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Temps de lecture estimé : 24 mn
16/06/15
Résumé:  Le temps de la vengeance est arrivé !
Critères:  fh piscine sauna fsodo
Auteur : Nooz            Envoi mini-message

Série : La Compagnie dorée

Chapitre 07 / 07
Vendredi 8 mai 2048

Épisode 1 « 23 janvier 2048 »: un journaliste spécialisé se fait aborder par une société secrète dirigée par un homme charismatique.

Épisode 2 « 30 janvier 2048 »: malgré des réticences et une vague impression de manipulation, Julien accepte la proposition et réintègre un monde qu’il pensait avoir à tout jamais banni.

Épisode 3 « 6 février 2048 » : le travail avance, les amitiés se nouent, les amours aussi.

Épisode 4 « 22 février 2048 » : Julien est tombé amoureux de la petite Selma, mais la « Compagnie Dorée » le rappelle à sa juste réalité.

Épisode 5 « 25 février 2048 » : les vérifications suite à l’attaque se soldent par un échec, mais Julien revient des États-Unis plein de certitudes sur le cours de sa vie.

Épisode 6 « 5 mars 2048 » : les plans les plus parfaits sont toujours empreints de grains de sable et de douleurs.



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Vendredi 8 mai 2048



Chalabre


Les pneus du véhicule hybride crissent sur le gravier de la cour intérieur du château du XIIe siècle. La lourde porte s’ouvre. Son seigneur nous attend ; un large sourire éclaire son visage barbu.



Il m’étreint de ses bras puissants.



Il se tourne vers elle et devient instantanément grave.



Alors qu’il s’éloigne, elle me chuchote :



Après un tour exhaustif des pièces en état du château et des histoires de fantômes s’y afférant, il nous conduit dans notre chambre.



Je referme la porte. La pièce est vaste et nue : juste un lit à baldaquin et une énorme armoire, qui pourtant semble petite dans l’imposant volume. Sur tout le mur en face du lit, une cheminée où crépite un feu fourni.



Hélène est épuisée. Elle soulève le drap et la lourde couette, se déshabille et se colle en boule, au centre du lit. Je l’embrasse dans le cou et la borde. Elle s’endort rapidement, alors que je prends connaissance des derniers développements de notre affaire.

Une heure plus tard, je la rejoins et me serre contre ; elle gémit doucement. Je pose ma main sur son abdomen. Une foule de souvenirs m’assaille ; les larmes coulent sur mes joues.



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Je suis réveillé par une main nerveuse.



Je souris intérieurement et je m’habille. La table est dressée ; et Gilles, confortablement calé dans son fauteuil, lit devant une énorme flambée.



Il se lève et vient à notre rencontre. Sa silhouette massive se détache sur les lueurs de l’âtre.



Elle est déstabilisée par la question.



Il approche les mains de la tête d’Hélène. Elle, de prime abord, a un geste de recul, puis se calme. Gilles ferme les yeux.



Les plats défilent : soupe à la bourache, canard aux épices et navets confits, anguilles au miel, gâteaux au gingembre, le tout arrosé d’hypocras et de blanc doux épicé. Hélène, repue, essuie ses doigts poisseux sur le bas de la nappe.



Elle écarquille les yeux, comme subjuguée. Nous nous déplaçons dans le salon-bibliothèque attenant, et enfoncés dans de profonds fauteuils nous dégustons des liqueurs de plantes maison. Une discussion à bâtons rompus entre Hélène et Gilles s’engage. Elle est captivée par l’érudition et la philosophie de mon ami.



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Elle dort quand je me lève ce matin. Sa respiration est calme, et sa nuit a été douce ; la cuisine et les alcools ne sont pas étrangers à sa bonne nuit. Je n’ai dormi que par bribes, et la mémoire de Selma m’a hantée maintes fois cette nuit. J’ai ressassé toutes mes erreurs dans cette opération, et je ne me trouve aucune excuse. J’ai rapidement expédié mon petit déjeuner, n’ai pas dérangé Gilles dans ses prières matinales et, dans la basse-cour, je fends du bois à grands coups de cognée.

Au bout d’une heure, calmé et en nage, j’aperçois Hélène en jean et pull informe. Elle semble reposée. Elle m’embrasse.



Ses lèvres fraîches se joignent aux miennes dans un baiser furtif. Je reprends ma hache alors qu’elle suit le chemin, ses hanches balançant harmonieusement d’un pas à l’autre sur la route caillouteuse.



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L’eau chaude qui ruisselle sur mon corps endolori par une matinée de coupe est réparatrice. La fatigue physique m’empêche de réfléchir, et la vie me semble plus douce. La porte de la petite douche s’ouvre sur Hélène qui ne prononce pas un mot. Ses seins et son pubis entrent en contact avec mon dos ; la sensation est agréable. Je déplace le pommeau de la douche pour qu’elle profite du flux chaud qu’il dispense. Elle laisse échapper un soupir d’aise, ses bras m’entourent. Elle pose sur mes épaules des baisers. Je ferme les yeux. Ses mains courent sur mon torse, son pubis s’appuie fortement, un début d’érection se développe. L’espace exigu de la cabine m’empêche toute manœuvre ; je laisse ma partenaire mener la danse. Les efforts d’Hélène sont désordonnés, et si elle arrive à obtenir une érection acceptable, il ne semble pas qu’elle prenne du plaisir à l’instant ; ses seins s’écrasent contre mon dos, mais je ne sens pas les tétons qui d’habitude me marquent la peau. Elle se faufile hors de la cabine, observe mon sexe dressé, s’essuie fébrilement.



Elle se place à quatre pattes, les fesses au bord du lit, les cuisses ouvertes, cambrée. La vision de ma partenaire offerte est contrebalancée par une vulve serrée d’où aucune humidité ne semble poindre. Mon gland bute sur les muqueuses sèches ; elles finissent par se rendre sous une pression excessive de mes hanches. Hélène se crispe et laisse échapper un cri de douleur ; je reste une seconde à mi-chemin, puis je termine la pénétration dans un milieu qui s’humidifie mécaniquement. Je caresse avec la plus grande douceur possible ses hanches et débute un va-et-vient lent. Si son vagin m’accepte et que mon sexe coulisse librement, je ne ressens aucun plaisir à l’acte. Ma partenaire totalement docile ne montre rien. La tête baissée, elle m’accueille ; c’est tout. J’essaie de varier la vitesse, l’angle de pénétration, mais aucune réaction ; et mon érection – déjà peu glorieuse – se réduit encore, et sur un coup de reins mal contrôlé, ma verge sort misérablement et dérape. Je m’empresse de me rediriger, mais elle soupire, resserre ses fesses et s’effondre la tête enfouie dans la couette.

Son corps est secoué par des spasmes. Je me couche à ses côtés et l’enlace.



Je l’embrasse ; elle redouble de sanglots et me regarde, le visage noyé de larmes.



Je la relève et lui pose un baiser, la ramène sous la douche et passe sur son corps, pendant de longues minutes, une grosse éponge remplie de mousse. Elle se détend, et quand ma main armée glisse entre ses jambes, elle frémit. J’insiste un peu et ses tétons pointent sous la caresse.


Quand nous entrons dans la salle de séjour, nous trouvons Gilles à ses fourneaux. Son sourire se fige en remarquant le désarroi d’Hélène ; je lui communique par un petit signe de passer outre. Il lance sur un ton jovial :



La bonne humeur et la sérénité de notre hôte apaisent Hélène ; ses traits s’adoucissent, et ses beaux yeux en amande, bien que bouffis, sont moins humides.



Elle me regarde ; son visage s’illumine.



Elle rougit. Je suis heureux pour elle, mais étonné par la saillie verbale inhabituelle de mon ami.



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De la fenêtre de ma chambre, j’ai une vision parfaite sur la lice. Gilles, au centre de l’aire, dirige par la longe. Hélène, trop crispée sur la selle, tient la crinière blanche et corrige son assiette sous les injonctions tranquilles de l’instructeur. Je me replonge dans la lecture de L’art de la guerre, de Sun Tzu, que j’ai pioché dans la vaste bibliothèque du château. Parfois des bribes de son atteignent mes oreilles et me donnent l’avancée des progrès de mon amour. Je suis absorbé dans le passage qui traite de la façon de motiver ses combattants tout en déstabilisant les ennemis quand la porte s’ouvre et qu’Hélène entre en tenue de cavalière dans la chambre. Elle se déshabille prestement et se traîne, épuisée, dans la salle de bain.


Quand elle en ressort, enveloppée dans un long peignoir, elle me sourit ; il y a bien longtemps qu’elle n’est aussi radieuse. Elle se jette sur le lit.



J’écarte le bas du peignoir : l’intérieur des jambes est rouge vif. Je me saisis dans mon sac d’un tube de crème apaisante et je badigeonne à partir des mollets, puis je remonte en massant. Elle ferme les yeux. Elle soupire. Elle plie les jambes et m’offre une vue magnifique sur son entrecuisse. Sur une pulsion, je pose un baiser sur sa vulve ; elle tressaille de surprise. Un deuxième baiser suit : elle ne bouge plus. La pointe de ma langue effleure la longue fente. Elle passe et repasse patiemment au même endroit, attendant une réaction qui tarde à venir.


Mon entêtement porte doucement ses fruits : les grandes lèvres gonflent, et le bourgeon caché sous le capuchon enfle légèrement. La vulve s’ouvre et je plonge plus profond. Elle me regarde, la bouche entrouverte, les yeux brillants. Son clitoris est sorti et darde fièrement ; je le libère totalement et le serre entre mes lèvres. Un feulement léger et ininterrompu remplit la chambre. Je reprends ma caresse dans un milieu plus humide et plus vivant. Elle s’agite, maintenant, sous l’action de ma langue ; sa respiration est saccadée, et soudain, dans une dernière ruade, elle se lâche.



Je récolte le fruit de son plaisir dans une multitude de micro-séismes corporels. Enlacés, nous restons sans rien prononcer. Elle s’abandonne dans mes bras. Je suis bien.


Les jours se suivent et se ressemblent ; des éclats de rire s’échappent de la lice tous les après-midi. Elle rentre rompue de sa séance ; je la soigne, et nous faisons l’amour en douceur. Je prends un malin plaisir à la laisser diriger les opérations : elle ne manque pas d’idées pour que nous jouissions dans toutes les positions.


Ce soir, c’est le dernier jour. Hélène s’est faite belle pour son hôte ; maquillée et vêtue avec goût, elle veut de nouveau plaire. Gilles n’est pas insensible à son charme : il la dévore des yeux. Je ne l’ai pas souvent contemplé dans un tel état de fébrilité.




Jeudi 14 mai 2048, 10 h



Château de Mauvezin


J’ai la gorge nouée quand je pénètre dans le bureau de Jean-Joseph, Plus aucune trace de l’événement, mais je vois encore Selma adossée au bureau, blanche et immobile, la bouche ensanglantée.



Je me lève ; je vois qu’il hésite.



Il me tend le document, la main tremblante.


Je retrouve Hélène dans notre chambre ; elle comprend tout de suite mon désarroi. Nous nous installons, et je pose le cube sur le lecteur adapté. L’image de Selma s’élève dans la pièce ; elle est souriante, les cheveux dénoués, légèrement maquillée.




20 h 32


J’entre dans la cellule ; une femme, la cinquantaine svelte, sportive, se lève brusquement de la chaise qui meuble la petite pièce. Elle me jette un regard plein de haine et de morgue.



Mon calme et mon visage dur et inexpressif calment instantanément sa logorrhée. Je sors une corde en nylon et la pose sur la table ; elle recule dans un coin de la cellule. D’un geste vif, je saisis ses poignets, et un lien magnétique les enserre. Je fixe le mousqueton à la corde, la passe dans le crochet et soulève la femme, ne lui laissant que la pointe des pieds en contact avec le sol.



Elle a perdu de sa superbe ; un rictus de peur déforme son visage.



Je tire brutalement le lien ; elle se retrouve pendue par les bras pendant quelques secondes. Ma voix est froide et méchante.



J’ouvre devant ses yeux la valise et en extrais une batte de cricket. Je la manipule, et comme pour m’assouplir j’entame un swing souple. La batte siffle dans l’air à quelques centimètres de sa figure. Elle blanchit.



Je la regarde ; elle tremble de tous les membres.



Elle a changé de couleur, et une flaque s’étale sous elle.



Je relâche ses liens pour que ses pieds touchent le sol et je sors de la pièce. Dans le bureau proche, je retrouve Jean-Joseph ; il est mal à l’aise.



Je retrouve Hélène, en grande conversation avec Agnete au réfectoire. Elles m’aperçoivent ; je me dirige vers elles.



Des poignards acérés remplacent les yeux d’Hélène.



Hélène quitte la table, furieuse. Pense-t-elle que je suis un velléitaire ?



Elle acquiesce et part à sa poursuite. Je me rends à la salle et monte sur le tapis de course.

Une heure plus tard, je me jette dans la piscine et entre dans le sauna. La chaleur brutale de la pièce me calme ; je m’étale nu sur la clayette supérieure. La porte s’ouvre ; je recherche en catastrophe ma serviette. Agnete pénètre, ceinte d’une serviette.



D’un geste naturel elle dénoue sa serviette, et son corps se découpe dans la lumière blafarde. Une toison blonde a remplacé la nudité crue de son ventre de notre dernière rencontre. Dans toute son impudeur, elle s’étale sur le banc, son ventre offert en face de mes yeux. Je ne peux quitter du regard sa vulve rose envahie par la broussaille blonde. Ma serviette tombe, offrant à sa vue la belle érection que sa plastique a réveillée. Je me caresse en la regardant ; elle écarte les jambes, et ses doigts pénètrent sans difficulté dans son ventre. Elle change d’avis, se lève, saisit entre ses mains ma verge et lui rend hommage dans une douceur indicible. Placée à mes pieds, le visage à hauteur de mon sexe, elle me branle, ses yeux fixés dans les miens. Elle module les caresses en fonction de la montée de mon plaisir, me laissant souvent aux bornes de la jouissance, puis calme mon envie.


Mes yeux suppliants finissent par l’émouvoir, et en serrant mes testicules un coup de poignet calculé déclenche mon éjaculation. Des flots de sperme l’arrosent de la figure aux seins, des flots qui me semblent intarissables, au grand bonheur d’Agnete qui laisse ma jouissance couler jusqu’à sa toison.

Elle se relève, m’embrasse, et sort du sauna.


Je la retrouve nageant dans la piscine. Je la rejoins. Nous nous arrêtons, son corps se colle au mien et nos lèvres se soudent. Mes mains pétrissent fébrilement ses fesses, s’insinuent entre les cuisses. Je découvre une fournaise ouverte. Je la soulève par la taille et la dépose sur la margelle. Elle place ses pieds sur mes épaules, et ma langue fouille sa fente sur toute sa longueur. C’est moi cette fois-ci qui suis le maître. Je me délecte du goût légèrement acide de ma partenaire et je la garde à la limite de l’orgasme. Elle frémit, gémit, supplie, fourrageant ses doigts dans ma chevelure. J’insiste plus longtemps que jusqu’alors sur le clitoris ; elle explose en un cri de délivrance. Elle retombe dans la piscine, la respiration encore saccadée.



Elle me sourit, et sa main vérifie l’effet qu’a pu donner ma caresse sur mon anatomie. Elle gronde de satisfaction devant un sexe aux proportions prometteuses. Elle s’applique délicatement à consolider l’œuvre, puis se retourne et se cambre pour me recevoir. Je me faufile en douceur vers son puits d’amour quand une main impérieuse dirige mon gland sur son petit œillet. Mes mains affirment la prise sur les hanches ; nos deux corps s’approchent, et ses sphincters s’écartent lentement sous la poussée linéaire. Agnete gronde lorsque commence la translation de ma colonne de chair, qui sous l’effet de singularité du moment a gonflé et grandi d’une façon étonnante. Jamais je n’ai disposé d’un membre si gros et si long, et je profite de ma longueur et de ma rigidité pour sortir intégralement et replonger d’une seule poussée sous les encouragements orduriers de ma compagne. Je finis par maltraiter le postérieur à grands coups en l’insultant de même. Notre jouissance est paroxystique ; un voile noir brouille mes yeux quand je me vide dans son rectum.

Je reste abuté en elle, les jambes flageolantes, le buste couché sur son dos.




Vendredi 15 mai 2048, 13 h



Salle de réunion


Dix personnes sont disposées autour de la table ; je ne connais pas tout le monde. Jean-Joseph, au meilleur de sa forme, préside.



Un brouhaha se répand dans la pièce. Il lève la main pour couper court à tout débordement.



Les protagonistes autour de la table ont tous des attitudes différentes en découvrant les noms de certains de leurs collaborateurs, peut-être des amis, dans la liste. Les yeux de certains brillent de colère ; d’autres, plus dans la retenue, sont abattus.



La voix rocailleuse d’Anatoli Sinoviev tonne :



La température baisse soudainement dans la pièce ; l’ambiance est à couper au couteau.



En premier lieu, Hélène, il faut nous trouver tous les comptes offshore et les siphonner ; liste aussi toutes les entreprises étrangères qui ont des intérêts croisés avec Nurik. Nous leur ferons comprendre le côté néfaste pour leurs affaires de travailler avec lui.

Anatoli, recense-nous dans ou hors du pays les dissidents susceptibles crédibles de remplacer cette famille népotique !

La puissance du pays est due à ses ressources pétrolières et gazières : 55% du PIB. John, réfléchis à des actions de sabotage dans le pays sur les installations. Forme des cellules terroristes dans le pays, infiltre les services de sécurité, en collaboration avec Julien.

Il faut que sous un an le pays ne soit plus présentable, que l’anarchie règne ; alors nous pourrons déposer le dictateur avec l’assentiment général de la communauté internationale.


Jean-Joseph dicte à toute vitesse ses directives ; tous, le pas en main, tapotent les directives.



Nous quittons la salle sans un mot.



La porte se referme sur nous. Une lassitude et une grande tristesse marquent soudain « le Vieux de la montagne ».



Je le regarde et me rends compte de son âge pour la première fois ; ses mains tremblent, et son regard si fulgurant est d’un bleu lavasse.



Ma voix est blanche et ne supporte aucune discussion.



Je saisis le communicateur placé sur la table centrale.



Dix minutes plus tard, le carillon d’entrée résonne. Dimitri, Agnete et Éléonore pénètrent dans le bureau. Elle a retrouvé figure humaine ; nettoyée, changée, maquillée, elle me fait face. Je débloque le lien magnétique qui entrave ses poignets. Elle balaye la salle d’un regard, rassurée d’être en présence de Jean-Joseph et de sa petite fille. Elle reprend un peu d’assurance, et tout en me regardant dans les yeux avec condescendance, elle me prend à partie.



Jean-Joseph, la voix mal maîtrisée, s’exprime d’un seul trait :



Elle se retourne vers moi, le regard triomphant.



Le reste de sa phrase se perd dans un gargouillis grotesque. Elle porte par réflexe ses mains à sa gorge pour endiguer la vie qui s’échappe de son corps à grandes giclées. La lame en graphène de mon poignard, sous la force du coup, a entamé sa colonne vertébrale et sectionné la carotide, la jugulaire et la trachée avant de ressortir. Ses yeux sont déjà vitreux ; elle tombe à genoux, reste une seconde en équilibre, puis bascule sur le côté, secouée par des réflexes post mortem. Le cœur bat quelques instants, projetant de faibles jets hors de la blessure.



C’est sa seule épitaphe. Dimitri roule le corps dans le tapis ensanglanté et l’évacue avec l’aide d’Agnete.



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Cette nuit, je n’arrive pas à dormir ; de multitudes d’images s’entrechoquent dans ma tête, et un étau enserre ma poitrine. J’allume la veilleuse ; à côté de moi, Hélène dort sur le dos, nue, belle, impudique. Je me lève et cours au lavabo pour vomir.


Quand je reviens, elle me fixe de ses beaux yeux en amande, encore embrumée de sommeil. Je l’embrasse tendrement ; elle me rend le baiser. Ses lèvres sont chaudes et salées. Je regarde ce corps magnifique, et ma main se régale des courbes voluptueuses de ses hanches. Mes doigts explorent chaque centimètre de sa peau ambrée, déclenchant une chair de poule communicative : les poils de mon bras se dressent, comme la pointe de son sein gauche quand j’effleure son téton brun. Ma main presse amoureusement un court instant le globe élastique et redescend sur son ventre rond.


Je sens sa main qui prend possession de ma hampe et en éprouve la rigidité. Mon index suit la vallée rebondie de son sexe et plonge dans un monde humide. Le doigt croché explore en profondeur l’abîme sous lui, et ma paume sent enfler sous elle le clitoris. Elle serre plus fort ma hampe. Je glisse mon corps sur elle et je pénètre un ventre en ébullition. Commence une montée graduelle de nos plaisirs. Je me contiens dans un rythme qui lui arrache des mini-orgasmes avant que nous nous délivrions dans un grand râle commun, secoués par des vagues violentes.


Cette nuit est la plus belle de celles passées depuis la mort de Selma. Nous nous sommes endormis sur le matin, comblés de tendresse.


Dans les deux semaines qui suivent, une vague inexplicable d’accidents, de suicides, de disparitions accablent la Compagnie dorée.




Mercredi 7 juillet 2049, 11 h 23



Locaux d’I-Télévision



Je pénètre dans le bureau dévasté de Nurik Nazarbaïev ; trois gardes du corps gisent au sol sur le tapis persan. Agnete et Dimitri, ainsi que trois autres de nos hommes, gardent en joue un homme vêtu d’un costume de soie blanche, assis à son bureau.



Nazarbaïev se lève, et sans qu’aucune peur ne transparaisse dans son attitude, se dirige vers Julien.



Je désenclenche le chargeur et éjecte la munition de la chambre. Le claquement lugubre du Glock de dernière génération le fait cligner les yeux ; il a compris : il se place la poitrine dégagée devant le canon et attend. Il ne manque pas de panache.


Deux jappements rapprochés résonnent dans la pièce ; il est propulsé sur son siège par les impacts, étonné, la bouche ouverte cherchant de l’air. Sur la superbe chemise, une tache écarlate s’étend à une vitesse stupéfiante sous le sein droit. Les projectiles utilisés ont créé des dégâts irréversibles dans les tissus pulmonaires ; il crache déjà un flot de sang important par la bouche. La munition utilisée a été spécialement étudiée pour les prises d’otages dans les avions : semi-chemisée, elle se termine par du plomb nu et percé en son centre ; la charge de propulsion est étudiée pour ne pas endommager la cellule et rester dans le corps en provoquant un maximum de destructions. Sa portée effective ne dépasse pas 20 mètres.

La tête de Nurik bascule en avant dans un dernier souffle qui finit de maculer sa chemise.





Vendredi 9 juillet 2049



Château de Mauvezin


Je finis de boucler ma valise quand le carillon de l’entrée résonne. Hélène entre, la mine contrite.

Ces derniers mois, la masse de travail que nous avons tous abattue pour la destitution de Nazarbaïev nous a doucement séparés. L’amour que nous portions à Selma nous avait rapprochés, et le vide de sa disparition n’a pu être comblé.

Hélène a repris son appartement, et nos relations sont redevenues professionnelles ; seule demeure une forte amitié entre nous.



Le klaxon de mon taxi retentit dans la cour ; je porte ma valise.



Elle se colle contre moi, boucle ses bras autour de mon cou, pose ses lèvres sur les miennes. La chaleur de son corps, sa poitrine généreuse sur mon torse, ses lèvres fraîches au goût légèrement salé et son envoûtant parfum d’Ylang-Ylang me manqueront.



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ÉPILOGUE




Mardi 7 mai 2058



Parc du château de Mauvezin


La main dans celle d’Élisabeth, nous sommes devant la tombe de Selma. Déjà 10 ans qu’elle nous a quittés, et la douleur est toujours présente. À nos côtés, Hélène, accompagnée de Gilles, pose un bouquet de fleurs. Depuis la mort de Jean-Joseph, elle s’est lentement désengagée de ses responsabilités dans la Compagnie ; maintenant, elle passe le plus clair de son temps au château Chalabre, tout en continuant de former sa remplaçante, une jeune femme pleine de promesses.


Nouvelle équipe, nouveau commandement. Il a comme toujours été élu à bulletins secrets par l’ensemble des membres de la société occulte ; j’ai ouï dire que je n’étais pas mal placé pour le remplacer : une première pour quelqu’un qui ne fait pas partie de la Compagnie ! Je ne pense pas que j’aurais accepté la place.


Agnete et Dimitri sont aussi avec nous. Agnete, toute ronde, attend son deuxième enfant. Eux aussi ont levé le pied ; enfin, plus ou moins… Ils ont retapé dans le sud de l’Ardèche une ancienne commanderie templière qu’ils ont transformée en chambres d’hôtes ; ils organisent des stages de motivation pour les cadres en manque de sensations fortes. L’adresse est aussi connue dans toute la région pour les soirées libertines qui sont organisées une fois par mois.

Ce qui est beaucoup moins connu, c’est que les caves ont été remaniées et abritent un point de chute sécurisé et lourdement armé.

Élisabeth et moi leur rendons visite de temps en temps ; nous passons des soirées pleines de plaisir ; Agnete a toujours eu un gros faible pour ma conjointe.


Après mon départ de Mauvezin, j’ai séjourné quelques mois chez Gilles, puis j’ai traîné mon mal-être dans le monde. Élisabeth m’a récupéré dans un squat à Copenhague en très mauvais état. Elle m’a ramené à Washington et m’a soigné avec une patience infinie.


Ce n’est que plus tard que j’ai appris que la Compagnie avait suivi en permanence ma descente aux enfers et avait demandé à Élisabeth de me récupérer. Un an plus tard, je m’installais chez elle ; j’ai été officiellement présenté à Lou-Ann. La jeune fille m’a dans un premier temps rejeté, puis le temps aidant et après beaucoup de moments difficiles, nous nous sommes trouvé un terrain d’entente. Pour elle, je ne serai jamais son père.


Maintenant, je m’appelle Julien Caldwell, et je réside à Arlington.