n° 20166 | Fiche technique | 107179 caractères | 107179Temps de lecture estimé : 57 mn | 30/03/21 |
Résumé: Les dames se vengent, mais chacune à sa manière. | ||||
Critères: fh extracon vengeance jalousie fellation pénétratio historique -historiqu | ||||
Auteur : Bernard Nadette Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Conflits Chapitre 26 | Épisode suivant |
Résumé épisodes précédents :
À la suite d’un raid tanibrinque sur le port de Dorbauxe dans le royaume de Canfre, des prisonniers – hommes, femmes, enfants – sont emmenés en captivité. Une opération de débarquement est organisée pour venir en aide aux prisonniers, mais surtout pour libérer l’héritier du trône dont les geôliers ignorent la qualité. Jennifer, la fille de John Custer, a épousé le comte de Calbray, un protégé du frère du Roi, Édouard duc de Kory. Ce dernier est attiré par la jeune femme. Il expédie le mari rejoindre l’armée. La comtesse devient sa maîtresse (voir épisode 13). Catherine de Révilly s’est éclipsée de la cour où elle avait été invitée par le Dauphin avec ses trois compagnes retenues à l’institution de Madame Lincoln. Son but est de retrouver les soldats glaisans qui ont assassiné son père qui tentait de la défendre d’un viol lors de l’attaque de Dorbauxe.
En fin de récit, vous trouverez pour les mots dont l’usage s’est perdu (ils sont suivis d’un astérisque) un équivalent en français moderne.
Vous y trouverez aussi les liens vers tous les épisodes précédents.
Jennifer poursuit sa liaison tant intellectuelle que physique avec le prince qui assavoure* grandement les deux. La première pour sa vivacité d’esprit, ses conversations stimulantes et ses conseils avisés, quant à la seconde, il faut reconnaître qu’après quelques scrupules et hésitations, la comtesse met une belle ardeur à agrémenter ses nuits et pas que ses nuits parfois d’ailleurs. Monsieur le duc de Kory n’a plus l’exclusivité des initiatives. Parfois elle l’entraîne en s’arrangeant pour que nul ne vienne les importuner et entreprend de défaire sa culotte pour s’occuper de ce qu’elle en extrait. Après l’avoir mis en condition, quand cela s’avère nécessaire, elle se laisse trousser. Tantôt le prince commence par jouer de la langue, tantôt directement il la couche ou la met à quatre pattes et sans plus de préambule l’embroche.
Il est loin le temps où son père s’inquiétait tant de son manque d’enthousiasme au devoir conjugal au point qu’il avait fait appel à Marion et son mari pour la convaincre qu’elle pouvait trouver du plaisir aux jeux de l’amour.
Elle apprécie grandement à se faire ramoner même vigoureusement, presque brutalement, de se faire caresser et malaxer les seins. Tant, qu’elle se montre souventes fois peu discrète en prenant son plaisir. Bientôt, nul n’ignore au palais et rapidement à la ville aussi, les parties de jambes en l’air de la comtesse et du duc.
De bonnes âmes s’empressent d’informer le mari que sa chère et tendre épouse n’est pas tendre qu’avec lui et est devenue la maîtresse de son protecteur, le frère du Roi et héritier du trône. Il en est mortifié. Il comprend l’empressement d’icelui à l’envoyer au loin. Il ne peut demander réparation. Il a l’impression de voir le sourire compatissant sur les lèvres de tous ses compagnons d’armes. Cela le mine. Il ne veut survivre à un tel déshonneur, mais il doit se montrer digne de sa maison. Il ne veut passer à la postérité que comme mari cocu.
Il attend la bataille avec impatiente. Lorsqu’icelle survient, sa compagnie est en réserve. Le combat tourne mal pour les glaisans. Leur droite est tournée et s’effondre, le centre plis. Le comte de Calbray ignorant le colonel qui attend l’arme au pied des ordres, somme toute pas mécontent de préserver son unité, entraîne non seulement sa compagnie, mais tout le régiment. Il rallie des fuyards et lance une contre-attaque. Icelle débouche sur la charnière canfraise. Il réussit à reprendre une batterie et l’installe sur une petite butte qui lui permet de prendre de flanc les colonnes ennemies. Il retient de nouveaux soldats, d’autres se rallient et reviennent au combat. Les canfrais sont obligés de changer l’axe de leur attaque pour éliminer cette épine. Cela permet au centre glaisan de se ressaisir et de contre-attaquer. Ce sont maintenant les canfrais qui plient. L’intervention de leur réserve empêche la débandade, mais ils doivent se replier et renoncer à poursuivre le siège devant une place qu’ils convoitaient.
La butte est jonchée de mort et de blessés. Il ne reste guère d’hommes valides. La compagnie du comte a été particulièrement éprouvée. Lui-même tient encore en selle sur son quatrième cheval, les trois précédents ont été tués sous lui. Son guidon est en lambeau. Cinq hommes sont tombés en le dressant. Il faut le descendre sanglant de sa monture, il ne le peut seul, Il a reçu quatorze blessures. Le général lui envoie son chirurgien personnel. L’homme de l’art se montre pessimiste, si pessimiste que sa mort est tenue pour certaine.
Le général envoie un message à la cour annonçant la victoire et surtout la glorieuse conduite du comte qui a sauvé la journée. Lorsque la nouvelle parvient à Dolnon toute la ville pavoise et célèbre le héros. Jusque-là, seuls certains autour de la fille de son amant, étaient ouvertement opposés à Jennifer. D’autres se montraient plus favorables en voyant les effets bénéfiques de cette relation. La majorité n’avait pas d’opinion tranchée. Avec cette nouvelle, l’attitude vis-à-vis de la liaison affichée de sa femme change. Elle est celle qui a trahi le héros.
La protection de l’héritier du trône ne peut empêcher cette sourde hostilité. Si à la cour tout cela reste relativement feutré, à la ville cela se manifeste de manière ouverte. Le menu peuple la huant lorsqu’elle paraît, allant jusqu’à jeter des pierres sur sa voiture. Les sorties ne peuvent se faire qu’incognito. Rapidement, elle doit même y renoncer quand par deux fois reconnue, elle a failli se faire écharper. Elle a dû son salut la première fois au cocher qui a enlevé les chevaux et la seconde à l’intervention d’une patrouille qui a été contrainte de tirer en l’air pour disperser la foule déchaînée.
Elle ne peut plus se risquer au-dehors qu’accompagnée d’une forte escorte. Elle se voit contrainte de se claquemurer au palais. Survient ensuite l’annonce de la demande de dissolution de mariage de son cocu de mari, parant la chose des plus nobles raisons, la crainte d’être diminué, de devenir un poids et de ne pas vouloir imposer ce fardeau à son épouse. Il supplie Sa Majesté d’accéder à sa demande. Il appuie sa supplique d’arguments plus concrets. Il s’agit d’erreurs lors de l’inscription du mariage sur les registres. C’est la sœur puînée de Jennifer, âgée de seulement dix ans, qui est inscrite. Son notaire avait remarqué cela peu avant son départ pour le continent. Il se préparait à faire les démarches pour y remédier. Présentement il n’est pas mécontent de n’avoir pu le faire, même s’il lui faudra rendre la dot. Mais bon, il sera ainsi débarrassé de cette gourgandine qu’il aurait mieux fait de laisser à sa roture. Ce qu’elle fera de son cul n’aura plus d’importance et n’entachera plus l’honneur de son nom.
Le Roi est fort irrité de toute cette effervescence et finit par en vouloir à son frère. Poussé par des conseillers et sa nièce, malgré les prières de son frère, il finit par prier Jennifer de quitter la Cour puisque le décès de la Reine, qui l’a grandement affecté, a mis un terme à sa fonction de dame d’honneur.
Ne pouvant aller chez son amant et encore moins chez son mari, elle est contrainte de retourner chez son père. Icelui goûte peu la chose, mais prudent, il s’abstient de lui administrer la punition qu’elle mériterait pourtant, au cas d’un retour en grâce, par exemple, si le Roi meurt et que son frère accède au trône. Surtout que l’on dit Sa Majesté affecté par le récent décès de la Reine.
Le tribunal chargé du dossier reconnaît la recevabilité des arguments du comte. Il est officiellement marié avec Marie-Anne, mais icelle n’étant pas nubile le mariage ne peut être validé et est de ce fait déclaré nul. L’union avec Jennifer n’a donc officiellement jamais existé. Il faut, avec l’accord des parties, recommencer les démarches du mariage pour qu’il soit reconnu. Bien évidemment, Samuel s’en dispense et par l’intermédiaire de son notaire fait savoir qu’il y renonce. Chacun retrouve son état de célibataire. Bien qu’officiellement libre Jennifer ne puisse revenir à la cour, Sa Majesté s’y oppose. Elle ne veut laisser penser que le jugement a été rendu pour complaire à son frère et libérer sa maîtresse des liens d’un mariage qui était devenu gênant avec la popularité du mari.
Une correspondance quotidienne unit l’ancienne comtesse et le duc. Ils y échangent non seulement sur leur situation personnelle, mais aussi de manière plus générale de politique, de la guerre, de musique, de littérature, bref sur tout.
Cela n’empêche parfois qu’incognito les deux amants ne se retrouvent en lieu convenu. Ces retrouvailles, qui ne peuvent être fréquentes, sont moult ardentes. Y sont oubliées, au moins dans les premiers temps, les discussions. Ils s’embrassent et point ne leur faut de temps pour qu’ils se retrouvent nus, quand la dame n’est pas déjà dévêtue pour l’accueillir. Le plus souvent ils commencent par se mignoter, usant des mains, des lèvres et de la langue sur toutes parties du corps, soit de concert, soit alternativement. Ils apprécient particulièrement les jeux buccaux qu’ils prennent à prolonger. Si d’aventure Monseigneur décharge lors de ces bagatelles, elle se charge de lui redonner vigueur pour l’accueillir en elle. Lors, parfois ils se contentent d’une position, parfois ils combinent. Quel que soit le programme, elle met une belle ardeur à écarter les cuisses pour se faire mettre bien profond, car il faut avouer qu’elle goûte la chose. En certaine occasion, il ne lui déplaît pas non plus de se faire défoncer un brin rudement. Ce qu’elle apprécie le moins c’est quand son amant doit se retirer un peu précipitamment pour éviter de la mettre en cloque. Une grossesse serait en effet une des pires choses qui puisse advenir, car susceptible de ranimer le scandale, et l’ire de Sa Majesté. Heureusement le prince sait avec science la combler d’autres manières, avec ses doigts, sa langue et parfois il use de divers instruments. Les plus utilisées sont les bougies, mais le manche d’un poignard, d’un maillet de croquet, d’outils divers, de brosse, de bouteille, et la liste n’est pas exhaustive, font l’affaire. Instruments dont elle n’hésite pas à user lorsqu’elle est seule.
La solide constitution du comte lui permet de se remettre suffisamment de ses blessures pour se rendre à Dolnon où il est acclamé. Sa Majesté lui accorde une audience solennelle pour lui décerner l’Ordre du Bain avec le rang de Chevalier Commandeur. Pour ce faire, il a été auparavant promu au grade de colonel, condition pour recevoir cette distinction. Qui plus est, c’est d’un Régiment de la Garde qu’il aura à commander. Il évite son ancien protecteur, ne le saluant, très protocolairement, que lors de l’audience royale. Sitôt icelle achevée, il reprend incontinent le chemin du continent et de son régiment, bien que ne pouvant encore assumer pleinement le commandement au feu.
Le lendemain de son retour, une explosion secoue le camp. Tous se précipitent. Autour d’un cratère, c’est le carnage, plus d’une douzaine de soldats sont morts autant agonisent, d’autres, plus éloignés, sont plus ou moins sérieusement blessés. Au retour d’un exercice, les soldats se sont assemblés autour d’un feu de camp pour manger. Après quelques minutes tout saute. Visiblement une caisse de munition était près du foyer. L’émotion est grande. Tous se demandent comment cela est possible. Une enquête est ouverte. Plusieurs hommes qui ne participaient pas à l’exercice ont préparé les feux. Pour celui du drame, un jeune soldat avec un pansement sur la tête s’en est particulièrement occupé. Les recherches pour le retrouver demeurent vaines. Une des victimes correspondrait à son signalement. Alors, les choses en restent là… faute de mieux.
Une seule personne connaît la vérité. C’est Catherine de Révilly. C’est elle qui déguisée en soldat a piégé le feu pour qu’il explose parmi les soldats dont elle voulait se venger. Elle a choisi cette solution, car elle ne pouvait les occire un par un. Le risque aurait été trop grand qu’elle ne puisse arriver au terme de la mission qu’elle s’était fixée. Attirer les hommes hors du camp était aisé, mais de ne pas les voir revenir aurait fini par paraître bizarre et même suspect. Le lien avec elle risquait d’être rapidement établi. Trop aléatoire.
Elle n’avait pas eu trop de difficulté à réaliser la chose. Les hommes étaient habitués à la voir traîner. Après son exhibition de pipes à la chaîne, sa qualité de meretris* était établie. Elle s’était résignée pour conserver sa couverture à continuer de sucer les soldats, mais avait Dieu merci réussit à éviter tout autre commerce avec iceux. Elle y avait gagné le surnom de Chrysostome, donné par un officier, comme Jean l’archevêque de Constantinople. Mais pas pour les mêmes raisons, car si le Saint-Père de l’Église avait gagné ce surnom qui littéralement veut dire « à la bouche d’or » c’était lui en raison de son éloquence.
Quand la troupe était partie, elle avait revêtu un uniforme, qu’elle avait dérobé et tenait en réserve, s’était affublée d’un bandage qu’elle avait taché de sang de poulet. La blessure justifiant sa présence au camp. Elle avait participé au dressage des feux et avait piégé celui autour duquel, elle avait repéré que devaient se réunir ses bourreaux et assassins de son père. Tous doivent être morts ou grièvement blessés.
Il n’en reste plus qu’un : le lieutenant, mais lui, elle veut qu’il sache pourquoi il meurt et si possible que ce soit lentement, car, lui, commandait. Il est donc deux fois plus coupable que tous les autres. En plus c’est lui qui a porté le premier coup à son père. Peu lui importe les risques dès l’instant qu’elle arrive à ses fins.
Cela ne l’empêche pas de préparer soigneusement son plan d’action pour avoir une chance de s’échapper. Elle repère soigneusement l’endroit du cantonnement de l’homme. La chance est avec elle, icelui est à l’extrémité du camp. Contrairement à nombre d’autres officiers, il ne demeure pas avec ses hommes, enfin ceux qui lui restent. Cherchant à se faire bien voir, il se rapproche le plus possible de l’état-major. Pour cela il rend de menus services aux officiers supérieurs.
Catherine attend un jour favorable, qui tarde à venir. Cela l’oblige à sucer un certain nombre de queues supplémentaires, mais au point où elle est, ce ne sont pas quelques-unes de plus qui font la différence.
Ce qu’elle attend c’est un moment où les officiers supérieurs s’éloigneront et que le lieutenant restera sur place. Il y aura en conséquence beaucoup moins de monde alentour. Quand le jour arrive enfin, elle revêt un uniforme, prépare plusieurs pistolets. Elle dissimule deux petits à l’intérieur de sa veste et un grand dans une besace. Ce dernier est chargé à grenaille et a le canon légèrement évasé. Elle l’a choisi pour que la charge se disperse. Elle suspend les deux derniers aux arçons du cheval qu’elle amène près de la table où est installé le lieutenant. Elle détache discrètement tous les chevaux qu’elle aperçoit à proximité et sabote les sangles de selle.
Cela fait elle s’approche de l’officier en annonçant un pli pour lui. Quand il l’ouvre, il peut lire : « souvenez-vous de Dorbauxe ». Surpris, il demande :
Le lieutenant reste un moment interdit, quand il songe à réagir, il est trop tard. En prononçant les derniers mots, elle tire à travers son sac en visant le bas-ventre qui devient une bouillie sanglante.
Un officier qui vient de s’installer pour boire se lève pour l’attraper. Elle jette son arme. L’homme l’esquive, mais trébuche et tombe. Deux soldats essaient de l’arrêter. Elle les abat avec ses pistolets. Une détonation. Elle ressent une douleur au bras. Cela ne l’empêche pas de sauter en selle, d’abattre un autre soldat et d’enlever son cheval. La route est dégagée devant elle, mais elle prend quelques secondes pour disperser au passage les chevaux. Cela lui est presque fatal. D’autres soldats font feu. Une balle fait choir son tricorne, une autre lui érafle la tempe, une troisième l’atteint au flanc, mais elle reste en selle et file.
Au camp, c’est le branle-bas. On essaie de récupérer les chevaux. Quand quelques-uns sont rattrapés et que les cavaliers montent, c’est pour tomber avec leur selle. Le colonel qui avait chu s’est relevé. Voyant la pagaille, va derrière la tente et prend son cheval avec lequel il vient de faire une petite promenade et se lance à la poursuite du fugitif. Certes sa monture revient de promenade, mais icelle a été courte et il ne l’a pas poussée. De plus, c’est une bête magnifique, cadeau de Sa Majesté, largement supérieur à celle aux trousses de laquelle il est. Un autre facteur entre en compte, il est beaucoup plus lourd que l’autre cavalier. La poursuite dure presque trois lieues, durant lesquelles certes il gagne du terrain, mais ne rattrape pas le fugitif. Son cheval marque des signes d’épuisement. L’autre qui ne vaut pas mieux trébuche et son cavalier est projeté.
Catherine reste un moment sonnée. Elle reprend ses esprits et voit un glaisan arriver. Elle se redresse péniblement pour essayer d’attraper son dernier pistolet suspendu à l’arçon de la selle, mais l’autre arrive faisant s’éloigner le cheval. Samuel comte de Calbray descend de sa monture écumante. Ses blessures pas complètement guéries lui ont rendu la chevauchée moult éprouvante. Il tire son épée. Catherine prend un poignard pour engager le combat. Ses forces la trahissent, elle met genou en terre, mais toujours pointant son arme.
Samuel trouve indigne d’occire ce garçon qu’il voit sanglant de ses multiples blessures. Il se demande comment il a pu tenir aussi longtemps sur son cheval. Il ne peut s’empêcher une certaine admiration pour lui. Car il lui a fallu du courage pour s’avancer au milieu des soldats, de l’audace pour s’approcher du lieutenant pour s’expliquer avec lui et du sang-froid pour la manière dont il a réussi à s’extirper du camp.
Comme il va pour répliquer, Catherine s’évanouit. Il s’approche prudemment et la désarme.
Après la mort de sa mère, il a été élevé par le frère d’icelle, chirurgien réputé. Il l’accompagnait souvent et voulait poursuivre dans cette voie. Quand son père qui guerroyait contre les sauvages aux colonies revint, il s’opposa à cette vocation. Son fils unique, futur Comte de Calbray se devait de poursuivre la tradition familiale et être militaire. Il obéit, la mort dans l’âme.
Il fait un bandage à la tête, puis entreprend d’ôter la veste du jeune homme, puis sa chemise pour s’occuper du bras et du côté. Il ne peut retenir de s’exclamer :
Revenu de sa surprise, il fait de la charpie de la chemise et panse la dame. Apparemment rien de vital n’a été touché, mais elle a perdu beaucoup de sang. Il la redresse un peu et la fait boire. Elle reprend ses esprits.
Après une brève hésitation, Catherine se dit qu’après tout autant raconter son histoire et demander à ce gentilhomme de prévenir sa famille et le dauphin. Elle raconte, la prise de la ville, la captivité, le retour, le séjour à la cour, son désir de vengeance. Elle n’omet pas même la manière dont elle s’y est prise pour demeurer dans le camp glaisan sans éveiller les soupçons. Elle ne narre pas, en revanche, comment elle s’y est prise pour arriver au camp glaisan. Elle présente sa demande quant à avertir sa famille et le dauphin. Le comte l’écoute, fasciné. Il se lève s’approche du cheval de Catherine, fouille dans les fontes et dépose près d’elle les vivres qu’elles contiennent, un bidon d’eau et étend sur elle une couverture.
Catherine met quelques secondes à réaliser ce que l’officier vient de dire. Ni plus ni moins qu’il va partir et la laisser seule avec son cheval. Elle bafouille :
Une cavalcade se fait entendre. Elle ajoute :
Bientôt une demi-douzaine de cavaliers apparaît sur le chemin. Ils avancent avec précaution. En apercevant le comte, ils se déploient sauf un qui fait demi-tour. Samuel se dirige vers eux. Après quelques pas il réalise que ce sont des canfrais. Calmement, il bifurque vers son cheval. Visiblement c’est une patrouille de reconnaissance. S’il réussit à sauter sur son cheval et s’enfoncer dans le bois, il y a peu de chance qu’il cherche à le poursuivre de crainte de tomber sur un détachement.
Las ! Deux nouveaux cavaliers sortent du bois, probablement des flancs-gardes, qui lui coupent la retraite. Quant à une fuite côté champ, avec son cheval épuisé inutile d’y songer. Les hommes pointent leur carabine. Il est évident que chercher à résister équivaudrait à un suicide, aussi préfère-t-il ne pas faire de gestes pouvant être mal interprétés. Il reste immobile. Les canfrais s’approchent précautionneusement, un sous-officier descend de cheval, le comte lui tend son épée, l’autre la prend.
Un cavalier avance son cheval vers la blessée, descend en sortant un coutelas en murmurant :
Le comte n’a pas entendu, mais comprend. Il bondit et donne un coup de botte à l’homme qui se penche. Celui-ci se redresse l’œil mauvais et se précipite vers Samuel qui évite le coup de couteau et envoie son adversaire mordre la poussière. Le soldat se relève furieux et va pour réitérer son attaque. C’est alors que surviennent d’autres cavaliers. Un officier interpose son cheval. Quand il apprend ce qui se passe le capitaine canfrais est furieux. Il fait saisir le soldat, présente ses excuses au glaisan et donne le signal du départ en ordonnant d’abandonner le blessé, sans laisser à quiconque le loisir de placer un mot. Le comte l’arrête alors qu’il a déjà le pied à l’étrier.
Monsieur de La Renardière est étonné en apprenant que le soldat est une femme, surpris que ce soit une canfraise et abasourdi quand enfin son nom lui est révélé. Enfin Mademoiselle de Révilly est retrouvée. Il s’inquiète de savoir comment elle se sent et pense pouvoir supporter d’être déplacée. Comme elle affirme que cela va et qu’elle peut chevaucher. Bien qu’un peu dubitatif, mais poussé par le péril que représente la trop grande proximité du camp ennemi, il ordonne que lui soit amené un cheval.
Catherine est hissée sur sa monture. Deux solides gaillards l’entourent pour qu’elle ne chût pas au cas où serait prise de faiblesse. La troupe chevauche jusqu’au coucher du soleil. Catherine serre les dents, la tête lui tourne, mais elle ne se plaint pas et suit le rythme. Lorsqu’enfin le signal du bivouac est donné, il faut la descendre de sa monture.
En l’absence de chirurgien c’est de nouveau le glaisan qui la panse. Quand il a fini, il s’approche de l’officier canfrais pour lui faire part de son inquiétude :
Le lendemain Catherine est allongée sur une civière portée par deux chevaux. Durant la journée les deux officiers devisent. Monsieur de la Renardière, l’officier, se fait narrer les événements qui se sont déroulés au camp glaisan, en retour il raconte au comte le travestissement de Catherine, son engagement comme porte-guidon sous le nom d’un sien cousin dans la compagnie du capitaine de Ferrand-Tonnerre, des houzards de Chamborant, son beau-frère de qui il tient l’histoire, et la charge qu’elle a menée à travers les colonnes glaisanes pour avertir l’armée des dangers qu’elle courait de se faire surprendre et enfin son élévation au grade de lieutenant.
Le soir la colonne arrive enfin au camp canfrais. Une estafette ayant été envoyée, Catherine y est attendue par Monsieur Ambroise Répa, le chirurgien. Ce dernier inspecte les blessures et se déclare fort satisfait de la manière dont les plaies ont été suturées et en félicite le capitaine de La Renardière qui lui répond que cela a été fait par le colonel glaisan. L’homme de l’art se tourne alors vers le prisonnier pour à son tour le complimenter pour les soins donnés sans lesquels Mademoiselle de Révilly aurait eu beaucoup moins de chances d’arriver vivante au camp et que lui-même n’aurait pas fait mieux. Samuel lui narre qu’il a longtemps assisté son oncle et qu’il aurait bien voulu suivre ses traces, mais que son père ne l’avait point entendu ainsi. Le chirurgien a longtemps correspondu avec son confrère glaisan. Il s’ensuit une grande discussion qui ne s’interrompt qu’à regret quand Monsieur Paré se rend compte que le colonel est fort las. Il l’envoie dans sa propre chambre pour qu’il s’y repose et retourne auprès de la blessée pour s’assurer que tout va bien et converser un peu avec elle.
Le lendemain le Maréchal de camp Claude-Louis-Hector de Larvils commandant ce corps d’armée vient rendre visite à la protégée du Dauphin. Il y retrouve Monsieur Répa venu voir l’état de la blessée. Un peu plus tard il fait venir le glaisan :
La conversation se poursuit encore un moment avant que le Maréchal ne retourne à ses devoirs.
À l’étonnement de la faculté, Catherine faisant preuve d’une belle vitalité se rétablit en moins de trois semaines. Les visites ne lui ont pas manqué. Moult officiers sont venus à son chevet, parmi ceux-ci Monsieur de Ferrand-Tonnerre le capitaine l’ayant engagée, les houzards de Chamborant étant de cette armée.
Elle est tout à fait rétablie quand une armée glaisane se décide à venir secourir la place assiégée. Oyant cela Catherine sans barguigner rejoint le capitaine qui la voyant arriver s’étonne :
Monsieur de Ferrand-Tonnerre est fort embarrassé. D’un côté, il répugne à emmener une femme au combat, avec les conséquences qu’il imagine s’il devait lui arriver quelque chose, d’un autre il ne peut nier qu’elle est officier du Roy. Au nom de quoi refuserait-il à un officier dûment breveté de servir, celui-ci fut-il une femme ?
Il sent peser sur le regard des officiers et des soldats qui l’entourent, mais il ne balance guère. Sa décision est prise. À dire vrai, elle l’était déjà quand il l’a vue s’approcher. Il a trop de respect, non seulement pour son courage, mais aussi pour ses capacités à entraîner les hommes, à juger des situations, en tirer les conséquences et prendre des décisions, pour lui refuser une place qu’elle mérite bien plus que d’aucun de sa connaissance.
Il la regarde dans les yeux :
Catherine salue et cinq minutes plus tard le Lieutenant de Révilly prend sa place auprès de son supérieur qui met la colonne en marche.
Sur le terrain où les glaisans ont pris position les premiers, les deux armées fortes d’environ 50 000 hommes chacune se font face.
La compagnie de houzards doit éclairer l’armée sur le côté où les glaisans occupent une colline qui domine le flanc gauche des canfrais. Ils y ont installé plusieurs batteries qui tiennent sous leur feu tout le terrain, rendant pour cette aile toute manœuvre risquée. Il faudrait les déloger, las plusieurs lignes d’infanterie les couvrent et si du côté glaisan la pente est douce, de celui des canfrais, elle est fort raide et encore plus à gauche c’est à pic vers un terrain de ravines caillouteuses. Dans ce secteur l’armée canfraise ne peut guère manœuvrer, mais doit conserver des effectifs pour empêcher l’ennemi de déboucher, car on peut voir ce qui se prépare derrière la colline. Le champ de bataille est limité de l’autre côté, à la droite canfraise donc, par une rivière tumultueuse et profonde. Entre cette dernière et le terrain très accidenté à gauche deux lieues de plaine parsemées de bouquets d’arbres, de quelques fermes dont deux plus importantes où les glaisans se sont retranchés et coupées de quelques haies peu fournies.
La compagnie rencontre des chevau-légers glaisans ayant probablement la même mission qu’elle. L’ennemi, moins nombreux, est rapidement dispersé et retourne vers ses lignes. Les pertes sont peu nombreuses : un mort et moins d’une demi-douzaine de blessés. Hélas, parmi ces derniers figure Monsieur de Clermont-Tonnerre qui se voit ainsi contrait de laisser son commandement. C’est à Catherine qu’il le confie, avec ordre de poursuivre la mission. Elle continue la reconnaissance et se rend rapidement compte qu’aucune troupe de quelque importance ne peut passer par ce dédale de ravines se terminant en cul-de-sac.
Pendant ce temps la bataille fait rage. La gauche française est neutralisée. Le centre s’il a un peu progressé est arrêté par les ennemis retranchés dans les fermes et la droite quant à elle fléchit quelque peu. Le Maréchal est contraint d’envoyer une partie de ses réserves pour la soutenir. Or les glaisans grâce à leur position à gauche ont pu, de ce côté alléger leur dispositif, pour s’en constituer une plus importante. Si le Maréchal lance ses troupes sur ce flanc, il les envoie à l’abattoir et s’il le dégarnit par trop le général glaisan, profitant de sa position avantageuse, pourra attaquer. Il enrage de garder tant d’hommes presque l’arme au pied. Il se rend compte que l’affaire est mal engagée et il devrait ordonner la retraite, mais cela anéantirait tous les efforts pour la prise de la place.
Il aurait dû attendre l’ennemi et choisir sa position au lieu de marcher dessus et de lui laisser cet avantage. Il envisage de faire rétrograder sa droite et de lancer ses réserves sur le flanc de l’ennemi qui ne manquera pas, il l’espère, d’avancer sur les troupes en repli. La manœuvre est risquée. Faire reculer des troupes peut tourner à la déroute.
Il va pour donner ses ordres, quand il s’aperçoit qu’il se passe quelque chose sur son aile gauche.
Catherine a trouvé une gorge étroite qui permet de contourner le champ de bataille. Les houzards s’y engagent en file indienne. Après avoir parcouru près d’une lieue, ils débouchent dans un bois touffu. De l’orée ils constatent qu’ils sont derrière les lignes glaisanes.
Avec une centaine de cavaliers, Catherine se dit qu’elle ne peut espérer grand-chose, mais en observant attentivement, une idée s’impose. Elle voit la colline, du côté pente douce, où les glaisans sont installés, et de ce côté, point d’infanterie pour couvrir les canons. Elle réunit les autres lieutenants et sous-officiers et explique :
Tous approuvent. Les cavaliers sortent du bois et se mettent en route en colonne par trois. Catherine fait passer le mot d’ordre :
La compagnie arrive à moins de vingt pas des canons et oblique à gauche comme pour les contourner. Quand elle se trouve entièrement déployée, Catherine donne le signal. Les canonniers sont totalement surpris. Bien que trois fois plus nombreux, ils se font tailler en pièce sans presque avoir le temps de se défendre.
Les régiments glaisans régissent tardivement. Les plus proches font volte-face st se mettent à gravir la pente, tandis que les autres restent face à l’infanterie canfraise. Poursuivant son plan Mademoiselle de Révilly fait dévaler cinq caissons enflammés. Ils explosent au milieu des rangs serrés ennemis y causant moult morts et blessés, les désorganisant. Les officiers font reformer les rangs pour repartir. De nouveaux caissons sont poussés ayant les mêmes effets dévastateurs. Elle fait bouter le feu aux canons achevant la désorganisation de l’ennemi. La panique saisit les glaisans qui ignorent combien de canfrais ont pris possession du sommet et qui redoutent de voir de nouveaux brûlots leur arriver dessus.
Même s’il n’en comprend pas l’origine, le général canfrais commandant l’aile gauche en voyant la confusion, prend l’initiative de lancer ses troupes à l’assaut. Les glaisans qui se trouvent presque en bas de la colline et qui sont restés sur leurs positions ont entendu les explosions et aperçu du reflux de leurs camarades. En plus le drapeau fleurdelysé, que Catherine a fait déployer, flotte maintenant au sommet derrière eux. Maintenant à un contre quatre et sans l’appui de l’artillerie ils cèdent à leur tour et l’aile droite glaisane s’effondre. Mademoiselle de Révilly pour éviter d’être emportée par le flot des fuyards, ordonne à la compagnie de se regrouper sur un petit éperon rocheux. Les glaisans ne tentent pas de le gravir, leur flot se sépare de chaque côté tel un torrent sur la pile d’un pont. Ceux qui s’aventurent trop près sont abattus.
Aucun comte de Calbray ne réussit à rallier les soldats en débandade.
L’infanterie canfraise prend possession de la position. Des caissons sont péniblement hissés et les canons retournés ; le centre glaisan se trouve à découvert. Le commandant glaisan engage ses réserves pour le couvrir. Ce que voyant le Maréchal lance une attaque le long de la rivière. Les glaisans voulant conserver quelques réserves font glisser une partie de leur centre pour contrer l’attaque. C’est ce qu’attendait Monsieur de Larvils pour lancer toutes ses forces contre le centre affaibli.
L’assaut débouche. Les glaisans doivent retraiter. Le soir arrivant leur évite la déroute. Seule la moitié de leur armée garde quelque cohésion. La place ne sera pas secourue.
Rapidement le rôle du lieutenant de Révilly est connu, d’abord par les hommes de l’aile gauche puis par l’ensemble de l’armée. Dans son compte-rendu de la journée envoyé à Ressaville, le maréchal souligne l’influence de l’initiative de Mademoiselle de Révilly sur le résultat de la bataille. Il eût préféré s’en attribuer l’entier mérite, mais il sait l’intérêt du Dauphin pour la donzelle, il préfère la mettre en avant, d’autant que la chose aurait fini par être sue.
Il a jugé qu’il valait mieux parler de Mademoiselle de Révilly, car cela éclipsera son erreur d’avoir marché sur l’ennemi, lui laissant le choix du terrain, plutôt que l’avoir attendue et d’en avoir, lui, le choix. Les glaisans venaient secourir une place, ils ne pouvaient rester à attendre la venue des assiégeants. Dieu merci tout est bien qui finit bien.
À la fin de la journée, l’héroïne du jour se sent vidée. Elle a le visage noir de poudre et le vêtement taché de sang, mais ce n’est pas le sien. Elle n’a pas une égratignure. La compagnie n’a que peu de pertes. Une demi-douzaine de morts et une trentaine de blessés dont les trois quarts légèrement. Son idée de se réfugier sur l’éperon a limité les pertes.
L’ivresse de la bataille passée, elle a le cœur serré en voyant la colline jonchée de centaines morts, d’agonisants et de blessés râlant, criant, demandant de l’aide. Les explosions et la canonnade ont causé de terribles ravages.
Nonobstant, elle reste à la tête de la compagnie en attendant que le capitaine soit de nouveau sur pied. Personne ne songe, ou n’ose, lui en retirer le commandement. Elle effectue à la tête des houzards des reconnaissances pour s’assurer que les glaisans ne tentent pas un retour. Iceux retraitent bien vers une autre armée qui couvre une plus importante forteresse que celle qu’ils viennent de tenter de secourir. Au cours d’une de ces missions, poussée en profondeur, il est découvert un convoi de ravitaillement ennemi. Ayant repéré un endroit favorable à une embuscade sur le chemin, malgré l’infériorité numérique avec l’escorte et la relative proximité de l’armée glaisane, elle décide de s’en emparer.
Après une salve, la compagnie charge, surpris et croyant les canfrais plus nombreux, les glaisans se débandent. Pendant qu’avec la moitié des cavaliers Catherine se lance dans une pseudo poursuite, les autres sautent sur les chariots et prennent le plus rapidement possible le chemin de leur camp. Après un quart d’heure, Catherine prend elle aussi le chemin du retour. Elle couvre l’arrière du convoi. La chance est avec elle. Ils ne croisent aucune patrouille ennemie. Il n’y a pas d’alerte durant le bivouac du soir. Le départ a lieu dès potron-minet et dans l’après-midi la colonne rejoint l’armée. Si l’ennemi a engagé la poursuite, il n’a pas réussi à la rattraper.
Après ce nouveau coup d’éclat, la popularité du Lieutenant de Révilly est à son comble. Une semaine plus tard au retour d’une chevauchée, Monsieur le Maréchal de Larvils l’avise que Sa Majesté a émis le souhait de sa venue, afin de pouvoir lui exprimer sa satisfaction pour sa conduite et celle des houzards. Mademoiselle de Révilly ne peut se soustraire aux désirs du Roy. Elle se met en route à la tête des cavaliers. Hélas sans leur capitaine qui a dû être amputé à la suite de ses blessures. En revanche elle est accompagnée du comte de Calbray, ainsi qu’elle en avait arraché la promesse au Maréchal. Si Samuel enrage de la défaite des siens et de n’avoir pu participer au combat, il ne peut s’empêcher d’avoir du respect et même de l’admiration pour ce lieutenant si particulier. Le chemin vers Ressaville se fait à petites étapes. Cela laisse le temps à Catherine de plaidier* avec les cavaliers. Cependant, au bout de quelques jours, celui avec lequel elle s’entretient le plus est le comte de Calbray. Un soir, le pensant marié, elle lui déclare :
Après un moment d’hésitation, Samuel se décide à lui narrer les heurs de son union, jusqu’à sa dissolution. Après tout ne lui avait-elle conté ses tribulations, depuis son forcement par plusieurs soudards jusqu’à ce qu’elle a fait pour se faire accepter au camp. Lorsqu’il a fini, elle se récrie :
Pour passer à un sujet moins délicat, Catherine le fait parler de chirurgie et de médecine. Il est intarissable.
De fait, laissant ces sujets délicats, les discussions s’orientent, vers la musique, la littérature, l’art, la politique et même la stratégie et la tactique. Pour dire vrai, ces dernières ont l’air de plus intéresser le lieutenant de Révilly que le colonel de Calbray.
Après un voyage à petites étapes, la troupe arrive à Ressaville. À son arrivée en fin de journée, il est annoncé à Mademoiselle de Révilly que Sa Majesté souhaite qu’elle se tienne dans la grande galerie à midi.
Aucune instruction n’ayant été donnée, Catherine décide se rendre à l’invite du Roi en uniforme. Il se murmure sur son passage. Elle n’en a cure. Elle se tient droite, à la place que lui a indiquée le premier valet de chambre, ignorant les regards curieux, interrogatifs et même inquisiteurs qui lui sont jetés par les courtisans. Elle aperçoit ses compagnes de captivité, mais ne peut aller les saluer, car le bruissement des conversations cesse. La foule s’ouvre pour laisser passer le Roi. Quand il arrive au niveau de Catherine, il s’arrête. Elle ne fait la révérence, mais s’incline respectueusement à la manière des militaires.
Catherine se sent mal à l’aise, se présenter en uniforme, doit désabelir* au Roi.
Le Roi s’éloigne. Le bruissement des conversations reprend. Catherine sent qu’elle en est le sujet. Elle préfère quitter les lieux, plus gênée d’être ainsi le centre de l’attention des courtisans qu’au milieu des combats. Suivie de Samuel, elle fend la foule pour s’enquérir du Secrétaire d’État à la Guerre, pour savoir ce qu’il en est de la gratification annoncée par Sa Majesté. Elle n’a pas à le chercher, c’est lui qui vient à sa rencontre. Il lui donne les éclaircissements attendus. Il lui apprend de plus que la mauvaise saison approchant les houzards passeront leurs quartiers d’hiver à Ressaville et lui indique que Monseigneur le Dauphin l’attend pour le déjeuner.
Catherine se rend auprès de ce qui est désormais sa compagnie pour annoncer les gratifications accordées par Sa Majesté et la fin de la campagne. Les annonces sont accueillies avec enthousiasme par les hommes, surtout la première.
Au moment de se rendre à l’invitation du Dauphin, se repose le problème : comment doit-elle se vêtir ? En uniforme ou en robe ? Après réflexion, elle décide de rester en uniforme, non sans faire un peu de couture pour ses nouvelles épaulettes.
En chemin elle rejoint, Marie-Thérèse de Reuilly, Louise de Vaudémont, les compagnes de captivité de Catherine qui sont venues à sa rencontre. Après moult effusions tout le monde prend le chemin des appartements du Prince. Plus loin elles retrouvent Antoinette-Marie Berclot, maintenant marquise de La Tour Duchêne, car son mariage a été célébré depuis peu.
Durant le repas ses amies prient Catherine de raconter toutes ses tribulations depuis qu’elle a quitté Ressaville. Elle est quelque peu réticente, mais le Dauphin l’en priant aussi elle finit par la faire de bonne grâce. Elle narre par le menu comment elle a pu éviter les hommes lancés à sa recherche en évitant le chemin direct, sa rencontre avec le capitaine de Ferrand-Tonnerre, son engagement, agrémentant son récit d’anecdote sur ses rencontres. Elle a un franc succès en mimant le paysan qui voulait lui faire payer son gîte en nature quand il s’est retrouvé avec un pistolet sur le nez. Pour ce qui est de la charge à travers les colonnes glaisanes tous la connaissent. C’est ce qui est advenu après que l’assemblée brûle de savoir. Catherine explique que pour approcher du camp glaisan, elle s’est transformée en mercière ambulante, qu’elle avait mis du temps à trouver les soldats qu’elle cherchait. C’est la future marquise de La Tour Duchêne qui demande :
Catherine se sent gênée. Car, toute à l’excitation qu’elle approchait du but, elle n’avait pas songé que sa quête pouvait durer et n’avait prévu que quelques articles ne lui permettant guère de faire illusion plus de quelques jours. Elle hésite, mais ne veut mentir :
Et toutes de se récrier.
Catherine expose ce qu’elle avait envisagé et comment elle l’a réalisé, jusqu’à son face à face avec le lieutenant, sa fuite et comment le colonel de Calbray l’a rattrapée et soignée.
Et ses amies d’approuver ne pouvant cacher leur esmerveillance* et leur trouble au récit de Catherine. Le Prince doit quitter l’assemblée, appelé par le devoir. Les amies partent de leur côté et la conversation se poursuit chez Antoinette-Marie. Bien qu’elles en meurent d’envie, chacune se retient de poser d’autres questions sur ce qui s’est passé au camp après sa première prestation buccale. Catherine le devine :
Elle laisse sa phrase en suspend un instant et voyant qu’aucune de ses compagnes ne proteste, elle enchaîne :
Voyant l’intérêt de ses auditrices, Catherine donne quelques détails un peu croustillants. Comme lorsqu’un soldat dans sa précipitation à sortir son matériel s’était coincé icelui dans son ceinturon, et qu’il avait braillé comme un goret tandis qu’elle le dégageait de sa fâcheuse position ou quand un autre s’était répandu si vite qu’il s’en était trouvé tout penaud à l’hilarité de ses camarades. Elle termine en disant qu’elle avait gagné le surnom de Catherine Chrysostome.
Ne voulant pas être l’unique centre de la discussion, Catherine demande à la nouvelle épousée comment elle s’est retrouvée marquise. Inspirée par les propos un peu licencieux de Catherine, Antoinette-Marie n’hésite pas à conter par le menu comment son cher et tendre époux l’a conquise et les plaisirs qu’il lui a donnés et lui donne encore, que le seul moment qu’elle a peu goûté, c’est quand il a essayé de la sodomiser. Marie-Thérèse de Reuilly regrette que son amie se soit laissé séduire par un tel débauché et sait que sans l’intervention du Dauphin, le marquis l’aurait, au mieux, abandonnée et au pire entraînée dans le dévergondage ou poussée dans la galanterie. Elle ne se rappelle que trop bien ce qui est arrivé à une autre jeune innocente, séduite par le marquis, qui une fois qu’il s’en était repu et lui avait lui soutirer tous les écus qu’il pouvait, l’avait partagée avec ses compagnons de turpitude et louée à qui la désirait. La pauvre, avait un beau jour disparu quand son tuteur était venu, de sa province la récupérer. Il paraît qu’elle séjournait maintenant dans un couvent. Elle doute que le bel Alain se soit amandé. Aussi ne manque-t-elle aucune occasion de préparer sa compagne a des déconvenues. Voyant que la chose répugne à son amie elle lance :
Pourtant la jeune marquise refuse de croire ses amies arguant que tout cela n’est que racontars et commérages de domestiques. C’est alors que se faufile dans la pièce un homme. Antoinette-Marie s’exclame :
Le domestique raconte tout depuis le pari du marquis qu’il la séduirait. Comment il s’était arrangé pour que les parieurs puissent constater de visu qu’il avait bien réussi et enfin comment il avait envisagé de faire partager sa bonne fortune à quelques amis à qui il vantait son ardeur et que seule sa rencontre avec le Dauphin Louis avait empêché la réalisation de son dessein. Elle n’en croit pas ses oreilles, doute encore, mais Luc de donner suffisamment de détails pour que soit convaincue la plus sceptique. Antoinette-Marie pâlit, mais reste digne, elle donne deux louis au domestique en le remerciant d’être venu lui parler, même si elle se doute que c’est l’esprit de vengeance qui l’anime. Une fois l’homme parti, elle fond en larmes.
Ses amies se gardent de lui dire qu’elles doutent qu’il ne l’ait jamais aimée, que la baiser, seul l‘intéressait. Elles en sont navrées et essayent de la faire sortir de son chagrin en la faisant s’insurger.
Antoinette-Marie reste la bouche ouverte, le regard un peu vague, puis icelui s’allume :
Après avoir discuté encore un temps, les jeunes femmes se séparent, chacune s’en retournant. Bien que ses amies en doutent, Antoinette-Marie est bien résolue à faire ce qu’elle a annoncé. Qui plus est, elle ne veut point surseoir et repousser lendemain ce qui peut être fait le jour même. Cela fait suffisamment de temps qu’elle est à la cour pour connaître de nombreuses personnes et certains dessous des choses. Elle sait où elle doit se rendre et qui elle doit rencontrer. Elle le doit en partie aux avertissements de Marie-Thérèse et Louise. Pour ce soir ce sera parfait, pour les autres fois, car elle est bien résolue à ce qu’il y en ait d’autres, elle saura trouver nombre de messieurs ravis de jouer ce tour à ce cher Alain.
Elle se rend dans des salons où l’on joue. Ses amies l’ont mise en garde contre ce lieu. Quand elle arrive, ce n’est pas encore très animé, il est un peu tôt. Son mari n’est pas là. Elle aperçoit deux ou trois personnes qu’elle connaît de vue. Elle s’installe à une table et se met à jouer, avec mesure cependant. Contrairement à son époux, ce n’est pas une joueuse acharnée, en outre elle est plus réfléchie, a de la mémoire et de la psychologie, contrairement à ce que pourrait laisser croire la manière dans le beau marquis l’a embobinée, mais que voulez-vous l’amour rend aveugle, et présentement elle a retrouvé la vue.
Elle gagne, pas de grosses mises certes, mais régulièrement. De temps en temps elle change de table pour que l’on ne remarque pas ses gains.
L’heure ayant avancé, l‘atmosphère est beaucoup plus chaude. Elle fait le tour de l’appartement transformé en tripot. Elle s’assoit à une table d’où elle voit parfaitement la porte d’entrée et se remet à jouer toujours prudemment, puis petit à petit un peu plus gros. Parfois elle gagne, parfois elle perd, mais reste circonspecte et n’entame ni son capital de départ ni ses gains précédents qu’elle garde dans son sac. Lorsqu’elle voit entrer Antoine vicomte de Montval, elle s’arrange pour perdre tout ce qu’elle a sur la table d’un coup. Elle pousse un petit cri et prend un air de biche aux abois en murmurant, mais suffisamment fort pour être entendue :
Elle se lève pour aller se réfugier dans un coin de la pièce, afin de se tamponner les yeux. Cela ne l’empêche pas de voir le vicomte se diriger vers elle. Pour un peu elle en sourirait. En arrivant à ses côtés, il pose une main rassurante sur son bras et l’entraîne hors de la pièce :
Antoinette-Marie est bien de cet avis. Jamais son mari ne se risquerait à une telle chose, sa crainte de déplaire au Dauphin l’en dissuaderait. Mais cela, son interlocuteur l’ignore. Aussi enchaîne-t-elle en reniflant de plus belle, mais avec distinction cependant :
Antoinette-Marie se retient de montrer son exultation. Monsieur de Montval est arrivé là où voulait qu’il vînt. Jusqu’à présent, elle trouvait agaçante et inconvenante sa manière insistante de tourner autour d’elle. Mais présentement cela sert son ressentiment. Bien sûr elle ne va pas céder trop rapidement. Elle va faire languir ce galant. Enfin point trop pour ne pas le décourager, si tant est que ce genre d’homme se décourage lorsqu’il sent une proie à sa portée. De fait elle le fait defronchier* affectant force pudeur et scrupules. Le vicomte n’hésite pas, pour arriver à ses fins, de révéler à la marquise un certain nombre de choses sur la conduite fort débauchée de son mari. Cela confirme non seulement certaines révélations de Luc, mais lui apprend nombre d’autres turpitudes. Bien que cela la conforte dans sa résolution, ce n’est qu’après quasi une heure de discussion et de raisonnement qu’elle consent à le suivre chez lui, où elle joue encore les effarouchées, jusqu’à ce qu’elle ait récupéré les écus promis. Ceux-ci en sa possession, jugeant alors qu’il était temps de cesser ses dérobades, Antoinette-Marie, laisse libre cours aux projets d’Antoine et icelui, touchant enfin au but, se montre très entreprenant.
Si cela commence par quelques baisers, presque chastes, rapidement ses mains s’égarent, d’abord dans le corsage de la belle, avant de l’en débarrasser. Puis elles vont s’insinuer sous ses jupes qui rejoignent bientôt le corsage sur le sol. Madame la marquise ne veut pas laisser toute initiative à son galant, aussi entreprend-elle de le dévêtir lui aussi, tout en l’entraînant vers le lit où le couple se bécote, un temps, mais tous deux ont hâte de passer à des choses plus sérieuses. La marquise s’allonge, incitant le vicomte à venir lui brouter le minou. Il obtempère de fort bonne grâce. Elle trouve qu’il se débrouille diablement bien. Il introduit sa langue entre ses lèvres, lui donne de petits coups de langue avant de débusquer son bouton, de le sucer et même de le mordiller. Après avoir œuvré un bon moment à la grande joiance* de la dame, il change de position pour amener son vit vers le visage d’icelle. Pas plus qu’il n’avait barguiné à user de lèvres et langue, elle n’hésite à user des siennes et se lance dans une pipe pleine joliveté*. Après s’être dégustés, tous deux désirent passer à d’autres jeux que buccaux.
Antoinette-Marie, repousse le vicomte sur le dos, l’enjambe, se saisit du pieu luisant de sa salive, l’ajuste à sa fente et se l’enfile d’un coup. Elle demeure un instant immobile, appréciant de sentir cette colonne de chair au plus profond de son intimité. Puis elle se met en mouvement, montant et descendant, avec entrain sur ce sexe. Ses seins tressautent. Montval s’en empare, d’abord pour les soupeser en les caressant, puis les malaxer doucement, avant de les pétrir hardiment et voyant que sa partenaire ne proteste, de pincer et même un peu tordre iceux.
Nonobstant, la dame poursuit sa sarabande, le traitement n’ayant pas l’air de susciter son ire, au contraire. La cavalcade dure, Antoine n’y peut résister et lâche la purée. Le sentant mollir, elle grogne de contrariété. Ce que voyant, il se dégage prestement pour l’allonger. Tandis que d’une main, il lui titille le bouton, de l’autre s’empare d’une chandelle pas encore allumée, d’un diamètre de plus de deux pouces et d’un geste en enfonce bien cinq bons pouces dans la chatte engluive*. Cette intromission conséquente ne suscite chez Antoinette-Marie qu’un léger sursaut, suivi d’un soupir de satisfaction et l’ouverture plus large du compas de ses jambes. Devant d’aussi bonnes dispositions, son amant n’hésite plus et la ramone avec entrain. Voyant le bassin de la jeune femme s’animer, il redouble vigueur. Il est fasciné par le spectacle de la houle qui agite sa partenaire et cela lui redonne de la raideur et l’envie d’œuvrer à la place de l’olisbos improvisé.
Incontinent, il retire l’objet du con et demande à la marquise de se mettre à quatre pattes. Bien qu’elle eût volontiers continué avec la chandelle, elle se met promptement en position. À peine y est-elle qu’il s’ajuste, la saisit par les hanches, la pénètre et commence une sarabande endiablée à laquelle répond Antoinette-Marie. Une nouvelle fois, il se vide sans qu’elle soit rassasiée. Elle se retourne pour le sucer afin qu’il puisse revenir en elle. Deux fois elle répète l’opération. Le vicomte finit par rendre les armes, ce que voyant, elle s’empare de la chandelle et se l’enfonce avec enthousiasme. Sous l’œil fasciné de Valmont, elle se tringle avec énergie. Elle jouit une fois de plus et se laisse retomber en arrière le souffle court, sans même retirer de son con ce qui vient de lui procurer du plaisir. Il la retire lui laissant une sensation de vide. Il faut dire que cela fait près de quatre heures qu’elle est à la fête.
Après avoir repris ses esprits, la marquise tout sourire embrasse son amant :
Durant la conversation Antoinette-Marie se passe un linge sur la figure et s’habille prestement.
La jeune femme envoie un baiser de la main et quitte les lieux, fort satisfaite. Que voilà une agréable nuit. D’abord elle s’est bien fait foutre de la plus délectable des manières, cela faisant elle s’est revanchée de son déloyal époux et en plus elle repart, outre la bougie, avec une bourse bien lestée. Elle sourit en pensant in petto que le vicomte lui, a les siennes vidées, tant pour sa semence que pour ses écus. Il n’avait pas l’air de le regretter et avait même l’air enchanté de sa prestation. Probablement ne s’attendait-il pas à ce qu’elle mette une telle fougue à honorer sa part du marché.
En arrivant dans ses appartements, son mari l’attend, l’air peu avenant. Elle le salue :
Sur ces paroles elle tourne les talons et se dirige vers la chambre. Son mari grommelle. Elle vérifie qu’il ne la suit pas et nettoie son intimité du foutre qui l’englue, en se tançant d’avoir sottement oublié de faire en quittant le vicomte. Non qu’elle craigne une explication avec son époux, mais présentement elle se sent vraiment trop lasse pour cela.
Le lendemain, ces dames avaient convenu de se retrouver pour le dîner Louise, Catherine et Marie-Thérèse voient l’heure du rendez-vous passer sans qu’Antoinette-Marie se montre. Elles dînent donc se proposant d’aller aux nouvelles quand elles auront fini. Comme elles terminent presque de manger, leur amie arrive.
Devant l’air interrogatif de ses vis-à-vis, Antoinette-Marie, les laisse un peu languir, avant de narrer par le détail la manière dont elle a affriandé le vicomte de Montval avec sa ruse d’avoir l’air désespérée de ses pseudo pertes et comment s’est terminée la soirée. Ces dames n’en croient leurs oreilles. Elles ne pensaient pas que leur amie mettrait ses paroles de la veille à exécution, et encore moins si rapidement. Louise qui voyait son amie un peu accidieuse* est encore plus ébaubie que se compagne. Incrédule :
Les trois jeunes femmes ne reconnaissent plus leur amie, mais sont ravies de lui découvrir plus de caractère qu’elles ne lui en supposaient.
Le lendemain Catherine ne retrouve pas ses amis. Elle accompagne son « prisonnier » rencontrer Germain Pichault de La Martinière un chirurgien pour lequel Monsieur Répa lui a donné une lettre d’introduction.
Quand ces messieurs se mettent à parler ulcères, caries, fistules, hydrocèle et amputations, elle suit les trois filles de leur hôte qui connaissant la passion de leur père pour son métier préfèrent se retirer, ayant trop ouï ce genre de discussion. De plus elles ont hâte de pouvoir parler avec celle qui est l’objet de toutes les conversations. Pressée de questions elle fait le récit de ses aventures que bien évidemment, elle édulcore. Elle ne juge pas utile de parler de son viol, ni de la manière dont elle a usé pour ne pas éveiller les soupçons au camp glaisan. Après avoir parlé de l’exaltation durant l’action, elle parle aussi de la peur, du sang, des cris, de la mort que l’on donne ou que l’on peut recevoir, des images qui reviennent à votre esprit, comme celle de ce jeune glaisan dont la tête a littéralement explosé sous son coup de sabre. Elle conclut en disant que « C’est une bonne chose que la guerre soit aussi horrible, sinon nous pourrions nous mettre à l’aimer » (2).
Tant le glaisan que Catherine sont si pris par leur causerie qu’ils ne voient pas le temps s’écouler. Aussi l’heure de passer à table venant, sont-ils retenus à souper. La conversation se fait plus mondaine, mais le repas touchant à sa fin, la cadette demande :
La conversation se poursuit, animée, jusqu’à fort avant dans la nuit.
De fait les semaines suivantes le colonel de Calbray est souvent invité, même à l’Académie royale de chirurgie. Il est enchanté des entretiens et des expériences auxquelles il peut assister et parfois même participer. Ses conversations avec Catherine le réjouissent tout autant. Cette dernière ne reste pas inactive. Elle prend des cours avec un maître d’armes, afin de perfectionner son maniement des armes blanches et s’entraîne à celles à feu où elle continue de faire montre d’une adresse certaine. Nombreux sont les hommes qui aimeraient avoir sa dextérité.
Durant ce temps son amie Antoinette-Marie a des activités moins martiales. Après son aventure avec Monsieur de Montval, sa colère ne s’apaise nullement. Se montrant plus attentive, elle a pu constater de visu que son mari courait le guilledou. Une première fois elle l’a vu entrer chez une dame qu’il tenait fort enlacée, puis une seconde, avec Suzette. Confirmant ainsi ce que lui avait raconté Marie-Thérèse. Et de plus, elle avait compris que la jeune femme ne se prêtait à la concupiscence du marquis que quelque peu contrainte par des allusions à l’emploi du couple en cas de refus.
Aussi n’a-t-elle nul scrupule à se montrer coquette et se laisser courtiser. Mais elle n’hésite pas à joindre le pratique à l’agréable, en suggérant aux soupirants quelques idées de présents. La rouée ne rend les armes qu’après avoir reçu bijoux, toilettes et même écus sonnants et trébuchants. Moins elle trouve le personnage à son goût, plus le présent doit être conséquent. Ainsi ne suit-elle un vieux beau qu’une fois autour du cou un collier de perles. Si sa raideur laisse à désirer, même quand Antoinette-Marie s’applique à le gamahucher, en revanche ses doigts et sa langue sont agiles.
La belle multiplie les galants. Si la première semaine seuls deux soupirants se voient accorder ses faveurs, la seconde ils sont quatre. Les suivantes les voient se multiplier, jusqu’à la quinzaine. Un jour même ils sont cinq à la foutre et elle apprécie. Bientôt sa réputation de croqueuse de bites s’établit, son ardeur à baiser notoire, aussi les soupirants se pressent, espérant profiter de ses bontés.
Ces moments d’abandon, lui permettent de se constituer un pécule qui croît promptement. En effet outre les écus qu’elle accepte, après s’être fait un prier et pour ne pas désobliger ces messieurs, elle met également de l’argent de côté en économisant sur ses toilettes et colifichets, puisque ceux-ci lui sont offerts. En bonne fille de commerçant avisée, elle place ce magot, sans juger indispensable d’en informer son mari, qui ne se doute encore de rien. Aucune bonne âme ne l’a averti, les initiés se contentant de se gausser de ses cornes, lui qui se vante d’en faire porter à tant d’autres.
Il y a cependant une exception, un homme auquel elle accorde son attention sans en attendre rien d’autre que les plaisirs de coïter et du vendegement*. Il s’agit de Pierre, le mari de Suzette. L’idée lui en est venue, un jour en le regardant s’activer. Elle l’a trouvé joli garçon, avec de la grâce. Et puis ne serait-ce pas justice que, puisque le marquis baise sa femme, qu’il baise celle du marquis. À peine cette pensée lui vient-elle, qu’elle décide, sachant son mari absent, de passer à son exécution.
Le valet, un peu mal à l’aise, obéit.
Pierre hésite un court moment, mais bon si la marquise l’ordonne. Il s’exécute. Devant le valet médusé, Antoinette-Marie continue son effeuillage en sollicitant son aide. Quand elle se retrouve en simple jupon.
Elle retire son dernier vêtement et présente au valet interdit tant son côté pile que son côté face.
Pierre, de plus en plus troublé, rougit quand ses doigts se trouvent sur les appas de la marquise. Il reste paralysé.
Il palpe et ce faisant ne peut empêcher une certaine raideur de lui venir.
Ce disant elle porte la main à l’entrejambe de son vis-à-vis et tâte. Elle hoche du chef d’un air appréciateur en enchaînant :
Le domestique à nouveau surpris, l’esprit en déroute, regarde sa maîtresse avec des yeux hagards et débande. D’une voix affolée il s’écrie :
Tout en parlant, la marquise s’agenouille et s’attache à défaire la culotte du valet. Elle en extrait un sexe que l’émotion a fait quelque peu se ratatiner. Elle s’en saisit et entreprend de le sucer.
La susdite Madame le retient fermement par la queue en disant :
Et de se remettre à l’ouvrage avec conviction. Pierre reste figé, mais bientôt son trouble change de nature. De l’appréhension, il passe à l’agrément, car elle sait s’y prendre. Le redressement de ce qu’il y a peu, était paresseux en est le témoignage. Ce que voyant le menant par le braquemart, elle l’entraîne vers le lit.
Cette fois-ci le valet, étonnement et inquiétude envolés, n’a plus besoin d’être poussé. Elle écarte les genoux. Il contemple un moment le fort plaisant spectacle d’un con épanoui et juteux à souhait, avant d’aller déguster les trésors offerts. Le bougre sait y faire. La dame apprécie et le laisse œuvrer. L’agitation de ses reins en témoigne. Pierre jugeant la marquise bien partie, passe sur elle, s’ajuste et la pénètre, accueilli par un soupir de contentement. Les bras et les jambes d’Antoinette-Marie se referment sur lui et l’emprisonnent. Cela ne l’empêche pas de la pilonner puissamment. Le lit en tremble, mais cette vigueur ne contrarie nullement la pouliche, elle répond à son désir et icelui est grand. Hélas, si la cavale est ardente, le cavalier peut-être encore intimidé à monter sa patronne ne tient pas la distance autant qu’elle le souhaiterait.
Quoiqu’un peu dépitée, cette dernière ne se laisse déconforter. Comme il se relève un peu quinaud, ne sachant quelle attitude prendre, elle l’attrape par le vit. Elle entreprend de lui prouver que la qualité de sa première prestation buccale n’était pas due à la chance. De fait, rapidement Pierre reprend fermeté. Alors Antoinette-Marie se met à quatre pattes. Point d’hésitation, il la saisit par les hanches, l’emmanche d’une seule poussée et la tringle hardiment. La croupe de la dame s’accorde au rythme de la queue qui la pourfend. Cette fois-ci, son fouteur est plus endurant. Elle doit se mordre les lèvres pour ne point manifester trop bruyamment qu’elle prise la chose. Les frissons qui la parcourent ne sont pas dus au froid. Quand le valet se répand pour la seconde fois dans l’accueillante intimité de la femelle visiblement en chaleur, icelle ne se montre aucunement chagrinée. Elle a bien profité de ce ramonage.
Antoinette-Marie reste, un moment, silencieuse et va pour congédier Pierre, quand une idée lui vient :
Elle enfile un saut-de-lit, passe dans l’antichambre, appelle et quand il lui est lui répondu, donne un ordre. Pierre ne sait plus à quel saint se vouer. Il va pour se rhabiller, mais la marquise lui prend ses vêtements en lui disant que c’est inutile. Deux minutes plus tard, il est frappé à l’huis. Décrire la stupeur de Suzette en découvrant son mari nu comme un ver dans la chambre de la marquise et cette dernière assise devant sa coiffeuse se peignant nonchalamment, dans la même tenue. Les yeux faillirent lui sortir de la tête, sa mâchoire s’affaisse et elle se transforme en statue, incapable de faire un geste.
La jeune femme s’exécute mécaniquement en bredouillant un :
Elle continue à regarder la scène comme si elle doutait de ce que voient ses yeux ou de sa raison.
Incontinent elle se lève s’approche de Pierre et entreprend de le sucer devant l’épouse qui ne réussit toujours pas réaliser ce qu’elle voit et entend. N’a-t-elle pas la berlue ? Est-ce bien sa marquise de patronne qui l’a accueillie nue avec son Pierre également nu et qui lui demande son avis sur sa manière de baiser ? Après avoir œuvré, le temps de redonner fière allure à la verge, Antoinette-Marie se redresse et demande :
Cette dernière, qui bien que se disant que le monde est devenu fou, répond :
Elle s’agenouille à son tour et embouche ce que les lèvres de son employeur cajolaient il y a quelques secondes à peine. Elle se prend au jeu. Eh bien, puisqu’elle veut voir, elle va voir. Suzette y met tout son cœur, suçant, tétant, engloutissant, léchant du méat aux bourses. La marquise remarque :
La bonne, que tout cela a fini par enfiévrer, obéit prestement. Bientôt ses vêtements jonchent le sol. Elle pousse son mari sur le lit et l’enjambe. Elle a un soupir quand elle le sent bien au fond de sa chatte. Elle reste, quelques instants, heureuse de se sentir envahie, puis se met en mouvement, lentement d’abord. Le rythme s’accélère progressivement, jusqu’à devenir endiablé, puis ralentit, pour repartir de plus belle, plusieurs fois. Ils sont interrompus pas la marquise qui demande :
Bien qu’aimant bien cette position, Suzette obéit. Elle se fait prendre en levrette, ensuite en missionnaire, puis met les jambes sur les épaules de Pierre, avant de l’allonger sur le côté. Antoinette-Marie les arrête alors de nouveau :
La domestique laisse sa place à regret. La marquise s’allonge sur le lit jambes pendantes. Pierre s’agenouille et s’enfonce dans le puits d’amour éclos. Suzette se met à quatre pattes au-dessus de sa patronne :
Puis un peu par provocation, un peu par désir et un peu pour voir les réactions de la femme que son mari baise, elle plie doucement les genoux. Son sexe s’approche lentement de la figure de la marquise. Icelle n’a point l’air de s’en offusquer. Elle regarde fascinée, elle n’avait jamais vu une chatte d’aussi près et en plus une qui vient de se faire baiser. Elle a une impulsion, elle saisit sa bonne par les hanches, l’attire vers sa bouche et s’applique à lui prodiguer ce qu’elle aime tant que les hommes lui font. Suzette quand elle sent les lèvres et la langue de sa patronne sur et dans son minou ne peut retenir un :
Le plaisir monte en elle. Elle se tait tout à le savourer. La jouissance approche. Elle halète de plus en plus fort. Elle ne sait plus où elle en est :
La marquise ne se formalise pas d’être ainsi tutoyée. Il y a des circonstances… Surtout que son ramonage en règle ne la laisse pas insensible. Elle aussi approche du septième ciel et ces dames l’atteignent pratiquement ensemble. Pierre continue un moment à s’activer avant d’inonder le con si accueillant.
Le trio reprend son souffle.
Plus du tout intimidée, la domestique répond :
Tous deux pensent que la douce marquise est devenue une sacrée salope qui n’a plus rien à envier à son époux quant aux galipettes. Tout le monde procède à quelques ablutions et se rhabille.
Une fois le couple reparti, Antoinette-Marie, se dit qu’elle devrait prendre Suzette comme seconde chambrière. Elle a aimé que je lui bouffe la chatte comme elle dit. La réciproque devrait être vraie. Il ne faut point tarder à s’en assurer.
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Accidieuse : insouciante, indolente, nonchalante
Assavourer : apprécier
Biautour : beauté
Contrepeser : répugner, déplaire.
Defronchier : languir, dépérir.
Désabelir : ne pas convenir, déplaire, être désagréable
Dessevrement : séparation, rupture de mariage, divorce
Discepter : disputer, discuter
Engluive : glouton, qui engloutit, avide.
Esmerveillance : étonnement, admiration
Ferial : de fête, plaisant.
Flocheté : hésitation
Joiance : joie, plaisir, jouissance
Joliveté : gaieté, entrain, volupté
Madame est la femme du frère du Roi qui est appelé Monsieur
Membrer : se souvenir
Plaidier : Parler, discuter
Pouper : téter, sucer.
Rivaucher : Baiser, coïter
Meretris : prostituée, courtisane, femme débauchée.
Vendegement : vengeance.
1 - La phrase dite par Antoinette-Marie m’a été inspirée par celle dite par la princesse de Conti Louise-Élisabeth de Bourbon à son époux Louis-Armand de Bourbon-Conti « Souvenez-vous que je peux faire des princes du sang sans vous, mais que vous ne pouvez pas en faire sans moi ! »
2 - « C’est une bonne chose que la guerre soit aussi horrible, sinon nous pourrions nous mettre à l’aimer », est une citation du général sudiste Robert Edward Lee
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Les épisodes précédents :
Épisode 00 : Origines : attaque et prisonniers
Épisode 01 : La vie reprend : il faut s’adapter
Épisode 02 : La vie reprend : la curiosité peut révéler des choses
Épisode 03 : La vie reprend : espoir de promotion
Épisode 04 : La vie reprend : ennemis jusqu’où ?
Épisode 05 : Espoir de promotion – Croisée des chemins – À la cour du Roi
Épisode 06 : La déception pousse vers des voies étroites
Épisode 07 : Du côté des prisonniers
Épisode 08 : Du côté des prisonniers : Marion – Jacquotte
Épisode 09 : Les surprises du vicomte
Épisode 10 : Débarquement
Épisode 11 : Occupation et conséquences
Épisode 12 : À la cour Charles : Anaïs, Claire, famille et surprises
Épisode 13 : Retour au pays et du nouveau à la cour tanibrinque
Épisode 14 : Diversion – Débarquement en Érinlande
Épisode 15 : Retour en Canfre : Mathieu Lescot et Jacqueline Lechamp
Épisode 16 : Retour en Canfre : les familles ennemies
Épisode 17 : Arrivée en Canfre : Jacquotte, les Galleway, de La Tiémont
Épisode 18 : Retour plus délicat de Madeleine Lepont
Épisode 19 : Retour de Catherine de Révilly et de ses compagnes
Épisode 20 : Le Dauphin
Épisode 21 : Le retour de Monsieur de Sombreuil
Épisode 22 : En Érinlande
Épisode 23 : Patricia de Swordfish et Audrey de Highjone en Canfre
Épisode 24 : Rapprochement de familles
Épisode 25 : Des Canfrais et des Glaisans