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Temps de lecture estimé : 58 mn
06/04/18
corrigé 06/06/21
Résumé:  Où le retour de Werner est gaillardement fêté. Où finalement, les mystères s'éclaircissent
Critères:  fh ff fff 2couples exhib fmast intermast fellation cunnilingu anulingus pénétratio sandwich fdanus fsodo -historiqu
Auteur : Claude Pessac            Envoi mini-message

Série : Les tilleuls des félons

Chapitre 06 / 06
Epilogus

Les Tilleuls des Félons


Épisode 1 : Quand résonne le bourdon

Où le maître est assassiné, mais personne ne le pleure. Où le révérend commence son enquête


Épisode 2 : … d’Api, d’Api rouge

Où la veuve prend du bon temps. Où les experts analysent la scène de crime


Épisode 3 : Les obsèques joyeuses

Où les obsèques se transforment en bacchanales. Où la Comtesse s’en remet aux doigts experts de sa couturière


Épisode 4 : La couleur des extrêmes

Où Braunstein se dévoile masochiste. Où Sylvette, sans en avoir l’air, résout bien des mystères


Épisode 5 : Les Plaisirs du Bourg

Où un trio explore les plaisirs saphiques. Où les conspirateurs chuchotent autour d’une table dite ronde




Le retour du promis




Journée bien pénible pour la jeune comtesse.

Certes, pas à cause de la découverte du cadavre supplicié de l’affreux Prévôt.

Ce matin, de méchante humeur au retour de Colmar après une ennuyeuse soirée où le bourgmestre n’avait condescendu à n’apparaître que fort tard, la Comtesse, à peine descendue de sa monture, avait été assaillie par ses gens qui lui avaient appris le funeste sort de Braunstein. La nouvelle l’aurait plutôt réjouie si elle n’avait jeté une ombre inquiétante sur l’avenir. Sur l’avenir de son cher amant.


Des rumeurs courent en effet, on commence à parler d’un complot visant à venger l’assassinat du Comte Valstaff. Pour ce qu’elle en sait, vingt-cinq ans plus tôt, le prédécesseur de son défunt mari et toute sa famille ont été assassinés dans d’atroces circonstances, précisément perpétrées par Ulrich et Braunstein. Mais si telle est bien la raison de ce second meurtre, l’affaire est désormais close, s’était-elle dit, et Werner, n’étant en rien responsable de la folie de son père, n’a aucune raison d’être inquiet. En l’absence de tout héritier de Valstaff, nul ne peut revendiquer le Comté. À moins qu’un hobereau du coin n’ait des visées sur le territoire. Mais Werner est apprécié de tous, manants et nobles gens, clergé et forces politiques au plus haut niveau de l’Empire. L’empereur et le Pape ne laisseront quiconque supplanter leur poulain.


Kirsten se rassure comme elle peut. D’autres préoccupations embarrassent son esprit, plus personnelles, plus prosaïques. Ce qui lui importe, c’est le résultat de l’entretien de son amoureux avec l’Évêque ! De la réponse donnée dépend son avenir…


Kirsten est inquiète, impatiente. Et puis, la chaleur est si oppressante ! La douceur bienfaisante des jours passés a fait place à une touffeur anormale, assommant bêtes et gens. Même derrière les murs épais du château, la jeune femme a ressenti les effets de cette surprenante canicule qui fait perdre raison.


Mais surtout, l’absence de son galant lui a terriblement pesé d’autant qu’elle n’osait espérer le retour du jeune homme avant le lendemain dimanche, au plus tôt. Toute la matinée, Kirsten a tourné en rond, n’ayant goût à rien, tant son esprit et ses sens impatients la taraudaient. Cette quasi vierge il y a peu encore, nouvellement découverte aux plaisirs des hommes, connaît l’impatience des novices, cette insatiable fringale qui vous consume plus sûrement qu’un bûcher ardent. L’ignorance de la durée de cette douloureuse abstinence l’a plongée dans un état d’irritation indescriptible.


Heureusement, peu avant le déjeuner, l’arrivée d’une estafette l’avait rassérénée : dans son message, Werner lui annonçait son retour pour la fin d’après-midi, déclarant vouloir se reposer de ses harassantes chevauchées chez Maître Haberkorn pour être en pleine forme au moment des retrouvailles, et surtout, pour reprendre figure humaine et belle allure afin « d’honorer sa promise en galant homme ».


« Sa promise » ! Le terme n’avait sûrement pas été choisi au hasard et témoignait donc d’une issue favorable de son entretien avec l’Évêque !


Ces nouvelles eurent l’heur de ravir la jeune Comtesse qui dès lors s’affaira à se préparer : un long bain pour se délasser, adoucir sa peau. Dans l’eau tiède parfumée à l’essence de fleurs d’acacia, Kirsten s’est prélassée, détendue, en songeant aux délices à venir. Il lui a cependant fallu batailler ferme pour résister à l’envie de glisser ses doigts entre ses cuisses : il convenait de garder intact pour son amant le feu de son désir.


Après s’être soigneusement séchée, la donzelle avait poudré son corps de talc, parfumé ses cheveux et l’aine. S’était alors présenté un vrai dilemme : quelle tenue choisir ? Version sage, pour aller accueillir le jeune homme dès son entrée au château, ou mise plus affriolante pour combler ses désirs ? Kirsten avait longuement hésité avant de décider de ne pas descendre accueillir le voyageur. De toute façon, pensait-elle, impatient comme il le sera, il aura déjà grimpé les deux étages avant que je ne sois au bout du couloir ! Ainsi donc, elle ne bougerait pas de sa chambre ! Ceci étant décidé, le problème restait entier : quelle tenue mettre ? Kirsten tergiversa longtemps. Elle pensa d’abord opter pour la solution la plus simple, la plus explicite en l’occurrence : le plus simple appareil ! Suivre le conseil d’une certaine couturière effrontée et s’allonger, totalement nue sur sa couche, s’offrir, cuisses largement ouvertes, indécente et provocante, les doigts, comment avait-elle dit, ah oui, les doigts dans le chaudron à touiller le potage ! Le tableau était excitant, mais n’était-ce pas là trop inconvenant ? Et surtout dangereux ! Si Werner entrait, accompagné de son page ou d’un quelconque serviteur ? Ou pis encore, qu’il entraîne à sa suite son compagnon de route, pour narrer, avec l’appui de ce témoin, son entretien à l’Évêché ! Elle aurait belle allure la blanche fiancée ainsi exposée !


Kirsten envisagea de revêtir une robe de chambre vaporeuse. Ainsi, Werner n’aurait qu’à en défaire la ceinture pour la trouver nue. À moins qu’elle ne fasse glisser elle-même le vêtement de ses épaules dès qu’elle serait certaine de leur intimité. La jeune femme avait fouillé ses malles à la recherche d’une robe adaptée à la circonstance, en essaya plusieurs, mais sans rien trouver qui lui convienne. Trop banales, trop sages, trop habillées, rien qui ne puisse surprendre et exciter son galant.


Sauf bien sûr, une certaine robe de nuit, noire, récemment retaillée par Sylvette. Le vêtement était pour le moins scandaleux et ne protégerait sa pudeur que de façon très réduite si Werner entrait accompagné, mais Kirsten eut tôt fait d’imaginer la parade.


Pour l’heure donc, la jeune femme est installée sur le large rebord en bois d’une des fenêtres de sa chambre. Werner est de retour ! Elle lui a adressé un petit signe par la fenêtre il y a quelques instants, avant de le voir se précipiter vers l’entrée du corps de logis. Elle l’imagine, escaladant les escaliers à toute vitesse ! Avant qu’il n’entre, hors d’haleine, elle remonte encore une fois sa robe dont le décolleté dévoilerait sinon large moitié de ses tétons. Lesquels, du reste, pointent insolemment au travers des dentelles ! Le vêtement étant relevé au plus haut, l’ourlet du bas couvre à grand-peine son aine. Mais Kirsten a étalé sur ses genoux un très grand ouvrage de broderie. C’est là sa parade, son rempart de dignité, le dernier écran de pudeur au cas où ! Sur sa banquette, assise à contre-jour, les jambes ballantes, elle feint de s’affairer à piquer l’immense nappe qu’elle a, un jour, du temps de son ennui, entrepris de broder. Au-delà du cerclage de tension qu’elle tient en main et fait semblant de piquer, le tissu s’étale en corolles et couvre largement ses jambes et son ventre. Combien de fois n’a-t-elle pas désespéré d’avoir entrepris la broderie d’une aussi grande nappe dont elle ne voit le bout, mais à cet instant, elle ne peut que s’en féliciter.


La porte s’ouvre à la volée, Werner entre en courant avant de s’arrêter, deux pas devant elle. Kirsten plante son aiguille dans le cerceau de broderie qu’elle presse contre ses seins.


Rayonnant, visiblement heureux et soulagé, le jeune comte annonce :



Puis il se précipite sur elle, l’embrasse fougueusement, la cajole, la caresse. Kirsten est folle de joie de cette déclaration tant espérée, mais son bonheur est gâché par l’entrée dans la pièce du chevalier Von Walsenhütt, suivi de Soren qui referme la porte derrière elle. À croire que ces intrus ont l’intention de s’installer un moment ! De fait, Werner se tourne vers eux et les prend à témoin :



Le jeune comte entreprend alors d’expliquer avec l’aide de Karl les détails de son entrevue de Strassburg. L’évêque consent aux épousailles, demandant simplement d’attendre la confirmation de Werner au rang de suzerain du Comté. Et comme de son côté, Von Walsenhütt affirme de source sûre que l’annonce sera officialisée dans un délai très bref, les tourtereaux n’auront guère à patienter longtemps avant de convoler en justes noces.


Si Kirsten paraît suspendue aux lèvres de son promis, Soren écoute ces explications d’une oreille beaucoup moins attentive. Finaude, la donzelle a bien remarqué que si sa cousine est ravie de ces nouvelles, elle n’en affiche pas moins un air contrarié, ou plutôt, un air embarrassé. Et pourquoi serre-t-elle contre elle son ouvrage de broderie, pourquoi reste-t-elle assise sur sa fenêtre, immobile, statufiée, au lieu de se jeter au cou de son aimé ? Et qu’est-ce donc que cet ouvrage envahissant qui l’engloutit presque entière ? Curieuse, la jeune fille décide d’en avoir le cœur net et s’approche. Kirsten a beau alors serrer sa broderie contre ses seins, la cousine aperçoit par le côté les dentelles noires d’une très courte robe et comprend que Kirsten est moitié nue. Tout s’explique donc ! À n’en pas douter, la friponne a projeté de fêter dignement le retour de son bien-aimé ! Une manigance qu’elle comprend d’autant mieux qu’elle a elle-même ourdi le même projet à l’égard de son pieu chevalier.


Grimpant à son tour sur la banquette de bois, l’air de rien, elle s’installe juste à côté de sa parente qui lui décoche pourtant un regard noir. Soren a revêtu une longue et chaste robe de chambre en cendal ⁽¹⁾, simplement fermée par une ceinture. Et la petite libertine s’ingénie bien à ce que sa robe s’ouvre dans le mouvement qu’elle fait pour s’asseoir : et justement, un pan glisse et dévoile sa jambe gauche, du pied jusque l’aine, sans qu’elle paraisse sans apercevoir ! Mais du coup, pour les témoins présents, il saute aux yeux que cette petite rouée ne porte rien au-dessous de cette robe dont la ceinture se relâche comme par magie pour découvrir assez largement sa gorge. Taquine, décidée à dévoiler le manège de sa trop digne cousine (et de la dévoiler tout court par la même occasion !), Soren feint de s’intéresser à sa broderie et lui prend sèchement le cerceau des mains : mais son geste est si astucieusement maladroit que l’ouvrage tout en entier s’affale au sol, sans qu’elle s’inquiète évidemment de le ramasser. Désormais privée de son camouflage, la jeune comtesse est bien embarrassée : qu’elle bouge tant soit peu, et ses seins jailliront du décolleté, qu’elle se lève et son intimité tout en entière sera offerte à la vue de ses hôtes. Les bras croisés sur les seins, elle serre les cuisses aussi fortement qu’elle le peut et ne sait comment se sortir de cette embarrassante situation.


Goguenards, les deux hommes observent, complices, le tableau formé par les deux jeunes femmes. Décochant un coup de coude à son voisin, Karl constate :



Comme piquée par un fer rouge, Kirsten réagit promptement :



Kirsten ne trouve plus ses mots, partagée qu’elle est entre une juste colère et l’embarrassante exposition de ses propres appas. Werner intervient pour calmer sa dulcinée :



Gênée, Kirsten reste coite alors que sa complice sourit d’un air entendu qui n’échappe pas aux deux lurons. Mais avant de répondre, Soren, toujours curieuse, veut en savoir plus sur les escapades galantes des deux hommes. Elle, n’a retenu qu’une chose concernant l’Auberge de la mère Anke :



Karl von Walsenhütt éclate de rire :



Se tournant vers son compagnon, il ajoute en désignant les deux cousines assises à la fenêtre :



Jouant le jeu, Werner fait mine d’observer la scène d’un œil critique.



Kirsten est stupéfaite par cette comparaison si détaillée : jamais, elle n’aurait pu imaginer que Werner puisse tenir, devant des tiers, des propos aussi inconvenants. Tétons, maljoint, il n’était pas obligé de détailler à ce point. Et puis, qu’est-ce donc que cette attitude, cette discussion, on se croirait entendre dialogue de maquignons à la foire aux bestiaux. Il ne manquerait plus qu’ils s’approchent pour en jauger les mamelles !


Kirsten est éberluée par cette attitude, si suffoquée qu’elle n’a pas le temps de réaliser et voilà que son amant s’est déjà approché d’elle et lui a pris les mains pour l’obliger à se lever. Bien qu’affreusement gênée, la jeune femme ne peut résister à la traction exercée et se lève, tentant de se rapetisser au maximum. Mais Werner l’entraîne dans un pas de danse, lui lève les bras, la fait tourner sur elle-même. Ce faisant, la pauvre jeune femme, anéantie de honte, présente à ses hôtes ses petites fesses rondes, son buisson doré et sa prune dodue qui déjà s’entrouvre. Écarlate, terriblement gênée, bien que délicieusement excitée, elle se presse contre son amant, tente de le faire pivoter pour se cacher derrière lui. Mais le bougre résiste et lui offre ses lèvres : Kirsten s’accommode alors, avec soulagement, de ses mains qui viennent pétrir les rondeurs de ses fesses. Au moins, cela les cache-t-elles !


Hilare, Karl apostrophe Soren :



L’homme s’est rapproché de sa compagne qui elle aussi a quitté la banquette, mais est demeurée appuyée contre. La ceinture de sa robe est tombée au sol et son vêtement baille désormais largement, ne masquant plus grand-chose de son anatomie.



Moqueuse, Soren a prononcé ces derniers mots avec une emphase exagérée. Son amant, venu se placer à côté d’elle, lui a ostensiblement plongé sa main droite entre les cuisses. Soren minaude un instant, faisant mine de vouloir échapper aux caresses, mais capitule bien rapidement, s’affaissant même légèrement sur les genoux pour mieux écarter les cuisses et ouvrir le passage. Comme si de rien n’était, elle poursuit ses explications bien qu’on la doigte avec une certaine vigueur.



Si Werner ne cache pas son intérêt pour le spectacle offert, Kirsten, elle, est complètement affolée par la tournure des événements. Elle réalise la situation, prend pleinement conscience de l’amitié qui unit les deux hommes, de leur complicité : leur intimité, scellée par leur récente débauche, pourrait les pousser à reproduire ce soir ce qu’ils ont fait la veille ! Or, se retrouver nue, ou quasiment, devant Karl, est chose fort embarrassante déjà, mais de là à partager la même couche, à forniquer de concert, voire ensemble… La Comtesse est furieuse de l’attitude de sa cousine. Elle a beau la savoir particulièrement dévergondée et friande de sexe, se soumettre d’aussi bonne grâce au désir de son amant, s’exposer ainsi devant elle et Werner dépasse l’entendement ! De toute évidence, la garce fait le jeu des hommes ! Comment peut-elle ainsi se soumettre aux doigts qui la fouillent sans vergogne ?


Soren peine à s’exprimer désormais : deux doigts se sont glissés dans sa chatte et le pouce de son amant s’active sur son bouton ; elle-même alors, n’y tenant plus, franchit l’étape suivante : la voilà qui abaisse les chausses de Karl pour en extirper un braquemart au garde-à-vous, qu’elle saisit à pleine main.


Kirsten sursaute littéralement devant cette impudence et n’y tenant plus, exprime sa violente réprobation, enjoint les dévergondés à s’éclipser vers leur chambre :



Mais elle ne peut finir sa diatribe : Werner l’a fermement attirée à lui et la bâillonne vigoureusement de ses lèvres. Kirsten tente de lui échapper, résiste un instant encore. Mais lorsqu’il lui plonge la main entre les cuisses, la jeune femme réalise que la partie est perdue ! Elle qui avait fabulé toute la journée sur de romantiques et langoureuses retrouvailles est irrémédiablement entraînée dans des bacchanales effrénées qu’elle soupçonnerait presque d’avoir été préméditées.


« À moins que la partie ne soit en fait gagnée », s’avoue-t-elle enfin à elle-même.


En un instant, les doigts gourmands et habiles qui lui fouillent l’entrejambe, lui ont fait abandonner toutes ses craintes pusillanimes ; avide de caresses et d’extase, la jeune femme est entrée dans le jeu, elle accepte la situation, s’en excite, s’en réjouit même.


De son côté, Soren, piquée par les récriminations de Kirsten, s’est redressée et accuse :



Comprenant parfaitement ce que s’apprête à révéler sa cousine, Kirsten voudrait protester, empêcher l’effrontée de poursuivre. Mais n’a-t-elle justement pas rêvé tout au long de la journée de conclure ses ébats passionnés avec Werner en lui faisant l’offrande de son ultime pucelage, d’abandonner ses dernières réticences, ses inutiles fiertés, d’abattre sa dernière façade d’honorabilité ? Émoustillée, elle a longuement préparé cet instant. À quatre pattes sur le lit, elle a cherché la position idéale pour savourer pleinement ce qu’elle appréhende comme un doux avilissement. L’attente de cette soumission absolue l’a échauffée tout au long du jour. Le plaisir étourdissant ressenti la veille, le mélange de douleur, de honte, de soumission et de bonheur éprouvé lorsqu’un doigt était venu forcer l’anneau de son cul l’a mise en appétit et elle ne rêve à rien d’autre désormais qu’à l’intromission d’une pièce plus conséquente qu’un simple doigt ! Alors, récriminer ne serait que vaine fierté, complètement déplacée.



De fait, aucune dignité n’est désormais de mise pour Kirsten. Werner l’a en effet retournée face à ses hôtes et s’est plaqué derrière elle ; une main par-devant, une main par derrière, le jeune Comte lui fourrage allègrement l’entrejambe. Elle, cassée en deux sur les genoux, presque accroupie, cuisses totalement ouvertes, subit devant témoins cette fouille insolente, apprécie on ne peut mieux ces doigts qui écartent sa moule, exposent les moindres replis de son intimité. Et pour que le spectacle soit complet désormais, elle a même quitté sa robe et se triture les seins avec entrain. Déchaînée, soumise, elle ahane, bouche bée.


Malgré la folie qui enflamme ses sens, Kirsten garde sa tête et comprend bien la responsabilité qu’elle porte dans ce qui est en train de se passer : avouer à voix haute son fantasme était folie déjà, même si ce n’était que paroles en l’air, plaisanterie, provocation. Mais en y incluant Soren, elle lui avait du coup brossé la scène, lui avait donné une réalité ! Les fantomatiques participants de cette hypothétique bacchanale se trouvaient dès lors désignés : le quatuor était formé. En plaçant Soren dans la danse, Karl s’y trouvait obligatoirement inclus !


Kirsten réalise parfaitement qu’en s’ouvrant de cette manière et en ces termes, elle a jeté un formidable pont à sa cousine, laquelle, bien entendu, saisit maintenant la première occasion d’y danser la gigue.

Regretter ses paroles ou s’en réjouir, Kirsten a choisi et compte bien désormais tirer tous les bénéfices possibles de cette aventure. Sans retenue. Sans fausse honte.



La jeune femme adresse un clin d’œil complice à sa cousine, avant de se retourner vers son galant dont elle abaisse prestement les chausses. Werner est obligé de se contorsionner pour se défaire totalement de ses vêtements, Kirsten l’ayant déjà pris en bouche pour le pomper gaillardement. À croupetons, la jeune femme expose son cul totalement découvert à ses spectateurs, qui, bien que très occupés de leur côté, ne perdent pas une miette du spectacle offert. Kirsten est déchaînée, elle pompe le dard, le lèche à tout va, l’avale : elle aime sucer cette queue qui l’étouffe à moitié, elle aime ce gourdin chaud, dur et doux à la fois, ne se lasse pas de le goûter, de l’embrasser. Elle en raffole, de cette confiserie vénéneuse, de ce champignon acrobate, elle s’amuse des petits spasmes qui la parcourent, en savoure la vigueur, s’attendrit de sa fragile superbe. Une main entre les cuisses, elle suce tout en continuant le travail entrepris plus tôt par Werner. Ses doigts fouillent son entrejambe, agacent son bouton, s’engloutissent dans sa grotte chaude et trempée.


S’il n’y prenait garde, Werner ne tarderait sans doute pas à succomber aux assauts frénétiques des lèvres qui l’emprisonnent. Mais d’autres bonheurs lui sont promis et le jeune homme compte bien en profiter. À regret, il s’écarte, se soustrait à la bouche avide, contraint sa belle à se relever et propose à la cantonade :



Nul besoin pour lui de se répéter, aussi occupés qu’ils soient, Karl et Soren ont capté l’invite et, toutes affaires cessantes, rejoignent le lit de Kirsten.


Là, les choses pourtant ne s’avèrent pas aussi simples qu’on pourrait l’imaginer. Le quatuor est indécis, les participants hésitent. Les hommes surtout : vont-ils derechef contenter l’insolente ? Ne devraient-ils pas accorder quelques joyeuses gracieusetés à ces dames avant d’entrer dans… le vif du sujet ? Ils s’interrogent du regard, embarrassés qu’ils sont aussi de leur nudité pourtant triomphante.


C’est Soren qui dénoue la situation : attrapant Werner par le cou, elle s’allonge sur la couche, jambes ballantes au-dehors du lit, et dirige le jeune comte dans le compas de ses cuisses écartées. Tombé à genoux, le jeune homme hésite un peu, guette sa mie du coin d’œil, cherchant dans son regard la petite lueur d’assentiment qu’il implore. Le sourire amusé de Kirsten le rassure, d’autant que la garcette adopte la même position sur le lit et attire à son tour le bienheureux Karl dans la même position.


On dirait deux chevaliers en prière au pied de leur lit, mais ces farauds-là, ce n’est pas au Très-Haut qu’ils adressent leur intense ferveur ! Têtes enfouies dans des cuisses accortes, ils gloutonnent de sensibles boutons, friponnent des corolles épanouies, explorent des ravines inondées où ils étanchent d’inextinguibles soifs au jus de femmes voluptueusement affolées. Personne ne parle plus désormais, mais le silence, à peine installé, est rompu par des soupirs transis, des clapotis de succion, des lapements frénétiques, des soupirs d’aise qui montent crescendo. Les bouches sont plaquées sur les sexes impatients, les langues s’affolent dans les lippes échauffées. Les hanches des femmes roulent, tanguent et drossent de concert; les ventres se creusent, les reins se cambrent à mesure que les langues s’activent dans les tendres méandres submergés de leurs fleurs épanouies.


Être si délicieusement outragée sous les yeux même de son si cher amant offre à Kirsten d’incroyables sensations. Parfaitement consciente de la dangerosité vénéneuse de cet imbroglio amoureux, la jeune femme en rejette pour l’instant, et avec force, toutes les funestes conséquences possibles, pour déguster avec volupté les incommensurables délices de la situation. Elle rêvait de se défaire de toute pudeur, de toute dignité, de toute raison, elle atteint ici des sommets inimaginables il y a peu encore !


Contrairement à ses habitudes, la voilà qui prend des initiatives : ne voulant pas succomber de suite, elle prend la tête de Karl entre ses mains et l’attire vers elle. Elle le convie à monter sur le lit :



Mine de rien, prononcer, même à mi-voix, à cet instant, un mot comme « queue » a requis pour elle une détermination farouche. Kirsten n’est pas coutumière du vocabulaire cru. Ses joutes coquines avec sa cousine sont souvent bavardes et empreintes d’humour, mais il est rare que des mots aussi définitivement précis soient prononcés. Quant à ses rapports avec Werner, ils ont jusque-là toujours été quasi silencieux. Kirsten est comme enivrée par la situation et se sent prête à toutes extrémités. Alors que Karl se redresse, elle-même rejoint le mitan du lit, pivote complètement sur elle-même : l’invite est claire ! Karl, à quatre pattes au-dessus d’elle, replonge sans tarder la tête entre ses cuisses alors que la belle comtesse aborde avec douceur la queue qui la surplombe. Plutôt que d’avaler goulûment le membre érigé, elle choisit la douceur. Du bout de la langue, elle caresse doucement le gland, remonte sur la hampe, franchit les sillons marqués des veines gonflées pour remonter jusqu’aux bourses. Le cou tendu, les mains fermement accrochées aux hanches de son partenaire, avec délicatesse, elle suçote les boules, les prend en bouche une à une, puis ensembles, les réchauffe, les fait rouler délicatement sous sa langue. Le traitement distrait Karl de son occupation : tendu et certainement inquiet de cette manœuvre qui pourrait s’avérer douloureuse en cas de précipitation ou d’un mouvement trop appuyé, l’homme a redressé la tête pour mieux apprécier la volupté de ses délicates caresses.



Kirsten s’amuse de la situation : l’homme est sous sa coupe, fragile et à sa merci, une position qui la complaît parfaitement. Pendant quelques instants, elle savoure encore sa puissance et prolonge le traitement au grand bonheur de Karl. Puis, sentant quelques mouvements de ses voisins, elle abandonne, par prudence et à regret, le sac gonflé pour reporter ses attentions à la queue elle-même qu’elle engouffre avec une certaine brusquerie. Soren et Werner ont décidé d’adopter la même position. La bouche pleine, pompant avec ardeur le membre fier, Kirsten ne peut s’empêcher un regard de défi, à l’adresse de sa cousine. « Fais mieux à ton tour », semble-t-elle lui dire.


Le sourire pervers de Soren montre bien qu’elle a compris le message et relève le défi. Cette petite rouée a plus d’un tour dans son sac et ne tardera pas à le prouver. Elle commence par s’attaquer avec un bel entrain au dard turgescent du comte qui a replongé avec gourmandise sur son sexe épanoui, elle le pompe, le lèche, l’embrasse avec force. Les deux cousines, du coin de l’œil, se mesurent, s’espionnent autant que faire se peut : les hommes ne sont pas en reste de leur côté et leur prodiguent d’étourdissantes fantaisies buccales qui ne laissent pas indifférentes, loin de là !


Kirsten se délecte de cette queue qu’elle sent tressaillir régulièrement dans sa bouche, se régale de ce mandrin chaud qui l’étouffe à moitié. Cette bite-là est certes plus courte que celle de Werner, mais elle est plus épaisse, plus grosse, son gland plus saillant. Pensant à la suite à venir, la jeune femme s’avoue bien préférer que ce soit Werner qui ait à forcer son cul plutôt que cet engin-là dont elle imagine au contraire les délices qu’elle pourra lui donner en frottant la voûte granulée de sa petite chatte. L’idée l’obsède en permanence, cette double intromission promise, elle la voit comme un Graal redoutable, une punition délicieuse, une soumission honteusement délectable. Son impatience est à la mesure de son appréhension, son affolant désir à celle de son indicible peur. Sa volonté la pousse à précipiter le mouvement, car elle ne veut prendre le risque d’affaiblir sa fringale sexuelle en jouissant préalablement à ce double jeu. Et si elle ne doute pas de ses partenaires, elle ne veut pas les voir s’épancher prématurément : elle les veut au meilleur de leur forme !


Aussi, lorsque son impudente cousine se redresse au maximum pour glisser une langue friponne entre les fesses de son partenaire (cette hie veut gagner le concours et est prête à toute extrémité !), elle comprend le danger de cette feuille de rose et rompt le silence :



L’apostrophe fait mouche et les deux compères quittent dans l’instant les nids douillets où leurs nez étaient plongés. Pour bien marquer sa détermination, Kirsten fait rouler Karl sur le dos, et se retournant pour lui faire face, lui chevauche les cuisses, plaçant son vit tout contre sa chatte béante.


Bonne joueuse, Soren excite les deux hommes :



Sans ménagement, Karl a saisi Kirsten par les hanches et l’installe fermement assise sur sa queue tendue. La jeune femme accuse le coup, cette pénétration l’a proprement sabrée, ses chairs s’en trouvent labourées. Kirsten s’effondre sur le torse de Karl qui la redresse cependant pour prendre ses seins à pleines mains. Le bougre lui malaxe la poitrine sans égards, pince ses tétons distendus. L’heure n’est guère à la tendresse et la jeune femme s’affole en imaginant que Werner suive l’exemple de son compère.


Fébrile, Kirsten serre les dents, mais ne peut empêcher ses hanches de rouler, monter et descendre sur la queue prisonnière de son chaudron trempé. Cette bite, puissante et inflexible, frotte ses chairs à l’échauffement, éveille dans son fendu des myriades de papilles sensibles, légères, éphémères et successives bulles de plaisir sans cesse renouvelées. Les hanches vont et viennent crescendo sur la hampe du mandrin, sa chatte l’engloutit et le rejette presque tour à tour, la jeune femme ne peut contrôler son désir ni refréner son mouvement. Mais des poignes solides soudain l’immobilisent : derrière elle, Werner vient de se placer, sa queue tutoie l’anneau serré de son cul que les paumes puissantes écartèlent. Affolée et pourtant si délicieusement consentante, Kirsten sent le gland appuyer sur son orifice, pénétrer d’un demi-pouce pour se retirer ensuite, revenir comme pour prendre la mesure de l’anneau, repartir et revenir encore. L’air hagard, les cheveux en bataille, la bouche entrouverte, Kirsten, envahie par une terreur impatiente voudrait se décrisper, faciliter l’intromission, mais son appréhension lui fait bien malgré elle serrer les fesses.


À l’instant où le gland franchit la porte, la jeune femme pousse un cri, non tant de douleur que de surprise : la chose n’est donc pas si effrayante que cela, la douleur bien moins intense que le plaisir de l’offrande. Mais la queue plonge dans le cul, s’enfonce jusqu’aux couilles qu’elle sent buter contre ses fesses, le passage lui échauffe les chairs, lui coupe le souffle. Sans les mains de Karl pour la maintenir, toutes forces abandonnées, elle s’effondrerait. Deux poignards, pour l’instant immobiles, en elle, Kirsten suffoque, sa bouche se tétanise, son esprit s’étourdit. Indolente, elle savoure un instant cette immobilité envahissante, ce colmatage absolu : son abandon est total ! Mais si précieux que soit l’instant, c’est avec bonheur qu’elle accueille le retour du mouvement. Werner, qui la tient douloureusement aux hanches, la soulève et l’abat à nouveau sur la queue de Karl ; lui-même, bouge de concert entre ses fesses, ressort un peu pour la forcer plus encore quand elle se fait bourrer la chatte. Kirsten sent entre ses chairs les deux bites qui se superposent, se frottent au travers d’elle.


Le mouvement s’accélère, en force et amplitude, les deux queues la bourrent de concert ou en alternance, la transpercent, la comblent, la brutalisent, la bourrent sans ménagement. La jeune femme n’est plus qu’un fétu de paille, une marionnette désarticulée entre ses merveilleux tortionnaires. Incapable de résister plus avant, Kirsten tombe plus qu’elle ne grimpe dans un plaisir incroyable, son désir se nourrit de sa douleur et de son abandon, de sa soumission acceptée, de sa honte triomphante, de sa toute-puissance à ne pas contrôler ces hommes à qui elle s’offre sans retenue, sans regret, sans retenue. Le plaisir la prend presque par surprise, plus vite qu’elle ne l’avait imaginé, la submergeant de la tête aux pieds, lui coupant si fort le souffle qu’elle ne peut pousser le moindre cri. La poupée de chiffons se statufie dans ce plaisir extasié dont elle savoure chacune des parcelles infinitésimales et pourtant incommensurables.


Sa jouissance entraîne les deux hommes qu’elle sent décharger en elle sans pouvoir identifier désormais qui submerge sa chatte, qui inonde son fondement ; les spasmes de son extase se confondent avec les tressaillements effrénés des queues crachant leurs délicieux venins, les râles des mâles noient ses propres cris intérieurs. C’est un même séisme qui les tous les trois, les confond, les disloque, finit par les anéantir.


Combien de temps s’écoule avant que Kirsten ne reprenne ses esprits, coincée entre les deux hommes. Sans doute beaucoup moins qu’elle n’imagine, mais son réveil est comblé par la présence en elle encore des deux membres qui l’obstruent. Kirsten se complaît dans cette immobilité sereine qui suit le grand désordre, s’attendrit complaisamment de la vigueur amoindrie, mais encore intéressante des queues qui la bourrent. Déchirant les voiles embrumés de son esprit, la jeune femme, reconnaissante, calcule qu’avec un minimum de talent, sa tendre cousine pourra elle aussi profiter de ses compagnons. « Tendre cousine ! Faut-il que je sois affreusement romantique pour qualifier ainsi cette adorable dévergondée ! »


Laquelle se tient benoîtement à croupetons sur le lit, à côté du trio épuisé. Sourire narquois aux lèvres et douceur complaisante dans le regard, Soren reste coite à observer avec bienveillance les trois amants alanguis.




oooOOOooo




Pour trouver un endroit frais en ces temps de canicule, il faut plonger vers les caves les plus profondes ou les souterrains les plus secrets. La bibliothèque du couvent n’est pas secrète, bien que peu de gens, hors les moines, aient pu un jour la fréquenter. Sous ses arcades, des centaines d’ouvrages, livres manuscrits, rouleaux et parchemins fragiles, copies souvent enluminées, fruits du travail patient des moines appliqués.


Nul moine à cette heure n’est présent dans la salle, hors le Père Augustus. Pour autant, celui-ci n’est pas seul. Plusieurs personnes sont installées autour de l’immense table des copistes.



Faites donc, pense Viktor Schlemherz, ci-devant Bourgmestre de Colmar, qui attend avec une impatience certaine les explications d’Augustus sur la présence en ces lieux de certains invités, notamment de ce qu’il lui semble bien être deux manants. Présence incongrue et parfaitement insupportable à ses yeux.



L’annonce produit son effet ! Un murmure d’heureuse surprise parcourt l’assemblée. Alors que certains s’apprêtent à présenter leurs félicitations, Augustus calme le jeu.



Schlemherz sursaute violemment à la révélation de son pseudonyme.



Augustus poursuit sans se soucier de la mauvaise humeur de l’édile.



Tous les regards se tournent vers la jeune femme qui sourit aux anges.



Au regard interrogateur du Prieur, la couturière répond :



Le bon Père n’est pas dupe, mais entérine l’assertion.



Tous les participants ont ainsi été présentés, sauf une dernière personne, qui, bien tassée sur sa chaise, cherche visiblement à se faire oublier. Mais Augustus ne l’oublie pas.



Content du petit effet produit par toutes ses annonces, le religieux se tourne vers le futur Comte et sa promise.



Altéré par sa péroraison, Augustus boit quelques gorgées de vin clairet avant de poursuivre :



Le moine prieur a un rapide geste de la main pour exprimer qu’il souhaite passer à un autre sujet.




Grognon, le bourgmestre bougonne :



Toujours aussi sanguin, Schlemherz rugit :



Trois coups brefs sont frappés à la porte qui s’ouvre et laisse passage au Frère Anselmo. Petit homme malingre, le religieux est aussi maigre, émacié et chétif qu’il est vif. Prestement le frère s’assoit à la table en saluant discrètement les participants.



Cette fois, le bourgmestre n’y tient plus, se lève brusquement, renversant presque sa chaise et arpente la salle en adressant des signes menaçants au Prieur :



Le père Augustus réalise que son enthousiasme pour la course au trésor est un tantinet déplacé, en tous cas, pas la priorité du moment. C’est alors que le nouvel arrivant lui adresse un signe. Le prieur n’hésite pas à lui donner la parole, espérant une diversion qui calmera le bouillant bourgmestre. Se levant pour être vu de tous, le frère médecin explique, avec son accent italien si comique en allemand :



Allez savoir pourquoi, mais tous les regards se tournent vers la pauvre Sylvette qui n’en peut, mais. Le chevalier Von Walsenhütt, soupçonneux, l’interpelle :



Prenant un air bravache et dédaigneux, la jeune femme s’explique :



Laquelle dame pouffe, entraînant les rires de sa cousine et la gêne amusée des hommes présents. Le père Augustus vole d’ailleurs promptement à son secours :



Le Chevalier von Walsenhütt se lève cérémonieusement et se tourne vers l’assemblée. Tirant une bourse de sa poche, il explique :



Ouvrant l’escarcelle de cuir, l’homme en extrait un étrange bijou.



Au geste d’impuissance du chevalier, le Prieur comprend qu’il n’en saura pas plus et reporte son attention au bijou lui-même.



Grimaçant quelque peu, le moine extirpe un document de sa besace.



Le Père Abbé rapproche dessin et bijou. Tout le monde s’est levé pour examiner l’ensemble. Si la plupart affichent des moues traduisant incompréhension et scepticisme, Arbogast et Sylvette paraissent, eux, très intéressés. La couturière tourne en tous sens le morceau de médaille et la feuille avant d’afficher un sourire triomphant qu’elle partage avec son amant.



Augustus exulte ! L’assemblée est fébrile et salue l’intelligence de la demoiselle.



Le Bourgmestre de Colmar, toujours rabat-joie, commente :



Moins optimiste, Augustus conclut la séance :





oooOOOooo




Après la fraîcheur de la bibliothèque du couvent, la chaleur du jour n’en est que plus accablante. Dans leur logis retrouvé, Sylvette excitée comme une puce examine en tous sens le croquis de l’énigme rapporté du couvent. Elle pérore sans cesse, avance mille hypothèses. La garcette, en arrivant, s’est promptement défaite de son sayon et généreusement aspergée d’eau fraîche. Arbogast, assis sur un tonnelet paraît se désintéresser totalement aussi bien du rébus que de son indécente compagne nue et affiche une mine sombre. L’homme est visiblement préoccupé, tiraillé.



Le géant morose ne répond rien, s’enfonce même dans sa réflexion morose. N’y tenant plus, Sylvette se lève, quitte la table et s’en vient secouer le penseur.



Rouée, la coquine se plaque contre lui, promène ses mains sur son large poitrail avant de les faire plonger rapidement vers une contrée plus intéressante.

Arbogast se relève d’un bond pour lui échapper, la saisit par les hanches et l’installe assez brutalement sur le tonnelet.



Le voilà qui arpente à présent la pièce de long en large, réfléchissant intensément, pesant visiblement le pour ou le contre à grand renfort de gestes. Il revient enfin vers sa mie et tombe à genoux devant elle.



Gauche, embarrassé par sa grande carcasse, le bonhomme se baisse et met un genou à terre :



Complètement abasourdie, la pauvrette, désarçonnée, sent les larmes lui monter aux yeux. Tremblante, mais avec une ferme conviction, elle répond à la supplique :



Arbogast ne répond rien, continue de la fixer avec appréhension. La jeune femme, en proie à mille interrogations, réfléchit intensément et prend sa décision.



Rassuré, le géant lui sourit, la serre contre lui. Leur baiser est tendre et chaud, complice et abandonné.

Lorsque l’émotion se radoucit, Arbogast s’explique, presque à voix basse :



Se relevant, le vannier s’assoit sur le bord de la table :



Se sentant tout à coup indécente en tenue d’Ève, Sylvette d’un geste demande à son compagnon de lui passer sa robe traînant encore sur la table. Elle se couvre pudiquement en plaquant le vêtement sur sa poitrine.



L’homme joint les mains, serrant ses doigts à en faire blanchir les jointures. Il respire profondément avant de se lâcher :



Submergé par l’émotion, le pauvre géant ne peut articuler un mot, mais opine doucement du chef. Sylvette lui tend les bras où il vient se blottir.



Sylvette sursaute à l’évocation du moine :



Arbogast marche dans la pièce, tournicote en tous sens, mime les situations



Le bonhomme s’est planté face à sa mie qui le regarde avec tendresse, secoue la tête doucement et lui prend les mains pour les embrasser :



Le drôle fouille sa poche et en sort un objet qu’il pose sur le dessin du médaillon. Sautant du tonnelet, oubliant son sayon, la brunette coquine se penche, examine l’ensemble :



Sylvette tourne et retourne le bijou, l’examine en détail. Elle grimace, affiche sa déception.



La pauvrette se penche un peu plus, plisse les yeux :



Arbogast acquiesce à chacune de ses remarques. Sylvette exulte :



Arbogast s’arrête un instant, fait languir Sylvette :



Les yeux de Sylvette pétillent de bonheur, mais elle écarte les propositions :



Le brave homme est visiblement bien en peine de trouver une solution :



Au tour de Sylvette de s’abîmer dans une profonde réflexion. Elle est croquignolette, ainsi assise, nue sur le banc, jambes croisées, les coudes sur la table, la tête dans les mains, ses seins tutoyant le bord du plateau de bois. À la voir si pensive, Arbogast est ému, attendri. Et même un peu plus…



Arbogast joue au sot, fait mine de ne pas comprendre.



Passant derrière elle, le doux géant se penche et enferme les seins de l’affamée dans ses mains, plaque sa joue contre celle de la belle :



La gourmande lui attrape les lèvres et perd son souffle dans un baiser passionné.



Miracle sans nom, un somptueux bolet de Satan jaillit à l’instant à l’entrée de sa bouche et s’y engouffre gaillardement. Une façon somme toute très efficace de clouer le bec d’une gourmande bavarde.




Le triomphe des gueux




Les coups frappés à la porte du monastère résonnent fort dans la nuit. Le frère portier maugréé en trottinant vers l’entrée et doit se contenir pour ne pas maudire l’importun qui ose le tirer de son bat-flanc à une heure aussi avancée de la nuit. Le frère Martin se dit qu’il aura bien du mal à rester éveillé lors des matines.


Le moine ouvre le guichet de l’huis et jette un regard soupçonneux.



Le bon vieux reconnaît la silhouette massive d’Arbogast.



Frère Martin ouvre la porte et laisse entrer le protégé du Prieur. Dans ses bras, Arbogast porte une forme emmitouflée dans une couverture. D’autres moines, dont les cellules sont proches, sont venus aux nouvelles. L’un file chercher le frère médecin, les autres conduisent Arbogast vers le bureau du Prieur.

Quelques instants plus tard, Frère Anselmo arrive, suivi de près par le Père Augustus qui congédie les autres moines encore présents. Sylvette, puisqu’il s’agit d’elle, a été allongée sur la table attenante au bureau du Prieur.



Le supérieur est interloqué par la demande, mais entrouvre la porte pour vérifier.



Frère Anselmo qui s’était approché de la patiente fait un bond en arrière et pousse un cri, car l’évanouie vient de se redresser d’un bond et sourit de toutes ses dents !



De toute évidence, le Prieur est courroucé, c’est peu de le dire !



L’explication ne suffit pas à radoucir le Prieur. Bien au contraire !



Comme le frère médecin se dirige vers la porte, Arbogast lui en interdit l’accès.



Comme Augustus paraît prêt d’exploser, Sylvette qui s’est relevée :



Si Arbogast continue à bloquer la porte, Sylvette, elle, arpente la pièce :



Le Père Augustus n’est pas sot et comprend où Sylvette veut en venir. Il lève et avance sa main en direction de la jeune femme pour lui intimer l’ordre de se taire, réfléchit un instant, se remémore la chronologie des événements et se tourne vers Anselmo en l’observant avec acuité.



Le frère médecin roule des yeux effrayés, il titube vers la table avant de s’effondrer sur une chaise.



Le religieux baisse la tête, et souffle dans un murmure :



Le religieux raconte. Comment il a découvert les écrits du Père Herter, les a traduits, difficilement, suffisamment pour comprendre les grandes lignes de l’histoire de la Ligue des Félons. Comment il a compris ce que cachait la comptabilité des pommes. Et surtout, surtout comment il a découvert l’ignominie des actes commis par ces montres, Ulrich et Braunstein.


Il explique, avec humilité et tristesse, qu’il n’a pu se résoudre à les voir simplement déchus comme le souhaitait la confrérie du Roi Arthur. Oui, il a tué Ulrich et le Prévôt ! Non, il n’est pas allé à Munster, il a inventé cette histoire pour pouvoir agir dans l’ombre. Les pommes ? Il les a trouvées dans la cave de la chapelle des Tilleuls, Vous n’avez jamais senti ces odeurs de fruits dans la crypte ? . Non il ne regrette rien ! Oui, il implore le pardon des vivants.

Eh oui, il sait que ses actes lui vaudront l’enfer éternel, mais il ne regrette rien.


Au terme de ses aveux, l’italien n’est plus que l’ombre de lui-même, pauvre hère anéanti par l’horreur de ses actes, mais prêt à en subir les conséquences, toutes les conséquences. Les trois témoins restent silencieux un long moment.


C’est Sylvette qui réagit la première, vient aux côtés du moine et le prend dans ses bras un moment, avant de s’agenouiller et lui baiser les mains.



Sidéré et ému par l’éloquence de la donzelle, le Prieur la félicite.



Laquelle l’interpelle à son tour :



Sylvette tourne un regard implorant vers Arbogast, qu’elle découvre très ému. Son promis comprend sa supplique :



Rassemblant son courage, la voix tremblante, Arbogast raconte le secret de sa naissance, en narre les détails et s’empresse d’expliquer aussi sa décision de la garder cachée, d’abandonner son titre, les honneurs, toute prétention sur le Comté. À jamais, sauf si le nouveau suzerain finissait par montrer caractère aussi vil que feu son père, ce qu’il ne croit pas possible toutefois.


Lorsqu’il finit par se taire, il y a beau temps que le Prieur s’est à son tour affalé sur une chaise, étourdi par l’avalanche des aveux successifs. Il parlemente, un peu, avec son protégé, avant de se ranger à sa décision. Sage décision, de bonne politique, qui prouve bien ton âme noble. Ensemble, pendant un bon moment, les deux hommes établissent les règles du futur avant de tomber dans les bras l’un de l’autre. Puis Arbogast reprend la parole :



Comme le Prieur accepte, il continue :



Grand sourire aux lèvres, Arbogast pose sur la table le troisième morceau de la médaille. Avant même que le religieux puisse réagir, il ajoute :




Epilogus felix et laeta ⁽³




Sylvette caresse doucement les cheveux blonds de sa voisine dont la tête repose sur ses genoux. Ses doigts se perdent dans la masse soyeuse, caressent légèrement le cuir chevelu, coulent dans le cou, effleurent la peau soyeuse.



Il est vrai que nombre d’événements sont survenus depuis avril. Après la mise à jour du trésor, le Père Augustus, en compagnie d’Anselmo di Borgo et d’Arbogast, était parti précipitamment au chevet de l’évêque Léon à Strassburg. Après son pèlerinage sur la tombe de son Saint Patron, Arbogast était revenu droit comme un i, belle bouche, bonne figure et débarrassé de ses tics. Nombreux avaient été les manants à crier au miracle ! Quant aux poulettes du coin, elles furent foule dès lors à caqueter autour de ce fier coq !


Le Comte Werner s’est montré généreux avec ses gens dans l’ensemble et pour l’ex-vannier et sa compagne en particulier. Outre une généreuse part des Gulden trouvés, il avait offert au couple les terres et biens de Braunstein, y compris sa demeure. Arbogast avait refusé tout net la charge de Prévôt, mais accepté le très honorifique et envié poste de Premier Conseiller du Comte, se plaçant de fait au-dessus du nouveau Prévôt, un honnête homme choisi par lui.


Le mariage du confirmé Comte Werner et de Dame Kirsten donna lieu à des réjouissances pendant près d’une semaine, d’autant que les épousailles, certes bien moins fastueuses, de Sylvette et Arbogast avaient été célébrées au lendemain de celles de leur suzerain. Il fallait bien profiter de la présence au château du nouvel évêque du Diocèse. Monseigneur Augustus ne pouvait s’attarder très longtemps loin de Strassburg !


Tout allait donc pour le mieux, hors le départ du Chevalier Von Walsenhütt, rappelé par son suzerain Henri. Triste séparation pour les châtelains, d’autant que le gentilhomme avait emporté à sa suite une charmante Soren dont le tempérament allait beaucoup manquer à nombre de ses proches. À certaines du moins ! La châtelaine trouva heureusement l’épaule compatissante d’une fieffée garcette pour se consoler de ce départ.


Laquelle garcette précisément à cet instant croque à belles dents une pomme juteuse.



Depuis les premiers frimas de novembre, la Comtesse passe plus de temps au manoir chez Sylvette qu’en son fier château. C’est vrai qu’il y fait bien plus chaud. Surtout en ces temps où la neige a recouvert les environs de son manteau immaculé. En ce jour de Noël, après l’office, le Comte et son épouse, suivis de quelques convives assez disparates, nobles et manants, sont venus chez le Premier Conseiller et sa charmante épouse célébrer l’Enfant Jésus.


Toujours maligne, la maîtresse de maison s’est amusée à mélanger hobereaux et manants à table. Si certains nobliaux ont affiché une certaine mauvaise humeur au départ, l’ambiance s’est rapidement dégelée, notamment grâce au Seppi, le nouvel appariteur de ses seigneuries, personnage drolatique qui chante toutes ses annonces, seul moyen pour lui de passer outre son bégaiement ! Nature, le bonhomme n’a pas honte de son défaut et en use lorsqu’il s’agit d’amuser la galerie ! Cet après-midi, il a fait crouler de rire l’assistance avec ses histoires savamment bredouillées.


Avec l’aide des vins sucrés du Rhin, ce petit monde disparate a rapidement fraternisé. De nobles mains se sont égarées dans des balconnets roturiers, mais de haute tenue, des belles dames se sont inexplicablement trémoussées sur leurs sièges, comme prises de danse de Saint-Guy, alors que quelques ribaudes préféraient jouer sous la table la badinerie de Saint-Vit… Les convives ne s’étaient guère attardés cependant après repas, pressés de rentrer avant la nuit, pour éviter les loups, ou pressés plus encore pour bon nombre d’aller mettre le petit Jésus dans la crèche.


Les invités partis, ne restent plus dans l’ancienne salle du Conseil, que les propriétaires des lieux, leurs servantes et le noble couple. Depuis l’arrivée du froid, toute l’activité du manoir se concentre dans cette salle des colonnes. Grande table de chêne du côté de l’âtre où cuisinent les servantes, chambre douillette et salon de conversation côté Kachelhofe ⁽4⁾, l’immense poêle qui dispense une douce chaleur continue et dont la Comtesse apprécie particulièrement les grandes banquettes chaudes.


Comme son amie Sylvette, la Comtesse Kirsten y est précisément et confortablement installée sur des coussins moelleux, le dos au chaud et s’accroche des deux mains à l’arête de la banquette. Comme sa complice, Kirsten a abandonné ses beaux atours de fête pour la tenue qu’elle préfère et de loin, à savoir la très innocente tenue d’Ève. Comme sa complice, les fesses au bord du rembourrage, cuisses écartées, elle subit les caresses buccales d’une jolie friponne dont la langue et les doigts s’activent pour son bonheur dans les replis de son intimité ruisselante.


Les démones qui dispensent ses heureux traitements sont les deux servantes du manoir. Avouées compagnonnes des turpitudes de leurs maîtres, les deux jeunes femmes sont bien plus douées pour les exercices lascifs que pour les travaux de lessives. La mignonette Natala est une bonne nature, enjouée et d’agréable commerce. Depuis que sa patronne lui a enseigné l’usage d’une certaine gourde des bergères basques et des effets de sa potion aux herbes qui, administrée en lavements tièdes après galipettes évite d’attraper un encombrant melon sous le nombril, elle est toujours prête à enfiler de la courge ou du concombre. Inge, sa consœur et douce amie a oublié désormais les pratiques retorses de son ancien maître. À force de patience et douceur, Natala a réussi à réveiller ses sens et si elle n’est pas encore en mesure de voler vers des cieux étoilés à chaque passe d’amour, elle n’en savoure que plus ces rares envolées radieuses et met du cœur à l’ouvrage à améliorer son sort.


Juste après le départ des invités, les friponnes s’étaient éclipsées quelques instants. À leur retour, Natala avait troqué son sayon pour une chemise de nuit vaporeuse, cadeau de sa maîtresse. Un vêtement de nuit diaphane, aussi court qu’une nuit de Saint-Jean, cachant à peine le clair de lunes jumelles. La mutine avait chaussé des sandales romaines à semelles si épaisses qu’elles la grandissent de deux pouces au moins. Leurs lacets de cuir rouge serpentent jusqu’aux genoux. Inge, plus grande, est restée pieds nus, mais a enfilé son jupon de lanières de cuir qui ondule à chacun de ses pas et laisse entrevoir son petit capital. Son cotillon pourpre quant à lui, a bien peine à contenir sa fière poitrine, ses tétons paraissent vouloir jaillir de l’encorbellement à chaque fois qu’elle se penche un peu. C’est dans ses tenues affriolantes que les donzelles ont fini de débarrasser les tables du banquet, s’attirant caresses furtives et commentaires égrillards de leurs seigneurs et maîtres, visiblement intéressés par l’invite patente.


De leur côté, Sylvette et Kirsten, harassées par leur longue journée, ne s’étaient guère montrées enthousiastes :



Les deux femmes n’avaient pour autant guère protesté quand, sous prétexte de les mettre à l’aise, les bougresses les avaient proprement déshabillées. Nues, installées sur la banquette douillette, elles n’avaient pas refusé non plus d’écarter les cuisses pour ouvrir le chemin de leurs intimités. À croupetons, Inge et Natala, avaient donc plongé entre les cuisses ouvertes.


Depuis lors, on n’entend plus que soupirs d’aise et bruissements de baisers humides, clapotement de langues et petits cris ravis. Sylvette, tout autant que Kirsten, adore ces caresses précises, ces doigts impertinents qui fouillent son maljoint, explore sa grotte dilatée. Succions appuyées, légers bécots sur la dentelle des nymphes incarnats, Inge, insolente dépravée, lèche, embrasse et suce le délicat coquillage. Sa langue, incisif poignard, fend les berges du sillon trempé, drague le fond de la ravine, lampe le miellat délicieux. Chacun de ces tourments provoque des vagues, rouleaux et ressacs qui, délicieusement, conduisent doucement la jeune femme vers le tortueux sentier lumineux de l’ultime volupté. Comme enveloppée dans un cocon duveteux, Sylvette sourit aux anges. Sa voisine l’accompagne dans cette ascension tranquille, portée qu’elle est par l’experte Natala, aussi douce et délicieusement impérieuse que sa camarade. Sylvette et Kirsten se prennent la main, se sourient et s’embrassent tendrement. Leurs mains, plumes légères parcourent les seins de l’une et l’autre, titillent les tétons tendus, s’abandonnent aussi, tendrement, sur leur ventres.


Leurs hommes ne résistent pas longtemps au spectacle, se dévêtent à l’unisson et flamberge au vent, viennent tapoter les fesses des servantes qui dans un bel ensemble redressent leurs croupes pour s’offrir aux verges impatientes. Arbogast et Werner s’en viennent fouiller d’abord les brugnons juteux, si précisément exposés à leurs regards dans cette pose qui fait gonfler les quartiers des fruits rougis.


Chassant les doigts des donzelles impudiques, ils installent les leurs dans le confort douillet des ravines échauffées, en explorent les replis, parcourent les parois de satin, en chatouillent les voûtes striées. Leurs gestes n’ont toutefois pas la douceur des servantes zélées qui s’appliquent toujours à conduire leurs maîtresses vers la lumière des cieux. Leur mâle impatience projette parfois les jeunes femmes vers l’avant, rompant quelque peu le rythme des savantes léchouilles.


Amusée par ces maladresses masculines, Kirsten hoche doucement la tête. Désignant leurs galants, elle souffle à l’oreille de Sylvette :



Dubitative, Kirsten fixe sa belle amie :



Le fou rire les prend, leur complicité les comble, mais leur fait aussi, à l’instant, quitter le chemin du plaisir. Elles n’iront pas ce soir jusqu’au septième ciel, mais cela leur en importe peu, tant elles se complaisent dans leur amitié radieuse.


Entre leurs cuisses, leurs aimables butineuses ont bien compris que les spasmes qu’elles sentent parcourir les corps de leurs délicieuses soumises ne sont pas ceux du grand bonheur, mais signes d’un plaisir complice. Elles comprennent avoir perdu la partie, côté femmes, mais se promettent de la gagner, côté pile. De convaincants braquemarts viennent précisément de les enfiler et s’activent avec force frénésie. Mais à l’instant où Inge va abandonner la fleur rosée de Sylvette, son visage se trouve baigné par une ondée surprenante. Il lui faut un instant pour comprendre l’événement.


Elle se relève d’un bond, laissant Arbogast bien marri avec sa flamberge abandonnée.



Les deux hommes, éberlués, restent immobiles, ne sachant que faire ni penser de la situation.



Sylvette, pâle, mais radieuse, les gourmande :



Sylvette avait raison, la Comtesse n’eut pas le temps de remonter au château : aux matines, elle accoucha d’un garçon, elle aussi !

La couturière jugea ce nouveau-né presque aussi beau et gaillard que son fils.

Presque seulement…

Peut-être avait-elle bien raison d’ailleurs, mais peut-on se fier au regard d’une mère comblée ?




oooOOOooo




D’aucuns concluront benoîtement : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ».

Heureux, sans nul doute, l’affaire est bien engagée.

Beaucoup d’enfants ? Moins sûr, grâce à une certaine potion dont beaucoup, à ce jour encore, voudraient bien connaître la liste complète des excipients et principes actifs…


Ce qui est certain en revanche, c’est que nos libres et gourmandes héroïnes n’ont jamais sacrifié aux trop sages tisanes de tilleul, leur préférant toujours boire le miellat aux fontaines malicieuses ou quérir à la pompe, de mâles liqueurs plus… revigorantes !




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⁽¹⁾ Cendal : tissu de soie très utilisé au Moyen-Âge et qui ressemblait au taffetas. Il en existait de toutes sortes allant de l’étoffe de luxe jusqu’au tissu de doublure très ordinaire Retour


⁽²⁾ Décapole : alliance de dix villes libres d’Empire, alsaciennes au sein du Saint-Empire romain germanique en une ligue sera finalement créée en 1354 et dissoute en 1679. Elle avait pour vocation de favoriser une coopération entre ces villes, sans pour autant esquisser une union politique. La Décapole possède pour les historiens une particularité extrêmement rare : outre l’alliance militaire, l’entraide était également financière en cas de banqueroute. Retour


⁽³⁾ Epilogus felix et laeta : Heureuse et joyeuse conclusion (en latin de cuisine… google) Retour


⁽⁴⁾ Le Kachelhofe ou Kochlofa ou Kachelowe est un poêle à foyer fermé construit en briques réfractaires recouvert de carreaux vernissés ou de céramique, très efficaces en matière de chauffage et offrant un four où les mets mijotent hors flammes. Retour


⁽⁵⁾ Christkindl : littéralement « Petit Enfant Jésus » Retour