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Temps de lecture estimé : 25 mn
19/05/15
Résumé:  Le voile se lève sur le rôle de Julien dans l'imbroglio de la Compagnie.
Critères:  fh ff ffh hplusag fépilée amour
Auteur : Nooz            Envoi mini-message

Série : La Compagnie dorée

Chapitre 05 / 07
Mardi 25 février 2048

Épisode 1 « 23 janvier 2048 » : un journaliste spécialisé se fait aborder par une société secrète dirigée par un homme charismatique.

Épisode 2 « 30 janvier 2048 » : malgré des réticences et une vague impression de manipulation, Julien accepte la proposition et réintègre un monde qu’il pensait avoir à tout jamais banni.

Épisode 3 « 6 février 2048 » : le travail avance, les amitiés se nouent, les amours aussi.

Épisode 4 « 22 février 2048 » : Julien est tombé amoureux de la petite Selma, mais la « Compagnie Dorée » le rappelle à sa juste réalité.


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Mardi 25 février 2048




J’ouvre les yeux. Je ne suis pas mort. Un acouphène violent me martèle la tête. Tout est flou pour l’instant, juste des ombres et une main qui serre la mienne. Une main douce, je la reconnais. Lentement, ma vision s’améliore ; elle n’est pas seule dans la chambre : deux autres personnes s’empressent autour de moi. J’ai une perfusion dans le bras gauche. Le lit tangue un peu, une lumière vive agresse mes pupilles par intermittence. J’ai soif, et ma respiration est difficile. Je m’agite, j’essaie de parler, la main me serre plus fort.



Elle pose un baiser léger sur ma joue ; je replonge dans le néant.


Tout est plus clair quand je me réveille ; la perfusion a disparu, le mal de tête n’est que léger. Enfoncée dans un fauteuil, à côté du lit, Selma dort. Je suis ému ; cela me fait chaud au cœur. Je ne me lasse pas de la regarder. Est-ce le poids de mon regard ou simplement le hasard ? Elle ouvre les yeux. Je lui souris.



Je lui saisis la main ; elle se lève, et ses lèvres se posent sur les miennes. Elles ont un léger goût salé et sont magnifiquement douces et chaudes.



Je dégage les draps et reprends contact avec le sol ; mes jambes ne me portent pas, et sans Selma je m’affalerais sur le sol.



Il fait nuit. Selma se glisse sous le drap. Son corps nu réchauffe le mien ; c’est bon de se sentir aimé. Elle pose délicatement sa tête sur ma poitrine, je passe le bras sur de son torse ; elle soupire d’aise et nous nous endormons ainsi.


Au petit matin, je suis seul. Je m’assois dans le lit et déclenche mon terminal pour chercher des articles sur l’événement. Je suis comblé : tous les sites d’informations sont en boucle. Je lance un site français.


Attentat terroriste à l’aéroport international de Dubrovnik : une explosion s’est produite à bord d’un avion d’affaires appartenant à la société Traveler Inc. Tous les occupants, dont nous ne connaissons pas l’identité, ont été tués sur le coup. Nos correspondants sur place nous transmettent les premières images.


Suit une série d’images avec l’avion en flammes et un journaliste meublant l’antenne comme il le peut sans informations. J’ouvre un autre dossier intitulé « Mort de Jean-Joseph d’Espalunge ».


Une nouvelle AFP vient de nous parvenir : le magnat de la presse, le controversé Jean-Joseph d’Espalunge se trouvait dans l’avion. Nous déplorons aussi la mort d’un de nos confrères, Julien Renard. Trois membres d’équipage ont aussi disparu dans le drame.


Je coupe le terminal ; je sais maintenant à quoi m’en tenir sur la place qui m’était échue dans ce jeu de dupes, mais je ne comprends pas encore la genèse de cette manipulation. Une jeune femme m’apporte un plateau-repas ; je dévore les croissants. On frappe à la porte ; Jean-Joseph entre, appuyé sur une canne. Je m’enquiers de son état de santé.



Mon ton est froid, limite glacial. Jean-Joseph accuse le coup sans sourciller.



Derrière Jean-joseph apparaît Hélène, la pommette tuméfiée, mais avec un large sourire, habillée d’un jean et d’un chemisier ample où ses seins vivent librement leur vie. Elle se penche vers moi ; son parfum m’ensorcelle, et dans l’échancrure du chemisier, la gorge opulente de sa poitrine me saute au visage. Elle m’embrasse sur la joue, près de la commissure de mes lèvres.



Selma entre dans la pièce. Elle se déplace de l’autre côté du lit et m’embrasse aussi, mais moins chastement : sa langue force mes lèvres et s’insinue dans ma bouche. Je suis embarrassé par la situation ; elle ne semble pas gênée par la présence de son amie. Le temps est suspendu pendant une poignée de secondes, et soudain les lèvres d’Hélène m’effleurent timidement le cou ; je frissonne. Je me retourne vers Selma : elle me sourit et dégage le drap et la couverture qui me couvrent. Je ne suis vêtu que d’une grande chemise qu’elle s’évertue à déboutonner.


Une fois dénudé, elles s’écartent conjointement du lit, et dans mon champ de vision elles se déshabillent. Elles sont devant moi, uniquement vêtues de leur petite culotte. La différence est troublante : d’un côté, un corps d’adolescente ; de l’autre, une femme accomplie pour qui tout homme se battrait pour obtenir ses faveurs : des seins voluptueux aux larges aréoles brunes sur lesquelles les lois de Newton n’ont pas encore prise malgré ses 35 ans, des courbes arrondies, un ventre rond et douillet, des jambes fuselées, une vulve bien dessinée avec un renflement prometteur à son extrémité supérieure.

Hélène se place entre nous deux, au centre du lit ; elle admire l’érection que leur strip-tease a provoquée.



Sa main entoure ma verge ; elle est brûlante et légère.

Selma saisit à pleines mains un sein et lèche le globe élastique ; le téton s’érige lentement. Je suis le mouvement et m’occupe pareillement de son voisin. La respiration d’Hélène s’emballe et les pointes brunes continuent à durcir sous nos langues. Elle me lâche à regret et pose ses mains sur nos deux têtes ; ses doits crispés dans nos cheveux, elle dirige nos bouches en fonction de son plaisir. Les grosses aréoles du début se sont fortement réduites, et leur sensibilité est à leur paroxysme.


Sa main impérieuse me force à lâcher son téton et me dirige plus bas ; j’accède à son désir avec joie. Mes lèvres tracent un sillon humide, s’attardant sur son nombril, puis migrent sur sa hanche, frôlent sa cuisse. Je me positionne en bas du lit ; elle écarte ses jambes. Je couvre de baisers l’intérieur des cuisses ; sa peau est douce et réactive à mes caresses. Sa culotte dessine sa vulve trempée. Je libère Hélène de son dernier rempart. Une fragrance agréable atteint mes narines ; j’admire la vue : glabre, totalement ouverte, des lèvres gonflées coulent un ru de miel qui se perd sous le périnée. Mon index suit l’aine et touche le capuchon qui ne cache plus un clitoris volumineux. Elle tressaille et laisse échapper un feulement profond.


Selma a quitté la poitrine et leurs langues se cherchent, s’enroulent. Je continue mon exploration et me rapproche par petites touches des zones plus sensibles. Quand mon index touche la peau fine qui sépare son anus de sa vulve, elle se contracte fortement, augmentant le flot de cyprine que mon doigt récolte.

En les regardant je le porte à ma bouche. Aucune femme n’a le même goût ; le sien est délicieusement poivré et légèrement sucré. Nos yeux restent connectés et mon doigt cible les grandes lèvres. Je suis à l’orée de ses petites lèvres ; ses yeux me supplient.


Selma me regarde aussi ; elle se caresse les seins, la bouche légèrement ouverte, son entrejambe écarté laisse apparaître une vulve dans le même état que celle de sa compagne. Je pose deux doigts à l’entrée de son vagin ; elle tend son bassin et ils pénètrent jusqu’à la garde. Elle hoquette, se resserre sur moi. Elle tremble. Je ressors prestement. Selma calme sa compagne, détourne son attention, pose sa main sur son abdomen ; sa respiration ralentit. Elle plie les jambes, pose ses talons sur le lit et avance son bassin de façon impudique ; j’écarte ses lèvres et pointe ma langue au milieu de la corolle rose. Elle ne se contrôle plus.



Ma langue plonge au plus profond. Elle referme ses cuisses. Je lape l’abondant liquide qui sort de son ventre.

Hélène reprend peu à peu son souffle, serrée entre nous.



Elle regarde mon visage inondé.



Soudain elle se cabre. Selma vient de poser son doigt sur son clitoris et imprime un mouvement rapide.



Elle crie, ses jambes tendues comme des arcs, les pieds fléchis et les orteils écartés. Une quantité non négligeable s’échappe encore de son ventre et macule le drap.

La complicité entre les deux femmes est fascinante ; je ne compte plus pour elles. Hélène, toujours, dans l’épectase, embrasse goulûment Selma et pétrit sans ménagement ses fesses, mordille, maltraite ses seins. Selma, tordue par le désir, frotte son pubis contre celui de son amante. Je pensais que l’amour entre femmes était tout en subtilité et douceur ; je constate, là, un combat débridé et empreint d’un érotisme violent. Le dos d’Hélène est zébré par les ongles de son amante. Selma vient de prendre possession de son ventre ; sa main entière semble être absorbée. Leurs bouches s’entrechoquent entre deux gémissements. Je me caresse, subjugué par la beauté de la scène.

À bout de forces, Selma, la respiration erratique, se rend, son petit corps en arc de cercle ne touchant le lit que par haut de la tête, la tête d’Hélène entre ses jambes, et ses bras tiennent fermement les hanches de sa compagne…


Selma est la première à sortir de sa torpeur ; elle bascule la tête de mon côté, légèrement affolée par la tournure de l’événement. Elle est vite rassurée devant mon érection et les yeux doux que je lui offre. Je me rapproche. Ses doigts qui tremblent légèrement entourent ma hampe. Nos langues s’effleurent, elles dansent. Hélène me gratifie d’une magnifique vision en m’enjambant. Selma profite de mon inattention pour englober mon gland dans le fourreau humide et chaud de sa bouche. La bouche d’Hélène remplace la lâcheuse ; elle a encore le goût de ma petite sauvageonne.


Ainsi encadré, je suis à la merci de mes deux diablesses. Je ferme les yeux et me laisse bercer par le flot de douceurs qu’elles me prodiguent. Leurs langues virevoltent sur toutes les parties sensibles de mon corps, elles lèchent, englobent ou mordillent. Elles se font douces quand, l’une après l’autre, elles avalent, sucent ma verge ou mes testicules ; elles se font cruelles quand elles serrent mes bourses et me branlent à la limite de la jouissance. Mais le jeu a une limite : ma résistance au traitement infligé. Mes gémissements et ma respiration saccadée indiquent l’imminence de la délivrance. Elles se rapprochent, et mon éjaculation les asperge en jets et coulées abondants dus à l’abstinence forcée.

Consciencieusement elles nettoient le sperme qui s’échappe du méat. Je reste hébété alors que mes deux gourgandines reprennent leur place d’origine. Selma se blottit en chien de fusil contre moi, Hélène cale son corps contre mes fesses. Nous sombrons rapidement dans les bras de Morphée.


Au matin, quand je me réveille, je suis seul dans le lit. Je suis alerté par les gloussements venant de la douche. Mes deux belles sont là, terriblement sensuelles, couvertes de mousse ; je bande instantanément.


Dans le bureau de Jean-Joseph, je me retrouve avec Selma pour donner ma réponse.





Jeudi 27 février, 10 h 30 – Vlorë, Albanie, côte adriatique




Dans le silo de réalité virtuelle et de réalité augmentée, les vidéos 3D de l’attentat nous entourent. Selma, Jean-Joseph et moi analysons le déroulement de l’action. Nous visualisons une nouvelle fois l’explosion du Learjet.



Je pose un marqueur sur le timecode lors de l’arrêt de l’avion, un second à son explosion.



L’aéroport en images de synthèse remplace la vidéo.



Je fronce les sourcils.



Après un court temps de réflexion, Jean-Joseph reprend la parole :



J’acquiesce.



Je regarde l’heure et je pianote sur mon terminal. Une personne décroche. Une voix flûtée résonne dans la pièce.



Un grand blanc, puis soudain :



Hilarité générale dans la salle.



Un silence s’installe, ponctué par les cliquetis de son terminal.



Je me retourne vers Jean-Joseph et lui murmure :



La communication s’interrompt.





Lundi 1er mars, 11 h 22 (heure locale) – Arlington, Virginie, hall central du Pentagone.




Impeccablement sanglé dans son uniforme, le sergent Jones – c’est marqué sur sa poitrine – nous introduit dans le bureau du général Caldwell. Une Afro-américaine, la quarantaine, cheveux courts, l’œil pétillant de malice, une légère surcharge pondérale, nous reçoit tout sourire. Elle se lève et me claque une bise bruyante sur la joue. Les présentations sont faites ; elle me sort deux badges.



Elle sort de son tiroir un Colt 45 et place une dizaine de chargeurs dans son sac.



Selma est consternée ; elle n’aime pas cette femme, mais ne pipe mot.




Même jour, 17 heures – Denver, Colorado




Pendant le vol, Selma règle tous les problèmes d’intendance.

Deux véhicules nous attendent ; nous trouvons à l’intérieur le nécessaire de voyage : armes de poing, fusils d’assaut équipé de lance-grenades de type M203, matériel de communication…

Élisabeth est bluffée par le matériel et l’organisation. Selma dirige la manœuvre.



Il est 18 heures quand nous entrons sur l’interstate 70, direction Beavercreek ; 320 miles à parcourir. Un motel nous attend proche de la destination.

Après deux heures de conduite, la circulation se fluidifie, puis bientôt nous nous trouvons seuls sur la route, juste accompagnés par des routiers et quelques camionnettes.

Une pancarte indique une station-service à 2 miles. Élisabeth rompt le quasi-silence, juste interrompu par instants par les points de contrôle avec la voiture suiveuse. Il faudrait que nous nous arrêtions au plus vite. Ordres donnés, j’entre dans la station et en profite pour faire le plein.


La station est déserte, excepté un routier mangeant un brouet innommable. Une camionnette tôlée arrive trois pompes sous nous, mais ne s’arrête pas et incurve sa route en notre direction. Notre réaction est immédiate : je me place en opposition derrière le coffre, Selma et Élisabeth s’aplatissent sur les sièges juste quand une nuée de projectiles étoile le pare-brise et détruit la lunette arrière.



Les deux jeunes femmes sont sorties du véhicule et m’ont rejoint. Il nous faut bouger au plus vite, l’essence commence à fuir du véhicule.



Elle me donne son automatique ; j’attends une baisse de régime due à un rechargement, et je distribue avec parcimonie les 32 balles que j’ai à ma disposition. Trois des assaillants se protègent, mais je ne peux empêcher deux autres de me contourner sur la droite en arrosant en dépit du bon sens la station. Selma se replie. Élisabeth la suit, quand à quelques mètres de la porte d’entrée elle bascule en avant ; une tache rouge apparaît sur son côté gauche.

Ma situation n’est pas enviable : je vais me retrouver entre deux feux. Ma position est intenable.


C’est à ce moment que la cavalerie intervient ; la fourgonnette semble soudain enfler dans un fracas d’enfer. Touchée par une grenade, elle projette en tous sens des morceaux de métal en fusion. Les assaillants s’affolent ; ils perdent l’avantage du nombre. Agnete ajuste les assaillants proches de la camionnette. Trois impacts déchirent la poitrine du premier, deux dans le dos du second cherchant à s’échapper ; le conducteur n’a pas bougé, les mains agrippées au volant : la tringle qui supportait le repose-tête du siège lui a traversé le crâne.


Je profite du flottement pour me mettre à l’abri. Je me déplace vers la caisse ; plus que dix mètres… Soudain, une injonction : « Duck ». Je plonge, et au même moment j’entends l’aboiement de « Prosper », et derrière moi le bruit sourd d’un corps. Élisabeth, le canon encore fumant, parle dans l’intercom.



Dimitri traque le dernier homme, un grand Black ; pas de solution de tir facile : il se déplace en silence, se sentant traqué, et se débarrasse de son PM vide pour courir plus vite. Deux jambes sortant de nulle part le fauchent, le projetant au sol. Surpris, il se relève avec une vitesse étonnante vu sa masse, un poignard dans la main ; dans ses yeux fous, un mélange de peur et de haine. Sa lame siffle au niveau de la gorge de Selma. Elle esquive d’un pas en arrière. Dimitri hésite : il peut l’abattre maintenant, mais le risque de toucher sa coéquipière est trop grand si la balle traverse. Selma se joue aisément des assauts ; elle attend la faute de son adversaire qui commence à s’épuiser. Elle arrive sous la forme d’une feinte, poignard en avant. Selma, les poignets croisés et le corps dégagé de la ligne du poignard, bloque le coup. Par un mouvement issu de l’aïkido, elle saisit le poignet. Un craquement sec et un hurlement plus tard, l’homme a lâché son arme. Elle ne lui laisse pas le temps de s’organiser : elle contourne son adversaire et lui plante jusqu’à la garde son poignard fraîchement dégainé. Le rein droit est sectionné et le foie touché ; une longue plainte s’échappe de l’homme. Une rotation du poignet déchire les tissus et sectionne les artères adjacentes, provoquant une hémorragie fatale. L’homme tombe la face en avant, terrassé. Sans émotion, elle essuie son couteau sur le jean du mourant, rengaine et court vers nous.



Je saisis Élisabeth sous l’épaule ; son teint est bistre, ses jambes flageolent. Elle est totalement épuisée quand nous arrivons à notre voiture.

Je traverse le terre-plein central et rebrousse chemin. Deux miles plus loin, je prends une route de traverse à l’instant où une nuée de voitures, sirènes hurlantes, apparaissent au bout de la ligne droite.

Élisabeth sort, suivie de Dimitri équipé d’une valise. Il lui ôte sa chemise et examine la plaie.



Un bon badigeon au Dakin, quelques piqûres de lidocaïne dans et autour de la plaie, et la pince à hémostase officie dans une odeur de cochon grillé. Dimitri, ganté, cautérise et referme les chairs. Tout est terminé quand nous commençons à ausculter le cadavre, Selma et moi. Agnete s’est éloigné pour sécuriser le terrain.

Après l’avoir déshabillé, nous recherchons des marques distinctives sur le corps ; mais rien, pas même un tatouage. J’ouvre sa bouche : les dents sont bien soignées ; un seul bridge, de facture européenne. Avec mon couteau, j’extrais sa puce biologique et son implant dentaire.

Élisabeth, une perfusion de glucose plantée dans le bras droit, nous regarde. Elle a repris un peu de couleur.



Après un geste négatif, Dimitri déboucle le pantalon, descend sa culotte et plante une seringue remplie d’un liquide blanc dans le gras d’une fesse. Avec précaution, il l’installe sur le siège arrière et fixe la perfusion sur le crochet prévu à l’origine pour accrocher les costumes.

Selma scanne notre véhicule au détecteur et trouve un émetteur sous une des ailes : c’est ainsi que nous étions suivis à distance. L’effet de notre disparition n’a pas tenu très longtemps. Par contre, nos assaillants sont sous pression ; l’action préparée a été montée à la hâte, et avec une équipe plus digne d’Agence tous risques – une série culte remastérisée il y a peu – que de vrais professionnels.


Nous reprenons notre route dans le bon sens. Un attroupement a ralenti la circulation devant la station-service ; je profite du ralentissement pour jeter l’émetteur dans un pick-up roulant à côté de nous.


Les deux heures de route se déroulent dans le silence ; Élisabeth somnole assommée par le calmant inséré dans la perfusion.

Je regarde Selma, son pantalon taché, la façon dont elle a éliminé son adversaire m’a fait froid dans le dos. J’avais occulté que la personne fragile qui se blottit contre moi le soir et qui me donne tant de bonheur est aussi une tueuse implacable.


Nous prenons possession de nos chambres. Sur ordre de Selma, Dimitri sécurise les abords en truffant tous les angles de vue de caméras à déclenchement. Le PC est centralisé dans la chambre de Dimitri et Agnete ; les tours de garde sont répartis entre nous quatre. Une fois l’armement nettoyé, nous regagnons nos chambres.


J’envoie au château par ligne sécurisée le compte rendu de la journée ainsi que les informations de la puce biométrique. La douche résonne dans la chambre ; je me déshabille et rejoins Selma. Je me place dans son dos et commence à lui masser les épaules. Peu à peu, son corps se dénoue. J’enduis de mousse ses seins, ses hanches ; je frotte légèrement son pubis. Elle recule ses fesses et prend conscience de mon état. Elle se cambre, saisit mon sexe et s’empale dans un long soupir. L’afflux d’adrénaline de la journée et la proximité de la mort ont exacerbé nos sens ; notre coït est court et violent, couvert de nos ahanements et terminé par une explosion de jouissance conjuguée.


Calmés, recouverts d’un seul drap, nous nous laissons bercer par le doux chuchotement de la climatisation ; mon oreille est posée sur la poitrine de Selma. Elle me caresse les cheveux nonchalamment. Je suis bien, et je plonge dans une demi-léthargie. Je passe la main sur son ventre et j’effleure son nombril. Elle sursaute, et son cœur bas plus fort. Je repense à la façon dont elle a éliminé son assaillant tout à l’heure et je tremble légèrement. Elle s’en rend compte.



Une plainte, au début imperceptible, puis prenant de l’ampleur traverse la cloison.



La main de Selma se crispe sur ma chevelure. Cela n’a pas l’air d’être à son goût. Les plaintes se transforment en gémissements, puis rapidement en cris. Je déplace ma main entre ses jambes, et ce que je pensais être une récrimination envers Dimitri est bien autre. Mon doigt pénètre sans difficulté dans son intimité ; elle exhale bruyamment. Je remonte sur le clitoris, tourne autour du capuchon et replonge au plus profond de son ventre. Elle est secouée par un violent orgasme.

Il est temps pour moi de relever la garde ; elle ne peut qu’admirer l’état dans lequel notre badinage m’a laissé.


Dans le PC, Agnete, assise en tailleur, regarde nonchalamment les écrans qui se déclenchent en fonction du passage des clients devant les cellules. Avec son short échancré et son débardeur à même la peau, elle pourrait ressembler à une étudiante s’il n’y avait un automatique, chargeur engagé, posé à côté d’elle. Elle se rend immédiatement compte de la bosse qui déforme mon pantalon ; elle rit.



Elle se lève, et son sein droit, mu par une folle envie d’émancipation, s’échappe du débardeur. Une belle pointe rose darde gaillardement dans ma direction. Ce n’est pas ça qui va me calmer. Un désir fou d’englober son téton me traverse l’esprit. Elle s’en rend compte.



La nuit s’est étirée, ponctuée par les gardes. Il est 8 h 30 quand nous reprenons la route. Un nouveau véhicule attend Dimitri et Agnete ; les consignes de sécurité ont été renouvelées. Dans une vingtaine de miles, nous serons fixés sur l’existence du missile. Élisabeth, en tenue d’apparat avec sur sa poitrine une vraie « batterie de cuisine » est de bonne humeur, ce qui tranche avec l’humeur de dogue de Selma.


L’ambiance dans la voiture est pesante. Un panneau indicateur nous informe que nous entrons dans une zone militaire ; au détour d’un virage, une grande barrière coupe la route. Un planton s’approche, s’enquiert de notre destination, et se fixe au garde-à-vous devant le général Caldwell. Fort Laramie est une base poussiéreuse sur le piémont des Rocheuses et aux confins du désert. La garnison est peu nombreuse et peu motivée : il est vrai que garder des entrepôts n’est pas très revalorisant. Le responsable du camp, le colonel Martins, est en adéquation avec l’ambiance générale : petit, bedonnant, une tenue limite négligée, il est affolé par l’arrivée – pourtant annoncée – d’un responsable du Pentagone. Les mondanités effectuées, nous entrons dans le vif du sujet.



Je la trouve très convaincante dans le rôle de manager. Le visage en décomposition du pauvre colonel est entre le risible et le pathétique.



Martins se précipite sur son terminal et tape fiévreusement la référence.

Quelques minutes plus tard, dans un hangar proche de son bureau, un transpalette automatique apporte une caisse scellée. Le scanner portable ne décèle aucune manipulation intempestive. Élisabeth approche sa main du détecteur et le verrou magnétique cède. Le missile est en place ; son numéro de série est validé.

Fausse route !


De retour sur l’interstate 70, nous repassons devant la station-service. Les «locaux» ont été remplacés par les « fédéraux ». Le FBI et l’ATF sont à pied d’œuvre.



Selma est cassante :



Je regarde Selma : son visage fermé fixe la route. Devant tant d’agressivité, plus aucune discussion n’égaie le voyage jusqu’à l’atterrissage à Washington. Nous nous retrouvons à deux tables différentes au Starbucks dans le Dulles Food and Shops de l’aéroport. Selma se lève.



Elle ne répond pas. Je ne l’ai jamais vue dans une telle rage.

Elle se penche, et dans un chuchotement :



Nous sommes face à face ; Élisabeth rayonne.



Elle me montre sur son répéteur de poignet une photo. Une jeune fille est à côté d’elle, plus grande de quelques centimètres, une peau ambrée. Elles se ressemblent énormément.



Elle baisse les yeux.



Mon estomac se tord ; le calcul n’est pas compliqué. Je la regarde, effaré. D’une voix monocorde, elle s’exprime mécaniquement :



Je regarde la photo, mal à l’aise. Le reste du repas me reste en travers de la gorge. Le goût de tous les aliments est proche du carton. À la table d’à côté, Selma administre un savon mémorable au couple infernal.



Elle acquiesce, la tête baissée, et continue :



Selma revient vers notre table. Elle semble plus sereine et remarque tout de suite le malaise qui s’est installé entre nous.

Du fond de la galerie apparaissent deux soldats.



Elle se lève, m’embrasse et salue la table d’à côté. C’est à ce moment que derrière les deux supplétifs une forme élancée surgit et se jette dans les bras d’Élisabeth. Je reste figé devant cette grande liane sortant de l’adolescence.


Dans l’avion, Agnete et Dimitri se sont endormis. Selma pose sa tête sur mon épaule et devient féline ; mon malaise l’alerte.



Elle me regarde, une lueur d’angoisse dans les yeux ; elle redoute la réponse.



Son visage se fige. Une larme perle au bord de son œil.



Sa poitrine est entrecoupée de spasmes.



Je la serre dans mes bras. Elle fond en larmes, heureuse et libérée.

Je pose un baiser sur sa chevelure.