n° 17221 | Fiche technique | 28665 caractères | 28665 4999 Temps de lecture estimé : 20 mn |
12/01/16 |
Résumé: Destin de deux prisonnières. | ||||
Critères: #historique fh pénétratio | ||||
Auteur : Bernard Nadette Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Conflits Chapitre 08 / 32 | Épisode suivant |
Résumé des épisodes précédents :
« Origines : attaque et prisonniers »
« La vie reprend : il faut s’adapter »
« La vie reprend : la curiosité peut révéler des choses »
« La vie reprend : espoir de promotion »
« La vie reprend : Ennemis jusqu’où ? »
« Espoir de promotion - Croisée des chemins - À la cour du Roi »
« La déception pousse vers des voies étroites »
À la suite d’un raid tanibrinque sur le port de Dorbauxe dans le royaume de Canfre, des prisonniers – hommes, femmes, enfants – sont emmenés en captivité. Ils ont été séparés en plusieurs groupes, dont six jeunes filles qui ont été discrètement vendues à une maison close. Une d’entre elles, Jacquotte, parvient à s’évader. La majorité est emprisonnée dans un ancien couvent où ils doivent travailler… Repérée par un bourgeois lors de travail en ville, Marion, avec l’accord de son mari, se livre à la galanterie en vue d’une vie meilleure de retour au pays. Bientôt les avis des deux époux divergent.
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Marion
Marion quant à elle, a aussi une révélation, mais elle n’est pas aussi plaisante que celle de Madeleine. Déjà près de ses sous avant, son époux Joseph est devenu obsédé par l’argent depuis que les extra de sa femme chez John Custer remplissent son escarcelle. Si elle n’est pas mécontente que le départ du marchand ait mis fin à ses amours tarifées, lui a du mal à accepter de ne plus voir arriver de nouvelles pièces alourdir sa bourse. En attendant le retour de John, il la verrait volontiers continuer d’arrondir le magot en poursuivant ses parties de jambes en l’air avec d’autres. Il pense en particulier aux gardes. Certes, ils sont moins riches que le marchand, mais ils sont nombreux et régulièrement relevés.
Elle découvre que Joseph a pris une mentalité de souteneur, peu lui importe que son épouse se fasse baiser par des dizaines de soudards de l’instant qu’il y a de l’argent au bout. Il essaie de la convaincre, lui présentant que plus ils auront amassé d’argent ici, plus leur vie de retour au pays, la guerre finie, sera facilitée. Elle ne se laisse pas persuader lui expliquant que de poursuivre dans la voie de la galanterie ne la tente vraiment pas et qu’en outre, jusqu’à présent, leurs compagnons de captivité ignorent tout de ce qui a pu se passer chez le marchand.
Si elle se met à fréquenter les soldats ici au couvent, non seulement cela va jaser ferme, mais cela risque aussi de rendre leur vie quotidienne plus difficile, les autres ne leur faisant certainement pas de cadeaux en la voyant fricoter avec leurs gardiens. Il essaie de lui démontrer que non. En réalité, pourvu que l’argent rentre, il s’en moque. Enfin pas tout à fait, car il pense pouvoir s’arranger pour se faire plaindre et faire porter la responsabilité à sa femme. Lors de la première discussion qu’ils avaient eue, il l’avait giflée. Il s’en était abondamment excusé et avait tout fait pour se faire pardonner, mais sans renoncer à la convaincre. Comme elle persiste dans son refus, la gentillesse au fil des jours s’effrite pour ne plus être qu’une façade, surtout à l’intention des autres.
Quand ils se retrouvent seuls, une chambre leur a été attribuée, il est hargneux, acariâtre, et cherche toutes les occasions de lui faire mal moralement et même physiquement en prenant soin de ne point trop laisser de traces. La vie pour Marion devient de plus en plus pénible. Elle n’aspire qu’à une chose : se tenir le plus éloigné possible de son mari devenu odieux. Pour cela, elle s’est portée volontaire pour s’occuper de l’infirmerie. Cela lui permet d’y passer la nuit quand il y a des malades, mais il n’y en a pas toujours.
Une nuit qu’elle doit passer avec son mari, celui-ci se montre pressant toujours pour le même motif. Marion refusant de céder, il a un coup de sang, et s’oublie jusqu’à la gifler à plusieurs reprises et même lui donner deux coups de poing avant de reprendre son contrôle. Marion s’enfuit et va se réfugier à l’infirmerie déserte. Le lendemain, quand il est demandé des volontaires pour aller travailler en ville, elle se met sur les rangs. Nombreux sont ceux qui lui demandent ce qui lui est arrivé en voyant son visage avec un œil au beurre noir, les lèvres fendues et une pommette tuméfiée, le tout présentant une intéressante variation de couleur. Elle répond qu’elle est tombée. La journée se passe à nettoyer les halles. Sur le soir tandis qu’elle se repose un peu à l’écart, appuyée sur une colonne. Elle entend :
Elle sursaute et se retourne, pour se retrouver face à l’imposante carrure de Malcom MacNamara. Elle ne tient pas à le voir, cela lui rappelle trop quand elle faisait la pute chez Custer. Elle baisse la tête, répond à peine à son salut et se détourne pour rejoindre les autres. Il l’arrête, se plante en face d’elle et délicatement prend son menton pour lui faire lever la tête. Il la regarde en fronçant les sourcils et lui demande :
Il se tait un moment, et quand on dit que ce n’est rien, en général c’est qu’il y a quelque chose et quelque chose d’important.
Marion n’appelle pas. Quelque chose émane de ce géant. Il l’a vue faire commerce de ses charmes et pourtant il ne la regarde pas comme un homme regarde la putain avec qui il a baisé. Son regard est plein de bienveillance, mais il la transperce. Elle se met à trembler et d’un coup s’effondre et raconte tout d’une voix entrecoupée de sanglots.
Tout, depuis la première journée chez John Custer, la discussion avec son mari, les pièces d’or en échange de ses faveurs, jusqu’aux coups de son mari la veille. Malcom reste un moment silencieux et lui demande de l’attendre où elle est. Il se dirige vers un garde, lui parle brièvement avant de lui glisser une pièce et un papier sur lequel il griffonne quelques mots. Il revient et annonce que ce soir elle est son invitée, que ce soir elle n’aura pas à retourner au monastère. Avant qu’elle ne puisse dire quoique ce soir il l’entraîne. Elle suit comme un automate, toujours pleurant.
Elle ne sait combien de temps ils marchent avant de franchir une petite porte. Il allume une lanterne pour suivre un long couloir. Ils arrivent dans une pièce éclairée par des chandeliers. Il la fait asseoir et s’éclipse. Il revient pour lui annoncer qu’un bain l’attend et la prie de bien vouloir partager son dîner, sauf si elle préfère manger dans la chambre que l’on lui prépare. Préférant ne pas se retrouver seule, elle accepte l’invitation. Il l’en remercie et la confie à une nommée Janet. Celle-ci est aussi grande qu’elle, mais est plus jeune, 16 ans peut-être, avec un joli minois constellé de taches de rousseur encadré de cheveux blond roux. Elle la guide jusqu’à une pièce où l’attend une baignoire remplie d’eau chaude. Janet la dévisage :
Marion regarde autour d’elle cette salle qui a l’air exclusivement destinée aux bains et à la toilette. Elle n’a jamais vu ça, même chez John Custer. Elle en fait le tour, étonnée, puis se déshabille. Elle va pour entrer dans l’eau quand la porte s’ouvre. Elle sursaute et prend sa robe pour la plaquer sur sa poitrine. C’est Janet qui revient avec une robe. Elle la pose et demande :
Marion qui voudrait bien faire ses ablutions tranquille, attend qu’elle reparte, mais l’autre n’a pas l’air de comprendre. Elle insiste.
Marion comprend que son interlocutrice n’a nullement l’intention de quitter les lieux. Elle balance un moment à la prier vertement d’aller voir ailleurs si elle n’y est pas, mais elle finit par se dire qu’il est inutile de rabrouer la gamine. Aussi lâche-t-elle sa robe et se glisse dans l’eau chaude avec délice avant de répondre. Puis les questions s’enchaînent, depuis : a-t-elle eu peur ? Jusqu’à : comment se passe la vie au couvent ? En passant par : comment est-ce sur les bateaux ? Que pense-t-elle des gens de guerre ? Marion répond de bonne grâce à la curiosité de la jeune fille. Pour y mettre un frein, elle interroge à son tour :
L’autre lui répond en riant :
Durant la discussion. Janet propose à Marion de lui frotter le dos. Celle-ci accepte volontiers. La conversation dure et quand Marion se décide à sortir, l’eau a bien fraîchi. Son interlocutrice lui passe les serviettes, puis quand elle est sèche la robe, précisant que c’est l’une des siennes. Elle en est remerciée. Toutes deux vont ensuite rejoindre Malcolm MacNamara pour le dîner. C’est Janet qui anime la conversation, bombardant Marion de questions. À un moment, elle lui demande si elle a lu un roman en vogue. Elle répond :
Le géant intervient :
Il se lève, sort de la pièce et revient quelques minutes plus tard :
Comme le dessert vient d’être servi, l’attente n’est pas longue. La table desservie, il pose un livre devant elle et lui explique comment sont organisées les colonnes, entrées et sorties, les différentes catégories, où il faut mettre des totaux partiels… etc. Et lui donne un crayon en l’encourageant d’un « vas-y fillette ». Elle se met au travail. Janet est entraînée par son oncle qui lui dit qu’il y en a pour un certain temps et il lui propose une partie de jacquet. Moins d’un quart d’heure plus tard, Marion les appelle, à leur grand étonnement. Ils s’approchent et se penchent sur le livre. Malcom sort de sa poche ses feuilles de brouillons et compare. Tout correspond, non pas complètement. Il pose le doigt sur un résultat en disant :
Marion se penche, passe sa main sur le registre quelques secondes et répond :
L’homme prend le crayon et se plonge à son tour dans les opérations. Deux minutes plus tard, il se redresse en la regardant étonné :
Effectivement personne ne vient la chercher pour la ramener. De ce jour, elle prend en main les comptes de MacNamara. Elle s’y attelle essentiellement le soir après dîner et parfois un peu après le déjeuner du matin. Le reste de la journée, elle le passe avec Janet. Elle l’accompagne en promenade et apprend par là même à monter à cheval autrement que comme un sac et suit avec elle les cours de son précepteur. Par contre elle voit peu souvent Malcom, seulement le soir. En journée il est dehors, de plus il lui arrive régulièrement de s’absenter plusieurs jours. Il est toujours aussi bienveillant. Il ne lui impose rien. Il lui a simplement demandé de ne pas trop parler de sa vie privée, particulièrement depuis son arrivée dans la ville, à sa nièce. Elle n’en avait de toute façon point l’intention.
Elles deviennent très proches, discutent énormément, rient aussi beaucoup. C’est ainsi qu’elle a confirmation que Malcom MacNamara n’est pas un simple marchand. Elle s’en doutait en voyant les livres de compte et en entendant par deux fois des visiteurs l’appeler Messire. C’est le chef de l’un des principaux clans de son pays. Il peut lever jusqu’à 10 000 hommes et presque 20 000 avec les clans inféodés. Marion s’étonne auprès de celle qui est devenue son amie qu’un homme aussi important ne soit pas entouré de plus de solennité et qu’il s’occupe lui-même de la gestion de ses affaires. Janet lui répond que la pompe agace son oncle et il dit que si un bon chef doit savoir déléguer, il doit aussi s’occuper de ses hommes et superviser ses affaires. S’il n’avait pas agi ainsi, le fripon d’intendant aurait pu continuer à voler le clan pendant des années.
Jacquotte
Quand Peter et Dustin reviennent après plusieurs heures dans la chambre, ils échangent avec Kathryn leurs informations. D’après ce qu’ils ont appris, une fille de maison à agressé quelqu’un pour le voler. Elle a été surprise et a fui. Il y a une belle récompense promise à qui la capturera et même pour tout renseignement le permettant. Kathryn de son côté leur fait le récit de la jeune fille. Tous trois sont d’accord pour plutôt croire cette version.
Les jours suivants Jacquotte se remet doucement. Elle complète son récit auprès de trio qui l’a recueillie, en passant pudiquement sous silence les hommes qu’elle a occis. De son côté elle apprend que Peter et Dustin Galleway sont deux frères, que Kathryn est l’épouse du premier, qu’ils sont paysans et étaient venus en ville pour vendre leurs produits. Ils étaient accompagnés d’Hillary leur jeune sœur, mais icelle a disparu. C’est pour cela qu’ils sont encore en ville. Ils pensent qu’elle a été attirée dans la maison d’où elle-même s’est évadée. Ils ont essayé d’enquêter, mais n’ont obtenu aucun résultat. Ils sont déçus qu’elle ne puisse pas leur donner de renseignements sur ce qui se passe dans le bordel. Ce qu’ils apprennent d’elle les inquiète, car cela confirme que des filles sont retenues contre leur gré. Jacquotte leur recommande d’aller voir la police. Il lui est répondu qu’ils l’ont fait et que c’est eux qui ont failli avoir des ennuis.
Apparemment la maison est protégée. En quelques jours Jacquotte à repris du poil de la bête. Les blessures cicatrisent bien. Au bout de deux semaines, elle devient enragée à rester enfermée, d’autant plus qu’elle sent qu’elle gêne Peter et sa femme quand ils veulent se faire des câlins, du fait de sa présence permanente dans la chambre qu’ils louent. Ils attendent, lorsque Dustin est encore dehors à la nuit que Jacquotte dorme pour, sous les couvertures, se risquer à un rapprochement intime. L’évadée s’en est rapidement aperçu, aussi, dès que possible, se couche-t-elle et dort ou tout au moins en s’attache-elle à en donner l’impression. Le couple a ainsi de plus en plus d’occasion et il en profite.
Jacquotte est un peu gênée, car souvent Peter et Kathryn commencent à œuvrer alors qu’elle est encore parfaitement éveillée. Elle a alors bien du mal à rejoindre Morphée, car, même si les tourtereaux s’efforcent à la plus grande discrétion, ils ne peuvent retenir soupirs et gémissements étouffés en plus de grincements du lit. Il lui arrive alors de jeter, entre ses paupières mi-closes, un coup d’œil à la scène éclairée par la lune et les étoiles. Quelques fois, dans le feu de l’action les couvertures glissent, surtout lorsque les époux se lancent dans des caresses buccales ou dans des levrettes. Elle doit reconnaître qu’ils y mettent beaucoup d’ardeur. Kathryn est parfois bien secouée par les assauts de Peter. Elle est étonnée par les capacités orales de la jeune femme, qui est capable de presque entièrement faire disparaître dans sa gorge le membre de son époux. Pourtant celui-ci est taille honorable. Elle l’est encore plus de la voir y prendre du plaisir.
Un jour, Kathryn a une idée. Comme Jacquotte n’a pas une poitrine opulente, en se la bandant, avec les cheveux courts et des habits masculins, elle ferait un adolescent tout à fait crédible. Elle pourrait ainsi essayer de surveiller la maison close. Avec son mari et Dustin, il ne peuvent pratiquement plus s’en approcher. La police les chassant et s’ils insistent trop ils finiront par se faire arrêter. Jacquotte accepte d’enthousiasme, mais Peter fait remarquer qu’avec son accent, elle se fera tout de suite repérer. Elle lui réplique que si elle se fait passer pour muette, personne ne pourra l’entendre son accent. Malgré ses doutes Peter finit par laisser-faire, d’autant qu’il sait qu’il ne pourra pas s’y opposer, car Kathryn et lui doivent rentrer à la ferme où le père est resté seul depuis trop longtemps.
C’est en traînant en ville qu’un jour elle aperçoit monsieur de La Tiémont qu’elle avait vu à plusieurs reprises sur le bateau qui les amenait. Celui-ci accompagné d’un soldat remonte la rue dans sa direction. Il ne la reconnaît pas en la croisant. Elle se décide à le suivre. C’est ainsi qu’elle repère la caserne où il est retenu. Plusieurs jours elle va traîner de ce côté, jusqu’à ce qu’il sorte à nouveau. Comme lorsqu’elle l’avait croisé la première fois il est escorté. À un moment le militaire qui l’accompagne relâche son attention et se laisse distancer. Elle saute sur l’occasion, arrive à son niveau et marche à ses côtés. Elle se fait reconnaître de lui. Malgré sa surprise il ne laisse rien paraître et continue du même pas. Elle lui raconte alors qu’avec cinq autres filles elle a été conduite dans bordel, enfermée et contrainte. Elle a pu s’échapper, mais les autres y sont encore retenues. Il faudrait qu’il fasse quelque chose pour les sortir de cet enfer où les coups pleuvent pour les dresser et les rendre dociles, et ses compagnes ne sont pas les seules à être séquestrées.
Comme le soldat se rapproche, le commandant lui donne rendez-vous pour le lendemain. Le lendemain ils ne peuvent communiquer, le soldat ne lâchant pas le prisonnier d’un pouce. Le jour suivant le commandant ne met pas le nez dehors. Bref, il se passe près d’une semaine avant qu’elle ne puisse l’approcher. Elle lui donne autant de détails que possible, les noms des cinq Canfraises, auxquels elle ajoute celui d’Hillary Galleway. Elle indique aussi les chambres où les premières sont retenues. Monsieur de La Tiémont assure qu’il va s’en occuper, et il le fait. Il demande à rencontrer Ian comte de Swordfish son homologue tanibrinque. Il lui expose alors ce qu’il a appris et lui demande d’intervenir. Celui-ci, bien qu’étonné, accède à sa requête. Une descente a lieu. Une trentaine d’hommes y participent. Malgré ce déploiement de force, les jeunes femmes recherchées sont introuvables.
Quand Jacquotte apprend ce résultat du commandant, elle ne comprend pas. En plus le commandant est peu aimable, car con homologue l’a vertement rabroué. Puis brusquement elle comprend elle a omis de préciser une chose : la collusion de la police avec madame Radcliff, la tenancière. Or le commandant tanibrinque a pris contact avec le shérif pour mener la perquisition, et ce sont ses hommes qui ont encadré les militaires. Cela ne la surprend plus que lors de la descente rien n’est été trouvé. C’est ce qu’elle explique au commandant. Celui-ci répercute sur Ian de Swordfish. Le tanibrinque qui de son côté a eu des moments difficiles avec le shérif, ne veut plus entendre parler de cette histoire.
Jacquotte est effondrée. Elle ressent durement cet échec, elle avait pensé faire libérer ses compagnes d’infortune et la sœur de Dustin. Celui-ci aussi est déçu. Il éclate en sanglots en pensant à sa jeune sœur. Jacquotte s’approche et tente de le consoler en lui parlant doucement que tout n’est pas perdu, qu’il y a sûrement quelque chose à faire, qu’il faut réfléchir, que l’on va trouver une idée. Elle prend sa tête sur son épaule et le berce presque comme un enfant. Il se calme, mais reste contre elle un long moment. Il relève la tête et la regarde.
Malgré ses allures de garçon manqué accentuées par son accoutrement, il la trouve belle avec son fin visage triangulaire, ses yeux bleus et sa tignasse ébouriffée. De plus il admire son courage et sa force de caractère, pourtant il la sent vulnérable. Il l’aime, mais n’ose se déclarer, ne voulant pas la brusquer après ce qu’elle a subi. De son côté elle n’est pas insensible au garçon, à sa gentillesse, sa sensibilité et sa douceur, sans pour cela être un mou. Elle en a eu l’illustration quand trois ruffians les avaient attaqués pour les dévaliser. Alors qu’elle se colletait avec l’un d’entre eux, avec succès ma foi, il infligeait aux deux autres une correction qui les laissa sur le pavé. Le sien, voyant cela, avait préféré prendre la poudre d’escampette. Outre qu’elle n’a pas conscience de l’attrait qu’elle exerce sur Dustin, son séjour au bordel ne la pousse nullement au flirt. Son dépucelage dans cette cave sordide et la suite l’ont profondément marquée. Dans son esprit l’amour physique ne rime aucunement avec plaisir. Elle lui rend son regard. Les secondes s’écoulent en silence. Celui-ci est rompu par un :
Comme il la sait gourmande, le présent contient quelques sucreries. Il aurait voulu qu’il y en eût plus, mais il n’est point riche et le séjour en ville coûte cher. En le remerciant, elle le pose sur la table pour l’ouvrir. En voyant le contenu, son visage s’éclaire. Elle saute au cou du garçon pour déposer un baiser sur chaque joue. Comme elle va pour reculer, elle s’aperçoit qu’elle est tenue par les hanches. Bien que la prise soit légère, elle ne cherche pas à s’éloigner et laisse ses bras autour du cou de Dustin. Leurs visages ne sont pas distants de trois pouces, leurs souffles se mêlent. Chacun sent l’intensité du regard de l’autre. Le temps semble comme suspendu. Presque timidement leurs lèvres se joignent.
Elle a été baisée de toutes les manières possibles et plus encore, mais c’est la première fois qu’elle embrasse un garçon. Quand elle sent sa langue venir chercher la sienne, elle fond, accroît son étreinte et se blottit contre lui. Il avait craint une réaction de protestation lorsqu’il lui avait pris la taille. Non seulement elle n’a pas cherché à se dégager, mais répond à son baiser, même quand il lui pose une main sur sa chute de rein. Si in fine elle abandonne ses lèvres, c’est pour reprendre souffle. Il l’embrasse dans le cou, d’un côté, de l’autre, effleure sa bouche et recommence.
Elle apprécie et laisse le garçon poursuivre, même lorsqu’il dénoue la rosette qui tient sa chemise fermée. Il en écarte les pans et la fait glisser de ses épaules, pour embrasser l’adorable poitrine qu’il dévoile. C’est la première fois qu’il la revoie nue depuis la nuit de son intrusion en fort piteux état une nuit qui lui paraît si lointaine. Depuis, il prenait soin de s’éloigner quand elle se lavait ou se vêtait. Les seins de Jacquotte ne sont certes pas gros, mais ils sont moins menus que ne le pensait Dustin habitué à la voir habillé en garçon, le torse bandé. De plus, ils réagissent diablement bien à ses prévenances. Ils durcissent et se dressent. Il pose une main sur son ventre, la fait descendre vers son buisson et atteint sa fente. L’endroit n’est nullement impénétrable ni aride. Elle a déjà été abondamment tripotée. Elle avait alors fort peu goûté la chose, alors que présentement elle voudrait que cela dure éternellement.
Quand il la mène vers la paillasse, elle ne regimbe point. Il l’abandonne quelques instants pour se déshabiller et reprend ses jeux de lèvres et de doigts. Elle ferme les yeux et se laisse aller tout à ces sensations. Lorsqu’il la pénètre, c’est comme si c’était la première fois. Le dégoût tourne désir ; violence dévient douceur ; ce qui était douleur se transforme en plaisir ; la haine se change en amour. Il entre en elle avec facilité, sans avoir à la forcer, sans que son sexe soit inondé d’huile, simplement parce qu’il s’est éclos et que de sa chatte suinte un doux liquide qui vaut mieux que tous les onguents du monde. Elle est surprise de cette humidité qui ruisselle et du bien-être qui l’envahit.
Depuis son séjour à la maison close elle pensait que baiser n’était que pour le plaisir des hommes. Elle n’imaginait pas qu’elle puisse un jour y trouver quelque satisfaction. Elle qui n’avait jusqu’à présent servi qu’à vider des couilles, comprend maintenant que Kathryn ait pu prendre du plaisir avec son mari. Quand on aime, ou même probablement quand on n’est pas contrainte les jeux de l’amour peuvent être bien plaisants. Et présentement ils le sont. Elle sent les ondes de la jouissance monter par vagues successives pour éclater en une apothéose qui la laisse ébahie. Tout son corps se détend, Dustin se répand sur elle. Il roule sur le côté. Elle vient se blottir contre lui. Il l’essuie et tire la couverture sur eux. Ils s’endorment enlacés.