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Temps de lecture estimé : 10 mn
19/07/16
Résumé:  Une partie des troupes ayant participé à l'opération amphibie en conduit une autre de diversion en Érinlande.
Critères:  nonéro historique
Auteur : Bernard Nadette      Envoi mini-message

Série : Conflits

Chapitre 14
Diversion - Débarquement en Érinlande

Résumé :

À la suite d’un raid tanibrinque sur le port de Dorbauxe dans le royaume de Canfre, des prisonniers – hommes, femmes, enfants – sont emmenés en captivité. Une opération de débarquement est organisée pour venir en aide aux prisonniers, mais surtout pour libérer l’héritier du trône dont les geôliers ignorent la qualité. (Voir la liste des épisodes en fin de récit)



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La partie de la flotte canfraise devant se rendre en Érinlande arrive sans encombre en vue du lieu de débarquement où l’attendent plus de vingt-cinq mille insurgés qui ont été avertis de son arrivée par deux frégates apportant des messages. Le débarquement des onze mille hommes de troupe et de matériel est accueilli avec ferveur et soulagement, car les Érinlandais étaient traqués par les troupes glaisanes. Leur enthousiasme ne connaît plus de bornes quand ils découvrent que deux des cinq régiments d’infanterie et un des deux de cavalerie qui débarquent sont composés d’exilés du pays. Pour l’instant, les chevaux manquent cruellement ; ceux qui débarquent sont en priorité réservés à l’artillerie. Il faudra trouver la monte sur place.


Lorsque les vingt mille hommes des troupes glaisanes qui poursuivent les insurgés arrivent, le débarquement est achevé. Elles s’attendaient à affronter des paysans indisciplinés, équipés de bric et de broc. Leurs reconnaissances, insuffisantes, n’ont pas signalé l’arrivée des soldats canfrais. Le général Daniel O’Mahony qui commande ces derniers a fait tout son possible pour dissimuler la descente. Les Érinlandais sont mis en avant. Les Glaisans, sûrs d’une victoire aisée, lancent l’attaque. Ils essuient un tir de mousqueterie, et les rebelles se replient. Ils lancent la poursuite, rompant quelque peu l’ordonnance des troupes. Icelles se retrouvent face aux révoltés ayant fait volte-face encadrés de troupes de lignes, appuyés par une solide artillerie.


La surprise est rude, mais ils commencent à se ressaisir quand une colonne détachée par O’Mahony les prend de flanc. Le flottement se transforme en déroute. L‘artillerie et le train sont abandonnés, l’infanterie se fait tailler en pièces ; seule une bonne partie de la cavalerie réussit à se retirer à peu près en bon ordre, grâce au manque de troupes disposant de chevaux chez les Canfrais. Le général glaisan, le duc de Levington, ne réussit à sauver que trois mille cavaliers, autant de fantassins et moins d’une demi-douzaine de canons. Cette journée, la moitié des troupes sur l’île participait, les autres étant dispersées dans des postes ou dans les villes. La retraite se dirige vers l’une d’elles, un port fortifié, où il espère pouvoir résister en attendant l’arrivée de renforts. Il envoie des estafettes pour que les positions les plus faibles soient abandonnées et les effectifs regroupés dans les plus importantes. Il sacrifie le contrôle du plat pays à la défense de quelques postes choisis.


La nouvelle de la défaite et le départ des soldats de la plupart de leurs positions provoquent la multiplication des foyers d’insurrection. Nombreux sont les détachements qui sont harcelés ; bon nombre n’arrivent pas à leurs lieux de ralliement, massacrés par des insurgés survoltés.


Les soldats ne sont pas les seuls à souffrir : les seigneurs glaisans, leurs intendants et factotums sont pourchassés, surtout quand ils se sont montrés par trop hautains et implacables en pressurant les paysans. Les plus humains et bienveillants sont souvent épargnés et même protégés par leurs fermiers ou métayers en cas d’intrusion de bandes étrangères. Nombreux sont ceux qui perdent la vie ; d’autres ne trouvent le salut que dans la fuite à bride abattue.


Exemple d’un de ces drames, celui de Martial de Tourter, seigneur de Glenroe. Cet homme autoritaire et âpre au gain écrase ses gens de corvées et de prélèvements. Il n’a pas eu la sagesse d’abandonner son château. Les insurgés arrivent en nombre des villages environnants. Il n’a plus le temps de fuir. Il se réfugie dans la vieille tour avec sa troisième épouse, dame Adela, son fils Reynold, né d’un premier lit, âgé de dix-neuf ans. Il est suivi par ses deux intendants et une dizaine de domestiques, surtout des gardes-chasse, certains avec leur famille. L’ont suivi ceux qui, à la suite de leur comportement, savent avoir le plus à craindre de la colère des paysans ; les autres se tiennent à l’écart, certains rejoignent même les émeutiers. Dans la précipitation, une fois barricadés, ils s’aperçoivent qu’il manque à l’appel la sœur de Reynold : Judith, âgée de dix-sept ans, et sa demi-sœur Amélie, âgée de quinze mois, née de la seconde épouse. Ils ont des fusils et abondance de munitions. Les premiers qui s’approchent se font canarder, et l’un d’eux reste sur le terrain ; les autres se mettent à l’abri, certains en clopinant.


Liam An Sionnach, descendant d’un enfant illégitime du marquis de Guépasse, bien que propriétaire et n’ayant pas trop eu à souffrir du seigneur de Glenroe, a non seulement rejoint les insurgés, mais c’est lui qui a organisé et commande la milice paroissiale. Il aurait volontiers rallié une des compagnies qui se constituent dans le pays pour rejoindre l’armée de libération, mais il ne peut abandonner la ferme et sa grand-mère dont il est le dernier soutien. Il a une certaine instruction et du charisme. C’est lui qui organise le siège. Il ne dispose d’aucun matériel. Il essaie de négocier la reddition, mais n’obtient qu’insultes et un coup de fusil le manquant de peu. Il sait que la tour sert de réserve et que ses occupants peuvent y tenir des semaines, et même des mois. D’autre part, un assaut frontal, malgré l’impatience qui anime les hommes, serait par trop coûteux en vies. Il a une idée. Il fait charger de paille et de bois vert une charrette, à laquelle le feu est mis. Le brûlot est poussé sur la porte. L’abondante fumée dégagée par le bois vert gêne le tir des assiégés. Les flammes se communiquent à la porte, puis à l’ensemble de la tour. Les occupants ne peuvent y tenir et doivent sortir. Liam essaie d’empêcher le massacre en s’interposant, mais il se fait assommer par un enragé dont la femme qui se refusait au seigneur a été tuée. Tous les occupants qui tentent de sortir se font tailler en pièces, les autres périssent dans les flammes. Seuls quelques femmes et enfants échappent à la rage meurtrière.


Liam a été traîné hors du théâtre du carnage par des amis. Quand il revient à lui, tout est consommé. Il est furieux. Il veut la liberté de son pays, mais pas à ce prix. Avec l’aide du curé, il réussit à empêcher la destruction du château, mais non le pillage auquel les domestiques participent allègrement. Il retourne ensuite chez lui accompagné de Ciaran Conair, son garçon de ferme. Sur le chemin du retour en traversant un bois, il entend un bruit suspect. Il arme son fusil discrètement et poursuit son chemin sur le qui-vive puis, le tournant du chemin passé, s’enfonce entre les arbres pour un large crochet, l’autre poursuivant sa route. Il arrive pour voir une jeune femme qui serre dans ses bras en enfançon. Rien qu’à sa tenue, il sait à qui il a affaire. C’est la fille du seigneur de Glenroe ou peut-être sa nouvelle femme. Il ne les a aperçues que de loin et n’est pas sûr. Quant à l’enfant, ce doit être la dernière-née. Quand elle se rend compte qu’elle est découverte, elle se met à trembler, mais s’interpose entre Liam et l’enfant. Celui-ci lui fait signe de se taire et de lui dit de ne pas faire de bruit. Il lui explique mi-voix :



Elle hésite et finit par accepter d’un hochement de tête. Ils se mettent en route, évitant les sentiers et en coupant à travers bois. Ils avancent en silence et arrivent à destination. Il regarde s’il n’y personne à proximité. Voyant le chemin libre, il la fait entrer. Son garçon de ferme regarde la nouvelle arrivante et lâche, stupéfait :



Liam prend sa grand-mère à part et lui explique ce qui s’est passé. La jeune femme qui s’est approchée apprend la mort de sa famille. Elle pousse un cri :



Elle se précipite sur Liam, griffes en avant.



Il lui saisit les poignets ; elle tente de lui donner des coups de pied. Le valet vient au secours de son patron pour l’immobiliser.



La jeune demoiselle immobilisée s’est calmée :



Les deux hommes se regardent, hésitants. La grand-mère qui s’occupe de l’enfant dit à son petit-fils :



Puis elle se tait. Rien qu’en voyant les trois personnes dans la pièce, elle comprend au fond d’elle-même que c’est la vérité. Elle éclate en sanglots. Les deux hommes l’aident à s’asseoir. La grand-mère intervient de nouveau :



Puis, se tournant vers Judith :



La jeune fille obéit. À son retour, elle demande :



Le valet intervient :



La grand-mère grommelle :



Elle se tourne vers la jeune fille :



Une fois le garçon sorti, Judith/Luaine remercie :



La jeune fille retire ses bagues, son collier et son bracelet et y ajoute une aumônière en contenant d’autres et les tend à la femme :



C’est ainsi que les filles du seigneur glaisan s’installent chez le capitaine de la milice érinlandaise du lieu.



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Les épisodes précédents :