formes. Une vague d’amour me submerge et je la serre fort contre moi. J’aimerais que ce moment ne cesse jamais. Ma main cherche le clitoris et commence à le réveiller ; doucement, tout doucement, je le sens enfler sous mon doigt. Selma, passive, s’abandonne à ma caresse et ronronne comme une chatte comblée. Les contractions de son vagin massent mon membre ; il reprend un semblant de vigueur. Nous ne précipitons rien : nous laissons le flot du temps nous embarquer. Nous savons tous les deux que bientôt le plaisir nous submergera, et que cette plénitude qui nous berce volera dans un déchaînement de gestes désordonnés.
Nos rythmes cardiaques s’accélèrent, et soudain Selma se crispe et tremble. Un violent orgasme inattendu la dévaste. Il est arrivé sans qu’elle puisse le contrôler. Je la complimente sur le bel orgasme et la couvre de baisers. Les dernières contractions ont réveillé ma verge ; elle passe sa main entre ses cuisses et entame un massage des testicules et du périnée. Je ne pensais pas que je puisse reprendre si vite de la vigueur. Elle ne me caresse pas par automaticité, mais elle veut que je remplisse son vagin. Mes mains empaument ses deux seins et mes doigts pincent ses tétons ; elle aime. Maintenant, je suis suspendu aux mains de Selma. Elles déclenchent une multitude de frissons partant du dos et me transformant en chaleur dans le creux de mes reins. Je suis dans un cocon éthéré qui me déconnecte du temps. Ma respiration est saccadée, presque en apnée ; mes bourses gonflent, sur le point de se rendre et de lâcher leur jouissance. Je résiste encore, mes mains se crispent sur sa poitrine, son cœur bat fortement.
Une sonnerie… Mon terminal, dans le bureau, nous coupe dans notre élan. Je jette un œil embrouillé sur mon répéteur de poignet : un appel de Jean-Joseph à 7 heures du matin. Je me libère de la prison humide dans un bruit de clapotis, saute à terre et sors de la chambre en passant une robe de chambre. Je cambre les fesses pour cacher l’énorme bosse qui déforme le vêtement.
Son visage est grave ; je repère dans son attitude une lourde angoisse.
La porte de la chambre s’ouvre ; elle est couverte du drap.
Je me dirige hors de la salle.
La communication coupée, Selma laisse retomber le drap et se précipite vers la salle de bain ; je me régale de ses petites fesses qui s’agitent. Des traînées encore humides maculent ses cuisses.
Le Learjet file à 900 km à l’heure. Nous sommes tous attablés, tasses de café fumantes, autour de la table centrale. Nous échangeons peu de mots, encore abasourdis par la situation. Les informations cryptées reçues par l’équipe sur place indiquent que la maison suspectée semble vide, mais qu’une activité récente est visible. Je commence à comprendre le rôle que je joue dans cet imbroglio ; une colère sourde monte en moi. Avant de prendre une décision sur la continuation de ma mission, j’attends une explication sérieuse de la part du « Vieux de la montagne », mais pour l’instant ce n’est pas le moment et je collabore à la discussion le plus naturellement possible. Hélène et Selma ont quitté la table, et pour la première fois nous nous trouvons en face-à-face ; son regard fuit le mien. Il sait maintenant que je ne suis plus dupe de la situation.
Ciel éclatant et beaucoup de vent en approche de Dubrovnik ; l’avion tangue. Je suis sanglé à mon siège et Selma me rejoint. À l’abri des regards, elle dépose un objet dans ma poche ; ses yeux brillent. Je reconnais le plug sous mes doigts ; il est encore chaud. Une flambée de désir me submerge ; j’ai envie de la prendre là, tout de suite. Les roues touchent la piste, et l’inversion des réacteurs nous décolle du siège. La porte latérale s’ouvre ; Selma et Jean-Joseph sortent en premier. Nous suivons avec Hélène, une petite minute plus tard. Le temps est lumineux, je frissonne sous l’effet du vent de face.
Mon attention est soudainement attirée par un éclair en face sur la colline entourant l’aéroport. Un flot d’adrénaline se rue dans mes artères, un son que je ne pensais plus jamais entendre m’arrive aux oreilles. Je me jette sur Hélène et la plaque au sol ; Selma a réagi instantanément, elle aussi. D’abord, un bruit assourdissant, puis une onde de chaleur suivie d’un énorme blast. J’ai le goût du sang dans la bouche et mes chaussures fondent. Un choc violent à la tête me plonge dans le néant.
Un homme apparaît tout de blanc vêtu, suspendu dans l’air dans la chambre 2015 de l’hôtel Plaza Athénée.
La personne hésite un instant.
L’homme en costume de soie, le visage déformé par la colère, assène ces mots comme une massue. Ils sont définitifs et ne laissent à l’interlocuteur aucune marge de négociation.
La personne reste prostrée dans la chambre. Une pensée lui vient à l’esprit : « Pour manger avec le diable, il faut une fourchette avec un long manche. »